Sans gène

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Je suis un impatient de nature. Mon pire cauchemar est une traversée de la France en train d’ouest en est, à attendre, assis pendant des heures, que l’on arrive à destination. 

Et vous, vous aimez les salles d’attente bondées chez le médecin où il faut mémoriser l’ordre d’arrivée des patients pour être certain de ne pas se faire piquer son tour, tout ça en pleine crise de migraine avec une épouvantable nausée et la lumière des néons qui vous vrille les yeux ?

Vous aimez attendre sur le trottoir, grognon, pas encore vraiment éveillé, sous la pluie battante, que ce soit à vous de rentrer dans la boulangerie pour acheter les croissants ? 

Vous aimez, lorsque vous êtes au premier rang d’un concert de rock, vous faire bousculer par un retardataire, qui s’incruste avec sa bière et parle très fort avec son pote ?

Vous aimez les embouteillages vous ? Lorsque deux files se transforment en une voie unique et que des gros connards en SUV font le forcing sur la gauche pour doubler en espérant gagner trente secondes sur leur trois heures de trajet, provoquant un ralentissement supplémentaire ?

Vous aimez passer à la caisse du supermarché, faire la queue avec votre caddie, vous faire pousser par le chariot de derrière, voire une petite vieille se glisser devant vous en geignant qu’elle est pressée et que son cabas est lourd, assister, impuissant au refus de paiement du client à la caisse, à la pomme non pesée, commencer à déposer vos courses sur le tapis en même temps que la personne qui vous suit et ne plus avoir de place pour le contenu de votre caddie ?

Vous aimez les péages autoroutiers les jours de grands départs avec ces allemands bloqués devant les automates à carte bleue, leurs billets de 500 € dans la main ? Vous aimez la voiture de sport qui vous coupe la route pour passer plus vite à la barrière ?

Vous aimez les parcs d’attraction où, pour tester le nouveau grand huit, il faut faire sagement la queue pendant quarante-cinq minutes et que des enfoirés passent sous les barrières et vous bousculent pour gratter quelques places ?

Non ?

Vendredi, au philharmonique, après un magnifique concerto pour piano numéro 2 de Camille Saint-Saëns, nous avons voulu, comme beaucoup d’autres, faire dédicacer un CD par le pianiste prodige Alexandre Kantorow qui venait de jouer. Évidemment, nous n’étions pas les seuls, il faut dire, sa performance suivie de deux bis, avait été tout simplement éblouissante. Alors comme tout le monde, nous avons fait bien sagement la queue, attendant notre tour pour une petite signature dans le livret et surtout échanger quelques mots avec ce jeune pianiste talentueux. Lorsque ce fut notre tour, j’ai vu approcher un homme avec son CD, costume cravate des grands soirs de gala, flûte de champ à la main, qui sans vergogne, comme on ignore les gens du peuple, s’est imposé devant nous pour avoir son graffiti. Mais quel connard ! D’ailleurs je ne me suis pas privé de le dire. Mais ce genre de personne est bien au-dessus de ces bassesses, bien au-dessus de la piétaille, il ne nous entend pas, normal, il compte parmi ceux qui nous gouvernent. Le connard est parti avec son CD retrouver sa place VIP dans la salle. Mon épouse a pu alors jouer à la groupie devant le magnifique pianiste. Moi j’étais très énervé pour deux raisons : le connard et mon épouse aux anges. 

Après avoir rencontré dieu à contre cœur, emportant notre précieux CD gribouillé.  Nous avons quitté le concert, renonçant à Rachmaninov pour rester sur le souvenir impérissable d’un fabuleux concerto de piano de Saint-Saëns.

Tout ça pour dire que je déteste ces sans-gène, comme le gars que s’est garé l’autre soir devant le portail de l’immeuble d’à côté pour aller chercher sa pizza mal bouffe, provoquant un concert de klaxonnes enragés. Ce n’est pas si compliqué de se mettre dans la file et d’attendre, comme tout le monde, si ?

