Daktari

A l’heure où des imbéciles heureux posent sur Facebook avec leur trophées de chasse, je me suis dit qu’un safari s’imposait. L’Afrique est trop loin et il y fait trop chaud. Les zoos sont des lieux sordides, surpeuplés, où les animaux dépriment. Entre les deux, il y a le parc animalier de Ste Croix en Lorraine. Un vaste espace dans lequel, des animaux, principalement originaires d’Europe, disposent de vastes enclos, et les humains, principalement venus de Lorraine, disposent de grandes allées ombragées.

Depuis quelques temps, je nourrissais l’idée de me lancer dans ce safari photographique à une heure trente de chez moi. Équipé d’un 70-300 mm et d’un 500 mm, nous partîmes en famille, à la rencontre de faune sauvage parquée en Lorraine. Rien de très exotique, mais pour profiter du soleil printanier et s’exercer à la photo animalière, le lieux me semblait adapté et agréable. Ours, loups, cerfs, bisons, ratons laveurs, renards, lynx, cigognes, vautours, oies, sangliers, moutons, maki kata, pandas roux, humains, le parc de 120 hectares recèle plus de 1500 animaux et 100 espèces. Comptez six heures pour l’explorer en totalité et assister à quelques nourrissages pour approcher au plus près les animaux.

La journée fut chaude pour un début avril, 25°C, et le public nombreux, mais le site est assez vaste pour que l’on ne se marche pas sur les pieds. Des photographes du dimanche comme moi,  avec une débauche de matériel scandaleuse n’étaient pas rare non plus, même si j’ai découvert plus tard que le parc organise des journées spéciales pour les chausseurs d’images.

Une petite partie des photos que j’ai faites sont ici, sur Flickr. Rien de bien extraordinaire, mais un bon exercice d’utilisation du Samyang 500 sans pied, l’objectif dont je me suis servi assez souvent au cours de la journée. J’ai raté de Lynx, le pélican attrapant un poisson au vol, le renard sous son rocher et bien d’autres. Je suis assez content des ours s’ébattant dans l’eau, photo prise à travers une vitre au 500 mm. Pour les Maki kata, l’exercice était trop facile, ils sont à deux mètres de vous, vous regardent, se prélassent, aucun mérite, mais « ils sont trop mignons » (disait la petite fille avant de se faire sauter dessus).

Martine prend le train

Samedi dernier, nouvelle matinée de photographie de rue, le stage photo que je suis actuellement pour devenir, avec un peu de chance, moins mauvais. Cette fois, Pierre, notre formateur, nous emmenait à la gare pour que nous nous exercions. Déjà l’aventure du marché m’avait quelque peu effrayé, alors aller dans une grande gare, armé d’un appareil photo, en période de paranoïa urbaine, me semblait terrifiant.

C’est pourtant dans une grande indifférence que nous avons pu photographier au milieu de la foule. Dans la gare, les gens semblaient ne pas nous voir, ne pas être dérangés par les onze objectifs braqués sur eux. Je me suis posé, accroupi, à de nombreuses reprises au milieu des allées grouillant de monde, afin de prendre la foule courant après son train, sans subir un seul regard de travers ou une remarque désobligeante. Bien au contraire, nous avons eu même droit à quelques sourires encourageants.

J’ai passé une bonne partie du temps devant l’escalator, m’essayant à des superpositions d’images ratées hélas (pas de pied photo contrairement à d’autres ce matin là), puis je me suis aventuré dans les couloirs grouillant de monde. Un vrai bonheur ! Cette fois, même si le résultat final n’est pas à la hauteur de mes espérances, je me suis réellement amusé et les deux retardataires, courant après leur train dans les couloirs, sont mes images préférées.

Jeudi soir prochain, après Pain of Salvation au Z7, ce sera, séance en labo avec Lightroom, pour choisir les clichés et les retravailler.

