Je ne vous cache pas que cela faisait trop longtemps que je peinais sur des livres médiocres. Il était temps que je renoue avec la littérature. Un Laurent Gaudé emprunté par mon épouse à la médiathèque trainait négligemment sur la table, me narguant alors que je m’ennuyais sur le dernier tome d’une trilogie de science-fiction. J’ai retiré le marque page du gros pavé de 1500 pages et me suis emparé de La Porte des Enfers. Ma femme ne protestant pas, j’ai commencé sa lecture. Le lendemain, je l’avais dévoré.
Tout commence par un fait divers à Naples en 1980. Un père conduisant son fils à l’école est pris dans un fusillade. Le petit Pippo âgé de six ans meurt et l’univers de ses parents s’effondre brutalement. La même année, un tremblement de terre ravage la ville et l’enfant revient parmi les vivants.
La Porte des Enfers est l’histoire d’un drame ordinaire, d’une vengeance et un conte fantastique à la manière de l’enfer de Dante. Un père traverse le Styx pour ramener à la vie son enfant fauché par une balle perdue.
C’est également l’histoire de Naples, la ville bruyante, crasseuse et tellement vivante qui se dresse au pied du Vésuve. C’est un roman que Laurent Gaudé a écrit pour ses proches disparus. Un livre raconté à deux époques, en 1980 lorsque le petit garçon trouva la mort et en 2002 lorsqu’il vengea son père. Un voyage en enfer, dans le monde des vivants et celui des morts.
Un incroyable roman que l’on dévore en quelques heures, un récit brutal et fort comme beaucoup des livres de Laurent Gaudé.
Un violoncelle sur la banquette arrière, une valise pour les slips, une monture équatoriale et une lunette dans le coffre, nous sommes partis vers le sud, dans les Alpes de Haute-Provence.
A 1277 mètres d’altitude et un peu moins d’habitants, au coeur de la vallée de la Blanche, non loin du lac de Serre-Ponçon, se dresse le village de Seyne les Alpes et sa citadelle Vauban.
C’est là, au-dessus des maisons, au milieu des pâturages, qu’a été construit le petit chalet de mes beaux parents. Une maison minuscule sur un terrain en pente avec une vue imprenable sur les montagnes.
A 22 heures dans ce paradis perdu, les lumières du lotissement s’éteignent, le silence envahit la montagne et les premières étoiles scintillent.
A 23h30 la Voie Lactée s’illumine tel un néon gigantesque, les étoiles du Cygne brillent au zénith et la constellation du Sagittaire frôle les sommets vers le sud.
C’est le plus beau ciel que je connaisse. Bleu azur le jour, noir constellé d’étoiles la nuit. Ici les yeux émerveillés découvrent les couleurs des étoiles et certaines nébuleuses sont visibles à l’oeil nu.
J’ai installé mon instrument dans l’ancien potager aujourd’hui à l’abandon. Aux dernières lueurs du jour j’ai pointé la monture vers le Nord et j’ai ajusté les trois pieds au niveau pour que le suivi des étoiles soit le plus parfait possible. Vers 22h30 j’ai aligné l’instrument sur l’étoile polaire afin de parfaire la mise en station et compenser la rotation de la terre. Les étoiles ne tourneront pas dans l’objectif.
La nuit astronomique débute vers 23h30. Les étoiles brillent de toute leur puissance thermonucléaire et la Voie Lactée déroule son voile du Nord au Sud.
C’est l’heure où la lunette de 72 pointe une nébuleuse ou bien une galaxie. Les moteurs de la monture équatoriale ronronnent dans le silence surnaturel, les LEDs rouge et verte clignotent dans le noir et après quelques tâtonnements, l’objectif trouve sa cible et réalise une première photographie.
Malgré le soleil qui a brillé toute l’après midi, il fait frais sous la voute étoilée. Chaudement emmitouflé, je surveille l’électronique en plein travail. Le suivi est correct, l’empilement se passe bien, aucun nuage ne vient troubler les photographies mais de temps en temps le wifi de l’ordinateur est capricieux.
