Oceans of Slumber – Starlight and Ash

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Oceans of Slumber, c’est du metal prog américain avec du growl et du chant clair quasi gospel. Enfin ça, c’est la théorie. En pratique, leur dernière galette lève le pied sur le metal, oublie le growl et se pare de couleurs far west, reprenant même le titre cultissime ‘House Of The Rising Sun’.

Les fans seront peut-être déroutés par la démarche, surtout avec l’instrumental ‘Spring 21’ joué au piano. Mais pas moi. Pain Of Salvation est également passé par là avec l’excellent Road Salt One.

Dans Starlight and Ash, la sublime voix de Cammie Beverly – tient, vous avez remarqué, Cammie à changé de nom, elle ne s’appelait pas Gilbert il y a peu ? Si… La belle a épousé Dobber le batteur et pianiste du groupe, je suis désespéré. Bon. Je disais donc, la voix de Cammie, on l’appellera comme ça, c’est moins douloureux, donc la voix de Cammie est magnifiée sur ces onze morceaux.

Sur de nombreux titres, les guitares empruntent au registre du bluegrass et de l’americana, particulièrement dans ‘The Lighthouse’ ou ‘Salvation’. 

D’ailleurs si vous regardez le dos du digipack ou bien la page centrale du livret, vous découvrirez le groupe déguisé en cow boys. Bon d’accord, des cow boys sur une plage, mais quand même.

En parlant de plage, Starlight and Ash évoque souvent l’océan dans les paroles et les titres des morceaux comme pour ‘The Water Rising’, ‘The Lighthouse’ ou ‘The Shipbuilder’s Son’. S’agirait-il d’un concept album ? Je n’en sais rien. Les textes oscillent entre nostalgie, amertume et souvenirs et comme je n’ai pas creusé la question, je vous laisse trouver la réponse.

Entre des pièces de facture plutôt metal progressives, ‘The Water Rising’, ‘Just A Day’, et ‘The Shipbuilder’s Son’, on découvre des tonalités americana auxquelles le groupe ne nous avait pas franchement habituées jusque-là. Dommage que l’instrumental au piano ne casse pas des briques. Dobber n’a rien d’un Rachmaninov, mais la pièce sert de tremplin parfait pour le magnifique ‘Just A Day’. 

Le résultat est magnifique, mélodique à souhait, mais, car il y a un mais, Starlight And Ash manque parfois de mordant. Toutefois peut-être est-ce dû à la production. En effet, l’édition vinyle, sur une seule galette 180 grammes, possède un sublime mastering où l’équilibre entre basses, médiums et aigües comme la dynamique est parfait. Donc à choisir, prenez le vinyle.

Mes morceaux préférés sont ‘The Lighthouse’ qui amorce le virage americana, ‘Salvation’ et ‘Just A Day’ qui nous livre un incroyable rebondissement après l’évocation de rêves d’enfant de Cammie accompagnée au piano par Dobber.

Starlight and Ash n’est peut-être pas mon Ocean Of Slumber préféré au moment où je vous parle mais cela pourrait évoluer au fil des écoutes. L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, c’est un très bel album.

Obiat – Indian Ocean

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Le stoner, c’est un peu du rock progressif graisseux joué avec une basse, une batterie et une guitare. Alors quand le stoner se pare de trois voix, de cuivres et de flûte, doit-on le reclasser dans le rock progressif ? Je n’en sais franchement rien.

Tout ce que je sais, c’est que l’album Indian Ocean du groupe OBIAT, du prog stoner psychédélique venu de Londres, m’a clairement tapé dans l’œil. 

On parle ici de quatre artistes, cinq invités et huit morceaux dont un titre de dix minutes pour une heure de musique. Voilà pour les chiffres.

Les compositions flirtent avec le shoegaze, le post-rock, le psychédélique, le doom et le rock progressif. Une musique riche en sonorités, relativement inclassable au final, qui fait du bien aux oreilles. 

Le terreau de base reste tout de même stoner et des pièces comme ‘Ulysses’, ‘‘Eyes and Soul’, ‘Ad Meliora’ ou ‘Sea Burial’ vous le rappelleront. 

