Uchroniques

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Une uchronie est récit fictif construit à partir d’un point de départ historique. Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que mes chroniques sont des formes d’uchronies.

Vous vous doutez bien que j’écoute beaucoup plus d’albums que je n’en chronique. Au début je résumais ces écoutes dans des Compressé qui n’ont pas eu beaucoup de succès. Alors j’ai arrêté.

Panem et circenses qu’il disait…

Je ne parle plus des albums moyens moins, des disques dont des confrères ont magnifiquement fait l’éloge, des EPs et des choses trop étranges pour intéresser un seul abonné YouTube. Il y a toutefois quelques rares entorses à cette charte de temps en temps.

Malgré cette sélection drastique, j’ai toujours un temps d’avance comme diraient certains collègues. Comprenez, j’ai plusieurs vidéos enregistrées prêtes à être mises en ligne et encore plus de scripts qui n’attendent qu’à être enregistrés. 

Pour tout vous dire, j’ai quatre vidéos en stock et six albums chroniqués à filmer. Du coup je pourrais publier à plus haute fréquence, genre deux fois par semaine. Mais je ne veux pas retomber dans le piège de la productivité du webzine Neoprog. Et puis il y a des semaines avec des baisses de forme où je suis trop à plat pour enregistrer une vidéo. J’aime bien avoir ce petit matelas de sécurité pour les vacances et les coups de pompe.

Le défaut, c’est qu’à partir du moment où la vidéo est enregistrée, elle devient une uchronie. Je m’explique : ce que j’y raconte se détache du flux temporel principal pour ne plus évoluer avec moi. Lorsque je mets en ligne la chronique, l’album que j’annonce prochainement acheter a déjà tourné en boucle pendant des heures sur ma platine, le concert prévu a été annulé, mon enthousiasme du moment est retombé, bref je suis parfois en total décalage avec ce que j’ai dit alors.

C’est pour cela que je n’annonce plus le prochain album, car plusieurs fois j’ai inversé la programmation à la dernière minute parce que le disque n’était pas arrivé à temps ou que, au contraire, je voulais rapidement faire la retape d’un nouveau coup de cœur.

Je pourrais y remédier en ré enregistrant la chronique mais voilà, je suis terriblement feignant. Il m’est arrivé de revoir le montage, de couper un passage, mais rien de plus. Je pourrais ne pas avoir de chronique en stock histoire de coller au plus près au flux temporel mais cela me stresserait trop et vous risqueriez d’être privé de votre YouTube du lundi. Donc vous devrez faire avec ces uchroniques. Certaines sautent aux yeux, d’autres sont plus subtiles.

Si vous vous ennuyez cette semaine, vous pouvez faire remonter dans les commentaires les plus flagrantes anomalies spatio-temporelles des Chroniques en Images. Ca me ferait quelques commentaires…

Hats Off Gentlemen It’s Adequate – The Confidence Trick

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Hats Off Gentlemen It’s Adequate fait partie des groupes découverts à l’époque du magazine Neoprog. 

Si je n’ai pas toujours été tendre avec Malcom Galloway et sa voix, il possède néanmoins d’indéniables qualités de pianiste et de compositeur. Et c’est justement une de ses compositions, un instrumental mi progressif, mi classique, qui m’a décidé à commander son sixième album.

Hats Off Gentlemen It’s Adequate surfe sur une vague néo-progressive symphonique avec quelques touches de musique classique, chanté, devrais-je dire parlé, avec une seule corde vocale. Un peu comme du The Tangent en moins fusion sorti du titre ‘Lava Lamprey’. 

The Confidence Trick décline treize morceaux de une à dix minutes en un peu plus d’une heure où se glissent plusieurs instrumentaux. 

Seuls trois artistes jouent sur cet album, Malcolm Gallaway, Mark Galand qui a participé également à la composition et Kathryn Thomas. Un trio mais de nombreux instruments, claviers, synthétiseurs, guitares, basse, stick Chapman, flûtes ainsi que deux voix, celles de Galloway et de Thomas. Et si la batterie est programmée, cela n’altère nullement la qualité des morceaux.

