Supersonic Revolution – Golden Age Of Music

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Arjen Lucassen est un grand malade. Non content de composer dans Ayreon, Star One, Stream of Passion, The Gentle Storm ou sous son nom, il s’est embarqué dans Spersonic Revolution avec John Jaycee Cuijpers, Timo Somers, Koen Herfst et Joost Van Den Brolk.

Le plus dingue dans cette histoire, c’est qu’Arjen tient ici le poste de bassiste. Bassiste? What the fuck !

Si Arjen est un grand malade, je ne vaut guère mieux, puisque dès qu’il sort un truc, je le précommande. J’ai quand même hésité quelques secondes avec Supersonic Revolution car le premier extrait et son clip flashy à l’animation un peu cheap m’avaient refroidis. N’empêche, j’ai craqué et me voila devant un album aux couleurs qui piquent et aux sonorités seventies.

Seventies oui, mais certainement pas progressives à la manière de Genesis. Plutôt Deep Purple, si vous voyez la nuance. Oui, ça dépote.

Une heure huit de musique, quinze morceaux dont quatre reprises, ici on donne dans les titres expressos où l’on reconnaît la patte de Joost très inspirée par Ayreon ainsi que l’inimitable jeu de basse de Arjen (ok, là je déconne)…

Jaycee rêvait de monter un groupe avec Arjen, ben voila c’est fait et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il rentabilise cette collaboration. Vous allez l’entendre ce rocker aux cheveux bouclés qui chantait sur The Final Experiment. Car Golden Age of Music n’offre pas beaucoup de respirations, sauf peut-être sur ‘Odyssey’, ‘Fight Of The Century’ et ‘Holy Holy Ground’.

L’album est un hommage à la musique des seventies et à ses artistes. Chaque morceau évoque un groupe, un album ou un titre emblématique de ces années-là. C’est dans le livret que vous trouverez les clés, car ces compositions de haut vol, même si elles incorporent quelques indices, sont dans la veine des tubes grandiloquents de Arjen. Normal ceci dit au passage, c’est lui qui a tout écrit et composé sorti du prélude que l’on doit à Joost.

Si les musiciens font du très beau boulot sur ces quinze morceaux, je suis moins convaincu par le mixage et la production un peu terne qui manquent de mordant, que ce soit sur le vinyle ou le CD.

Vous voulez sans doute connaître mon morceau préféré ? Vous en êtes certains ? Ben c’est le dernier, ‘Love It All’. Comment ça c’est une reprise ? Mince… c’est moche. Mais y a pas a dire, les compositions des seventies c’était quand même quelque chose ! C’est sympa de copier ces années-là, mais bon, rien ne vaut l’original.

Après plus d’une heure de claviers vintages rugissants, de chant à donf, de guitares et pas vraiment de pause, je suis sur les rotules.

Au moins dans le dernier Ayreon, il y avait des endroits où souffler un peu. Golden Age Of Music n’est pas un mauvais album, loin de là, mais il est trop long et trop dense. Dans les seventies, on pressait des vinyles de quarante cinq minutes maxi et c’était bien assez.

Si vous êtes comme moi, un inconditionnel de Arjen Anthony Lucassen, je suis certain que vous l’avez déjà acheté, sinon écouté et peut-être même adoré. Pour les autres, écoutez le un peu avant quand même.

Omnerod – Arteries

Devinez qui m’a fait découvrir le groupe Omnerod ? Oui, c’est encore lui… Mi avril, il nous présentait, en avance de phase, leur dernier album The Amensal Rise que j’ai acheté depuis. Et ce que j’en ai lu et entendu m’a donné furieusement envie d’en écouter plus. Mais voilà, l’album n’étant pas encore sorti, j’ai dû me rabattre sur leur précédente production, Arteries sortie en 2019.

Omnerod est une formation belge de death post métal progressif qui existe depuis 2014 avec trois disques à leur actif.

Dans Arteries, vous allez entendre du chant clair, du growl, du djent, du post métal, de la guitare acoustique et une écriture complexe, riche, voire alambiquée qui les propulse dans les sphères progressives malgré certains aspects brutaux de leur musique. L’album dure soixante neuf minutes pour huit morceaux dont un qui approche du quart d’heure. Les deux plus courts sont des instrumentaux, ‘Lines’ qui ouvre l’album et ‘Newt’ placé en troisième position.

