Nippon ni mauvais

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Après m’être délecté de Keigo Higashimo, une sorte de pâtisserie japonaise policière à la pâte de haricots rouges, j’ai eu envie de poursuivre mon exploration littéraire japonaise. Cela tombait bien, sur la pile de livres à lire de mon épouse trônait un premier roman d’un écrivaine nippone, Michiko Aoyama, La Bibliothèque Des Rêves Secrets.

Des chapitres comme des nouvelles, racontant l’histoire d’un personnage différent aux prises avec la vie et son travail, qui en suivant les conseils de lecture d’une bibliothécaire, vont changer le cours de leur existence.

Coïncidence ou forme littéraire nippone ? Le Nouveau de Higashimo utilse à peu de choses près la même forme narrative, des chapitres présentant à chaque fois de nouveaux personnages, une nouvelle intrigue dans le récit principal. Étrange.

Mais ici, j’avoue que j’ai failli renoncer après la lecture du premier chapitre et l’histoire de Tomoka, jeune vendeuse dans une boutique de vêtements. J’ai quand même donné une chance au livre et le récit de Ryo m’a passionné un peu plus.

Le roman parle beaucoup du monde du travail, un univers qui ne m’intéresse guère, mais qui dans les légendes urbaines, est l’obsession des japonais. La vie personnelle des protagonistes est éclipsée par leur métier et c’est au boulot qu’ils trouveront leur épanouissement. Bon soit…

Pour ma part je fais mon travail avec sérieux (enfin je crois) mais ma vie est également riche de loisirs et lorsque la retraite sonnera enfin, un jour qui sait, je ne serai probablement pas comme Masao, ce jeune retraité désœuvré. Je pourrais consacrer tout mon temps à mes passions.

Le récit de Hiroya, le trentenaire chômeur, m’a particulièrement touché pour une raison que je n’explique pas. J’ai l’impression d’ailleurs, qu’au fil des histoires, l’auteure a pris de l’assurance avec sa plume. De là à vous recommander ce livre, c’est une autre histoire.

La Comète

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Une comète vient d’être détectée et sa trajectoire la dirige droit vers la Terre.

"Jaillie de l’ombre du Soleil, la comète noire DU3 se dirige droit vers la Terre. Une collision semble inévitable, ce qui provoquerait une véritable Apocalypse. Un jeune spécialiste de l’aéronautique, Ben Schwartz, est nommé à la tête d’une équipe internationale censée trouver le moyen de faire dévier l’énorme bolide céleste de sa trajectoire. Réunis sur la base de Kourou en Guyane, coupés de leurs proches, des hommes et des femmes de tous horizons rivalisent d’ingéniosité pour affronter ce défi sans précédent. Mais contre toute attente, ce n’est pas l’exploit technologique qui se révèle le plus difficile ; en temps de crise, les passions humaines s’exacerbent, comme sur ce bateau brise-glace en route vers l’Arctique où un photographe baroudeur se rapproche d’une biologiste solitaire. Alors que le temps vient à manquer, chacun se montre sous son vrai jour."

Le roman de Claire Holroyde possède tous les ingrédients d’un film catastrophe, un page turner relatant les tranches de vies de nombreux personnages pris dans la tourmente. 

Il y a ces scientifiques de l’Operation qui vont tenter de détourner la comète de sa trajectoire mortelle, les passagers d’un brise glace, perdus près du Pôle Nord, la femme d’une interprète de l’O.N.U., une chercheuse chinoise, un indigène poète brésilien et plein d’autres personnages.

Une grande partie du roman se déroule à Kourou, autour d’une fusée Ariane 5 censée sauver l’humanité, le site de l’Opération où ingénieurs et scientifiques jouent la course contre la comète, coupés du reste du monde en plein effondrement. 

Car à l’annonce du choc imminent, la société civile s’effondre et le roman vire au post apocalyptique.

