Voici dix ans, Adrian, Brendan, Marc, Neil et Eric enregistraient Traces, le premier album du groupe Nine Stones Close.
La line up du groupe, menée par le guitariste Adrian Jones, a bien changé depuis, avec entre autres les départs de Marc et de Brendan. En comptant St Lo sorti en 2008 (un disque instrumental écrit par Adrian), seuls quatre albums ont vu le jour en treize années.
En début d’année, Adrian décidait d’offrir une cure de jouvence à Traces ainsi qu’une édition vinyle très limitée. Et bien évidemment, si je vous en parle, c’est parce que j’ai le bonheur de posséder un des deux-cent-cinquante exemplaires de cet album, avec sa pochette revisitée pour l’occasion par Antonio Seijas.
Adrian va sans doute râler, mais si je suis tombé amoureux de Nine Stones Close la première fois, ce fut grace à une voix, celle de Marc Atkinson, un artiste que je suis depuis ses projets solo comme dans ses différents groupes Riversea et Moon Halo. Marc possède un timbre feutré, chargé de mélo, qui brille particulièrement sur les pièces lentes.
Et cela tombe bien, puisque Nine Stones Close donne dans le planant avec des nappes de claviers et des guitares floydiennes. En plus d’avoir d’un chanteur à la voix unique, Traces possède un guitariste au feeling extraordinaire. La combinaison des deux donne des morceaux d’une grande beauté, magnifiés dans cette réédition.
Les claviers de Brendan se contentent d’atmosphères planantes et la batterie semble quasiment anecdotique sur cet album. Mais cela va avec style de la musique.
Le vinyle débute sur le court instrumental ‘Reality Check’ qui nous met tout de suite dans l’ambiance et s’achève par un grand format en trois parties, ‘Thicker Than Water’, le titre certainement le plus énervé du disque. Entre les deux se glissent trois autres morceaux dont le sublime ‘Falling To Pieces’, qui est de loin mon préféré avec le long ‘Threads’.
Je vous recommande d’écouter Traces le soir, au calme, dans une pièce aux lumières tamisées, quand la maison s’est endormie. En plein jour, il n’a pas la même puissance évocatrice.
A l’occasion, essayez également le dernier album en date du groupe, Leaves, sorti en 2016. Vous y entendrez un nouveau chanteur, un disque très différent mais non moins intéressant.
Avant de devenir Kyros en 2016, ces quatre jeunes américains se faisaient appeler Synaesthesia. Si leurs débuts, deux ans plus tôt, ne m’avaient pas convaincu, leur premier effort sous le nom de Kyros m’avait tout simplement ébloui.
Après ce Vox Humana en 2016, ils revenaient en 2020 avec Celexa Dreams, un double vinyle et dix morceaux dont deux à rallonge. A première vue, Celexa Dreams pourrait être considéré comme un album de pop pour hypocondriaque orné de ses tablettes de médicaments et pilules colorées.
Le packaging du disque se révèle on ne peut plus minimaliste. Les deux galettes noires se rangent dans une pochette simple avec les paroles imprimées sur une feuille volante. Le bon point étant que les textes restent lisibles, contrairement à l’édition CD qui nécessite l’usage d’une loupe.
Pop, funk, électro, jazzy, cinématique, la musique de Kyros gagne en complexité au fil des morceaux pour culminer sur le très progressif ‘In Vantablack’ long de quatorze minutes. Le groupe puise pour partie ses racines dans le rock progressif de la fin des années quatre-vingt-dix avec ses synthés et percussions électroniques, là où Genesis s’est arrêté en chemin. Ajoutant à sa palette de nouvelles influences comme Sound of Contact et David Kerzner, Kyros invente un rock progressif aussi frais qu’exigeant, dans lequel on retrouve même du Queen.
Encore meilleur que son prédécesseur Vox Humana, Celexa Dreams est un album indispensable.
Kyros vient également d’éditer Celexa Streams, des lives en streaming enregistrés pendant le confinement et disponibles sur Youtube, un disque treize titres qui permet de découvrir leur musique si vous ne les connaissez pas encore.
