Depuis une grosse quinzaine je ne sais pas ce qui m’arrive, mais j’écoute tout plein de musique.
D’ordinaire je survole deux à trois albums par semaine, là c’est plutôt le nombre de disques que je commande, quand à ceux dont j’écoute des extraits, j’en ai perdu le compte.
J’ai presque l’impression d’être revenu à la période de forçat du magazine Neoprog, sauf que là je le fais principalement par curiosité et plaisir.
Il y a bien entendu la rentrée de septembre qui se profile avec toutes ses nouveautés mais je me penche également beaucoup sur des sorties plus anciennes, proposées par des blogueurs et mes contacts sur Twitter, pardon, X.com.
Le contenu de ces musiques est relativement éclectique : rock progressif, metal, metal progressif, djent, art-rock, synthwave, post-rock… Bref un peu tout le temps la même chose au final.
Je commande en édition physique les trucs introuvables sur Bandcamp comme AVKRUST, le label Inside Out n’ayant toujours pas créé un compte sur cette plateforme, et également quelques albums qui sont tellement bons qu’il me faut un support car sinon le digital va s’user (vous savez ces petits 0 et 1 émoussés à force de les passer dans un microprocesseur) comme pour Voyager ou Einar Solberg. Du coup mon disque dur se remplit plus vite que mes étagères ce qui n’est pas plus mal pour la planète.
Je ne vais pas tout chroniquer bien évidemment, avec deux à trois achats par semaine et une chronique le lundi, il n’y a pas de place pour tout le monde. Je rédige beaucoup plus de brouillons de critiques que je n’enregistre de vidéos. Du coup, le vendredi, jour de l’enregistrement le plus souvent, je pioche parmi les textes déjà finalisés pour réaliser la Chronique en Images.
Alors je ne parlerai peut-être pas du très bel EP de Pendragon, des morceaux de I/O avant la sortie de l’album de Peter Gabriel, de Ne Obliviscaris ou de Bahamut de Aisles pour vous faire découvrir à la place Quadrivium, Amarok ou The Resonance Project. L’idée c’est de vous présenter de nouvelles choses même si ce sont les groupes mainstream qui sont plébiscités sur mes vidéos : Lazuli et Marillion en tête.
Ma culture en matière de Jazz est proche de moins l’infini. Celle de mon épouse également, centrée qu’elle est depuis des années sur la musique classique.
Mais cette année, comme depuis deux ans, dans le quartier de la Petite France à Strasbourg, prend place un festival de jazz en plein air, alors pourquoi ne pas aller y jeter une oreille après tout ? D’autant qu’il s’agit d’une musique particulièrement bien taillée pour le live.
La scène était dressée place Saint Thomas, à l’ombre des arbres, non loin de l’école de musique de mon épouse. Derrière les sièges pouvant accueillir de nombreux mélomanes, des tables prenaient place pour se restaurer de tartes flambées dont l’odeur alléchante parvenait jusqu’au premier rang.
Un festival gratuit en partie financé par des sponsors comme la ville de Strasbourg et par une incitation aux dons, sur internet avec un QR code apposé sur chaque siège et des personnes faisant la quête comme à l’église après le premier concert.
Nous n’avons assisté qu’aux concerts du samedi et du dimanche, et encore pas à tous. Le festival ouvrait ses portes vers 17h30 pour quatre live à chaque fois, une programmation très éclectique allant de la world music à l’électro en passant quand même par le jazz.
Las Bakkavas ouvrait les hostilités samedi à 17h15. Un groupe amateur local proposant une musique du monde à cinq chanteuses, violon, basse, batterie, accordéon, saxo et claviers. Ce n’était pas transcendant mais nous avons passé un bon moment.
Venait ensuite l’Abraham Reunion, un quatuor acoustique, piano, contrebasse, batterie et chant mêlant jazz et musiques créoles. Un frère et deux sœurs accompagnés d’un excellent batteur. Ce fut certainement le meilleur concert des deux soirs. La pianiste était percussive et mélodique à la fois, la contrebasse distillaient de belles notes graves en contrepoint, la batterie très présente savaient rester en retrait pour n’écraser personne et la chanteuse, même si je n’étais pas fan de son timbre, possédait une impressionnante tessiture lui permettant de tout faire.
