The Watch – The Art Of Bleeding

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Teeshirt : UPF – Fall In Love With The World (2014)

The Watch est une formation italienne bien connue pour son excellent tribute band de Genesis. Mais pour ma part, je préfère toujours l’original aux contrefaçons, même celles qui viennent de Vintimille. J’ai vu Trick of The Tail et The Watch en live mais cela reste très éloigné du concert de Genesis à la Beaujoire à Nantes le 23 juin 1987.

Si j’aime The Watch, c’est pour leurs albums studio qu’ils ne jouent presque jamais en live hélas. Du rétro prog qui jette un pont entre les seventies et le vingt et unième siècle.

Je n’ai que leurs trois derniers disques à la maison. L’excellent Tracks From The Alps, le moins convaincant Seven et leur tout nouveau The Art Of Bleeding sorti il y a peu. Mais il existe cinq autres disques couvrant la période de 2001 à 2011 dans leur discographie.

Le vinyle en deux volets arrive avec un CD, un livret, une galette noire et un poster dédicacé par le groupe avec en prime un petit mot. L’artwork comme la musique nous ramène cinquante ans en arrière mais les sujets abordés sont bien contemporains.

Il ne s’agit pas d’un concept mais d’un album à thème. Plusieurs histoires sont racontées ici, des récits autour du sang : canibalisme, sorcellerie, suicide ou encore la proie d’un tueur. 

Ne faites pas comme moi, n’écoutez pas le CD pour découvrir l’album. Le compact disc est un sampler revisitant en sept titres la carrière de The Watch, rien à voir avec The Art Of Bleeding. 

Les musiciens milanais poursuivent l’œuvre de Genesis avec huit morceaux reprenant les sonorités de Nursery Crime jusqu’à A Trick Of The Tail avec toutefois de nombreux éléments modernes comme dans ‘Red’ ou encore ‘Hatred Of Wisdom’. Curieusement The Art Of Bleeding rajeunit un genre devenu poussiéreux après une cinquantaine d’années passées sur étagère.

Mellotron, orgue Hammond, flûtes, guitares six et douze cordes, batterie, percussions, bruitages et cris nous immerge jusqu’aux oreilles dans l’hémoglobine, un bain de jouvence progressif jubilatoire à ne pas manquer. Il s’agit de leur meilleur album à ce jour.

Io Earth – Acoustic Vol 1

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Teeshirt : Transatlantic The Whirld Tour 2010

On ne peut pas dire que je sois un fan Io Earth. Pour preuve je n’ai que deux de leurs albums à la maison. 

Io Earth fait partie de ces formations assez méconnues du rock progressif, c’est-à-dire totalement invisible dans l’univers du rock. Le groupe propose un prog symphonique à chanteuse teinté de folk avec plein plein de musiciens et encore plus d’instruments. Rien de très révolutionnaire au final mais ils ont leurs fidèles.

Alors je me demande encore quelle mouche m’a piquée en commandant Acoustic Vol 1. Mais je ne regrette pas du tout ce coup de folie. C’est vrai, j’aime beaucoup les albums acoustiques et j’étais curieux de voir comment sept musiciens s’en sortiraient sur ce format allégé. Car j’ai toujours trouvé le prog de Io Earth chargé, limite too much, à l’image de leur artwork. 

Avec juste New World en CD et quelques titres glanés sur Youtube, je connais bien mal leur répertoire. Et ne comptez pas sur moi pour comparer avec vous ce que je n’ai jamais écouté. Je vous livre ici mes impressions sur un album acoustique un point c’est tout.

En version épurée, les morceaux de Acoustic m’ont tout de suite parlé. Piano, violon, flûte, saxophone, guitare acoustique, percussions et voix s’équilibrent harmonieusement. Les voix de Dave et Rosanna se prêtent très bien à l’exercice, libérées de la batterie, des guitares électriques et des claviers.

La pochette est également épurée, à l’image de ces mélodies revisitées par Io Earth. Les dix titres sont accompagnés de quelques mots pour nous en parler et plaisir suprême, le groupe à gribouillé à l’intérieur du digipack. 

