Je suis un like addict. Un gros bébé avide d’amour et de reconnaissance.
Je pense que de tout temps cette maladie m’a dévoré. Je programmais pour que les autres utilisent mes logiciels, j’ai mené des parties de jeu de rôle pour avoir un public attentif à mes histoires, j’ai fait de la radio pour avoir un auditoire, j’ai fait des exposés pour épater la galerie avec mes misérables connaissances.
Et puis Internet est arrivé. Naturellement j’ai créé un site web avec un compteur de visites, j’ai écumé les forums donnant mon avis sur tout et sur rien, juste pour être lu, j’ai donné des cours d’informatique pour avoir des élèves, j’ai chroniqué de la musique pour donner mon avis et être approuvé, j’ai programmé un webzine pour augmenter le nombre de mes lecteurs.
Et puis le 2.0 est arrivé avec ses médias sociaux et ce fut la plongée en enfer. Le like, le favori, le j’aime, le retweet, notifications, le partager, les followers, les visites. Combien de like aujourd’hui ? Combien de partages ? Combien de pages vues ?
Je croyais en être sorti de cette addiction, avoir abandonné mon iPhone, cessant de scruter les compteurs, ne cherchant plus à exploser le best score de la veille.
Mais non, j’ai replongé. La faute à qui, à Flickr.
Car si j’ai pris beaucoup de recul avec Facebook, Twitter, Google ces dernières années, j’ai également publié de plus en plus de photographies sur la toile et chaque fois qu’une image est en ligne, j’en scrute le nombre de vues, de favoris. Pas tout le temps d’accord, mais au moins une fois par jour.
Et puis j’ai posté cette photo, somme toute assez banale même si elle est jolie. Ma femme lui a trouvé un titre, « Postures », et la photographie prise lors d’une ballade est devenue virale. Elle m’a très vite échappé. plus de 35000 vues, plus de 150 favoris, plein de commentaires élogieux, je suis perdu, un peu comme avec cette éclipse pourtant banale. Du coup, toute la journée, je suis resté scotché aux compteurs, assistant impuissant au buzz numérique de mes pixels, partagés, commentés, regardés, me demandant jusqu’où cela irait. Car cette photo, j’ai failli la jeter, lui préférant une autre qui n’a aucun succès.
Je suis un like addict qui souffre d’incompréhension. J’aimerais tant que le travail que je juge digne soit salué à sa juste valeur. Mais non, ce buzz n’est qu’un effet de masse, un pur hasard, un truc machin papillon. Ce matin j’ai posté une autre image que je trouve sublime. Elle sera likée par trois personnes et vues par une centaine. Combien de temps faudra-t-il attendre encore avant une nouvelle orgie d’amour et de reconnaissance ? Je sens que je vais déprimer…
Heureusement il y a le blog, le blog qui va relancer le buzz sur cette photo dont voici le lien, le lien pour que vous alliez la voir, pour que les compteurs s’affolent, pour que reviennent l’adrénaline, la reconnaissance, l’amour, la gloire. Oui, je suis un gros malade.