Mother of Millions – Magna Mater

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Je connais le groupe grec Mother of Millions depuis l’album Sigma en 2017. Et si vous vous souvenez bien, leur précédent EP Orbit sorti il y a deux ans m’avait fait forte impression.

Ils reviennent ce mois-ci avec Magna Mater, un album neuf titres d’un peu moins de quarante cinq minutes.

Clairement ce n’est pas la pochette de cette reine brune déguisée de rideaux pastels qui m’a vendue l’album. Il y a peut-être un message caché dans l’image, dans ce cas je ne l’ai clairement pas compris. Je ne vois pas Cybèle la mère des dieux dans ce déguisement ridicule.

Par contre la musique est des plus réussie. Ici le djent côtoie le symphonique, l’électro, le cinématique et plusieurs voix dont une féminine se rencontrent sur les morceaux.

Le groupe considère à raison qu’il s’agit de son album le plus intense mais aussi le plus pêchu de leur carrière. C’est vrai que l’on s’éloigne du post rock pour aborder des rivages post metal progressifs plus intenses.

Magna Mater donne le ton dès les premiers titres ‘Inside’, ‘Feral’ et ‘Magna Mater’ qui lancent des charges lourdes mais n’oublie pas également de faire vibrer notre corde sensible avec du chant débordant d’émotion et des passages épurés au piano comme dans ‘Space’. ‘Magna Mater ‘ ose même le growl, chose pour le moins inhabituelle chez Mother of Millions.

La musique de ce nouvel album n’est pas sans rappeler Leprous comme dans ‘Liminal’ même si la performance vocale n’est pas forcément du même niveau. D’ailleurs, en parlant de chant, il y a celui de ‘Celestial’ qui me chagrine un peu. Il semblerait que le lead ne soit pas tout à fait au diapason de la trentième seconde à la fin de la première minute.

‘Irae’ qui est au passage le titre le plus long de l’album avec un peu plus de six minutes, donne dans le post-metal cinématique symphonique grandiose. Après quatre minutes vocales lentes et solennelles portées par quelques claviers, guitares et percussions, le morceau gagne en puissance pour culminer dans les dernières secondes.

‘Space’ qui conclue l’album est quasiment son négatif. Une partition piano et guitares toute simple agrémentée d’une petite ritournelle pour enfants en guise de refrain. Un titre qui contraste beaucoup avec le reste de l’album nettement plus pêchu et qui permet de sortir en douceur de la musique.

Si Magna Mater n’est pas follement original, il se rapproche trop de Leprous ou de Earthside pour cela, c’est un magnifique album qui prouve la fabuleuse progression musicale du groupe depuis leurs débuts.

Il s’agit de leur plus bel album à ce jour même si le groupe a peut-être perdu un peu de son identité originelle au passage en devenant plus mainstream. Ne passez pas à côté, d’autant que vous pouvez le découvrir sur Bandcamp par exemple.

Night Verses – Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

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Night Verses

Vous savez sans doute combien les albums instrumentaux peinent à atteindre la zone du plaisir de mon cerveau. C’est principalement dû à mon appétence toute particulière pour les voix. Mais de temps en temps, un disque vient bouleverser l’ordre établi et je tombe amoureux d’une galette de post-rock.

Alors merci à Alice de Bandcamp qui m’a fait découvrir, sans le savoir, le groupe Night Verses et leur dernier album Every Sound Has A Color In The Valley Of Night. Une heure cinq quasi instrumentale en quatorze morceaux.

Le trio californien joue du rock progressif instrumental entre djent, post-rock et cinématique où de rares invités poussent la chansonnette.

Si le post-rock ne trouve pas souvent grâce à mes oreilles, c’est que souvent il tourne en rond et qu’au bout de trois titres je m’assoupis.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

Ici, Night Verses ne se répète pas une seule fois pendant plus d’une heure. Chaque morceau est une nouvelle expérience sensorielle qui ne laisse aucun répit aux neurones.