Soulsplitter – Connection

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On ne peut pas dire que les musiques dansantes et festives soient ma tasse de thé. Samba, funk, disco et électro ne figurent pas en bonne place dans mes listes de lecture. Paradoxalement, j’adore lorsque le metal intègre à petite dose quelques-unes de leurs composantes dans les morceaux. 

Je ne sais plus qui a partagé l’album Connection sur Twitter. Peut-être Launis, Daz ou Marillion073, qu’importe, je l’en remercie vivement.

Je ne me souviens pas plus d’où je connais le groupe Soulsplitter, et ça, ça m’angoisse beaucoup plus, car j’ai déjà dû les croiser quelque part, peut-être chez eux en Allemagne. J’ai même certainement écouté leur album Salutgenesis sorti en 2019, enfin, je crois, car il ne m’a pas laissé de souvenir impérissable.

Qu’importe. Lorsque je suis tombé sur l’album Connection, le nom du groupe a réveillé quelque chose dans mon crâne et je suis allé l’écouter sur Bandcamp. 

On parle ici de sept morceaux de quatre à sept minutes de metal progressif où se dessinent de légères touches latino, classique et électro. Un metal qui explore de multiples dimensions sonores de manière assez subtile.

Avec une basse ronde et dansante signée Felix, une batterie souvent éblouissante tenue par Fenix, la belle voix claire de Sami qui s’égare parfois dans le growl, la guitare mutante de Simon, du piano joué par Lewin et les synthés de Johannes, le chant de Viktorija, les trompettes de Jan et Maximilian et les cordes du Norddeutsch Sinfonietta, il y a beaucoup de monde sur cet album et cela s’entend.

Etrangement, si j’aime beaucoup Connection, je n’ai pas grand chose à en dire. ‘Disconnected’ sonne latino, ‘Glass Bridge’ néo classique, ‘Incineration’ growle comme il faut, ‘Erosion’ mêle aérien, metal et cordes avec brillo, ‘Thrive’ donne dans l’épique fabuleusement maitrisé, ‘Gratitude’ propose un instrumental de haut vol à la frontière de la fusion latino et ‘Reconnected’, le titre le plus long de l’album, après sa splendide ouverture au piano, repart dans un metal prog grandiloquent qui s’achève sur un ensemble à cordes.

Avec Connection, Soulsplitter nous livre une quarantaine de minutes de metal progressif assez classique que je vous recommande pourtant chaudement. Allez l’écouter, il est sur Bandcamp.

Teeshirt : Collapse

Almach – Realm

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Une femme voilée aux yeux de biche orne la pochette de l’album Realm du groupe Almach. Du black metal oriental cinématique venu de Kaboul, une ville qui a clairement connu des jours meilleurs.

Certaines mauvaises langues affirment que le groupe ne serait pas afghan. Étant donné qu’ils ne possèdent pas de site web, que l’on ne connaît pas ses membres, j’aurai du mal à vous éclairer sur le sujet. Toujours est-il que depuis 2020, ils ont sorti trois albums, un EP et un single sur Bandcamp.

Chanteuse à la voix délicieuse, growl de goret, inspirations orientales, atmosphériques, cinématiques, folks et médiévales sur une base de black metal, Realm s’écoute sans avoir besoin d’être un adepte de Sheitan. 

Les thèmes abordés par le groupe tournent autour de l’histoire de l’Afghanistan, un domaine dans lequel je suis passé maître au cours de mes études de math-physique, enfin… Voilà quoi.

L’album démarre avec ‘One chance’, un morceau furieusement accrocheur dominé par la voix de la chanteuse, des claviers à la Tim Burton, du growl démoniaque et des arrangements symphoniques.

Il ne faut cependant pas perdre de vue que le groupe serait afghan. Sa musique s’inspire fortement de la culture orientale comme dans ‘Hindukush’ qui mélange traditionnel et metal pour nous décrire la chaîne de montagnes qui culminent à près de huit mille mètres dans ce beau pays ravagé par la guerre ou bien dans ‘Flame Of The East’, un titre dans lequel viennent se greffer, sur la voix féminine, des chants traditionnels et de la double pédale bien lourde.