J’ai beaucoup aimé le voyage à bord du brise-glace, non pas pour ses personnages caricaturaux, mais pour les régions polaires. 

Pour le reste, le livre m’a déçu. Certains récits esquissés, ne conduisent nulle part, la narration est quelque peu décousue et l’ensemble ressemble tout de même beaucoup à une série B du cinéma américain. 

Après, il s’agit d’un premier roman. Mais j’avoue en avoir assez de lire des trucs de fin du monde alors que nous n’en sommes finalement pas si loin. Faut que je passe à autre chose.

After (r)

Naïf, poétique et beau, ce premier roman d’Auriane Velten m’a tout simplement envoûté. 

Un grand cataclysme a décimé l’humanité qui vit aujourd’hui à l’écart des terres renoncées une utopie collective. Les humains suivent le Dogme, sont égaux et vivent en harmonie avec la nature jusqu’au jour ou Paul et Cami reçoivent pour mission d’explorer les terres renoncées.

Auriane réinvente une grammaire d’où le genre a disparu, laissant place à des pronoms indéfinis an, ile, al, qui rendent la lecture hésitante dans les premières pages. Le lecteur devinera rapidement que derrière cette astuce littéraire se cache un secret rapidement dévoilé.

Si j’ai d’abord trouvé certains artifices un peu faciles, comme ancrer le décor dans la région parisienne, ils ont ensuite trouvé tout leur sens dans la suite du roman, renforçant la beauté du récit.

After (r) est l’histoire d’une amitié, l’histoire d’une fin du monde annoncée, l’histoire de la beauté du monde, l’histoire d’une utopie trop belle pour fonctionner, un roman profondément humain qui annonce d’autres livres magnifiques.

Le serpent majuscule

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Il est pour moi Lemaitre du roman noir. Pierre s’est pourtant détourné de ce genre littéraire il y a bien longtemps pour entamer une saga historico thriller couronnée à juste titre par le prestigieux Goncourt.

Et comme il l’explique dans l’avant-propos du Serpent Majuscule, l’écrivain n’est pas près de revenir à cette écriture. Et c’est bien regrettable.

Alors, peut-être pour se faire pardonner, Pierre Lemaitre a publié chez Albin Michel, son premier roman, jamais édité, Le Serpent Majuscule.

Un premier roman est souvent l’ébauche inachevé de l’écriture qui fera le grand écrivain. Il arrive que malgré la fraîcheur, la maladresse de ces premiers mots ne gâche le livre.

Le Serpent Majuscule est tout sauf cela. 

J’ai tout de suite retrouvé la plume de Lemaitre, ses personnages hauts en couleurs, atypiques, vivants (un temps du moins) auxquels le lecteur s’attache immédiatement avant que l’écrivain ne les tue. Et puis il y a ce rythme qui va crescendo et qui au milieu du bouquin vous entraîne vers la fin à toute vitesse, vous laissant chaos au point final. 

Mathilde est une petite vieille rondouillarde qui transpire vite, s’emporte contre son chien. Une ancienne résistante, veuve de médecin qui vit en banlieue parisienne. Une femme sans histoire qui flingue sur commande. Et Mathilde aime les gros calibres qui explosent les parties génitales de ses contrats.

Mais voila, avec l’age, Mathilde perd un peu le sens des réalités, ce qui ne la rend pas moins dangereuse. Bien au contraire.

Le Serpent Majuscule c’est aussi l’histoire d’un dalmatien sans tête, d’un inspecteur de police d’origine russe, d’un commandant de la résistance décoré, d’un ancien préfet, de son infirmière asiatique, de ses deux frères truands, d’un commissaire mangeur de cacahuètes et des multiples victimes de la tueuse à gages. Des personnages esquissés rapidement qui pourtant deviennent réels sous la plume de Pierre Lemaitre.

Le Serpent Majuscule est un excellent roman noir, comme on aimerait en lire plus souvent. S’il vous plaît Monsieur Lemaitre, vous pourriez nous en écrire encore ?