Camping

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Un transat, une chaise en toile, une table pliante, un thermos, une gamelle isotherme, des couverts en bois, une lampe frontale, une couverture, je suis fin prêt pour le camping des Flots Bleus. 

Sauf qu’au lieu du short de bain, je porte un pantalon de ski, des sous-vêtements thermiques, un anorak, des mitaines et des sous gants, un bonnet, des bottes de grand froid et des semelles chauffantes.

Je fais du camping sauvage à plus mille mètres d’altitude sur un parking goudronné bordé de congères sous le ciel étoilé. La plaine d’Alsace est noyée dans le brouillard givrant mais ici les températures sont tout justes positives.

Des ramens aux légumes dans la gamelle, une soupe miso dans le thermos, une bouteille d’eau pour la soif, une canette coca pour lutter contre le sommeil, un cake Papi Brossard pour le sucre, j’ai de quoi tenir un siège jusqu’à l’épuisement des batteries.

La route qui grimpe au Champ du Feu scintille dans la lumière des phares. Les voitures des skieurs redescendent après une journée au soleil. Moi, je monte chercher les étoiles. 

Il y a toujours du monde là haut, de rares astronomes amateurs, des randonneurs avec leur lampe frontale, des amoureux à la recherche d’un lieu romantique, des adeptes de tuning venus faire rugir leurs moteurs, des marginaux dormant dans leur véhicule, des touristes en camping-car et quelques sangliers égarés.

Des curieux s’approchent timidement de l’étrange machine bardée de câbles aux LEDs clignotantes autour de laquelle s’affaire un hurluberlu en combinaison d’astronaute.

Les fous attirent les fous. Les complotistes, les ufologues, les platistes, les trumpistes plus audacieux s’approchent pour poser leurs questions sans queue ni tête. Avez-vous déjà vu des phénomènes inexpliqués dans le ciel ? La Lune est-elle creuse ? Mars abrite-elle une ancienne civilisation comme l’affirme la NASA ? Jusqu’à quel point notre gouvernement nous cache la vérité sur la COVID 19 ? Pourquoi la nuit est-elle noire si les étoiles sont des soleils ? Croyez-vous qu’il y a de la vie ailleurs ? 

Largement de quoi occuper tout une nuit en questions réponses. 

C’est l’occasion de partager un café et quelques biscuits, d’observer la technique utilisée par le voisin pour réaliser une mise au point parfaite, de montrer nos plus beaux clichés, de comparer notre équipement, de raconter nos pires galères, d’inviter les visiteurs intrigués à jeter un oeil dans nos instruments étranges pour découvrir Jupiter ou bien Saturne, d’expliquer le ciel, les constellations, les planètes, les nébuleuses, les galaxies. Nous nous passons les jumelles pour approcher les étoiles de nos yeux d’enfants. Nous nous exclamons au passage d’un bolide et nous pestons devant un train Starlink qui va gâcher notre série de photographies.

Le pique-nique nocturne se s’achève lorsque les batteries faiblissent ou que l’astre observé est trop bas sur l’horizon. Les derniers badauds sont partis depuis longtemps. Chacun a retrouvé son setup et s’est emmitouflé dans une couverture. Le sommeil et le froid commencent à piquer les yeux. Il est temps de remballer le matériel glacé et de redescendre sur la route glacée, plonger dans le brouillard givrant et retrouver le plancher des vaches. Une nuit de camping sauvage se termine et je regarde déjà les prévisions météorologiques pour savoir quand je pourrais remonter là haut, retrouver les étoiles et leurs adorateurs.

Vola – Friend of a Phantom

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J’ai toujours connu des hauts et des bas avec Vola. Je n’ai pas accroché avec Immazes, j’adore toujours autant Applause Of A Distant Crowds, j’ai boudé Witness, j’ai adoré leur Live From The Pool (sauf les images) et maintenant il me faut vous parler de Friend of a Phantom sorti l’an passé. Il le faut car je n’ai rien d’autre sous la dent.

