Cette semaine je vous propose une série de paysages en noir et blanc réalisés à différents endroits du globe. Le point commun de ces trois panoramiques, outre le traitement noir et blanc et l’absence de personnage, est de ne pas respecter de format académique. Aucun n’est au 4×3, 16×9 ou 4×6. Tous les trois sont des cadrages libres issus d’un format 4×6.
Voici le Vésuve en plein jour, toujours sur la plage de Castellamare di Sabia où je me promenais chaque matin et au coucher du soleil. Une plage sale, très sale, très très sale, où les italiens font leur jogging. C’est le sujet que j’ai voulu évoquer ici avec ce bidon et casier au premier plan alors que le majestueux Vésuve se dresse à l’horizon. Le ciel chaotique renforce l’aspect dramatique de ce paysage qui aurait pu être magnifique. J’ai utilisé un cadrage assez large avec encore une fois l’horizon au tiers pour rester un tant soit peu académique.
Nikon Z8, Nikkor Z 24-200mm, 1/125s, f/11, ISO 140, 24 mm
Le vol Volotea V72712 décollait à 16h50. Contre toute attente il partit à l’heure et arriva même avec dix minutes d’avance. Après avoir récupéré les clés du notre hybride, il ne nous restait plus de quarante kilomètres à parcourir pour rejoindre la location située à 250 mètres de la plage. Quarante kilomètres à l’heure car nous sommes en Sardaigne dans une Fiat Panda et que la nuit est déjà tombée sur l’île lorsque nous quittons Olbia.
Je n’imaginais même pas qu’une Fiat Panda puisse posséder une motorisation hybride à six vitesses. Même dans les descentes elle peine à atteindre les quatre-vingt kilomètres heures.
Après quelques errements dans l’obscurité, nous avons trouvé l’appartement, et malgré un loyer de plus de cent euros la nuit, il n’avait ni four, ni micro-ondes, ni cafetière. Le matelas king size dont on sentait les ressorts rouillés et des draps usés jusque la corne nous promettaient des nuits délicieuses.
Bonus, les seuls voisins à cinq cents mètres à la ronde faisaient la fête juste contre notre chambre ce soir là sans parler de l’orage qui a éclaté soudainement.
Ça ne nous a pas découragé pour autant et nous sommes descendu dans le noir sur la plage profiter des premières gouttes de pluie.
Samedi cannibal surf babe
Après un café avec dosettes Senseo tassées dans une cafetière à moka et une galette au miel, nous sommes partis faire des courses, car il faut bien se nourrir même en vacances.
La première épicerie sur la route de Palau vendait trois tomates, deux yaourts et beaucoup de marques de lessives. Nous avons donc continué l’exploration de la ville pour trouver finalement un supermarché correctement achalandé un peu plus loin.
Une fois le frigo rempli, nous sommes montés au rocher de l’ours, promontoire touristique à trois euros le parking, cinq l’entrée et cinquante cents les toilettes.
La vue sur la baie était juste imprenable et le rocher ressemblait bien à un ours, mais vu de la mer.
Le grand air ça creuse et après un repas de vacances (du pain, du fromage, de la charcuterie) nous repartons pour un voyage dans le temps, plus de quatre mille ans en arrière pour admirer un tombeau de géant, monument mégalithique propre à la Sardaigne qui allie menhir, allée couverte et mur de pierres. Il n’en restait plus grand chose mais quelques kilomètres plus loin, un second monument snobé par les guides nous réservait une belle surprise. Celui-ci était quasi intact avec sa pierre dressée percée d’un trou pour laisser entrer les morts. Nous en avions déjà vu un il y a quelques années mais celui-ci était vraiment incroyable. Sans doute, parce que d’après la légende, il aurait des vertus curatives. Du coup de nombreux bobos s’adossent au menhir pour méditer ce qui complique les photos.
Sur la route d’un nurrhage que nous ne trouverons jamais, nous tombons sur le spot des champions de la glisse, la plage de Porto Pollo et sa presqu’île. Kyde Surf, planche à voile, machin volant, l’eau est recouverte de Brice de Nice faisant des acrobaties aquatiques et aériennes.
Ce n’est pas là que nous tremperons nos fesses, il y a trop de vent, d’engins fous et surtout nous n’avons pas nos maillots. Par contre, de retour dans notre nouveau chez nous, et malgré la fatigue, nous descendons à la plage privative abritée du vent pour goûter à l’eau de la Méditerranée. Vivifiant !
Dimanche archéologique
Après un vrai moka cette fois, nous prenons la route Arzachena, à une vingtaine de kilomètres de notre pied à terre soit pas loin de trente-cinq minutes de route pied au plancher.