Choix cornélien

Ce soir, si tout va bien, je vais écouter Haken au Club de la Laiterie à Strasbourg. Ce sera mon premier concert de Haken, un événement donc. Pour l’occasion, je devrais bénéficier d’un pass photo, je dis bien devrais, car il y a toujours une certaine incertitude avant d’avoir franchi la porte de la salle avec l’appareil photo, surtout au Club, je ne sais pas pourquoi.

Le Club, est une petite salle, pas forcément bien fichue, avec la console qui prend beaucoup de place, une scène étroite, des enceintes surdimensionnées et peu de place pour bouger. Exercer la fonction de photographe de concert dans cette salle n’est pas aisée. Quand le public répond présent, qu’il s’agit de métal et que le public s’agite, comment dire, c’est l’enfer. La dernière fois, pour Esben & the Witch, je n’ai pas vraiment brillé. Là ce soir, il pourrait y avoir du monde, et, étant données les deux premières parties très métal, The Algorithm et Next To One, cela risque de chahuter dans le public.

Donc mon problème est le suivant, comment m’équiper ? Je sens, qu’encombré de deux boîtiers, histoire de passer d’une focale à l’autre sans changer d’objectif, je vais avoir du mal à bouger dans la foule compacte sans craindre pour le matériel. Alors j’hésite à ne venir qu’avec un seul objectif très polyvalent, quitte à perdre beaucoup en lumière; le Nikkor 18-140 ouvert à 3.5.

Pour compliquer le tout, demain matin, Laurent part pour le festival de Bergkeller –  Reichenbach et a besoin d’un des boîtiers pour couvrir le festival. Un argument de plus pour ne prendre qu’un seul boitier histoire qu’il n’arrive pas avec une batterie à plat et une carte SD pleine au festival. Vous me direz, je pourrais vider la carte mémoire à une heure du matin et recharger la batterie, mais bon voila, je me lève à 6h00 demain pour aller pointer à l’usine, alors bon, pas motivé…

Alors je fais quoi ?

Geek moi ?

Le post sur Sargate a déclenché une avalanche calomnieuse de messages sur Facebook comme quoi j’étais un geek. C’est juste n’importe quoi, je tiens à le dire. Je suis un homme marié avec deux enfants, un chat, une voiture et une maison. Bref un citoyen tout ce qu’il y a de plus normal qui paye ses impôts et vote à gauche mais pas trop.

Ce n’est pas parce que, dans ma jeunesse, j’ai fait de l’astronomie, programmé en langage machine sur Z80, fait du jeu de rôle, assemblé quelques PC, construit un télescope, développé mes photos couleurs tout seul et regardé des séries de SF quand je ne lisais pas Tolkien ou Franck Herbert que aujourd’hui je suis un geek.

Oui je joue à X Wings, je regarde encore quelques séries TV, je lis encore des livres de SF, il m’arrive de programmer pour le plaisir en PHP, HTML, Java, Python, KSH, Ruby, Awk, VB, et de jouer à des jeux vidéos, ok, mais pas de quoi faire de moi un geek, si ? Bon ok, je suis quelques blogs de rôlistes, me tiens au courant des avancées scientifiques, suis un fan de la planète Mars et viens d’acheter la dernière console de Nintendo. Mais j’ai un potager bio, je me promène dans la nature, connais des êtres faits de chair et d’os, ne mange pas japonais tout les midis (si seulement je pouvais), ai presque soigné mon addiction aux bonbons Haribos et ne déguise pas ma femme en écolière japonaise pour les préliminaires. Donc vous le voyez bien, je ne suis pas un geek, d’ailleurs je fais du sport, du tennis de table (ne vous foutez pas de ma poire, c’est un sport, ok un sport de geeks, mais un sport).

Mon vrai profil est le suivant : un père de famille jardinier et sportif. Le fait que je tienne un blog et un webzine sur le rock progressif n’y change rien je suis désolé.