Image après image, toutes les trente secondes, l’objet dévoile un peu plus de détails et de couleurs sur l’écran de la tablette. Tout d’abord ce n’est qu’une ébauche floue au milieu de milliers de points brillants, puis des structures se dessinent, de nouveaux objets apparaissent et des couleurs, de plus en plus saturées peignent le ciel, bleu, jaune, rouge, orangé. La magie opère, la nébuleuse ou la galaxie ressemble peu à peu aux images des livres d’astronomie de mon enfance.
Au cours de cette semaine de vacances passée en montagne, trois nuits furent exceptionnelles, sans nuage, sans lumière et peu de vent, autant que depuis le début de l’année en Alsace.
Pour la première nuit j’ai pointé une galaxie facile à capturer, au zénith, au bout de la queue de la grande casserole. M 51, un classique que j’ai déjà photographié mais jamais sous de tels cieux. Au bout d’une heure j’avais déjà plein de détails sur la spirale elle même et de nombreuses galaxies plus lointaines se sont petit à petit dévoilées dans le champ large de l’instrument.
Le second soir, malgré un ciel fabuleux, je ne me sentais pas la force d’une nuit blanche après un aller retour chez mes beaux parents. J’ai attendu que la nuit tombe pour montrer la Voie Lactée à mon épouse et prendre quelques photos pause longue du ciel, sans la lunette. C’est là que j’ai réalisé que les constellations du Sagittaire et du Scorpion étaient nettement plus hautes à l’horizon qu’en Alsace. Cela m’a donné le sujet de ma troisième nuit d’observation.
Pour la dernière nuit j’ai tenté M 20, la nébuleuse trifide que je n’ai jamais pu observer et encore moins photographier. Comme elle est relativement basse sur l’horizon, l’emplacement du potager ne faisait plus l’affaire. Alors je me suis installé sur la terrasse du chalet qui donne plein sud. Une fois le matériel installé, j’ai pu le laisser travailler, confortablement installé dans le canapé. Le large champ de la lunette de 72 mm me permettait d’englober plusieurs objets sur la photographie en même temps. Les nébuleuses M 8 et M 20, l’amas d’étoiles ouvert M 21 et plein d’objets NGC noyés dans le nuage de gaz de la Lagune. Une merveille !
Dès les premières images, les couleurs rouges et bleues de la trifide ont éclaboussé l’écran de la tablette. Je n’en croyais pas mes yeux. Les pastels de la nébuleuse de la Lagune se sont plus lentement dévoilées, la faute à mon appareil qui filtre le rayonnement infrarouge. Tout le monde n’a pas un James Web sous la main. Les milliers d’étoiles constituant notre galaxie tissaient un tapis scintillant autour des deux nuages de gaz colorés tel un diadème de l’espace. Tellement lumineux que j’ai dû baisser fortement la sensibilité de l’appareil pour ne pas bruler les images.
Je ne suis pas certain d’avoir bien réussi la mise au point et le suivi des étoiles fut chaotique faute de pouvoir réaliser un alignement sur l’étoile polaire. Si la photographie ne sera pas parfaite, elle reste une des plus magiques que j’ai réalisé.
C’est dans un article de Métal Zone que j’ai découvert le duo français MIRAR. Le billet parlait d’un premier EP conjuguant metal progressif, musique classique et djent. En plus il était disponible sur Bandcamp, alors je suis allé l’écouter.
Bon, honnêtement j’ai hésité à l’acheter après un premier survol. Déjà parce que 14,40 euros c’est cher pour un EP de trente minutes, ensuite, parce que la musique est pour le moins, comment dire, inconfortable.
Alors qu’est-ce qui m’a décidé ? Sans doute le plaisir de faire chier mes voisins, de sortir de ma zone de confort et de reproduire l’expérience du chat de Schrodinger, à savoir la survie d’un chat enfermé dans la même pièce que moi à écouter le groupe MIRAR.
Mare est un EP six titres qui s’inspirent de Jean-Sébastien Bach, de Rachmaninov et de Jean-Philippe Rameau, de la musique baroque, classique et romantique transformée en djent extrême par Marius et Léo.
A la première écoute, ‘Rachma’ est inconfortable et ‘Rose Bonbon’ limite insupportable. Après ces deux morceaux, le cerveau commence à mieux supporter la douleur et cela se passe presque bien jusqu’au moment ou ‘Cauchemar’ rentre en scène.
