ILHO – UNION

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Union, un album sorti en 2019, vient de s’offrir une cure de jouvence cette année avec une édition remaster comprenant également deux titres live.

Derrière le disque se cache un trio britannique qui était encore totalement inconnu à mes oreilles jusqu’à la découverte de Union. Ilho, ainsi se nomme le groupe, semble préférer jouer en live que de s’enfermer en studio pour composer  au vu de leur discographie minimaliste. Ils proposent une musique pop metal progressive électro un peu à la manière des australiens de Voyager.

Union est leur premier et unique album à ce jour, sept titres dont une piste d’un quart d’heure.

Dans l’incroyable diversité des albums étiquetés metal progressif sur Bandcamp, c’est la pochette aux couleurs aquarelles qui a attiré mon regard et l’écoute du premier morceau ‘Union’ m’a convaincu d’aller plus loin. Il faut dire que la voix du chanteur et claviériste Andy Robinson m’a tout de suite séduite, passant sans effort de la douceur au quasi scream.

Ilho n’invente pas la roue ni le fil à couper le beurre avec Union mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit de leur premier album. Une basse aux motifs parfois djent répond à des guitares lumineuses, des claviers électros, un chant clair agréable et une batterie nerveuse manifestement programmée.

Le groupe est avare en sections instrumentales sorti de quelques intros et finals. Le titre ‘Coalescence’ du haut de ses quinze minutes et quinze secondes fait exception avec deux longues digressions instrumentales aux claviers à la Blade Runner et à la rythmique très prenante. Certainement le sommet de cet album même si les autres morceaux sont loin d’être anecdotiques.

Les deux captations live enregistrées au ProgPower en février 2024 prouvent, si besoin était, que le groupe tient parfaitement la route en public. Deux morceaux de Union revisités en version longue pour l’occasion.

Union est un album d’une rare fraîcheur, une caractéristique des jeune pousses pas encore usées par le système et qui donnent souvent de fabuleuse prestation live. En attendant que Ilho reviennent avec un nouvel album, je vous recommande chaudement cette réédition.

Un groupe à suivre.

Dépression hivernale

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Alors que le capitaine Kirk faisait pipi sur la France, je quittais pour deux jours la douillette Alsace pour la Lorraine. Il pleuvait, le ciel était gris et j’étais tout seul. Je devais superviser des travaux coûteux et totalement inutiles à cent cinquante kilomètres de la maison. 

Après un lever matinal, deux heures de route, trois café serrés, un repas sur le pouce dans la cuisine du centre en regardant un jeu télévisé débile (c’est une tradition lorraine), une journée dans le bruit des perceuses à me battre au téléphone avec un commercial incapable, un agent comptable intransigeant et des ouvriers bien décidés à saboter le système d’alarme du bâtiment, je retrouvais épuisé l’hôtel amoureusement choisi par mon entreprise. Une chaîne de seconde zone dans une zone commerciale déserte à quelques kilomètres du travail.

Les centres commerciaux c’est sympa pour faire les courses et encore lorsque l’on aime le shopping, mais comme lieu de villégiature, c’est nettement moins sexy. 

C’est au milieu de la circulation dense, des gaz d’échappement, des entrepôts en tôle ondulée, des enseignes criardes, des passages piétons suicidaires, que j’ai fait ma promenade du soir, car mon kiné m’a demandé de marcher. 

Alors oui c’est le centre commercial où se trouve ma boutique photo préférée, mais je n’ai fait que passer devant la vitrine. Je savais que dans mon état de fatigue, de solitude et de déprime, je serai ressorti du magasin avec un gros caillou dont je n’ai pas forcément l’usage. 

A la place j’ai cherché un restaurant pour manger en tête à tête avec moi-même. Par chance il y avait du choix : Mc Donald, Burger King et KFC ! 

Après un menu Mc Degueu, j’ai rejoint mon nid douillet. 12 m2, une télévision, des draps blancs qui grattent et un voisin accroché son téléphone portable. J’avais un excellent roman à terminer mais impossible de me concentrer sur les pages en écoutant la vie de mon voisin. Alors j’ai allumé la TV. 

A la maison j’ai débranché le décodeur TV depuis des années, lassé des publicités et des programmes affligeants. BFM parlait de Kirk et de Milton, TF1 parlait de Milton et Kirk, Arte parlait du budget Barnier, Trump parlait de  l’intelligence de Macron, C+ était crypté, Paris Première revisitait la série NCIS, Gulli proposait Johnny English avec Rowan Atkinson. Parfait pour mes neurones.