Pour que vous compreniez bien, je vais vous décrire un samedi classique :

07h00 – wifi on
07h01 – iPhone on
07h02 – céréales et café
07h14 – nourrir le chat qui fait braire depuis 14 minutes
07h15 – douche et ablutions diverses (1 min c’est assez, faut économiser les ressources naturelles)
07h16 – lecture des mails de la nuit et consultation des notifications Facebook, Twitter et Google+
07h30 – récupération des promos musicales
07h45 – préparation de news pour le webzine
08h00 – écoute d’un album de progressif et travail sur sa chronique
09h00 – café
09h00/10h00 – attente trépiniante du passage du facteur qui a forcément un truc pour moi, CD, vinyle, jeu vidéo, câble étrange
10h00 – déballage de la nouvelle merveille et test
11h00 – boulangerie (faut bien manger et en plus je sors dehors)
11h15 – écoute d’un nouveau truc
12h30 – achat de pizzas à côté car j’ai zappé le repas (je suis encore dehors)
13h00 – café
13h15 – sieste coquine avec un bon roman de science-fiction
14h15 – promenade dans la nature (avec l’appareil photo parce que sinon c’est vraiment chiant, vous voyez je sors)
14h16 – fait pas si beau que ça finalement
14h17 – je vais en ville pour fouiner chez les vendeurs de disques, BD, bouquins, jeux vidéos (les trucs fondamentaux pour survivre, c’est toujours une sortie non ?)
16h00 – petite collation (ça creuse le grand air)
16h15 – projection d’un DVD live ou d’un jeux vidéo ou d’un film ou écoute d’un album de prog, en désespoir de cause un jeu de société (bref la récréation)
18h15 – un peu de Facebook, de Twitter, de mail
20h00 – trop tard pour faire à manger, passage au chinois du coin (en voiture, ça compte pour une sortie ?)
21h00 – 14 heures d’activités intenses méritent du repos, un petit épisode de Stargate Atlantis, puis un second, voire un troisième ?
23h30 – un petit regard sur les mails, Facebook, Twitter, Google+
23h45 – wifi off
00h00 – mince j’ai oublié de faire du ménage, de nourrir encore le chat, de laver le linge sale en famille, de faire des courses, de regarder les papiers scolaires des ados qui de toute manière s’en foutent, de payer les factures, de faire les comptes, de gonfler le pneu arrière droit de la voiture, de tondre la pelouse, de passer à la banque, de vider les poubelles, de changer les ampoules grillées, de réparer la fuite d’eau des WC, de souhaiter l’anniversaire de ma femme (elle n’est pas amie avec moi sur Facebook alors bon…), de déboucher le lavabo, on verra tout ça demain.

extreme geek

Vous voyez bien que je ne suis pas un geek. D’ailleurs, j’ai fait le test et n’ai obtenu qu’un score de 55%. Comment ça c’est classé geek extrême ? Nan, je suis certain que vous vous trompez, je ne suis pas geek. Et plus sérieusement, y a un mec qui a fini le dernier Zelda en une heure, vous vous rendez compte et un autre qui a trouvé les 900 noix de Korogu. Folie !

La chambre noire

Je suis enfermé entre quatre murs aveugles. Quatre mètres carrés, un siège, un bureau et une étagère croulant sous la paperasse. Cela ressemble beaucoup au « six by six from wall to wall » de Peter Gabriel. Derrière moi, deux projecteurs illuminent et chauffent l’espace confiné, braqués sur le bureau où trône une colonne métallique supportant un Nikon D5100. Posé à plat, entre des repères, un livre poussiéreux dont les pages fragiles se déchirent à la moindre maladresse. Le document date de 1923. Il est rempli de lignes et de colonnes, de chiffres et d’annotations, tracés à la plume par une main sans doute retournée à la poussière aujourd’hui. Devant moi, l’écran de l’ordinateur, affiche, en noir et blanc contrasté, une page de l’ouvrage.