On retrouve dans leur musique des influences comme Toundra, Plini, Tesseract, Earthside mais également des passages stoner, space rock et même folk.

Outre les voix enregistrées qui hantent certains morceaux, deux titres sont chantés : ‘Glitching Prims’ avec Brandon Boyd du groupe Incubus et ‘Slow Dose’ au chant féminin non crédité. J’avoue que la performance de Brandon m’enthousiasme assez peu, par contre j’aime beaucoup la voix sur ‘Slow Dose’ qui lui donne une touche folk.

D’autres invités jouent sur Every Sound Has A Color In The Valley Of Night comme le bassiste de Tool, Justin Chancellor, Author & Punisher ou bien Anthony Green.

On ne va pas se mentir, parfois Night Verses met la patate comme dans ‘Arrival’, ‘Karma Wheel’, ‘Plaque Dancer’ ou ‘Phoenix V: Invocation’. On rencontre également des écritures plus subtiles à la manière de Plini dans ‘Aska’ ou ‘Cristal X’ par exemple.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night m’a pris par surprise. Je ne m’attendais pas à accrocher autant sur un album instrumental. Pourtant c’est bien ce qui m’arrive et il va de ce pas rentrer dans la liste des sérieux candidats à l’album de l’année.

Ne passez surtout pas à côté de cette merveille.

The Ocean – Holocene

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Je comprendrais que nombre de fans de The Ocean considèrent Holocene comme une sorte de trahison.

The Ocean est un groupe de post-metal progressif allemand donnant dans le concept album et le growl. D’ailleurs avec parfois tellement de hurlements, que pendant longtemps, je l’ai snobé. De rebonds en rebonds sur Bandcamp, je suis tombé sur Holocene, le dernier chapitre de leur saga paléontologique dont j’avais survolé quelques morceaux.

Holocene est très différent. D’abord parce que le chant hurlé est en pleine régression sorti des derniers morceaux. Ensuite, parce que les claviers à touches électroniques gagnent beaucoup de terrain dans les compositions.

Du coup, j’ai adoré. Adoré au point de remonter dans le temps et découvrir le cycle paléontologique complet même s’il gratte à peu mes oreilles avec ses hurlements.

Holocene, ce sont huit morceaux pour cinquante-deux minutes et trois pièces relativement longues. Son écriture est nettement plus post-rock alternatif que métal même si à la fin le growl revient en force, comme pour rappeler qui ils étaient.

Je sais que Alias a été un peu déçu par cette conclusion trop lisse, moi j’ai été ébloui (des fois, comme dans un couple, on se dispute un peu, mais c’est ça aussi l’amour).

Un des trucs qui m’a vraiment plus, c’est le chant posé sur les notes électro du premier morceau ‘Preboreal’. Une écriture qui se poursuit sur ‘Boreal’ et qui ressemble beaucoup aux dernières expérimentations d’un collectif que j’adore, à savoir Archive. Et puis il y a ces touches de cuivres assez discrètes comme dans ‘Sea of Reeds’ qui me font songer à un autre groupe de la même mouvance, Crippled Black Phoenix. Une impression renforcée par la voix de Karin Park sur ‘Unconformities’.

Mais The Ocean n’oublie pas de s’énerver aussi un peu à partir de ‘Atlantic’ et même de lâcher quelques gueulantes dans ‘Subboreal’

Tout le monde connaît le crétacé-paléogène.  Mais si ! Vous savez, l’extinction des dinosaures comme dans l’Age de Glace. Oui ! La grosse météorite ou comète qui tombe sur Terre, explose comme plein de bombes nucléaires et qui engendre un long hiver.

Mais connaissez-vous l’Holocène ? Il s’agit de l’extinction massive des espèces de nos jours, une extinction que l’on doit presque exclusivement à l’homme. Nous, nous sommes tellement cons, que tout seuls, on fait plus fort qu’une grosse météorite. Ben, c’est ça l’histoire de cet album. C’est peut-être pour cela qu’il est si différent.