La production un peu graisseuse également hélas. La mise au premier plan de la guitare parfois très sludge nuit à la lisibilité des autres instruments. Peut mieux faire donc.

Il ne vous aura sans doute pas échappé, si vous avez observé la pochette, écouté les paroles ou simplement lu les titres des morceaux, que l’album possède un rapport avec la mer et le voyage. 

De la Grèce avec ‘Ulysses’ on se déplace jusqu’au Japon dans ‘Lightness of Existence’, deux titres diamétralement opposés, séparés par l’Océan Indien, qui ouvrent et ferment ce disque.

La présence de chant féminin en la personne de Sofia DeVille, de trombone et de saxophone aux côtés du quatuor londonien dans le magnifique ‘Nothing Above’ est assurément une des raisons de la beauté de cet album atypique comme l’audacieux mélange des genres.

Le titre fleuve ‘Beware The North Star’ avec une basse très en avant, une guitare pour une fois lisible où s’invite des sonorités cuivrées et des percussions, suit les codes du post-rock, du progressif et du psychédélique sans faillir pendant dix minutes.

Plus étonnant encore est le titre final, ‘Lightness of Existence’. Un texte déclamé en japonais sur une musique de théâtre nô post-rock cinématique.

OBIAT compte parmi mes fabuleuses découvertes de l’année. Un groupe que je vais suivre de très près, à condition qu’ils sortent un prochain album avant ma mort. En effet Indian Ocean est leur second effort en treize ans. C’est peu.

Civil War – Invaders

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Aujourd’hui, je ne vais ni faire dans l’originalité, ni dans la dentelle. Je vais vous parler de Civil War, un quintet de power metal sudédois. Désolé pour la subtilité, j’avais furieusement envie de me décrasser les oreilles et leur album Invaders est arrivé à point nommé.

Power metal, oriental, pagan, trash, heavy, Civil War coche toutes les cases. Ca poutre avec force d’arrangements et de chœurs et c’est clairement du réchauffé. 

Sauf que Civil War ne figurait pas encore dans ma discothèque et après avoir vu passé la chose sur Twitter, j’y ai jeté une oreille intéressée. J’aurai pu vous parler de l’excellent Moon Tooth ou de Ianai découverts par Alias, mais de temps en temps, il faut bien que je me démarque des suisses francophones.

Le groupe s’est construit avec des membres de Sabaton. Depuis 2017 c’est Kelly Sundown Carpenter qui officie derrière le micro. Et de leurs débuts en 2012, ne subsistent que les deux Daniel respectivement aux claviers et à la batterie ainsi que Rikard à la guitare.

Civil War, né au bord du lac Runn, a dû être marqué par la dure vie des mineurs de cuivre et le bruit des moteurs des camions Scania car on ne peut pas dire que leur metal fasse dans la dentelle. Chant crié, claviers pompiers, guitares heavy, batterie du bûcheron, chœurs à gogo, vous en prenez pour près d’une heure à fond la caisse. C’est du lourd.

Ne vous fiez donc pas à l’apparente tranquillité orientale des premières mesures de ‘Oblivion’, Civil War nous prépare un jihad power metal de derrière les fagos. 

Invaders se situe entre un péplum symphonique et un power metal  grandiloquent. Ça déborde de la marmite et ça caramélise sur la plaque de cuisson comme dans ‘Dead Man Glory’ aux accents metal folk.

Tout cela est furieusement bien réalisé, l’orchestration et les chœurs sont puissants, la voix de Kelly secoue les entrailles et les guitares heavy de Rikard et Petrus déchirent les oreilles.

Les mélanges ne font pas peur à Civil War. Djent, sympho, ils osent même les percussions sur du metal dans ‘Heart of Darkness’, un titre digne d’une comédie musicale genre les Milles et Une Nuits sans parler de l’électro dans ‘Carry On’.

Ai-je un titre préféré ? Peut-être le too-much ‘Andersonville’ qui atteint des sommets de grandiloquence avec sa débauche de claviers et guitares.

