Piqure de rappel

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Photo Philippe Garcelon.

On l’appelle souvent Gaia, mère Nature, âme de la Terre et de plein d’autres sobriquets charmants. C’est grâce à elle que nous vivons et prospérons, le plus souvent sur son dos en la bousillant gaiement.

Honnêtement je pense faire attention à notre planète, disons en comparaison d’autres spécimens de mon espèce. Je trie mes déchets, je roule peu, je ne prends pas l’avion, je mange peu de viande, je veille à consommer le moins d’énergie possible, bref je fais des efforts. 

Pourtant mère Nature ne me récompense pas. Déjà elle ne m’a pas gâté à la naissance avec un corps chétif et un cerveau lent mais en plus elle me punit de n’être qu’un homme.

Je suis parti à la montagne pour tenter de magnifier son oeuvre à l’aide d’un appareil photo. Très vite il m’est apparu que ce serait les champignons multicolores qui seraient mon sujet du jour. Il y en avait partout le long des chemins.

Le boitier presque posé au raz de la mousse, l’écran orienté à 45 degrés, j’ai cadré au plus près les eucaryotes au 200 mm, m’essayant à des compositions avec les branches et les brindilles. Pendant ce temps mon épouse courait devant.

Il faisait beau sans qu’il fasse trop chaud, une journée d’automne parfaite pour une promenade. Sauf qu’en me redressant après ce qui serait ma dernière photo de champignon, un insecte a volé dans mes cheveux et une très violente piqure a soudainement irradié toute ma tempe gauche. Une guêpe monstrueuse est passée devant mes yeux avant de revenir à l’attaque. Bon d’accord, c’était probablement un frelon vu la taille, mais je ne lui ai pas demandé son petit nom.

J’ai hurlé, vraiment, car comparé à une piqure de guêpe, celle-ci était infiniment plus violente. Une douleur rapidement irradiante de l’oreille jusqu’au sommet du crâne qui est restée très forte pendant plus d’une heure.

Tant bien que mal j’ai rattrapé mon épouse et elle a pu constater l’étendue rouge des dégâts. La douleur était atroce et la voiture était garée à plus d’une heure de marche de là. J’ai du me traîner, les jambes flageolantes, la tête dans le coton, faisant de nombreuses pauses pour récupérer jusqu’à enfin atteindre la voiture et m’écrouler sur le siège passager. Ma chérie pour une fois, n’a pas pu roupiller pendant que je conduisais, elle tenait le volant.

Plusieurs heures après, un antihistaminique et un ibuprofène plus tard, j’avais toujours très mal. A 20h30 j’étais sous la couette, encore choqué et le lendemain matin une petite douleur me titillait encore.

Mère Nature a sans doute voulu me faire passer un message. Prendre la voiture et fouler la végétation avec mes pieds indignes pour dénaturer de magnifiques champignons méritait un avertissement, une piqure de rappel. La salope !

30 mètres

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Voici donc le livre que mon épouse lisait alors que je marchais dans la forêt radioactive entourant Pripyat. Des champignons, un empoisonnement, des japonais, nous sommes en Finlande, dans une petite ville qui produit du matsutake, un met dont les japonais sont friands.

Notre héro, Jaackko, va mourir. Il le sait, ce n’est qu’une question de jours, au mieux de semaines. Quelqu’un l’a empoisonné et son univers confortable s’effondre brutalement comme ses certitudes. Son corps le lâche peu à peu après avoir emmagasiné trop de toxines, nausées, douleurs, étourdissements, pertes de connaissance, il n’en a plus pour longtemps d’après son médecin, un autre parallèle avec De bonnes raisons de mourir de Morgan Audic.

Et Jaackko, avant de quitter la terre, veut trouver qui lui a fait ça : le chauffeur de sa société, son nouveau concurrent agressif, son épouse infidèle, les japonais ?

Antti Tuomainen manie le roman noir avec une plume légère qui chatouille malgré les morts et la violence qui ponctuent le récit. Le sourire, grinçant parfois, reste toujours au coin des lèvres. Les personnages du roman ne manquent pas de couleurs et c’est avec plaisir que l’on suit ce chef d’entreprise sur les routes de sa petite ville, poursuivi, poursuivant, interrogé, espionnant, creusant, cognant, se gavant de Coca-Cola et de glaces, trouvant dans cette mort inéluctable la force de rebondir. Il y a bien entendu un policier qui fouille partout, à la recherche d’un sabre de samouraï volé, posant des questions embarrassantes, mettant en garde, et puis il y a ces assassins potentiels : sa fidèle épouse cordon bleu, le trio de gros bras concurrents et menaçants et ceux qu’il ne soupçonnaient pas.

Il ne s’agit pas du roman noir du siècle assurément mais d’une saine lecture de vacances à déguster avec un coca et une glace dans son transat un jour de grosse chaleur.

Photos de vacances

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