Piano classique, traits de guitares au vitriol, sons torturés, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mare est très original. Techniquement c’est assez bluffant, mélodiquement par contre, c’est l’enfer.
Génial ou insupportable ? Je n’ai pas encore vraiment tranché la question. Le moins que je puisse dire, c’est que c’est très déstabilisant.
‘Rachma’ qui ouvre l’EP s’inspire du concerto n°2 de Rachmaninov (disons que les premières secondes au piano y font penser) puis il déchire les éthers avec ces grincements de guitares, sa batterie bourrine et son djent tablasseur avant quelque secondes cinématiques pour exploser de plus belle.
Mais ce n’est rien en comparaison de ‘Rose Bonbon’ qui n’est que déferlement de batterie, de guitares écartelées, de musique contemporaine et de djent industriel avec quelques secondes de clavecin pour faire bonne figure.
‘Hestehov’ se veut nettement plus cinématique malgré ses accords de guitares dignes des violents FPS auxquels jouent nos enfants. Le morceau propose nettement plus de plages acceptables pour les oreilles humaines.
‘Franka’ s’inspire de deux pièces de Jean-Philippe Rameau, ‘Les Cyclopes’ et ‘Les Sauvage‘. Une base rythmique au clavecin vite submergée par le djent nous maltraite à nouveau avec toutefois un court break au milieu de la pièce. Quant à ‘Oslo’, il ressemble à un train à vapeur lancé à plein vitesse avec des étincelles qui jaillissent de la cheminée de la motrice.
‘Cauchemar’ me semble le titre le plus abouti de l’EP. Il nous parle avec délicatesse de l’insomnie. En plus des guitares effrayantes, des hurlements se glissent dans la composition. Et ce n’est pas parce qu’il y a du piano en seconde partie du morceau que vos rêves seront plus agréables. Une sorte de bande son de l’Exorciste longue de pas loin de neuf minutes, vivement recommandée comme berceuse pour endormir vos petits enfants.
Mais quel est le rapport avec le tableau deLe Caravage, Judith décapitant Holopherne qui fait office de pochette ? Aucune idée sortie de l’horreur de la chose.
Il faut bien reconnaître que cet EP entre ses emprunts au répertoire classique et son artwork que l’on doit à un grand maître du dix-septième siècle, est pour le moins perturbant.
Alors chef d’oeuvre ou mélange blasphématoire des genres ? A vous de voir. Au moins ça sort clairement des sentiers battus.
Malgré des années de photographie numérique, je n’avais jamais calibré mon écran. C’est vrai que à ne produire que des clichés en noir et blanc, l’exercice ne présentait pas beaucoup d’intérêt.
Cependant lorsque je publiais une photographie couleur, j’étais souvent déçu par son rendu en saturation lorsque l’image sortait du logiciel Lightroom. Mais bon, rien qui justifie l’achat d’une sonde de calibration d’écran.
Mais voilà, je viens de débuter une longue formation sur l’astro photo et dès la seconde leçon, le gars plaçait la calibration d’écran parmi les points les plus importants du traitement de l’image. Le formateur est bon, ses photographies sont magnifiques, ses conseils censés et pas partisans, donc je me suis doté d’une petite Spyder X pour calibrer mon gros 27 pouces rétina.
Je m’étais toujours imaginé qu’une sonde de calibration d’écran était hors de prix mais en réalité on en trouve à partir d’une certaine d’euros. L’opération prend moins d’une minute et à la sortie du processus le résultat est immédiatement palpable. Les couleurs entre dans une nouvelle dimension.
Bon ceci dit, ce n’est pas parce que j’ai une sonde de calibration que les astrophotos vont devenir meilleures tout de suite. Il faut d’abord que je fasse des photos et cette année je n’en ai réalisé que deux pour l’instant, il faut dire que cela prend plusieurs heures. Ensuite il faut que je maitrise un minimum le logiciel PixInsights que je viens d’installer sur le Mac et qui permet le traitement des images. Enfin il faut que je lise quelques bouquins comme Les secrets de l’Astrophoto écrit par Tierry Legault et que je visionne une trentaine d’heures de cours sur Youtube pour espérer m’améliorer. Au moins, je commence à maîtriser la partie acquisition avec la lunette, la monture et l’Asiair. C’est déjà ça. Y a plus qu’à attendre qu’il ne pleuve plus.