Le titre album, propose lui, un délicieux black metal aérien peuplé de voix afghanes, de growl et de musique médiévale. Puis après une ouverture world music, ‘Tears Of My Land’, le morceau le plus long de l’album, avec pas loin de neuf minutes, sacrifie un porc sur l’autel du black metal symphonique synthétique.

J’ai été moins emballé par ‘Shade of War’ qui mêle metal, growl, oriental, symphonique et folk de manière relativement chaotique, passant d’un instrument à l’autre sans vraiment prévenir avec un résultat assurément perfectible, un peu comme comme ‘Afghanistan’, un titre très world music expérimental.

L’album Realm propose un voyage sans risque sur Bandcamp pour un dépaysement garanti en restant confortablement assis dans son salon.

Teeshirt : Mehdi Alouane

Giant Sky – Giant Sky

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C’est en écoutant Visions de Soup sur Bandcamp que j’ai découvert Giant Sky

En bas de la page de cette plateforme de streaming, sous les tags, vous pouvez trouver des albums recommandés par le groupe que vous écoutez ainsi que des artistes similaires. Une belle manière d’élargir ses horizons musicaux.

Giant Sky est le nouveau projet du frontman de Soup, Erlen Aastad Vigen, un projet dans lequel on retrouve également Espen Berge, de quoi avoir quelques craintes pour l’avenir de Soup.

Pour cette découverte, j’ai opté pour la version dématérialisée, ne sachant pas vraiment où je mettais mes pieds. Car Giant Sky est plus shoegaze, folk, cinématique et expérimental que progressif pour tout vous dire. Il y a des passages carrément fumés comme dans la septième partie de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’.

L’album éponyme dure quarante neuf minutes pour sept morceaux allant de une à douze minutes sur lesquels se croisent les voix de quatre femmes, d’un homme, du violon, de la flûte, de l’orgue d’église et plein d’autres instruments joués par Erlen.

Le résultat peut sembler déroutant au début avec ce mélange d’électro dans ‘Broken Stone’, de musique de chambre dans ‘Interlude’, d’expérimental, de shoegaze ou de rock alternatif acoustique dans ‘Out Of Swords’. 

Les six premières parties en douze minutes de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’ ressemblent à du Vangelis où Danny Cavanagh jouerait des guitares sur des inspirations folk façon Mike Oldfield.

Dans ‘Broken Stone’, vous retrouverez cette guitare assez fabuleuse qui résonne dans Soup. Un titre de plus de neuf minutes à la seconde partie très synthwave qui laisse place à un interlude flûte et piano qui me fait songer à Harmonium.

‘No Cancelling This’ pourrait vous rappeler des derniers albums d’Archive, tout particulièrement le magnifique Axiom, alors que le mélancolique ‘Out Of Swords’ ressemble à un single de Petter Carlsen. 

L’instrumental cinématique expérimental ‘The Further We Go The Deeper It Gets Pt. 7’ est assez raccord avec la fin du titre précédent et sert de pont d’envol pour propulser ‘Breathing Patterns’ aux belles envolées de flûtes.

J’ai acheté Giant Sky par curiosité et j’avoue avoir eu du mal à rentrer dedans au début. Mais leur univers musical s’est peu à peu imposé à moi et quelques morceaux comme ‘The Further We Go The Deeper It Gets’, ‘Interlude’ et ‘Out Swords’ m’ont réellement séduits.

Giant Sky est un groupe à placer en surveillance rapprochée.

Teeshirt : IQ

Big Big Train – Welcome To The Planet

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Vous l’avez certainement appris, le frontman de Big Big Train, David Longdon nous a quitté le 20 novembre 2021, laissant le groupe orphelin. Il nous lègue en héritage, leur dernier album Welcome To The Planet, un concept en deux parties qui renoue avec le meilleur de leurs compositions.

Je ne dis pas ça pour saluer la mémoire d’un défunt, ce n’est pas mon genre, la preuve, leur précédent disque Common Ground est déjà oublié. 