Difficile de vous dire ici à quel point je suis amoureux de cet album à part vous expliquer qu’il contient tout ce que j’aime avec le parfait dosage. Il y a du post-rock, du metal, de l’électro, du prog, du growl, du chant clair et féminin, de l’émotion, des cuivres, du piano, un message.

Bref pour moi c’est une merveille alors allez l’écouter, au moins une fois dans son intégralité sur Bandcamp par exemple.

Face the Day – Echoes Of The Child’s Mind

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Dans la belle ville de Prague vous pouviez trouver il y a quelques années, un disquaire spécialisé dans les groupes de rock progressif d’Europe de l’Est. Une caverne d’Ali Baba remplie de vinyles signés par d’illustres inconnus pour les mélomanes vivant plus à l’Ouest.

Si ce disquaire existe encore aujourd’hui, il devrait proposer l’album Echoes Of The Child’s Mind du groupe tchèque Face The Day. Un CD huit titres d’un peu moins de quarante minutes suggéré par Gerlinde Roth avec qui je partage des goûts communs sur Bandcamp. Face The Day est un groupe naviguant entre le post-rock instrumental et le rock alternatif à la Porcupine Tree.

Un projet mené par Martin Schuster qui à déjà composé en solo trois albums depuis 2016. Pour l’enregistrement, il s’est entouré d’un bassiste, d’un batteur et a invité un saxophoniste sur ‘Last Kiss’ et une chanteuse sur ‘It’s Over’.

Deux instrumentaux prennent place dans Echoes Of The Child’s Mind si l’on considère ‘It’s Over’ comme un titre chanté malgré ses rares paroles. Des texte mélancoliques sur la disparition d’un être cher, en l’occurrence ici, sa mère à qui il dédie l’album.

La plus belle chanson de Echoes Of The Child’s Mind s’intitule ‘Grown Up’. A peine quatre minutes chantées au piano qui vous emportent dans sa mélancolie avec des paroles déchirantes :  “Hero’s Fall, Illusion Fade, It Made Me Numb, Led My Whole Life Astray”. On dirait du Peter Gabriel.

‘Bright Dot In the Darkness’, ‘Dawn’ comme ‘Last Kiss’ rappellent parfois Porcupine Tree de part la ligne vocale et le toucher de guitares de Martin. Toutefois, les compositions sont suffisamment originales pour prendre leurs distances avec le modèle.

Le premier instrumental ‘There’s a Place in My Mind Where I Tend to Hide’ épouse clairement la forme post-rock avec sa guitare mandoline alors que le second, ‘Panta Rhei’, joue de l’acoustique, tel une délicieuse parenthèse avant le dernier baiser.

Attardons nous enfin sur le premier morceau, ‘It’s Over’ aux paroles minimalistes. La pièce dure tout de même huit minutes quinze et ne comporte que vingt-trois mots. Le titre est d’essence progressive avec une intro, un couplet de quatre vers répétés deux fois et un long instrumental centré sur la guitare.

Echoes Of The Child’s Mind n’est sans doute pas l’album de la décennie mais il mélange agréablement les genres et m’a fait découvrir un artiste tchèque que je vais suivre de près. L’album est sur Bandcamp et existe en CD également dans un beau digipack qui vous arrivera sans vous infliger des taxes de douanes outrancières car Prague est encore en Europe.

Collpase – Anagke

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J’ai beaucoup tardé à vous parler du dernier Collapse pour plusieurs raisons. Je venais de chroniquer Ticket To The Moon lorsque leur CD est arrivé et parler de deux albums de post-rock coup sur coup est au delà de mes forces. Ensuite le fourbe Alias m’a coupé l’herbe sous le pied alors j’ai boudé. Enfin et surtout, j’attendais l’arrivée du vinyle pour vraiment plonger dedans.

