Vieillir, c’est moche

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Savez-vous à quel moment devient-on vieux, à part le jour où vous n’arrivez plus à tenir un Nikon D810 avec un 200-500 sans sucrer les fraises ?

C’est lorsque vous ne comprenez plus rien à la technologie. 

D’abord il y a eu cette foutue pastille rouge Apple Id sur mon iPhone et son bouton Continuer qui est restée accrochée des semaines aux réglages quoi que je fasse, avant que je comprenne qu’il fallait lire le texte en dessous, que je me déconnecte de mon compte puis que je re-connecte. Avouez que c’est con.

Ensuite il y a eu mon abonnement Adobe, désactivé pour faute de moyen de paiement. Faute de moyen de paiement ? Je vérifie mon compte PayPal, je le réactive, mais non, alors suivant les conseils de Adobe, je renouvelle mon abonnement et là pouf l’ancien abonnement se réactive également et pif deux prélèvements de 11,99 € surgissent sur mon compte. Damned ! Alors paf j’en désactive un et ping un nouveau prélèvement de 11,99 €. Trois cotisations en un mois. Je n’ai rien compris, eux non plus mais Adobe m’a remboursé… gentils Adobe. 

Il y a eu aussi cet excellent album d’Altesia reçu en promotion et que j’ai voulu m’offrir en CD. Je vais sur Bandcamp, commande l’album, reviens en arrière suite à un doute (ai-je bien commandé la version CD ?), je valide ma commande une fois rassuré (tiens le prix a baissé) et me retrouve avoir commandé la version numérique… Rha !!! Alors j’appelle au secours Altesia et les gars trop gentils m’envoient le CD pour le prix du téléchargement, et là j’ai honte, honte d’abuser de la gentillesse des gens et de ne plus rien comprendre à Internet. 

Sans parler de ma 2008 toute neuve restée ouverte toute une nuit car je n’arrive pas à penser au petit bouton de fermeture centralisée lorsque je la gare. C’est vrai quoi, c’était si simple les clefs… Alors je me réveille la nuit en me demandant si j’ai bien fermé tout, la voiture, la maison, le WIFI, l’eau, le gaz, ma braguette.

Et puis, plus grave, il y a eu cette histoire de série télé, Fargo saison 3 avec Ewan McGregor, quatre DVDs, plein d’épisodes que j’ai dévoré avec bonheur. Par contre, au troisième DVD, j’ai vraiment été surpris par ces épisodes flashback avant de réaliser que j’avais visionné de DVD n°3 avant le n°2.

C’est vraiment moche de vieillir…

Ce post aurait pu être sponsorisé par Paypal, Adbobe, la MGM, Peugeot, Nikon, Altesia et Apple.

Une nouvelle interview

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Quelques heures avant son concert devant vingt-mille spectateurs, Steven Wilson, l’ancien leader de Porcupine Tree et aujourd’hui artiste solo adulé même des ménagères grace à son ‘Permanating’, m’a accordé une interview.

Et quelle interview ! Tout D’abord c’était mon anniversaire, donc un jour pas comme les autres, ensuite Steven et son manager, présent pour l’occasion, ont libéré deux heures de leur temps pour un petit webzine francophone, enfin Wilson avait décidé de me parler en français. J’ignorais qu’il maîtrisait si bien notre langue.

Quelle rencontre ! Un homme sympathique et simple, avec beaucoup d’humour, passionné de musique et qui a le trac avant de monter sur scène. Je lui ai conseillé l’Euphitose au passage, j’espère que ça lui aura fait du bien.

De quoi avons-nous parlé ? Je ne sais plus exactement, de tout et de rien sans doute, une conversation décontractée, comme entre amis. Je me souviens seulement qu’il m’a dit que si on organisait un petit festival avec le groupe Burns, il serait enchanté d’y participer. Donc je vais planifier ça, dès que je saurai quel est ce groupe Burns, Runs, Cruns ?

Mon frère est même venu voir le concert, à moins que ce ne soit pour fêter mes cinquante-quatre ans, je ne sais plus, dingue non ? Moi je suis resté dans la rue, derrière le grand rideau qui se refermait lentement alors que les premières notes du concert débutaient. Oui c’était un concert en plein air en centre ville et je n’avais pas de billet. Drôle d’anniversaire vous en conviendrez. Mon frangin aurait pu me filer son billet, vous ne trouvez pas, après tout c’était mon anniversaire non ? Gollum gollum !

Deux heures d’interview c’est environ quarante heures de retranscription. Un travail de titan ! Par chance pour moi, par malheur pour vous, je n’ai rien enregistré et je ne me souviens que de quelques brides de cette rencontre, donc vous ne lirez rien dans les colonnes du webzine. 