Après une pause burger mérité, nous avons une bonne adresse pas loin de la place, nous sommes revenus pour Los Negros Soundsystem un duo jeune saxophoniste et dj chenu. Un titre nous a convaincu de rentrer à la maison digérer notre frites d’autant que des averses menaçaient de tout arroser, malgré les stupidités que proféraient un spectateur derrière nous sur les prévisions de Météo-France. D’ailleurs, à peine arrivés à la maison, toute la ville était sous la pluie.
Le lendemain à 17h30 la flutiste Naïssam Jalal ouvrait les hostilités avec ses rituels, entre méditation, chamanisme et yoga tantrique. Le quatuor batterie, contrebasse, violoncelle et flûte n’a pas convaincu le matérialiste que je suis, pas plus que mon épouse qui a failli devenir folle. Son estomac criait famine, les longs morceaux l’ennuyaient, et pour passer le temps et sa faim, elle mordait mon épaule. Chacun sa came. Par contre mentions spéciales pour le violoncelliste très habité , Clément Petit, qui nous a livré de belles choses et pour le batteur virtuose souriant, Zaza Desiderio.
Notre ami Laurent était là. Il avait assisté à tous les concerts de la journée du vendredi et remettait le couvert pour le dernier soir. Il a évidemment bien aimé la première prestation mais les trucs bidules mysticos méditatifs, c’est son truc.
A 19h00, l’estomac sur les talons – madame avait décidé que nous mangerions à la maison – nous avons découvert le Subconcious trio, trois femmes (elles représentent 17,4% des musiciens en Europe semble-t-il), une pianiste, une contrebassiste et une batteuse qui allait nous livrer un beau set de jazz. La pianiste Monique Chao jouait de manière lounge quand la batteuse Francesa Remigi cherchait à en découdre avec le public. Entre elles, Victoria Kirilova cherchait un maintenir l’équilibre. A les réécouter sur Bandcamp, je trouve leur travail studio nettement plus harmonieux qu’en live. Ce n’était pas aussi magique que Abraham Réunion mais il y avait de belles choses.
Nous sommes rentrés affamés vers 21h00, rêvant même de Domino’s Pizza et de Mac Donald dans le tram pour finir avec un oeuf au plat dans notre assiette. Le frigo était vide…
Le premier soir je suis venu avec un objectif passe partout pour prendre quelques photos, on ne se refait pas, et le dimanche, j’ai finalement sorti la grosse bertha, histoire d’obtenir des images avec un meilleur piqué. Rien d’extraordinaire au final mais quelques images souvenir de ces deux belles soirées musicales.
Faut-il que je vous présente encore Marc Atkinson ? Je vous ai parlé maintes fois de de Nine Stone Close, de Riversea et de Moon Halo. C’est lui, le chanteur de ces projets. Un anglais qui vit à la campagne, pas loin de York (j’ai dit Cork ?) et qui joue dans les pubs le week-end pour gagner sa vie.
Il est également artiste solo et c’est dans ce rôle que nous le retrouvons aujourd’hui avec Heart & Soul, son nouvel album treize titres.
Ici pas de rock progressif, encore moins de metal, mais de la pop rock au chant et à la guitare avec parfois de la basse, de la batterie, des claviers ou de la guitare électrique.
Je n’ai aucun recul sur le travail de Marc. J’aime trop sa voix et sa manière de chanter. Comme ça vous êtes prévenus. Donc lorsque Marc sort un disque, je l’achète et me délecte de sa musique.
Aux côtés de Marc, il y a sa compagne Tamsin aux chant, sa fille Enya pour l’artwork, Martin Ledger à la guitare, Maurizio Fornacca à la batterie, Bob Fleming à la basse et son compère Iain Jennings aux claviers.
Dans l’ensemble Heart & Soul est dans un mood relativement soft : guitare acoustique et chant soyeux mais de temps en temps, le ton se durcit comme dans ‘Never give up’. Les textes, eux, parlent d’amour, de Lewis Caroll, de la guerre en Ukraine et même un peu de mysticisme. Un album un peu plus sombre que d’accoutumée comme Marc s’en explique dans le livret.