Voila pas mal de temps que l’on nous bassine avec les JO. Pour moi La Flamme c’est une série TV assez drôle et pas un gros briquet qui ne veut pas s’allumer.
N’ayant plus la télévision depuis longtemps, j’entends parler de l’événement national sur France-Inter lorsque je suis en voiture ou bien par mes collègues réquisitionnés pour l’occasion.
Une fois n’est pas coutume, j’aurais presque une pensée émue pour les parisiens qui voient le prix du billet de métro exploser, qui se font expulser de leurs logements et qui découvrent que certains quartiers seront ceinturés par les forces de l’ordre.
Comme en témoignèrent les éminents historiens Uderzo et Goscinny en leur temps, les JO à l’époque romaine étaient déjà entachés de tricheries et de dopage. Alors imaginez aujourd’hui… Petit progrès, les femmes et les handicapés sont autorisés à y participer depuis que De Coubertin n’a plus son mot à dire.
On ne va pas parler du bilan carbone de l’opération parce que bon voilà quoi, nous ne sommes plus à ça près entre la construction du village olympique, l’adaptation des transports parisiens, la réfection des stades, les voyages en avion des athlètes et des spectateurs, les mascottes débiles en plastique et tout ce que j’oublie certainement.
Le sport ne m’intéresse pas, sans doute parce que je ne peux pas en faire, je déteste la compétition, sans doute par peur de perdre et j’ai débranché mon décodeur TV depuis des siècles. Donc fatalement, je ne regarderai pas les JO dont j’ignore le calendrier.
Ce n’est pas du boycotte mais une totale indifférence. Faites vous plaisir si vous aimez ça mais par pitié, évitez de gueuler, de klaxonner, de vous saouler à la Kronembourg en commentant les contre performances des athlètes russes qui partiront bientôt sur le front ukrainien se faire massacrer, une médaille d’or autour du coup.
Century of the Self livre cinq morceaux pour un peu plus de trois quart d’heure de musique. Donc fatalement il y a des longs formats. ‘Dysphoria’ qui ouvre la galette et ‘Tear it Down’ qui le conclut.
Sans surprise Airbag fait du Airbag, encore que. Un prog gilmourien planant sur la voix plaintive de Asle Tostrup. Ce qui change un peu sur cet album c’est la basse hyper présente qui domine parfois la batterie.
La production du dernier opus de Airbag est une pure merveille ciselée. Certes, la partition n’est pas d’une grande densité instrumentale mais n’empêche, j’adore le son limpide de cette galette qui possède également des basses travaillées. C’est particulièrement flagrant sur le dernier titre qui joue les grands écarts.
Si Airbag a longtemps donné dans le gilmourish, Century of the Self, sans renier son passé, explore d’autres univers et le travail de Bjorn Riis sur les guitares comme les basses est tout simplement fabuleux.
Il faut également écouter comment Henrik Bergan Fossun habite la batterie par moment. Si des fois cela peut paraître minimaliste, écoutez bien le ‘Tear it Down’. Le monsieur nous donne une leçon de prog.
Les couplets de ‘Dysphoria’ possèdent un parfum psychédélique auquel se raccroche un refrain nettement plus à la sauce Airbag et un instrumental où la basse sonne de manière incroyable pour revenir au mood floydien vers la fin.
‘Tyrants and Kings’ possède la ligne vocale classique de Airbag et une écriture très linéaire sortie de l’envolée de guitares qui conduit au break final.
‘Awakening’ est le plus acoustique des cinq morceaux. Écrit à la manière d’une ballade bluesy, il aère agréablement l’album alors que ’Erase’ épouse une forme rythmée à la manière de Porcupine Tree. Une sorte d’électrochoc au fabuleux solo de guitare.
Et pour terminer, Airbag propose un quart d’heure de ‘Tear it Down’. Un morceau tout en progression où seul le riff du refrain me semble un peu facile en comparaison du reste.