The Confidence Trick parle des erreurs de l’histoire que l’homme s’entête à les reproduire comme dans le long instrumental ‘Refuge’ où Malcolm évoque sa grand-mère pourchassée par les nazis. 

Malcolm chante sur quelques notes très resserrées dans les médiums avec un phrasé quasi parlé. C’est donc naturellement sur les titres instrumentaux que je trouve principalement mon bonheur.

Cela n’empêche pas quelques coups de cœur comme avec le magnifique ‘Another Plague’ à mi-chemin entre Pink Floyd et Fish, un de mes titres préférés de l’album. Mais c’est le symphonico progressif ‘Refuge’ à l’écriture très cinématique, qui flirte avec le contemporain dans sa partie centrale tourmentée et vers la fin que j’écoute et je réécoute sans me lasser. Le morceau fait songer à la musique du Voyage de Chihiro ainsi qu’à celle du jeu vidéo Le Docteur Layton.

J’aime également beaucoup ‘Silence Is A Statement’, ‘Cygnus’, ‘End Of Line’ et ‘Pretending To Breath’. Quant au titre album, il fait beaucoup penser à du Marillion dernière époque par ses guitares, la ligne vocale et la basse ronde. Par contre ‘Perky Pat’ aux claviers néo-électros et le ‘World War Terminus’ plus parlé que chanté ne m’ont guère emballé.

Si ‘Refuge’ tient le haut du panier, The Confidence Trick recèle d’autres pépites et se révèle un bel album dans son ensemble. Il est à découvrir sur Bandcamp.

Obiat – Indian Ocean

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Le stoner, c’est un peu du rock progressif graisseux joué avec une basse, une batterie et une guitare. Alors quand le stoner se pare de trois voix, de cuivres et de flûte, doit-on le reclasser dans le rock progressif ? Je n’en sais franchement rien.

Tout ce que je sais, c’est que l’album Indian Ocean du groupe OBIAT, du prog stoner psychédélique venu de Londres, m’a clairement tapé dans l’œil. 

On parle ici de quatre artistes, cinq invités et huit morceaux dont un titre de dix minutes pour une heure de musique. Voilà pour les chiffres.

Les compositions flirtent avec le shoegaze, le post-rock, le psychédélique, le doom et le rock progressif. Une musique riche en sonorités, relativement inclassable au final, qui fait du bien aux oreilles. 

Le terreau de base reste tout de même stoner et des pièces comme ‘Ulysses’, ‘‘Eyes and Soul’, ‘Ad Meliora’ ou ‘Sea Burial’ vous le rappelleront. 

La production un peu graisseuse également hélas. La mise au premier plan de la guitare parfois très sludge nuit à la lisibilité des autres instruments. Peut mieux faire donc.

Il ne vous aura sans doute pas échappé, si vous avez observé la pochette, écouté les paroles ou simplement lu les titres des morceaux, que l’album possède un rapport avec la mer et le voyage. 

De la Grèce avec ‘Ulysses’ on se déplace jusqu’au Japon dans ‘Lightness of Existence’, deux titres diamétralement opposés, séparés par l’Océan Indien, qui ouvrent et ferment ce disque.

La présence de chant féminin en la personne de Sofia DeVille, de trombone et de saxophone aux côtés du quatuor londonien dans le magnifique ‘Nothing Above’ est assurément une des raisons de la beauté de cet album atypique comme l’audacieux mélange des genres.

Le titre fleuve ‘Beware The North Star’ avec une basse très en avant, une guitare pour une fois lisible où s’invite des sonorités cuivrées et des percussions, suit les codes du post-rock, du progressif et du psychédélique sans faillir pendant dix minutes.

Plus étonnant encore est le titre final, ‘Lightness of Existence’. Un texte déclamé en japonais sur une musique de théâtre nô post-rock cinématique.

OBIAT compte parmi mes fabuleuses découvertes de l’année. Un groupe que je vais suivre de très près, à condition qu’ils sortent un prochain album avant ma mort. En effet Indian Ocean est leur second effort en treize ans. C’est peu.