L’album est pop rock, soul, blues, parfois country et même presque metal avec la guitare rageuse de ‘Never Give Up’. Comme l’explique Marc, Heart & Soul est à la fois un album solo et un projet de groupe. Cinq titres sont joués avec une section rythmique, Martin pose ses soli de guitare sur dix pièces et Iain des claviers sur ‘See Right Through You’. On y retrouve donc un peu de l’esprit de Moon Halo d’autant que Martin, Bob et Iain jouent également dans cet autre groupe.
Certains trouveront probablement cet album facile, voire même sirupeux avec la voix feutrée de Marc, les paroles pleines d’amour et la guitare sans grand défi technique sur de nombreux titres, et ils auront raison. Heart & Soul n’est ni original ni dans la performance musicale. C’est un album bâti sur des émotions, une parenthèse de douceur dans un monde de brutes et j’adore ça.
Mon morceau préféré s’intitule ‘Before The Day The World Dies’, vous me reconnaissez bien là avec mon optimisme naturel. J’ai également un faible pour ‘Have You seen Alice’, certainement à clin d’œil à sa compagne, mais tous les titres de cet album me touchent, chacun à sa manière.
Alors si vous êtes curieux de connaître les raisons qui me font aimer Marc Atkinson, je vous recommande d’écouter Heart & Soul avec tout votre coeur votre âme.
Alors non, je n’ai pas complété ma collection de boîtiers Nikon avec un nouveau modèle de la gamme Z. Je suis allé en Suisse, à Pratteln pour écouter le groupe Ticket To The Moon qui ouvrait pour Riverside.
Cela faisait des mois que je n’avais pas rendu visite à ce temple du rock progressif, il faut dire que c’est assez loin et que pour s’y rendre, mieux vaut avoir la vignette suisse pour l’autoroute.
Guillaume, le bassiste de Ticket to the Moon m’avait annoncé, des étincelles dans les yeux, une semaine auparavant, qu’ils joueraient en première partie de Riverside au Z7. J’ai mendié une accréditation photo et préparé mon paquetage. J’avais envie de revoir les franco-suisse en live. La dernière fois ils jouaient avec Lazuli, c’était il y a trois ans.
Et ce qui est cool, c’est que mon épouse m’a accompagné, peut-être pour me rendre la pareille après la Fête de la Musique. Qu’importe elle était là.
Nous sommes arrivés entre deux averses. A la caisse pas trace de mon accréditation mais j’ai été ajouté à la liste des photographes sans avoir à supplier. Une fois dans la salle, le ciel est tombé sur le toit du Z7. Une pluie digne du Déluge, notre timing était parfait.
Le temps de discuter un peu avec Guillaume et Andrea, de préparer le matériel, il était temps de rentrer dans l’arène pour trois morceaux avec les autres photographes.
Ticket to the Moon avait trente cinq minutes pour convaincre. Cinq suffiront. Le trio, malgré trois ans d’absence, reprend ses marques et livre un set post rock solide, agrémenté de beaux éclairages et d’un son de qualité. Guillaume et Andrea occupent la grande scène du Z7 comme si c’était la leur, jouant au clic pour compenser l’absence de claviers. Ils présentent au public nombreux et enthousiaste leur nouvel album Elements sorti cette année, leur premier disque cent pour cent instrumental depuis leurs débuts. Trente-cinq minutes c’est bien trop court lorsque l’on aime leur musique, mais c’est ainsi, peut-être aurais-je l’occasion de les écouter à nouveau lorsqu’ils joueront en tête d’affiche.
A 21 heures les polonais de Riverside s’installent pour deux heures de concert. Cette fois ce sera l’album Identity qui sera à l’honneur. Un disque qui n’a pas forcément été bien reçu par les fans comme nous l’expliquera Mariusz pendant le show.
Je ne vais pas vous mentir, je ne me serai pas déplacé juste pour Riverside. Leur dernier album ne m’a pas complètement convaincu et le groupe ne m’a pas toujours enthousiasmé en live.
Je trouve que lors de leur performance au Z7, les claviers donnent parfois dans la bouillie désaccordée même si je sais très bien qu’un synthé reste au diapason. Pourtant, par moments, y a des trucs qui me dérange, comme si un des musiciens jouent faux.
Ce sont les morceaux très rythmés, les tubes de Riverside, qui fonctionnent le mieux d’après moi. Ma chérie, elle, a préféré le morceau final à rallonge de la soirée. Le monde à l’envers.
Le light show était fabuleux, rien à dire et si le son était un peu fort, cela restait très acceptable avec des bouchons.