Invaders ravir les amateurs du genre. La chose est bien produite, bruyante à souhait, idéale pour dépoussiérer les enceintes.

Leçon de choses

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Au tout début de Chroniques en Images, j’enregistrais le son avec le microphone de l’appareil photo. Le résultat était très parasité et lointain. 

Alors j’ai pris un micro cravate et le rendu s’est révélé bien meilleur. Sauf que le machin accroché au teeshirt déformait le col, que le fil était disgracieux et qu’à plusieurs reprises j’ai frôlé la catastrophe en me levant sans prêter au fil relié au Nikon.

C’est là que j’ai testé le micro-cravate accroché au pied du retour vidéo (comprenez mon smartphone). Plus de fil, plus de col disgracieux mais un son moins net fatalement.

Je me suis posé la question de l’achat d’un nouveau microphone. Mais il m’en fallait un câblé en mini jack pour se connecter avec le Nikon. Et on ne peut pas dire que j’en ai trouvé beaucoup, la majorité sont en USB.

Le premier que j’ai commandé avait un bras, un pied, une araignée et une mini jack, le tout pour une cinquantaine d’euros. Trop beau pour être vrai. Une fois déballé j’ai effectué un test et la chose était pire que le microphone de l’appareil placé à deux mètres. Autant dire épouvantable. J’ai immédiatement tout remballé et me suis fait rembourser l’horreur. Parfois Amazon a du bon.

J’ai cherché encore, lu plein de comparatifs plus ou moins partisans, sollicité des conseils et opté, un peu au hasard pour un Rode conçu pour la vidéo, un micro qui se fixe à la place du flash, posé sur une araignée et connecté à l’appareil en mini jack. 

Le second test fut nettement plus concluant, il faut dire que l’équipement coûtait trois fois plus cher. Moins de bruit, un son agréable et amplifiable, j’approchais du but mais je n’étais pas encore totalement satisfait. Le microphone restait trop éloigné de moi.

Pas question de changer d’équipement par contre, celui-là je ne pouvais le renvoyer et sincèrement je ne voyais pas quoi prendre à la place. L’idée était d’approcher le micro des poumons.

Pour cela il me fallait une rallonge mini jack de qualité. Je pensais en avoir une dans mon bazar, mais impossible de mettre la main dessus. C’était mon fils qui l’avait squatté. Merci Darty, pour moins de dix euros, j’ai trouvé mon bonheur. Il me fallait encore quelques chose pour tenir le microphone. Le pas de vis sous le Rode ne correspond pas à celui du pied photo et de ceux des projecteurs. Mais dans mes accessoires improbables, rangés au fond d’un placard, j’avais l’adaptateur magique. 

J’ai testé rallonge, pied et micro orienté vers moi à quelques centimètres, le son est infiniment meilleur, mais gaffe aux flatulences, là tout s’entend haut et fort.

Maintenant le studio vidéo est une véritable forêt. J’ai deux pieds pour les projecteurs, un pour l’appareil photo, un pour le retour vidéo et un pour le micro. Un véritable foutoir sans parler de l’écran vert dans mon dos. J’en suis maintenant à essayer d’améliorer l’éclairage, simplement en testant de nouvelles orientation des soft box. Il faut que l’écran vert soit uniformément éclairé et que mon visage soit bien illuminé. J’y travaille. Sur les dernières prises je descends à 160 ISO ce qui est plutôt pas mal. Le défaut c’est que pour l’instant je renonce à des jeux de lumières et d’ombres sur le visage.

Luna’s Call – Void

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Pourquoi louer une ponceuse sophistiquée pour vos petits travaux lorsque vous pouvez écouter Void de Luna’s Call ? Poussez le volume à fond et en deux écoutes, votre parquet sera poncé.

C’est sur Blog à Part que je suis tombé sur la chronique papier de verre de Luna’s Call, un groupe très justement comparé à un Wilderun ou un Opeth en version caverneuse. Du metal progressif d’une très grande richesse mélodique et orchestrale au growl clairement prononcé.

