Il existe, caché dans un coin perdu de province, un laboratoire secret de recherche consacré à l’étude de créatures mystérieuses.
L’expérience a été financée par une généreuse mécène le jour où celle-ci fut dans l’incapacité de poursuivre elle-même ses travaux. Elle fournit les équipements et spécimens ainsi que ses diverses observations consignées au fil des ans à une nouvelle équipe européenne de pointe avant de passer la main.
Un caisson gris supporté par un châssis métallique abrite l’audacieuse expérience. Le caisson est lui-même enfermé dans un laboratoire dernière génération sous haute protection. Car ici, la Science cherche à repousser les limites de la mort.
Dans le caisson grouille une vie chthonienne méconnue étudiée avec toute la rigueur qui s’impose. Les créatures sont soumises à différents stress afin d’enregistrer leurs réactions. Punitions et récompenses alternent sans suite logique pour qu’aucune adaptation de l’espèce ne soit envisageable. Des prélèvements liquides, à la base du caisson permettent de mesurer l’activité et l’étonnante résistance des êtres invisibles.
Une pomme dans le caisson et les mesures commencent. D’étranges tentacules se tortillent, entourent le fruit avarié et quelques heures plus tard il ne reste plus rien. Dix jours sous un projecteur UV et les tubes annelés disparaissent complètement, un mois plongé dans l’azote liquide et l’on imagine que toute vie s’est éteinte du caisson. Mais il n’en est rien, dans le substrat se cache la vie, ralentie mais présente. Déposez des épluchures de carottes et les lumbricina refont surface.
Pendant ces années d’observation, tout a été tenté, surabondance, privation, canicule, grandes gelées. Il y a eu surpopulation, fuite du caisson, extinction de masse, mais la vie reprend toujours ses droits dans le composteur d’appartement de mon épouse. Ils dont increvables ces vers de terre, même si ma femme oublie souvent de les nourrir pendant des semaines.