Le court album de neuf titres ne va pas bouleverser le paysage musical du groupe de Copenhague. Vola joue de métal prog électro cinématique et invite comme à son habitude un chanteur pour varier les plaisirs. Cette fois il s’agit de Anders Friden qui chante dans In Flames et Passengers. Comme souvent, le titre où apparaît le chanteur invité se détache nettement des autres morceaux de l’album. Ici, il s’agit de la première pièce ‘Cannibal’ où le growl de Anders fait clairement la différence.

Le reste m’a tout d’abord semblé un peu fade. Friend of a Phantom manquait à mon avis de caractère pour vraiment décoller même si le  titre très lent et cinématique ‘Glass Mannequin’ me fait frissonner à chaque écoute. Mais malgré ce constat, je retournais souvent écouter Friend of Phantom. Se pouvait-il que l’album ne soit pas si mal ?

En réalité il est bien, même très bien, et quelques morceaux comme ‘Bleed Out’ ou ‘Paper Wolf’ relancent bien la machine. Mais force est de constater qu’il ne réinvente pas la poudre. J’irai jusqu’à dire que Vola fait dans la facilité. L’avantage, c’est qu’il est particulièrement confortable à écouter si on connaît déjà un peu le groupe. Voilà sans doute pourquoi je le passe régulièrement sur ma chaîne pour souffler dans le canapé ou bien dans la voiture lorsque je fais de longs trajets.

En plus il contient des trucs assez géniaux où l’électro prend le pas sur tout, je veux parler de ‘Break My Lying Tongue’ avec son explosion de claviers synthwave qui en fait un titre hyper commercial et metal à la fois quand soudain rugit le growl final.

Après avoir été tout d’abord un peu déçu par Friend of a Phantom comme mon ami Alias, j’ai commencé à écouter l’album en musique de fond et maintenant j’en arrive à la considérer comme un disque suffisamment intéressant pour que j’envisage sérieusement de l’acheter en vinyle.

Comme quoi la musique est une question d’humeur et de moment et qu’il ne faut surtout pas s’arrêter à l’opinion d’un chroniqueur pour décider quoi écouter. Donc écoutez-le si ce n’est pas encore fait et donnez-lui sa chance comme je l’ai fait.

Les hordes migratoires

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J’ai quitté Twitter peu après son rachat par Elon Musk. En effet le réseau social classé X ne correspondait plus vraiment à mes aspirations. 

Un ancien de X m’a fait rentrer chez BlueSky avant que le réseau ne soit ouvert à tout le monde et je me suis créé en parallèle un compte sur Mastodon. Ma petite communauté s’est progressivement reconstruite et depuis je poste régulièrement mes billets et photographies sur ces réseaux sociaux.

Des lieux bon enfant, peu politisés, où les créateurs proposent du contenu souvent de qualité sans s’enliser dans des débats stériles. À côté de ça j’ai toujours Facebook où je publie en mode ami les billets pour quelques personnes que je connais dans la vraie vie ainsi que mes chroniques musicales sur une page dédiée.

Jusqu’à la réélection de Trump, tout allait bien sur BlueSky. Et puis soudain, de nombreux utilisateurs de X ont migré vers l’autre réseau social.

Dans mon fil d’actualité j’ai commencé à lire des réactions à vif sur la politique, sur Trump et évidemment sur Elon Musk. J’ai commencé à tomber sur des publications débiles et pire, j’ai reçu des commentaires se rapprochant de plus en plus des spams. En contrepartie j’ai obtenu plus de petits cœurs et j’ai été reposté plus souvent, surtout les photos qui ont reçu un bel accueil. L’effet de masse.

Pour l’instant cela reste supportable, mais pour combien de temps ? Combien de temps avant qu’un imbécile me prenne en grippe et commence à me harceler comme sur Facebook à la grande époque ? Du coup je réfléchis sérieusement à fermer mon compte BlueSky. Oui déjà…

Les réseaux sociaux me servent de vitrine. Je n’y traîne pas vraiment. Je regarde le travail de quelques photographes qui me plaisent, je lis de temps en temps les billets de quelques amis et je réagis très rarement aux publications. Par contre, le déferlement de bêtise que je découvre en ouvrant les applications chaque jour pour ma publication quotidienne, me font halluciner.