Nous remontons le temps une nouvelle fois de quatre à six mille ans, à la découverte de la civilisation nuraghique et mégalithique. Sur notre route, sont bâtis quatre monuments : deux tombeaux de géants, un nuraghe (sorte de tour en pierres sèches entourée de maisons rondes) et une nécropole avec quatre coffres mortuaires, plusieurs cistes, un dolmen et trois tumuli entourés de pierres dressées, largement de quoi occuper la matinée.
Sur deux d’entre eux c’est l’affluence, bus d’allemandes en expédition, genre séminaire, italiens en week-end, touristes de passage et nous, archéologues en goguette. Sur les deux autres, personne ou presque, surtout à la nécropole pourtant assez fascinante.
Après une sieste obligatoire et méritée, une tête dans la mer et une promenade sur un cap, nous avons découvert que le réfrigérateur de la location avait rendu l’âme. Dommage pour les surgelés…
Nous sommes partis nous promener malgré cette déconvenue vers le Capo d’Orso et à la recherche d’un chemin que nous ne trouverons pas ce jour là, nous sommes tombés sur une magnifique crique sauvage, accessible par un chemin escarpé.
Puis à la nuit tombée, je suis parti en solitaire m’exercer à la photographie nocturne. En rentrant, le réfrigérateur ne fonctionnait toujours pas.
Lundi sans frigo
Pas de réfrigérateur, pas de nouvelles de la propriétaire et plus d’eau au robinet.
En rentrant d’une nouvelle expédition nuraghique, un magnifique temple niché dans la montagne, un nuraghe et un tombeau de géant, nous avons fait des courses composées de denrées non périssables : biscuits, pâtes, fruits, conserves, histoire de se nourrir sans devoir compter sur les bienfaits de la conservation par le froid.
L’eau est revenue assez vite, nos voisins semblaient coutumiers du problème. C’est d’ailleurs là que l’on a appris qu’elle n’était pas potable. Impossible de conserver des produits frais comme la salade, les yaourts, la viande ou le poisson. Même la bière restera tiède et ça c’était certainement le pire.
La marche vers le temple de Malchittu, près d’Arzachena, fut certainement le temps fort de la matinée. Deux petits kilomètres de grimpette dans la montagne, entourés de paysages à couper ke souffle (surtout la montée en fait) pour arriver à cette construction en pierres sèches datant d’il y a près de quatre millénaires.
Après la sieste suivie d’une traditionnelle baignade avec les poissons, nous sommes partis pour le Capo Sardina visiter un majestueux fort dressé sur un éperon rocheux. Puis nous nous sommes posés près du phare pour assister au coucher de soleil.
C’est pendant ce moment romantique qu’a choisi la propriétaire pour répondre à nos messages frigorifiques. Il faut dire qu’entre temps j’avais fait appel au support AirBnb histoire de la motiver. Peu avant 20h, après quelques échanges par SMS, un bricoleur pas tout jeune est venu voir de quoi il en retourne et après quelques explorations électriques, il a remis en route le réfrigérateur, promettant de passer le lendemain pour finir le travail. Sauf qu’en contrepartie, nous n’avions plus l’allumage électrique des feux de la gazinière. On ne peut pas tout avoir. C’est ce soir là que nous avons également découvert que la hôte aspirante ne fonctionnait pas sans parler des portes de placards branlantes. Une cuisine en ruine.
Mardi ferry
Le cinquième jour nous avons pris la direction de l’île de la Maddelena. Un ferry relie régulièrement Palau à l’île en quelques minutes.
Comme La Maddelena était pour nous un violent retour à la civilisation, nous avons fuit jusqu’à l’île voisine, Caprera, reliée par un pont à La Maddelena et qui ne comprend que quelques routes et très peu d’habitations.
Une île de pins parasols, de plages paradisiaques et désertes à cette saison. Nous y serions bien restés toute une vie. Mais bon, vers midi, la chaleur, même à l’ombre des pins devenait intenable. Alors nous sommes allés manger une glace dans la rue piétonne de La Maddalena qui propose un savant mélange de restaurants pour touristes, boutiques de luxe et échoppes de souvenirs moches.
Après quoi nous avons repris la mer et rejoint notre taudis au bord de la plage avec son matelas multi spires et son réseau électrique dernière génération pour une sieste méritée.
Une baignade, une bière et un repas plus tard, je partais à nouveau dans la nuit réaliser des clichés pose longue des rochers et des étoiles histoire de m’amuser avec mon mini pied photo qui tient presque dans la poche.
Mercredi : sanglier à la broche
Comme tous les matins depuis notre arrivée, je descends à la plage vers 6h30 alors que mon épouse dort encore.
