Avez-vous déjà caressé des pierres millénaires, agencées par l’homme, pour bâtir un temple, une maison ou une fortification ?
Un voyage dans le temps par le simple contact de la main sur le minéral poli par des siècles. Au milieux de ruines d’avant le début de notre calendrier, vous fermez les yeux et imaginez comment vivaient ces hommes, vos ancêtres, ce en quoi ils croyaient, ceux contre qui ils luttaient.
Murets de pierres circulaires avec des bancs pour s’asseoir autour du feu, tours aux couloirs sombres, temples aux entrées dérobées, escaliers cachés dans la paroi, fontaines secrètes au cœur d’un lieu de culte, statuettes de bronze scellées sur la roche avec du plomb, toits en écorce de chêne liège, vous êtes en Sardaigne 1500 ans avant notre ère, au temps des nuraghes.
Avez-vous déjà voyagé sans vous déplacer ? Six mille ans. Tombes mégalithiques côtoyant un nuraghe entouré de maisons romaines et d’une hutte de berger sarde. Des peuplades mégalithiques, -4000 ans, en passant par les tribus nuraghiques, -1500 ans, les romains, +100 ans, puis les Sardes, +1800 ans, plus de cinquante huit siècle de voyage temporel. Les pierres résonnent de la vie passée sur ces sites occupés par l’homme sur des millénaires.
J’ai toujours aimé explorer les sites archéologiques, des menhirs de Bretagne aux crop circles d’Ecosse en passant par le néolithique Corse. Et puis j’ai découvert la Sardaigne et sa civilisation nuraghique éphémère dont nous savons si peu. Six siècles pour construire tours, villages, temples au quatre coin de l’île et sur les sommets. A quoi servaient ces châteaux aux tours de plus de vingt mètres de haut, avec leurs couloirs, leurs escaliers, leur cour centrale, leurs salles fraîches derrière d’épais murs de pierre ? Fortifications, grenier, réfrigérateur, maison de chef, tour de guet ? Personne ne détient la réponse, sauf eux.
Contempler ces ruines millénaires au milieu des chênes liège sous le soleil brûlant de la Sardaigne, au sommet d’un relief accidentée, après une longue marche dans le maquis chargé de parfums enivrants, suffit à combler mon âme. Et après le temps de l’archéologie, vient celle de la baignade dans une calanque désertée par les bronzeurs luisants de crème solaire qui cuisaient sur le sable.