Kallocaïne

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Comme l’annonce le résumé du livre, Kallocaïne est le chaînon manquant entre Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes et 1984. 

Dans un état totalitaire où les habitants vivent sous surveillance dans la crainte permanente d’une dénonciation, un chimiste zélé et ambitieux met au point un sérum de vérité.

Ce Léo Kall, époux fidèle, père de trois enfants, est un chimiste dévoué à la cause de son gouvernement, un rouage docile et bien huilé qui contribue au bon fonctionnement de sa cité.

Mais alors qu’il expérimente son invention sur des volontaires puis des prisonniers, sa perception de la société se distord en écoutant les sujets soumis à une injection de Kallocaïne livrer leurs pensées les plus secrètes.

Ecrit en 1940, neuf ans avant 1984 par Karin Boye, une suédoise quarantenaire homosexuelle pacifiste et anticapitaliste, le roman s’inspire de ses voyages en Union Soviétique et en Allemagne. Son dernier roman, écrit quelques mois avant son suicide, dépeint une société totalitaire en guerre dans laquelle le camarade soldat n’est que le rouage d’une grande machine où le sacrifice de soi est l’obligation et la liberté une hérésie.

Un classique d’un genre indémodable et intemporel comme 1984 et Le meilleur des mondes, qui eux sont plus connus du public.

Sprichst du deutsch?

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Un de mes amis est venu s’installer à Strasbourg après plusieurs années passées à Rennes. Après quelques demandes de mutation il a obtenu un poste dans la capitale alsacienne. 

La quête de l’appartement idéal a commencé et comme il me demandait conseil je lui ai fait peur avec la description de quelques quartiers où il ne faut pas habiter dans notre belle ville comme le Neuhof, Cronembourg ou la Museau. 

Je lui en ai conseillé d’autres et il a jeté son dévolu sur un F3 à la Krutenau, à deux pas du centre-ville.

J’aurais mieux fait de me taire.

Évidemment le quartier est plus cher, beaucoup plus cher. Mais il a trouvé une location à un tarif raisonnable. Normal. Sorti de la cuisine et de la salle de bain, les trois autres pièces étaient, comment dire, à rafraîchir. Le propriétaire grand prince, payait la peinture. 

Lors de l’état des lieux nous avons pu constater de visu à quoi ressemblait la bonne affaire visitée en virtuel. Murs beiges crasseux gardant la mémoire des meubles et des cadres des anciens locataires, balatum marqué cachant un plancher défoncé par endroits, fenêtres mal posées, radiateurs à la peinture écaillée, chasse d’eau fuyante, détecteur de fumée de hors service, paume de douche arrosant tout sauf le bac et trois portes manquantes cachées dans une cave puant la charogne et infestée de mouches à viande.

Pourquoi ne lui avais-je pas recommandé un appartement neuf en ZUP avec dealer sur le palier et milice facho dans les couloirs ?

Parce que voilà, quelques travaux s’imposaient avant l’arrivée des déménageurs.

Alors pendant le viaduc du quinze août, nous nous sommes armés d’éponges, de rouleaux, de pinceaux, de bâches, d’escabeaux et de pots de peinture pour rafraîchir l’appartement. 

C’est toujours chouette d’avoir des amis qui s’installent à Strasbourg je vous jure ! Non content de squatter la maison, il volait mon grand WE du quinze août. Par trente degrés nous avons lessivé les murs et plafonds crasseux puis appliqué des couches de peinture blanche sur la fibre de verre. 

L’objectif était de nettoyer au moins une pièce avant l’arrivée des déménageurs le mercredi suivant.

Vendredi matin courses à Leroy-Merlin. L’après-midi lessivage du salon noirci à la Saint-Marc. Samedi matin Ripolin blanche mate au murs et plafond, un peu aussi sur le sol et beaucoup sur la peau. Samedi après-midi lessivage de la première chambre aux murs moisis. Dimanche matin lessivage de la seconde chambre et peinture de la première jusque bien après l’heure du repas. Dimanche après-midi pause dans les hostilités, vautrés dans les canapés à ne rien faire.

Par chance, le lundi je reprenais le travail pour une dure semaine de labeur au bureau tandis que mon ami retournait à Strasbourg peindre la seconde chambre. Il fallait tout de même que je tonde la pelouse et nettoie le jardin laissé à l’abandon pendant plusieurs jours. Mais en comparaison des travaux de rafraîchissement, c’était du bonheur.

