Le soleil brûlant incitait le flâneur à se perdre sous l’épaisse frondaison. Les odeurs des arbres m’invitaient à la promenade. Une journée idéale. Seul dans les bois, au calme, au frais.
« Ne t’aventure pas en forêt » m’avait-on répété. « Ne sors pas sans un fusil ». « Tu pourrais faire de mauvaises rencontres dans les sous-bois ». J’étais pourtant bien armé avec mon 500 mm, qu’avais-je donc à craindre ?
Les mises en garde surgissaient à chaque croisée de chemin. Impossible d’y échapper. Gare au loup !
Il n’y a plus de loup dans nos forêts depuis bien longtemps, ils tous ont été exterminés. Pour qui, pourquoi ? Pour la prime promise par Napoléon.
Plus de loup ? Pourtant au détour d’un chemin, est-ce un chien que je découvre allongé derrière un tronc, un grand chien gris ?
« Donne-lui à boire, s’il lape, c’est un chien, sinon coure ! ». Ben tiens… Je n’ai pas de gamelle pour le faire boire et ma bouteille est presque vide. Et puis voila quoi… Mieux vaut sortir mon 500.
Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas…
Le loup ? Justement il n’est pas seul ce chien gris, il est venu avec des copains. Plutôt méfiants d’ailleurs, ils n’approchent pas. Ils sont beaux ces chiens, ils sont nombreux aussi, très nombreux, au moins dix.
Ça me rappelle une histoire tout ça, surtout ne pas faire la bise à la grand-mère. Étrange, ils m’observent, prudents, des chiens n’agiraient pas ainsi. Des loups ? J’ai la chair de poule soudain, et s’ils mangeaient les hommes ?
Alpha, béta… oméga, étrange manège que voilà, madame et monsieur Ysengrin mènent la danse, la meute suit au pas de deux.
Plus de loup en France ? Ils sont revenus par les Alpes. On en recense quatre-cent-trente aujourd’hui dont un dans les Vosges.
Ils m’observent, moi aussi, clic clac. Je transpire un peu, la chaleur sans doute. A chaque fois qu’un d’entre eux ébauche un mouvement, mon cœur bat la chamade, qu’ils sont beaux ! Pourquoi les a t’on abattu exactement ? Pour la prime c’est vrai.
Dans les contes de notre enfance, les loups dévoraient les enfants, descendaient dans les villages avec les premières neiges, hurlant à vous glacer le sang, dévorant les troupeaux.
J’aimerais bien tomber nez à nez avec un vieux loup solitaire, dans la forêt. L’observer quelques secondes avant qu’il ne disparaisse dans les buissons.
Mes loups sont en captivité, dans un immense enclos dans la forêt, presque libres s’il n’y avait les visiteurs et les poulets que les soigneurs leur donnent, ils ne savent plus chasser, ils faudrait leur réapprendre.
Loups, ours, lynx, après les avoir exterminés, nous tentons de les réintroduire dans nos montagnes. Les éleveurs s’insurgent, les écologistes se battent, les bobos applaudissent (ils habitent en ville aussi) , les politiques ménagent la chèvre, le choux et le loup. Pour traverser la rivière, une seule barque. Comment procéder pour que loup ne dévore pas la chèvre et pour que la chèvre ne grignote pas le choux ? Impossible ! Le loup est devenu végan…
Promenons-nous dans les bois
Pendant que le loup n’y est pasSi le loup y était
Il nous mangeraitMais comme il n’y est pas
Il nous mangera pasLoup y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?
Le loup :
– Je mets ma culottePromenons-nous dans les bois
Pendant que le loup n’y est pasSi le loup y était
Il nous mangeraitMais comme il n’y est pas
Il nous mangera pasLoup y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?
Le loup :
– Je mets mes chaussettesPromenons-nous dans les bois
Pendant que le loup n’y est pasSi le loup y était
Il nous mangeraitMais comme il n’y est pas
Il nous mangera pasLoup y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?
Le loup :
– Je mets ma chemisePromenons-nous dans les bois
Pendant que le loup n’y est pasSi le loup y était
Il nous mangeraitMais comme il n’y est pas
Il nous mangera pasLoup y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?
Le loup :
– C’est bon j’arrive j’arrive
Promenade photographique au parc de Sainte Croix