Les prog heads forment des couples inséparables jusqu’à la mort d’après la légende, ils suivent aveuglément leurs artistes, quel que soient leurs éventuelles défaillances.
Si en amour je suis fidèle, en musique il m’arrive de donner de sérieux coups de canif dans le contrat.
Comme beaucoup de personnes, j’ai découvert Steven Wilson avec Porcupine Tree et l’album Stupid Dream. J’ai suivi le groupe avec plus ou moins de bonheur jusque l’incident qui mit fin à leur collaboration. Et lorsque Steven s’est lancé en solitaire dans une nouvelle traversée, j’ai suivi à la nage, parfois à la traîne derrière, parfois bord à bord.
La première grosse dispute vint avec Hand. Cannot. Erase. pourtant largement salué par la critique et les fans. Cela ne m’a pas empêché, lorsqu’il osa la disco dans son avant dernier album, de saluer l’audace et même d’apprécier la musique de ce touche à tout de génie.
La seconde grosse dispute, non artistique cette fois, tient à la manière dont il traite les médias pendant ses concerts, mais ça je vous l’ai déjà raconté je crois.
Puis vint la campagne de promotion de son dernier album, The Futures Bites, un épouvantable matraquage publicitaire en totale contradiction avec le message véhiculé par au moins un de ses morceaux (Personal Shopper).
Coffret, K7, vinyle, CD, blu-ray, digital, tee-shirt, PQ, horloge, coque de téléphone, pilules, la boutique vendait n’importe quoi.
Aucun des trois singles ne m’ayant convaincu, car j’aime la guitare, la batterie, les claviers, les belles voix et pas vraiment l’électronique, j’ai hésité à rester un fidèle imbécile. Mais j’ai finalement et presque à contre coeur, commandé le minimum acceptable pour moi afin d’écouter de la musique, à savoir le CD. Je ne voulais pas mourir idiot.
Wilson fait ce qu’il veut de sa vie comme de sa musique et a tout fait raison de se réinventer tant qu’il se fait plaisir et n’écrit pas pour garnir son compte bancaire. Je ne lui jèterais jamais la pierre pour cela.
Par contre, cette fois, lui sa musique et moi, nous n’avons vraiment plus rien à nous dire alors je crois qu’il est temps de couper les amarres une bonne fois pour toutes. Peut-être nous retrouverons-nous un jour, comme un vieux couple séparé de longue date, qui après des années a pardonné.
Contrairement aux prog heads fidèles qui cherchent à tout prix à entendre du prog dans son électro commerciale, j’arrête les frais, j’ai versé mon ultime obole à sa musique et le CD, après quelques écoutes circonspectes, va rejoindre la pile des disques à revendre à l’occasion.
Un mois durant, le webzine Neoprog a vécu comme il y quinze ans, à l’heure des newsletters et des flux RSS, et surtout sans les réseaux sociaux.
Le but était d’étudier l’impact direct de Facebook et Twitter sur le nombre de visiteurs lisant le webzine et d’évaluer l’intérêt d’exister sur ces outils qui ne possèdent pas que des avantages loin de là.
L’analyse des résultats se révèle plus délicate que prévue à appréhender. En août 2020, 2300 personnes ont visité le site. Si je compare les statistiques entre août 2020 et août 2019 nous avons perdu 19% d’utilisateurs. Entre 2020 et 2018 13%, entre 2020 et 2017 nous avons gagné 10 % de visiteurs et entre 2020 et 2016 nous avons perdu 33 % d’audimat !
2016 fut une année très particulière pour moi et le webzine puisque j’ai passé cinq mois cloué sur un canapé à écouter de la musique età choniquer 24h/24. Alors oublions 2016. La baisse brutale en 2017 s’explique par la disparition du groupe Facebook Neoprog et son remplacement par une page ainsi que mon retrait de très nombreux groupes Facebook de prog francophones que je ne supportais plus.