J’ai fini par fermer les yeux avant la fin du navet et m’endormir une fois que mon voisin eut épuisé son forfait téléphonique ou ses cordes vocales.

A 6h30 le lendemain, je déjeunais seul devant BFM TV d’un café infect et d’un mini croissant mou avant de rejoindre sous la pluie le centre encore désert. La France avait été noyée sous cent litres d’eau pendant la nuit et le ciel gris égayait la Lorraine joyeuse.

Encore une longue journée à la perceuse à contrôler le chantier, recevoir un chauffagiste incompétent, découvrir les modalités de notre future assurance santé obligatoire, gérer l’alarme défaillante, la distribution des clés aux agents, les relances de factures et les rendez-vous avec des fournisseurs. 

A 17h je réceptionnais les travaux, un cadre de fenêtre neuf à remplacer, un oscillo battant mal réglé, une porte d’entrée sans poignée extérieure et quelques broutilles cosmétiques avant de repartir vers l’Est sous les averses pour retrouver vers 19h30 mon home sweet home et ma douce épouse.

En deux journées grises et pluvieuses j’avais accumulé 24 heures de travail, il était temps de me reposer. Alors le lendemain soir, je suis monté au Champ du Feu pour observer la comète C/2023 A3. Mais si en plaine le ciel était clair, en montagne nous pataugions dans la brouillasse. Décidément j’avais pris un abonnement pour la grisaille.

Ticket to the Moon au Z7

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Je suis en contact avec Guillaume du groupe Ticket to the Moon depuis leurs débuts. Lorsqu’ils jouent dans le coin, Guillaume ne manque pas de m’inviter en échange de quelques photographies. 

Ils ouvraient le dimanche 20 octobre pour la seconde fois pour le groupe Lazuli dans la salle de Z7 près de Bâle en Suisse, à une heure et demi de route de la maison. Et cela tombait bien, j’étais en vacances. Alors malgré un dos en compote de pommes et d’autres misères de vieillard plus ou moins inquiétantes, j’ai préparé mon sac photo et suis parti chez les helvètes.

Arrivé sur place vers 18h – le concert démarrait à 19h – je tombais sur Claude, Romain et Vincent du groupe Lazuli qui trainaient près de leur camionnette de tournée et sur Guillaume dans la salle du Z7. Grace à lui j’avais en poche mon précieux sésame photographique pour la soirée.

Dans la salle il n’y avait pas la foule des grands soirs, il faut dire qu’avec un billet à près de cinquante euros sans parler du parking à dix, il y avait de quoi refroidir quelques ardeurs (je précise, ce billet de blog est sponsorisé, j’ai été invité ce qui ne m’a pas empêché de débourser quinze euros, le prix du parking et une participation lorsque l’on est invité). J’ai estimé la jauge à environ un quart de la capacité de la salle.

Sur place j’ai retrouvé mon ami Jean-Blaise qui est presque de tous les concerts suisses ainsi que deux autres photographes venus couvrir l’évènement avec qui nous avons pu parler comète.

A 19h, heure suisse, le trio de Ticket to de Moon montait sur scène jouer leur dernier album et même nous livrer un titre inédit qui figurera sur leur prochain EP. Pour l’occasion ils captaient leur concert avec plusieurs caméras. Il est donc possible que prochainement nous ayons les images et le son de cette soirée. 

Ticket to the Moon c’est toujours bon. Un jeu au clic faute de claviériste mais les gars savent y faire (ils répètent ensemble toutes les semaines). Leur set est énergique et dynamique, il faut dire qu’à trois sur scène ils ont de la place pour bouger d’autant que le batteur reste sur son tabouret. Ils nous jouent un titre acoustique tiré d’un album plus ancien, c’est à ce moment que j’aurais l’idée d’utiliser les miroirs de la salle pour photographier la scène comme dans un cadre. Parce qu’il faut bien l’avouer, avec un dos en bouillie, les acrobaties habituelles de la photo de concert me sont déconseillées. Ouille !

Les photos de Ticket to the Moon sont ici.