Je dis ça parce que Welcome To The Planet, c’est plus de trois quart d’heure en deux parties et neuf morceaux du meilleur de Big Big Train dont le délicieux ‘Propper Jack Froster’ sorti en clip animé quelques jours avant l’album.

Pour mémoire, la formation a su s’entourer au fil des années d’artistes d’exception comme Nick D’Virgilio anciennement batteur puis chanteur de Spock’s Beard, de Rikard Sjöblom, le frontman Beardfish, ou encore de Carly Bryant arrivée récemment. 

Ils signent avec Dave Foster, David Longdon et Gregory Spawton les titres de ce magnifique album qui renoue avec la fraîcheur toute britannique de Grimspound.

Sorti du second instrumental ‘Bats In The Belfry’, qui avec ses sons huit bits accompagnant la batterie, ne m’ont pas franchement convaincus, j’ai trouvé cet album quasi parfait.

L’association des voix de David et de Carly sur ‘Proper Jack Froster’ et ‘Welcome To The Planet’ est un pur régal. J’ai également apprécié l’entrée en matière de ‘Made From Sunshine’, serait-ce un clin d’œil à Get Back ? 

Et puis il y a cette profusion d’instruments les cuivres, la flûte, le violon, l’accordéon, l’orgue, les claviers vintages qui offrent une riche palette sonore au rock progressif aux accents parfois canterbury de Big Big Train.

Parmi mes titres préférés du moment vous entendrez ‘The Connection Plan’ au violon endiablé, le mélancolique ‘Capitoline Venus’ acoustique, ‘Proper Jack Froster’ délicieusement nostalgique et bien entendu ‘Welcome To The Planet’ qui s’achève quasi gospel.

Rest in peace David. Tu t’en vas en nous laissant un chef d’œuvre inachevé puisque tu ne le joueras pas en live avec tes amis.

Je suis certain que tous les amateurs de Big Big Train connaissent déjà l’album par cœur. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce groupe et qui aiment le canterbury et le rétro progressif, je ne peux que vous recommander chaudement Welcome To The Planet. Vous pouvez le découvrir dans son intégralité sur Bandcamp avant de vous décider, alors allez-y.

Teeshirt : Cris Luna

King Buffalo – Acheron

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King Buffalo, Mar 30, 2019, Lost Lake Lounge, Denver, CO

‘A Few Words From The Dead’ tiré de l’album Radiation de Marillion, figure parmi les morceaux qui m’ont le plus fortement marqué durablement. Un titre à l’écriture psychédélique, au chant incantatoire et qui explose après une longue section répétitive.

King Buffalo me fait cet effet là avec son nouveau disque Acheron, mais pendant quarante minutes.

J’avais découvert le groupe avec l’album The Burden of Restlessness, une belle trouvaille même si ce n’était pas un vrai coup de foudre. Cette fois, avec Acheron, King Buffalo touche au but.

Quatre morceaux, chacun d’une dizaine de minutes, remplissent la galette à l’artwork psychédélique. Je dis galette, mais cette fois encore, j’ai choisi la version dématérialisée pour des raisons d’économie comme d’écologie. Une démarche qui me frustre un peu mais que je vais sans doute poursuivre, COP 26 oblige.

Une tête émerge des eaux de l’Achéron, cette rivière qui se jette dans le Styx, le fleuve des enfers. Une peinture aux couleurs psychédéliques, des tentacules de courant violets, mauves et bleus convergeant vers un gigantesque maelstrom qui barre l’horizon. 

Pour ne pas vous mentir, je préfère nettement plus l’illustration du précédent album même si elle est nettement moins ragoutante.

Mais revenons à nos moutons. Je trouve que la forme longue convient mieux à la musique psychédélique en général. Cela laisse plus d’espace aux motifs sonores pour nous hypnotiser avant de brutalement nous ramener à la réalité avec de puissants riffs de guitares.

Dans Acheron, nous retrouvons la patte de Pink Floyd, particulièrement dans les deux derniers morceaux, ‘Shadows’ et ‘Cerberus’.