Ma mission, le data rescue, ou comment créer une archive numérique de documents anciens. Le livre contient une année de relevés climatologiques quotidiens mesurés à l’aéroport de Strasbourg-Entzheim. Je tourne une page, je cadre, je zoom, je clique, je vérifie l’image et je passe à la page suivante. Quatre pages par jour, une sorte de travail à la chaîne pour mieux comprendre le réchauffement climatique planétaire. L’enjeu est de taille, constituer de longues séries de données sur la température et les précipitations afin d’alimenter les modèles numériques qui nous prédisent chaque jour plus précisément le désastre climatologique qui nous attend demain.

C’est aussi de la photographie (décidément je n’en sortirai jamais) mais qui ne nécessite guère de talent (ça tombe bien), si ce n’est beaucoup de patience.

Street Photography

Déambuler au marché, équipé d’un 35 mm et saisir des personnes dans leurs quotidien, tel était mon challenge photographique ce dernier samedi.

Je venais de signer pour le premier stage photo de ma courte existence. Après quelques bases sur l’utilisation d’un reflex, de rapides notions sur le triangle infernal (iso, vitesse, ouverture), nous étions onze stagiaires lâchés dans la nature avec pour mission de ramener cinq images de street photo. L’exercice pourra paraître simple à certains, pour moi ce fut l’enfer. J’ai toujours photographié avec le consentement implicite et tout relatif des sujets (concerts, sport, famille) ou d’autres, qui, s’ils ne sont pas d’accord, n’ont jamais réussi à l’exprimer clairement (lune, ruines, lampadaires, oiseaux).

Dans ce genre d’exercice, il faut saisir l’instant et essuyer des refus. Au milieu d’une foule dense occupée à choisir un kilo de pommes, un poulet rôti ou deux poireaux, rodaient onze photographes amateurs de tout poils, cherchant à capter la bonne image, l’idée, les couleurs, l’instantané, devant des passants pas toujours très réceptifs à l’exercice. Il y a eu des refus directs (bien compréhensibles), des fuites et des poseurs, il y a eu surtout un beau gâchis de pellicule de mon côté.

Le soleil était au rendez-vous, offrant contre-jour et ombres que je n’ai su exploiter. Je me croyais à l’aise dans une foule avec un appareil photo, je m’aperçois que ça n’est pas du tout le cas, que je reste coincé et timide dans cet exercice et que le matériel ne m’est d’aucun secours quand il s’agit de faire de la photographie de rue. Il s’agissait d’un premier jour de stage, il y en aura d’autres, dans différents lieux, ainsi que des séances de post traitement, alors je garde espoir, mais je n’ai pas hâte d’être confronté aux photographies inspirées des dix autres personnes qui se sont promenées avec moi au marché samedi dernier.

Que choisir ?

Vous êtes photographe, bardé d’objectifs et de boîtiers et vous avez le même problème que moi, que choisir. Un bon reflex avec son grip et un 300 mm, ça pèse son poids et c’est encombrant. Comment optimiser ses activités de loisir et photographiques sans emporter une maison sur son dos ?

Impossible de tout transporter, c’est trop lourd et trop encombrant, il faut donc faire des choix.

En vacances

Lorsque je suis en mode touriste, je ne prends qu’un boitier sans grip avec à 18-140 mm. Une solution passe partout, légère et très polyvalente. Il arrive parfois qu’une plus grande focale soit nécessaire, mais dans ces cas là, j’essaye de m’approcher le plus possible du sujet. Le photographe en promenade a tendance à fatiguer sa petite famille avec ses perpétuels changements d’objectifs, pauses photo, nettoyage etc. Une promenade reste une promenade et c’est d’abord avec les yeux que l’on mémorise les paysages alors je voyage léger. Mais des fois je regrette de ne pas avoir emporté mon sac.

Pour une fête de famille, même équipement, je suis d’abord là pour profiter de la fête et si à l’occasion je peux faire quelques jolies photos, tant mieux.

Le portrait

Pour du portrait, je voyage léger également, un 35 et un 85 mm, rien de plus, mais jusqu’à présent, je n’ai guère eu l’occasion de m’exercer à cette technique photo.