Century of the Self est assez différent de A Day at the Beach, nettement plus épuré et moins floydien également, même si on y retrouve les ingrédients propres à Airbag.
Le virage pris par le groupe me plaît énormément et l’album rentre de ce pas dans mon top de l’année. Ca méritait bien une chronique plus longue et une édition vinyle, surtout avec une telle production. Mais vous pouvez quand même l’écouter sur Bandcamp.
Bonjour toi ! C’est quoi ton petit nom ? Parce que t’as beau ne pas m’aimer, tu t’inflige quand même chaque semaine mes vidéos pour cliquer sur le pouce vers le bas.
T’es abonné copaing ? Non parce que c’est important pour mon référencement. J’aimerai bien que tu fasses plus souvent des commentaires pour donner ton avis (c’est aussi très bon pour mon référencement). Parce que signaler que t’aime pas c’est un peu restrictif. Qu’est-ce tu n’aimes pas ? Moi, la musique, la vidéo, mon avis, tout ? Je ne demande qu’à m’améliorer et aimer ce que tu aimes comme ça on s’aimera.
Après, je te le dis gentiment, comme hater, tu es clairement un petit joueur. Il y a quelques années, un autre m’avait pourri sur Facebook et fait tomber l’audimat du webzine de 50% pendant quelques jours quand même. Toi c’est juste un j’aime pas même pas systématique. C’est assez décevant.
J’imagine ton profil. Tu es un prog head nostalgique des seventies qui ne jure que par Pink Floyd, Yes et Ange. Tu es encore en gilet jaune près des ronds points et tu crois toi aussi aux chemtrails mais tu as voté RN aux européennes. C’est pas grave, je suis certain que nous avons plein de points communs comme celui d’écouter de la musique. Tu fais de la photo aussi ou bien tu préfère construire des tour Eiffel en allumettes ? Je demande ça pour apprendre à te connaître.
Tu sais, on se dis tu hein ? Dieu est amour. Alors je t’aime quand même va ! Bisous !
Le 20 juillet 1969 pour la première fois, l’homme se posait sur la Lune. Depuis le cinquantenaire de cet exploit humain et technologique, les astronomes amateurs sont invités tous les ans de part le monde à sortir leurs instruments et à faire découvrir la Lune au grand public.
Greg organisait le samedi 15 juin pour l’occasion à la Maison Bleue à Strasbourg une exposition photo doublée d’une observation du soleil et de la Lune.
Comment ne pas y participer ? La Maison Bleue est une des salles de concert où j’ai pu écouter des groupes comme Klone ou Los Dissidendes del Sucio Motel.
Dans la salle étaient exposées des photographies sur le thème de l’absence alors que des musiciens répétaient sur scène. Et dans la cour, Greg étalait ses magnifiques clichés astro tout en présentant ses instruments.
J’avais amené un télescope Celestron 8 pour l’occasion et mon copain Michel tout plein d’instruments, dont une lunette Takahashi (la Rolls Royce des lunettes) et un autre Celestron. Enfin Arthur (le petit jeune du groupe) dont nous avons fait la connaissance ce soir là, avait ramené un Newton. Greg lui avait une lunette sur une monture AM5 équipée de caméras et d’un Asiair sans parler de sa batterie WIFI. Si si, ça existe les batteries WIFI.
Le ciel n’était pas franchement de la partie mais au moins il ne pleuvait pas. Dans les rares et timides éclaircies nous avons pu montrer le soleil et ses taches aux curieux venus ce soir là et un peu plus tard, alors qu’il faisait encore jour, la Lune, la star de l’évènement.
J’aime beaucoup montrer le ciel aux curieux même si pendant ce temps je ne fais pas d’observation. Les gens sont comme des enfants lorsque leurs yeux voient la surface de la Lune recouverte de cratères où lorsqu’ils découvrent que le soleil n’est pas qu’une grosse lampe à bronzer brillant dans le ciel.
On m’a demandé si on pouvait voir le drapeau américain planté sur la Lune en 1969 dans mon instrument. J’ai répondu que non, mais à la place j’ai mis mon plus puissant oculaire pour faire découvrir à cette personne les cratères en gros plan.