La première écoute m’avait laissé dubitatif, car ne nous mentons pas, ça gueule façon glayau rauque de fin de trachéite presque tout du long de l’album. A la seconde écoute, la brosse à paille de fer est passée au second plan, derrière la musique d’une infinie richesse et j’ai acheté l’album. A la troisième écoute, je me suis dit qu’il faudrait en parler ici même si Alias en a déjà fait la retape.

L’album d’une cinquantaine de minutes livre trois longs formats et cinq titres plus conventionnels où se retrouve l’esprit d’Opeth, de Dream Theater et surtout Wilderun. Par moment cela fait quasi cover mais l’ensemble est tellement riche et foisonnant d’idées que cela ne me pose pas de problème.

D’ailleur si Void n’avait pas déjà deux ans au compteur, il figurerait dans ma liste pour le podium 2022.

D’entrée de jeu Luna’s Call fait du Opeth sur le court ‘Merced’s Footsteps’ puis également dans ‘Locus’ alors que dans les treize minutes et quelques de ‘Solar Immolation’, lorsque le growl s’efface, c’est Dream Theater qui domine la partition.

Ça ne les empêche pas de lever le pied dans ‘Enceladus & the Life Inside’ en quasi acoustique et chant clair.

Évidemment il y a des ‘In Bile They Bathe’ où l’aspirine est fortement recommandée mais c’est largement compensé par le délicat instrumental ‘Silverfish’ qui suit.

Et Wilderun dans tout ça ? L’esprit de Wilderun se retrouve dans les titres fleuves ‘Signs’, ‘ Solar Immolation’ et tout particulièrement dans ‘Fly Further Cosmonaut’ qui termine l’album.

Il n’y a pas si longtemps, j’aurai sans doute renoncé à l’écoute de Void à cause du growl. Mais depuis mon tatouage sur les fesses, je n’ai peur de rien, je bois même de la Kronembourg en pack de seize. Cet album est une tuerie, merci à Stéphane pour la découverte.

Porcupine Tree – Closure/Continuation

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J’ai découvert Porcupine Tree avec l’album Lightbulb Sun il y a vingt-deux ans. J’ai immédiatement adopté leur univers musical novateur pour l’époque et j’ai poursuivi le voyage avec eux, d’alternatif expérimental en metal et même parfois progressif.

Ce qui ne devait être tout d’abord qu’une blague entre musiciens est devenu un groupe de référence pour de nombreuses formations contemporaines. Aujourd’hui les imitateurs de Porcupine Tree sont légions.

The Incident fut leur chant du cygne et pour moi un de leur meilleurs albums. Colin a rejoint O.r.k. et d’autres projets, Gavin est devenu le batteur officiel de The Pineapple Thief, Steven a poursuivi sa pop électro en solitaire et Richard a commis des trucs étranges et inaudibles.

Qui eut cru que Steven, Gavin et Richard se réuniraient à nouveau pour un album ? Treize ans plus tard, voici Closure/Continuation, un double vinyle sept titres et quarante-huit minutes.

Pas de doute, c’est bien du Porcupine Tree amputé d’un bassiste génial. Le son est au rendez-vous, la forme également, mais quid de l’âme de la bande à Wilson ?

Lors de la première écoute, je n’ai rien ressenti jusqu’à la face B du second vinyle, le dernier morceau ‘Chimera’s Wreck’. Non, j’exagère un peu, ‘Walk the Plank’ m’avait déjà tiré de ma torpeur juste avant. Bon, j’avoue, je faisais une sieste au casque.

Closure/Continuation donne l’impression que Porcupine Tree a recyclé du vieux matériel en virant la basse et en ajoutant des touches électroniques. Je n’entend pas ici ces grosses prises de risque que l’on trouvait sur leur précédents albums ni ces titres frisant le génie et qui ont construit la légende du groupe. C’est le son de Porcupine Tree, parfaitement maîtrisé, mais rien qui ne me fasse grimper au rideau.