Il nous reste donc que 2018 et 2019 comme points de repères. Nous avons perdu de nombreux visiteurs, c’est indéniable mais ceux qui passaient sur le site n’y venaient pas par hasard (forte baisse du taux de rebond). Il semblerait donc que nous ayons gagné en qualité de lecteurs et mieux vaut la qualité à la quantité. D’autres statistiques indiquent bien cette tendance à la baisse mais je ne vais pas vous inonder de chiffres.
Moins de visiteurs, moins d’articles lus, moins de nouveaux utilisateurs, l’impact est clair. Facebook génère du trafic sur le site. La question est de savoir si 19% justifie de passer plus d’une demie-heure par jour sur le réseau social et se faire empapaouter par tous les internautes oisifs possédant un avis sur tout. Parce que les chatons, les complots, les fâchos et les abrutis, ça va un temps.
J’ai constaté qu’après quelques baisses d’audiences lors des mutations de Neoprog, le public revenait peu à peu, s’habituant à la nouvelle formule, s’adaptant à nos évolutions.
L’idée n’est pas non plus d’aller contre le sens de l’histoire et de renier les médias modernes. Le « c’était mieux avant », je le laisse aux vieux cons. Neoprog ne va pas quitter les réseaux sociaux Facebook et Twitter mais va réduire son empreinte carbone sur ceux-ci.
Le test d’un mois est prolongé avec quelques ajustements : une fois par semaine nous posterons les dernières chroniques et annoncerons celles à venir.
Vous voulez savoir ce qu’un chroniqueur de rock progressif achète comme disques ? Oui parce que ce n’est pas parce que je reçois des promotions à pelle, que je n’achète pas d’albums. Car je ne reçois pas tout en promotion et certains albums reçus sont tellement bons qu’il me les faut les CD ou vinyle. Je vais vous dévoiler la liste des albums que j’ai commandés et qui devraient arriver d’ici la fin de l’année et pourquoi.
En août je devrais recevoir le nouvel album de Marc Atkinson Black & White. Il s’agit d’un double album comprenant des compositions de Marc et des reprises de rock. Ce n’est pas le genre d’album que j’écoute tous les matins, car même si j’aime bien la guitare acoustique et le chant, ce que j’écoute habituellement contient nettement plus d’instruments. Mais voilà, j’aime beaucoup la voix de Marc et je trouve que cet artiste mérite d’être encouragé dans son travail, d’autant qu’il nous a offert beaucoup de réconfort pendant le confinement avec ses concerts du mardi soir.
J’attends également le second album de Kyros, Celexa Dreams. J’avoue que je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre de leur part. Je n’avais pas vraiment aimé leur premier effort lorsqu’ils s’appelaient encore Synaesthesia, mais Vox Humana, sous leur nouveau nom, m’avait littéralement scotché et je l’aime toujours autant. Alors suspense, on verra. Je devrais bientôt écouter le CD et en octobre je recevrai le vinyle.
J’ai acheté aussi le nouvel album du duo allemand Osta Love dont j’avais beaucoup aimé le premier album. J’écoute déjà la version ALAC sur ma chaîne et le CD ne devrait plus tarder maintenant.
Melanie et Martin, deux artistes allemands, comme Marc Atkinson, enregistrent des albums de reprises et parcourent leur pays pour donner des concerts acoustiques forts sympathiques. J’adore ce couple et leurs diverses participations à Seven Steps To The Green Door, Flaming Row,Frequency Drift… De même que j’adore leurs concerts intimistes, alors évidement, j’ai commandé leur prochain album Through The Décades qui devrait arriver début septembre.
Le même mois, la panthère rose de Pain Of Salvation arrivera à la maison en vinyle. Pain of Salvation est un incontournable de ma discothèque et cet album, même s’il risque d’en dérouter plus d’un, m’a bien emballé.
Autre incontournable, c’est Tim Bowness et son Late Night Laments que l’on vient de recevoir à la rédaction. J’adore me vautrer dans sa mélancolie progressive, mais avant qu’il n’arrive en CD, je le connaîtrai déjà par coeur.