Par contre la facture fut douloureuse : 50 € de billet pour ma femme, 5 € pour l’accréditation, 8 € de parking, 8 € pour deux verres d’eau, 42 € de vignette suisse sans parler du plein d’essence à 80 €, une soirée au Z7 revient assez cher, même en ne payant qu’un seul billet. Vive la Suisse !
Je ne suis pas vraiment emballé par les photos mais j’étais fatigué après une grosse semaine et le shooting réalisé sur trois titres. J’ai du mal avec ça. Je suis lent, c’est comme ça.
Les photos de Ticket to the Moon sont ici et celles de Riverside ici.
Le 21 juin en France, on célèbre la musique grace à Jack Lang. Une fête populaire où n’importe qui pouvait descendre dans la rue, faire du bruit, ou même de la musique. Depuis, cet événement s’est quelque peu organisé et les mairies proposent différentes scènes où des artistes, amateurs ou professionnels peuvent se produire.
Et chaque année à la maison, il faut choisir dans un programme très riche et très varié, quelle ville, quels groupes, quel style. Car mon épouse est classique et moi plutôt rock.
Dans ma commune, il y avait mes copains de Out5ide qui allaient mettre le feu mais à Obernai, c’était ceux de ma chérie qui jouaient. Un groupe de rock français façon Noir Désir avec qui elle avait enregistré quelques notes de violoncelle. Cruel dilemme si nous devions passer la soirée ensemble, d’autant plus que le lendemain je partais pour la Suisse écouter Ticket To The Moon et Riverside au Z7.
Le Bruit du Frigo, oui c’est le nom de leur groupe, joue des trucs qui ne m’emballent pas vraiment, disons que je n’écoute pas ce genre de musique à la maison. Mais pour une fois, je pouvais bien faire plaisir à mon épouse. Alors nous sommes partis pour Obernai écouter le Moteur du Congélateur.
A l’intérieur des remparts de la petite ville alsacienne, la fête battait son plein. Les terrasses des restaurants croulaient de monde, les gens faisaient la queue devant les glaciers, les jeunes buvaient des bières sur le mur d’enceinte et plusieurs groupes se produisaient dans la ville. Le Bruit Du Frigo jouait sur la grande scène de la place du marché, au centre ville.
Sept musiciens composaient le groupe mené par Bruno ce soir là. Guitares, basse, batterie, trompette, trombone et accordéon pour accompagner des textes anars au vitriol. Il ne manquait plus qu’une violoncelliste. Malgré mes préjugés, quelques problèmes techniques et une grosse journée de travail, c’était pas mal du tout.
Le nouveau tromboniste du groupe, qui jouait son second concert, était parfois un peu perdu, voir totalement, la batterie et la guitare ont connu quelques misères mais Le Bruit du Frigo a tout donné le temps d’une soirée et c’est ce que l’on demande aux artistes au final.
Comment à mon habitude, je suis venu armé d’un appareil photo, histoire de le foire doublement plaisir. Et ici, entre les cuivres, l’accordéon et le chanteur, il y avait matière à exposer la pellicule. Cent cinquante clichés que j’ai transféré sur le Mac en rentrant sans les regarder faute de temps car il fallait que je prépare mon barda pour le lendemain, jeudi soir et le concert du Z7, mais ça je vous le raconterai dans deux jours.
Nous sommes passés entre les gouttes et les orages pour cette fête de la musique à Obernai, un endroit sympa pour profiter de cette fête populaire, loin des grosses scènes institutionnelles que l’on trouve souvent dans les grandes villes.
Ne me jugez pas si hâtivement et ouvrez plutôt vos oreilles. D’accord, ce n’est pas un album de prog, encore moins de métal, c’est presque de la variétoche en fait. Mais voilà, j’adore Floor Jansen depuis qu’elle a poussé pour la première fois la chansonnette avec Arjen Lucassen.
Je reconnais ma faiblesse mais je suis sûr que plein de gros métalleux tatoués vont acheter l’album en cachette de leur chérie occupée à boire des fûts de bière. J’apprécie les belles voix capables de m’éblouir en studio comme en live. Et Floor est de cette trempe comme Marcela ou Annecke. D’ailleurs, si j’ai écouté le dernier Nightwish, c’était principalement pour la voix de Floor.