 

Astronomie

Pour l’astronomie, le package s’alourdit notablement, pied photo, fish-eye, 70-300 mm, 500 mm et déclencheur sans fil. Le fish-eye me sert pour photographier la voûte céleste en pause longue, le 70-300 mm pour des conjonctions planète-lune, le 500 mm pour des photos lunaires (je n’ai pas encore essayé la photo planétaire avec).

La photo animalière

La photo animalière s’apparente beaucoup à l’astronomie, le fish-eye en moins et le sac à dos en plus.

Les concerts

Pour les concerts, tout dépend de la salle et de l’accréditation. iPhone si je ne suis pas autorisé à photographier, et sinon deux boîtiers cette fois. Pourquoi deux boîtiers? Pour ne pas avoir à changer d’optique dans le feu de l’action. Pour les optiques, le plus souvent je prends le 35 mm, le 85 mm, le 18-140 mm et le 70-300 mm. Cela fait beaucoup je sais. Le 35 mm permet de photographier la scène en entier, le 85 mm de se concentrer sur les artistes individuellement, le 18-140 mm de faire la même chose avec un seul objectif mais moins de lumière et le 70-300 mm d’aller chercher les visages et le batteur.

 

Le sport

Pour les compétitions sportives, l’équipement est le même que pour les concerts, avec parfois le fish-eye en plus qui permet de faire des photos surprenantes. Pour le tennis de table, je privilégie le 35 et le 85 mm, des optiques lumineuses avec un bon piqué qui me permettent de monter au 400 ième voir plus et saisir l’instant.

Conclusion

Au final, j’utilise beaucoup le 18-140 mm et le 85 mm. Le fish-eye comme le 35 mm sortent rarement de leur étui même si en quelques rares occasions je suis content de les avoir sous la main, le 500 mm est utilisé régulièrement mais uniquement pour des sujets particuliers, oiseaux et lune, et depuis que je l’ai, le 70-300 mm sert nettement moins.

Quand on en possède un gros…

Quand on en possède un gros, mieux vaut prendre son pied, ce serait gâcher sinon. Ne prenez pas peur, inutile de coucher vos enfants, l’objet de ce post n’est pas phallique.

Il est justement misérablement ridicule pour ce qu’il sait faire. Il vient d’Asie et ce n’est pas le dernier godemichet de madame.

Les photographes se comportent un peu comme des automobilistes, ils apprécient les gros objets, et au concours de celui qui a la plus grosse, ils ne sont pas les derniers. Mais voila, comme pour les automobiles, la plus grosse est également souvent la plus chère.

Je n’échappe pas à cette escalade de l’impuissance. Dans le plus simple appareil, je ferai hurler de rire Rocco et ma voiture est une Logan, imaginez la misère. Mais j’ai un appareil photo. J’ai également une famille à nourrir, une maison à payer, alors pas question pour moi d’investir dans un objectif Sigma EX 500mm. Dommage car avec ces 46 cm de long, Rocco pourrait aller se rhabiller. Un 500 mm ça me tentait bien, mais pour quoi faire ? Une photo de la lune et un canard une fois par mois ? A 4700 €, c’est à dire à peu près le prix de ma Logan neuve, ça aurait été abuser.

Il existait la solution du pauvre, le Samyang 500 mm ouvert à 6.3. Un objectif à miroir de moins de 10 cm, pour un prix nettement inférieur, comptez 170 €. Il s’agit d’une monture T, il faut donc ajouter la bague qui va bien. Pour l’optique, le principe est celui d’un télescope Cassegrain : la lumière rentre par une lame de verre, est concentrée sur un miroir percé en son centre, et la lumière réfléchie est renvoyée par un second miroir, dit secondaire, dans le petit trou du miroir principal jusque le capteur de l’appareil photo. Et oui j’ai fait de longues années d’optique et d’astronomie, pourtant je ne suis pas une lumière, ça vous dérange ?

Pour 170 €, il ne faut pas s’attendre non plus à ce que les filles vous tombent dans les bras lorsque vous exhibez votre engin. Au mieux, ça les intrigue, et là agissez vite avant qu’elles ne comprennent la supercherie. Car au fond, ce n’est pas la taille qui compte. Si ? Non, tout est dans la technique. Je me rassure comme je peux.