Après l’interview, quelques minutes de concert et un bisou à ma maman décédée depuis trois ans, j’ai pris le TGV Rennes-Strasbourg pour rentrer chez moi en pleines grèves de la SNCF (oui le concert se déroulait au centre ville de Rennes je crois, en plein hiver). Je me suis réveillé sous la couette, un dimanche matin, me souvenant que je devais écrire un article sur la disparition de Neil Peart, le batteur de Rush.

Bon c’est décidé, demain j’arrête la drogue.

Bon à rien

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Dilettante, je m’intéresse à tout et je ne vais au bout de rien. Chroniqueur de rock progressif, je suis un non spécialiste du genre faisant l’impasse sur les discographies de nombreux groupes phares du genre. Photographe amateur, je possède un très bon matériel et pourtant mes clichés restent passe-partout dans le meilleur des cas. Blogueur, j’inonde la toile de ma prose auto-satisfaite remplie de fautes d’orthographe et lue par dix personnes au monde. 

Je suis un touriste, un rigolo même pas drôle qui survole sans jamais approfondir. Astronomie, informatique, musique, photographie, bricolage, littérature, jardinage, science-fiction, je dilapide mon temps et mon argent sans jamais aller au bout du sujet. Lorsque les difficultés surviennent, je passe à autre chose ou je trouve un raccourci pour ne pas m’infliger la honte d’un échec.

Ne serait-il pas plus intelligent de consacrer toute cette énergie débordante à une seule passion, d’aller au fond du sujet, de tenter d’être vraiment pointu dans un domaine ? 

Le problème c’est que des tas de domaines attirent mon attention, j’aimerais tout faire, tout essayer, tout connaître, enfin, presque tout. Au lieu de cela je possède un vernis Reader Digest, des résumés sur tout et surtout sur rien, un vernis facile à gratter sous lequel il n’y à rien. 

Vous me direz, de nombreuses personnes ne s’intéressent à rien, une vie sans passion, juste le foot, les gosses et le boulot. Mais sont-ils moins heureux pour autant ? Recherchent-ils cette reconnaissance futile de ceux qui en savent encore moins et qui sont éblouis par pas grand chose ?

Des fois je me demande à quoi peut bien servir cette fuite en avant dénuée de sens. Échapper au monde réel, au sordide quotidien ? 

Je pense qu’il est temps que je me remette sérieusement en question, que je laisse tomber la photo, le rock, le bricolage, les livres, les séries TV, le jardin, les jeux vidéos, le travail, la musique, les filles et que je me concentre sur une seule activité, l’unique l’ultime, la psychologie, pour aller au fond du sujet une fois pour toute, c’est à dire au fond de moi.

Edimbourg

En 1990, je partis avec un ami de longue date pour un périple écossais. Notre objectif se situait à l’extrême nord des terres des MacLeod, un petit archipel d’îles nommées les Orcades. Après un passage mouvementé à Londres en pleine Pool Tax, nous rejoignîmes la ville d’Edimbourg en bus, franchissant le mur d’Adrien, quittant les anglais pour les kilts mangeurs de panse de brebis farcie.

Edimbourg, outre la beauté de la ville, se devait d’être un pèlerinage obligatoire pour mon camarade et moi même. S’il m’avait initié à Genesis, Peter Gabriel et Steve Hackett, je lui avait fait découvrir Marillion et le personnage de Fish l’avait fasciné. Misplaced Childhood était sorti en 1985 et Clutching At Straws en 1987. Les paroles du poète maudit William Dereck Dick hantaient nos esprits et marcher sur le Royal Mile, trainer dans les pubs et admirer the Heart Of Liothian était un devoir de fan.

Misplaced est considéré à raison comme le chef d’oeuvre du groupe Marillion période Fish. Les chiffres parlent d’eux même : 1er des charts anglais pendant 42 semaines, 3ème en Allemagne pendant 45 semaines, un succès commercial et artistiques. Les chroniques de cet album qui fait toujours référence aujourd’hui sont légion sur la toile et les avis sont quasiment unanimes. Il faut dire que Fish s’y met à nu comme jamais, avant d’entamer la longue descente aux enfers qui le conduira à Clutching puis à se faire virer du groupe qui accouchera dans la douleur d’un Season’s End en 1989 avec Steve Hogarth au chant.

Misplaced Childhood représente le sommet de la carrière du groupe Marillion, seulement après trois albums, la consécration médiatique et celle du public, des concerts partout dans le monde, et une maison de disque qui se met à rêver de tubes à répétition. Mais c’est surtout un album sur l’enfance, l’enfance perdue de Fish racontée avec les fabuleuses guitares de Rothery et les claviers de Kelly.

Après Edimbourg, son château, ses pubs, ses rues, sa colline et ses souvenirs, nous remontâmes vers le nord, Inverness, Thurso puis la traversée jusque Stromness où débutait notre périple dans les Orcades. Après l’enfance de Fish, nous explorions l’enfance de l’humanité au milieu des cairns, tumulus, villages de l’âge de fer et ses selkies.

