Caméra ou APN

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NGC 7000

J’arrive (déjà) à un croisement en astro photographie. En trois sorties et plusieurs heures passées devant l’ordinateur, je commence à obtenir des images acceptables du ciel profond. 

Je ne chasse pour l’instant que des objets très accessibles avec des temps de pose relativement courts mais je vois bien que j’ai passé un cap, surtout avec l’aide de la lunette Skywatcher 72ED. Cet instrument léger et transportable rend le travail beaucoup plus aisé grace à sa petite focale. La focale c’est la longueur du tube et plus la focale est courte, plus l’instrument est lumineux. Par contre il grossit moins. Le résultat c’est qu’il voit une plus grande portion du ciel et qu’il à besoin de moins de temps pour capter la lumière des étoiles. Du coup le suivi est plus facile et le temps de pose photo plus court.

Depuis le début je photographie avec un Nikon Z6 II Full Frame passé en mode APS-C dont le capteur n’est pas défiltré. En français cela signifie une surface de 16x24mm sur laquelle on trouve un peu plus de dix millions de pixels qui arrêtent certaines fréquences comme les infrarouges. Les appareils photos sont conçus ainsi pour restituer approximativement ce que voit l’œil humain. Nous ne sommes pas capable de voir les couleurs des objets qui brillent au-delà de Neptune, sorti des étoiles, alors tant qu’à capter un maximum de lumière, autant tout récupérer.

Beaucoup de nébuleuses et galaxies rayonnent dans l’infrarouge (l’infrarouge c’est la chaleur), du coup l’appareil photo ne capte pas tout le spectre émis et les images sont moins riches en détails.

Une solution pourrait consister à défiltrer mon Z6 mais je ne pourrais alors plus l’utiliser en photographie classique. Les paysages en infrarouge ce n’est pas mon truc.

D’où l’idée de la caméra. Ces équipements pèsent moins de 500 grammes (la moitié d’un appareil photo) et certaines d’entre elles sont refroidies à -30 degrés ce qui limite le bruit généré par le capteur. Oui parce que lorsque l’on photographie longtemps, le capteur chauffe. Et lorsque le capteur chauffe, il génère du bruit sur l’image c’est à dire de la lumière qui n’existe pas. Les photographes ayant déjà photographié dans des conditions très sombres connaissent le phénomène. À partir d’un certain niveau, l’image peut se confondre avec le bruit. Donc plus le capteur est froid, moins on a de bruit.

Mais voilà, une caméra au format APS-C, coûte plus cher qu’un boîtier photo du même genre. Et même ces caméras onéreuses possèdent des défauts. Il y a par exemple le ampglow, sorte de halo lumineux présent sur le capteur qui ne se corrige qu’avec des images spécifiques, le fait qu’une alimentation 12V 5A est nécessaire pour le refroidissement par effet Pelletier ce qui veut dire une batterie plus costaud si vous ne travaillez pas à coté d’une prise électrique, l’absence d’écran pour visualiser les images obtenues et réaliser la mise au point

Bref les caméras sont des sous APN hors de prix.

En plus il faut choisir, entre la caméra monochrome ou la caméra couleur. Les monochromes sont beaucoup plus sensibles car elles ne possèdent que des capteurs de luminosité contrairement aux couleurs qui se partagent le même nombre de pixels en trois longueurs d’onde. Hélas elles ne photographient qu’en noir et blanc. Du coup il faut utiliser des filtres dans plusieurs longueurs d’ondes pour restituer les couleurs ce qui veut dire poser pendant trois à quatre fois plus de temps. Les filtres coûtent cher et nécessitent  idéalement une roue à filtre pour passer automatiquement de l’un à l’autre sans avoir à tout démonter. Bref c’est compliqué.

Dans mon cas je dois me résigner à choisir une caméra couleur avec un plus petit capteur tout en conservant de gros photosites. Le hic c’est qu’un plus petit capteur entraîne une réduction de la zone du ciel observée et ça ce n’est pas cool.

Moi qui me réjouissais de disposer d’un grand champ avec la lunette Skywatcher 72ED, son réducteur de focale et un boitier en APS-C, je découvre qu’avec une caméra à mille euros je devrais photographier des objets moins étendu. Par exemple actuellement je peux photographier la nébuleuse América, la galaxie d’Andromède, les Pléiades ou les nébuleuses Trifide et Lagune sur une image. Avec une caméra non. Je n’aurais q’une partie de ces objets.

Il existe bien caméra ZWO ASI 2600 MC qui possède un capteur 16×24 mm mais bon, elle est au même prix qu’un Nikon Z6 II neuf. Du coup mon choix s’est finalement porté sur la ZWO ASI 533 MC Pro après avoir écouté les conseils de passionnés. Un compromis entre mon budget contraint et les exigences techniques.