Le mardi soir, les trois pièces étaient habitables à quelques finitions près que le prochain locataire se fera un plaisir de réaliser. Ne reste plus qu’un affreux long couloir crasseux à repeindre, des toilettes dignes d’un musée de l’horreur et un petit couloir que vous n’osez imaginer ‘rafraîchir’.

Mais tout ça pour quoi ? Pour le plaisir de retrouver un vieux pote ? Non. Pour décrocher une promotion ? Non plus. Pour une fille ? Même pas. Non, rien de tout cela. Mon ami est venu à Strasbourg pour perfectionner son allemand. Sérieusement…

Azure – Fym

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Un achat de Stéphane Gallay, une pochette à la Roger Dean, un concept album de fantasy et un style musical proche de Kyros, l’album Fym possédait à priori de nombreux atouts pour me séduire.

Fym, le troisième album du groupe Azure venu de Brighton, est sorti le 23 mai dernier. Un double CD avec douze morceaux dont deux longs formats, le triptyque ‘Sky Sailing’ d’un peu plus de onze minutes et ‘Trench of Nalu’ qui dépasse les seize minutes. De quoi vous occuper quelques heures si vous lui consacrez plusieurs écoutes.

Azure navigue entre rock progressif bondissant, fusion et metal. Un quatuor sans batteur rejoint par quelques invités dont Andrew Scott qui officie derrière les fûts. Le groupe est porté par Chris Sampson qui joue de cordes vocales, acoustiques et électriques, qui écrit les textes et qui est à l’origine de LU, un roman de plus de 300 pages disponible avec l’album pour ceux que cela intéresserait. Et si le bouquin est assez épais, les textes le sont également. Il y a de quoi lire et écouter sur cet album.

En parlant de concept, Fym raconte la quête des fragments d’une arme noire par Fym Sallow, une femme sous l’emprise d’une puissante sorcière.

Pour la proximité avec le groupe Kyros, ne la cherchez pas du côté du prog électro mais plutôt dans les montagnes russes vocales et les compositions très riches qui partent dans toutes les directions.

Alors évidemment, ne comptez pas écouter Fym en faisant la sieste, ça n’est pas possible, l’oreille est sans cesse sollicitée sur cet album avec relativement peu de plages pour se poser, sauf dans le court ‘Moonrise’, mais c’est aussi la fin de l’histoire.

La voix de Chris est tout simplement éblouissante sur cet album, osant presque toutes les acrobaties et capable de monter très haut comme de livrer de beaux hurlements à la limite du scream comme dans ‘Trench of Nalu’. Mais ce sont les guitares virevoltantes de Chris et Galen qui mènent la danse sur cet album suivies de peu par les synthés et le piano de Shaz ainsi que la basse bondissante d’Alex.

La musique, déjà bien remplie de sonorités, s’enrichit encore de mandoline, thérémine, trompette, percussions, hautbois, clarinette, basson et même de piano à queue.

Le jazz fusion rejoint le prog sur plusieurs titres comme dans ‘Weight of the Blade’. Il y a également des choses plus barrées, tout particulièrement dans la première partie de ‘The Lavender Fox’ ou encore quelques passages dans le long ‘Trench of Nalu’.

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’avec Fym, vous ne pourrez pas rester dans votre zone de confort très longtemps. Le seul reproche que je pourrais faire à Fym c’est justement qu’il exige une écoute des plus attentive et réclame pas mal d’énergie pour arriver jusqu’au bout parce que 78 minutes c’est quand même long.

Mais bon, si vous êtes habitué aux albums de Yes, Kyros ou de Machine, vous devriez survivre sans problème. Donc je vous recommande chaudement cette découverte, sur Bandcamp par exemple.

Télé Matin

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Depuis la pandémie de COVID-19 ce mot là est dans toutes les bouches. Beaucoup d’employés travaillent depuis leur domicile plusieurs jours par semaine. Enfin travaillent… Beaucoup gardent leurs enfants sans répondre au téléphone, d’autres font les courses ou la sieste, du bricolage ou encore du ménage.

Même pendant les confinements forcés, je disposais d’une dérogation pour venir au boulot. J’ai travaillé très occasionnellement à la maison, sur la table basse du salon, pestant de ne pas avoir mes dossiers sous la main et râlant contre le portable qui sonnait tout le temps, bref dans des conditions peu confortables.

Mias il y a quelques mois, mon épouse s’est aménagé un bureau douillet dans une pièce de la maison en bi-écran avec un fauteuil confortable pour télétravailler deux jours par semaine. Et je l’avoue, j’ai trouvé l’endroit plaisant.