La plage donne plein Est et vers 7h00 le soleil se lève sur les îles. Alors chaque matin, je travaille sur les variations du lever de soleil et ce jour là, c’était tout particulièrement magnifique.
Deux ristreto plus tard, nous prenons la route pour notre plus grande excursion des vacances qui nous conduit à Tiempo Pausana à plus d’une heure de route.
Objectif découvrir un nouveau nuraghe, celui de Maigri et sur les conseils de la guide du site, un tombeau de géant non loin de là.
Je voulais aussi découvrir La Vallée della Luna (y a des noms comme ça qui me parlent) mais nous l’avons traversé sans nous en apercevoir, les paysages lunaires promis n’étaient pas à la hauteur de mes rêves.
Alors nous sommes rentrés, de toute façon il était déjà 14h, l’heure de la sieste avant le bain.
Pour finir la journée, ou presque, un coucher de soleil au bord de la mer, une bière (encore), un repas frugal et une nouvelle expédition nocturne pour tenter de photographier l’ours du cap sous les étoiles.
A défaut d’ours, j’ai rencontré une famille de sangliers qui m’ont définitivement découragés d’arpenter à pied les routes de Sardaigne la nuit. Qu’importe, j’ai enfin ma photo après trois tentatives nocturnes.
Je dis qu’il est beau le soleil
Ce matin ma chérie s’est réveillée avant moi. Nous avons pu descendre ensemble à la plage dans la nuit pour assister à un nouveau lever de soleil. Après cela nous sommes partis vers Porto Cervo afin de découvrir l’étonnante église Stella Maris. Mais en chemin nous sommes passés par Poltu Quatu, une ville toute blanche pour touristes fortunés et la crique où ils amarrent leurs yachts de luxe. De ma vie je n’avais vu une telle concentration de bateaux pour millionaires. Le petit personnel s’affairait dans le port pour briquer et préparer des monstres de chevaux qui ne sortent presque jamais en mer.
La bonne nouvelle du jour fut que nous pourrions garder la location juste vendredi à 15h au lieu de 10h ce qui dans notre logique signifie une baignade de plus avant de partir. Car oui, la fin des vacances approchent.
L’après-midi, après la traditionnelle sieste baignade, j’ai retenté en solitaire l’expédition à Capo d’Orso depuis notre paradis tropical. Je ne savais pas trop où me conduirait le chemin que j’ai emprunté mais après une grosse demi-heure je suis arrivé au phare, face à La Maddelena. Une pointe desservie par aucune route, juste un chemin caché pour une personne bien chaussée. J’étais presque seul au monde à contempler la mer et les bateaux circulant entre la Sardaigne et La Maddelena. Après, il a fallu terminer la bière et les olives pour vider le frigo. Grosse souffrance.
Vendredi c’est fini
Après un ultime lever de soleil, le plus beau évidemment, nous sommes retournés voir un tombeau de géant puis nous avons fait le marché de Palau pour remplir la valise de miel sarde. Oui, nous on aime le miel.
Ensuite ce fut l’expédition vers The Last Nuraghe, un site nuraghigue exceptionnel situé à proximité de l’aéroport. Google Maps nous a conduit sur une route accidentée en terre puis dans un chemin broussailleux très pentu sur lequel mon épouse a renoncé.
Il était 14h, le soleil brillait de mille feux. Le nuraghe promis se trouvait sur la crête à 449 mètres d’altitude, sans aucune indication et un sentier flou dans le maquis. Mais je l’ai trouvé, un site incroyable, pas vraiment débroussaillé, certainement peu fréquenté malgré sa taille. Pour tout vous dire, j’en ai un peu bavé pour voir ce nuraghe, alors c’est décidé, ce sera le plus beau de tous même si je ne l’ai pas vraiment exploré de peur de tomber sur des serpents. Car soleil et caillasses font souvent bon ménage avec ces bestioles.
A 16h nous étions à l’aéroport pour un décollage prévu à 19h. Ma chérie aurait bien ajouté un château et une fontaine au programme mais moi j’étais cuit, au sens propre comme au figuré.
Depuis une trentaine d’années, mon épouse et moi-même allons sur l’île de beauté. En avion, en bateau, en voiture, en location, en camping, en famille, entre amis, nous y retournons régulièrement.
La Corse est pour nous l’exotisme à moins de mille kilomètres. Des plages de rêve, de la haute montagne, des villages escarpés, des ruines romaines, des mégalithes, des calanques, des promenades en mer et de vastes espaces sans aucune présence humaine.
Tout d’abord il y a l’odeur du maquis et de la mer qui vous assaille à la descente de l’avion avec celle du kérosène. Vient ensuite celle des cochons sauvages, attention pas les sangliers domestiques, en saucisson, jambon, pâté et le fromage qui fait exploser les galères romaines.