L’ouverture basse/guitare/batterie de ‘Harridan’ annonce la couleur. Porcupine Tree est de retour et Porcupine Tree c’est eux. D’emblée, on reconnaît la patte des trois mousquetaires, un peu trop peut-être, comme s’ils craignaient de nous surprendre. La prod est super léchée et les sections instrumentales nombreuses sur les quatre morceaux qui dépassent les sept minutes. Il y a même un zeste expérimental dans l’avant dernier titre ‘Walk the Plank’ et quelques idées nouvelles dans ‘Chimera’s Wreck’.

Closure/Continuation s’écoute vraiment bien même s’il ne va pas changer la face du monde. Après plusieurs passages sur la platine, je trouve ‘Rats Return’ et ‘Dignity’ fort sympathiques même s’ils sont d’un grand classicisme Wilsonien.

Mike Portnoy a élu Closure/Continuation album de l’année. Le pauvre a dû bosser comme un fou et ne pas écouter grand chose depuis janvier ou alors il était tellement en manque de Porcupine Tree qu’il est complètement aveuglé. Pour ma part, je n’en attendais pas grand chose, du coup j’ai été quand même agréablement surpris.

This Winter Machine – Kites

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Il y a bien longtemps, j’avais découvert l’album The Man Who Never Was du groupe britannique This Winter Machine. Un premier effort néo-progressif d’assez belle facture qui m’avait enthousiasmé à l’époque. 

Si je me souviens bien, le groupe avait connu quelques déboires avec son label et aujourd’hui ce disque n’est pas disponible sur leur page Bandcamp, pas plus que le second album également épuisé A Tower Of Clocks. Il est cependant possible de découvrir The Man Who Never Was sur la page Bandcamp du label Progressive Gears. 

Bon, j’avoue, avec le recul, The Man Who Never Was sorti en 2017, ne me fait plus le même effet. Je le classerais dans les albums sympathiques, mais sans plus. Et c’est un peu la même chose pour leur troisième galette intitulée Kites. Toutefois j’étais curieux de voir comment avait évolué le groupe This Winter Machine en cinq années.

Kites développe dix morceaux en un peu plus de trois quarts d’heure. Des pièces de deux à sept minutes où se glissent quelques instrumentaux dont le premier titre ‘Le Jour d’Avant’, en français s’il vous plait, au piano, guitare et flûte.

On pourrait comparer This Winter Machine aux québécois de Mystery pour les morceaux les plus mélodiques comme ce ‘Pleasure & Purpose’, mais sans la délicieuse voix de Jean Pageau hélas. Celle de Al Winter, campée dans les médiums, est un peu plus basse et nasillarde. 

Le groupe joue de claviers nineties, de guitares progressives à souhait et d’une rythmique le plus souvent éloignée des carcans du neoprog sorti du bref instrumental tambour de machine à laver ‘Whirlpool’ et du ‘Kites’ très marillionesque.

Les influences de Pink Floyd et des polonais de Satellite sont palpables dans la seconde section instrumentale de ‘The Storm (Part 1)’ dominée par les claviers et les guitares électriques. 

La seule petite originalité de l’album se trouve dans la ballade folk acoustique ‘Sometimes’ ou un violon pointe le bout de son nez.

L’album reste assez tranquille, le plus souvent mélodique avec de plaisantes balades et quelques bruitages sorti des trois titres aux passages plus musclés que sont ‘The Storm’, ‘Whirlpool’ ou ‘Kites’.

Parmi mes pistes préférées il y a ‘Pleasure & Purpose’. Le titre est des plus classique avec du piano, des claviers et un solo de guitare mais lorsque Al Winter entame le refrain “Sometimes it seems like every second I forget a little more” j’ai des frissons le tout long de la colonne vertébrale. Comme quoi il me faut peu de chose pour grimper au rideau.

Kites n’est certainement pas l’album du siècle. Il ne saurait rivaliser avec un Misplaced Childhood, un Pure ou un Delusion Rain. Néanmoins, il se laisse écouter, rappelant que quelques groupes s’essayent encore au néo-prog avec bonheur. Alors si vous aimez le genre, ne vous privez pas de l’écouter, il est sur Bandcamp.

Teeshirt : Chris Luna

Alex Henry Foster – The Power Of The Heart

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Vous êtes fan de Lou Reed ? Moi pas particulièrement. Pourtant je vais vous parler d’une de ses chansons, ‘The Power Of The Heart’, reprise entre autres par David Bowie et Peter Gabriel.