Justement en parlant technique. Le Samayang 500 mm 6.3 est totalement manuel. Totalement. Il n’est même pas reconnu par l’appareil. Il va falloir configurer le boitier, lui donner la focale et l’ouverture, il va falloir également faire la mise au point à l’ancienne, c’est à dire en tournant le gros machin rond de 9,5 cm tout en stabilisant une image folle. Car avec une focale de 750 mm (sur un petit format), le moindre attouchement sur la bête se transforme en panique incontrôlée. D’où l’idée du début, quand on en possède un gros, mieux vaut prendre son pied.

L’usage de cet objectif s’accompagne au minimum d’un monopode ou d’un pied photo. Pour ma part, je prends mon pied en laissant la rotule libre avec le gros engin dessus (vous me direz, chacun prend son pied comme il veut après tout, et vous aurez raison). J’ai essayé d’utiliser la chose en concert, je sais c’est mal, mais dans le noir personne ne s’en rend compte. Alors, avec une ouverture à 6.3 (nan sur ce coup je ne ferai pas d’humour, c’est large quand même), l’image est très sombre, ça plus la nécessité d’aller au 200ième – le truc n’est pas stable – vous allez monter très vite en ISO faute de grimper au rideau. Avec une scène bien éclairée, si vous êtes au dernier rang, avec un pied, peut-être, sinon laissez tomber. Par contre pour le postérieur rond de la voute céleste, le Samyang est assez bien adapté comme pour animaux (on ne parle pas de zoophilie comprenons-nous bien).

La mise au point est un exercice très délicat, surtout pour des vieux comme moi qui se pressent la bite. Avec des verres progressifs, une marge très faible entre le net et le flou, une image qui chahute, réussir la bonne mise au point est un véritable challenge. Alors pour la lune, j’ai un truc, mais faites gaffe, il y a des risques. L’idée est la suivante : en plein jour, dans une atmosphère calme, prenez le Samyang et faites une mise au point sur un objet fixe très lointain, et ce avec l’écran en mode zoom. Une fois l’infini trouvé, faites une marque sur l’objectif. De cette façon, la nuit, vous n’aurez plus qu’à régler l’objectif sur la marque et photographier, à condition que la température extérieure soit sensiblement la même.

Faites attention quand même, il y a un risque. Cet été, de ma fenêtre au premier, j’ai sorti le matos, cherché mon repère à l’infini et callé mon engin en vue d’une nuit torride. Quelques minutes après, un gars furibard sonnait à ma porte, quand je dis furibard, j’ai vraiment cru qu’il allait me casser la figure avant de dire bonjour. Sa bourgeoise m’avait vu à ma fenêtre, exhibant mon attirail et s’imaginait être la cible de ma perversion libidineuse (s’il lit cet article, je suis mort). Quand je pense que j’ai peut-être loupé une bombasse lascive dans le plus simple appareil alors que je focalisais sur une grue…  Mais quel con ! Il a fallu que j’explique à un mec très énervé et pas forcément photographe que je faisais des images lunaires (en plein jour, hum…) et qu’au préalable, je calibrais mon matériel sur une cible lointaine pour moins galérer en pleine nuit. Pas certain qu’il ai compris, mais il est parti et j’ai pu remonter à l’étage mater son épouse.

Alors résumons-nous. Le Samyang 500mm 6.3 n’est pas cher. Il est totalement manuel, n’a pas le piqué d’un Sigma EX 500mm (j’en avais pas parlé mais ça tombe sous le sens) et nécessite au minimum un monopode. La mise au point s’avère délicate pour les bigleux et vous risquez des altercations avec vos voisins paranoïaques. N’oublions pas le point le plus important : quand vous êtes mal foutu, que vous roulez en Logan et que vous sortez votre Samyang, vous passez pour un gros naze auprès de toutes les minettes. Monde cruel…

Photographe de concert ?