Paragon est un petit album narcissique de dix titres. Narcissique car c’est Floor qui pose sur la pochette. Petit car il ne dure que trente cinq minutes. Ça nous donne des morceaux format radio entre le court 2 minutes et 55 secondes et un grand format de 3 minutes et 49 secondes.
Tout ça est bien entendu furieusement commercial faut quand même l’avouer, mais c’est si bon. Paragon me fait penser au tout premier Evanescence avec Amy Lee. Une voix fabuleuse au service d’une musique entre variété et métal.
J’avoue que le troisième titre ‘Invicible’ est un peu too much pour mon seuil de tolérance habituel. Mais noyé dans la chantilly, ça passe crème.
L’album offre tout une palette d’atmosphères, de l’éclectro soft ‘Paragon’ au symphonique ‘The Calm’ en passant par l’acoustique ‘Hope’ sans oublier le très eighties ‘Invicible’ et un ‘Come Full Circle’ à la Barbra Streisand.
Evidemment, Floor fait énormément à la réussite de cet album par ses performances vocales éblouissantes. Mais les compositions ne sont pas en reste ici loin de là. Et si je devais ne retenir qu’un seul morceau, ce serait sans doute ‘Storm’ ou ‘Fire’.
Avant de recevoir le vinyle crème, ne pouvant patienter plus longtemps, j’ai commandé l’album sur iTunes (oui je sais, c’est mal).
Floor Jansen possède bien un acompte Bandcamp mais hélas Paragon ne figure pas dessus. Sans doute encore un bataille de distribution et de droits à con chez les majors.
Toujours est-il que Paragon passe en boucle à la maison en attendant de recevoir la galette mais j’avoue que l’enthousiasme débordant du début s’est tout de même un peu émoussé au fil des écoutes.
Amis esthètes, prenez peur, car Paragon figurera probablement dans mon top 2023 et j’attends le vinyle avec impatience. J’espère seulement que pour son prochain album solo, Floor prendra un peu plus de risques histoire de nous éblouir tous et toutes.
Le plus catatonique des chanteurs de métal, semble avoir trouvé un remède à sa mélancolie maladive si belle. Jonas va mieux et son groupe Katatonia revient avec un nouvel album intitulé Sky Void of Stars, le premier de leurs disques que j’achète en digital.
Pourtant, la pochette est tout simplement sublime avec ce puits de lumière verte dans un paysage urbain et ces corbeaux en contre jour, le genre d’artwork à déguster en vinyle. Mais voilà, je ne me suis pas résolu à la dépense, peut-être parce que Sky Void of Stars ne le mérite pas.
Le nouveau Katatonia propose onze morceaux que l’on pourrait qualifier de pop metal progressive pendant cinquante minutes. Exit la mélancolie douloureuse qui faisait la beauté de leur musique. Ici le metal prog est sans réelle surprise, parfois vaguement mordant comme dans ‘Austerity’, souvent terriblement convenu comme dans ‘Colossal Shade’. Il est vrai que le groupe a dû se réinventer avec deux départs majeurs en 2014, ceux de Daniel et Per. Mais cela n’excuse pas tout.
Sur cet opus, les claviers sont très présents comme dans ‘Opaline’ et les refrains à répétition meublent des paroles moins inspirées. N’empêche, la voix ensorcelante de Jonas fait toujours mouche même s’il abuse d’effets à mon goût comme par exemple dans ‘Drab Moon’. On se laisse prendre par les différentes atmosphères de l’album mais je n’entre pas en transe pour autant.
Plusieurs titres retiennent toutefois mon attention comme le sublime ‘Author’ qui est certainement mon préféré des onze. Il dégage une belle énergie, le chant y est particulièrement soigné et les guitares nous livrent un fabuleux solo, tout le contraire de ‘Impermanence’.
‘Sciera’ est un bon exemple de cette pop metal, un semblant d’énervement, une rythmique de supermarché, un non instrumental et un refrain à deux balles. Et même si ‘Atrium’ pourrait rentrer dans cette catégorie, car il est composé comme un tube, il fonctionne, sans doute grâce à son refrain accrocheur.