Ma vie en images

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Ma vie a toujours été remplie d’images, immortalisées sur ma rétine, sur une pellicule ou un capteur numérique. Des paysages, des visages, des films, des étoiles, des souvenirs de voyage…

Mon premier boîtier photo fut un Kodak Instamatic 33. Je l’avais emprunté à un de mes grands-frères pour réaliser un exposé sur les pompiers. Je devais avoir 10 ou 11 ans.

Le second, je me le suis offert bien plus tard, un Lubitel 2 avec sa pellicule au format 6×6. C’est avec lui que j’ai appris les bases de la photographie armé d’une cellule pour procéder aux réglages. J’avais 15 ans. J’ai également appris à cette époque les rudiments du développement argentique dans le laboratoire photo du club d’astronomie où je passais mes samedis après-midi.

Avec ma première paye d’été, je me suis offert un Reflex argentique dont j’ai oublié la marque et le modèle, probablement un Minolta. Je me suis lancé dans la photographie de paysages, de mégalithes, j’ai baroudé avec en Écosse, Bretagne, Italie, pays Cathare et réalisé les premiers portraits des mes enfants. C’est d’ailleurs en revenant de la maternité avec mon petit dernier dans les bras que le boîtier a connu une fin tragique, noyé dans du lait de toilette pour bébé.

J’ai ensuite un peu délaissé cette activité faute de temps et d’argent. Les premiers Reflex numériques étaient hors de prix et les bridges assez frustrants à utiliser.

C’est pourtant un bridge qui a été mon premier boîtier numérique, un Nikon Coolpix si je me souviens, bien vite remplacé par un compact Lumix 10 Mo pixels que j’ai encore aujourd’hui.

En 1995 j’ai emprunté un Reflex Nikon D60 avec un objectif 18-70 mm pour couvrir un concert de rock. J’ai adoré retrouver les sensations de ces gros boîtiers, même si pour ce genre de sport, le D60 n’était pas l’idéal. Ça m’a tellement plu que j’ai cassé ma tirelire pour un Nikon D7100 avec un objectif 18-140 mm.

À partir de cette époque j’ai couvert de nombreux concerts et festivals de rock dans le cadre du magazine de rock progressif que je gérais.

Toujours à la recherche de plus de sensibilité et de performances, j’ai migré du D7100 au D7200, deux appareils au format APS-C, puis au plein format (24×36 comme les pellicules argentiques 36 mm) avec un D810 acheté d’occasion (oui toujours chez Nikon) et j’ai étoffé petit à petit ma gamme d’objectifs, du fish-eye au 500 mm en privilégiant les grandes ouvertures à f/d 2.8.

La photographie était redevenue une passion. Je ne me limitais plus aux concerts depuis longtemps. J’ai commencé à photographier en mode natif et à développer mes clichés sous Lightroom pour ne plus m’en remettre aux choix arbitraires des boîtiers. C’est avec ce logiciel que j’ai progressivement trouvé mon style photographique. Du noir et blanc très marqué qui est devenu ma marque de fabrique. C’était surtout parce j’étais relativement mal à l’aise avec les couleurs que j’ai développé cette technique qui aujourd’hui se retrouve sur plus de la moitié de mes images.

Je me suis tout de même forcé à travailler la couleur et j’ai fait quelques progrès grâce entre autres à une formation sur le traitement des images.

Je suis passé par une petite crise existentielle à cause du poids du matériel et j’ai craqué pour un boîtier équipé d’un capteur micro 4/3, celui du petit Panasonic GX9. Un appareil léger, facile à emmener en vacances mais, qu’au bout du compte, j’ai assez peu utilisé.

Lorsque Nikon s’est engagé dans les hybrides j’ai franchi le pas, abandonnant les Reflex en monture F pour la gamme Z tout en conservant mes objectifs grâce à la bague FTZ.

