anasazi – cause & consequences

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Vous parler de cause & consequences, le dernier album d’anasazi, est à la fois simple et compliqué. Simple, parce que j’aime beaucoup l’album, compliqué, parce que je suis un fan de la première heure du groupe et que mon nom figure dans les remerciements du CD.

anasazi, en minuscules, qui se prononce anaSSAzi, est un projet né à Grenoble dans l’appartement de Mathieu Madani, disquaire et fan absolu de Dream Theater. A ses côté de nombreux musiciens ont gravités plus ou moins longtemps, Frederic Thevenet, Christophe Blanc-Tailleur, Romain Bouqueau, Jean-Rosset et plus récemment le guitariste Bruno Saget qui joue également dans Croak et Anthony Barruel batteur du groupe Collapse sans parler des artistes invités comme son épouse ou Tristan Klein.

Au fil des années, des influences et des albums, anasazi a flirté avec la pop, le metal et le rock alternatif, mais toujours de manière progressive.

cause & consequences est leur sixième album sans parler des trois EP, un beau palmarès pour un groupe amateur grenoblois. Soixante-trois minutes et huit morceaux, certainement les plus anasaziens de leur discographie. Le virage était déjà amorcé sur ask the dust en 2018 mais cause & consequences enfonce le clou.

Il ne s’agit pas ici d’influences à la Dream Theater comme dans origin’s ou à la Porcupine Tree dans playing ordinary people, il s’agit d’anasazi. cause & consequences est un album à guitares sur la voix éraillée de Mathieu. Les claviers ne sont ici qu’accessoires d’ornementation. Les grattes jouées par Mathieu, Bruno Saget et Tristan Klein sont au cœur de la musique avec la batterie d’Anthony.

L’album sonne clairement plus rock que prog, souvent rageur, torturé, déchiré, écartelé mais avec quelques éclaircies et même des réminiscences de Pink Floyd comme dans ‘space between’ sans parler du titre fleuve qui clôture le disque. Les ritournelles magiques des premiers albums, celles que l’on pouvait fredonner, disparaissent avec cause & consequences et il faudra une ou deux écoutes pour adopter ce nouvel anasazi.

cause & consequences s’écrit à l’envers, libérant la vapeur lentement au lieu de monter en pression. Vous prenez son atmosphère toxique à plein poumons et lorsque ses gaz brûlants et corrosifs commencent à vous asphyxier, un courant d’air tiède vient soulager votre gorge.

‘trapped’ démarre l’album sur une charge de guitares tempérée de rares accalmies à la basse et au chant. Une mise en bouche stoner metal dense et rugueuse que les paroles n’allègent pas, bien au contraire. 

Bienvenue dans l’univers d’anasazi.

‘324’ est plus récitatif même si Mathieu sort de gros riffs entre les couplets sans parler du long instrumental rageur où s’élève un solo de guitare signé Bruno Saget. Dans ‘death is (her) name’, c’est Tristan Klein qui joue du manche. Le titre, porté par une section rythmique très marquée, chemine cependant de plus en plus vers le progressif expérimental. Par contre, oubliez tout espoir, l’album s’enfonce dans la noirceur.

‘exit live’ atteint presque le sommet de ce vol parabolique. Les riffs rageurs sévissent encore mais une guitare électro acoustique s’invite dans la tempête comme l’orgue joué par Tristan. Et puis arrive ‘disheartening’, le titre le plus épuré de cause & consequences où le travail d’Anthony prend sa pleine mesure sur ces premiers couplets percussions, guitares et chant presque parlé.

‘into the void’ est doucement rattrapé par la pesanteur après un semblant de légèreté dans les premiers instants. Mais le calme floydien renaît avec ‘space between’ au sublime solo de guitare signé Tristan.

Un de mes morceaux préférés avec ‘disheartening’ et ‘the mourning’, la pièce progressive de l’album avec ses treize minutes aux multiples rebondissements qui relie tous les morceaux de cause & consequences.

anasazi est de retour, plus guitares que jamais, torturé et magistral. Il faudra sans doute consentir un effort pour rentrer dedans, ici pas d’easy listening au programme, alors poussez le son, revenez-y plusieurs fois, toujours d’une traite et vous réussirez à apprivoiser cette créature fantastique que vous pouvez écouter sur Bandcamp.

Collpase – Anagke

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J’ai beaucoup tardé à vous parler du dernier Collapse pour plusieurs raisons. Je venais de chroniquer Ticket To The Moon lorsque leur CD est arrivé et parler de deux albums de post-rock coup sur coup est au delà de mes forces. Ensuite le fourbe Alias m’a coupé l’herbe sous le pied alors j’ai boudé. Enfin et surtout, j’attendais l’arrivée du vinyle pour vraiment plonger dedans.

Le quatuor instrumental vient de la région grenobloise, véritable pépinière à talents pour la mouvance progressive. Anagke est leur quatrième album depuis 2011. Neuf titres pour cinquante-trois minutes sans parler de la face B de la seconde galette qui propose trois pièces enregistrées en live en 2018.

Le groupe hésite entre metal, post-rock, alternatif et progressif selon leurs envies. Cette fois Anagke tend vers un post-rock cinématique progressif parfois inspiré de Porcupine Tree.

La première chose à signaler sur ce vinyle, c’est le pressage de grande qualité doublé d’un mixage très soigné. Rien à voir avec le 45 tours A Song Of Death, A Song Of Pain, de Marcela Bovio complètement écrêté dans les aigües. J’ai eu plus de plaisir à écouter les deux galettes qu’à passer le CD sur la chaîne, sauf peut-être pour la face enregistrée en live qui pâtit d’une prise de son de moindre qualité. Mais étant donné que c’est un bonus, je n’allais pas faire la fine bouche.

La pochette m’évoque un ruban de Mobius doré, un ver de sables et le conduit de la climatisation de l’appartement de Sam dans le film Brazil de Terry Gilliam. Après, à vous de voir. Mais je ne pense pas que Julie,l’illustratrice de l’album, aie vraiment songé à ça en réalisant l’artwork.

Deux ingrédients, sonores cette fois, m’ont beaucoup séduit : l’usage d’orgues dans ‘Anima Anceps’ et les voix enchevêtrées de ‘2 = 8’. 

Avec le titre album, Collapse semble rendre un hommage à Porcupine Tree qui renaissait de ses cendres en 2022. Le groupe joue beaucoup de sa section rythmique ce qui le rapproche souvent de la bande à Wilson. Une basse qui dialogue avec la batterie et sur lesquelles guitares et claviers brodent sans cesse de superbes canvas. Mais la tendance générale est plutôt cinématique comme avec le dernier morceau intitulé ‘My Hoa’.

Les morceaux se construisent autour d’un thème principal qui sert de colonne vertébrale à la musique. Parfois, comme par exemple dans ‘Yokai’ ou ‘Belle de Nuit’, la musique tourne cependant un peu en rond. Cela fait le charme mais également la faiblesse de ce style musical, raison pour laquelle j’en écoute à dose homéopathique, même si certains disent que ça ne soigne rien. C’est également une manière d’installer des ambiances sonores confortables dans le salon avec de temps en temps des montées en puissance qui relancent la machine. Le genre d’album que je vous recommande de ne pas écouter en sourdine.

Anagke n’est pas un disque qui tourne en boucle sur ma platine. Il convient parfaitement à certains moments privilégiés, lorsque j’ai besoin de me retrouver avec moi-même. Je vous recommande chaudement le vinyle même si vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.