‘No Beacon To Illuminate Our Fall’ prend un peu plus de libertés musicales avec le carcan catatonique, notamment les claviers et les guitares qui prennent leurs aises pour une fois et le chant qui sort de sa ligne mélodique de confort. Et puis ‘Absconder’ termine l’album de manière relativement abrupte, genre on ne savait pas comment finir, vous savez, nous ne voulions pas rater notre avion.
Il ne faudrait pas comparer Sky Void of Stars avec un Dead End King ou un City Burials, mais comment faire, à part sombrer dans l’amnésie. Ceci dit, après les avoir réécouté, je me rends compte que je suis nettement moins avide de ce metal mélancolique qu’à une certaine époque.
Sky Void of Stars plaira au plus grand nombre mais sans doute pas aux puristes de Katatonia. Vous pouvez toutefois le découvrir sur Bandcamp pour vous faire une idée.
Lors du concert de Out5ide le vendredi 13 janvier, Philippe Rau, guitariste du groupe, m’a parlé du projet Plus 33 qui prépare un second album sur lequel il joue. Un album de rock progressif instrumental quatre titres, tout ce qu’il fallait pour titiller ma curiosité.
Alors je suis allé écouter leur premier effort, Open Window, sorti en 2020 et disponible sur Bandcamp.
Plus 33 est le projet du claviériste Didier Grillot accompagné ici de Lloyd Wright à la guitare, Paul Susan à la basse, Dave Wilde au saxophone et flûte et Adam Sinclair à la batterie. Didier fut le claviériste du groupe Outside jusque Freedom en 2002. C’est donc naturellement que de retour en France, il s’est tourné vers Philippe pour jouer les guitares sur le prochain album.
Mais parlons de Open Window en attendant le prochain album. Un disque cinq titres d’un peu moins d’une heure, cent pour cent instrumental qui décline les quatre éléments en musique plus un épilogue. Côté style, il s’agit d’un prog instrumental atmosphérique parfois jazzy dominé par les claviers où pointe parfois du piano classique comme dans le troisième mouvement de ‘Water’ et dans ‘Epilogue’.
‘Water’ s’ouvre sur un mouvement jazzy contemplatif et se poursuit sur un chant de baleines à la guitare rapidement remplacé par le saxophone, le piano et la flûte traversière. Toujours liquide, la musique se fait impressionniste au piano, dévoilant tout le talent de Didier Grillot sur cet instrument.
Le quatrième mouvement est quant à lui nettement plus dans la veine du rock progressif symphonique avec force de claviers et guitare. Du prog seventies avec quelques accents Road 66 à la guitare. Des eaux plus tumultueuses on va dire. Puis ‘Contemplation’ nous offre une accalmie liquide, une plongée sous la surface à la manière du Grand Bleu.
L’album nous ramène ensuite sur la terre ferme avec le premier des trois chapitres de ‘Earth’. Un retour à la fusion sur du piano électrique, de la batterie, de la basse, de la guitare, un saxophone dans tous ses états et des claviers pour terminer. La ‘Douce Ivresse’ se joue à la flûte traversière et aux nappes de claviers, un je ne sais quoi de l’Heptade d’Harmonium, juste divin. Le troisième mouvement, ‘You, Us, Them’, se pare de guitare acoustique, de flûte, de piano et de notes graves de synthés dans la continuité de la piste précédente, mais cette fois de nuit.
C’est avec le feu que se poursuit Open Window, une première pièce progressive un peu orientaliste où claviers et guitares mènent la danse. Le second et dernier mouvement du feu est rock expérimental et psyché, un pur bonheur !
Le quatrième et dernier élément est l’air en deux mouvements. Le premier est planant et très cinématique, tout aux claviers de Didier façon Vangelis et le second, très cool également est plus dans un mood hawaïen.
Open Window s’achève par un épilogue de plus de cinq minutes qui revient à la musique impressionniste pour finir façon piano bar.
L’album contient de très beaux passages et d’autres plus classiques. Un instrumental varié entre jazz, prog, classique et atmosphérique joué par des musiciens talentueux qui s’écoute et se réécoute avec bonheur. Vous pouvez le découvrir sur Bandcamp.
Cette semaine de nombreux événements allaient chambouler ma vie paisible. Mon directeur adjoint partait à la retraite, trois cartons pour un poids total de quarante kilos étaient livrés par Chronopost à la maison, mon épouse tombait malade pour la cinquième fois en un an, Klone jouait au Noumatrouf à Mulhouse et Messa passait le jeudi soir au P8 à Karlsruhe.
