Persil, poivre et basilic

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Vous voyez le pic à droite sur le graphique juste en dessous ?

Cela se nomme l’effet Franck Carducci. Un truc comme les suites de Fibonacci. Tout a commencé par un innocent coup de sang sur un blog anonyme connaissant une dizaine de visiteurs les bons jours, un article partagé par un artiste sur Facebook et qui a rapidement été partagé à nouveau et commenté. Le « Pourquoi Ducros il se décarcasse » à fait un modeste buzz dans l’infosphère des musiciens et des amateurs de rock, avec près de  quatre cent lecteurs hier. Quand je disais que les gens passaient plus de temps sur internet et devant la télévision qu’aux concerts… Avec quatre cent personnes, Blind Ego aurait fait salle comble.

Je suis quand même content que cet article est rencontré un bon écho mais j’espère que ces lecteurs occasionnels n’iront pas plus loin dans l’exploration du blog, car ils pourraient prendre peur très rapidement.

Vous avez beaucoup de chance, tous mes billets commencent par des brouillons. Et régulièrement, je jette ces brouillons à la poubelle, soit parce qu’ils sont trop mauvais, soit parce qu’ils sont trop agressifs, soit parce que ce sont des torchons ou qu’ils sont franchement politiquement incorrects.

Il faudrait que le crée un second blog pour ces articles là, ce serait la Poubelle de Neoprog.

Que vous ai-je donc épargné ?

  • Mes fesses, tout d’abord, des auto portraits réalisés dans la plus stricte intimité dévoilant les fondements de ma personnalité.
  • Une longue diatribe sur l’athéisme suite au projet de loi tunisien sur la religion, des fois il y a des sujets qui m’agacent.
  • Mes états d’âme sur un aveu candide de bisexualité.
  • Un truc épouvantable reliant la souffrance et les amateurs de rock progressif.
  • Des poèmes d’amoureux transi écrits lorsque que j’étais puceau.
  • De nombreux billets sur la fonction publique moribonde que mon devoir de réserve m’empêche de publier.
  • Une compilation des retours de mon fan club, il faut dire que l’article ne contenait que le titre.
  • Des textes que j’ai imaginé en m’endormant et oublié le matin au réveil.
  • Mes diverses et hasardeuses expérimentations médicamenteuses pour soigner les migraines.
  • Un best of des doux messages envoyés par les artistes qui n’ont pas appréciés nos chroniques.
  • Le roman de science-fiction que j’ai écrit étant étudiant.
  • Une compilation des photos de concert ratées (faudrait que je le fasse celui là en fait)
  • Un billet sur les trucs que je vous ai épargné… ah ben non, celui-la je l’ai publié.
  • Les univers de jeu de rôle que j’ai imaginé, les suppléments pour Bitume MK5, les campagnes de Légendes Celtiques et autre œuvres majeures qui traînent dans le grenier.
  • La fois où j’ai gardé une sonde urinaire pendant une semaine.
  • Un nouveau billet qui vous expliquerait qu’écouter du mp3 sur un baladeur ou une chaîne de merde, c’est mal, parce que, j’ai beau l’écrire, j’ai l’impression que les gens ne comprennent pas.

À quoi ça sert que Ducros se décarcasse ?

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Sérieusement, je suis en colère.

À quoi ça sert que Ducros se décarcasse ?

Samedi dernier j’étais à un concert, à 200 km de la maison, pour voir un groupe de rock qui ne faisait qu’une seule date en France au cours de leur tournée.

Trois passionnés de musique, consacrent leur temps libre à organiser des concerts, faire venir des groupes, qui sinon ne joueraient jamais dans l’hexagone. Ils se démènent, ne comptent pas leurs heures, prennent d’importants risques financiers et le public n’est pas souvent au rendez-vous.

Une centaine de personnes seulement, dans une salle qui peut en contenir plus du triple. Une perte financière sèche pour leur association, une perte qui pourrait mettre en péril leurs prochains événements.

Ils ne gagnent rien, si ce n’est le plaisir d’accueillir les artistes qu’ils aiment dans une petite salle de concert conviviale mais les gens ne viennent pas.

Après ça j’entends les amateurs de rock se plaindre que les groupes ne se produisent pas en France, qu’il n’y a pas de concert près de chez eux, qu’en France, le rock c’est la misère.