Ensuite il y a les corses au caractère de cochon (pas pire qu’un basque, un breton ou un alsacien en fait) qui aiment qu’on leur dise que leur pays est magnifique.
Enfin il y a les routes tortueuses, parfois sommairement goudronnées, où l’on se croise prudemment à cinquante kilomètres à l’heure et ou on se fait doubler à cent dans les virages.
Nous avons posé nos pénates dans les golfes de Porto, de Saint-Florent et de Porto-Vecchio, visité les citadelles génoises de Bonifaccio, Calvi, la ville de Napoléon Bonaparte, l’université de Corte, les ruines d’Aleria, le désert des Agriates, le cap corse. Nous avons mangé des fiadones, du brucho, de la coppa, des fromages de brebis qui bougent tout seuls, du cabri roti, des aubergines farcies et même du faux saucisson d’âne.
Après plusieurs voyages en Corse, nous sommes parti vers l’île plus au sud, sa cousine la Sardaigne, assez similaire, plus sauvage, riche d’un incroyable patrimoine mégalithique, avec des sardes et des routes encore plus défoncées.
Mais cette année, après six mois sans une seule pause, nous sommes reparti en Corse, notre premier amour. Après moult discussions sur la destination, Saint-Florent, Golfe de Porto, Porto-Vecchio, ma femme a jeté son dévolu sur la Balagne précisément sur Algajola, une petite ville sur la côte ouest entre Calvi et l’IIe Rousse. Pourquoi Algajola ? Pour la plage d’Aregnu située au nord du village.
Car nous sommes des fans de plage. Il faut que notre location se situe à moins de cent mètres du sable, c’est essentiel. Ainsi nous pouvons, en maillot de bain, pieds nus avec une serviette, aller nous baigner deux fois par jour dans la Méditerranée. J’ai bien dit nous baigner. Nous posons nos affaires et plongeons aussitôt dans l’eau puis une fois rassasiés, nous repartons nous mettre à l’ombre de notre location, de préférence avec une bonne bière. Nous avons regardé trop d’épisodes de V pour rester sur le sable.
Oui mais bon, si nous n’aimons pas lézarder au soleil, que faisons-nous de nos vacances ? Une journée nominale ressemble à ceci :
8h00-10h30 promenade en voiture avec de nombreux arrêts dans les villages soit une quarantaine de kilomètres en fonction de l’état des routes.
15h00-18h00 marche à pied ou visite d’un site (dans tous les cas on marche et le soleil cogne, même en juin)
18h00-19h00 re plouf
19h00-20h00 bière locale agrémentée de biscuits corses, charcuterie insulaire, fromage explosif et éventuellement une tomate
21h00-23h00 cinéma, oui parce que, contrairement au reste de l’année, pendant les vacances, nous allons au cinéma, pas tous les jours, mais souvent, et pour voir n’importe quoi en fait
00h00-07h00 dodo
Nous avons vu la citadelle de Calvi, des pointes balayées par le vent, Top Gun, le village de Sant’Antonino, la plage d’Ostriconi, Hommes au bord de la crise de nerf, Pigna, trois tours génoises, le maquis, The Blues Brothers, le petit train qui relie Calvi à l’Ile-Rousse, le phare de la Pietra, Montegrosso, la chapelle San Michel de Murato et plein d’autres merveilles.
Comme nous partions avec Volotea, j’ai du faire des choix difficiles pour le matériel photo. Il fallait que mon bazar tienne dans un sac 40x20x20 cm à placer sous le siège. Oui parce que vous imaginez bien que je ne suis pas parti sans appareil photo. D’ailleurs, il m’a suivi partout, sauf dans l’eau. J’ai emporté le bon vieux D810 avec un 24-70 et un 70-200. Ça rentrait juste avec le chargeur de batterie. De quoi couvrir pas mal de situations même si j’aurais apprécié un 200-500 pour les surfers et les oiseaux.
Les lumières dures de la Corse ne sont pas toujours propices aux belles images surtout avec la brume de mer persistante et le vent à plus de 50 km/h en rafales. Difficile de stabiliser un 70-200 face au vent et impossible de nettoyer les embruns sur l’optique en pleine action. Je partais parfois tôt le matin et tard le soir en solitaire à la recherche des bonnes lumières mais ça n’a pas toujours été possible et puis, j’étais quand même en congés.
Je suis revenu avec deux cent clichés que je commence à trier, développer et publier tranquillement. Il y aura bien entendu un album photo de Balagne, le deuxième traitant de l’île de beauté depuis notre premier album en 2013. L’album photo des vacances est devenu une tradition.