Infatigables gimmicks, riffs dévastateurs et chant chamanique se partagent ces quatre pistes fleuves, glissant ça et là de nouveaux motifs pour casser le rythme halluciné.

Comparé à un album de prog, Acheron offre relativement peu turbulences. Dans le titre album qui débute le disque, deux thèmes se répètent, un lent incantatoire, une autre plus nerveux mais tout aussi répétitif avec quelques variations aux claviers ou à la basse.

Les instruments jouent de sonorités délicieusement seventies sans pour autant nous ramener un demi siècle en arrière et si le chant occupe une belle place au début des morceaux, il s’efface ensuite pour de longues digressions instrumentales.

Si vous avez apprécié The Burden of Restlessness, vous devriez adorer Acheron, et si vous ne connaissez pas le groupe, plongez-vous dans cette musique psychédélique, vous ne le regretterez pas, d’autant que vous pouvez l’écouter sans risque sur Bandcamp avant de franchir le pas.

Teeshirt : Marillion

Sorcerer – The Crowning of the Fire King

Je précise tout de suite que je ne suis pas tombé dans la marmite doom quand j’étais petit. Mais en trainant sur Twitter, un dimanche pluvieux, j’ai lu un tweet de Doomedparade qui parlait d’un album de 2017 sorti par un groupe qui m’était totalement inconnu. Un groupe de heavy doom mélodique suédois né à Stockholm en 1988 au nom quasi caricatural.

J’ai cherché l’album The Crowning of the Fire King sur Bandcamp et, miracle, il existait. Alors je l’ai écouté, téléchargé, réécouté, encore, encore et encore et le lendemain je le commandais en vinyle cette fois. Je crois que l’on appelle ça un coup de foudre.

Le roi aux yeux de feu, enchaîné à son trône en plein air, tel le souverain du Trône de Fer, cache deux vinyles turquoises translucides et un poster. Le double panneau s’ouvre sur les paroles des titres de l’album ainsi que sur la ligne up et les remerciements. Un très bel objet, acheté sur un coup de tête et que je ne regrette absolument pas. Je ne suis ni très doom ni très heavy pourtant. Mais là, respect. 

The Crowning of the Fire King de Sorcerer ne révolutionne pas le genre mais est super bien foutu avec quatre morceaux de plus de huit minutes, un délicat instrumental acoustique, une histoire et pas loin d’une heure heavy à souhait sans parler des deux morceaux bonus à la fin.

Bon oui, la voix de Anders Engberg m’a scotché comme les guitares heavy de Kristian Niemann et Peter Hallgren, mais c’est ce mélange heavy et doom improbable qui a certainement été le déclencheur compulsif. Car associer la pesanteur du doom aux hurlements du heavy, ça n’a rien d’évident. Des bruitages, des voix, des chœurs et des soli achèvent de rendre cet album totalement épique, entre Star One, Queenrÿche et Evergrey.

L’album démarre sur un ‘Sirens’ bien rentre dedans et se poursuit par le long ‘Ship of Doom’ qui s’offre une lente mise en place et une écriture plus doom, émaillée par le bruit de la mature, de la houle et des galériens enthousiastes. A partir de ‘Abandoned by the Gods’, Sorcerer donne dans une délicieuse routine metaleuse avant le court entracte de ‘Nattvaka’, qui, en sudéois, signifie “pendant la nuit”. Puis on repart bien lourd avec ‘Crimson Cross’ avant un solo heavy de derrière les fagots. L’histoire s’achève sur ‘Unbearable Sorrow’ qui propose pas loin de dix minutes qui pour le coup sonnent vraiment très Queensrÿche. Reste à profiter encore de deux titres bonus sur la face D avant de repasser la première galette une nouvelle fois. 

L’album n’a rien de révolutionnaire mais il fonctionne à merveille. Reste à savoir si sur la durée, il continuera à m’emballer autant, pour l’instant, ça déchire toujours autant.

Teeshirt : Lacrimas Profundere

Soup – Visions

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Vous savez, c’est compliqué les goûts et les couleurs. Allez comprendre par exemple pourquoi Visions m’a tapé dans l’œil alors que les précédents albums de Soup m’avaient barbés. 