Le quatuor instrumental vient de la région grenobloise, véritable pépinière à talents pour la mouvance progressive. Anagke est leur quatrième album depuis 2011. Neuf titres pour cinquante-trois minutes sans parler de la face B de la seconde galette qui propose trois pièces enregistrées en live en 2018.

Le groupe hésite entre metal, post-rock, alternatif et progressif selon leurs envies. Cette fois Anagke tend vers un post-rock cinématique progressif parfois inspiré de Porcupine Tree.

La première chose à signaler sur ce vinyle, c’est le pressage de grande qualité doublé d’un mixage très soigné. Rien à voir avec le 45 tours A Song Of Death, A Song Of Pain, de Marcela Bovio complètement écrêté dans les aigües. J’ai eu plus de plaisir à écouter les deux galettes qu’à passer le CD sur la chaîne, sauf peut-être pour la face enregistrée en live qui pâtit d’une prise de son de moindre qualité. Mais étant donné que c’est un bonus, je n’allais pas faire la fine bouche.

La pochette m’évoque un ruban de Mobius doré, un ver de sables et le conduit de la climatisation de l’appartement de Sam dans le film Brazil de Terry Gilliam. Après, à vous de voir. Mais je ne pense pas que Julie,l’illustratrice de l’album, aie vraiment songé à ça en réalisant l’artwork.

Deux ingrédients, sonores cette fois, m’ont beaucoup séduit : l’usage d’orgues dans ‘Anima Anceps’ et les voix enchevêtrées de ‘2 = 8’. 

Avec le titre album, Collapse semble rendre un hommage à Porcupine Tree qui renaissait de ses cendres en 2022. Le groupe joue beaucoup de sa section rythmique ce qui le rapproche souvent de la bande à Wilson. Une basse qui dialogue avec la batterie et sur lesquelles guitares et claviers brodent sans cesse de superbes canvas. Mais la tendance générale est plutôt cinématique comme avec le dernier morceau intitulé ‘My Hoa’.

Les morceaux se construisent autour d’un thème principal qui sert de colonne vertébrale à la musique. Parfois, comme par exemple dans ‘Yokai’ ou ‘Belle de Nuit’, la musique tourne cependant un peu en rond. Cela fait le charme mais également la faiblesse de ce style musical, raison pour laquelle j’en écoute à dose homéopathique, même si certains disent que ça ne soigne rien. C’est également une manière d’installer des ambiances sonores confortables dans le salon avec de temps en temps des montées en puissance qui relancent la machine. Le genre d’album que je vous recommande de ne pas écouter en sourdine.

Anagke n’est pas un disque qui tourne en boucle sur ma platine. Il convient parfaitement à certains moments privilégiés, lorsque j’ai besoin de me retrouver avec moi-même. Je vous recommande chaudement le vinyle même si vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.

Ticket To The Moon – Elements

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Dans une autre vie, je faisais beaucoup la promotion des productions françaises, des groupes amateurs et de la scène locale. Aujourd’hui nettement moins. D’une part parce que je chronique à un rythme plus raisonnable, ensuite, parce que je me fais surtout plaisir.

Toutefois, quelques-unes de ces formations méconnues ont résisté au temps et à mon écrémage. Ticket To The Moon en est une. Le groupe est un quatuor franco suisse post-rock metal devenu sur ce dernier album Elements 100% instrumental.

Il faut dire que dans leurs précédents opus, le chant n’était pas leur point fort. Par contre, pour ce qui est de tisser des atmosphères, en studio comme en live, ils sont très forts.

Leur dernier bébé Elements propose onze pistes de une à neuf minutes pour trois quart d’heure de musique. Une coquille de nautile sur fond bleu illustre la pochette. Ses alvéoles dignes d’une suite de fibonacci abritent les éléments des alchimistes : l’air, le feu, l’eau et la terre. Un visuel très réussi qui donne envie d’écouter la musique qu’il enveloppe.

Ticket to the Moon c’est du cinématique post-rock metal progressif à la guitare, claviers, basse et batterie.