Après une rapide mise en place Lazuli se lance à son tour. Bon, on ne va pas se mentir, ils semblent fatigués et peut-être déçus de jouer devant un si petite audience. Les personnes qui ne les avaient jamais vu en live sont tout de suite conquises car le groupe est solaire. Ils nous jouent, dans une épaisse fumée (non ce n’est pas un nouveau titre, c’est moi qui râle car je galère avec les appareils) des titres du dernier album, de Dieter et d’autres. J’entends même un morceau dont je n’ai pas souvenir. Vieillerie ou nouveauté ? Impossible à dire d’autant que Domi parle en Allemand, langue incompréhensible à mes oreilles comme à celle des allemands présents dans la salle… Ils finissent après un premier rappel par la marimba à neuf mains, un classique que je n’avais pas entendu depuis longtemps.

Même si c’était très bien, je ne suis pas forcément rentré dans le concert. La faute aux photos, au dos, à la fatigue et l’humeur du jour sans doute. Ce n’est pas de leur faute, c’est de la mienne. J’ai plus apprécié le concert de musique classique américaine de vendredi soir. L’âge peut-être…

Les photos de Lazuli sont ici.

Bref. Je suis reparti quand même heureux, plein de musique dans la tête, quelques images dans les appareils photos et avec le souvenir des rencontres toujours agréables. Merci à Guillaume, Ticket to the Moon, Lazuli et le Z7. Cette salle reste définitivement celle que je préfère dans la région. Dommage qu’elle soit si loin, j’y établirai bien mes quartiers.

Mother of Millions – Magna Mater

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Je connais le groupe grec Mother of Millions depuis l’album Sigma en 2017. Et si vous vous souvenez bien, leur précédent EP Orbit sorti il y a deux ans m’avait fait forte impression.

Ils reviennent ce mois-ci avec Magna Mater, un album neuf titres d’un peu moins de quarante cinq minutes.

Clairement ce n’est pas la pochette de cette reine brune déguisée de rideaux pastels qui m’a vendue l’album. Il y a peut-être un message caché dans l’image, dans ce cas je ne l’ai clairement pas compris. Je ne vois pas Cybèle la mère des dieux dans ce déguisement ridicule.

Par contre la musique est des plus réussie. Ici le djent côtoie le symphonique, l’électro, le cinématique et plusieurs voix dont une féminine se rencontrent sur les morceaux.

Le groupe considère à raison qu’il s’agit de son album le plus intense mais aussi le plus pêchu de leur carrière. C’est vrai que l’on s’éloigne du post rock pour aborder des rivages post metal progressifs plus intenses.

Magna Mater donne le ton dès les premiers titres ‘Inside’, ‘Feral’ et ‘Magna Mater’ qui lancent des charges lourdes mais n’oublie pas également de faire vibrer notre corde sensible avec du chant débordant d’émotion et des passages épurés au piano comme dans ‘Space’. ‘Magna Mater ‘ ose même le growl, chose pour le moins inhabituelle chez Mother of Millions.

La musique de ce nouvel album n’est pas sans rappeler Leprous comme dans ‘Liminal’ même si la performance vocale n’est pas forcément du même niveau. D’ailleurs, en parlant de chant, il y a celui de ‘Celestial’ qui me chagrine un peu. Il semblerait que le lead ne soit pas tout à fait au diapason de la trentième seconde à la fin de la première minute.

‘Irae’ qui est au passage le titre le plus long de l’album avec un peu plus de six minutes, donne dans le post-metal cinématique symphonique grandiose. Après quatre minutes vocales lentes et solennelles portées par quelques claviers, guitares et percussions, le morceau gagne en puissance pour culminer dans les dernières secondes.

‘Space’ qui conclue l’album est quasiment son négatif. Une partition piano et guitares toute simple agrémentée d’une petite ritournelle pour enfants en guise de refrain. Un titre qui contraste beaucoup avec le reste de l’album nettement plus pêchu et qui permet de sortir en douceur de la musique.

Si Magna Mater n’est pas follement original, il se rapproche trop de Leprous ou de Earthside pour cela, c’est un magnifique album qui prouve la fabuleuse progression musicale du groupe depuis leurs débuts.

Il s’agit de leur plus bel album à ce jour même si le groupe a peut-être perdu un peu de son identité originelle au passage en devenant plus mainstream. Ne passez pas à côté, d’autant que vous pouvez le découvrir sur Bandcamp par exemple.