Toujours en septembre, il y aura Archive avec Sessions en vinyle également. J’ai écouté deux extraits qui m’ont immédiatement convaincu, pourvu que tout l’album soit du même tonneau car des fois le côté électro de Archive me hérisse un peu les poils.
En octobre il y aura du lourd. Tout d’abord l’album de Out5ide écouté et chroniqué depuis longtemps et qui aura enfin sa sortie physique si tout va bien. Out5ide est un groupe de rock progressif alsacien, et c’est important de soutenir la scène locale, d’autant qu’en live, leur musique dépote pas mal.
Le lourd du lourd, c’est bien évidemment le nouvel album de Ayreon dont j’ai commandé, comme il se doit, l’édition vinyle. Comment résister à un album Ayreon ? Impossible en fait même si ce n’est pas tous les matins au réveil que je pose une galette de Arjen sur la platine.
A moins que le lourd du lourd que ce soit le dernier album de la carrière de Fish ? Allez savoir…
Le thermomètre affiche 27 degrés centigrades dans le salon. Vautré sur le canapé vert bouteille, je patiente jusqu’au coucher du soleil, lorsque le mercure descendra sous le seuil raisonnablement tolérable des trente degrés. La platine joue l’intégrale des albums d’Anneke pendant que je lis Infinités de Vandana Singh.
Nous subissons la seconde vague de canicule de l’été. Cette fois elle devrait durer au moins dix jours, dix jours à plus de trente degrés centigrades, enfermés derrière des volets clos, déshydraté malgré toute l’eau bue, comateux, dormant en pointillés, allongé sur le parquet inconfortable du rez-de-chaussée.
Je viens d’un pays où 25 degrés semblaient une chaleur insupportable et où après deux journées de soleil, la pluie, le vent et les nuages revenaient en force.
Cet hiver, les minimales sont à peine descendues sous la barre du zéro. Pas de neige, pas de lac gelé, pas de bise glacée du nord-est. J’ai à peine allumé le chauffage et les végétaux n’auront eu qu’une trop courte dormance pour résister cette année.
Les conséquences du réchauffement climatique sont déjà perceptibles et cela ne fait que commencer à moins que ce ne soit qu’un épi phénomène et que mère nature va bientôt tout remettre en ordre. Un RAZ comme dans la nouvelle « Ecoute ! » dit l’oiseau-tipi.
Je pourrais creuser une piscine et plonger dedans pour aggraver la pénurie en eau. Je pourrais installer une climatisation et vivre à 20 degrés afin d’augmenter le réchauffement climatique. Je pourrais partir découvrir la banquise et les derniers ours polaires histoire de me rafraîchir les idées, ramener de belles images et augmenter la concentration en CO2 dans l’atmosphère au passage.
Mais non, je suis sur mon canapé vert anglais, tournant les pages de Infinités en écoutant Symphonized, me demandant quand est-ce que la température commencera à baisser, rêvant de retourner vivre en Bretagne alors que mon épouse pense à Aix en Provence.
L’usage de ventilateurs est déconseillé pour éviter de faire circuler le virus. Le port du masque est devenu obligatoire dans les espaces publics, bientôt ils vont nous annoncer que l’eau du réseau peut transmettre la maladie et qu’il faut éviter les douches et boire l’eau du robinet.
Pour ce qui est du ventilateur, de toute façon, le son des palles brassant l’air poisseux gâcherait la délicieuse voix d’Anneke sublimée dans Let the Light In, son dernier live symphonique, hélas uniquement disponible pour l’instant qu’en digital. Alors pas de ventilo, quitte à mourir de chaud, la musique est plus importante que la souffrance.
Le soleil va tourner au sud-ouest, m’obligeant à fermer les derniers volets encore ouverts. Je ne pourrais plus lire faute de lumière mais il me reste Vuur, Verloren Verleden et Drive à écouter. Et puis l’obscurité convient parfaitement à mon mal de tête, car le manque de sommeil conjugué à la chaleur et la déshydratation sont un terreau favorable à mes épouvantables migraines hebdomadaires.
