Autrefois je couvrais des concerts de rock, des festivals de métal et j’interviewais des figures de proue de la scène progressive. Drug, sex and rock’n roll.
L’âge aidant, doublé d’un certain désengagement de la scène médiatique, j’ai du mendier mes accréditations jusqu’au jour où je n’en ai plus eu du tout. Alors j’ai commencé à couvrir des concerts classiques, des harmonies locales pour finir au Printemps des Bretelles.
Le Printemps des Bretelles est le festival d’accordéon de la ville d’Illkirch-Graffenstaden. Dix jours de concerts et bals autour du piano à bretelles dans différents lieux de ma commune.
Cette année, je me suis porté volontaire pour couvrir l’événement malgré mon manque d’intérêt évident pour cet instrument et une météo calamiteuse. Volontaire mais sans contrainte. J’allais, en fonction de mon humeur, de mon emploi du temps et de ma fatigue, photographier ou non les artistes.
Avec des entrées libres mais aucune accréditation officielle de photographe, l’expérience était proche de l’improvisation totale et il fallait négocier en douceur avec la sécurité certains accès.
Tous les soirs sauf relâche, du vendredi 31 mai au dimanche 9 juin, je suis parti de la maison à pied ou à vélo vers 18h30 pour le concert amateur de 19h sous la tente devant l’Illiade. L’occasion de manger un burger frites avant d’attaquer le spectacle de 20h programmé en extérieurs lorsqu’il ne pleuvait pas, soit dans la grande salle de spectacle ou à la Vill’A un peu plus loin.
Au menu des soirées, Edith Piaf, Jacques Brel, Salsa, chanson française, danses créoles, musique celtique, folk des Balkan, le tout assaisonné d’accordéon, autant dire rien qui n’appartienne à mon répertoire de prédilection.
Ne nous mentons pas, les groupes n’ont pas mis le feu dans la foule. Le groupe Mes Souliers sont Rouges a été certainement le point d’orgue de ce festival avec la nuit brésilienne mais pas assez pour que je reste jusqu’au bout. En fait, le plus souvent j’ai photographié la première demi-heure avant de plier bagages par manque d’intérêt pour la musique. Musiciens statiques, musique moyenne, éclairages minimalistes, public maussade, pluie torrentielle, le festival n’avait pas grand chose de festif au bout du compte.
J’ai quand même ramené quelques clichés sympas de ces soirées. Ils sont temporairement disponibles sur Flickr avant que je ne les efface. Je n’ai pas mitraillé comme un fou non plus, ne voulant pas trier et traiter des centaines d’images chaque soir. L’objectif pour moi était d’illustrer l’accordéon en live, un instrument qui possède un certain cachet et que j’ai rarement photographié.
Neuf soirées, dix-huit concerts, soixante-onze photo publiées dont une oscarisée, finalement j’aurai presque couvert tout le festival, grignotant le soir une tranche de pain de mie et tomate avant partir à pied vers 18h30 photographier le premier groupe pour revenir trois heures plus tard trier les images avant de me coucher.
Je me pose la question du bien fondé de la gratuité du festival. D’après les anciens, lorsque le billet d’entrée était de vingt ou trente euros, les salles étaient combles et les artistes qui se produisaient avaient un certain renom. « C’était mieux avant… ».
J’avais rêvé de tango argentin au soleil, de folk irlandais sous les étoiles, de bal musette entre les arbres, pas de danse créole dépressive en salle ou de Piaf sous bâche plastique noire.