Je taille des shorts

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Non non, rassurez-vous, je ne vais pas vous raconter comment je mets en boite mes collègues, encore que cela pourrait être drôle.

Je vais juste vous parler du nouveau format de vidéos que je publie sur YouTube en complément des chroniques hebdomadaires. On appelle cela des shorts comme court mais je suis certain que vous connaissez déjà le format.

L’objectif premier est de toucher plus de personnes. Ensuite il s’agit un média qui va me permettre de parler brièvement des trucs que j’écoute et surtout je trouve ça amusant.

Je n’ai pas l’intention de faire quelque chose de sophistiqué. Je me filme avec l’iPhone sur un fond sonore en mode vlog. Pas de montage, pas d’éclairage, pas de script, un truc filmé à l’arrache à l’endroit où je me trouve quand une idée me passe par la tête ou que je tombe sur un album sympa.

Je ne dis pas que c’est capté du premier coup, car il me faut toujours plein de prises parce que je suis toujours aussi doué devant une caméra et un micro. Et puis c’est pas évident de tenir un iPhone et de cadrer en même temps que s’enregistrer. Bref vous ne voulez pas savoir de combien de prises j’ai besoin pour obtenir 15 malheureuses secondes de vidéo minable. Mais on s’en fou. C’est drôle.

Ces shorts me permettront d’annoncer la prochaine chronique du lundi, de vous présenter un groupe ou un album et de m’exposer encore plus sur Internet. J’espère que vous aimerez le format. On se retrouve sur YouTube très bientôt. Bisous !

Le petit setup d’astro photographie

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Aujourd’hui, après de nombreux tâtonnements, j’ai stabilisé mon setup d’astronomie. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une solution idéale mais c’est un bon compromis entre poids, budget et performance.

Il s’agit d’un setup qui ne sert qu’à la photographie astronomique du ciel profond c’est à dire les nébuleuses, les galaxies et les amas d’étoiles. Ne disposant pas de lieu d’observation fixe, un de mes critères de choix a été la transportabilité du matériel et sa mise en station rapide.

Parlons de la monture tout d’abord. Une monture équatoriale est l’équipement qui supporte l’instrument optique et qui permet de l’orienter vers un objet comme de compenser la rotation de la Terre. Pour l’astro photographie il doit être motorisé et d’une grande précision pour pouvoir réaliser des pauses longues. Car les étoiles donnent l’impression de tourner dans le ciel, comme le soleil. L’équipement en question est lourd, capable de porter plusieurs kilogrammes de matériel. 

J’ai opté pour la monture ZWO AM5 qui ne pèse que 5.5 kg et se transporte dans une petite valise. Une monture harmonique capable de supporter 13 kg d’équipement, soit un peu plus de 8 pour l’astro photo (il faut toujours appliquer la règle des 2/3 par rapport aux spécifications constructeur, c’est comme pour l’autonomie des voitures électriques). Par comparaison j’ai également une monture AVX qui pèse 21 kg sans le contrepoids (5 kg) et le trepied (8 kg) et qui possède la même capacité de charge.

Pourquoi avoir choisi une monture possédant une telle capacité de charge ? Car j’utilise également un télescope Celestron 8 parfait pour le planétaire que je peux monter dessus et qui lui pèse 6 kg sans les accessoires. Autant pouvoir utiliser la monture pour plusieurs usages.

Le principal défaut de l’AM5 est son prix dissuasif : un peu plus de 2500 euros. 

Pour poser la monture sur le sol, il faut un trépied stable. Et ceux-ci sont également assez lourds à moins d’en choisir fabriquée avec des matériaux composites comme la fibre de carbone.

Avec la monture ZWO j’ai pris naturellement le trépied en fibre de carbone ZWO TC40 qui ne pèse que 2.3 kg mais qui coute la bagatelle de 375 euros. La légèreté a un prix.

Pour ce qui est des instruments, il en existe de multiples. Des lunettes et des télescopes avec des systèmes optiques très divers, fait pour l’observation planétaire, pour le ciel profond et surtout pour toutes les bourses. Les télescopes Dobson ne sont pas cher mais encombrants et pas vraiment prévu pour la photographie, les Schmitt Cassegrain sont plus compacts mais peu lumineux, les lunettes sont relativement abordables mais pour la photographie il faut viser les optiques apochromatiques pour corriger les défauts des lentilles et c’est plus cher évidement.

