La trajectoire des confettis

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Voici un roman improbable qui est devenu ma lecture de chevet pendant plus de deux mois.

Improbable, parce que je ne connais pas l’auteure et que ce n’est pas mon genre de lectures. 

Je l’ai pris sans doute à cause de l’accroche de l’éditeur et parce que c’était le seul bouquin qui me tentait dans la pile de mon épouse. Un premier roman d’une québécoise qui parle de sexe (beaucoup) et d’amour (une peu). Un voyage désordonné dans le temps et les couples avec comme personnage central Xavier, du moins c’est à lui que je me suis raccroché comme à une bouée au milieu de tous ces portraits. 

Il y a le couple libre de Zack et Charlie, Matthew, Jacques, Alice, le pasteur William, une tante et son neveu, Louis et ses amours de six mois et ses six filles nées d’une mère différente, des adolescents en pleine expérimentations, des coups d’un soir, des ex, des cocktails improbables et Xavier, éternel célibataire, abstinent depuis seize ans qui tombe amoureux.

Au début tout est vraiment confus et quelques chapitres sont nécessaires pour comprendre qui est qui, qui a couché avec qui, qui est le père de qui, mais petit à petit, à force de retours en arrière et de répétitions, le lecteur trouve ses repères.

Un roman sur le sexe voire l’amour, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, pourtant Marie-Eve Thuot a réussi à me captiver avec les tribulations de cette famille québécoise pas forcément représentative de la moyenne et à m’attacher à certains de ses personnages comme Raphaëlle et Xavier.  Mais ne croyez pas que le roman se résume à cela. Il y a de nombreuses réflexions sur l’amour, le couple, les enfants, la surpopulation, la morale, la société, la religion…

Un excellent premier roman qu’il est cependant délicat de recommander, à part à vos amis échangistes.

Où est le bec ?

Michel HouellebecqJ’ai un collègue qui ressemble à Michel. Certes il est plus enveloppé, sent très fort le clochard, ne travaille pas, mange du Mac Do à l’heure du goûter et semble posséder la même vision du monde qui l’entoure.

Cet écrivain français très médiatisé, particulièrement choyé chez France 2, m’a toujours déconcerté par sa façon de s’exprimer, ses non réponses et son aspect repoussant. Mais il a tout de même reçu le prix Goncourt en 2010. Comme pour Amélie Nothomb, il fallait que je me fasse une idée, que je lise un livre du bonhomme pour ne pas mourir totalement idiot.

C’est avec son premier roman, Extension du domaine de la lutte (1994) que je me lançais dans la découverte de Michel Houellebecq. Un ingénieur bossant pour une SSII part en missions avec un de ses collègues moche, juif, obsédé et puceau en province pour former les agents d’antennes du ministère de l’agriculture à un nouveau pro-logiciel. Au fil des chapitres, un récit décousu, propose une vision désabusée et cynique des comportements humains, de la sexualité, du monde du travail et du sens à donner à la vie. Une plongé malsaine dans la dépression d’un cadre moyen, dans ses pulsions suicidaires et son dégoût pour la vie. Je dois reconnaître, à mon corps défendant, que j’ai dévoré le livre malgré les nombreuses digressions assez perturbantes comme ces essais animaliers sur la sexualité humaine.

Mon collègue me fait de plus en plus penser à Michel, et après la lecture de  Extension du domaine de la lutte, j’en arrive presque à avoir de l’empathie pour lui, mais de loin, il sent vraiment trop mauvais et se comporte toujours comme un con. J’imagine juste la souffrance qui le ronge. Le jour où je le vois arriver avec un couteau de cuisine au travail, je m’enfuie.

La question qui reste en suspens est la suivante : lirai-je un nouveau Houellebecq ? Avec Amélie, j’ai fait le tour en un seul livre, je n’irai pas plus loin. Avec Michel, même si son univers est malsain, ou peut-être parce que son univers est malsain et ses réflexions poussées à l’extrême, je serais bien tenté d’aller plus loin, d’autant que ce roman n’était que son premier essai publié. Alors qui sait ?