FROST* – Life In The Wires

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Sérieusement, êtes-vous prêt à écouter quatre-vingt-six minutes de musique non stop ? Parce que le dernier album de FROST* fait justement cette durée. Un monstre de quatorze titres intitulé Life In The Wires.

Je n’avais pas été tendre avec leur précédent opus Day And Age que je n’écoute plus depuis sa sortie. Alors quand le nouveau FROST* s’est annoncé, je me suis lancé dans une exploration plus que circonspecte des morceaux, cherchant la petite bête qui m’agacerait pour ne pas l’acheter.

Bon si je vous en parle aujourd’hui, vous vous doutez bien de ce qui est arrivé. Je ne lui ai pas trouvé le moindre défaut, même pas sa longueur, pire je l’ai adoré et du coup je l’ai commandé en édition vinyle rouge transparent après une première écoute.

Je rapproche beaucoup et sans doute pour de mauvaises raisons Life In Wires de Experiments In Mass Appeal sorti quatorze ans plus tôt. Sans surprise FROST* fait du FROST*. On reconnaît immédiatement la signature musicale du groupe, ses choix rythmiques et les voix complémentaires de Jem et John. C’est d’ailleurs peut-être ce qui m’a tout d’abord séduit sur ce nouvel album.

Mais sorti des similitudes, il y a aussi les nouveautés comme ce ‘Strange World’ bien nommé où le long ‘Life in the Wires, Pt 2’.

C’est aussi un album très instrumental ce qui le rend plus digeste sur la durée et dans lequel s’incrustent de nombreux extraits sonores radiophoniques vintages. Vous entendrez même des passages symphoniques comme dans ‘Sign of Life’ ainsi qu’une pièce au piano intitulée ‘Absent Friends’.

Life In The Wires est un concept album qui parle de Naio un jeune homme qui fête son vingt-et-unième anniversaire et du mystérieux Mr Lifewire dont la voix radiophonique hante les pistes de l’album. Une histoire d’un monde à la Big Brother dirigé par The Eye, une intelligence artificielle qui surveille les habitants et dont le jeune homme tente de s’enfuir. Il part à la recherche de la mystérieuse voix de Lifewire qu’il a entendu sur un vieux poste radio donné par sa mère.

La musique oscille entre délicates dentelles et accélérations aux dérapages très contrôlés.  Des morceaux maîtrisés et cérébraux qui prennent tout de même aux tripes à chaque écoute.

« Life In The Wires est un des meilleurs albums de FROST* et sans doute un des meilleurs albums de l’année 2024 ». Ce n’est pas moi qui l’écrit mais le magazine Progressive Music Planet et je suis d’accord avec eux. Cet album est brillant et tout simplement brillant. Du coup je vais devoir peut-être réviser mon top trois de l’année.

Foncez l’écouter, il est indispensable.

Arena – The Theory of Molecular Inheritance

Le nom du dernier album d’Arena, The Theory Of Molecular Inheritance aurait pu être celui d’un concept album de Ayreon. D’autant plus que le nouveau chanteur du projet de Clive Nolan s’appelle Damian Wilson. Oui ce Wilson là, le chanteur barbu à la voix de ténor qui offrit à Threshold ses plus beaux albums.

Dans The Theory Of Molecular Inheritance il est question de science, ce qui nous change des précédents albums. Encore que. Lorsque la science évoque le poids de l’âme, je ne suis pas vraiment certain que nous soyons si loin de Paper Ghost ou bien de The Visitor.

Clive Nolan, John Mitchell et Mick Pointer reviennent en grande forme pour un nouvel Arena avec Kylan Amos et Damian Wilson. Oui, depuis Songs From The Lion’s Cage, les postes de bassiste et chanteur ont fréquemment changé d’occupant avec plus ou moins de bonheur.

Le nouvel Arena propose onze morceaux pendant plus d’une heure. Un concept album magico scientifique inspiré par une publication sur l’intrication quantique du physicien Luis Nasser. L’intrication quantique. Un phénomène qui autorise deux particules à partager un même état quantique quelque soit la distance qui les sépare. De là à imaginer que l’âme d’un grand compositeur comme Beethoven puisse se réincarner dans une autre personne, il n’y a qu’un pas, que je ne franchirai pas. Mais c’est l’histoire de The Theory Of Molecular Inheritance.

Je ne vais pas vous mentir, Damian Wilson figure parmi mes voix préférées du rock avec le défunt Freddy Mercury. J’ai écouté tous les disques qu’il enregistre, du metal aux projets solo acoustique. Alors quand Arena a annoncé qu’il serait leur nouveau chanteur, je me suis fait dessus. Du coup, je ne vous garantis pas d’être totalement impartial avec cet album, peut-être même pas du tout en fait.

The Theory Of Molecular Inheritance, c’est du Arena avec ses côtés pompier, de gros claviers gothiques, des barbus grognons, des histoires mystico abracadabrantes et la guitare de John Mitchell. Mais il y a cette fois l’incroyable voix et charisme de Damian sans parler de Kylan qui a su imposer son style aux trois grands anciens, comme dans le troisième titre ‘Twenty-One Garms’.

