Il y a un robot dans le jardin

C’est sur le blog EmOtionS que j’ai entendu parler du livre de Deborah Install, Il y a robot dans le jardin. Comme je suis un boulet, j’ai beaucoup de mal à m’aventurer vers de nouveaux auteurs, alors soit je lis tous les ouvrages d’un même écrivain, soit je vais sur des blogs pour trouver quelques conseils, soit je pique les bouquins que ma femme n’a pas aimé (généralement, ce sont ceux qui me plaisent). Cela donne quelques erreurs d’aiguillages du genre Le Grand N’Importe Quoi ou des coups de cœurs comme Laurent Gaudé, tout dépend de ma chance ou de ma clairvoyance, à vous de juger.

Cette fois avec Il y a robot dans le jardin, c’est mon jour de chance. Je ne suis pas toujours d’accord avec les coups de cœur de Yvan, mais dans l’ensemble je suis assez en phase avec lui.

L’histoire pourrait se résumer à un road-movie impliquant deux personnages, une homme et un robot, qui vont parcourir la planète pour réparer une fuite d’huile. Il s’agit en réalité d’un récit empreint d’humanité et d’humour, qui nous conduit à la rencontre de personnages atypiques sur différents continents, de l’Europe aux Amériques en passant par l’Asie, à la naissance d’une conscience balbutiante et d’une histoire d’amour entre un tas de ferraille mal foutu et un homme perdu dans la vie.

Sans être de la grande littérature, le style reste agréable et fluide et le livre de Deborah se dévore, aggravant mes retards dans de nombreux domaines. Allez le découvrir de ce pas.

Laurent Gaudé

J’ai découvert cet auteur français il y a quelques années, presque par hasard, avec son livre ‘La Mort du Roi Tsongor’, un récit fabuleux sur un vieux rois et le déclin de son royaume. Quelques années plus tard, mon épouse m’a conseillé le ‘Le Soleil des Scorta’, une autre merveille dans un genre très différent et dernièrement, ma pour mes 51 ans, elle m’a offert ‘Eldorado’ du même auteur.

Décidément, le style et les thèmes abordés par Laurent Gaudé font de lui un brillant écrivain. Cette fois, avec Eldorado, il s’attaque au délicat sujet de migrants. Un livre écrit en 2007, et qui dix ans plus tard, se trouve être plus d’actualité que jamais. A travers deux récits parallèles qui se rejoignent à la fin autour un collier de perles bleues, l’auteur nous raconte une aventure humaine cruelle où la vie ne tient qu’à un fil et où l’argent règne en maître. L’histoire d’un capitaine de navire qui récupère les migrants en mer et celle d’un jeune homme qui fuit son pays pour gagner l’Eldorado européen. Ce n’est qu’un roman bien sûr, mais il donne un tout autre éclairage sur ces « étrangers aux téléphones portables » qui abandonnent tout, famille, maison, travail, renonçant parfois à leur humanité, affrontant maints périls pour fuir la guerre, la dictature et atteindre l’île de Lampedusa où ils seront enfermés dans des camps, dans l’attente, hypothétique de papiers pour l’Europe ou d’un retour chez eux.

Où est le bec ?

Michel HouellebecqJ’ai un collègue qui ressemble à Michel. Certes il est plus enveloppé, sent très fort le clochard, ne travaille pas, mange du Mac Do à l’heure du goûter et semble posséder la même vision du monde qui l’entoure.

Cet écrivain français très médiatisé, particulièrement choyé chez France 2, m’a toujours déconcerté par sa façon de s’exprimer, ses non réponses et son aspect repoussant. Mais il a tout de même reçu le prix Goncourt en 2010. Comme pour Amélie Nothomb, il fallait que je me fasse une idée, que je lise un livre du bonhomme pour ne pas mourir totalement idiot.

C’est avec son premier roman, Extension du domaine de la lutte (1994) que je me lançais dans la découverte de Michel Houellebecq. Un ingénieur bossant pour une SSII part en missions avec un de ses collègues moche, juif, obsédé et puceau en province pour former les agents d’antennes du ministère de l’agriculture à un nouveau pro-logiciel. Au fil des chapitres, un récit décousu, propose une vision désabusée et cynique des comportements humains, de la sexualité, du monde du travail et du sens à donner à la vie. Une plongé malsaine dans la dépression d’un cadre moyen, dans ses pulsions suicidaires et son dégoût pour la vie. Je dois reconnaître, à mon corps défendant, que j’ai dévoré le livre malgré les nombreuses digressions assez perturbantes comme ces essais animaliers sur la sexualité humaine.

Mon collègue me fait de plus en plus penser à Michel, et après la lecture de  Extension du domaine de la lutte, j’en arrive presque à avoir de l’empathie pour lui, mais de loin, il sent vraiment trop mauvais et se comporte toujours comme un con. J’imagine juste la souffrance qui le ronge. Le jour où je le vois arriver avec un couteau de cuisine au travail, je m’enfuie.

La question qui reste en suspens est la suivante : lirai-je un nouveau Houellebecq ? Avec Amélie, j’ai fait le tour en un seul livre, je n’irai pas plus loin. Avec Michel, même si son univers est malsain, ou peut-être parce que son univers est malsain et ses réflexions poussées à l’extrême, je serais bien tenté d’aller plus loin, d’autant que ce roman n’était que son premier essai publié. Alors qui sait ?