Je ne suis qu’à dix minutes à vélo du travail, mon bureau est agréable et surtout, sur place je n’ai pas besoin d’être accroché au téléphone pour résoudre les problèmes.

Cependant, la retraite approchant, j’aimerais bien lever le pied, pouvoir profiter d’une journée supplémentaire à la maison pour gérer les travaux, les livraisons tout en faisant mon travail dans de bonnes conditions et mettre un peu de distance entre le bureau et moi. J’ai commencé par créer un compte épargne temps pour mettre de côté des jours de congés et partir plus tôt et à étudier les modalités d’un 80% progressif.

Comment ça je suis encore à six ans de la retraite ? Oui et alors, six ans c’est seulement 2200 jours, 52500 heures, à peine plus de 3 millions de minutes… Bon ok, je commence à en avoir mare de bosser.

J’ai donc rempli le formulaire de demande de télétravail. Un jour par semaine, le mercredi, lorsque mon épouse n’est pas à la maison afin de profiter de son bureau. Un jour où ma collègue est sur place pour gérer les fournisseurs, les chantiers et les enquiquineurs. 

Je vais enfin pouvoir travailler en slip les jours de fortes chaleurs et en robe de chambre les matinées d’hiver tout en écoutant du death metal à 100 décibels.

Et de six

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J’ai découvert l’univers de The Expanse dans les livres de James Corey. Je ne les ai pas tous lu cependant. Et puis je suis tombé sur l’adaptation de l’histoire pour la télévision et j’ai dévoré les deux premières saisons en DVD. Puis je suis revenu au roman avant de m’abonner à Prime Video. C’est là que je suis tombé sur l’intégrale en six saisons de The Expanse. Alors j’ai recommencé à partir de l’épisode 1 de la saison 1 et je viens enfin de visionner l’épisode 6 de la saison 6, la dernière.

The Expanse est un récit de science-fiction mettant en scène l’équipage du vaisseau Rossinante pris dans une guerre entre la Terre, Mars et les planètes extérieures. James Olden, le capitaine du navire, est un idéaliste au grand coeur qui se jette tête baissée dans un combat qui n’est pas vraiment le sien et son équipage le suit presque aveuglément. 

Beaucoup de personnages gravitent autour du quatuor, une terrienne haut placée au gouvernement, le chef de la rébellion de la ceinture, une marine martienne, un flic amoureux d’une ombre et surtout la protomolécule qui est le personnage principal de l’histoire.

Car il n’y a pas souvent de science-fiction sans extraterrestre et cette molécule venue de l’espace profond et cultivée en laboratoire est extraterrestre. C’est elle qui sans le vouloir, va mettre le feu aux poudres d’une situation politique déjà bien tendue. Les humains qui survivent dans la ceinture d’astéroïdes sont le prolétariat de la Terre et de Mars. Ils triment pour de l’eau et de l’air en échange d’un travail de força qui profite aux deux planètes.

Les six saisons nous font voyager en vaisseau et parfois sans combinaison spatiale, sur la Lune, Mars, Eros, IO, Ceres, la ceinture d’astéroïdes et même en dehors de notre système solaire. 

La dernière saison en six épisode sort de la narration des livres pour explorer une des nouvelles de La Légion des Souvenirs, une histoire d’exobiologie et de mort que j’avais beaucoup aimé lorsque j’avais lu le recueil. Elle conclut aussi cette guerre spatiale entre la Terre, Mars et la Ceinture avec un retournement de dernière minute.

The Expanse est une des meilleures série de science-fiction qu’il m’ai été donné de regarder. Elle souffre parfois de lenteurs comme lors de la saison 4. Les personnages, à force de les côtoyer si longtemps deviennent parfois crispants, mais je ne me suis pas ennuyé un seul instant même si j’ai fait quand même quelques pauses.

Lazuli – LORELIVE

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Le groupe Lazuli vient de sortir un nouveau live. Enfin vient de sortir, disons qu’il est arrivé un peu plus tard que prévu à la maison grâce aux bons soins de la Poste. En fait, le premier exemplaire n’est jamais arrivé et Domi a eu la gentillesse de m’envoyer un nouvel album il y a quelques jours.

Ce live a été enregistré en 2022 au festival The Night of The Prog à la Loreley qui hélas cette année fermait ses portes avec justement la participation du groupe garrois. Un festival auquel je n’ai jamais assisté, je l’avoue, principalement parce que je suis un gros feignant.