Une autre s’interrogeait sur la raison pour laquelle nous ne voyions jamais la face cachée de notre satellite, The Dark Side Of The Moon. Vous connaissez la réponse ? La Lune tourne sur elle-même en vingt-sept jours, durée pendant laquelle elle réalise une orbite complète autour de la Terre tant et si bien qu’elle présente toujours la même face pour un observateur situé sur notre planète.
Il y a eu les inévitables questions sur le grossissement des instruments. Je vous rappelle la formule une fois pour toutes : grossissement égale focale de l’instrument divisé par la focale de l’oculaire. Sur le C8 avec un oculaire de 14 mm, cela faisait 2000/14 à savoir un grossissement d’environ 140 fois. Bizarrement il y a eu beaucoup moins de questions sur l’ouverture des instruments. Pour rappel encore une fois l’ouverture est égale au diamètre de l’objectif divisé par la focale et plus c’est petit, plus c’est lumineux comme en photo, sauf qu’ici on se fou de la profondeur de champ et d bokeh, toutes les cibles sont au moins à des centaines de milliers de kilomètres pour les plus proches.
D’autres questions ont bien entendu concerné le prix du matériel installé ce soir là près de la Maison Bleue. La réponse est cher, voire très cher (le set up de Greg par exemple) sachant que l’on peut très bien débuter en astronomie avec une simple paire de jumelles. D’ailleurs Arthur avait ses yeux de hiboux, des mini jumelles grand angle très lumineuses, parfaites pour découvrir le ciel.
Malgré de nombreux nuages, un kebab peu relevé, une bonne vieille migraine tenace et pas beaucoup de public, ce fut une soirée sympa entre geeks amoureux du ciel.
Sirin est une créature slave maléfique, mi oiseau, mi femme. Telle une sirène, son chant envoûte les hommes jusqu’à leur faire perdre la mémoire. C’est également le second album solo de Marjana Semkina, la seconde moitié du duo iamthemoring.
L’artwork art nouveau dans le style pictural de Klimt représente Marjana en sirine rousse aux ailes repliées sur le corps.
L’album, lui, propose trois quart d’heure de musique vouée à la délicieuse voix de la chanteuse. Dix morceaux où apparaissent également Jim Gray de Caligula’s Horse et Mick Moss d’Antimatter. Y jouent également de nombreux musiciens invités venus de Agent Fresco, iamthemorning ou Knifeworld par exemple ainsi qu’un quatuor à cordes présent sur tous les titres.
J’ai eu le bonheur d’assister à la listening party de Sirin sur Bandcamp et de dialoguer un peu avec Marjana pendant près d’une heure. Une avant-première qui m’a convaincu de m’offrir l’album et sans doute le vinyle lorsqu’il sortira plus tard dans l’année.
Si vous ne connaissez pas Marjana, foncez écouter iamthemorning. Le duo formé d’un grand pianiste et d’une voix d’ange est tout simplement magnifique.
Ensuite, vous pourrez attaquer la carrière solo de la chanteuse russe. Les albums de Marjana ne possèdent pas forcément la même puissance évocatrice que ceux de iamthemorning mais certains titres sont de purs joyaux. Et c’est la cas encore une fois pour Sirin.
L’album se déguste avec bonheur et quelques morceaux sont tout simplement sublimes. D’autres fonctionnent un peu moins bien hélas, comme le duo avec Mick Moss, un chanteur que j’adore pourtant, tout le contraire du titre ‘Anything but Sleep’ avec Jim Gray. En fait, je trouve que les timbres de Mick et Marjana ne se marient pas très bien. Toutefois ‘Death and the Maiden’ se rattrape vers la fin avec une très belle section instrumentale.
‘We are the Ocean’ ne me semble pas un choix judicieux pour ouvrir Sirin même si le titre est magnifique. Mais si vous écoutez le sombre ‘Pygmalion’ ou bien ‘Swan Song’ et ‘This Silence, This Dreaming’, vous comprendrez que le travail de Marjana touche parfois au génie.
Ce n’est pas forcément un album qui s’impose à vous dès la première écoute. Certains titres vous touchent tout de suite, d’autres devront faire leur chemin.
