Oh Hiroshima

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Faute d’écouter Solstafir au Z7 il y a quinze jours, la semaine passée, je suis allé voir Oh Hiroshima à Jubez à Karlsruhe avec l’ami Seb.

J’ai tenté jusqu’à la dernière minute d’obtenir une accréditation photo mais voilà, mes heures de gloire sont bien loin derrière moi, et je me suis fait jeter par la salle, les organisateurs, et le groupe n’a pas daigné me répondre. Résultat pas de photo. Fut un temps, cela ne posait aucun problème de photographier un concert dans cette salle. Les temps changent.

Je connais le groupe de post-rock Oh Hiroshima depuis que l’ami Stéphane en a parlé sur son blog et j’ai leur album Myriad sorti en 2022 dans la discothèque. Je ne l’ai pas pour autant chroniqué. Du post-rock shoegaze chanté qui s’écoute assez bien sans révolutionner la face du prog. De quoi passer une soirée sympa avec un ami et quelques bières.

Lorsque nous arrivons à Karlsruhe, le marché de Noël bat son plein.  Nos voisins allemands, chaudement vêtus, tassés autour des cabanons colorés, sirotent le vin chaud en mangeant des trucs locaux et pas forcément digestes.

À Jubez, la petite salle de concert située en plein centre, il y a nettement moins de monde, une cinquantaine de personnes à tout casser. Un public principalement masculin clairsemé comme leur cheveux au sommet du crâne et pas très jeune.

 Le trio de post-métal allemand Codeia assurait la première partie. Ils jouent des pièces à rallonge, où ils alternent poutrage post-métal et plages planantes mandoline. Rien de fondamentalement très original pour le genre si ce n’est la durée des morceaux, pas loin d’une demi-heure tout de même. Dans des nuages de fumée orange et rouge ils n’ont joué du coup qu’un seul titre 100% instrumental avant de laisser place à la tête d’affiche. Le son trop fort n’était pas fabuleux et les infra basses faisaient vibrer toute la salle mais c’était supportable. Disons que lorsque le trio levait le pied, c’était jouissif.

Joakim Liebgott qui jouait avec Codeia poursuit avec Oh Hiroshima sur scène. Du coup ce que j’avais identifié comme un duo se transforme en quatuor avec Oskar à la batterie et un quatrième larron aux clavier et guitares. Jakob est à gauche au chant et à la guitare, complètement plongé dans son trip post-rock. Sa voix noyée dans les guitares et ressemble plus à des nappes de claviers qu’à du chant. Denis fait des chœurs plus épais tout en imposant son jeu de basse assez impressionnant. 

Cette fois les musiciens ne sont pas perdus dans la fumée. Les éclairages sont également plus sobres que pour Codeia. Le son est aussi plus limpide sorti du chant mais peut-être est-ce parce que j’ai changé de place, me rapprochant de la scène.

Le rendu de leur prestation me paraît assez éloigné de leurs enregistrements studio, surtout pour quelqu’un qui comme moi connaît assez peu leur musique. Je serai bien en peine de vous dire ce qu’ils ont joué.

Même si je n’ai pas retrouvé mes marques dans la set list, j’ai beaucoup aimé la prestation de Oh Hiroshima. Le post-rock n’est pas vraiment ma came mais en live cela fonctionne toujours bien et là les musiciens étaient à la hauteur du challenge.

J’ai voulu repartir avec un petit souvenir. Pas le vinyle de All Things Shining, leur dernier album en date, que je n’écouterai probablement pas à la maison, mais un teeshirt pour marquer le coup. Il y en avait trois différents mais aucun à ma taille. Je suis reparti avec le modèle que j’aimais le moins mais dans lequel j’avais une petite chance de rentrer. Seb lui, a pris le vinyle, une bière et un coca.

Comble de l’ironie il y a avait deux photographes ce soir là pour couvrir le concert dont un qui devait faire ça pour la première fois de sa vie. Dommage pour moi car il y avait de quoi faire de belles images.

Le concert qui avait débuté à 20h30 s’est terminé vers 23h. À minuit j’étais au dodo, à sept heures au boulot. Monde cruel.

Messa au P8

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Cette semaine de nombreux événements allaient chambouler ma vie paisible. Mon directeur adjoint partait à la retraite, trois cartons pour un poids total de quarante kilos étaient livrés par Chronopost à la maison, mon épouse tombait malade pour la cinquième fois en un an, Klone jouait au Noumatrouf à Mulhouse et Messa passait le jeudi soir au P8 à Karlsruhe.

Je vous ai déjà parlé de Messa et de leur album Close, du doom stoner chamanique italien chanté par une déesse. Malgré la fatigue de la semaine et un début de crève (allez savoir qui m’a refilé ça), j’ai décidé de franchir le Rhin avec mon ami Seb pour découvrir le groupe en live.

Le P8 est une salle récente en périphérie de Karlsruhe où jouait King Buffalo il y a quelques mois. Un quadrilatère de béton en pleine zone artisanale servant de dortoir aux routiers, une salle associative où j’ai obtenu sans difficulté une accréditation photo à condition de ne pas photographier le staff ni le public, sauf du fond de la salle. J’ai connu pas mal de restrictions photos surprenantes depuis des années, mais jamais encores celles-là.

L’affiche annonçait Julinko et Messa. Un concert commençant à 20h ce qui nous laissait une bonne heure devant nous pour nous déshydrater et refaire la réforme de retraites autour d’une bière, car ce jour là, en France, c’était la grève générale, enfin, pas pour nous. Bonne surprise, le public allemand a répondu présent et la salle est assez bien remplie, même pour la première partie.

Vous connaissez maintenant Messa j’espère, si ce n’est pas le cas, dépêchez vous de lire ma chronique, mais sans doute ne connaissez-vous pas Julinko, un projet solo confidentiel, italien également, Giulia Parin Zecchin une guitariste chanteuse qui donne dans un psyché doom drone assez space. J’avoue que ce que j’ai écouté sur Bandcamp m’a laissé dubitatif. Des loops, des effets sur le chant, un peu de guitares, beaucoup d’enregistrements bruitages, Julinko joue d’atmosphères étranges et le set d’une heure ressemble à un long morceau. Mais comme l’a dit Seb, après avoir bu cinq bières, on finit par rentrer dedans… Je n’ai bu qu’une bière pour ma part (j’étais le chauffeur du soir), et je ne suis pas vraiment convaincu.

Messa arrive juste après et là, ne nous mentons, c’est juste magnifique. La chanteuse malgré les cigarettes et la bière pose sa magnifique voix parfaitement au diapason sur le doom shoe gaze des trois musiciens. Dès le premier titre je tombe en pâmoison. Les morceaux s’enchaînent avec maestria, montant en puissance, le guitariste nous livre un somptueux solo andalou oriental et la chanteuse nous éblouit. Le groupe joue principalement leur dernier album Close avec quelques retours en arrière dans le passé qui donnent envie d’explorer leur discographie plus à fond. Le concert s’achève bien trop vite à mon goût même si je suis fatigué et affamé.

Pour les photos j’ai fait comme j’ai pu. Pour Messa il s’agissait principalement d’éclairages rouges qui mettent en panique tout bon autofocus qui se respecte. Finalement c’est Julinko qui a bénéficié des éclairages les plus élaborés, il y avait également plus de place pendant son set pour bien se placer. Vous pouvez les regarder sur Flickr.

Une belle soirée arrosée de bière allemande au son du doom ténébreux de Messa dans une salle qui ma foi, donne envie de revenir.