Elements, contrairement à ses prédécesseurs, n’a pas de chant, ni même de bruitages ou d’enregistrement audio pour raconter son histoire. Seuls les noms des onze titres vous guident tout au long du récit.

Deux pistes assez étranges vous mettent sur la voie : ‘Pulsar B0531+21’ et ‘Pulsar B2020+28’. ‘Pulsar Punta Jolinas Radar’ fournit peut-être la clé de cette histoire.

Un pulsar est une petite étoile hyper dense qui tourne sur elle-même à très grande vitesse en émettant un rayonnement intense. Et certains radars, comme celui de la base militaire de Punta Salinas à Porto Rico sont capables de les détecter. Ce sont ces émissions radio étonnantes que l’on entend dans les deux premiers titres précités.

Ticket to the Moon peut donner dans le metal rageur, limite tabasseur avant de lâcher un solo de guitare mélodique à souhait puis s’embarquer en électro-acoustique dans une plaisante balade. On appelle cela du metal-progressif.

Mais une autre facette de nos franco-suisses est un post-rock cinématique qui pose des ambiances avec quelques nappes de claviers. Le mélange est suffisamment varié pour ne pas tourner en rond pendant quarante-cinq minutes et proposer un agréable voyage musical.

Un de mes morceaux préférés est le titre album qui combine le metal progressif avec des éléments symphoniques. J’ai également un faible pour les envolées de guitares du magnifique ‘Crossing Skies’, pour le délicat ‘Xyz’ sans parler du long ‘Behind the Mist’ et ses presque neuf minutes.

Elements qui vient également de sortir en édition physique, est un nouvel album accrocheur de Ticket to The Moon. Il séduira les amateurs de metal progressif instrumental. Vous pouvez le trouver sur de nombreuses plateformes numériques en attendant de pouvoir écouter le groupe en live dans la région prochainement.

Isaurian – Deep Sleep Metaphysics

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Je vous présente Isaurian, trois garçons, deux filles et plein de possibilités qui sortaient leur premier album Chains of Blue en 2020 et qui reviennent cette année avec six titres sous le nom Deep Sleep Metaphysics.

Je dois encore cette brillante découverte à KMäNRiffs qui relaye un nombre incalculable de sorties sur Twitter. Des explorations souvent musclées dans lesquelles se glissent parfois des choses acceptables pour mes oreilles délicates.

La pochette bleutée de l’EP n’a pas été étrangère à mon coup de cœur. Je suis très attaché aux visuels et celui-ci, réalisé par Jorge Rabelo, est particulièrement réussi. C’est un assemblage d’images, buste de prêtre, crâne, serpent, racines, papillons, fumée, qui sur un fond étoilé forment l’inquiétant personnage de la mort, présent dans le titre ‘Arida’.

Malgré un peu de growl et son étiquette doom, Isaurian se révèle très mélodique, en partie grâce au chant féminin.

Deep Sleep Metaphysics ne dure que trente-six minutes pour six morceaux dont un est décliné en deux versions, autant dire que cela s’écoute très vite.

‘Arida’, décliné à deux reprises, est très cinématique post-rock avec son enregistrement audio façon reportage TV alors que ‘For Hypnos’ donne dans le psychédélique doomesque. ‘The Dream To End All Dreams’ est un instrumental, lui aussi cinématique, qui colle parfaitement à la BO d’Interstellar avec ses trois notes de piano solitaires.

‘Autumn Eyes’ revient au doom psyché chant et growl. Mais le chant féminin semble avoir été enregistré d’étrange manière. Il est très atténué, comme s’il avait été capturé dans de mauvaises conditions techniques lors d’un live. 

L’EP se poursuit avec ‘Heart and Roads’, un nouveau morceau cinématique post-rock avec un peu de chant et s’achève avec un remix du premier titre ‘Arida’ signé Muriel Curi, une version plus longue de sept secondes.

