C’est grave docteur ?

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De quoi souffrez-vous donc ? D’une dépression, d’un cancer, d’épilepsie, de migraines, de névrose, d’ulcère, de bipolarité ? Vous souffrez forcément de quelque chose, un mal incurable, sinon ça n’est pas possible.

Pour ma part ce sont des migraines, une certaine bipolarité également doublée d’une hyper activité et donc des phases dépressives sans parler d’une hernie discale et d’une bosse au gros orteil. Vous voyez, je n’ai pas honte, je l’assume, mais vous ?

Pourquoi seriez-vous malade vous aussi, me direz-vous ? Bonne question. Ce sont les statistiques qui parlent d’elles-même, des mathématiques donc, et les nombres ne mentent jamais. Vous êtes forcément malade. C’est obligé.

Car voyez-vous, ils faut être malade pour aimer le rock progressif, soyons honnêtes pour une fois. Les amateurs de prog écoutent des albums interminables, des morceaux de plus de quinze minutes joués par souvent cinq ou six musiciens, des instruments improbables, des histoires épouvantables alors que le reste de la planète se trémousse sur des chansons d’amour aux rythmiques tribales en se dandinant le popotin.

Donc vous êtes malade, ou un malade, choisissez.

Mais la vrai question est celle-ci : qui du rock progressif ou de la maladie est arrivé le premier ? Est-ce les souffrances liées à la maladie qui poussent à écouter du rock progressif ou bien est-ce cette musique épouvantable qui crée des tumeurs au cerveau ?

Je penche pour la seconde hypothèse.

Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque j’écoutais AC/DC, je n’avais pas de migraines. Elles sont arrivées quand j’ai découvert Genesis. Et lorsque qu’une crise survient, un bon album de metal passé à fond au casque me soulage quelque peu.

CQFD. Le prog provoque des maladies terribles, d’ailleurs je suis entouré de cancéreux, dépressifs, migraineux, épileptiques, incontinents, diabétiques… Et d’ailleurs, si vous aviez besoin d’une preuve supplémentaire, tous les musiciens de rock progressif meurent les uns après les autres, une véritable hécatombe.

Le pire ce ne sont pas les fans mais les artistes. Pourquoi jouer du rock progressif lorsque l’on sait que la musique ne passera jamais à la radio et que si une émission en parle ce sera à une heure impossible sur une chaîne pour intellos comme Arte. Pourquoi composer un album pendant deux ans, se prendre la tête sur des rythmes syncopés, des textes incompréhensibles bourrés de références philosophiques (je ne parle pas de Dream Theater là), tout ça pour au final (dans le meilleur des cas) graver un millier de CDs que le groupe n’arrivera même pas à écouler ? Pourquoi tenter une tournée dans l’hexagone, dans des salles de deux-cent personnes remplies au quart et perdre de l’argent ?

Cela n’a pas de sens !

J’ai une hypothèse là dessus, tirée par les cheveux et conspirationiste bien entendu, mais une hypothèse quand même. Les musiciens de rock progressif sont payés par de grands laboratoires pour composer des albums qui provoqueront, en les écoutant, des maladies incurables à leur public.

C’est gagnant gagnant. Les musiciens sans talent peuvent composer n’importe quoi, même le pire, les grands laboratoires les payeront d’autant plus car la musique fera des ravages. Plus c’est compliqué, plus le cerveau réagira vivement, se révoltant contre cette agression sonore en développant des pathologies qui très rapidement (enfin des fois), mettrons un terme à cette torture musicale.

C’est pour cela que les gens sains d’esprit n’écoutent pas de rock progressif. Ils le savent. Et puis sincèrement, la guitare douze cordes, le thérémine, l’orgue Hammon, le mini Moog, le stick Chapman, la flûte traversière sont des instruments qui produisent des bruits épouvantables !

Reste une question et non des moindres. Pourquoi les gens écoutent-ils du rock progressif dans ce cas ?

Et là j’ai encore une hypothèse.