Sans rentrer dans les détails, j’ai particulièrement aimé le lent et bluesy ‘Streets’ composé pour l’occasion je crois, le jazzy pétillant ‘Home’ et le mélancolique ‘Fade To Grey’ avec Adam qui accompagne Rosanna au piano. Que vous aimiez ou non Io Earth, je vous recommande chaudement ce très bel album. Il m’a donné envie d’approfondir leur discographie en attendant Acoustic Vol 2.

Steve Hackett – Surrender of Silence

Teeshirt : Steve Hackett – Genesis Revisited II

Un retour de vacances ressemble à une pile de commandes faites sur Internet qui se sont accumulées dans la boîte aux lettres pendant notre absence. Malgré la fatigue du voyage, je ne résiste jamais à déballer ces cadeaux de Noël avant l’heure et d’allumer la chaîne pour écouter les merveilles.

C’est ce qui est arrivé avec Surrender of Silence. Après avoir traversé la France d’ouest en est, deux heures de voiture et six de train, j’ai déballé et écouté le nouveau Steve Hackett. Et je suis resté sur ma faim. J’étais fatigué par le voyage et j’aurai sans doute dû patienter jusqu’au lendemain. Il faut dire aussi, qu’avec At The Edge Of Light puis Under A Mediterranean Sky, le maestro m’avait comblé.

Steve Hackett revient en trois faces, onze titres et une petite heure au prog symphonique orchestral teinté de world music auquel il nous a habitués depuis quelques années. 

Il revient également avec de nombreux musiciens et chanteurs. Trois batteurs, cinq voix mais un seul guitariste, et quel guitariste ! Pour les orchestrations, on retrouve avec plaisir Roger King toujours aussi brillant. 

Vous entendrez des violons, altos, des instruments à vent, la basse de Reingold, les voix des sœurs Durga, d’Amanda et de Nad ainsi que quelques instruments exotiques.

Je ne sais pas si vous partagez mon avis, mais je trouve les pochettes des albums de Steve Hackett assez décevantes dans l’ensemble. Clairement ce ne sont pas les artworks qui guident mes achats avec Steve Hackett. Mais Surrender of Silence, comme les autres, s’accompagne d’un livret grand format de plusieurs pages contenant des photographies de Jo et des textes bien lisibles, ce qui tempère en partie mon reproche initial.

Dans ce Surrender of Silence vous entendrez des réminiscences du groupe Genesis – bizarre n’est-ce pas, vous avez dit bizare – tout particulièrement dans ‘Relaxation Music for Sharks’, une des trois pièces instrumentales de cet album. Ce morceau est le ‘Please don’t touch’ du disque. Une pièce à tomber par terre. ‘The Devil’s Cathedral’ est un autre de mes coups de foudre. Le titre s’ouvre sur un duo grandes orgues et clarinette basse avant de laisser place à la voix de Nad, la batterie de Craig et la guitare de Steve. ‘Natalia’ fera penser à du Prokofiev quand ‘Wingbeats’ rappellera ‘Asimbonanga’, le tube de Johnny Clegg et ‘Head in the Shadows’ le célèbre ‘House of the Rising Sun’ avec sa guitare acoustique. Les chinoiseries de ‘Shangaï to Samarkand’ ne sont pas trop à mon goût, mais bon on ne peut pas plaire à tout le monde. Par contre le tango du renard avec Nick D’Virgilio à la batterie et Jonas à la basse et où la guitare de Steve et les claviers de Roger se déchaînent est une pure merveille. Quant à ‘Day of the Dead’ et ‘Scorched Earth,’ ils restent de grands classiques du maestro. L’album s’achève comme il a commencé, sur un bref instrumental où la guitare de Steve est à l’honneur.

Pour conclure cette chronique je dirai que Surrender of Silence contient de belles choses mais ne m’a pas convaincu de bout en bout cette fois. Ca n’en reste pas moins un bel album.

Compressé n°1

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Bon j’avais dit bla-bla-bla que je ne le ferai pas, mais je ne peux pas m’en empêcher. Alors voici des ultras brèves, quelques mots sur des albums que j’ai écoutés et qui ne m’ont pas fait grimper au rideau.