Oui c’est la misère, le public ne vient pas aux concerts. Elle est là la misère… Le français va au concert comme à la messe, pour aduler son dieu, pas pour découvrir de nouvelles musiques, pas pour passer un moment convivial entre amis en écoutant un groupe et en buvant une bière comme en Allemagne. Si les artistes ne sont pas de leur paroisse, les français frileux restent au chaud chez eux à regarder la télévision ou à zombifier sur Facebook au lieu de découvrir de nouveaux horizons musicaux.

Ceux qui ne sont pas venus samedi aurait mieux fait de bouger leurs fesses. Le concert était fabuleux, même avec une audience réduite, le groupe a fait le show. Nous nous sommes retrouvés entre amis et passionnés de rock, fous furieux émerveillés, à écouter un groupe qui ne repassera probablement de sitôt en France, préférant d’autres contrées où le public répond présent.

Et ne me dites pas qu’un concert c’est cher. Au lieu de vous rendre un fois par an au Zénith écouter un Johnny ou un Polnareff en fin de vie, vous pourriez vous rendre cinq fois, pour le même prix, dans une petite salle afin de découvrir un jeune groupe talentueux.

Lorsqu’il arrive que des artistes me contactent pour organiser une tournée, je leur conseille des salles en Allemagne, en Suisse, en Belgique et très rarement en France. Pourquoi pas en France ? Parce qu’il est très compliqué, voir impossible, sans passer par un réseau professionnel, de réussir organiser un concert, et lorsque l’on y arrive, le public ne se déplace pas.

L’unique option, ce sont justement ces associations, celles qui louent les salles pour organiser des événements. Elles sont très sollicitées. Mais si personne ne vient à leurs concerts, elle finiront pas jeter l’éponge. Nous n’aurons plus qu’à nous rendre à l’étranger pour assister à des concerts ou bien nous convertir à la chanson française et au bal musette.

Purge stalinienne (Dans mon iPhone n°9)

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Il était temps que je fasse du ménage dans mon iPhone. Je traînais depuis quelques temps de nombreux albums que je savais pertinemment bien non chroniquables à Neoprog. J’appelle ça la purge. De fait, il ne reste plus grand chose … Continuer la lecture

Les gros niqueurs

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En préambule, je voudrais avertir le lecteur : je suis très seul, je passe ma vie sur un blog et je recherche des amis. J’espère que cet édifiant article m’ouvrira de nombreuses amitiés dans l’univers impitoyable de la musique…

Les chroniqueurs seraient-ils tous des musiciens ratés ?

Prenons mon cas à moi qui parle de moi moi moi et qui est une bonne extrapolation de la population moyenne des chroniqueurs, parce que c’est moi quoi, encore que je me classe plutôt au sommet du tableau.

Clairement je suis un musicien raté. Tout jeune, je rêvais d’être Armstrong et Gabriel. Non pas Louis et l’ange mais Neil et Peter. Oui les deux à la fois, l’astronaute qui pose le premier pied sur la lune en chantant « Oh Biko, Biko, because Biko » habillé tout de blanc devant des millions de téléspectateurs. Contradictoire ? Franchement, je ne vois pas pourquoi…

Tout petit déjà je faisais de la musique sur un piano électrique, avec un Commodore 64 comme synthé. Je composais, j’écrivais des textes et je chantais : « la la lolo lili lu la la… ». Mes voisins étaient des saints. Inutile de vous le dire, j’étais très mauvais, surtout sur deux claviers, lançant des loops sur le C 64 pendant que je plaquais des accords mineurs sur mon piano. C’est à cette époque que j’ai composé un air inoubliable en trois accords septièmes, « Bouffer, boire, baiser ». Il a résonné dans la résidence universitaire les soirées de beuverie. Pathétique aurait dit Beethoven.
– Quoi ? qu’est-ce qu’il dit ?
Bref… Je me croyais musicien.

Un jour j’ai épousé une pianiste, la plus grave erreur de ma vie… (enfin bon pas tant que ça puisque cela dure depuis 25 ans). Dès lors j’ai compris que je ne serais jamais chanteur, encore moins claviériste de groupe de progressif, à leur rigueur dans une formation punk.
– Mais y a pas de clavier dans le punk ?
– Justement…

Je connais hélas nombre de chroniqueurs qui ratent de la guitare, pardon tâtent (putain de correcteur orthopédique), massacre du clavier, et cassent du petit bois à la batterie. Il y en a même qui chantent, enfin qui crient comme des gorets que l’on égorge. Musiciens ratés, ils sont devenus chroniqueurs. Mais pourquoi chroniquer lorsque l’on est incapable de faire le centième de ceux que l’on critique ? Pour se venger bien sûr !

