Pour seul cortège

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Encore un Laurent Gaudé me direz vous.

Décidément j’aurai lu de nombreux livres de cet auteur en peu de temps. Cette fois, l’auteur nous plonge dans un roman historique, évoquant la fin du règne de l’empereur Alexandre.

Pour tout vos avouer, je ne suis pas un passionné d’histoire. Parlez-moi proto-histoire, d’âge de bronze, de la civilisation celtique, je suis votre homme. Mais pour le reste, ce ne sont pas des lacunes, mais des abîmes, de puits sans fond.

J’ai pris le bouquin, parce qu’il trônait, solitaire sur notre bibliothèque et que l’auteur m’a toujours enchanté par son style. Lorsque j’ai commencé sa lecture, j’ignorais quel en était le sujet. Mais dès les premières lignes j’ai compris qu’il s’agissait d’un roman historique d’un genre très particulier, puisqu’il s’attache à la fin d’Alexandre le Grand. Alexandre meurt et sa dépouille va partir d’Alexandrie pour un long voyage. La chute d’un puissant laisse place à la curée, les anciens frères d’armes d’Alexandre se partagent l’empire, se battant pour les meilleurs morceaux, pendant que le cortège funéraire traverse le royaume.

Le rythme est lent comme la marche du cortège, les phrases magnifiques, le récit fantastique. Les morts parlent aux vivants alors que l’empire se délite et que le cortège avance avec sa cohorte de pleureuses. Un roman sur la mort, sur la fin d’une époque, sur le pouvoir. Un homme sans tête, un empereur qui parle dans son sarcophage, une épouse de rois qui se donne la mort pour mieux protéger son enfant.

Pour seul cortège, donne envie de découvrir le règne de cet empereur qui ne vécu que trente-deux années.

Ecoutez nos défaites

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Je vous ai déjà parlé de Laurent Gaudé, un écrivain français que j’apprécie beaucoup. Après avoir dévoré Eldorado, je passais chez mon libraire et tombais sur son dernier roman, Ecoutez nos défaites. Après quelques pages fébriles, je me rends compte que ce livre ne sera pas aussi aisé à lire que les autres.

Cinq récits allant de l’époque romaine à aujourd’hui, de Carthage aux Amériques, se mêlent dans ce roman où la guerre est l’épine dorsale. Hannibal, Négus, Grant, une archéologue et un soldat français des opérations spéciales se racontent dans les pages de Laurent Gaudé.

Daesh, Kadafi, Scipion, Oussama Ben Laden, le général Lee, Mussolini, la guerre est partout, de toutes les époques, monstrueuse, sanguinaire.

Une figurine volée de dieu égyptien, passe de main en main, un agent américain décide de jeter son tablier ensanglanté, Hannibal franchit les Alpes avec ses éléphants, Négus fuit son royaume et se réfugie en Grande Bretagne.

Le propos du livre est lourd, violent, décrivant la guerre sans concession. L’auteur parle au nom des vainqueurs, bouchers, vaincus, victimes, soldat, rois, lieutenants. La guerre est partout mais l’humanité résiste quelque part dans le récit, sous la forme d’une histoire d’amour à rebours, entre une archéologue et un soldat français, la rencontre d’une nuit.

Ecoutez nos défaites n’est pas une lecture de tout repos, le roman vous met mal à l’aise malgré sa narration morcelée, ou peut-être à cause de cela justement. L’écriture de Laurent Gaudé ne souffre d’aucun reproche et sa perception des guerres qu’il décrit fascine. Un roman difficile, passionnant et bouleversant.

N’importe quoi

Pendant mes longues heures passées dans les salles d’attente des médecins, radiologues et laboratoires, j’ai un peu de temps pour me cultiver en me plongeant dans de passionnants romans.

Je ne sais plus où j’ai lu du bien de cet ouvrage, Le Grand N’Importe Quoi de J.M. Erre, mais force est de constater, arrivé à la moitié de l’ouvrage en question, que je ne suis pas du tout de l’avis du chroniqueur. Vous me direz, « tu n’as pas encore fini le livre », c’est vrai, et d’ailleurs, je me demande si je vais le finir, mais avec un peu de chance, ce soir mon rendez-vous chez le gastro entérologue va me fournir deux heures pour boucler l’affaire.

Pour l’instant,  Le Grand N’Importe Quoi, est à mi chemin du Guide Du Routard Galactique et d’Un Jour Sans Fin. Génial non ? Non… J.M. Erre ne manie pas l’humour comme Douglas Adams et les ficelles de l’histoire sont tellement grosses que l’on ricane avant même que la chute arrive. Le style n’étant pas des plus élégants non plus malgré de nombreuses citations littéraires niveau première scientifique, le récit d’une fête culturiste dans un village paumé de France où d’étranges événements se produisent, manque cruellement de sel. Bref pour l’instant, l’ennui est complet.

Deux heures de retard chez le spécialiste m’ont permis d’achever l’oeuvre. Si comme moi vous n’accrochez pas sur les deux premières pages, n’allez pas plus loin.

Où est le bec ?

Michel HouellebecqJ’ai un collègue qui ressemble à Michel. Certes il est plus enveloppé, sent très fort le clochard, ne travaille pas, mange du Mac Do à l’heure du goûter et semble posséder la même vision du monde qui l’entoure.

Cet écrivain français très médiatisé, particulièrement choyé chez France 2, m’a toujours déconcerté par sa façon de s’exprimer, ses non réponses et son aspect repoussant. Mais il a tout de même reçu le prix Goncourt en 2010. Comme pour Amélie Nothomb, il fallait que je me fasse une idée, que je lise un livre du bonhomme pour ne pas mourir totalement idiot.

C’est avec son premier roman, Extension du domaine de la lutte (1994) que je me lançais dans la découverte de Michel Houellebecq. Un ingénieur bossant pour une SSII part en missions avec un de ses collègues moche, juif, obsédé et puceau en province pour former les agents d’antennes du ministère de l’agriculture à un nouveau pro-logiciel. Au fil des chapitres, un récit décousu, propose une vision désabusée et cynique des comportements humains, de la sexualité, du monde du travail et du sens à donner à la vie. Une plongé malsaine dans la dépression d’un cadre moyen, dans ses pulsions suicidaires et son dégoût pour la vie. Je dois reconnaître, à mon corps défendant, que j’ai dévoré le livre malgré les nombreuses digressions assez perturbantes comme ces essais animaliers sur la sexualité humaine.

Mon collègue me fait de plus en plus penser à Michel, et après la lecture de  Extension du domaine de la lutte, j’en arrive presque à avoir de l’empathie pour lui, mais de loin, il sent vraiment trop mauvais et se comporte toujours comme un con. J’imagine juste la souffrance qui le ronge. Le jour où je le vois arriver avec un couteau de cuisine au travail, je m’enfuie.

La question qui reste en suspens est la suivante : lirai-je un nouveau Houellebecq ? Avec Amélie, j’ai fait le tour en un seul livre, je n’irai pas plus loin. Avec Michel, même si son univers est malsain, ou peut-être parce que son univers est malsain et ses réflexions poussées à l’extrême, je serais bien tenté d’aller plus loin, d’autant que ce roman n’était que son premier essai publié. Alors qui sait ?