Le Nikon Z6 a été le premier mais j’ai conservé le D810 assez longtemps car ce boîtier est vraie une bête de course, surtout en concert.

Le Z9 est arrivé et j’ai hésité, surtout à cause de son prix et de son poids jusqu’à la sortie Z8. Là je n’ai eu aucune hésitation et pour le financer j’ai dû me résigner à revendre le D810. Un véritable déchirement. Ainsi va la vie. Je revends toujours mes boîtiers et objectifs, histoire de ne pas accumuler inutilement de matériel, leur donner une seconde vie et limiter la dépense.

En photo je me cantonne au réaliste, n’usant que rarement de la retouche et encore moins de techniques de surexposition, superposions, zooming et autres étrangetés. Ce qui l’intéresse c’est de capturer un instant, pas de peindre ou d’inventer un autre univers visuel. Je ne suis pas un créateur ou un artiste. J’essaye juste de restituer quelques chose avec mon regard.

Après une pause de près de quarante ans, j’ai repris l’astronomie et donc naturellement l’astro photographie. J’ai commencé avec un boîtier photo et un téléobjectif, le Z6 le plus souvent muni d’un 200-500mm. J’ai photographié la Lune, quelques nébuleuses, des éclipse et des filés d’étoiles.

Le passage d’une magnifique comète dans le ciel m’a donné envie de reprendre l’observation avec un télescope puis une lunette de 72 munie d’une bague d’adaptation pour l’appareil photo. Après quelques tâtonnements, je me suis offert ma première caméra, une ASI533 MC Pro financée en partie par la revente du Panasonic GX9.

Après Lightroom je me suis initié aux logiciels Siril, Pixinsight, AutoStaker et bien d’autres afin de traiter les images du ciel. De nouveaux défis, de nouvelles techniques aidées malgré tout par mon expérience passée en photographie.

Je n’ai pas abandonné pour autant mes boîtiers Nikon et je sors toujours capturer des paysages, faire de la street photo ou couvrir quelques concerts à l’occasion. D’ailleurs je commence enfin à me sentir plus à mon aise avec les images en couleurs à force d’acharnement.

La prochaine étape sera peut-être la vidéo que je limite pour l’instant à un plan fixe par semaine pour des chroniques musicales et à de brèves captures planétaires. J’ai songé souvent à la photographie vue du ciel avec un drone mais je n’ai pas encore franchi le pas, toujours un peu dubitatif quant à la qualité des images des équipements abordables. Et puis j’ai assez à faire avec les étoiles pour l’instant.

Jason Bieler – Postcards From The Asylum

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En butinant sur Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur une pochette sur laquelle trône un gars bizarre en scaphandre spatial. Le genre de truc qui me donne toujours envie d’écouter de la musique. 

Le morceau en question s’appelle ‘Savior’. Il s’agit du premier single du prochain album de Jason Bieler, The Escapologist, qui sortira le 21 février. 

Comme le truc m’a semblé suffisamment barré pour me titiller, je suis allé écouter sa précédente création, Postcards From The Asylum, sorti en avril 2003. 

Alors voilà, c’est parti pour une heure et quart de musique très barrée déclinée en quinze morceaux.

Jason Bieler est un ricain qui se définit comme un troubadour post-apocalyptique avec un fort penchant pour les sonorités étranges. Personnellement, je trouve qu’il n’est pas très loin de l’univers totalement barré de Devin Townsend.

Musicalement, il y a un peu de tout dans Poscards From The Asylum, du metal, du hard rock, de la pop, de l’americana, du rock et plein d’idées zarbies.

Une première écoute complète de l’album peut dérouter par son côté un peu foutraque, mais pas pire qu’un Ziltoid de Devin Townsend. Pour l’avoir écouté en boucle pendant plusieurs jours, je le trouve assez génial.

L’album regorge de titres aux sonorités complètement barrées comme ‘Flying Monkeys’, ‘Sic Riff’ ou ‘Feel Just Like Love’. À côté de cela, il y a du folk americana comme dans ‘Human Dead’, ‘The Depths’ ou ‘Mexico’ qui au passage possède un petit air de Bob Dylan, The Beatles et David Bowie. Il y a aussi du bon vieux hard rock dans ‘Heathens’ et puis bien entendu du métal progressif dès l’ouverture de l’album avec ‘Bombay’.