Omnerod se rapproche de bien des manières d’un Haken, d’un Devin Townsend ou d’un Wilderun. En effet, chaque morceau apporte sa dose de surprises et il est impossible d’écouter l’album sans s’immerger totalement dedans sauf à être vacciné avec plusieurs doses de Ziltoïd.

Bon, pour être tout à fait honnête avec vous, Omnerod, ça pique un peu parfois. Par exemple, l’avant dernier titre ‘Far from the Tree’ ne fait pas vraiment dans la dentelle. C’est de la charge lourde de guitares, basses et batterie sur du growl d’outre tombe avec quelques fioritures électroniques. Et ça dure quand même sept minutes !

À côté de cela, il y a des titres fleuves comme le dernier morceau ‘Sleep’, long de quatorze minutes. Quatre longs formats à la sauce progressive qui dépassent les neufs minutes. Des pièces riches en rebondissements, bruitages en tout genre, changements de rythme, de chant, alternant métal et acoustique, bref de quoi remplir l’espace sans donner l’impression de se répéter une seule fois.

Le second titre ‘Guide Them’, par exemple, fort de presque dix minutes, alterne chant clair fragile, solo de basse, growl démoniaque, chœurs épiques, charges de métal, chant façon années folles et farandoles de guitares sans parler de quelques touches acoustiques.

Cela fait beaucoup à écouter pour seulement deux oreilles et pourtant ça passe comme une lettre à la Poste et on en redemande.

Je pourrais vous parler de la musique Bouglione de ‘Newt’, du génial refrain de ‘Ascaris’, de la guitare électro acoustique en mineur de ‘Nothing Was Vain’ mais je pense que le mieux, c’est que vous écoutiez l’album sur Bandcamp.

ArcAnica – Elemental

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Cette chronique annule et remplace celle de Riverside bloquée sur Youtube pour des raisons de droits d’auteur. Ceci dit, à mon avis, vous gagnez au change.

Quatre titres, à peine vingt minutes d’écoute, je vous présente l’EP Elemental du groupe ArcAnica. Un quintet de metal progressif venu de Philadelphie, enfin, je crois. A priori, il s’agit de leur premier effort et honnêtement, je ne me souviens plus où j’ai entendu parler d’eux.

Toujours est-il qu’Elemental m’a suffisamment intéressé pour que je lui consacre cette chronique. 

Une basse, une batterie, trois guitares, un micro et peut-être quelques samples de claviers constituent l’attirail de ces chevelus qui louchent du côté du sludge, du black et du metal prog avec un petit air à la Opeth, Tool ou Haken. Les titres vont de quatre à cinq minutes. Ce n’est donc pas sur la durée qu’ils s’inscrivent dans la mouvance progressive mais nettement plus dans l’écriture.

Le chant clair omniprésent qui côtoie un growl assez rare a certainement éveillé tout d’abord mon intérêt pour cet EP.

Il s’agit encore d’un album ayant pour thème les éléments, ici dans l’ordre, l’eau, l’air et le feu, une thématique qui revient un peu trop souvent à mon goût dans les œuvres de jeunesse des groupes. Au moins, pour une fois, ArcAnica n’a pas composé un double concept album.

L’EP semble développer en dix-neuf minutes une histoire cataclysmique et mystique. Tout un programme… Si les paroles des quatre morceaux sont liées, il se pourrait que ArcAnica parle ici d’un exode pour échapper à un déluge purificateur. Vu comme ça, ça a l’air complètement fumé du paillasson et comme la musique flirte avec le psyché violent, tout est possible.

La production est clairement perfectible, le son manque de mordant et les aiguës bavent un peu, surtout sur les crashs de batterie. Mais après tout, c’est un premier effort et avec un casque pas trop pointilleux, cela passe très bien.

‘Black Fire’ est certainement le plus black des quatres morceaux. Il use d’une voix démoniaque et de notes de guitares angoissantes. C’est aussi mon morceau préféré même si tout l’EP tient parfaitement la route.

Outre le black metal progressif, il y a quelque chose de théâtral cinématique dans leur musique comme en témoigne le début de ‘Against the wind’. Il faut également souligner ces guitares torturées qui se déchaînent dans ‘The Fool’s Garden’ sur une batterie qui cogne les fûts sans ménagement.