Le Lazuli Lorelive est un CD accompagné de son DVD. Treize titres audio et seize en vidéo (on trouve en plus ‘Déraille’, ‘Homo Sapiens’ et le générique de fin) donnent la part belle à l’unique concept album du groupe, à savoir le magnifique Fantastique Envol de Dieter Böhm paru deux années auparavant.

Pantalons et tee-shirts noirs, les cinq compères pourraient presque sembler en uniforme si deux rebelles ne soulignaient leur différence : Romain portait un pantalon rayé et Arnaud des socquettes oranges.

Même si ce n’est pas la première fois qu’il se produisait dans le célèbre amphithéâtre, le groupe sans doute pas aussi détendu qu’à l’ordinaire face à une telle audience et ce temple mythique du prog, a un peu de mal à occuper la scène. Seul le petit nouveau, sans doute inconscient du danger, aura l’audace de se livrer à un solo de guitare devant la foule enthousiaste. Dominique descendra tout de même dans l’arène à la rencontre du public en liesse où j’ai reconnu au premier rang quelques habitués de Chez Paulette.

Arnaud s’offre quelques moments de bravoure à la guitare comme dans ‘Mers lacrymales’ et Romain joue au Gonzo du Muppet Show avec son cor de chasse dans ‘Les sutures’. Il n’y aura pas le traditionnel marimba à neuf mains pour clôturer ce live, pourtant l’instrument trône bien au fond de la scène et Vincent viendra en jouer pendant que Romain massacrera la batterie de manière enthousiaste. Dominique s’essaie à quelques mots en allemand aussi maîtrisés que son anglais de franchouillard mais cela suffira à galvaniser le public de la Loreley.

Quand on parle de DVD, on parle aussi d’images. Le concert se jouait avant la nuit tombée et donc, pour ce qui est des éclairages ce n’était pas vraiment un feu d’artifice. Visuellement, même dans la petite salle de Chez Paulette ça fonctionne mieux. Par contre les caméras s’efforcent de varier les plans pour rendre vivant un show assez statique et au final on ne s’ennuie pas.

Le public se manifeste souvent pendant l’enregistrement, nous rappelant qu’il s’agit bien d’un live. Mais si vous aviez un doute, les versions revisitées pour l’occasion de certains morceaux devraient vous mettre la puce à l’oreille. Lazuli est en concert et faute de pouvoir raconter quelques anecdotes à la foule, le groupe s’offre quelques libertés sur les versions enregistrées en studio et ça n’est jamais pour me déplaire.

Ce chouette live n’est pas forcément indispensable sauf pour les fans de Lazuli dont je fais partie. Par contre, ce CD et DVD constituent un magnifique souvenir pour ceux qui étaient présents cette année-là au festival. 

Il m’a donné furieusement envie de les revoir pour de vrai ce qui devrait se produire le 20 octobre prochain au Z7 pas loin de Bâle en Suisse.

Terrasses

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C’est sur la route du sud de la France, dans des embouteillages, qu’à la radio j’ai entendu parler du dernier roman de Laurent Gaudé. Un livre sur les attentats du Bataclan. 

Les romans de Laurent Gaudé sont toujours très forts et je redoutais de me plonger dans ses mots tellement vrais. Pourtant j’ai lu son roman, pour le souvenir.

C’était le 13 novembre 2015. Je me souviens bien de cette date car le lendemain j’étais dans une petite salle de concert en province et que l’émotion était vive parmi les artistes et le public. Quelle étrange soirée partagée entre la joie de la musique et le deuil !

Dans Terrasses Laurent Gaudé emprunte les voix des parisiens assis dans les cafés, celles des fans de Eagles of Death Metal, des supporters de foot, des badauds, des policiers, des ambulanciers, des infirmiers, des amoureux entraînés bien malgré eux dans cette nuit d’horreur. Des centaines de voix et de cris anonymes au milieu des tirs de Kalachnikov et des sirènes de secours.

Le roman fonctionne au rythme de toutes ces voix qui rêvent d’une belle soirée d’automne, d’un verre en terrasse pour terminer la semaine, d’un rendez-vous tant attendu, d’un concert. Et puis tout bascule dans l’horreur, l’horreur du hasard qui décide de celui qui va vivre et celui qui va mourrir. 

Un livre qui chapitre après chapitre déroule cette nuit interminable pour les victimes comme pour les secours et qui s’achève par l’après, lorsque la vie doit reprendre ses droits traînant derrière elle le poids du souvenir et de la perte.