Si le chant est très présent avec des tonnes de refrains furieusement accrocheurs, la musique n’est pas en reste et les guitares sont tout particulièrement à l’honneur. Pas des choses très démonstratives, mais efficaces, agrémentées de plein de sonorités bizarres et de rythmiques totalement barrées.

Postcards From The Asylum est une très belle découverte et je ne vous cache pas que je suis impatient de découvrir le prochain album de Jason. En attendant sa sortie, vous pouvez découvrir ses autres productions sur Bandcamp.

The Day of the Jackal

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Ne vous fiez pas au générique de cette série. S’il fait songer à James Bond et que le MI6 est de la partie, le Chacal raconte l’histoire d’un tueur à gages. Et pas n’importe lequel puisqu’il est capable d’atteindre sa victime à la tête à une distance de plus de trois kilomètres.

Un tueur à gages donc incarné par l’étrange et fabuleux Eddie Redmayne qui jouait le méchant dans Jupiter, pourchassé par Bianca Pullman, un agent du MI6 joué par Lashana Lynch. Un tueur hors de prix, qui prépare méthodiquement ses contrats et dont personne ne connaît l’identité. Marié à une espagnole, père d’un jeune enfant, il cherche à se caser en exécutant un ultime contrat à haut risque très juteux.

Bianca elle est une enquêtrice obsessionnelle passionnée par les armes à feu qui d’hypothèses en hypothèses va remonter la piste de ce tueur insaisissable.

Les dix épisodes de la première saison racontent à la fois l’enquête pour retrouver un tueur à partir d’indices très minces, la préparation méticuleuse d’un contrat par le tireur d’élite et l’épouse du tueur qui découvre peu à peu que son mari n’est pas vraiment l’homme qu’il prétend être.

Windows

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Depuis une dizaine d’années je travaille sous Mac. Après des décennies à utiliser des ordinateurs portables Windows qui me duraient à peine trois ans avant de devenir obsolètes, j’ai décidé d’investir dans la marque de la pomme en payant trois fois le prix d’un PC de compétition. Je ne regrette pas ce choix. Ce bon vieil iMac tient toujours la distance même pour le traitement photo et vidéo.

N’empêche, je viens de me résigner à acheter un PC sous Windows 11 tout dernièrement. Bon un tout petit ultra portable 13 pouces reconditionné par une boite locale qui fait de la réinsertion sociale. Un i5 8Go avec un SSD de 256 Go totalement incapable de rivaliser avec le vieux i7 32Go et son SSD de 2To. 

Mais j’avais oublié comme il était pénible de travailler sous Windows. Tout commence par l’installation du système qui dure des heures puis la suppression de tous les logiciels inutiles que l’OS a éparpillé sur le SSD. Ensuite il faut installer les applications dont vous avez besoin sachant que Windows considère comme hostile tout ce qui ne vient pas de son écosystème. Evidemment les programmes ne fonctionnent pas parce qu’il manque les inévitables drivers des caméras et montures, du coup un bon moment se passe encore avant de trouver les drivers en question et de les installer. Et puis il y a ce clavier où les caractères spéciaux sont placés à des endroits improbables, ces menus qui ne restent pas en haut de l’écran et ce navigateur web tellement agaçant.

Pour être totalement honnête, lorsque j’ai eu mon iMac, je me suis fait exactement les mêmes réflexions. Mais voilà, je me suis habitué à l’écosystème Apple et j’ai renié l’univers selon Steve Jobs. Alors ça m’énerve.