Pour un premier EP, Elemental de ArcAnica, fait preuve d’originalité. Les quatre morceaux sont de très bonne facture et les musiciens maîtrisent leur sujet. En plus le dosage entre metal et prog est finement dosé pour séduire un large public. Il s’agit assurément d’un groupe prometteur et leur EP mérite amplement le détour. Alors n’hésitez pas à les découvrir sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.

Katatonia – Sky Void Of Stars

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Le plus catatonique des chanteurs de métal, semble avoir trouvé un remède à sa mélancolie maladive si belle. Jonas va mieux et son groupe Katatonia revient avec un nouvel album intitulé Sky Void of Stars, le premier de leurs disques que j’achète en digital.

Pourtant, la pochette est tout simplement sublime avec ce puits de lumière verte dans un paysage urbain et ces corbeaux en contre jour, le genre d’artwork à déguster en vinyle. Mais voilà, je ne me suis pas résolu à la dépense, peut-être parce que Sky Void of Stars ne le mérite pas.

Le nouveau Katatonia propose onze morceaux que l’on pourrait qualifier de pop metal progressive pendant cinquante minutes. Exit la mélancolie douloureuse qui faisait la beauté de leur musique. Ici le metal prog est sans réelle surprise, parfois vaguement mordant comme dans ‘Austerity’, souvent terriblement convenu comme dans ‘Colossal Shade’. Il est vrai que le groupe a dû se réinventer avec deux départs majeurs en 2014, ceux de Daniel et Per. Mais cela n’excuse pas tout.

Sur cet opus, les claviers sont très présents comme dans ‘Opaline’ et les refrains à répétition meublent des paroles moins inspirées. N’empêche, la voix ensorcelante de Jonas fait toujours mouche même s’il abuse d’effets à mon goût comme par exemple dans ‘Drab Moon’. On se laisse prendre par les différentes atmosphères de l’album mais je n’entre pas en transe pour autant.

Plusieurs titres retiennent toutefois mon attention comme le sublime ‘Author’ qui est certainement mon préféré des onze. Il dégage une belle énergie, le chant y est particulièrement soigné et les guitares nous livrent un fabuleux solo, tout le contraire de ‘Impermanence’.

‘Sciera’ est un bon exemple de cette pop metal, un semblant d’énervement, une rythmique de supermarché, un non instrumental et un refrain à deux balles. Et même si ‘Atrium’ pourrait rentrer dans cette catégorie, car il est composé comme un tube, il fonctionne, sans doute grâce à son refrain accrocheur.

‘No Beacon To Illuminate Our Fall’ prend un peu plus de libertés musicales avec le carcan catatonique, notamment les claviers et les guitares qui prennent leurs aises pour une fois et le chant qui sort de sa ligne mélodique de confort. Et puis ‘Absconder’ termine l’album de manière relativement abrupte, genre on ne savait pas comment finir, vous savez, nous ne voulions pas rater notre avion.

Il ne faudrait pas comparer Sky Void of Stars avec un Dead End King ou un City Burials, mais comment faire, à part sombrer dans l’amnésie. Ceci dit, après les avoir réécouté, je me rends compte que je suis nettement moins avide de ce metal mélancolique qu’à une certaine époque.

Sky Void of Stars plaira au plus grand nombre mais sans doute pas aux puristes de Katatonia. Vous pouvez toutefois le découvrir sur Bandcamp pour vous faire une idée.

The Dali Thundering Project – All Mighty Men – Drifting Through a Prosthetic Era

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Avertissement : si vous n’aimez pas le slam, si vous vomissez le djent, si l’indus vous donne de l’urticaire, si le growl vous fait gerber, alors passez votre chemin. Aujourd’hui ça va faire mal.

Luc, le plus ancien et le plus jeune des chroniqueurs de Neoprog – cherchez l’erreur – m’a recommandé dernièrement l’album Savages du groupe de metalcore français The Dali Thundering Concept. Comme dit justement, Luc est jeune, je pourrais être son père. 

D’ailleurs, Luc ! Je suis ton père…

Il est plein de fougue et chroniquait les promotions les plus improbables de Neoprog avec une plume acérée. J’ai essayé Savages, mais contrairement à Luc, je n’ai jamais été vraiment fougueux et ma jeunesse est loin derrière mes rhumatismes. Savages m’a semblé intéressant mais clairement trop sauvage pour mes chastes oreilles.