Les fans de prog sont des personnes lassées de la vie. Elles n’en peuvent plus du rap, du punk, de la disco, de la dance, du hip hop, de la variétoche aux autres immondices qui passent sur nos ondes. Ils savent sans doute que le rock progressif est dangereux, qu’il provoque de vives émotions, que le risque d’y succomber est immense et que l’addiction vient très vite. Mais voila, plutôt que de subir le triste bruit formaté sur les ondes, ils préfèrent se suicider aux harmonies magiques et aux textes mélancoliques.

Loto mots bile

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Onze ans, cent cinquante milles kilomètres, une portière défoncée, une direction tangente, un embrayage moribond, plus de freins, des pneus usés, un habitacle imprégné d’une odeur de moisissure, des sièges maculés de tâches, la voiture qui m’a accompagnée à nombre de festivals, concerts, qui a traversée de multiples fois la France, qui a vu grandir mes enfants, qui a accueilli sereinement leur vomi, les miettes de biscuits, le placoplatre et les déchets végétaux sur la banquette arrière, ma Logan, ma belle Logan premier modèle du nom, vient de nous quitter pour un monde meilleur.

L’automobile a toujours été la vitrine d’un certain statut social, détrônée pendant quelque temps par le modèle de smartphone. Posséder une voiture bas de gamme, moche, est souvent le signe d’un échec social patenté. Aujourd’hui, la mode écologique désigne la machine à quatre roues comme responsable de tous les maux de la terre, et certains commencent à considérer (à raison) les conducteurs de SUV comme de gros dégueulasses losers. Seul le véhicule électrique a le vent en poupe chez les bobos écolos qui n’ont rien compris au bilan carbone d’une voiture.

Je roule peu, quelques concerts, les courses et un voyage par an en France, mais il est vrai que depuis peu, je roulais encore moins, découragé par la fatigue programmée occasionnée par deux-cent kilomètres en char d’assaut après quelques heures de metal entre les oreilles. Ma chérie ne voulait pas se séparer de la poubelle, moi je n’en pouvais plus de la conduire. Des mois de lutte, de persuasion, de cajolerie et que des refus, jusqu’au jour où le garagiste nous à annoncé que notre tas de ferraille allait passer l’arme à gauche si nous ne changions pas la moitié des éléments le constituant.

Ça a été le déclic et j’ai enfin eu le feu vert pour prospecter. J’ai d’emblée visé de petites voitures économiques et peu polluantes. Une seule exigence, qu’elle soit équipée d’un régulateur de vitesse, parce que la Logan n’avait aucun équipement, même pas d’essuie glace arrière.

Une fois, le premier tri effectué, j’en traîné mon épouse chez les concessionnaires pour quelle fasse un choix, car dans ce genre d’achat, la femme décide toujours n’est-ce pas ?

Les prix l’ont horrifiée, oui c’est cher quatre roues et un moteur, très cher, même en refourguant notre carrosse rutilant. Je lui est montré ma sélection de modèles, Clio, C3, Sandero… Elle s’est assise dans tous les modèles et à chaque fois, venait la même remarque, « c’est petit, tout petit ». C’est vrai que la Logan est affreuse, bruyante et inconfortable, mais l’habitacle est des plus spacieux, sans doute grâce à l’absence de tout équipement encombrant le tableau de bord.

Puis j’ai vu mon épouse errer dans la concession et regarder de plus gros engins, ouvrir des portes et s’asseoir dans des habitacles suréquipés et dire :

– J’aime bien celle-là.

– Non sérieusement, tu as vu la petite étiquette ?

– Oui oui…

Après onze ans de tape cul, ma chérie découvrait enfin le confort, les options, le luxe et elle y prenait manifestement goût. Comme par miracle, les vendeurs sont devenus soudains prévenants, un café ? Vous voulez faire un essai ? Je peux vous faire une offre ?

– Oui, oui, oui !

La totomobile a été acheté, le troisième plus gros chèque de ma vie. Le bilan carbone de la famille va augmenter notablement mais je rechignerai moins à effectuer de longues distances pour aller à des concerts dans des coins paumés. La preuve, pour étrenner le carrosse, je viens de traverser deux fois la France dans sa grande longueur horizontale en soixante-douze heures pour aller faire un bisou à mon papounet.