Vous aimez la photographie et la musique comme moi ? Devenez photographe de concert. Ne rêvez pas, le métier ne paye plus depuis des lustres. Ce ne sera juste qu’une bonne excuse pour vous équiper avec nouveau boitier et des optiques et vous lancer dans l’aventure.

La photo de concert, c’est celle de l’extrême, une foule compacte, de la bière qui vole, des conditions d’éclairage chaotiques et des sujets très mobiles, l’enfer !

Première chose, réussir à s’infiltrer dans la salle muni de deux boîtiers Reflex, de deux ou trois objectifs, et ce sans attirer l’attention du gorille à l’entrée. Laissez tomber, vous auriez l’air stupide avec votre matériel devant la gros baraqué brandissant le panneau rouge PHOTOS INTERDITES. Il existe plusieurs solutions alternatives à cette tentative d’intrusion qui dépendent de l’artiste et de la salle. En France c’est toujours compliqué, pour les grosses pointures et les salles de plus de 500 personnes, je vous conseille de vous adresser au tourneur et de lui demander directement l’autorisation. Pas à l’artiste, ni à la salle, ils ne gèrent que rarement ce genre d’accréditation. Pour de plus petites salles, surtout si vous connaissez du monde sur place, c’est plus simple, demandez à l’artiste ou au proprio, généralement ça passe. En Allemagne, il faut oser le culot, ça marche parfois. Je me suis déjà pointé avec mon sac photo garni au guichet sans prévenir et on m’a laissé entrer, mieux on m’a fait rencontrer le producteur et le groupe avant et après le concert, le pied total !

Mais le précieux sésame reste le pass photo ou presse, le truc qui vous ouvre les portes de cet univers magique des soundchecks et concerts. Le truc pend autour du cou avec marqué PRESSE ou PHOTO dessus, les spectateurs agités s’écartent pour vous laisser shooter avec des sourires envieux, les artistes viennent vers l’objectif faire un solo, tirer la langue (la photo que je rate à chaque fois) ou montrer ses fesses… Il arrive que l’on vous demande, si ça vous dérangerai pas de monter sur scène pour photographier le groupe à la fin du concert (tu m’étonnes que ça me dérange, j’arrive !). Bref le pied. Sauf que, sauf que, en France, dans les gros machins, il y a la règle surréaliste des trois premiers morceaux. Vous connaissez ce jeu ? C’est simple, vous n’avez le droit que shooter que pendant les trois premiers titres, quand les mecs ne sont pas encore dans le bain, assez coincés, ne transpirant pas à grosse gouttes, ne déconnant pas encore, bref chiants pour l’objectif. En plus trois titres c’est court pour un boulet comme moi qui shoote 500 fois en deux heures pour ne garder que dix clichés. C’est stressant et à chaque fois, je ne fais que de la merde (bon je ne suis pas un bon photographe non plus, mais m’y crois vraiment). Et puis de temps à autres, vous vous pointez à l’entrée de la salle avec un gros sac photo, votre passe magique, et vous vous faites refouler. L’info n’est pas arrivée à la salle, le tourneur a changé d’avis, le chanteur à ses ragnagnas, brefs vous n’avez plus qu’à remballer le matos dans la voiture et prier que vous ne le pique pas. Les boules…

Restent les invitations et certains festivals où chacun fait ce qu’il lui plait plait plait. Là c’est open bar, six à huit heures de musique avec plusieurs kilos dans les mains et des bouchons dans les oreilles pour bien profiter des enceintes et des retours. Du pur bonheur, des gens sympas, des clichés sympa, des musiciens qui viennent vous voir à la fin pour savoir s’ils pourront recevoir les images et des gouttes de bière et du transpiration sur le matériel et l’optique…