Porcupine Tree – Closure/Continuation

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J’ai découvert Porcupine Tree avec l’album Lightbulb Sun il y a vingt-deux ans. J’ai immédiatement adopté leur univers musical novateur pour l’époque et j’ai poursuivi le voyage avec eux, d’alternatif expérimental en metal et même parfois progressif.

Ce qui ne devait être tout d’abord qu’une blague entre musiciens est devenu un groupe de référence pour de nombreuses formations contemporaines. Aujourd’hui les imitateurs de Porcupine Tree sont légions.

The Incident fut leur chant du cygne et pour moi un de leur meilleurs albums. Colin a rejoint O.r.k. et d’autres projets, Gavin est devenu le batteur officiel de The Pineapple Thief, Steven a poursuivi sa pop électro en solitaire et Richard a commis des trucs étranges et inaudibles.

Qui eut cru que Steven, Gavin et Richard se réuniraient à nouveau pour un album ? Treize ans plus tard, voici Closure/Continuation, un double vinyle sept titres et quarante-huit minutes.

Pas de doute, c’est bien du Porcupine Tree amputé d’un bassiste génial. Le son est au rendez-vous, la forme également, mais quid de l’âme de la bande à Wilson ?

Lors de la première écoute, je n’ai rien ressenti jusqu’à la face B du second vinyle, le dernier morceau ‘Chimera’s Wreck’. Non, j’exagère un peu, ‘Walk the Plank’ m’avait déjà tiré de ma torpeur juste avant. Bon, j’avoue, je faisais une sieste au casque.

Closure/Continuation donne l’impression que Porcupine Tree a recyclé du vieux matériel en virant la basse et en ajoutant des touches électroniques. Je n’entend pas ici ces grosses prises de risque que l’on trouvait sur leur précédents albums ni ces titres frisant le génie et qui ont construit la légende du groupe. C’est le son de Porcupine Tree, parfaitement maîtrisé, mais rien qui ne me fasse grimper au rideau.

L’ouverture basse/guitare/batterie de ‘Harridan’ annonce la couleur. Porcupine Tree est de retour et Porcupine Tree c’est eux. D’emblée, on reconnaît la patte des trois mousquetaires, un peu trop peut-être, comme s’ils craignaient de nous surprendre. La prod est super léchée et les sections instrumentales nombreuses sur les quatre morceaux qui dépassent les sept minutes. Il y a même un zeste expérimental dans l’avant dernier titre ‘Walk the Plank’ et quelques idées nouvelles dans ‘Chimera’s Wreck’.

Closure/Continuation s’écoute vraiment bien même s’il ne va pas changer la face du monde. Après plusieurs passages sur la platine, je trouve ‘Rats Return’ et ‘Dignity’ fort sympathiques même s’ils sont d’un grand classicisme Wilsonien.

Mike Portnoy a élu Closure/Continuation album de l’année. Le pauvre a dû bosser comme un fou et ne pas écouter grand chose depuis janvier ou alors il était tellement en manque de Porcupine Tree qu’il est complètement aveuglé. Pour ma part, je n’en attendais pas grand chose, du coup j’ai été quand même agréablement surpris.

This Winter Machine – Kites

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Il y a bien longtemps, j’avais découvert l’album The Man Who Never Was du groupe britannique This Winter Machine. Un premier effort néo-progressif d’assez belle facture qui m’avait enthousiasmé à l’époque. 

Si je me souviens bien, le groupe avait connu quelques déboires avec son label et aujourd’hui ce disque n’est pas disponible sur leur page Bandcamp, pas plus que le second album également épuisé A Tower Of Clocks. Il est cependant possible de découvrir The Man Who Never Was sur la page Bandcamp du label Progressive Gears. 

Bon, j’avoue, avec le recul, The Man Who Never Was sorti en 2017, ne me fait plus le même effet. Je le classerais dans les albums sympathiques, mais sans plus. Et c’est un peu la même chose pour leur troisième galette intitulée Kites. Toutefois j’étais curieux de voir comment avait évolué le groupe This Winter Machine en cinq années.

Kites développe dix morceaux en un peu plus de trois quarts d’heure. Des pièces de deux à sept minutes où se glissent quelques instrumentaux dont le premier titre ‘Le Jour d’Avant’, en français s’il vous plait, au piano, guitare et flûte.

