« Trois pirouettes plus tard, je fus dans le brancard ». Ainsi pourrait se résumer mon renoncement à la petite reine. Quatre ados sur la piste cyclable : un trauma crânien. Un joggeur récalcitrant : trois cotes cassées. Deux skateurs distraits : un rein fracturé… Une semaine immobilisé à l’horizontale dans un lit d’hôpital, cinq mois arrêté, une année pour récupérer complètement peut-être, décidément se rendre au travail à vélo s’avère périlleux. Et encore, il semblerait que je m’en sois tiré à très bon compte.
Piétons, skates, rollers, trottinettes, vélos, scooters, motos, voiturettes, voitures et camions ne font pas bon ménage sur la route. Mais vous vous en doutiez n’est-ce pas ? Pour minimiser les conflits, nous avons inventé les trottoirs pour stationner, les pistes cyclables pour le jogging et les routes pour les hérissons. L’aménagement de la voirie, en dépit du bon sens et le comportement imbécile de ses usagers rendent certains parcours suicidaires.
Certains maires aiment bien afficher les kilomètres de pistes cyclables réalisés chaque année, encore oublient-t-il de mentionner ceux qui ont été supprimé entre temps.
La grande idée de la piste cyclable en contre sens de la circulation avec à peine assez de place pour une voiture, vient de l’Alsace, je suis trop fier ! L’aménagement de voies pour vélos sur les trottoirs plutôt que sur la chaussée, en voilà une belle idée, que fait donc le piéton dans ces cas là ? Préférez-vous marcher sur des pavés ou sur du bitume ? Ben oui, le bitume… Et ces espaces mixes, où les voitures devraient rouler au pas pour que piétons et cyclistes puissent survivre plus d’une minute, encore une belle idée. Et que dire de la piste qui s’arrête brutalement et reprend de l’autre côté de la rue ou qui s’achève à l’entrée du rond point. De l’itinéraire qui vous fait couper cinq fois la route alors que les voitures vont tout droit ou ce bout de piste qui continue sur un trottoir sans aménagement de bordure en bateau. Ouille ça fait mal dans le noir… Et ces panneaux publicitaires, lampadaires, potelets, panneaux de signalisation en plein milieu de votre itinéraire ? Un régal.
Les cyclistes ne sont pas en reste, pas de lumière, de gilet, de casque, de matériel en bon état. Si si, les freins c’est utile. Un, pépère sur la chaussée, l’autre à fond sur le trottoir, le troisième à l’arrêt sur la piste cyclable. Le téléphone au volant c’est mal, mais à vélo, c’est comment ? Et puis il y a ces rigolos qui remontent la piste en contre sens et que vous vous prenez en pleine poire au détour d’un virage. Ailleeeeeu ! Les feux ? Ben oui, c’est fait pour les voitures, pas pour les vélos c’est bien connu.
Les incivilités, la bêtise et les aménagements urbains en dépit du bon sens rendent la démarche écologique difficile dans notre pays. Pourquoi venir à vélo et risquer sa vie, affronter la pluie et le froid, quand on peu prendre la voiture, au chaud, avec de la musique en faisant monter le bilan carbone de la planète pour quelques kilomètres ? On s’en fou, Trump vient d’être élu…
Reste la marche à pied. Depuis mon accident, je marche une heure par jour pour aller et revenir du travail. Là encore c’est périlleux, mais nettement moins. Il faut juste porter une veste voyante la nuit, marcher sur le trottoir quand les voitures vous laissent un peu d’espace et faire gaffe aux pétons à smartphone, joggeurs à casque, vélos, poussettes, trottinettes, aux merdes de chiens, plaques de verglas, et sur les passages protégés aux voitures, aux camions, aux bus, aux motos, aux scooters, tracteurs, bulldozers. Facile…