Pourquoi une caméra de la marque chinoise ZWO ? Parce que je suis dans l’écosystème ZWO avec l’ordinateur qui pilote ma lunette, un Asiair Plus et la monture qui supporte l’instrument, à savoir une AM5. Il est nécessaire que tout ce petit monde se comprenne pour que tout fonctionne bien et ZWO est un peu l’Apple de l’astronomie, il ne fonctionne qu’avec lui-même.

Pourquoi une caméra couleur ? parce que comme dit plus haut je ne suis pas encore prêt pour des sessions de huit heures de shooting surtout avec une dizaine de nuits acceptables pour l’astronomie par an et qui durent à peine plus de quatre heures en été. Pourquoi la 533 ? parce qu’elle est vendue actuellement sous le seuil psychologique des mille euros, qu’elle possède un capteur carré faisant 11 mm de coté comprenant 3008×3008 pixels, un niveau de bruit faible et aucun ampglow contrairement à certaines autres caméras.

Il va falloir maintenant que je reprenne tous les réglages de back focus, c’est à dire la distance entre la dernière lentille du réducteur de focale et le capteur de la caméra.

Simplification adminsitrative

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M. Le Président. Comme nombre de vos prédécesseurs, vous prônez l’allègement des normes et la simplification des règles administratives. 

Bien des technocrates se sont attelés au problème depuis le début de la cinquième république et ils n’ont réussi qu’à rajouter de nouvelles règles à l’édifice. 

Par exemple, au travail, pour commander un Bic, il faut demander un devis, un extrait de Kbis, un RIB, produire un bon de commande, faire signer le devis, établir un certificat administratif attestant que le RIB est bien celui du commerçant, trouver la famille homogène du crayon, ventiler la dépense dans une enveloppe budgétaire, dégager des AE, produire un engagement juridique, noter sur le bon de commande cet engagement ainsi que le code service et le SIRET, envoyer le bon de commande au fournisseur, lui rappeler qu’il devra déposer la facture sous Chorus Pro avec ces informations, effectuer l’attestation de service fait lorsque le Bic arrive sur votre bureau après avoir vérifié qu’il écrit bien, mettre en paiement la commande puis décaisser les CP, à condition bien entendu que la facture soit conforme aux règles en vigueur des marchés publics. 

Ça encore j’ai l’habitude, je m’y suis résigné. 

Par contre, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il est si compliqué de fixer un boîtier photo sur un instrument d’astronomie. Parce que là pour le coup, nous avons affaire à des scientifiques, pas des ronds de cuir !

Un Nikon Z6 possède une monture Z pour accrocher les objectifs. Il faut donc lui fixer un adaptateur T propriétaire qui se visse sur une bague T2 au filetage femelle M42. 

Vous suivez jusque là ? Mais voilà, le correcteur optique de ma nouvelle lunette – je vous en reparlerai – lui possède un filetage mâle M48 en sortie. Pour relier les deux vous aurez donc besoin d’une bague M48 vers M42. 

Ça va toujours ? Parce que le correcteur de champ possède en entrée un pas de vis M56 femelle et que la lunette elle a un pas de vis M54 femelle. Il est donc nécessaire d’intercaler une nouvelle bague M56 mâle vers M54 mâle.

Mais ça n’est pas tout. Entre le capteur du Nikon et la dernière lentille du correcteur de champ, il faut respecter une distance précise, ce que certains appellent le back focus, en l’occurrence ici 55 mm. Donc vous êtes obligé d’ajouter aux bagues et adaptateurs en place des tubes d’allonge de longueur précise au mm près en M48 ou M42 selon l’endroit où vous les installez.

Le back focus du Nikon Z6 est de 16 mm, reste donc 38 mm à trouver. J’ai donc commandé un jeu de huit tubes d’allonge M48 de 3 à 30 mm pour jouer au mécano. Normalement avec un 3 plus un 5 et un 30 mm je devrais atteindre la longueur requise pour respecter le back focus.

Et comble de malheur, selon les pièces mises bout à bout, le boîtier photo peut se trouver dans des orientations peu pratiques. Pour retrouver l’angle souhaité en fonction de l’objet à photographier, il est nécessaire de placer une bague rotative, en l’occurrence ici une M56 vers M54 qui va remplacer la précédente bague d’adaptation.

Du coup, entre le tube de la lunette et le boîtier photo, je vais aligner pas loin de cinq éléments les un derrière les autres. Merci aux différentes normes, marques, focales et optiques de nous simplifier la vie tous les jours. 

Finalement c’est presque plus simple de commander un Bic dans l’administration…