On pourrait comparer This Winter Machine aux québécois de Mystery pour les morceaux les plus mélodiques comme ce ‘Pleasure & Purpose’, mais sans la délicieuse voix de Jean Pageau hélas. Celle de Al Winter, campée dans les médiums, est un peu plus basse et nasillarde. 

Le groupe joue de claviers nineties, de guitares progressives à souhait et d’une rythmique le plus souvent éloignée des carcans du neoprog sorti du bref instrumental tambour de machine à laver ‘Whirlpool’ et du ‘Kites’ très marillionesque.

Les influences de Pink Floyd et des polonais de Satellite sont palpables dans la seconde section instrumentale de ‘The Storm (Part 1)’ dominée par les claviers et les guitares électriques. 

La seule petite originalité de l’album se trouve dans la ballade folk acoustique ‘Sometimes’ ou un violon pointe le bout de son nez.

L’album reste assez tranquille, le plus souvent mélodique avec de plaisantes balades et quelques bruitages sorti des trois titres aux passages plus musclés que sont ‘The Storm’, ‘Whirlpool’ ou ‘Kites’.

Parmi mes pistes préférées il y a ‘Pleasure & Purpose’. Le titre est des plus classique avec du piano, des claviers et un solo de guitare mais lorsque Al Winter entame le refrain “Sometimes it seems like every second I forget a little more” j’ai des frissons le tout long de la colonne vertébrale. Comme quoi il me faut peu de chose pour grimper au rideau.

Kites n’est certainement pas l’album du siècle. Il ne saurait rivaliser avec un Misplaced Childhood, un Pure ou un Delusion Rain. Néanmoins, il se laisse écouter, rappelant que quelques groupes s’essayent encore au néo-prog avec bonheur. Alors si vous aimez le genre, ne vous privez pas de l’écouter, il est sur Bandcamp.

Teeshirt : Chris Luna

anubis – 230503

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J’avais reçu 230503 en même temps que plein d’autres promotions du label Bird Robe Records et découvert par la même occasion le groupe anubis. Je les suis fidèlement depuis et j’ai même eu la chance de les écouter en live lors de leur première tournée Européenne au festival Prog The Castle.

230503 trône fièrement dans ma discothèque et me voilà aujourd’hui avec la Deluxe Anniversary Edition, deux CDs comportant la réédition de 2020, la version originale ainsi que des captations live, un total de 38 titres que je possède déjà dans d’autres éditions.

Qui a dit collectionnite aiguë ? Bref…

Cette édition est parfaite pour voyager de Strasbourg jusqu’à Lyon en voiture sur autoroute. Vous n’aurez pas à changer de disque pendant le trajet. Avec des morceaux de 12 à 22 minutes déclinés pour certains en plusieurs versions, vous en prenez pour quatre bonnes heures de musique. Et si vous en réclamez plus, le groupe a publié une vidéo d’une demie heure racontant la genèse de l’album.

Tapez 230503 dans un moteur de recherche comme Quant, vous aurez des surprises. Vous trouverez un disque de frein, un radiateur de moteur, un madrier de sapin mais nulle mention du premier album d’anubis.

230503 est un concept album, certainement le plus expérimental de leur discographie, qui parle de la perte d’un proche. Une histoire inspirée par la noyade d’un ami de David et Robert.

Les 16 versions live donnent un éclairage tout particulier sur les titres studio comme le ‘The Deepest Wound’ punk funky enregistré à Sydney en mai 2010. 

Il y a également le titre ‘The Life not Taken’ en six parties, morceau fleuve de plus de vingt et une minutes issu des enregistrements de 230503 et non retenu pour la version finale. Un titre qui servira de matériel pour les morceaux ‘The Deepest Wound’, ‘Leaving Here Tonight’ et ‘Breaking Water’.

N’oublions pas le single ‘Technicolour  Afterlife’ ou le ‘Anonymity’ délirant du live de mai 2010 à Amandale.