Ce soir, lorsque le soleil se couchera, que la température plongera sous les trente degrés, lorsque j’aurai écouté tous les albums d’Anneke, ceux d’Ayreon et de The Gathering compris, j’abandonnerai ma lecture pour aller écouter le live de PI au jardin des deux rives, eux aussi jouent du métal progressif mais sans chanteuse.
Savez-vous ce qu’est un webzine de critique musical ? De la dopamine pour labels et artistes, un panneau publicitaire clignotant gratuit en plein centre ville sur lequel passent sans cesse les noms des labels, de leurs artistes et les pochettes des albums.
C’est d’autant plus vrai dans le monde du rock progressif où les labels qui dominent le marché se comptent sur les doigts d’une main.
Avec plus de quinze mille articles lus par mois, un magazine du numérique, tenu par des bénévoles passionnés, génère de manière indirecte des revenus non négligeables à l’industrie de la musique. D’ailleurs ils l’ont bien compris, sinon pourquoi enverraient-ils des albums en promotion ?
Il fut un temps lointain où la presse recevait des vinyles et des compact-discs. C’est encore vrai pour les grands groupes de presse qui d’ailleurs n’en n’ont rien à faire de cette musique qui n’intéresse pas leurs lecteurs. De CD, la musique devint MP3 à télécharger et de plus en plus aujourd’hui, un lien vers une plateforme de streaming à usage limité dans le temps. Quelques maisons de disque se fendent encore de support physique, mais il s’agit aujourd’hui d’une toute petite minorité.
Les labels passent le plus souvent par des intermédiaires pour travailler avec la presse et certains intermédiaires peuvent gérer le catalogue de plusieurs labels en même temps.
Certaines de ces presonnes mettent à votre disposition tout leur catalogue, quelque soit votre ligne éditoriale. D’autres vous livrent au compte goutte, au gré de votre production et de l’enthousiasme affiché dans les colonnes de votre magazine. Dans ce dernier cas, pour recevoir l’intégralité du catalogue, il faut montrer patte blanche et se réveiller un élève exemplaire.
Dans notre petit monde, une mauvaise critique peut sceller la fin de toute relation avec un label ou un de leurs représentants. Soudain, votre magazine, autrefois inondé de promotions, se retrouve avec des propositions de seconde zone, des albums de reprises, des lives ou des flop assurés.
Pour éviter cela, certains webzines optent pour la soumission, la flatterie, à coup de chroniques dithyrambiques, de cadence infernale, d’interview avec les questions en forme d’adulation. Mais ces articles possèdent-ils le moindre intérêt pour le lecteur, à part les conforter dans une stupide idolâtrie ? Où se trouve alors la critique, quid de l’article qui permet d’éclairer le lecteur sur la qualité de tel ou tel album s’ils sont tous jugés bien ou très bien ?
A Neoprog, nous avons toujours fait le choix de l’honnêteté et de l’indépendance. Lorsque nous aimons, nous l’écrivons, lorsque nous n’aimons pas, nous le disons également. Nous menons des interviews lorsque l’artiste nous intéresse et nous couvrons les concerts qui nous font envie.
Alors bien entendu, il nous arrive de critiquer, de ne pas être tendre avec ceux qui n’ont pas l’excuse de la jeunesse ou du manque de moyen pour produire un navet. Cela me semble logique de prévenir le lecteur que ce qu’il pourrait acheter une trentaine d’euros ne vaut pas la peine d’y consacrer le moindre cent. A contrario, il nous arrive de porter aux nues un illustre groupe inconnu, juste parce qu’il a réellement du talent.
C’est notre rôle.