Ma femme ne conduit plus, elle a peur de casser le joli joujou qu’elle a offert à son mari chéri. Et moi qui préférait pédaler que conduire, je me surprends au volant de la voiture, juste pour le plaisir. Je dois me faire violence pour la première fois de ma vie afin de rester un minimum écolo responsable. J’ai honte mais c’est si bon. Tiens, et si j’allais me promener ?

De concerts en hôtels

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Après le succès de Misplaced, Marillion se retrouvait sous pression. Le quatrième album studio du groupe se devait d’être à la hauteur du précédent. Mais voilà, le groupe ne cessait de tourner, Fish écrivait ses textes dans des chambres d’hôtel, sur les comptoirs de bars, dans le car de tourné, le label rêvait d’un single à la ‘Kayleigh’ pour faire toujours plus d’argent et des tensions dans Marillion devenaient palpables. 

Clutching at Straws se révèlera l’album de la fin d’une ère. Nous sommes loin de la fragilité de Misplaced, nous sommes noyés dans les cocktails, les salles de concerts, les groupies, les bars et les hôtels. Le groupe s’est offert les services d’une choriste pour l’occasion en studio ainsi qu’en tournée, un accessoire pour palier peut-être aux premières défaillances vocales de l’écossais ? La jeune fille se trémoussera sur scène, un peu en décalage avec l’image que nous renvoyait le groupe à l’époque. Ce sera mon premier concert de Marillion, le premier et dernier avec Fish également, le premier d’une longue série dont j’ai perdu le compte. J’étais un fan. 

Clutching at Straws rompt avec la tradition des artworks colorés des précédents vinyles, pochette noire, photographie retouchée d’un comptoir de bar. Comme la musique et les textes, tout possède un goût de sciure et d’alcool rance. 

Pourtant, sans nul doute, Clutching est un grand album, sombre, limite désespéré et c’est ce qui le rend beau. J’ai pris goût à ce mélange vodka café crème qui donna son nom au plus beau titre de l’album, ‘White Russian’. « Where do we go from here? », bonne question… 

Clutching sonne la fin d’une époque, le dernier album avec Fish et le dernier pressage vinyle du groupe avant bien des années (j’achèterai Season’s End en K7). S’identifier au Fish de cet album sera destructeur pour bien des personnes. L’artiste semble au fond du trou et ne se relèvera qu’avec son premier album solo Vigil in the Wilderness of mirrors.

Vieillir, c’est moche

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Savez-vous à quel moment devient-on vieux, à part le jour où vous n’arrivez plus à tenir un Nikon D810 avec un 200-500 sans sucrer les fraises ?

C’est lorsque vous ne comprenez plus rien à la technologie. 

D’abord il y a eu cette foutue pastille rouge Apple Id sur mon iPhone et son bouton Continuer qui est restée accrochée des semaines aux réglages quoi que je fasse, avant que je comprenne qu’il fallait lire le texte en dessous, que je me déconnecte de mon compte puis que je re-connecte. Avouez que c’est con.

Ensuite il y a eu mon abonnement Adobe, désactivé pour faute de moyen de paiement. Faute de moyen de paiement ? Je vérifie mon compte PayPal, je le réactive, mais non, alors suivant les conseils de Adobe, je renouvelle mon abonnement et là pouf l’ancien abonnement se réactive également et pif deux prélèvements de 11,99 € surgissent sur mon compte. Damned ! Alors paf j’en désactive un et ping un nouveau prélèvement de 11,99 €. Trois cotisations en un mois. Je n’ai rien compris, eux non plus mais Adobe m’a remboursé… gentils Adobe. 

Il y a eu aussi cet excellent album d’Altesia reçu en promotion et que j’ai voulu m’offrir en CD. Je vais sur Bandcamp, commande l’album, reviens en arrière suite à un doute (ai-je bien commandé la version CD ?), je valide ma commande une fois rassuré (tiens le prix a baissé) et me retrouve avoir commandé la version numérique… Rha !!! Alors j’appelle au secours Altesia et les gars trop gentils m’envoient le CD pour le prix du téléchargement, et là j’ai honte, honte d’abuser de la gentillesse des gens et de ne plus rien comprendre à Internet. 