230503 Deluxe Anniversary Edition est clairement un disque pour les fans du groupe anubis et de leur premier album ou pour les personnes qui aiment écouter des morceaux déclinés de plein de manières différentes. 

Ce n’est assurément pas ce qu’il faut acheter pour débuter avec anubis. Ecoutez plutôt Different Stories sorti en 2018 qui revisite leur discographie en beauté.

Teeshirt : Marillion

Accréditation

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En abandonnant Neoprog, j’ai renoncé aux petits avantages du métier, à savoir les soirées VIP avec les groupes, les filles et la coke dans des bains moussants de champagne. 

Ok, j’exagère un peu là, je veux dire le plaisir de rencontrer les artistes et d’être invité aux concerts.

Bon d’accord, quelques promoteurs m’ont invités, par amitié ou en souvenir du bon vieux temps, mais je n’ai pas eu l’occasion d’en profiter.

Alex Henry Foster

Par contre, lorsque j’ai appris qu’Alex Henry Foster serait au festival Rock Your Brain Fest à Sélestat avec King Buffalo, j’ai immédiatement pris ma place et peu après, voyant que les photos seraient interdites, j’ai osé demander un pass presse.

King Buffalo

L’organisation du festival m’a fait alors parvenir un questionnaire sur mon activité, mes médias et surtout mon audimat. Mes médias Flickr, le blog, YouTube, Facebook, Twitter, Instagram ok. Pour l’audimat, c’est là que ça fait mal, même très mal, comment se vendre avec dix à vingt vues par semaine ? Avec Neoprog c’était facile, une capture d’écran de Google Analytics et le tour était joué. Les chiffres parlaient d’eux même.

J’ai été honnête, j’ai rempli le formulaire avec les vrais scores du blog et de YouTube en me disant que je ne serai pas retenu. Tant pis pour les photos.

Surprise, dimanche, j’ai reçu la miraculeuse accréditation presse pour le 24 juillet. Soit la presse boude cet événement, soit j’ai un ange gardien quelque part. Toujours est-il que je suis très heureux. Je vais pouvoir à nouveau concilier mes deux passions, le rock et la photographie.

Cela fait très longtemps que je n’ai pas assisté à un festival. C’est un exercice très physique avec de nombreux concerts, la foule, la déshydratation, le poids du matériel, le niveau sonore et la fatigue. Il va falloir que je me ménage. Mais j’ai bien tenu le coup pendant les deux jours de compétition de tennis de table avec une crève en prime. Je devrais assurer s’il ne pleut pas des cordes. 

Cellar Darling

Ce qu’il y a de cool dans ce genres d’événements, outre rencontrer les groupes et labels présents – le pass presse est un sésame magique – c’est de découvrir de nouvelles têtes, des formations inconnues qui pourraient me convaincre en live d’aller plus loin avec elles comme The Sisters Of Mercy ou Cellar Darling que je ne connais pas vraiment.

The Sisters Of Mercy

Je ferai certainement un live report avec des photographies, peut-être même de la vidéo et je vous raconterai tout ça très bientôt. Mais si vous êtes dans le coin le 24 juillet, venez nombreux plutôt que de me lire, l’affiche vaut le déplacement.

Isaurian – Deep Sleep Metaphysics

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Je vous présente Isaurian, trois garçons, deux filles et plein de possibilités qui sortaient leur premier album Chains of Blue en 2020 et qui reviennent cette année avec six titres sous le nom Deep Sleep Metaphysics.

Je dois encore cette brillante découverte à KMäNRiffs qui relaye un nombre incalculable de sorties sur Twitter. Des explorations souvent musclées dans lesquelles se glissent parfois des choses acceptables pour mes oreilles délicates.

La pochette bleutée de l’EP n’a pas été étrangère à mon coup de cœur. Je suis très attaché aux visuels et celui-ci, réalisé par Jorge Rabelo, est particulièrement réussi. C’est un assemblage d’images, buste de prêtre, crâne, serpent, racines, papillons, fumée, qui sur un fond étoilé forment l’inquiétant personnage de la mort, présent dans le titre ‘Arida’.

Malgré un peu de growl et son étiquette doom, Isaurian se révèle très mélodique, en partie grâce au chant féminin.