Quelques règles de comportement s’impose en live. Non, pas de flash, ni même la petite lumière d’aide à la mise au point. Pitié pour les artistes, ils s’en prennent plein la poire avec vos appareils, tout ça pour des clichés se smartphones très moches. Soyez sympa. Déjà entre les projos, les retours et le public qui gueule (les bons jours), c’est l’enfer pour eux, mais en plus si vous leur flashez le portrait, ils auront vite les nerfs, d’ailleurs j’en ai vu vraiment s’énerver contre le public avec les appareils portables. Donc pas de flash. Ne montez sur scène que si vous y êtes invité (ça semble évident mais certains s’oublient). Respectez le public, ils sont venus pour écouter et voir des groupes, pas pour fixer l’ombre d’un 300 mm. Faites vous tout petit, discret et gaffe aux gobelets de bière. Certains artistes n’aiment pas trop qu’on les harcèlent au télé, d’autre ne demandent que ça, alors adaptez-vous, et si en backstage vous volez une photo sympa, demandez quand même l’autorisation de la publier. Présenter Brian May se soulageant dans un urinoir, même en noir et blanc avec un chouette bokeh, c’est une idée de merde.

Je ne suis qu’un obscur amateur mais je me permet quelques conseils techniques, le b à ba de la photo de concert. Faites-en ce que vous voudrez. Il vous faudra un matériel de moyen de gamme à haut de gamme, qui en numérique, peut enregistrer en format RAW pour une retouche ultérieure (la balance des blancs, une peu de contrastes pour les fumigènes, masquage des hautes lumières, traitement NB digne de ce nom, bref un logiciel du genre de Lightroom). Ils vous faudra plusieurs focales, disons de 18 à 300 mm, de préférence fixes même si c’est pénible de changer d’objectif dans le noir avec la bière qui tombe du ciel. Deux boîtiers c’est top mais c’est cher et lourd. Je fonctionne, un avec le 35 mm ouvert à 1.4 (équivalant 50 en plein format) et avec un 85 mm ouvert à 1.8 (équivalent 130 mm en plein format) que je troque de temps à autre pour un (70/300) pour les gros plans sur les visages ou un (18/140) pour plus de souplesse. Oubliez l’autofocus sauf en mode point, sinon vous aurez des micros nets et des visages flous (une grand classique). J’évite le tout manuel, car je suis lent, donc priorité vitesse, ISO auto dans une plage raisonnable de 100 à 3200. Reste à fixer la vitesse et faire la mise au point, en dessous de 1/60 c’est mort surtout en gros plan sur les mains du guitariste (pour le bassiste ça va). C’est ma recette, mais elle change en fonction des salles et des situations, je finis parfois en manuel à cause du boitier qui râle faute de lumière, car en live, sous exposé n’est pas raté, loin de là, mais le boitier ne le sait pas toujours. Justement, pour le calcul de l’exposition, passez en mode central, sauf si vous voulez faire un truc particulier. Je vous ai dit de désactiver le flash, le bip et la petite lumière de focus ? Prévoyez une batterie de rechange, oui c’est bête mais quand y a plus de jus, y a plus de photo. Prévoyez aussi une carte SD de rechange, oui c’est bête mais quand y a plus de place, y a plus de photo (le RAW c’est gourmand et huit heures festival très long). prévoyez un sac étanche, à cause de la bière… Pensez surtout aux bouchons, de bons bouchons, car quand vous êtes devant, près des retours et des enceintes, vous en prenez pour votre grade. Vos tympans ne sortiront pas indemnes après quelques concerts si vous n’êtes pas prudent.

La photo de concert c’est beaucoup de plaisir mais vous n’apprécierez pas le live de la même manière, difficile de se concentrer sur l’image et la musique à la fois. De temps en temps, il est bon de venir écouter un groupe sans appareil pour profiter pleinement du spectacle. La manie qu’ont de plus en plus de fans de nos jours de brandir leurs téléphones portables et de regarder le concert au travers de l’écran 6 pouces au lieu de fixer la scène est déplorable, mais bon c’est le vieux con qui parle, souvent gêné par une mer d’écrans miniatures qui flottent devant la scène. Ceci dit, ça peut faire une belle photo.

Je m’expose sur Flickr si ça vous tente.