La saison maudite

Nous avons découvert la série Broadchurch à la médiathèque et dévoré les deux premières saisons en quelques jours.

Lorsque la troisième est sortie, nous nous sommes empressés de l’acheter (c’était avant l’ère du streaming) et nous avons été quelque peu déçu par la conclusion de cette trilogie. Alors dépités, nous avons revendu le coffret sur Priceminister. Expédié via Mondial Relay, l’objet est arrivé à destination sans encombre, enfin c’est ce que nous croyions.

Quelques semaines plus tard, nous recevions un colis de la part de Mondial Relay.

– Tu as acheté un truc toi ?

– Oui mais avec envoi Colissimo, et toi ?

– Oui, mais ça arrive avec Fed Ex.

– C’est quoi alors ? Ouvre !

Dans le colis, vous savez quoi, surprise ! La troisième saison de Broadchurch. Le paquet n’avait jamais été récupéré par l’acheteur.

Quelques mois plus tard, lors de ma grande braderie, je tombe sur la série que nous ne regarderons plus jamais. Je remets en vente l’objet sur Priceminister devenu entre temps Rakuten et il trouve rapidement acquéreur à vil prix peu avant Noël. Expédié via Mondial Relay le 15 décembre, il reste toujours en livraison après Noël. Je passe des heures au téléphone à essayer de tracer le colis avec Mondial Relay pour 4€ de vente potentielle. Il s’avère à la fin d’une laborieuse enquête que le livreur l’a récupéré, déposé au point relais mais que son code barre n’a pas été scanné. Le paquet est définitivement perdu.

Pour la seconde fois, l’acquéreur de la série, ne profitera pas de son achat. Si cela se trouve, c’était le même et dans quelques semaines, nous recevrons un paquet Mondial Relay contenant la saison maudite. Si c’est le cas, j’essayerais de la revendre sur Leboncoin.

Avec un peu de patience, il est facile de s’enrichir.

Le réveillon

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Contrairement à l’an passé, nous avons passé un réveillon de Noël serein en famille, c’est à dire à cinq, le chat compris. Apéritif au champagne, cadeaux, repas, Mario Party, bûche et dodo, la routine.

Pour le réveillon du nouvel an ce fut plus compliqué. Le petit dernier était déjà reparti à Lyon poursuivre ses études et le grand nous abandonnait pour fêter la fin de 2020 avec ses potes. Nous restions seuls avec le chat.

Mon épouse a eu alors la délicieuse idée de commander notre repas chez un restaurateur au lieu de cuisiner Picard. Oui, clairement nous ne sommes pas des escalopes (cordons bleus).

Nous cochons les plats du menu de nos rêves sur le flyer, huitres, carpaccio de Saint-Jacques, médaillons le lottes, boeuf en croute, mousse de chocolat blanc et fruits exotiques, ajoutons un chèque comprenant la livraison pour 17h et glissons le tout dans la boîte aux lettres du restaurant.

L’esprit tranquille, nous sommes parti fouler la neige dans les Vosges et sommes revenus juste avant l’heure de la livraison.

Ce que vous ignorez sans doute, c’est que notre couple émet des ondes négatives dans les restaurants. Régulièrement le serveur nous oublie au moment de la commande, du dessert ou de l’addition. D’ailleurs le matin au réveillon, dans un moment de désespoir, ma chérie m’a dit sur l’oreiller, « Je suis certaine qu’ils vont nous oublier ».

La livraison prévue pour 17h s’est en effet fait attendre, et moi coincé depuis une heure devant la fenêtre côté rue (notre sonnette possède un fonctionnement relativement erratique), je ne voulais pas croire à la malédiction culinaire, et pourtant.

A 18h30, très inquiet, j’essaye de joindre le restaurant mais c’est un répondeur qui m’annonce qu’ils sont fermés. Stress !

Dans le réfrigérateur nous avons de quoi réaliser deux oeufs au plat avec un peu de soupe et des yaourts natures. Le repas du réveillon risque de ressembler à toute cette année si nous ne réagissons pas très vite.

Ni une ni deux, je prends la voiture, fonce au restaurant, me gare comme un salopard sur le trottoir et coure jusqu’à l’entrée du restaurant, la peur (et la faim) au ventre. 

La porte est ouverte, un rayon de lumière passe entre les rideaux. J’ose un pas masqué à l’intérieur et si la rue est déserte, dans le restaurant l’agitation est digne d’une fourmilière. La femme est au téléphone, son mari aux fourneaux, le père revient d’une livraison, les enfants s’agitent dans les escaliers, des clients attendent leur commande, bref, c’est le coup de feu.

Entre deux intenses pics d’activité, j’arrive à donner mon nom pour m’enquérir de notre commande. La femme cherche, me redemande mon nom, cherche encore mais nous ne sommes pas sur sa liste !

Je pense à la poêle Tefal avec ses deux oeufs au plat qui vont constituer notre repas de fin d’année alors qu’autour de moi l’agitation culmine. Après deux clients, une recherche de la commande, du chèque, après avoir questionné le papi improvisé livreur, il faut se rendre à l’évidence, personne n’a vu notre commande.

Un autre couple semble dans le même cas, sauf que eux ont commandé via Internet le menu proposé dans un restaurant parisien et non en Alsace. La misère. Je leur proposerai bien de venir manger un œuf au plat, mais je ne suis même pas certain que le coquetier en contienne quatre.

La patronne, entre deux nouveaux clients, deux enfants agités, un mari débordé, revient vers moi et me demande qu’elle était ma commande. J’essaye de me souvenir des détails, elle acquiesce, parle au cuisinier et quelques minutes après remplit deux sacs de carpaccio de Saint-Jacques, de médaillons de lotte, de boeuf en croute et de mousse au chocolat blanc. Elle pose également un plateau de saumon gravelax en cadeau pour se faire pardonner (mais pardonner de quoi ?) et son mari arrive désolé en m’annonçant qu’en ouvrant les huîtres sa main a malencontreusement dérapé et qu’il en a ouvert trop.

Je suis confus et très heureux d’avoir récupéré le repas. Et lorsque que je propose de régler la commande, la dame me dit qu’elle verra si elle retrouve le chèque et dans le cas contraire je n’aurais qu’à passer régler plus tard. Elle ne me connaît pourtant ni d’Eve ni d’Adam. Je suis encore plus confus.

Après les avoir remercié, leur avoir souhaité un bon réveillon (les enfants étaient au taquet), je rentre avec deux gros sacs papier garnis de victuailles juste avant le couvre-feu et lorsque j’arrive à la maison avec mes trésors, tout déconfit (de canard), brandissant les sacs papier, j’annonce à ma chérie que je suis passé chez Mc Do.

Le cheese burger frites coca fut délicieux. Entre chaque plats, gravelax, huîtres, lotte, boeuf en croute et mousse au chocolat, nous avons regardé les derniers épisodes de la troisième saison de Versailles, puis après les quelques rares pétards de notre abruti voisin tirés depuis son balcon, nous sommes allés nous coucher, la panse remplie.

Au fait, bonne année à tous et à toutes ! Burp !