En premier voici Big Big Train et son Common Ground. J’aimais bien leur Canterbury très British dans English Electric mais je trouve que ce nouvel album sonne cette fois un peu trop Spock’s Beard. 

Honnêtement, à part le premier morceau covid ‘The Strangest Times’, je n’ai rien à reprocher à l’album et plus j’avance dedans, plus j’éprouve du plaisir àl.écouter, mais pas suffisamment pour que ce soit un coup de cœur.

The Neal Morse Band n’aura pas réussi non plus à me convaincre avec son Innocence & Danger d’autant qu’ils ont eu la mauvaise idée de massacrer une merveille de Simon & Garfunquel. 

C’est du Neal Morse, avec ses défauts habituels, ça s’écoute bien, mais sans plus.

J’ai commandé Illuminae suite un tweet de Steve Hackett qui joue dessus. Dark Horizons est un album bourré d’invités comme Craig Blundel, Luke Machin ou Troy Donockley , un disque qui fait dans le folk prog à chanteuse. C’est archi convenu et pas franchement enthousiasmant, bref bof.

J’avais également commandé Welcome To A New World de Pat O’May, enthousiasmé par le bonhomme et sa présence en live. Le concept album, sans être mauvais, ne casse franchement pas des briques. Un disque de rock un peu prog pas franchement original dont je décroche assez rapidement. Dommage.

Fort de mon engouement pour son dernier album, j’ai acheté aussi le premier Tiger Moth Tales, Cocoon. S’il figure ici c’est bien entendu parce que je n’y ai pas retrouvé la magie de The Whispering Of The World que j’ai même racheté en édition vinyle il y a peu. Cocoon est juste un album folk prog zarbi qui n’a pas du tout fonctionné avec moi.

La critique d’Alias m’avait donné envie d’écouter Hermitage de Moonspell, le plus floydien de leurs disques. Mais que dire, oui c’est du métal floydien, voila. Bon après je ne connais pas Moonspell non plus. J’aime bien l’écouter à l’occasion mais c’est tout.

Enfin j’ai commandé The Peasant’s Revolt de Nightsong car j’adore la chanteuse Jo Beth Young. Le concept album folk parle d’une révolte de paysans et un des titres est particulièrement fabuleux, le premier, ‘Pauper’s Song’. Après, même avec la délicieuse Jo Beth au chant sur quelques titres, on s’ennuie un peu. L’histoire prend trop le pas sur le reste.

Leprous – Aphelion

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Je crois qu’il est temps de se demander quel sera l’album de l’année. En lice pour 2021 deux disques seulement, One To Zero de Sylvan et Aphelion de Leprous. 

Je ne vais pas vous mentir, je suis archi-fan des deux groupes alors mon jugement est furieusement biaisé.

One To Zero avait été superbement chroniqué par mon ami François à l’époque de Neoprog, alors, si vous le voulez bien, penchons-nous sur Aphelion.

Leprous était à la base une formation de metal progressif djent. Si si. Depuis quelques albums, et particulièrement Pitfalls, le groupe a pris un virage pop prog néoclassique qui n’a pas plu à tout le monde. Avec Aphelion, ils vont encore plus loin et ce n’est certainement pas moi qui m’en plaindrait, bien au contraire.

Le double vinyle reprend des codes astrologiques placés au sommet d’une pyramide noire plantée dans un décor de montagne. Rien qui n’éclaire vraiment sur son thème pas plus que la barque du livret. Mais pour votre culture, l’aphélie, Aphelion en anglais, est le point de la course d’une planète, le plus éloigné du son soleil. Et non ça n’arrive pas en hiver mais début juillet pour la Terre, alors rien à voir avec mon rhume. Pour les saisons, je vous expliquerais ça dans mon prochain podcast d’astronomie, c’est à dire jamais.

Nous avons deux galettes de 180 grammes au pressage irréprochable comme souvent chez Inside Out avec des paroles dépressives imprimées sur une feuille volante ainsi que le CD pour les écoutes fréquentes. Je l’ai déjà dit, j’adore ces éditions plus plus du label Inside Out.