Les titres cinématiques ‘Arida’ et ‘The Dreams To End All Dreams’ me font beaucoup penser au travail du compositeur Hans Zimmer à qui l’on doit la BO du film Interstellar, certainement une des raisons qui m’ont fait craquer pour cet EP d’Isaurian.

Le groupe me donne l’impression de se chercher encore, d’être en plein devenir, surtout lorsque l’on écoute leur premier album Chains of Blue enregistré dans l’urgence en six jours. Deep Sleep Metaphysics est prometteur. Alors attendons de voir ce qu’ils seront capable de nous proposer dans le futur.

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Ison – Aurora

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Daniel Anghede a joué avec Crippled Black Phoenix et Venus Principale tout en menant son projet Ison depuis 2015. Un multi instrumentaliste assez porté sur le shoegaze et le post-rock ambiant. 

L’an passé, il sortait Aurora en solo cette fois, un album huit titres de soixante-dix minutes accompagné par du beau monde, jugez vous même : des chanteuses comme Sylvaine ou Cammie Gilbert et le bassiste de Katatonia pour n’en citer que trois.

Chaque titre de Aurora dévoile le chant d’une nouvelle artiste envoûtante sans que l’album ne vire au patchwork. Bien au contraire. Les huit morceaux forment un tout très cohérent. Et c’est d’ailleur son petit défaut, surtout lorsque l’on considère sa durée.

Cohérent mais pas exempt de différences pour autant. ‘Waves’ chanté à deux voix par Cammie Gilbert du groupe Ocean Of Slumber et Daniel, est à tomber par terre. Neuf minutes d’abord cinématiques post-rock qui vont crescendo, constitue un des moments forts de cet album. Mais j’avoue, j’adore la voix et le timbre de Cammie.

‘Celestial’ avec Gogo Melone, du groupe Luna Obscura, m’a également tapé dans l’œil avec son écriture proche de la musique d’Anathema.

Post-rock ambiant et voix éthérées habitent des morceaux de sept à douze minutes. Des titres qui offrent un agréable fond sonore mais qui manque de caractère pour maintenir une écoute attentive. Quelques bordées de growl auraient sans doute donné plus de relief à Aurora.

Aurora est une une collection de très belles voix féminines sur du post-rock atmosphérique. Mais pour que la collection soit complète et que l’album ne devienne cultissime pour certains metal geek, il aurait fallu inviter Anneke, Floor, Marcela ou Jo Beth à chanter.

Pour la musique, Daniel donne dans le post-rock avec de beaux traits de guitares, parfois floydien, une batterie assez discrète, des volutes de claviers et des chœurs évanescents. 

Daniel recommande de l’écouter du début à la fin, au casque, les yeux fermés, comme une méditation musicale censée apaiser celui qui l’écoute. Faites gaffe cependant à ne pas vous endormir quand même. Une heure dix de musique apaisante, les yeux fermés, j’appelle ça une très grosse sieste.

Teeshirt : Pain of Salvation

Music For Messier – Alien Planet

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Alien Planet est un album de musique instrumentale cinématique ambiante, un peu post-rock simplifiée, un peu space-rock épuré. Une sorte de BO pour documentaires animaliers sur la 5.

Music for Messier est un des multiples projets solo du mystérieux hongrois Istvan Csarnogursky dont on connaît bien peu de choses, hormis le fait qu’il n’en est pas à son coup d’essai avec Alien Planet.

Il joue et compose également pour les projets Black Hill, Silent Island, Realm of Wolves et White Cube, qui, il faut bien l’avouer, se ressemblent tous un petit peu en fait.

Alien Planet invite à l’exploration spatiale en trente minutes et sept mouvements contemplatifs qui conviennent parfaitement comme fond sonore, pour un JDR par exemple.

Alors pourquoi en parler ici, si c’est si minimaliste ? Parce que malgré son apparente simplicité, Alien Planet tourne régulièrement à la maison ainsi qu’au travail depuis quelques mois. Un support sonore à d’autres activités comme la lecture, la tenue du blog ou le développement de photos.