Mais pourquoi acheter un petit PC portable alors que j’ai un gros Mac ? Je vous en avais déjà parlé dans le billet Planétaire. Oui, pour faire de l’astronomie bien sur. De toutes manières, toute ma vie tourne autour de l’astronomie depuis quelque temps…

Les gourous de la secte m’ont expliqué que pour réaliser des images des planètes il fallait filmer celles-ci à très grande vitesse et que l’Asiair, l’ordinateur qui pilote mon télescope, n’était pas capable de supporter la cadence. Après quelques essais peu concluants avec l’Asiair et le logiciel Planetary Stacker System, j’ai franchi le cap et acheté un PC potable low cost reconditionné par une association de réinsertion histoire d’avoir bonne conscience et ne pas dépasser le budget que je m’étais fixé.

Me voilà donc dans le jardin avec un télescope, un Asiair, une tablette, deux caméras et un PC ultra portable. Tout ça pour essayer de photographier Jupiter, Vénus et Mars.

Conformément au conseils des mes ainés, j’ai installé ASIStudio, AutoStakkert, FireCapture, AstroSurface et WinJUPOS. FireCapture sert comme son nom l’indique à la capture des images de la caméra, 6 Go en 60 secondes via le câble USB 3.0, autant dire que ça dépote ! AutoStakker va additionner les meilleures images de la vidéo pour fabriquer une photo plus détaillée. AstroSurface permet également de faire l’empilement mais également de retoucher le cliché afin d’en augmenter les détails. WinJUPOS lui semble être une sorte d’éphémérides planétaire mais pour tout vous avouer j’ai fait l’impasse dessus. Cela fait beaucoup de choses à intégrer d’un coup.

Mes premiers essais sont affreux et j’ai déjà une longue liste de points d’amélioration à tester. Faire une bonne mise au point, m’éloigner de la route et des vibrations de la chaussée due aux bus. Utiliser le pied de la monture AVX qui est beaucoup plus stable que celui en fibre de carbone de ZWO. Changer de lentille Barlow pour corriger les aberrations chromatiques de celle que je possède. Aller en altitude pour profiter d’un ciel moins pollué. Apprendre à utiliser ces logiciels et perfectionner la mise en station du matériel.

Mais voila, je m’amuse, même si c’est sous Windows…

Sleep Token – One

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En 2016, alors que Leprous marchait à peine et que Plini tétait encore le sein de sa mère, sortait One du groupe Sleep Token. Un EP six titres contenant trois instrumentaux au piano.

Si je vous parle de leprous c’est que la voix du chanteur se rapproche de celle d’Einar Solberg. La musique elle, n’est pas loin de celle de Plini et de Leprous.

Autant vous dire que lorsque je suis tombé complètement par hasard sur le titre ‘Thread The Needle’ tiré de leur premier EP One, j’ai failli avoir une attaque cardiaque.

J’ai aussitôt acheté One et Two respectivement composés en 2016 et 2017 et dans la foulée, même si on ne le trouve pas sur Bandcamp, leur dernier album Take Me Back To Eden sorti en 2023.

Sleep Token est un duo anonyme et quatre musiciens en live comme les groupes Ghost ou Slipknot. Ils n’ont que deux EPs et trois albums à leur actif en comptant Take Me Back To Eden. Ils jouent une pop djent à chant clair et growl avec beaucoup de piano, bref tout ce qui me plait.  Du coup, je ne comprends vraiment pas pour quelle raison je ne suis passé à côté de leur musique si longtemps.

Ne nous mentons pas, Sleep Token s’est éloigné de ses premiers amours pour quelque chose de nettement plus commercial aujourd’hui, pas désagréable loin de là, mais infiniment plus mainstream que One. Alors, plutôt que de parler de leur dernier album, je vais me contenter de vous présenter leurs deux premiers EPs, One et Two.

Le premier titre de One, ‘Thread The Needle’, nous entraîne dans un univers de contrastes saisissants. Une épure vocale accompagnée au piano débordée par un djent tabasseur et des guitares mandolines.

‘Fields Of Elation’ est de forme plus classique, un refrain paisible suivi d’un couplet plus chargé et d’un court instrumental qui relance le refrain.

Et le dernier titre chanté ‘When The Bough Breaks’ est un morceau qui va crescendo. Il débute comme une épure a capela, devient progressivement solaire pour s’achever sur des riffs épais de métal.