Je vous ai déjà parlé de Messa et de leur album Close, du doom stoner chamanique italien chanté par une déesse. Malgré la fatigue de la semaine et un début de crève (allez savoir qui m’a refilé ça), j’ai décidé de franchir le Rhin avec mon ami Seb pour découvrir le groupe en live.
Le P8 est une salle récente en périphérie de Karlsruhe où jouait King Buffalo il y a quelques mois. Un quadrilatère de béton en pleine zone artisanale servant de dortoir aux routiers, une salle associative où j’ai obtenu sans difficulté une accréditation photo à condition de ne pas photographier le staff ni le public, sauf du fond de la salle. J’ai connu pas mal de restrictions photos surprenantes depuis des années, mais jamais encores celles-là.
L’affiche annonçait Julinko et Messa. Un concert commençant à 20h ce qui nous laissait une bonne heure devant nous pour nous déshydrater et refaire la réforme de retraites autour d’une bière, car ce jour là, en France, c’était la grève générale, enfin, pas pour nous. Bonne surprise, le public allemand a répondu présent et la salle est assez bien remplie, même pour la première partie.
Vous connaissez maintenant Messa j’espère, si ce n’est pas le cas, dépêchez vous de lire ma chronique, mais sans doute ne connaissez-vous pas Julinko, un projet solo confidentiel, italien également, Giulia Parin Zecchin une guitariste chanteuse qui donne dans un psyché doom drone assez space. J’avoue que ce que j’ai écouté sur Bandcamp m’a laissé dubitatif. Des loops, des effets sur le chant, un peu de guitares, beaucoup d’enregistrements bruitages, Julinko joue d’atmosphères étranges et le set d’une heure ressemble à un long morceau. Mais comme l’a dit Seb, après avoir bu cinq bières, on finit par rentrer dedans… Je n’ai bu qu’une bière pour ma part (j’étais le chauffeur du soir), et je ne suis pas vraiment convaincu.
Messa arrive juste après et là, ne nous mentons, c’est juste magnifique. La chanteuse malgré les cigarettes et la bière pose sa magnifique voix parfaitement au diapason sur le doom shoe gaze des trois musiciens. Dès le premier titre je tombe en pâmoison. Les morceaux s’enchaînent avec maestria, montant en puissance, le guitariste nous livre un somptueux solo andalou oriental et la chanteuse nous éblouit. Le groupe joue principalement leur dernier album Close avec quelques retours en arrière dans le passé qui donnent envie d’explorer leur discographie plus à fond. Le concert s’achève bien trop vite à mon goût même si je suis fatigué et affamé.
Pour les photos j’ai fait comme j’ai pu. Pour Messa il s’agissait principalement d’éclairages rouges qui mettent en panique tout bon autofocus qui se respecte. Finalement c’est Julinko qui a bénéficié des éclairages les plus élaborés, il y avait également plus de place pendant son set pour bien se placer. Vous pouvez les regarder sur Flickr.
Une belle soirée arrosée de bière allemande au son du doom ténébreux de Messa dans une salle qui ma foi, donne envie de revenir.
Ma chérie est musicienne (tiens j’ai l’impression d’avoir commencé un billet de la même manière), pianiste, violoncelliste, altiste (c’est nouveau ça), elle joue dans un orchestre amateur et leur concert annuel avait lieu le 8 février dernier.
Comme j’avais photographié leurs deux précédentes performances, certaines personnes m’ont demandé de revenir cette année pour immortaliser cet événement culturel majeur. Je ne me suis pas fait prier, l’occasion de justifier auprès de mon épouse le scandaleux budget que je consacre à ma passion.
À 16h, après une dure journée de labeur, j’ai pris le tram direction le conservatoire de musique de Strasbourg pour assister aux répétitions. Au pluriel car deux orchestres se produisaient, celui des enfants nouvellement constitué et celui des adultes qui existe déjà depuis quelques années.
L’auditorium du conservatoire est une très belle salle à l’acoustique fabuleuse. Des murs en bois pour une atmosphère cosy souvent éclairée de lumières très chaudes. Son seul défaut est que le premier rang se situe juste contre la scène et que lorsque la salle est comble, il est impossible de circuler d’un côté à l’autre à moins de remonter toutes les marches et de faire le tour par le fond. Et évidemment, ce soir là, les deux orchestres jouaient à guichet fermé.
