La photo de concert est sport de combat, mélange de tir de précision, de musculation et de rugby. Il faut se frayer un chemin dans la foule remuante muni d’un matériel lourd et fragile et se placer judicieusement pour capturer l’instant sans se faire piétiner, en tenant trois kilos à bout de bras sans trembler. En plus, il faut essayer de cadrer, de sélectionner la vitesse, l’ouverture, la sensibilité, mémoriser l’éclairage, choisir son point de focus et tout ça dans la seconde où le guitariste se décide enfin à venir faire un solo devant votre objectif. L’enfer !
A mes débuts, le doigt sur la rafale, je remplissais une carte SD 32 Go en un concert, 1500 clichés pour 30 retenus au final, un gros gâchis de pixels. Avec le temps, le ratio de déchet à baissé et aujourd’hui je suis plus près du 1/5eme que du 1/50eme. Mais 250 photos pour 50 retenues, cela veut dire 200 mauvaises, redondantes ou franchement inintéressantes. Une fois un premier tri effectué, restent encore une centaine d’images qu’il va falloir sélectionner, regarder de près, noter, puis, pour les meilleures, développer.
Si les premiers mois je shootais en jpeg, je suis rapidement passé au RAW et aux logiciels infernaux qui exigent de vous des heures devant l’écran de l’ordinateur. Les choix se font en fonction du cadrage, de la lumière, des bougés, des mises au point douteuses, et également de l’expression des visages. Dans la mesure du possible, j’essaye de donner une image flatteuse des artistes que je photographie, surtout lorsqu’il s’agit de gros plans. Quand on joue et que la concentration est indispensable, des petites langues, des tocs, des tics, des mimiques ne rendent pas toujours honneur à la personne et sa musique.
Généralement, les premières parties font les frais des mauvaises photos, la faute à l’éclairage, au photographe qui n’a pas encore trouvé ses marques et aux apprentis rockeurs en mode panique.
Voici une petite sélection de ces photgraphies qui n’illustreront pas le webzine ou le Flickr, rien de bien catastrophique parfois, mais des images que je considère comme non publiables (d’avance pardon aux artistes).
Le Max Portnoy qui se déchaîne sur sa batterie, iso trop élévés, lumière merdique, expression affreuse et bougé, faut dire que le gars joue très vite, irrécupérable et pourtant je l’ai publié à l’époque. (Next To None)
Claviériste éclairé par derrière, une expression étrange sur le visage, iso trop élevés, que faire ? (Haken)
Mary Reynaud mal cadrée. L’idée était de prendre public et artiste, le résultat n’est pas convainquant mais il faut bien essayer. (Franck Carducci Band)
Le look du gars au premier plan me plaisait bien avec son galurin, l’idée était là, photographier le public qui assiste à Rock au Château. Mais bon, bof quoi. (Light Damage)
Dominique Leoneti (Lazuli) qui passe chez le dentiste (pardon Domi).
Un Pete Trewavas dans le rôle d’un Bilbo Saquet pas franchement à son avantage, dommage c’était la seule photographie nette de lui. (Marillion)
Elle pleure ou elle rit ? Envie de faire pipi ? (Verity White)
Flou, bougé, lumières épouvantables, une personne devant à gauche, on jette. (Pendragon)
Elle est bonne la pizza ? (Family Affair)
Les fumigènes c’est sympa, mais quand il y en a à trop… (Trick Of The Tail).
Image brûlée, petite langounette, on jette (Foggy Stuff).
Quelqu’un peu allumer, je ne vois plus mes cordes ? Sous exposition irrécupérable. (Foggy Stuff)