Plus castra que jamais, Einar lance un défi à ses cordes vocales sur Aphelion. Il est au diapason du violoncelle de Raphael et du violon limite dissonant de Chris, le tout accompagné de cuivres pour faire bonne mesure. Des arrangements orchestraux qui donnent encore plus d’intensité aux paroles torturées. 

Evidemment, belle voix, metal et instruments acoustiques, ça fait toujours mouche avec moi, vous l’aurez bien compris.

Pour ne citer que quelques coups d’éclats, je vous parlerai de ‘Running Low’ où le metal se marie aux cordes, de ‘All The Moments’ et sa guitare qui ne ressemble à rien de connu chez Leprous et d’un ‘Castaway Angels’ anathémien, fabuleusement épuré.

L’album est très calme et délicieusement acoustique pour du metal progressif. Mais ceux qui auraient encore besoin d’une petite dose d’adrénaline pourront se tourner vers le titre ‘Nighttime disguise’ qui s’énerve un peu plus, enfin juste dans les dernières secondes.

Que dire de plus franchement ? Aphelion fait un sans faute. Je l’écoute en boucle depuis sa sortie comme ma chérie qui l’adore. Leprous me fait chaque album un peu plus plaisir. Je suis totalement irrécupérable, mais ça vous le saviez déjà.

Sera-t-il pour autant l’album de l’année ? On verra à Noël, d’ici là nous pouvons encore avoir de belles surprises.

Jo Quail – Five Incantations

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Teeshirt : The Gathering – Disclosure 2012

Je deviendrai maboule dans cette maison si je n’aimais pas le son du piano et du violoncelle car ma chérie en joue tous les jours ou presque. Par chance j’adore ces instruments vivants au point de succomber régulièrement à des bizarreries musicales à cause de leur simple présence sur le disque. Il faut dire que j’ai baigné dans la musique baroque, classique et contemporaine pendant plus d’un demi siècle ce qui explique en partie mes goûts étranges en plus d’écouter du metal et du prog.

C’est sur Twitter que je suis tombé sur une vidéo de Jo Quail jouant du violoncelle. Un message relayé par le gars de Cosmograf. Robin saluait la performance d’une belle femme se déchaînant sur son instrument à cordes. Il n’en fallait guère plus pour que je cherche à connaître la dame.

Par chance, Jo possède un Bandcamp où j’ai pu découvrir son travail, des titres au violoncelle électrique entre musique atmosphérique et contemporaine. Restait à trouver un album. J’ai jeté mon dévolu sur Five Incantations, une édition vinyle remasterisée pour l’occasion. Une première écoute au travail, une seconde sur la hifi et me voilà convaincu de dépenser une cinquantaine d’euros pour m’offrir le double vinyle alors que je viens de commander le prochain Marillion, le dernier Dream Theater, un ancien Cult of Luna, le Neal Morse Band et le Leprous. 

Nous allons manger des pâtes cet automne. M’en fou, j’adore les pâtes !

L’édition vinyle est superbe. Outre la pochette à deux volets, les vinyles colorés 180 grammes, un code de téléchargement, vous trouverez deux très belles photographies cartonnées et peut-être qui sait, un mot de remerciement de Jo. Seul hic, la version dématérialisée n’est disponible qu’avec le vinyle, à moins d’acheter chaque morceau séparément sur Bandcamp.

La musique de Jo Quail se situe à la croisée des chemins du classique, du post-rock, de l’ambient et du contemporain, du moins sur cet album, avec même une touche lyrique sur la dernière piste enregistrée en live et qui n’est d’ailleurs pas ma préférée. 