C’est Alias qui m’a donné envie d’y jeter une oreille, il venait de l’acheter sur Bandcamp. J’ai commandé le vinyle après avoir écouté seulement un titre. Bon ok, un titre d’un quart d’heure tout de même.

Fin 2018, j’avais eu l’occasion de boire le potage chez Paulette avec The Watch et je n’avais pas été emballé, pas plus que par leurs albums Remedies et The Beauty Of Our Youth. Mais c’était aussi à l’époque où j’écoutais de la musique au kilomètre et qu’il me fallait des doses de plus en plus concentrées pour prendre mon pied.

Visions, dans son édition normale, propose cinq titres dont le long ‘Burning Bridges’ et le, à peine plus court, ‘Kingdom Of Color’. En fait, sorti de l’instrumental ‘Skins Pt. 1’, tous les morceaux dépassent les sept minutes. Un vinyle rouge marbré dans une double pochette 3D avec un livret photo, un CD et des paroles sur une feuille volante. Un magnifique packaging qui ne pêche que par la qualité du pressage du disque, dommage, car c’est l’essentiel. 

L’album met en place un monde sonore éthéré post-rock, progressif, cinématique planant et majestueux. Visions possède un parfum de nostalgie progressive, des couleurs pastel seventies, un je ne sais quoi de In The Court Of The Crimson King. Des guitares à la Steve Rothery, Steven Wilson et David Gilmour habitent ces morceaux riches en claviers et sections instrumentales.

‘Burning Bridges’, qui ouvre ces visions, se compose de cinq mouvements : 

une ouverture cinématique stellaire à la guitare et claviers, une balade wilsonienne au piano, basse ronde et flûte traversière qui vire au post-rock, un chant vocodé sur des claviers SF grandioses peuplé de bruitages, une guitare marillionesque suivi de claviers et voix désincarnées et un final en apothéose instrumentale.

Rien que pour ces quinze premières minutes, le disque mérite le voyage.

‘Crystalline’ qui suit avec sa guitare acoustique et le violon, diffuse un doux parfum progressif mélancolique avant qu’une trompette ne s’invite dans la partition et que l’enregistrement ne se fasse de plus en plus parasité.

‘Skins Pt. 1’ propose alors un bref interlude instrumental au piano avant d’attaquer la seconde plus longue pièce de l’album, le magnifique ‘Kingdom Of Color’. Le titre, façon vieille Angleterre, s’offre un premier et délicieux solo de guitare à la manière de Rothery puis un second, acoustique, dans l’esprit de Steve Hackett.

Les seconde et troisième parties de ‘Skins’ terminent Visions, une chantée acoustique et la dernière instrumentale avec une sublime guitare sur des claviers vintages.

Depuis quelques jours, l’album passe sans relâche dans la maison

J’ai toutefois quelques regrets avec Visions. Celui de n’avoir pas commandé la version longue. Celui de ne pas l’avoir écouté en temps et en heure car il aurait été élu album de l’année 2021 et enfin, mon plus grand regret, c’est qu’il s’agit peut-être du dernier album de Soup, leur chant du cygne avec la naissance de Giant Sky dont je vous parlerai très bientôt.

Teeshirt : Star One

Altesia – Embryo

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En 2019, Altesia nous livrait son premier album Paragon Circus. Un CD cinq titres aux couleurs de opeth qui avait été salué par les amateurs et la presse spécialisée. Il trône fièrement entre Weather Systems et Insomnia dans ma collection idéale.

Deux ans plus tard, le groupe revenait avec un second opus Embryo glissé dans son très beau digipack. Entre temps Altesia avait troqué son bassiste Antoine pour Hugo, invitant au passage un saxophone ainsi qu’un violon à les rejoindre sur l’album.

Si on pouvait reprocher à Paragon Circus sa proximité avec quelques formations comme Opeth, Embryo et ses sept titres, ressemble à s’y méprendre à du Haken.

Les musiciens ont gagné en technicité mais n’ont pas encore trouvé leur identité, à moins qu’ils ne cherchent pas à en revendiquer une. 