J’ai fait le choix il y a quelques mois de ne présenter que les albums reçus en promotion, ceci afin de mettre sur un pied d’égalité les groupes qui faisaient l’effort de nous envoyer leur musique et non, comme certains pourraient le penser, pour faire des économies, car de la musique, j’en achète toujours autant, voire plus qu’avant. Ce choix assumé a été fait en période d’abondance, n’imaginant pas qu’un des principal fournisseur de musique du rock progressif allait nous bouder, ne nous laissant que quelques miettes de la production mondiale, celles dont personne ne veut vraiment.
Le webzine fait l’impasse sur plusieurs grosses sorties, pas forcément les plus intéressantes heureusement, mais celles qui génèrent assurément le plus d’audimat. Par chance, les indépendants, les auto-produits suffisent amplement à notre bonheur musical et nous perdons pas au change, nous écoutons toujours autant, voire plus de bonne musique.
Mais si cela perdure, et cet article risque d’aggraver les choses, nous ne recevrons plus que des albums de niches, dans une musique qui l’est déjà. Cela ne signifie pas que nous ne ferons pas de belles découvertes, cela signifie que les quinze-mille articles lus tous les mois vont se réduire à pas grand chose, car jusqu’à présent, nous surfions sur la notoriété des blockbusters pour éclairer la musique des plus petits.
Nous n’allons pas changer notre manière de penser ni de nous exprimer, la preuve. Certains groupes disparaîtront de nos colonnes (vous avez déjà dû le constater) au profit de nouvelles découvertes, jusqu’à notre retour en grace auprès de certaines maisons de disque, comme cela s’est vu par le passé.
Car la roue tourne.
Nous pourrions également répondre à toute demande de promotion par ce texte lapidaire : « Le magazine n’accepte que les promotions au format physique ou loseless pour les sorties exclusivement numérique. ». Qu’en pensez-vous ?
Y’a plus de saison mon bon monsieur ! J’en sais un bout, j’bosse pour la météo…
Fish, qui n’est pas né de la dernière pluie s’est fait virer, faut dire, il buvait comme si c’était la canicule.
C’est un petit jeune, un peu minet qui a pris sa place et il va en baver le garçon, car les premiers concerts c’est la douche froide. Le public réclame de l’écossais trente ans d’age.
Avec Season’s End prend fin le printemps de Marillion, le groupe doit se reconstruire avec un nouveau chanteur. Steve chante mais ne sait pas écrire, il va falloir trouver un parolier ou faire du yaourt.
Season’s End reste dans la lignée de Clutching at Straws en plus léger toutefois. La fabuleuse guitare de Rothery prend son essor dans de magnifiques soli lumineux et les gimmick du néo-progressif sont très présents. En fait, Season’s End se révèle un bain de jouvence pour le groupe britannique, retrouvant une fraîcheur perdue dans la désillusion des bars et des tournées.
Il ne réussira pas, malgré un tube, à grimper dans les charts. La gloire de Marillion fut éphémère et commenceront alors les années de doute.
Season’s End possède une saveur toute particulière à mes oreilles, comme les bonbons acidulés de l’enfance. Les mauvais coucheurs qui abandonnèrent le groupe en chemin, ne comprirent sans doute pas qu’il s’agissait d’une nouvelle saison pour Marillion et que le nouveau né, encore maladroit, nous livrerait plus tard de purs chef-d’œuvres.
Mais quelle idée ai-je eu de poster la vidéo de Steven Wilson sur un groupe Facebook parlant de Prog ? Un mec s’est aussitôt énervé, avant même d’avoir eu le temps d’écouter les neuf minutes jusqu’au bout.
Pour tout vous dire, je ne grimpe pas au rideau moi non plus en écoutant le morceau ‘Personal Shopper’, d’ailleurs je suis loin de vouer un culte à cet artiste. Mais il lui faut reconnaître tout de même un certain génie tout de même, déjà, il vend des disques, lui.
Alors j’ai répondu au gars qu’il fallait cesser d’être prog intégriste, que pour moi Wilson était un génie. Et là c’est parti en coquille comme d’habitude.