La pochette de Lev Stavitskiy aurait pu illustrer Alien, le huitième passager, le film de Ridley Scott. Un satellite de glace noire gravite autour d’une géante gazeuse bleue semblable à Neptune. Une image belle et froide qui colle à la musique.

Les morceaux rappellent la voûte céleste où scintillent les étoiles. Des nappes sombres de claviers percés de notes claires de guitares, de longues notes médium sur une basse inquiétante. Une musique qui se rapproche de l’univers de Birdy ou de la Dernière tentation du Christ de Peter Gabriel, mais en nettement plus épuré.

Music for Messier se répète, usant d’une palette minimaliste de sons et notes. Une manière de laisser l’esprit libre de divaguer sans vraiment lui imposer un univers.

Alien Planet n’est pas le genre d’album dont on fera une habitude. Il sera peut-être rapidement oublié. Mais écoutez-le lorsque vous voudrez reposer vos neurones. Installez-vous confortablement dans un canapé en lisant les aventures du pilote Pirx de Stanislas Lem tout  en écoutant Music for Messier. Vous verrez, c’est bien agréable.

Teeshirt : Kino

Giant Sky – Giant Sky

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C’est en écoutant Visions de Soup sur Bandcamp que j’ai découvert Giant Sky

En bas de la page de cette plateforme de streaming, sous les tags, vous pouvez trouver des albums recommandés par le groupe que vous écoutez ainsi que des artistes similaires. Une belle manière d’élargir ses horizons musicaux.

Giant Sky est le nouveau projet du frontman de Soup, Erlen Aastad Vigen, un projet dans lequel on retrouve également Espen Berge, de quoi avoir quelques craintes pour l’avenir de Soup.

Pour cette découverte, j’ai opté pour la version dématérialisée, ne sachant pas vraiment où je mettais mes pieds. Car Giant Sky est plus shoegaze, folk, cinématique et expérimental que progressif pour tout vous dire. Il y a des passages carrément fumés comme dans la septième partie de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’.

L’album éponyme dure quarante neuf minutes pour sept morceaux allant de une à douze minutes sur lesquels se croisent les voix de quatre femmes, d’un homme, du violon, de la flûte, de l’orgue d’église et plein d’autres instruments joués par Erlen.

Le résultat peut sembler déroutant au début avec ce mélange d’électro dans ‘Broken Stone’, de musique de chambre dans ‘Interlude’, d’expérimental, de shoegaze ou de rock alternatif acoustique dans ‘Out Of Swords’. 

Les six premières parties en douze minutes de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’ ressemblent à du Vangelis où Danny Cavanagh jouerait des guitares sur des inspirations folk façon Mike Oldfield.

Dans ‘Broken Stone’, vous retrouverez cette guitare assez fabuleuse qui résonne dans Soup. Un titre de plus de neuf minutes à la seconde partie très synthwave qui laisse place à un interlude flûte et piano qui me fait songer à Harmonium.

‘No Cancelling This’ pourrait vous rappeler des derniers albums d’Archive, tout particulièrement le magnifique Axiom, alors que le mélancolique ‘Out Of Swords’ ressemble à un single de Petter Carlsen. 

L’instrumental cinématique expérimental ‘The Further We Go The Deeper It Gets Pt. 7’ est assez raccord avec la fin du titre précédent et sert de pont d’envol pour propulser ‘Breathing Patterns’ aux belles envolées de flûtes.

J’ai acheté Giant Sky par curiosité et j’avoue avoir eu du mal à rentrer dedans au début. Mais leur univers musical s’est peu à peu imposé à moi et quelques morceaux comme ‘The Further We Go The Deeper It Gets’, ‘Interlude’ et ‘Out Swords’ m’ont réellement séduits.

Giant Sky est un groupe à placer en surveillance rapprochée.

Teeshirt : IQ