La première partie de ‘Between Two Waves’ risque de dérouter un non initié au festival Musica et la version de ‘The Breathing Hand’ en live ne sera pas du goût de tout le monde. Le reste de l’album et tout particulièrement ‘Gold’, de plus de onze minutes, devraient ravir les amateurs de post-rock atmosphérique. A condition bien entendu d’apprécier les sonorités trafiquées d’un violoncelle.‘White Salt Stag’ entre world et cinématique pose une ambiance sombre sur le début de cet album atypique alors que ‘The Breathing Hand’ se rapproche plus d’un nocturne romantique joué au violoncelle. Vous entendrez aussi quelques influences orientales sur ‘Between Two Waves Part 2’ et dans une moindre mesure dans ‘Salamander’.

Allez sur Bandcamp écouter le travail de Jo. Attention, si vous accrochez, vous risquez comme moi de tomber amoureux.

Sel Balamir – Swell

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Teeshirt : en chasseur d’images 2021

En 1956, le capitaine Cousteau dynamitait les atolls au nom de la science, éventrait les cachalots et massacrait les requins dans le documentaire le Monde du Silence. En 2021 Sel Balamir, le frontman du groupe Amplifier, lui rendait un vibrant hommage dans son album Swell avec la chanson ‘Jacques Cousteau’.

Moi aussi j’ai rêvé avec les expéditions de la Callipso lorsque j’étais gamin. Mais j’ai grandi et je ne rendrais certainement pas hommage à Cousteau pas plus qu’à Nicolas Hulot et son émission sponsorisée par le laboratoire Rhône Poulenc.

Le groupe britannique prog expérimental Amplifier n’a pas fait beaucoup parler de lui ces dernières années à part pour des rééditions. Et puis soudain Sel a annoncé un album solo.

J’ai eu ma période Amplifier  mais elle est derrière moi. Par contre j’étais curieux d’écouter ce que Sel Balamir pourrait proposer en solo. 

Swell est composé de trois morceaux très instrumentaux et relativement longs dont le fameux ‘Jacques Cousteau’. Une invitation au voyage de quarante minutes assis dans un canapé.

Pas de CD ou de vinyle pour l’instant, juste de l’ALAC et une image naïve peinte par Esther, un voilier voguant de nuit au clair de lune pour illustrer le massacre des cachalots.

‘Swell’ du haut de ses vingt minutes et quelques, dont plus de la moitié est instrumentale, n’échappera pas à la comparaison avec Pink Floyd, Nosound et Amplifier. Une musique toute en attente où le motif répétitif à la guitare appartient à Amplifier et où les digressions rappellent les Floyds. Niveau originalité ce n’est pas terrible, mais pour ce qui est de l’écoute, rien à dire c’est confortable.

Le capitaine du baleinier japonais dure le temps de mettre une douzaine d’ailerons de requins en conserve. Plus court et plus verbeux que son prédécesseur, il s’étend un peu moins sur la musique pour mieux explorer  les cimetières de cachalots et nager à dos de tortue géante asphyxiée. Le titre nous plonge sous la surface de l’océan de manière très visuelle avec une basse ronde et des notes de claviers telles des bulles remontant  à la surface. Ça fait mal de l’avouer, mais ‘Jacques Cousteau’ est une vraie réussite.

‘Seagull’ s’élève au-dessus des flots pendant un peu plus de neuf minutes au son d’orgues métalliques et d’une section rythmique assez présente. On ne peut pas dire qu’ici Sel se soit dépassé pour la composition. Sorti d’un long passage de guitare inspiré, la mouette de Tchekhov tourne en rond.

Swell permet de s’évader du monde pendant une quarantaine de minutes. Et si on passe la faute de goût (il ne savait peut-être pas après tout le pauvre), l’album est une jolie découverte.

Feeling of Presence – Of Lost Illusion

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Teeshirt : Ayreon – Actual Fantasy Revisited

Si vous connaissez les allemands de Frequency Drift, vous conviendrez sans doute que la beauté de leur musique tient beaucoup aux chanteuses qui se sont succédées sur les albums. 

Je crois que je suis tombé amoureux de chacune d’elles et tout particulièrement de la dernière, Irini Alexia qui chantait sur Letters To Maro, qui est à mon avis leur chef d’œuvre.

Mais Frequency Drift c’est aussi un post rock folk où la harpe de Nerissa Swartz, le violoncelle et les guitares d’Andreas Hack donnaient des teintes assez uniques.