Le titre ne laissera pas indifférent, une magnifique chanson d’amour chantée d’une voix éraillée sur une musique minimaliste. La chanson était un hommage de Lou Reed à l’amour de sa vie, Laurie Anderson, qu’il épousa le 12 avril 2008 et avec qui il vécu jusqu’à sa mort en 2013.

Cette fois c’est le québécois Alex Henry Foster qui reprend la chanson en radio édit ainsi qu’en version longue. Alex Henry est tombé amoureux de Lou Reed avec le vinyle Transformer trouvé dans la collection de son père, un album sorti en 1972.

‘The Power Of The Heart’, initialement édité en 2008, un an après le dernier album solo Hudson River Wind Meditations, durait cinq minutes trente secondes à la guitare acoustique et violon. Alex Henry se l’approprie à deux voix sur une orchestration beaucoup plus riche.

J’avais découvert Alex Henry Foster en live à Strasbourg en première partie de The Pineapple Thief et ce fut un coup de foudre que je ne m’explique pas vraiment. Depuis ce concert, je le regarde souvent en streaming et j’écoute régulièrement son album Windows in the Sky

Il sera en live à Sélestat au Rock Your Brain Fest dimanche prochain en compagnie entre autres de King Buffalo. Évidemment, je serais de la fête.

La version de Alex Henry Foster s’offre une ouverture instrumentale cinématique un peu inquiétante avec cette guitare frottée et ces sons de cloches avant que le piano ne pose le thème principal.

Après quatre-vingt dix secondes, la musique rentre dans le texte de Lou Reed sur du piano, violon, synthé et des guitares toujours jouées à l’archet. Une orchestration très riche qui n’étouffe pas pour autant le chant et l’esprit de Lou Reed. On retrouve les atmosphères de Windows in the Sky avec ces voix éthérées et le chant quasi parlé du québécois.

Le titre s’achève en apothéose orchestrale. Un philarmonique s’accordant avant la première, d’abord les cordes, puis les cuivres pour finir par les percussions, une poignée de secondes explosives pour un final de feu d’artifice.

La version radio edit, elle se concentre sur l’essentiel, un peu moins de quatre minutes dont sont absente l’ouverture cinématique et le final orchestral. Un single parfait pour les ondes et donne envie d’écouter la version longue.

Alex Henry Foster réussit ici une magnifique adaptation du titre de Lou Reed. J’espère qu’il jouera ‘The Power Of The Heart’ en live dimanche au Rock Your Brain Fest, ce serait un beau cadeau.

Teeshirt : Alex Henry Foster

anubis – 230503

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J’avais reçu 230503 en même temps que plein d’autres promotions du label Bird Robe Records et découvert par la même occasion le groupe anubis. Je les suis fidèlement depuis et j’ai même eu la chance de les écouter en live lors de leur première tournée Européenne au festival Prog The Castle.

230503 trône fièrement dans ma discothèque et me voilà aujourd’hui avec la Deluxe Anniversary Edition, deux CDs comportant la réédition de 2020, la version originale ainsi que des captations live, un total de 38 titres que je possède déjà dans d’autres éditions.

Qui a dit collectionnite aiguë ? Bref…

Cette édition est parfaite pour voyager de Strasbourg jusqu’à Lyon en voiture sur autoroute. Vous n’aurez pas à changer de disque pendant le trajet. Avec des morceaux de 12 à 22 minutes déclinés pour certains en plusieurs versions, vous en prenez pour quatre bonnes heures de musique. Et si vous en réclamez plus, le groupe a publié une vidéo d’une demie heure racontant la genèse de l’album.

Tapez 230503 dans un moteur de recherche comme Quant, vous aurez des surprises. Vous trouverez un disque de frein, un radiateur de moteur, un madrier de sapin mais nulle mention du premier album d’anubis.

230503 est un concept album, certainement le plus expérimental de leur discographie, qui parle de la perte d’un proche. Une histoire inspirée par la noyade d’un ami de David et Robert.