Cela ne m’a pas découragé pour autant, car j’adore le djent. Un soir, j’ai écouté le dernier album du groupe All Mighty, Men – Drifting Through a Prosthetic Era sorti en janvier 2022, un disque dix titres pour seulement trente-six minutes. 

L’écoute du premier morceau a suffi à me convaincre, j’ai commandé le CD, en priant pour que le reste soit du même tonneau. En réalité, la suite est encore meilleure.

Le groupe est un quatuor français qui mélange allègrement sur dix pistes djent, metalcore, slam, néo classique, électro, growl tout en parlant d’écologie en anglais. Autant dire que ça pique, surtout pour un vieux schnock comme moi. Ca pique oui, mais c’est juste génial.

La pochette représentant un visage brisé au milieu tenu par deux mains sculptées dans le plâtre a immédiatement attiré mon attention, une superbe accroche comme le morceau d’ouverture. L’album est un concept sur l’humanité, le futur et l’écologie : “God is dead, long live man, all mighty men.”.

Quatre instrumentaux aèrent le growl et le slam torturé. Le disque existe d’ailleurs également en édition instrumentale pour ceux qui n’aiment pas le chant crié. 

‘God Is Dead’, qui m’a donné envie de plonger, dans l’album explore l’électro cinématique sur un voix vocodée, virant ensuite au djent symphonique grandiloquent sur des orgues d’église avec, pour finir, des chœurs hurlés. ‘Styx’ donne dans le néo-classique au piano et violon un peu tzigane, une accalmie salutaire après le violent ‘Lost In Transaction’. ‘Serenading Silence’ propose deux minutes trente-neuf secondes de Plini avec une guitare lumineuse et des petites notes claires métronomiques. Le très court ‘Alone’ joue du cinématique à la Vangelis, des accords sombres qui sonnent dans l’immensité noire et qui vont crescendo pour ouvrir le djent de ‘Enter The Limbo’.

Et puis il y a des surprises comme le ‘Long Live Man’ qui use de slam avant de se déchirer les cordes vocales sur du métal prog djent symphonique. C’est violent, mais quelle claque ! Que dire de ‘The Sea Starts Here’ aux accents orientaux où un growl carrément caverneux, limite goret, écrase un djent metalcore avant de revenir à un rap de souk. N’oublions pas le dernier morceau, ‘Candid Monster’ au chant clair sublime, slam et musique cinématique qui conclut ces trente-six minutes spectaculaires en douceur, enfin, presque.

Nous serions encore en 2022, je vous dirais que je viens de trouver mon album de l’année, parce sincèrement, All Mighty Men – Drifting Through a Prosthetic Era est juste extraordinaire. Je ne peux que vous recommander The Dali Thundering Concept. Il est sur Bandcamp, en version instrumentale également et vous trouverez aussi Savages dans lequel je vais me replonger avec plus de sérieux.

Obsidious – Iconic

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Meilleurs voeux musicaux pour cette nouvelle année qui démarre. Prions pour que 2023 soit au moins aussi riche que 2022 en découvertes musicales et que l’enfer énergético-politico-sanitaire-mondial dans lequel nous baignons s’apaise un peu.

Pour démarrer en beauté, revenons sur un superbe album de l’année 2022 :

Lorsque Katha et KmanRiffs recommandent de concert le même album, tout métalleux qui se respecte se doit d’y jeter une oreille curieuse. Iconic du groupe Obsidious est de ceux-là. 

Une heure de metal progressif à growl et chant clair qui ravira les esthètes.

Le quatuor allemand sort ici son premier album dix titres dans la plus pure tradition du symphonico poutrage technique grandiloquent. Leur travail se rapproche d’un Persefone, d’un Wilderun ou d’un Dream Theater. Trois groupes de référence dont deux figurent dans mon top 2022. C’est vous dire qu’il s’agit d’une très belle découverte.

Oui, il y a du growl. Beaucoup de growl. Mais qui épicé de chœurs, de symphonique, de chant clair et de guitares éblouissantes, se digère parfaitement bien. Guitares et claviers rappellent beaucoup de groupe de James Labrie mais le chant et les arrangements symphoniques très présents sur cet album font la différence. La batterie n’est pas en reste même si elle ne saurait rivaliser avec celle de Mike Portnoy mais Sebastian Lanser ne se contente pas de bourriner à la double pédale et Linus Klauseniter à la basse s’aventure parfois sur des notes assez hautes.