Le groupe a su adapter ses compositions à la voix très riche de Damian Wilson, allégeant les claviers, privilégiant le piano aux synthés, éclaircissant la partition afin que l’alchimie de la musique et du chant fonctionne. Et elle fonctionne à merveille, croyez-moi. Outre les délicieux débuts de ‘The Equation’ et de ‘Intrication’ au piano et chant, il y a l’excellent ‘Twenty-One Grams’ à la basse qui casse les codes d’Arena.  ‘Confession’ au piano et guitare électro acoustique se fait genesis pendant deux minutes et vingt secondes alors que ‘The Heiligenstadt Legacy’ (le testament de Beethoven), joue de piano cinématique sur la voix douce de Wilson avant de revenir à la forme classique de Arena.

The Theory Of Molecular Inheritance se hisse dans le trio de tête des albums d’Arena aux côtés de Paper Ghost et The Visitor. De là à le placer dans les albums de l’année, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.

EPs n°1

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Le crowdfunding est ici : Glagla

J’adore la routine, surtout pour la mettre à mal. Alors après vous avoir livré des brèves peu enthousiasmantes, je voudrais me racheter avec une nouvelle chronique de quelques EPs qui ne tiendraient pas le temps d’une vidéo.

Mais au fait, c’est quoi un EP ? 

EP, s’opposant à LP ou long play (un format musical de 45 minutes à une heure), signifie extented play, en gros plusieurs titres accompagnant un single, sorte de super 45 tours de ma jeunesse avec des faces A, B, C et D. Il s’agit souvent d’un disque intermédiaire entre deux albums ou bien un moyen de lancer un groupe sans pour autant prendre de gros risques financiers. Il s’agit aussi parfois pour le groupe de fourguer des morceaux sympas qui ne trouvaient pas leur place sur la précédente galette. 

Voilà pour la culture. Vous voyez, vous mourrez moins bête grâce à ces vidéos…

Commençons par les dames si vous le voulez bien avec Marjanna Semkina du groupe Iamthemorning.

Comme pour son projet avec Gleb, notre chanteuse russe vient de sortir un EP cinq titres que je me suis empressé d’acheter. J’avais été quelque peu déçu par le premier album solo de la petite rouquine. J’avais certainement trop d’attentes à son sujet car sa voix est à tomber par terre et ses compositions fort sympathiques. Peut-être y avait-il trop de folie dans les textes, je ne sais pas. Disillusioned ressemble pas mal au Counting The Ghosts de iamthemorning avec deux titres qui semblent tirés du répertoire traditionnel, les courts ‘Ne Hagyt Itt’ et ‘Land Mins Foour’. Du coup, sorti du l’absence du subtile doigté de Gleb Kolyadin au piano, on pourrait presque confondre les deux projets. Ici c’est un quatuor à cordes qui domine la partition avec la voix de Marjanna et Bela Bartok est à l’honneur sur la seconde pièce.L’EP, s’il est sans surprise, n’en reste pas moins délicieux à écouter, alors pourquoi se priver ?

Pour continuer, parlons de métal extrême si vous le voulez bien. Maladie est un groupe de black métal extrême allemand à la frontière de mon univers inaudible qui sortait le troisième volume de Symptoms cette année. Et Symptoms III n’a justement rien de metal en fait. C’est même plutôt cool à écouter, limite post floyd western écorché. L’EP est le plus souvent mélancolique et devient totalement torturé sur le second titre ‘Tenebrae – second pain’. Un morceau joué au saxo, piano et guitare, qui me secoue les tripes à chaque écoute.Chanté, parlé mais aussi instrumental, Symptoms III est varié, beau et sans être révolutionnaire. Il donne envie d’écouter les deux premiers opus, ce que je n’ai pas encore eu le temps de faire pour tout vous dire. Pour leurs LPs, à vous de voir, mais c’est du lourd, alors faites gaffe.

J’ai déjà dit pas mal de mal de John Mitchell ici mais au fond je l’aime beaucoup. La preuve j’ai le premier EP de son nouveau projet The Kite Experiments.

Aux côtés de John on retrouve Craig à la batterie et Chris Hargrave aux guitares. Comment ça John ne gratte pas les cordes ? Ben non, il semblerait qu’il ne fasse que chanter et jouer du piano, un rôle à contre emploi.Le premier titre ‘Temple Road’ n’apporte rien de neuf à la carrière de Mitchell et j’ai failli regretter ma dépense. Les bonnes surprises arrivent alors avec un ‘The Bridge’ tout en attente en mineur et le dernier morceau délicieusement folk irlandais ‘Long Roads’. ‘Alpha Omega’ rappellera à certains The Urbane et ‘Domus’ Lonely Robot. Atmospherics est un EP sympa qui ravira les fans de John.

Si vous ne deviez choisir qu’un des trois EPs présenté ici, je vous recommanderai Symptoms III, après, vous écoutez ce que vous voulez bien sûr.