Je voulais une lunette apochromatique de petite focale pour obtenir un grand champ et beaucoup de lumière. Le diamètre de la lentille détermine les détails que l’on pourra observer, la longueur du tube ou focale, le grossissement et le F/D la lumière reçue. La Skywatcher 72ED s’est imposée par son prix et ses qualités optiques acceptables. 420 mm de focale, 72 mm de diamètre, un F/D 5.8 et moins de 2 kg. Elle est vendue à moins de 400 euros.

Bien entendu j’ai ajouté un réducteur de focale 0.85x SkyWatcher 0420 pour arriver à un F/D 4.9 car en astronomie la lumière c’est la vie (plus la valeur est petite, plus c’est lumineux). Le petit accessoire se vend plus de 250 euros quand même.

Pour la photographie, après avoir utilisé un appareil photo vissé à l’arrière de l’instrument, je suis passé à la caméra. L’appareil photo filtre certaines fréquences comme l’infrarouge pour reproduire ce que perçoit nos yeux. Les caméras astro ne filtrent rien ce qui les rend beaucoup plus sensibles aux faibles luminosités. 

J’ai acheté une ZWO 533MC Pro. C’est à dire une caméra couleur avec un capteur carré d’environ 3000 pixels de coté. Le choix a été guidé par son prix et ses performances. 1000 euros tout de même ! Un prix assez élevé mais les caméras sont très cher.

Si une monture équatoriale sait compenser le mouvement de la terre, elle n’est pas parfaite. Et pour de longues expositions, il est nécessaire de suivre parfaitement le mouvement du ciel. Cela peut se faire grâce à une lunette couplée à une petite caméra qui avec l’aide d’un ordinateur va suivre le mouvement d’une étoile et donner des instructions à la monture pour corriger les petites erreurs.

Je fais le guidage à l’aide d’une seconde caméra monochrome. Une petite caméra ASI 120 mini couplée à une lunette guide 30/120. Un équipement indispensable pour réaliser des poses de plusieurs minutes avec la monture. Comptez 300 euros l’ensemble.

Pour gérer tout ce petit monde il faut un ordinateur. N’ayant pas de portable j’ai opté pour la facilité, un Asiair Plus, petit ordinateur qui permet de piloter la monture, gérer les caméras, le suivi, la mise en station, l’empilement des images et la visualisation via une tablette ou un smartphone. Un petit PC à presque 400 euros.

Il ne faut pas oublier la batterie, car tout ce matériel consomme du courant. J’ai opté pour un petit Bresser Power Tank 100 W à 150 euros. Son avantage, posséder une grande palette de connectique, 5V USB, 12V RCA, 220 V alternatif et surtout pas trop lourd.

Restent plein de petits accessoires indispensables comme un masque de Bahtinov pour réaliser la mise au point, un bandeau réchauffeur pour éviter la buée, une boite à flat pour réaliser des images de calibration, un range câbles pour éviter les catastrophes, une boussole et un niveau pour la mise en station de la monture, un contrepoids de 3kg et une tige de contrepoids car même si ZWO affirme qu’il n’y en a pas besoin, c’est plus prudent, des câbles pour relier tout les accessoires, plein de câbles en fait et une valise de transport, le tout pour environ 300 euros tout de même.

Et bien entendu une tablette, un iPad mini qui valait environ 500 euros lors de son achat.

Je pourrais encore m’équiper d’un EAF pour faire la mise au point automatiquement mais pour l’instant je n’en éprouve pas le besoin. Je pourrais également acquérir un instrument de meilleure facture, mais là encore je suis loin d’avoir exploité les possibilités de la lunette.

Si vous faites l’addition, vous verrez que ce ‘petit’ setup astro ma couté la bagatelle plus de six mille euros. C’est là que je me rends compte que l’astro photographie reste un loisir de riche.

Haven Of Presence – Memento Vivere

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Andreas Hack est un multi-instrumentiste allemand, un des membres fondateurs du groupe Frequency Drift avec la harpiste Nerissa Schwarz. Après un dernier album en 2018 intitulé Letters To Maro, qui est pour moi certainement leur chef d’œuvre absolu, chacun a suivi son propre chemin.