N’en doutez pas Terrasses est difficile à lire. Si 128 pages sont peu de mots, il faut souvent reprendre son souffle entre les courts chapitres. Il faut même parfois faire des pauses. Mais c’est un roman fort comme les faits qu’il raconte. Alors lisez le.

La nuit des étoiles

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Peu avant la mi-août, la Terre filant à toute vitesse sur son orbite solaire, traverse des nuages de poussières qui donne naissance aux étoiles filantes des perséides. C’est souvent l’occasion pour de nombreuses associations d’astronomie de faire découvrir le ciel au grand public, à condition bien sûr que la météo soit de la partie.

Cette année nous avions posé notre camp dans le Jardin Botanique à Strasbourg, au pied de la coupole pour la nuit. Le ciel était capricieux mais les prévisions annonçaient une nuit dégagée. Nous avons installé nos instruments dans une clairière herbue infestée de moustiques assoiffés. 

J’avais amené le télescope pour montrer le ciel en visuel aux visiteurs et la lunette couplée à une caméra pour essayer de résoudre des problèmes techniques rencontrés au Champ du Feu le lundi précédent. Les nuits claires sont rares, il faut savoir profiter de la moindre occasion. 

La ville de Strasbourg avait éteint les lumières du quartier pour l’occasion et les étoiles principales de quelques constellations étaient visibles à l’oeil nu. Par contre la Voie Lactée restait cachée à nos yeux. Strasbourg oblige…

Les portes du Jardin Botanique n’ouvraient qu’à 22h30 pour le grand public mais dès 21h, une queue s’était constituée devant l’entrée. Il faut dire que les visiteurs pourraient admirer la grande lunette de l’observatoire et observer les anneaux de Saturne dans son oculaire.

Je terminais de régler l’autoguidage de ma petite lunette de 72 quand je me suis aperçu que j’étais entouré de nombreuses personnes. Et quand la première image de la nébuleuse planétaire M27 s’esquissa sur la tablette les questions fusèrent : « c’est quoi comme instrument », « par où est-ce que l’on regarde », « c’est quoi le petit point flou sur l’écran », « comment ça marche », « ça coûte cher » ? 

Je n’avais pas prévu de présenter cet instrument et me retrouvais coincé entre le télescope où des curieux s’agglutinaient et la lunette déjà bien ceinturée de personnes. Par chance Tim le canadien qui voulait tester le télescope avec son nouvel oculaire zoom 7-21 mm (que j’ai acheté le lendemain) a pris les choses en main. Après lui avoir montré comment fonctionnait l’engin, il a géré comme un grand avec un autre compère, Clovis chauffeur de l’Obsmobile, la longue file de curieux voulant coller un oeil à l’oculaire.

Pendant ce temps, je me retrouvais contre toute attente à expliquer à un public curieux les principes de l’astro photographie avec assurance alors que je débute à peine. J’ai réalisé que les images présentées sur une tablette avait nettement plus d’impact qu’un oeil brièvement collé à un oculaire. Le temps que la caméra cumule deux minutes d’exposition, j’expliquais le matériel aux personnes présentes, leur montrait des photos terminées, leur parlais de l’objet visé, galaxie, amas globulaire, nébuleuse planétaire, étoile double ou nébuleuse diffuse. 

D’un groupe à l’autre, pointant chaque fois un nouvel objet, répondant aux multiples questions, montrant le matériel, repassant sur le télescope quelques secondes pour un réglage ou pour pointer Jupiter qui se levait, je fus surpris par l’appel de l’organisateur qui annonçait la fin de la soirée d’observation. Il était déjà une heure du matin et la coupole grouillait encore de visiteurs.

J’aurai pu être au Champ du Feu à photographier les Piliers de la Terre ou à observer une comète mais ce genre d’évènement est l’occasion de montrer le ciel aux curieux et qui sait de créer de nouvelles vocations. Ce soir là j’ai rencontré deux personnes bien décidées à franchir le cap après avoir admiré les objets que nous leur présentions. Et puis en cette période d’obscurantisme scientifique, il est essentiel d’expliquer que la Terre tourne autour du soleil, que l’homme a marché sur la lune et que notre planète n’est pas plate.

Le lendemain, malgré la fatigue, nous sommes quand même montés avec quelques membres de l’association sur les collines près de Cosswiller pour une nouvelle soirée d’observation plus paisible. L’obsmobile est restée au garage à cause d’une batterie à plat et pour ma part je n’étais monté qu’avec un transat pour regarder les étoiles avec mon épouse. Ce fut magique.