Alors oui, le début de l’album pourrait rebuter un progueux timoré. D’emblé ‘Under Black Skies’ part dans le growl caverneux, la double pédale, les choeurs et le symphonique. Du metal prog pas très subtile d’autant que le chant clair est assez rare sur ce premier titre. 

Mais tenez bon jusqu’au solo de guitare de Rafael Trujillo à la quatrième minute. Après ça, vous pourriez avoir envie d’aller plus loin.

Pour le chant clair au timbre latino de Javi Perera, dôle de nom pour un teuton, il faudra attendre le titre album aux claviers dignes d’un Jordan Rudess en pleine forme. Et même ici, le growl s’invite encore pas mal.

Mon titre préféré sur cet album, même si je les adore vraiment tous, est le très Dream Theater ‘Nowhere’. Une des pièces les plus courtes, à peine plus de quatre minutes, pleine de pathos et d’emphase, qui sans le growl, aurait pu être confondue avec un morceau de ses pères.

Question originalité, Obsidious ne va pas faire des étincelles. Mais pour la technique, la puissance et la production aux petits oignons, l’album Iconic est une tuerie.

Allez le découvrir, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp

Threshold – Dividing Lines

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Dans les grands noms du métal progressif, on oublie parfois de citer les britanniques de Threshold. Peut-être encore un des multiples effets indésirables du Brexit. 

En près de trente-quatre années de carrière, le groupe a connu de nombreux changements de line up. Le plus notable fut sans doute le remplacement de Damian Wilson par Glynn en 2017.

Leur nouvel album Dividing Lines sorti cette année, propose dix morceaux pour une heure cinq de musique dont deux pièces épiques de plus de dix minutes, ‘The Domino Effect’ et ‘Defence Condition’.

La pochette reflète bien la noirceur du propos du dernier Threshold. Un paysage en ruines dans le ciel duquel flotte une demi sphère de roche sur laquelle repose un massif montagneux idyllique. Un bout de planète préservée arraché à la terre. Au milieu des gravats, un homme à genoux, tend le bras vers ce paradis perdu désormais inaccessible.

On pourrait dire que ce nouvel opus est sans surprise. Il s’agit d’un Threshold classique, de belle facture, confortable, efficace, assez éloigné de leur précédent double album Legends Of The Shires qui voyait le retour de Glynn. Du metal progressif easy listening que l’on adopte dès la première écoute.

L’album prend parfois des airs d’Arena ou de Saga comme dans ‘Lost Along The Way’. Le solo de guitare de ‘The Domino Effect’ fait penser à du Pendragon et les claviers virtuoses s’apparentent parfois, comme dans ‘Silenced’, à du Dream Theater.

Tout cela pour vous dire qu’avec Dividing Lines, le progueux restera clairement dans sa zone de confort de ‘Haunted’ jusqu’ à ‘Defence Condition’.

Si j’adore la voix de Damian Wilson, j’avoue que Glynn Morgan est particulièrement convaincant ici. On ne perd pas au change, même si ça me fait mal de le reconnaître.

Mon morceau préféré s’appelle ‘Silenced’. Un titre qui débute sur du chant vocodé, et qui poursuit avec des claviers brillantissimes et un refrain dans la veine de ‘The Show Must Go On’ de Queen.

J’ai adopté l’album dès la première écoute. Cela signifie qu’il est possible que je l’oublie également assez vite, même s’il est très bien. Il ressemble en effet à de nombreux autres classiques du genre ce qui le rend à la fois très confortable mais également peu original.

Mais ne boudez pas votre plaisir, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.

Hypnagone – Qu’il Passe

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Si vous appréciez Gojira et Klone et que êtes un peu chauvin, difficile de passer à côté du premier album du jeune groupe français Hypnagone.

Le quatuor metal progressif n’a pas froid aux yeux. Il mélange growl, atmosphères floydiennes, influences jazzy, chant clair, cinématique space rock et metal. De fait, l’album intitulé Qu’il Passe, séduira forcément un prog head pendant au moins quelques minutes, quitte à l’effrayer un peu à d’autres moments. Et des moments, il va y en avoir beaucoup pendant plus d’une heure et onze morceaux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’album n’a rien de monotone. Cela va en effet du très planant ‘Moss’ au ‘White Fields’ écartelé.