Pourquoi les artistes qui réussissent, surtout dans le microcosme qu’est le rock progressif, seraient-ils forcément des escrocs, des plagieurs, des profiteurs, des vendus, des mecs sans inspiration, juste capable de faire du business.
Je suis content lorsque à un concert, la salle est pleine, les musiciens sont bons, les éclairages spectaculaires, le son de qualité et l’âge moyen du public inférieur à cinquante ans.
J’en ai un peu mare des sous-sols crasseux où traînent une cinquantaine d’incontinents septuagénaires nostalgiques qui espèrent entendre à nouveau du Magma, du Yes ou du Genesis des années soixante-dix. Ces vieux grincheux ont été jeunes, s’en souviennent-ils ? La musque est vivante, elle évolue, même dans le rock progressif trop longtemps sclérosé.
Si vous voulez jouer du canterbury écouté par deux-cent personnes, grand bien vous fasse, faites vous plaisir et laissez ceux qui désirent vivre de leur musique essayer de toucher un plus large auditoire. On dirait que dans le rock progressif, gagner sa vie en jouant de la musique, est presque devenu quelque chose de vulgaire.
Dans le monde du rock progressif, existe ce pseudo élitisme musical épouvantable qui bannit le 4/4 de la partition, exige des pistes de plus de dix minutes, des changements de tempo toutes les quatre secondes et des musiciens sortis du conservatoire. Mais qui écoute ça aujourd’hui ?
Le plus drôle dans l’histoire, c’est que en postant cette vidéo sur Facebook, mon post a fait un buzz, plein de personnes l’ont regardée, ont posté leurs états d’âme en commentaires, et par conséquent fait un grosse pub au prochain album de Steven Wilson. Alors merci à eux de soutenir, à leur manière, la création musicale.
Avez-vous remarqué que les métalleux graisseux dégarnis qui ne se voient plus pisser, boudinés dans leurs blousons noirs, recouverts de tatouages antéchrists, bardés de têtes de morts, de crucifix inversés et de trucs dans les narines, fondent à chaque fois pour la même chose ? les chanteuses de metal…
Marjana, Marcela, Anneke, Tarja, Kate, Annette, Sharon et toutes les autres peuvent chanter deux notes et les gros sont au bord des larmes. Je vous l’accorde, certaines de ces filles possèdent une jolie voix, et il arrive même qu’elles soient en plus plaisantes à regarder, mais quand même !
Les métalleux sont des durs ou des tafioles ? Faudrait savoir ! Mireille Mathieu pousserait la même chansonnette, je suis certain qu’ils lui balanceraient un pack de cro sur sa coupe au bol.
Les minettes elles s’exitent plutôt pour un Bruel ou un Georges Michael, allant jusqu’à jeter leur culotte sur la scène. Si Carlos avait repris ‘Faith’, je pense qu’il aurait reçu des gaines XXL pendant sa tournée. Enfin bon.
Et si en réalité nos hormones commandaient nos affinités musicales ? Qu’en pensez-vous ? Imaginez le drame, la musique ne serait que question de libido. Genres, styles, époques, technicité, harmonies, tout ça ne serait qu’un enfumage pour cacher l’affreuse vérité. Nous ne serions que des organes reproducteurs et nos sens seraient gouvernés non pas pas le cerveau mais notre cortex reptilien. Il suffirait d’une voix aiguë et de quelques rondeurs pour que nous tombions sous le charme d’une chanson.
Moi je suis chroniqueur, je suis donc plus fort que tout cela évidement, je ne me ferai jamais piéger par le chant des sirènes. Mon analyse est toujours lucide, objective, faites-moi confiance. Si tous les albums de Stream of Passion, de The Gathering, de Within Tempation sont fabuleux, cela n’a aucun lien avec le charme fou de leurs chanteuses, ce n’est que du talent.
Parce si je poussais le raisonnement développé plus haut jusqu’au bout, je fantasmerais sur Damian Wilson et Marc Atkinson, et sans être homophobe, cela me mettrait mal à l’aise quand même.