Nerissa Schwarz a continué à sortir des albums solo et Andreas a lancé deux projets : Feeling Of Presence et Haven Of Echoes. Ce dernier vient de sortir son second opus intitulé Memento Vivere cette année. Un album quatre titres qui tient sur un seul vinyle.

Haven Of Echoes est le projet d’Andreas et de Paul Sadler du groupe Spires avec Nerissa à la harpe et Wolfgang Ostermann à la batterie. Du rock progressif atmosphérique dont le premier disque The Indifférent Stars ne m’a pas marqué plus que cela.

D’après Andreas, Memento Vivere est son meilleur album à ce jour, c’est lui qui l’écrit, pas moi. A mon humble avis Letters to Maro le surpasse, mais ce n’est que mon avis. Ceci dit Memento Vivere mérite que l’on s’attarde dessus.

J’ai parlé de quatre morceaux au début, deux de huit minutes, un de quatorze et un de dix-sept qui ouvre l’album. Difficile de faire plus progressif.

La voix de Paul Sadler à la très large tessiture m’enthousiasme autant qu’elle m’agace. Par moment le chant est tout simplement magique et de temps en temps, ben elle me fatigue. Je suis tenté de dire que par moment Paul en fait tro principalement lorsqu’il part dans les hauteurs.

Les compositions sont par contre magnifiques. Andreas livre des passages de guitares à tomber par terre avec un dosage parfait de claviers et la harpe de Nerissa qui apporte une touche magique aux compositions. Cela rappelle inévitablement Frequency Drift et c’est sans doute pour cela que vous voudrez découvrir l’album.

Les passages les plus beaux sont pour moi également les plus sombres. Mon morceau préféré est le troisième ‘It Walk Among Us’ qui possède de nombreuses sections dramatiques comme je les aime et cerise sur le gâteau, Paul opte souvent pour un chant médium nettement moins théâtral. ‘Assimilation’ a également mes faveurs, surtout pour son final quasi scream qui possède une très grande force évocatrice.

Memento Vivere séduira probablement les nostalgiques du groupe Frequency Drift même s’il lui manque une chanteuse aussi charismatique que la fabuleuse Irini Alexia. Pour les autres, écoutez, vous apprécierez certainement les compositions de Andreas.

Il existe en CD, vinyle et digital et vous pouvez l’écouter et l’acheter sur Bandcamp.

Piqure de rappel

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Photo Philippe Garcelon.

On l’appelle souvent Gaia, mère Nature, âme de la Terre et de plein d’autres sobriquets charmants. C’est grâce à elle que nous vivons et prospérons, le plus souvent sur son dos en la bousillant gaiement.

Honnêtement je pense faire attention à notre planète, disons en comparaison d’autres spécimens de mon espèce. Je trie mes déchets, je roule peu, je ne prends pas l’avion, je mange peu de viande, je veille à consommer le moins d’énergie possible, bref je fais des efforts. 

Pourtant mère Nature ne me récompense pas. Déjà elle ne m’a pas gâté à la naissance avec un corps chétif et un cerveau lent mais en plus elle me punit de n’être qu’un homme.

Je suis parti à la montagne pour tenter de magnifier son oeuvre à l’aide d’un appareil photo. Très vite il m’est apparu que ce serait les champignons multicolores qui seraient mon sujet du jour. Il y en avait partout le long des chemins.

Le boitier presque posé au raz de la mousse, l’écran orienté à 45 degrés, j’ai cadré au plus près les eucaryotes au 200 mm, m’essayant à des compositions avec les branches et les brindilles. Pendant ce temps mon épouse courait devant.

Il faisait beau sans qu’il fasse trop chaud, une journée d’automne parfaite pour une promenade. Sauf qu’en me redressant après ce qui serait ma dernière photo de champignon, un insecte a volé dans mes cheveux et une très violente piqure a soudainement irradié toute ma tempe gauche. Une guêpe monstrueuse est passée devant mes yeux avant de revenir à l’attaque. Bon d’accord, c’était probablement un frelon vu la taille, mais je ne lui ai pas demandé son petit nom.

J’ai hurlé, vraiment, car comparé à une piqure de guêpe, celle-ci était infiniment plus violente. Une douleur rapidement irradiante de l’oreille jusqu’au sommet du crâne qui est restée très forte pendant plus d’une heure.