Quant aux trois instrumentaux, ils revisitent au piano et de très belle manière les trois pièces précédentes, une belle idée pour compléter cet EP assez court et en sortir progressivement.

Two ne dure que dix-huit minutes. Un EP trois titres qui s’éloigne déjà des inspirations du premier en donnant plus de place aux instruments. Il ressemble nettement plus au metal progressif que l’on entend un peu partout, même si le chant reste toujours ensorcelant.

On y décèle également avec ‘Jericho’, les premiers pas du groupe vers ce qui va devenir leur marque de fabrique, à savoir une pop R&B metal qui domine leur dernier album Take Me To Eden.

Si vous ne connaissez pas Sleep Token, allez écouter d’urgence leurs deux premiers EPs sur Bandcamp. Peut-être aurez-vous envie après ça d’aller plus loin avec eux.

Orbital

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Je suis enfin retourné dans l’unique librairie de ma petite ville et au milieu des rayons, un livre m’a immédiatement interpellé, Orbital de Samantha Harvey.

L’autrice n’a jamais voyagé dans l’espace, sinon en rêve et n’écrit pas de romans de science-fiction. Elle enseigne la création littéraire à l’université.

Orbital raconte la vie de six astronautes à bord de la station spatiale internationale, seize chapitres en forme d’orbites autour de la Terre où le lecteur découvre la vie dans l’ISS et où l’auteur imagine ce qui se passe dans la tête des astronautes.

Il s’agit d’un roman contemplatif, poétique et presque philosophique rythmé par trois événements qui vont perturber la routine des astronautes : le décès de la mère de Chie, la passagère japonaise, un typhon qui menace les Philippines et le retour sur la Lune des astronautes américains.

Une fiction dans un futur proche remplie d’incroyables descriptions de notre planète bleue, de réflexions sur l’humanité, de descriptions de la routine à bord de la station spatiale internationale.

Il n’y a pas besoin d’être passionné d’espace comme moi pour se faire happer par ce magnifique roman superbement écrit et traduit. Plus de deux-cent pages pour prendre de la hauteur avec notre monde et découvrir combien il est beau et fragile.

Tout seul dans le noir

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La neige est tombée sur le contreforts des Vosges. Le mercure a plongé dans les températures négatives. La fin des vacances approchent et tout le monde semble décidé à rester emmitouflé au coin du feu ce soir.

Sauf moi. Je suis tout seul avec moi-même dans le noir, assis sur une chaise pliante au milieu du vignoble à contempler la lune et Vénus qui se couchent sur les sommets enneigés. 

J’entends au loin les aboiements d’un chien inquiet qui se rapprochent. Ma frontale rouge qui balaie la nuit couleur d’encre doit l’intriguer autant que l’inquiéter. Il finit par arriver avec son maître, encore plus surpris de trouver un être humain vivant installé au milieu de nulle part. Le maître me lance un salut méfiant et le chien passe son chemin non sans avoir grogné une dernière fois. Cette fois je suis vraiment tout seul.

Et puis vient le silence troublé par le ronronnement discret de la caméra et quelques cris de rapaces nocturne. 

Le télescope est installé et pointe une nébuleuse de la constellation du taureau. Les chinois assistèrent à l’explosion de son étoile en 1054 et sa lumière illumina la voûte céleste pendant encore deux années. Aujourd’hui il reste de magnifiques draperies de gaz illuminées par les étoiles que mon télescope tente de saisir. 

Il fait très froid. Du givre se dépose sur le matériel et les valises de transport. Avec trois couches de vêtements, des semelles chauffantes, un bonnet et une capuche, des sous-gants et des mitaines, la température est presque supportable. 

Par contre la solitude est infinie. Une fois le matériel installé et réglé, une fois la calibration effectuée et la cible pointée, il ne reste plus qu’à surveiller que tout fonctionne bien sur les moniteurs. 