Voilà plus d’une année que j’attendais la sortie de Qu’il Passe, après avoir découvert leur single ‘Shibboleth’ sur Youtube. Si ce premier titre m’avait emballé, j’avoue qu’il m’a fallu pas mal de temps ensuite pour apprivoiser l’album.

Parce que voilà, Hypnagone se vautre parfois dans le metal extrême et le growl est tout particulièrement goret, limite s’il ne déchire pas les tympans comme dans ‘White Fields’. ‘Spannungsbogen’ est également pas mal dans son genre question gueulante mais il est à classer à part, tant son écriture est juste géniale, limite expérimentale avec même des passages de chant clair.

Il y a également ‘Dross’, truc assez barré, metal jazz cinématique growlé, que l’on aurait tendance à rejeter au premier contact et qui s’avère au final incroyablement complexe et perturbant. Mais comme le titre précédent, il est génial.

Heureusement pour vous, les titres extrêmes alternent avec des choses nettement plus mélodiques qui atténuent pas mal la violence de la musique comme dans ‘The Step Inward’ qui succède au terrifiant et génial ‘Spannungsbogen’.

Plusieurs pièces flirtent avec les huit minutes, des longs formats très progressifs qui laissent du temps à la musique de prendre sa pleine mesure. L’album est encadré par deux instrumentaux façon post-rock, ‘Arrival’ et ‘Light Bulb’, une habile manière d’entrer en matière et d’en ressortir en douceur.  A tel point que l’on se demande, à la fin de ‘Light Bulb’, pour quelle raison on se retrouve avec des ecchymoses aux oreilles. Du coup, on repart pour un tour, et arrivé à ‘Spannungsbogen’, on se souvient.

N’oublions pas le troisième instrumental ‘Elegy’ qui fait suite à l’éprouvant ‘White Fields’. Une pièce de moins de trois minutes sur des enregistrements audio en français. Pas mal de morceaux jouent de compromis. Le chant clair et le growl se partagent équitablement le temps de parole comme dans le titre ‘The Step Inward’ et cela rend l’écoute nettement plus facile pour un prog head.

Mais surprise, au milieu de l’album pousse un arbre, un titre jazzy à souhait, sorte de parenthèse au milieu de cette tempête de métal où brille un sublime solo de guitare d’anthologie signé Eric Hurpeau.

Il y du pour et du contre sur ce premier album du groupe Hypnagone. Le growl phagocyte un peu trop la partition pour l’ancien baba cool que je fus et si je n’ai rien contre les cris, ici je suis moyennement fan du timbre. Après, il y a des compositions éblouissantes comme ‘Shibboleth’, ‘Spannungsbogen’, ‘Dross’ ou ‘L’arbre’, alors si le growl ne vous fait pas peur, allez y jeter une oreille attentive il est sur Bandcamp

Oceans of Slumber – Starlight and Ash

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Oceans of Slumber, c’est du metal prog américain avec du growl et du chant clair quasi gospel. Enfin ça, c’est la théorie. En pratique, leur dernière galette lève le pied sur le metal, oublie le growl et se pare de couleurs far west, reprenant même le titre cultissime ‘House Of The Rising Sun’.

Les fans seront peut-être déroutés par la démarche, surtout avec l’instrumental ‘Spring 21’ joué au piano. Mais pas moi. Pain Of Salvation est également passé par là avec l’excellent Road Salt One.

Dans Starlight and Ash, la sublime voix de Cammie Beverly – tient, vous avez remarqué, Cammie à changé de nom, elle ne s’appelait pas Gilbert il y a peu ? Si… La belle a épousé Dobber le batteur et pianiste du groupe, je suis désespéré. Bon. Je disais donc, la voix de Cammie, on l’appellera comme ça, c’est moins douloureux, donc la voix de Cammie est magnifiée sur ces onze morceaux.

Sur de nombreux titres, les guitares empruntent au registre du bluegrass et de l’americana, particulièrement dans ‘The Lighthouse’ ou ‘Salvation’. 