Pour les inspirations littéraires, lisez Voltaire. Oui, Clément Darieu semble se cultiver avec autre chose que des mangas le soir.

Embryo est nettement plus agité que son prédécesseur, nettement plus technique, nettement plus cover également. Il prend aussi plus de risques comme dans ‘The remedial sentence’ aux inspirations jazzy. C’est au passage mon titre préféré du CD.

Le grand format final en quatre parties, ‘Exit Initial’, navigue toute voiles dehors, entre du Dream Theater  et du Haken, enfin surtout Haken pour la ligne vocale très Ross Jennings. Vingt et une minutes qui ne laissent pas franchement beaucoup de répit pour souffler sorti d’un break jazzy où le saxo de Julien Deforges livre un magnifique solo.

Ce qui étonne chez un jeune groupe comme Altesia, c’est la maîtrise des instruments et la qualité de la production des albums quand on sait qu’ils ont été enregistrés et mixés à domicile pour la plus grande part. On pourrait presque se poser la question de l’intérêt des grands studio aujourd’hui en écoutant Embryo.

Je préfère l’atmosphère émotionnelle de Paragon Circus à celle plus technique de Embryo. Cela n’enlève cependant rien aux qualités de ce second album que vous pouvez découvrir sur Bandcamp.

Reste à savoir ce que le groupe sera capable de nous proposer la prochaine fois. En espérant que ce coup-ci, ils prendront plus de distance avec leurs modèles.

Teeshirt : Altesia

Fierce Deity – Power Wisdom Courage

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Bonne année à tous et à toutes !

Jonathan Barwick est un australien qui se prend pour Arjen Lucassen et Ramin Djawadi, du moins sur son dernier album Power Wisdom Courage.

Une fois de plus, c’est KMäNriffs qui m’a fait découvrir cette perle sur Twitter, alors merci à lui. Il semble particulièrement affectionner les trucs qui déchirent sévère mais de temps en temps il s’attendrit un chouilla, comme ici.

Fierce Deity joue dans la cour du power metal progressif épique avec trois titres à rallonge de huit à treize minutes.

Sachez tout de même que si vous vous aventurez sur ses autres productions, que Power Wisdom Courage n’est pas franchement représentatif du reste, même si c’est plutôt bon.

Vous connaissez Arjen (qui a dit non ?) : Ayreon, Star One, du metal prog à claviers et invités mais connaissez-vous Ramin Djawadi ? Non ? C’est le compositeur de la BO de la série Games Of Thrones, vous savez ce machin que l’on entend partout, massacré lors des auditions de classes de violoncelle.

Jonathan, le gars derrière Fierce Deity, joue tout seul, contrairement à Arjen et s’il reprend le thème de Game Of Thrones, il le fait avec intelligence dans le dernier morceau intitulé ‘Courage’.

Ne vous y trompez pas, la flûte gentillette de ‘Power’ est vite remplacée par des chœurs lyriques et un bon gros power metal de derrière les fagots où les claviers rappellent furieusement Ayreon. 

De même le “court” ‘Wisdom’, seulement huit minutes après tout, au chant limite crié, après des claviers “pouet pouet”, lance une charge lourde aux riffs épais et au refrain martial.

Ce long EP ou court LP, comme vous voudrez, s’achève avec le grand format ‘Courage’ qui démarre comme un vieux diésel avant d’atteindre son régime de croisière. C’est là que s’incruste une version épurée du ‘Main Title’ de Games Of Thrones, ajoutant s’il était besoin, une touche épique à la charge de guitares.

Il n’y a franchement rien à jeter dans Power Wisdom Courage. C’est du lourd épique à souhait qui a même sut gagner les faveurs de mon épouse, c’est tout dire. 

Allez l’écouter, vous me direz ce que vous en pensez, il est sur Bandcamp. Et le premier d’entre vous qui m’enverra un commentaire sur le blog, aura même droit à un code de téléchargement pour l’écouter chez lui.

Teeshirt : Monnaie de Singe