Evidemment la voix magique de Marjana et la présence du quatuor à cordes contribuent beaucoup à mon plaisir mais attention, ils ont tendance à m’entraîner dans de délicieux songes avant la fin de l’album. Je vous recommande donc d’écouter Sirin bien fort pour profiter de toute sa dynamique.
Si Sirin ne figurera probablement pas sur le podium 2024, il n’en reste pas moins un disque indispensable.
Lorsque vous passez toutes vos soirées à photographier des accordéonistes, vous faites inévitablement des rencontres. Je vous passe les amis, les connaissances, les potes tenant les stands et les rares photographes couvrant les soirées. Je vais vous parler des autres, ces rencontres auxquelles je ne m’attendais pas.
Présents tous les soirs, quelque soit le temps, l’heure, la musique et le lieu, ils m’ont suivi et collé à la peau. Des nués de moustiques ont sucé mon sang et failli provoquer à plusieurs reprises des catastrophes lorsque d’un geste brusque je les chassais d’une main alors que je tenais le téléobjectif de l’autre.
Plus mignon, ce fut cette petite fille de trois ou quatre ans qui intriguée par l’appareil photo m’a couru après pour regarder les clichés sur l’écran dès que je shootais. Ce qui était amusant lors du premier concert assez statique sous la tente est devenu très compliqué dans la grande salle où les photographes doivent bouger très vite et prendre des positions acrobatiques pour réussir des images rock. Imaginez. Vous vous retrouvez avec un petit bout de chou accroché à vos baskets. En plus de surveiller le groupe qui bouge très vite sur scène il faut veiller à ne pas bousculer l’adorable petite curieuse collée contre vous.
Il y a eu également cette toute jeune accordéoniste à la mine boudeuse noyée dans un orchestre de pianos à bretelles et que je n’ai pas osé photographier. Quand je pontais mon objectif dans sa direction elle me jetait un regard noir en s’agrippant à son accordéon presque aussi grand qu’elle. En règle générale j’évite les photos d’enfants, les parents ne possède aucun humour dans ces cas là, même s’ils inondent Facebook de photos moches de leur progéniture.
Et puis il y a eu ce petit bonhomme observant un des musiciens du groupe Mes Souliers sont Rouges installer son matériel. Un instant leurs regards se sont croisés (oui j’ai manqué la photo de pas grand chose) et une complicité est née entre le guitariste et l’artiste en devenir.
Je suis également tombé sur un italien volubile qui m’a quasiment embrassé en me baraguinant un truc incompréhensible tout en me montrant mon teeshirt. J’ai compris après quelques secondes qu’il s’agissait d’un fan du groupe Messa dont je portais les couleurs ce soir là. Peut-être s’agissait-il d’un des musiciens des groupes présents ce soir là ou d’un technicien, toujours est-il qu’il a disparu après cette accolade enthousiaste et que je ne l’ai plus revu.
Dans le même genre j’ai croisé un ingénieur son arborant les couleurs du groupe Cult of Luna. On s’est tout de suite compris en grimaçant devant certains ensembles. Assurément un excellent ingé son, parce que lorsque que l’on écoute de la bonne musique… enfin bref.
L’avant dernier soir, j’ai été également interpellé par une des charmantes organisatrices du festival, la première personne à vraiment s’inquiéter de voir un photographe couvrir les concerts et à m’informer des modalités des soirées. Cela faisait juste huit jours que j’assistais à chaque concert.
Une dame a aussi lancé dans mon dos un « Si vous êtes là c’est que la musique va être épouvantable ! ». Je me suis retourné, et j’ai découvert ma voisine qui est également ma dentiste. Elle sait que j’écoute des groupes assez étranges (pour le français moyen) même si elle habite trop loin pour les entendre. Elle m’a tout fait avouer sous la torture avec sa fraise.
Il y avait aussi les habitués que l’on retrouvait chaque soir : un danseur allant nu pieds, une dame déguisée en petite fille, une aveugle qui participait à toutes les danses, un photographe avec chaque jour un nouveau tee shirt de metal, deux jumelles accordéonistes qui jouaient dans plusieurs ensembles, des gamins qui couraient partout, un danseur chauve n’osant jamais aller au centre de la piste, un alsaco étrange qui braillait tout ce qu’il pouvait dans la rue et puis des moustiques, plein des moustiques.