Deep Sleep Metaphysics ne dure que trente-six minutes pour six morceaux dont un est décliné en deux versions, autant dire que cela s’écoute très vite.

‘Arida’, décliné à deux reprises, est très cinématique post-rock avec son enregistrement audio façon reportage TV alors que ‘For Hypnos’ donne dans le psychédélique doomesque. ‘The Dream To End All Dreams’ est un instrumental, lui aussi cinématique, qui colle parfaitement à la BO d’Interstellar avec ses trois notes de piano solitaires.

‘Autumn Eyes’ revient au doom psyché chant et growl. Mais le chant féminin semble avoir été enregistré d’étrange manière. Il est très atténué, comme s’il avait été capturé dans de mauvaises conditions techniques lors d’un live. 

L’EP se poursuit avec ‘Heart and Roads’, un nouveau morceau cinématique post-rock avec un peu de chant et s’achève avec un remix du premier titre ‘Arida’ signé Muriel Curi, une version plus longue de sept secondes.

Les titres cinématiques ‘Arida’ et ‘The Dreams To End All Dreams’ me font beaucoup penser au travail du compositeur Hans Zimmer à qui l’on doit la BO du film Interstellar, certainement une des raisons qui m’ont fait craquer pour cet EP d’Isaurian.

Le groupe me donne l’impression de se chercher encore, d’être en plein devenir, surtout lorsque l’on écoute leur premier album Chains of Blue enregistré dans l’urgence en six jours. Deep Sleep Metaphysics est prometteur. Alors attendons de voir ce qu’ils seront capable de nous proposer dans le futur.

Teeshirt : Vola

ESP-Project – anarchic curves

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Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je vais délaisser le metal qui poutre pour écouter du prog symphonique.

Alors pas du rétro prog, ni du canterbury ou du rock in opposition, mais du sympho mélodique qui s’écoute presque comme une musique d’ambiance.

Peter Cyle chante à la manière douce de Tim Bowness sur un rock progressif facile à écouter composé par Tony Lowe, guitariste, claviériste et producteur de ESP Project. Ils sont accompagnés de Pete Clark à la basse et de Dave Ethridge à la batterie.

Ce sixième album studio, anarchic curves, dure un peu moins d’une heure et huit morceaux allant de quatre à neuf minutes où se mêlent sympho, prog eighties et AOR soft. 

D’accord, le disque ne va pas changer la face du prog. Par contre, il propose une parenthèse musicale confortable et reposante. Certains jours, cela suffit amplement à mon bonheur. J’ai des plaisirs simples.

Lowe joue de claviers aux sonorités vintages quand Ethridge use d’une rythmique entre AOR et prog seventies appuyées par la basse de Clark. Sur cette musique parfois peu mélodique comme dans ‘Shoreless’, Coyle chante le plus souvent avec une délicatesse légèrement soporifique sur laquelle on se laisse facilement porter. 

Les paroles des chansons regorgent de références au prog seventies, au cinéma, à la peinture et la pop culture. On y parle de John Lennon, de Van der Graaf Generator, Genesis, yes, King Crimson, Klint et plein d’autres artistes. Un bel hommage à l’art en général.

Deux pièces se détachent du sirop progressif qui pourrait sembler poisseux à certains – pour ma part, j’aime bien leurs chamallows roses -. Il s’agit de ‘Cogs’ qui entre deux couplets sirupeux durcit un peu le ton et ‘Shoreless’ dont je vous ai parlé avant.

ESP Project possède les saveurs de Genesis et de Yes ainsi que la douceur d’un Tim Bowness. Un prog symphonique soyeux, reposant où les guitares restent en second plan derrières les claviers et la rythmique.

Depuis les début d’ESP, ESP Project fait de l’ESP, sans grande surprise, mais je trouve qu’ils le font de mieux en mieux. Leur précédent album phenomena m’avait bien plus et j’avoue que anarchic curves m’emballe encore plus. Alors allez y jeter une oreille, il est sur Bandcamp.

Teeshirt : RPWL

Le promo syndrome

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Maintenant je peux vous l’avouer, j’ai été touché par le syndrome promotionnel.