Sans parler de ma 2008 toute neuve restée ouverte toute une nuit car je n’arrive pas à penser au petit bouton de fermeture centralisée lorsque je la gare. C’est vrai quoi, c’était si simple les clefs… Alors je me réveille la nuit en me demandant si j’ai bien fermé tout, la voiture, la maison, le WIFI, l’eau, le gaz, ma braguette.

Et puis, plus grave, il y a eu cette histoire de série télé, Fargo saison 3 avec Ewan McGregor, quatre DVDs, plein d’épisodes que j’ai dévoré avec bonheur. Par contre, au troisième DVD, j’ai vraiment été surpris par ces épisodes flashback avant de réaliser que j’avais visionné de DVD n°3 avant le n°2.

C’est vraiment moche de vieillir…

Ce post aurait pu être sponsorisé par Paypal, Adbobe, la MGM, Peugeot, Nikon, Altesia et Apple.

Une nouvelle interview

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Quelques heures avant son concert devant vingt-mille spectateurs, Steven Wilson, l’ancien leader de Porcupine Tree et aujourd’hui artiste solo adulé même des ménagères grace à son ‘Permanating’, m’a accordé une interview.

Et quelle interview ! Tout D’abord c’était mon anniversaire, donc un jour pas comme les autres, ensuite Steven et son manager, présent pour l’occasion, ont libéré deux heures de leur temps pour un petit webzine francophone, enfin Wilson avait décidé de me parler en français. J’ignorais qu’il maîtrisait si bien notre langue.

Quelle rencontre ! Un homme sympathique et simple, avec beaucoup d’humour, passionné de musique et qui a le trac avant de monter sur scène. Je lui ai conseillé l’Euphitose au passage, j’espère que ça lui aura fait du bien.

De quoi avons-nous parlé ? Je ne sais plus exactement, de tout et de rien sans doute, une conversation décontractée, comme entre amis. Je me souviens seulement qu’il m’a dit que si on organisait un petit festival avec le groupe Burns, il serait enchanté d’y participer. Donc je vais planifier ça, dès que je saurai quel est ce groupe Burns, Runs, Cruns ?

Mon frère est même venu voir le concert, à moins que ce ne soit pour fêter mes cinquante-quatre ans, je ne sais plus, dingue non ? Moi je suis resté dans la rue, derrière le grand rideau qui se refermait lentement alors que les premières notes du concert débutaient. Oui c’était un concert en plein air en centre ville et je n’avais pas de billet. Drôle d’anniversaire vous en conviendrez. Mon frangin aurait pu me filer son billet, vous ne trouvez pas, après tout c’était mon anniversaire non ? Gollum gollum !

Deux heures d’interview c’est environ quarante heures de retranscription. Un travail de titan ! Par chance pour moi, par malheur pour vous, je n’ai rien enregistré et je ne me souviens que de quelques brides de cette rencontre, donc vous ne lirez rien dans les colonnes du webzine. 

Après l’interview, quelques minutes de concert et un bisou à ma maman décédée depuis trois ans, j’ai pris le TGV Rennes-Strasbourg pour rentrer chez moi en pleines grèves de la SNCF (oui le concert se déroulait au centre ville de Rennes je crois, en plein hiver). Je me suis réveillé sous la couette, un dimanche matin, me souvenant que je devais écrire un article sur la disparition de Neil Peart, le batteur de Rush.

Bon c’est décidé, demain j’arrête la drogue.

Edimbourg

En 1990, je partis avec un ami de longue date pour un périple écossais. Notre objectif se situait à l’extrême nord des terres des MacLeod, un petit archipel d’îles nommées les Orcades. Après un passage mouvementé à Londres en pleine Pool Tax, nous rejoignîmes la ville d’Edimbourg en bus, franchissant le mur d’Adrien, quittant les anglais pour les kilts mangeurs de panse de brebis farcie.

Edimbourg, outre la beauté de la ville, se devait d’être un pèlerinage obligatoire pour mon camarade et moi même. S’il m’avait initié à Genesis, Peter Gabriel et Steve Hackett, je lui avait fait découvrir Marillion et le personnage de Fish l’avait fasciné. Misplaced Childhood était sorti en 1985 et Clutching At Straws en 1987. Les paroles du poète maudit William Dereck Dick hantaient nos esprits et marcher sur le Royal Mile, trainer dans les pubs et admirer the Heart Of Liothian était un devoir de fan.

