Nous vivons dans une maison de fou.
Au rez-de-chaussée, lorsque le piano ne résonne pas, la Hi-Fi prend la relève et si ce n’est pas la Hi-Fi, c’est le home cinéma. La machine à laver le linge, même en plein essorage, peine à couvrir le vacarme.
A l’étage la mini chaîne rivalise de puissance avec le piano numérique et le violoncelle.
Pour contrer ces nuisances sonores, notre fils aîné met un casque sur ses oreilles pour discuter avec ses amis. Ses éclats de rires et hurlements lorsqu’il joue en ligne couvrent parfois les notes du violoncelle.
Le petit dernier, qui n’aime pas la musique, son frère et ses parents, lorsqu’il n’en peut plus de cet enfer sonore, se défoule sur son sac de frappe, faisant vibrer les poutres de la vénérable habitation.
A droite vous entendez le zonzon des cordes frottées, à gauche la rythmique de la boxe et au milieu des hurlements de ténor.
Pour répondre à cela, le chat miaule d’une pièce à l’autre, grattant les portes si besoin est, afin de trouver un peu de réconfort dans une chambre calme et chaude.
Car en bas la chaîne passe du death metal au psychédélique en quelques secondes, se stabilisant une minute sur du krautrock et repartant de plus belle sur du punk.
La machine essore à mille-deux-cent tours minutes et se déplace en vibrant dans l’entrée. La cocotte minute siffle toute sa vapeur accumulée dans la cuisine, le bus de 19h fait trembler les poutres de la maison avant que les cloches du temple ne se mettent à carillonner et que le chien des voisins ne se lance soudain dans une série de hurlements démoniaques.
Alors furieux du dérangement, j’ouvre la fenêtre, le heavy rock jaillit hors de la maison comme une explosion de haine et je hurle au roquet de la fermer.
C’est vrai quoi, j’ai besoin de calme pour chroniquer.