Tant bien que mal j’ai rattrapé mon épouse et elle a pu constater l’étendue rouge des dégâts. La douleur était atroce et la voiture était garée à plus d’une heure de marche de là. J’ai du me traîner, les jambes flageolantes, la tête dans le coton, faisant de nombreuses pauses pour récupérer jusqu’à enfin atteindre la voiture et m’écrouler sur le siège passager. Ma chérie pour une fois, n’a pas pu roupiller pendant que je conduisais, elle tenait le volant.

Plusieurs heures après, un antihistaminique et un ibuprofène plus tard, j’avais toujours très mal. A 20h30 j’étais sous la couette, encore choqué et le lendemain matin une petite douleur me titillait encore.

Mère Nature a sans doute voulu me faire passer un message. Prendre la voiture et fouler la végétation avec mes pieds indignes pour dénaturer de magnifiques champignons méritait un avertissement, une piqure de rappel. La salope !

Mais qu’est-ce que je fou ici ?

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Il est quatre heures du matin. Les seules lumières que je distingue sont celles de la Lune, de Mars et de Jupiter. Dehors le mercure peine à atteindre les six degrés. Je n’ai pas assez dormi. J’ai le dos en bouillie pour avoir crapahuté le long d’un ruisseau sous les averses la veille. 

Engoncé dans un anorak, un bonnet sur la tête, j’attends vautré sur le siège conducteur de la 2008 que les copains arrivent. La voiture est garée dans les Vosges, le long d’une petite route au milieu de la forêt. Quelques étoiles scintillent entre les branches. Le coffre est rempli de matériel d’astronomie mais le spot d’observation est à plus de trois cent mètres de là, derrière une barrière fermée. Va falloir trimbaler tout cela à la main, avec une chance sur deux de tomber sur des sangliers vindicatifs.

Mais qu’est que je fou ici ? Qui a eu l’idée de ce spot ? Qui a voulu sortir ce matin ? 

C/2023 A3 faisait sa première apparition à l’horizon de l’année, à 6h25, à peine une heure avant le lever du soleil et la météo semblait favorable. Alors à 2h45 j’ai bu un café fort avant de partir pour le Mont Saint-Michel. Non pas celui volé par les normands, celui qui domine Saint-Jean Saverne en Alsace, enfin à la frontière avec les pâtés lorrains.

Pourquoi si tôt ? Je voulais profiter du ciel d’hiver pour photographier aussi la nébuleuse à tête de cheval qui me fait rêver depuis l’enfance et qui est assez haute le matin. Sauf que les trois cent mètres dans le noir au milieu de la forêt avec les sangliers, trop peu pour moi, surtout qu’il faudra faire au moins deux aller retours. En plus je ne sais pas où se trouve le spot convoité. Lorsque je suis arrivé, je n’ai pas trouvé l’endroit.

Alors j’attends dans la voiture que Benoît, l’organisateur de cette randonnée ridicule arrive pour me montrer le chemin et tant qu’à faire m’aider à porter le matériel. Qui a eu l’idée de cette sortie déjà ? Moi…

Lorsque Benoît arrive enfin je me suis  presque assoupi dans la voiture glacée. Lui n’emporte qu’un Seestar et dispose d’une main de libre pour porter ma monture équatoriale. Moi je traine la mallette de fusil d’assaut qui contient la lunette. La montée est dure, surtout avec le dos en vrac et dix kilos de charge mais nous atteignons finalement le promontoire qui domine la plaine d’Alsace. 

Le ciel est pur. Un lune cendrée se noie au milieu des étoiles et des planètes. La constellation d’Orion est déjà bien haute dans le ciel et l’horizon Est parfaitement dégagé. Quoiqu’en pensent les grincheux, nous avons une petite chance de voir la comète. 

Pendant que nous mettons en place le matériel, Christophe nous rejoint. Je lui ai conseillé de venir léger à cause de la barrière fermée et des trois cents mètres de marche. Sa lunette et sa monture sont deux monstres magnifiques et très lourd. 

En plus cela fera des bras supplémentaires pour ramener mon matériel à la voiture. Oui je suis un malin comme Obélix dans Astérix en Corse avec Idéfix.

La comète n’est pas encore levée alors j’en profite pour voyager dans Orion et photographier une des plus célèbres nébuleuses obscures. 

Vers 6h, alors que la nuit recule, nous faisons les premières tentatives pour trouver la comète. Peine perdue, elle est encore trop basse. La brume commence à inonder la plaine et le spectacle est grandiose vu de haut de notre promontoire. 