Misplaced est considéré à raison comme le chef d’oeuvre du groupe Marillion période Fish. Les chiffres parlent d’eux même : 1er des charts anglais pendant 42 semaines, 3ème en Allemagne pendant 45 semaines, un succès commercial et artistiques. Les chroniques de cet album qui fait toujours référence aujourd’hui sont légion sur la toile et les avis sont quasiment unanimes. Il faut dire que Fish s’y met à nu comme jamais, avant d’entamer la longue descente aux enfers qui le conduira à Clutching puis à se faire virer du groupe qui accouchera dans la douleur d’un Season’s End en 1989 avec Steve Hogarth au chant.

Misplaced Childhood représente le sommet de la carrière du groupe Marillion, seulement après trois albums, la consécration médiatique et celle du public, des concerts partout dans le monde, et une maison de disque qui se met à rêver de tubes à répétition. Mais c’est surtout un album sur l’enfance, l’enfance perdue de Fish racontée avec les fabuleuses guitares de Rothery et les claviers de Kelly.

Après Edimbourg, son château, ses pubs, ses rues, sa colline et ses souvenirs, nous remontâmes vers le nord, Inverness, Thurso puis la traversée jusque Stromness où débutait notre périple dans les Orcades. Après l’enfance de Fish, nous explorions l’enfance de l’humanité au milieu des cairns, tumulus, villages de l’âge de fer et ses selkies.

Si vous allez à Edimbourg, emportez avec vous l’album Misplaced Childhood, marchez sur les pavés du Royal Mile, découvrez le coeur du Lothian, dégustez une bière à la mémoire de l’enfant que fut Fish en buvant les paroles de Kayleigh. Vous n’écouterez plus jamais l’album de la même manière ensuite.

Coup de foudre

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Le chroniqueur de rock est un gars blasé qui a tout écouté, tout éprouvé, tout rencontré. Il ingurgite des tonnes d’albums par semaine, lit des dictionnaires entiers de paroles, trie des centaines de pochettes. Il connaît toutes les arpèges, tous les accords, tous les ponts, touts les refrains, tous les tempos.

Il lui arrive cependant, de temps en temps, dès la première écoute, d’avoir le coup de foudre, de tomber amoureux et d’écrire la critique dithyrambique de l’année, le cinq étoiles, la copie au 20/20, la merveille du siècle.

Mais passé la première année de vie commune, ce mariage peut devenir routine voire désastre. Je vais vous parler de ces coups de cœur qui au fil des mois ont perdu de leurs charmes.

Commençons par le dernier Leprous, Malina. Il a été, comme bien souvent, chroniqué avec une promotion en mp3 et adulé dès la première écoute. Comme je fais souvent dans ce genre de cas, je l’ai immédiatement commandé en édition vinyle et lorsqu’il est arrivé, je n’ai pas retrouvé l’enthousiasme initial. Le master vinyle me semble plat, fade et même le CD manquait de dynamique. Je le reconnais volontiers, il s’agit de des considérations audiophiles, mais il y a certainement également un effet post coup de foudre qui est intervenu dans ce dés amour. Je suis toujours content de découvrir certains groupes avant tout le monde, bondissant comme un cabri, impatient d’en découdre, puis la fête passée l’enthousiasme retombe. Malina reste un très bon album, mais je l’ai sans doute sur-noté à sa sortie.

Je ne suis pas un fan de post-rock, pas plus que de flamenco, pourtant lorsque de Toundra et le chanteur Francisco Contreras ont écrit Para Quienes Aun Viven j’ai grimpé au rideau. J’ai d’ailleurs également le vinyle à la maison. Mais ici, la galette anthracite est à la hauteur de la promotion que nous avions reçue, même mieux en fait, pour le son, un peu comme tous les albums de Toundra qui acquièrent un « grain » en analogique. Même si je trouve l’album toujours très fort, je sais pourquoi je remets peu souvent le vinyle sur la platine. Ce qui m’avait principalement séduit à l’époque, c’était la surprise provoquée par la rencontre de ces deux univers musicaux presque antagonistes. Et bien entendu, à force d’écoutes, la surprise s’est émoussée, donc une partie du plaisir.