Une photo toutes les soixante secondes et ceci pendant au moins deux heures pour espérer obtenir quelques détails dans la nébuleuse. Sorti de pauses grignotage, soupe en thermos, banane et cake aux fruits confits, je pends des jumelles grand champ pour repérer le double amas de Persée, la galaxie d’Andromède, la nébuleuse d’Orion, Mars, Jupiter, Vénus et la Lune. 

Les minutes sont interminables avec personne à qui parler. Il y a bien mes amis astronomes qui échanges des messages sur WhatsApp. Ils observent les planètes depuis leur terrasse ou leur balcon et partagent de magnifiques images. En attendant je suis tout seul dans le noir. 

Soudain un bruit sourd et très proche me fait sursauter. Une porte claquée, un animal forçant un clôture, un psychopathe armé d’une batte de baseball ? Non, c’est ma tablette qui a glissé sur la valise à cause du givre. 

Seulement quatre vingt images. Il m’en faut au minimum cent vingt pour cumuler deux heures de photos.  Je suis en plein dans l’axe des décollages de l’aéroport Strasbourg-Entzheim et des avions ont déjà gâché deux images. Quand ce n’est pas Starlink qui pourrit le ciel, ce sont les Airbus A320. 

Je regarde le chronomètre égrener les soixante secondes de chaque cliché. Que le temps s’écoule lentement dans la nuit par moins cinq degrés. 

Le ciel n’est pas vraiment fabuleux. Certes il n’y a pas de nuage ce soir ce qui est assez rare dans notre région, mais je distingue à peine la Voie Lactée. J’aurais pu monter au Champ du Feu mais avec la couche de neige et une température ressentie proche de moins onze degrés, je ne m’en sentais clairement pas le courage. 

La photo sera certainement moins belle mais c’est la première fois que je photographie la nébuleuse du Crabe, alors ce sera déjà mieux que rien. 

Les mitaines à capuchons qui protègent mes mains glissées dans des sous-gants couvrent mal mes pouces gelés. Les parties amovibles se défont tout le temps, laissant les doigts à l’air. Mes jambes, malgré un pantalon de pluie, un jean et un collant, commencent à ressentir la morsure du givre. Mon nez est congestionné et je n’ai plus de soupe chaude. 

Cent images empilées. Encore vingt-cinq et je remballe le matériel. Cinq de plus pour compenser les inévitables rejets. Je me réchauffe tant bien que mal en marchant dans le noir tout en restant à proximité du matériel pour surveiller le guidage. 

Ces derniers temps j’ai eu de nombreux problèmes avec mon système. Je surveille également le niveau des batteries car avec le froid mordant, leur autonomie baisse à toute vitesse.

Les semelles chauffantes commencent à faiblir. Elles qui étaient annoncées pour huit heures de fonctionnement, n’iront pas au-delà de cinq, mais c’est déjà pas si mal. 

Je suis arrivé à 18h et que je compte lever le camp vers 23h. J’ai besoin de presque une heure pour monter le télescope, faire une bonne mise au point sur une étoile, réaliser l’alignement polaire, calibrer l’autoguidage et commencer à photographier l’objet. J’ai gâché une demi-heure de précieuses photographies suite à une erreur de réglage de la caméra. Cela m’apprendra à faire plus attention.

Cent-vingt-cinq clichés. Ça y est ! Maintenant je dois réaliser les images de calibration. Des Flats, c’est à dire des images blanches pour détecter les défauts optiques de mon système, les poussières et le vignettage, des Darks et des Bias c’est à dire des images noires pour retirer le bruit thermique aléatoire du capteur de la caméra même si celle-ci est refroidie à -20 degrés Celsius. Cela prend encore une demi-heure et il est temps de tout remballer en n’oubliant rien. 

La peau de la banane est durcie, les câbles ont perdu toute souplesse, les malettes sont blanche et la voiture est recouverte de givre. 

Lorsque je démarre le moteur et allume le chauffage, je sens mon corps revivre. J’allume la radio pour enfin entendre une voix humaine et je reprends la route vers Strasbourg, heureux de cette nuit en solitaire mais impatient de retrouver mon lit bien chaud.