Il m’a fallu des mois pour m’en apercevoir, des mois sans aucun contact avec les artistes et les maisons de disques.

Vous avez peut-être déjà expérimenté cette sensation. Lors d’un concert, vous découvrez un groupe qui offre un bon show et emballé par la musique, vous repartez avec leur album. Sauf que le lendemain, en écoutant le disque, vous ne retrouvez plus la magie du concert et le CD finit par prendre rapidement la poussière sur une étagère.

A l’époque de Neoprog, nous recevions beaucoup de musique des labels, des promoteurs et des artistes, beaucoup trop même, de quoi être amplement blasé en fait.

Sauf que chaque nouvel album d’un groupe relativement connu (on parle de rock progressif donc tout est relatif) provoquait chez moi un enthousiasme de jeune chiot alors que je ne l’aurais pas forcément écouté sans cela. Peut-être était-ce dû au plaisir de recevoir avant tout le monde du mp3 de mauvaise qualité avec une pochette en 800×800 pixels, quelques photos de promotion et un PDF en anglais ventant les mérites de l’album.

Aujourd’hui, à tête reposée, sans la pression de publier trois chroniques par semaine, je réécoute certains de ces albums cinq étoiles et me demande ce que j’ai pu leur trouver de si exceptionnels. 

Bien entendu, il arrive que certains disques m’enthousiasment lors des premières écoutes et que je m’en lasse plus tard, mais les cas sont trop nombreux pour rentrer dans cette catégorie. Certaines sorties ont tout simplement été largement surévaluées. 

Quelles ont pu être les raisons de ces gonflages de notes ?

Tout d’abord il faut comprendre que c’est un mécanisme inconscient qui est à l’œuvre ici, enfin la plupart du temps. Je n’ai jamais été payé pour donner une bonne note, j’ai juste été parfois légèrement soudoyé…

Il y a d’abord le bonheur de recevoir l’album d’une grosse pointure en avance de phase et de l’écouter en égoïste alors que tous les fans fantasment dessus, ça joue c’est évident. Le disque est comme alors à un gros cadeau de Noël que l’on s’empresse de déballer avant de passer au paquet suivant. Un déballage parfois trop rapide qui ne laisse pas le temps de bien critiquer le produit.

Il y a aussi l’effet coup de foudre, lorsque le chroniqueur a l’occasion de réaliser une interview de l’artiste. Une rencontre avec un grand nom de la musique, un personnage qui vous transmet sa passion, son enthousiasme, sa folie et qui peut rendre extraordinaire un album, disons moyen.

N’oublions pas l’effet cocorico, car le français est naturellement chauvin. Lorsqu’un groupe local sort un disque audible, les critiques franchouillardes ont tendance à se gargariser même si la galette n’a qu’à peine les qualités d’un album britannique de seconde zone. La production hexagonale étant assez pauvre, un truc acceptable passe pour la huitième merveille du monde.

Il y a aussi la gentillesse qui fonctionne. C’est bête, mais lorsqu’un artiste vient à vous, poliment, humblement, vous offrant son CD auto produit pressé à mille exemplaires, moi j’avais tendance à vouloir lui faire plaisir, à lui donner une chance, quitte à surévaluer son travail.

Enfin il y a l’effet quantité. Lorsque que vous écoutez des heures durant des promos de projets solo enregistrés dans une cuisine avec un clavier MIDI et que soudain vous tombez sur un album enregistré par un groupe en studio par des musiciens professionnels, la différence de qualité flatte immédiatement les oreilles et booste immanquablement la note.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit. Il arrive que des groupes français auto produits sortent de pures merveilles, que des artistes interviewés aient accouché d’un chef d’œuvre et qu’un grand groupe sorte une très belle galette.

Tout ça pour dire que à Neoprog il m’est arrivé de sur noter certaines sorties mais également d’en sous estimer d’autres faute d’une écoute attentive. Aujourd’hui lorsque j’ai un coup de foudre ou quelques réticences, je laisse reposer l’album le temps nécessaire à une écoute plus sereine. Je ne plus suis pressé par aucun label pour pondre mon texte dans la semaine.