Les 16 versions live donnent un éclairage tout particulier sur les titres studio comme le ‘The Deepest Wound’ punk funky enregistré à Sydney en mai 2010. 

Il y a également le titre ‘The Life not Taken’ en six parties, morceau fleuve de plus de vingt et une minutes issu des enregistrements de 230503 et non retenu pour la version finale. Un titre qui servira de matériel pour les morceaux ‘The Deepest Wound’, ‘Leaving Here Tonight’ et ‘Breaking Water’.

N’oublions pas le single ‘Technicolour  Afterlife’ ou le ‘Anonymity’ délirant du live de mai 2010 à Amandale.

230503 Deluxe Anniversary Edition est clairement un disque pour les fans du groupe anubis et de leur premier album ou pour les personnes qui aiment écouter des morceaux déclinés de plein de manières différentes. 

Ce n’est assurément pas ce qu’il faut acheter pour débuter avec anubis. Ecoutez plutôt Different Stories sorti en 2018 qui revisite leur discographie en beauté.

Teeshirt : Marillion

Evergrey – A Heartless Portrait

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Evergrey est longtemps resté pour moi un groupe de metal prog de seconde zone avant qu’ils ne sortent The Atlantic en 2018 confirmé trois ans plus tard par Escape of the Phoenix.

Je reconnais que cet engouement tient beaucoup au pathos et à la voix de Tom qui officie également dans le groupe Silent Skies que mon épouse adore, mais elle c’est pour le pianiste.

Malgré cet engouement, je ne me suis pas offert A Heartless Portrait en vinyle cette fois. Non pas que j’ai de oursins dans mes poches mais que le premier extrait de leur nouvel album ne m’a pas emballé outre mesure.

Le digipack trois volet aux couleurs cyan et sang est entre mes mains avec son livret assez épais. Une créature mythologique ailée semble veiller sur un monde et ses deux satellites à moins qu’elle ne cherche à les détruire. L’explication se trouve peut-être dans les textes.

A Heartless Portrait ce sont dix morceaux très musclés où la batterie de Jonas ne se pose presque jamais, où les guitares d’Henrick et Tom déchirent les éthers et où les claviers de Rikard fusent telles les flammes d’un chalumeau à acétylène. 

Techniquement, il s’agit d’une grosse tuerie de cinquante minutes qui ne vous laisse pas beaucoup d’espace pour souffler sauf peut-être dans ‘The Great Unwashed’ au solo de folie ainsi que dans le final ‘Wildfires’ nettement plus apaisé et mélodique.

A Heartless Portrait porte bien son nom. Les grands écarts instrumentaux et l’émotion à fleur de peau de sont pas vraiment au rendez-vous cette fois. C’est un album assez froid et technique dans son ensemble. 

De la double pédale parkinsonnienne, des cris de galériens débordant de testostéronne, ‘Save Us’ donne le ton de l’album. Ça sent l’homme et le déodorant sans aluminium. ‘Midwinter Calls’ donne dans le péplum metal. Alors poussez les potards au maximum pour faire trembler les murs.

Malgré tout cela, Evergrey reste mélodique grâce à la voix de Tom et les claviers de Rikard. Des touches électros virtualisent ce metal prog très viril et les soli de guitares, comme dans ‘Ominous’ feront grimper au rideau les fondus de six cordes. Une tendance forgeron amorcée dans escape of the Phoenix qui prend ici sa pleine puissance.

Ça cogne, ça tape, ça pleure, ça chante, un déferlement musclé parfaitement contrôlé façon chœurs de l’armée rouge.

La production aurait pu bénéficier de plus d’attention, non que ce soit épouvantable, mais disons perfectible. Il faut pousser le volume assez fort pour faire ressortir la dynamique de la bête.

Bon, vous l’aurez compris, A Heartless Portrait ne sera sans doute pas mon Evergrey préféré. N’empêche, c’est une belle machine de guerre metal progressive qui en live pourrait révéler tout son potentiel et que j’écoute très régulièrement depuis sa sortie.

Teeshirt : Los Dissidentes Del Sucio Motel