Juste avant les répétitions, je me suis fait briefer sur les accès aux coulisses afin de photographier la soirée selon des perspectives différentes de celles de l’an passé. Le passage du bord droit au bord gauche de la scène demande une longue course dans des couloirs interdits au public et rejoindre la salle depuis les coulisses est encore plus complexe.
Lors de mes repérages le personnel du conservatoire s’est posé quelques questions en voyant cet hurluberlu avec son appareil photo et son gros sac déambuler dans les entrailles du bâtiment. Mais après quelques passages, ils n’ont plus posé de questions.
Le plus important dans les coulisses c’est de ne pas se prendre les pieds dans les étuis de violoncelle, de naviguer entre les pupitres et les chaises, de ne pas jurer à haute voix lors d’une photo ratée et surtout, surtout, de ne pas claquer les portes derrière soi.
Avant de partir, j’ai pesé mon sac au travail, 7.5 Kg sans la bouteille d’eau ! Un Nikon Z6 II avec le grip, un Nikkor Z 24-70 mm f 2.8, un Tamron 70-200 mm f 2.8 avec la bague FTZ, un Samyang Z 12 mm et un flash cobra Godox au cas où. Il faut toujours être prévoyant.
La plupart du temps j’ai travaillé au Tamron 70-200, il est lourd mais couvre de nombreuses situations. Avec les éclairages de la salle et les costumes noirs des musiciens j’ai souvent flirté avec les 5000 ISO tout en restant ouvert à 2.8 mais le fabuleux autofocus du Z6 a toujours bien accroché mes sujets.
Les répétitions ont été l’occasion de réaliser des clichés que je ne pourrais plus faire pendant le concert, m’aventurant discrètement sur la scène sans trop déranger les musiciens et le chef. Ne voulant pas être trop intrusif, j’essaye de saisir les musiciens de loin. C’est mon côté timide et bien éduqué qui ressurgit. Évidemment la qualité des images et la lumière s’en ressent un peu. Mais bon, on ne se refait pas.
Charlie, le chef d’orchestre des adultes, passe son temps à faire le pitre et il est bien difficile de garder son sérieux en coulisses. Il ne se lache que pendant les répétitions mais c’est un festival. Certains musiciens restent stoïques mais d’autres sont explosés de rire comme mon épouse au milieu de sept autres violoncellistes (oui c’est beaucoup pour un orchestre).
Etienne, celui qui dirige les enfants, est nettement plus austère, déguisé comme pour aller à la messe, il ressemble plus à un prédicateur. Les petits eux, ont la pétoche. Le premier qui moufte, je le plante avec ma baguette…
Cette année, mon délire fut d’essayer de photographier l’orchestre de très loin avec le public dans divers éclairages et angles. Fini les gros plans sur les musiciens (il y a en quand même quelques uns), je voulais la salle vue d’en haut, du fond de la scène, des coulisses et sur les côtés. Des images acrobatiques car très sombres nécessitant pas mal de travail en post production. Je me suis quand même déchaîné sur les chef d’orchestre et la soliste de la soirée histoire de faire un peu mon travail si je veux pouvoir revenir la prochaine fois.
Tout ça pour vous dire que j’ai couru plusieurs kilomètres de 16h30 à 20h00 avec 7.5 kg sur le dos avec juste un demi litre d’eau pour me réhydrater et surtout le ventre vide.
Deux répétitions, deux concerts et 370 photographies plus tard, alors que mon épouse fêtait sa brillante prestation au restaurant avec 24 autres musiciens, je suis rentré en tram à la maison avec mon matériel et le violoncelle alors que ma chérie disposait de la voiture. Heureusement que mon petit dernier était là pour faire le porteur.
J’ai sélectionné 41 photos que j’ai ensuite développé sous Lightroom, couleur et noir et blanc comme à mon habitude avec cette fois une assez grande utilisation des masques pour séparer le sujet principal du reste de la scène.
Une très belle soirée musicale où j’ai pu allier ma passion pour la photographie avec celle de la musique, muscler mes jambes, perdre quelques kilos et constater que si ma femme me laisse tomber trois soirs par semaine, c’est bien pour jouer de la musique et non jouer à la cougar avec je ne sais qui.