D’ailleurs si vous regardez le dos du digipack ou bien la page centrale du livret, vous découvrirez le groupe déguisé en cow boys. Bon d’accord, des cow boys sur une plage, mais quand même.

En parlant de plage, Starlight and Ash évoque souvent l’océan dans les paroles et les titres des morceaux comme pour ‘The Water Rising’, ‘The Lighthouse’ ou ‘The Shipbuilder’s Son’. S’agirait-il d’un concept album ? Je n’en sais rien. Les textes oscillent entre nostalgie, amertume et souvenirs et comme je n’ai pas creusé la question, je vous laisse trouver la réponse.

Entre des pièces de facture plutôt metal progressives, ‘The Water Rising’, ‘Just A Day’, et ‘The Shipbuilder’s Son’, on découvre des tonalités americana auxquelles le groupe ne nous avait pas franchement habituées jusque-là. Dommage que l’instrumental au piano ne casse pas des briques. Dobber n’a rien d’un Rachmaninov, mais la pièce sert de tremplin parfait pour le magnifique ‘Just A Day’. 

Le résultat est magnifique, mélodique à souhait, mais, car il y a un mais, Starlight And Ash manque parfois de mordant. Toutefois peut-être est-ce dû à la production. En effet, l’édition vinyle, sur une seule galette 180 grammes, possède un sublime mastering où l’équilibre entre basses, médiums et aigües comme la dynamique est parfait. Donc à choisir, prenez le vinyle.

Mes morceaux préférés sont ‘The Lighthouse’ qui amorce le virage americana, ‘Salvation’ et ‘Just A Day’ qui nous livre un incroyable rebondissement après l’évocation de rêves d’enfant de Cammie accompagnée au piano par Dobber.

Starlight and Ash n’est peut-être pas mon Ocean Of Slumber préféré au moment où je vous parle mais cela pourrait évoluer au fil des écoutes. L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, c’est un très bel album.

Luna’s Call – Void

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Pourquoi louer une ponceuse sophistiquée pour vos petits travaux lorsque vous pouvez écouter Void de Luna’s Call ? Poussez le volume à fond et en deux écoutes, votre parquet sera poncé.

C’est sur Blog à Part que je suis tombé sur la chronique papier de verre de Luna’s Call, un groupe très justement comparé à un Wilderun ou un Opeth en version caverneuse. Du metal progressif d’une très grande richesse mélodique et orchestrale au growl clairement prononcé.

La première écoute m’avait laissé dubitatif, car ne nous mentons pas, ça gueule façon glayau rauque de fin de trachéite presque tout du long de l’album. A la seconde écoute, la brosse à paille de fer est passée au second plan, derrière la musique d’une infinie richesse et j’ai acheté l’album. A la troisième écoute, je me suis dit qu’il faudrait en parler ici même si Alias en a déjà fait la retape.

L’album d’une cinquantaine de minutes livre trois longs formats et cinq titres plus conventionnels où se retrouve l’esprit d’Opeth, de Dream Theater et surtout Wilderun. Par moment cela fait quasi cover mais l’ensemble est tellement riche et foisonnant d’idées que cela ne me pose pas de problème.

D’ailleur si Void n’avait pas déjà deux ans au compteur, il figurerait dans ma liste pour le podium 2022.

D’entrée de jeu Luna’s Call fait du Opeth sur le court ‘Merced’s Footsteps’ puis également dans ‘Locus’ alors que dans les treize minutes et quelques de ‘Solar Immolation’, lorsque le growl s’efface, c’est Dream Theater qui domine la partition.

Ça ne les empêche pas de lever le pied dans ‘Enceladus & the Life Inside’ en quasi acoustique et chant clair.

Évidemment il y a des ‘In Bile They Bathe’ où l’aspirine est fortement recommandée mais c’est largement compensé par le délicat instrumental ‘Silverfish’ qui suit.

Et Wilderun dans tout ça ? L’esprit de Wilderun se retrouve dans les titres fleuves ‘Signs’, ‘ Solar Immolation’ et tout particulièrement dans ‘Fly Further Cosmonaut’ qui termine l’album.

Il n’y a pas si longtemps, j’aurai sans doute renoncé à l’écoute de Void à cause du growl. Mais depuis mon tatouage sur les fesses, je n’ai peur de rien, je bois même de la Kronembourg en pack de seize. Cet album est une tuerie, merci à Stéphane pour la découverte.