Hélas, mille fois hélas, Frequency Drift n’est plus. Andreas a jeté l’éponge, préférant revenir à un projet instrumental sous le nom de Feeling Of Presence.

Je suis pas un grand fan d’albums instrumentaux mais j’ai beaucoup d’admiration pour le travail d’Andreas, alors quand il a annoncé Of Lost Illusion, le premier album de son nouveau projet, je l’ai suivi dans l’aventure et me voici avec le vinyle. Une édition ultra limitée à quatre-vingt exemplaires, un objet collector d’une qualité de pressage vraiment exceptionnelle.

Andreas joue aux côtés de Nerissa et de Wolfgang Ostermann. Autant dire Frequency Drift sans la chanteuse. Violoncelle, harpe, mellotron, batterie, basse, guitares, Of Lost Illusion ce sont six titres post rock folk atmosphériques cinématiques gravés sur une galette jaune poussin de quarante minutes.

Les photographies qui composent la pochette montrent des paysages urbains nocturnes, des perspectives et lumières, une rue éclairée par des lampadaires sous une averse de neige, un tunnel barré de néons verticaux, des images qui collent aux atmosphères sombres de l’album.

Si vous savez écouter Frequency Drift et vous abstraire du chant, Feeling Of Presence vous semblera certainement familier.

‘A Weird from of Darkness’ épouse des formes musicales classiques à Frequency Drift quand ‘Room 105’ s’apparente plus nettement à du post-rock. La troisième piste de la face A, qui s’intitule ‘Of lost illusion’ joue de cinématique au violoncelle et au piano avec une courte folie jazz.

La face B s’annonce plus électronique, débutant avec ‘Fluorescent detail’ à la forme très digitale pour continuer avec ‘Hollow innocence’, un cinématique peuplé de notes de harpe et s’achève sur ‘Transit Venus’ au beau final au piano.

Of Lost Illusion ferait une très belle bande originale de film. Il ne lui manque que la parole pour rejoindre la discographie de Frequency Drift. J’aurais préféré un album à chanteuse mais cette décision appartient à Andreas et si Feeling Of Presence poursuit sur sa lancée, je continuerais à les suivre avec plaisir.

Nine Skies – 5.20

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(c) Christian Arnaud

Teeshirt : Solstafir – Ota (2014)

Je m’en veux énormément. J’aurai dû participer au crowdfunding de Nine Skies.

Neoprog avait couvert leurs précédents enregistrements avec enthousiasme pourtant je n’ai pas commandé 5.20. 

C’est en tombant sur le clip de ‘Porcelain Hill’ avec Damian Wilson au chant, que j’ai regretté ma radinerie. Et quand j’ai voulu rattraper le coup c’était trop tard, l’édition CD était déjà épuisée. Alors c’est en ALAC que j’ai d’abord écouté le nouvel album de Nine Skies.

Le collectif niçois navigue sur des eaux progressives, entre Porcupine Tree, Opeth et Genesis. Ils chantent en anglais comme de trop nombreux artistes français sur des formats de deux à six minutes, s’offrant au passage les services de John et Steve Hackett ainsi que de Damian Wilson. De quoi attirer à eux un plus large public. Et ça semble marcher. Nine Skies est un des groupes montants de la scène progressive française.

La pochette, façon huile sur toile, représente un médecin du 14 siècle, un docteur peste avec sa robe noire, sa fraise blanche et son bec de corbin. Il tire une charrette transportant les bustes de présidents américains : Washington, Lincoln et un troisième que je n’ai pas identifié.

Sur les onze morceaux de 5.20, trois sont instrumentaux, ‘Beauty of Decay’, ‘Dear Mind’ et ‘Achristas’. Des pièces qui aèrent agréablement un album d’une cinquantaine de minutes. 

Le rock progressif de Nine Skies respire beaucoup grâce à ses touches folk, les guitares acoustiques, son piano, le violon et le saxophone, un disque plus acoustique qu’électrique ou seule la guitare de Steve Hackett densifie la trame.