Lorsque l’on est un musicien contrarié ou raté, quoi de plus jouissif que de mettre en boite ceux qui possèdent du talent et essayent d’en vivre ? Une fausse note, un quart de temps de retard, un accord un peu convenu, un emprunt à un des monstres sacrés et paf, c’est la sanction. « Heu l’autre il est trop nul, il ne sait même pas tenir à 4/7 sans se vautrer, quel bouffon, moi je suis sûr que si ma maman m’avait laissé aller au conservatoire et qu’à Noël, au lieu des playmobils j’avais reçu un Steinway, j’aurais fait mieux que lui. ». Mais oui bien sûr…

Les chroniqueurs détestent les musiciens, ils sont jaloux de leur aura, de leurs folles nuits sex drug & rock & roll, c’est à dire six cent kilomètres de voiture, tassés à cinq avec les claviers, les guitares, la batterie, les câbles et les sandwichs jambon beurre pour trente minutes de set dans un salle déserte et un cachet de cinquante euros les bons jours.

Plutôt que d’écouter la musique, le chroniqueur cherche la faille, l’enregistrement à bas prix, le manque d’inspiration. « Comment ça c’est dur de se renouveler ? Tu es un artiste non ? ».

Pour le chroniqueur, la critique est aisée. Pour l’artiste, elle est cruelle… Quelques mots piquants peuvent mettre à bas le travail de plusieurs mois. Il ne s’agit pas de cirer les pompes ni de porter aux nues les musiciens, il s’agit d’être juste, d’exprimer son ressenti sur la musique, de mettre en avant des coups de cœurs et expliquer pourquoi vous ne serez jamais capable d’être aussi inspirés qu’eux. Car pour la plus grande part, les musiciens sont des artistes, pas des commerçants. Ils vendent pour vivre et non l’inverse. Nous les chroniqueurs, nous ne sommes que vautours qui profitons de leur talent pour parler de nous, des artistes ratés, qui, avec nos mots dissonants, parlons de symphonies.

Dans mon iPhone n°8

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Je suis en plein déprime. J’attends un nombre considérable d’albums et ma boite aux lettres reste désespérément vide. Samedi matin, le facteur à glissé une grosse enveloppe cartonnée et j’ai prié, mais déception, ce n’était qu’un album photo testé chez … Continuer la lecture

Dans mon iPhone n°7

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Vendredi, après un repas dans un restaurant savoyard pour fêter mon âge vénérable, je suis passé en ville avec madame pour fouiner à droite à gauche. Ma boutique d’occasion recelait, une fois encore, quelques trésors et je suis revenu avec … Continuer la lecture

Mal bouffe

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Un chef étoilé est mort.

Cela m’aurait touché s’il avait dirigé un orchestre. Il se contentait d’inventer des recettes fabuleuses. Ceci dit, la musique ressemble beaucoup à la cuisine, il y a la grande et la petite, la bonne et la mauvaise, la mauvaise pouvant être grande et la bonne petite.

Mais pour en revenir au sujet initial, je conçois la mal bouffe comme un repas pris debout, voire en marchant, servi dans un emballage jetable dégoulinant de gras. De la nourriture insipide sucrée et salée à outrance pour lui donner un semblant de relief et masquer sa fadeur. En musique également, il existe la mal bouffe. Prenez un piéton, avançant au milieu de la circulation, un casque Beats sur les oreilles, écoutant de la soupe mp3 en streaming sur Deezer. Voila ma mal bouffe.

Alors je vous vois venir avec vos gros sabots, « c’est un moyen de s’isoler de la rue, de rester dans sa bulle », d’accord, mais est-ce vous écoutez vraiment ? Vous entendez tout au plus. Ecouter demande de l’attention, un certain confort, un son correct. Le mp3 en streaming comment dire… En fait vous ne vous en rendez même pas compte, mais c’est juste ignoble, des fréquences massacrées, échantillonnées pour passer en 4G sans coupure, du son compressé à outrance, des basses disproportionnées par rapport aux aiguës, presque du bruit en fait. Le son du casque évolue en fonction du martèlement de vos pas, déformé par l’environnement urbain, avec cette rythmique qui vous assène ses coups de boutoirs sur vos tympans fragiles.

Pire qu’un cheeseburger au fromage coulant dans son papier gras.