A 6h20 Benoît est le premier à observer la comète C/2023 A3 avec son Seestar. Je manoeuvre illico ma lunette, abandonnant presque à regret IC434 (la fameuse nébuleuse tête de cheval) et tombe immédiatement sur la chevelure de l’astre éphémère. Première photo. Il y en aura plein d’autres. Christophe avec ses jumelles n’arrive pas à la trouver et moi même, alors que je sais où elle se situe, je n’arrive pas à tomber dessus. Elle ne doit pas être aussi lumineuse que prévue cette comète.

Le soleil se lève sur la Forêt Noire. Pas de rayon vert mais le spectacle est grandiose avec la plaine dans la brume et l’horizon doré. Nous faisons encore quelques photographies pour immortaliser cette aube magnifique et puis nous remballons le matériel. Les premiers promeneurs sont étonnés de nous voir trimbaler tout notre bazar vers les voitures. Faut-il leur avouer que nous sommes debout depuis plus de cinq heures pour observer une comète qui ne fera même pas une belle photo ?

Il est neuf heures lorsque j’arrive à la maison. Je suis fatigué mais heureux. Nous avons vu la comète !

Nightwish – Yesterwynde

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Nightwish

C’est la première fois que je vais parler d’un album de Nightwish dans les Chroniques en Images. Ceci dit, ce n’est pas le premier que j’écoute fin de là. Il faut dire que depuis que Floor Jansen tient le micro, le groupe est devenu nettement plus séduisant à mes oreilles.

C’est en butinant sur Bandcamp que j’ai appris la sortie de Yesterwynde et comme j’avais bien aimé Human II Nature comme l’album solo de Floor, j’ai commencé à l’écouter.

Yesterwynde

Yesterwinde ce sont douze pièces de choix dont un poids lourd de presque dix minutes pour plus d’une heure de metal électro folk symphonique cinématique.

Musique celtique, orientale, orchestrale, atmosphérique, cinématique, chœurs et metal se partagent ces soixante et onze minutes épiques et intimistes façon coiffure de Marie Antoinette avant qu’on la décapite.

Certains trouveront cela too much, surtout sur une telle durée, moi je trouve que c’est la bonne longueur.

L’album a été composé pendant la COVID-19, à distance, et d’après les dires de Floor, il est plein de good vibes si j’ai bien compris.

C’est surtout un album d’une immense richesse musicale qui ressemble parfois à la B.O. d’un film à grand spectacle et qui nous surprend avec des passages plus intimistes.

D’ailleurs tout commence par ce qui ressemble au bruit d’un projecteur de cinéma avant une ouverture qui mêle musique irlandaise, messe catholique et musique classique.

Malgré mon enthousiasme presque sans limite pour cet album, il y a un morceau qui me refroidit à chaque écoute : Il s’agit de ‘The Day Of…’ avec ses chœurs de jouvencelles à la limite du diapason qui font un peu tâche au milieu d’une production très soignée.

Dans les morceaux qui me font chavirer à chaque écoute, il y a le magnifique ‘Lanternlight’ au piano et violons chanté à deux voix. J’avoue que c’est du grand classique mais je trouve la partie piano particulièrement inspirée pour ce genre de musique.

Il y a aussi ‘Hiraeth’ également chanté à deux voix où Troy me fait penser à Leonard Cohen. Une pièce qui débute tout doucement et qui se poursuit à la manière d’un folk metal irlandais grandiloquent.

‘An Ocean Of Strange Islands’ résume assez bien l’album. Ouverture à la harpe, poutrage de metal symphonique, refrain solaire, break orchestral, chœurs à la Carmina Burana et long final instrumental au bagpipe. Neuf minutes et vingt-six secondes éblouissantes et puissantes pendant lesquelles je ne m’ennuie pas un instant.

‘Sway’ est également un titre délicieusement folk symphonique qui évoque des paysages enneigés, une parenthèse de douceur coincée entre des pièces disons plus mouvementées.

Yesterwynde ne va pas révolutionner la face du monde mais croyez moi, c’est un magnifique album que j’écoute en boucle, en musique de fond ou au casque selon mon humeur. Je vous le recommande chaudement et s’il ne sera pas l’album de l’année parce que vous savez déjà pourquoi, il mérite de figurer dans mon top ten.