Vous pourriez penser que mes titres préférés seraient ‘Porcelain Hill’ ou le ‘Wilderness’ génésissien étant donné ma passion pour Damian et Steve. Mais non, ce sont ‘Colourblind’ aux couleurs d’Opeth, ‘Golden Drops’ qui possède un je ne sais quoi de Wilson, ‘The Old Man in the Snow’ aux accents d’Harmonium et ‘Smiling Stars’, le titre le plus long avec six minutes et vingt secondes qui ont toutes mes faveurs sans parler des trois instrumentaux.

Parfois le chant en anglais sonne un peu franchouillard (‘Above the Tide’ ou ‘Godless Land’) mais pas de quoi fouetter un chat. Par contre en live comme dans celui de Prog en Beauce, ça pique un peu quand même.

Pas de doute, 5.20 est le meilleur des trois albums studio de Nine Skies. Le groupe a énormément progressé sur la composition et le chant, trouvant peut-être également leur identité musicale sur ce nouveau disque. Au moment où j’écris ces dernières lignes, le groupe a réédité le CD et je peux enfin l’écouter sans allumer mon Mac mais il est également sur Bandcamp.

Pendragon – Love Over Fear

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Love Over Fear est mon premier Pendragon en 33 tours. Cela lui confère inévitablement un rang tout particulier dans ma collection, d’autant que son illustration aux tons bleus que l’on doit à Liz Saddington est juste sublime. Je ne suis pas pour autant un adulateur du surfeur d’argent mais quelques albums de Pendragon restent pour moi de purs joyaux.

Les deux vinyles marbrés de bleus font échos au double volet sur lequel la terre rejoint la mer. Sous un ciel étoilé, au pied d’un arbre blanc, coule une rivière qui se jette dans un océan rempli de créatures marines. Une peinture façon art nouveaux aux codes très hippie.

Pendragon c’est la voix légèrement éraillée et la guitare inimitable de Nick Barrett. C’est aussi les claviers d’Arena, la basse du pasteur Gee et depuis quelques années la batterie de Jan-Vincent.  Ce sont également onze albums studio depuis The Jewel (1985) où Pure (2008) tient une place toute particulière chez moi. 

Pour tout vous dire, lorsque j’ai entendu l’ouverture de ‘Everything’ j’ai cru que Nick avait pété un câble et que j’allais devoir jouer au frisbee avec les galettes sur la plage. Et puis l’orgue et la batterie se sont tus pour laisser parler la guitare, une superbe métamorphose qui se poursuit au piano sur le bref ‘Starfish and the Moon’. Arrivé au bout de la face A, j’étais sous le charme, surtout avec la section instrumentale de ‘Thruth and Lies’.

La première pièce de la face B crée également la surprise avec son air country au banjo et violon. Ce n’est pas franchement le genre de choses auquel Pendragon nous a habitué et que dire de ‘Soul and the Sea’ composé de quelques mots scandés : “Breath, Lise, Lose, Leave, Believe, Lise…”. Et puis il y a ce ‘Eternal Light’ qui nous replonge avec bonheur dans le prog symphonique des seventies à la sauce Barrett. 

Le point d’orgue de l’album, c’est certainement lorsque Nick nous parle de son rapport à l’eau dans le magnifique ‘Water’ : “cos back on dry land is where all the trouble is”. Il poursuit crooner au piano avec ‘Whirlwind’ où Julian l’accompagne au saxophone puis enchaîne avec ‘Afraid of Everything’. 

Si ‘Who Really are We’ reprend beaucoup les schémas de Pendragon, la pièce est suffisamment développée pour réussir à me surprendre au final mais ce n’est pas ma favorite. Je lui préfère sa version quasi acoustique qui clôture l’album. Et que dire de ‘Quae Tamen Onrnia’ sinon que l’on a déjà entendu l’air au début de ‘Everything’…

Si Pure restera probablement mon album préféré de Pendragon, Love Over Fear devrait pouvoir atteindre une belle seconde place dans mon cœur même s’il a pu déstabiliser plus d’un fan. L’édition vinyle est indispensable tant elle est belle.