Vous pouvez également dîner aux chandelles, dans une auberge rustique, une cuisine traditionnelle, composée de produits du terroir, en prenant le temps de déguster chaque bouchées de votre assiette. Cela s’appelle savourer. Placez le vinyle sur la platine, allumez le pré ampli, laissez chauffer, allumez l’ampli, lancez la platine, regardez la faire quelques tours puis posez délicatement le diamant sur le sillon. Prenez alors la pochette avec vous et enfoncez-vous dans les coussins du canapé et ouvrez vos oreilles. Voilà ça c’est écouter.

« Les pseudos mélos pétés de tunes qui se la joue avec leurs vinyles qui craquent, que des snobs friqués ». Je ne fais pas l’apologie du vinyle, je pourrais mais non, ce n’est pas un débat d’audiophile que je vous propose. Oui le vinyle, la platine, l’ampli, le préamp, les enceintes c’est un budget, et non je ne suis pas pété de tunes, j’ai fait des choix. Ma voiture est pourrie, mon téléphone portable est un vieux modèle, je vais à vélo au travail, je ne fais pas de ski dans les Hautes-Alpes, je déguste la musique. Si j’écoute des vinyles, c’est pour ne pas zapper, pour prendre le temps, rester près de la platine pour changer de face, pour ne faire qu’écouter la musique.

Des fuites à Neoprog ?

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Le problème des médias, même pour un modeste webzine comme le notre, ce sont les fuites.

Nous recevons énormément de musique watermarkée (c’est à dire comportant un traçage numérique) et leur partage comporte quelques risques, surtout parce que nous utilisons une plateforme de travail collaboratif en ligne. Les interviews, les chroniques, les promotions, sont partagées sur un espace privé dans le Cloud, tenu secret et accessible via un compte unique pour chaque utilisateur. Nous n’y laissons que le minimum et la durée de vie d’un document est très brève, mais le risque de fuite existe.

Qu’une chronique soit aspirée via les tubes du net, ça ne serait pas trop grave, qu’un album non paru coule sur la toile, ce serait dramatique. Alors nous nous devons d’être extrêmement prudents. Quelques webzines ont du mettre la clef sous la porte à cause de matériel promotionnel dispersé dans l’infosphère.

Il y a une fuite à Neoprog. Je l’ai découvert ce weekend, mais depuis combien de temps cela dure-il ?

Toutes les semaines je dépose les promotions dans le Cloud et le dimanche matin je les efface. Les chroniques publiées sont détruites, de même que les interviews et les live reports. Je vérifie régulièrement les droits de chacun sur notre espace et m’assure qu’aucun compte sauvage n’apparaisse. Pourtant ça coule… Il ne s’agit pas une fuite explosive qui éclabousse tout, juste quelques gouttes insidieuses, moins d’un litre par semaine, juste assez pour détremper le placo plâtre et la laine de bois.

J’ai mis du temps à comprendre d’où cela provenait. Un ancien chroniqueur oublié, un pirate, des droits mal gérés ? En réalité, il s’agissait d’un vieux tuyau, de deux boulons mal vissés, rien de dramatique, mais cela coulait. Mais croyez moi, remplacer un vieux tuyau n’est pas si simple, il faut que le nouveau se raccorde à la canalisation, qu’il n’y est pas de fuite, qu’il soit assez long. J’ai fait de nombreux essais, j’ai du couper toute l’alimentation à trois reprises suite à des remplacements hasardeux qui ont inondé tout le réseau, je me suis déplacé deux fois pour chercher des composants plus adaptés, j’ai du resserrer quelques boulons, poser des joints, installer un tube tout neuf et maintenant il semblerait que plus rien ne coule, mais quel stress ! Toutes les heures, je scrute le montage, inquiet. Pour l’instant, tout est sec.

La question est, combien de litres se sont répandus et depuis combien de temps. Que risquons-nous et faut-il que je prévienne qui de droit ?

La fuite ne s’est pas produite dans le Cloud, mais dans les locaux de la rédaction du webzine, plus précisément dans la salle de bain. Aucun album n’a fuité, pas même une chronique, seul les locaux ont risqué l’inondation pendant quelques instants. L’eau a coulé sur le carrelage et j’en ai épongé la plus grande partie. Cela n’a duré en réalité que peu de temps, lorsque j’ai décidé de changer le vieux tuyau rigide des WC par sa version flexible, afin de poser plus facilement la plaque de placo à venir. Par chance je n’ai pas de voisin à l’étage en dessous. Nos bureaux se situent dans une maison et la salle de bain se situe au rez de chaussé. Le pire a été évité.