J’ai été longtemps un inconditionnel de Neal Morse et de The Neal Morse Band. Aujourd’hui un peu moins. Lorsqu’il a sorti le pavé The Similitude Of A Dream, je me suis beaucoup investi sur cet album, creusant le sujet du livre The Pilgrim’s Progress, me plongeant dans le livret, m’embarquant dans notre première interview téléphonique avec ce monstre sacré du prog. J’ai l’impression que tout cet investissement méritait inconsciemment une chronique cinq étoile. Aujourd’hui, pour ne pas vous mentir, je n’arrive plus à écouter cet album de bout en bout d’une traite.

Il y en a d’autres bien-sûr, mais pas tant que ça heureusement. Plein d’autres restent des pures merveilles, des albums que j’écoute toujours avec autant de bonheur. Je n’en citerai que trois, les moins connus du grand public comme le dernier Karmamoi The Day Is Done, The Franck Carducci Band Torn Appart et l’EP de Wolve Lazare.

Faut-il que je change la note de tous les albums qui après coup me semblent moins bons ou meilleurs ? La question mérite d’être posée. Idéalement, il faudrait plus de recul avant de publier une chronique, donc prendre plus de temps pour écouter, chroniquer moins fréquemment, alterner la chronique avec d’autres albums. Mais voila, la gourmandise est un vilain défaut et nous ne sommes pas très nombreux dans l’équipe alors nous continuerons probablement comme ça. Et puis, seul un imbécile ne change pas d’avis non ?

Voila voila

Galerie

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J’avais presque promis que je ne ferai plus étalage de mes trésors musicaux, mais en fait j’en suis incapable. Il faut que je me la pète, c’est plus fort que moi, que je me plaigne : « ouin, j’suis triste, j’ai … Continuer la lecture

Rock & Roll Bétaillère

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Plus jeune, je me jetais dans la fosse aux lions, dans ces stades bondés pour écouter Pink Floyd ou Genesis. Trois heures avant le concert, j’étais déjà sur la pelouse, brûlant au soleil, priant pour mes idoles. Des stades, des Zéniths, des Palais des congrès, d’immenses bétaillères aux remparts sonores épouvantables pour des show à grand spectacle. Peter Gabriel à Bercy, Marillion à la Penfeld, des usines à rock où les concerts s’enchaînaient.

Puis, par la force des choses, ayant quitté la Bretagne, puis Paris, je suis descendu en gamme, dans des boites de conserves, où tassés comme des sardines à 1000, collés les un contre les autres, respirant les aisselles du voisin, fumant le pétard de la fille devant moi et sentant l’érection naissante de l’homme dans mon dos, je goûtais au plaisir de la basse de Sting, de la voix de Fish, des claviers de Clive Nolan.

Puis vînt l’âge de la curiosité, où j’eu envie d’écouter autre chose, qu’un sempiternel Marillion, Transatlantic ou Pendragon, envie de sortir des têtes d’affiches, de découvrir d’autres horizons. La période où je commençais également à consommer local, en circuit court et bio, à arpenter les petites salles où des groupes talentueux faisaient, pour certains, leurs premières armes. Des pubs, des bars, de petites salles associatives où vous pouvez déguster une mousse de qualité en écoutant de jeunes talents donner toutes leurs tripes pour une trentaine de spectateurs. Pas de mur de son, pas de rampes d’éclairages, pas de fumigènes mais une proximité unique avec les artistes, une ambiance familiale et des conditions agréables pour découvrir de nouveaux talents.

J’imagine bien que ces artistes rêvent de cinquante-miles spectateurs, d’effets pyrotechniques, d’écrans géants, de champagne, de groupies en folie. Mais pour moi, le vieux fan amoureux de musique, photographe amateur avide de concerts, les petites salles sont devenu mon paradis. Ras le bol des salles bondées, à la rigueur un petit Zénith de temps en temps pour m’offrir une tête d’affiche, confortablement assis au-dessus de la fosse, mais ça, c’est parce que je suis vieux.