Si vous allez à Edimbourg, emportez avec vous l’album Misplaced Childhood, marchez sur les pavés du Royal Mile, découvrez le coeur du Lothian, dégustez une bière à la mémoire de l’enfant que fut Fish en buvant les paroles de Kayleigh. Vous n’écouterez plus jamais l’album de la même manière ensuite.

Un doux après-midi d’automne

Après le déjeuner au réfectoire, les sportifs organisaient des matchs dans la cour goudronnée du lycée Sacré-Coeur. Des haut-parleurs installés depuis une fenêtre de l’internat déversaient pour l’occasion une play-list sur K7. Youtube et le mp3 n’étaient pas encore passés par là.

A cette époque là, j’écoutais Genesis, Steve Hackett, Harmonium, AC/DC, Peter Gabriel, Tri Yann, Gilles Servat, Malicorne, Mike Oldfield, Tony Banks, Kate Bush. Genesis était presque mort, Peter Gabriel sortait un album tous les cinq ans, Mike Oldfield avait presque pris sa retraite et Servat ne hurlait plus avec les loups.

Je regardais paresseusement le match de volley, nimbé du soleil d’automne, écoutant distraitement la musique, quand soudain celle-ci changea : de grandes orgues à la Genesis sonnèrent dans la cour ensoleillée et une voix mutante entre Gabriel et Collins s’éleva. « Watch the lizard, Watch the lizard, Watch the lizard with the crimson veil. ». Genesis renaissait-il de ces cendres ?

Je fus immédiatement captivé par la cette voix, cette musique et dès la fin du morceau, je courus trouver notre DJ du jour pour connaître le nom de groupe. « Marillion » me dit-il, étonné que je puisse m’intéresser à cet album.

Marillion, comme le Simarillion de JRR Tolkien que je venais de lire l’été précédent. Coincidence ?

Le soir même je couru chez LP Records voir s’ils possédaient le vinyle en question en rayon, et ils l’avaient, de même que Script For A Jester’s Tear que j’achèterai plus tard (à l’époque je pouvais m’offrir un vinyle tous les deux ou trois mois). Je repartis à la maison le cœur battant la chamade, le trente-trois tour sous le bras et arrivé à la maison je découvris le magnifique artwork en écoutant Fugazi. Ma passion dévorante pour ce jeune groupe britannique venait de commencer.

Les premiers titres qui me frappèrent tout d’abord furent le tribal ‘Assassing’, le ‘Jigsaw’ au refrain fabuleux et bien entendu ‘She Chameleon’ que j’avais découvert dans la cour du lycée. J’ignore combien d’heures le vinyle à tourné dans ma chambre, les voisins devaient assurément le connaître par coeur à la fin. L’équilibre entre les inspirations progressives des seventies et le son hard-rock des heighties était là. La voix rageuse de Fish durcissant le ton prog de l’album.

Nous étions en 1984, et pour la première fois de ma vie, sans que quelqu’un m’ait influencé, ou fait découvrir, j’avais un coup de cœur musical, je devenais groupie d’un groupe de rock, je trouvais mon équilibre entre babacoolisme et forge, j’étais fan de Marillion.

Des années durant, je n’ai plus juré que part Marillion, propageant la bonne parole, attendant chacun de leurs albums avec une impatience fébrile, commandant des imports, des pictures discs, allant les voir en live de nombreuses fois, faisant le pied de grue devant leur bus pour saluer les musiciens, signant une inscription au fan club, rêvant de les suivre sur une tournée, devenant un anorack anonyme patientant sous la pluie des heures avant leur unique date en France.

The script

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Un matin, en sortant du lit, m’est venue une étrange idée. Et si je revisitais toute la discographie du groupe Marillion en commençant par Script For A Jester’s Tear et en terminant par FEAR ?

Car après tout, lorsque l’on possède toute la discographie d’un groupe, outre le fait de pouvoir remplir des étagères avec, c’est aussi pour l’écouter de temps en temps. Mais voila, avec mon activité de chroniqueur, webmaster, rédacteur, emmerdeur à neoprog, je trouve rarement le temps pour me replonger dans d’anciens albums. Il y a bien ma discothèque idéale dans laquelle je pioche de temps à autres, les vinyles que j’écoute lorsque j’ai un peu de temps, mais je délaisse trop souvent l’archive musicale cachée dans la cage d’escalier de la maison, faute de place ailleurs.

Donc c’est décidé, je me replonge aujourd’hui dans la discographie de Marillion. Pourquoi Marillion ? Ce groupe fut pendant très longtemps mon unique référence musicale, je ne jurais que par eux, je n’écoutais quasiment qu’eux, j’étais un fan. Aujourd’hui, je ne suis plus un fan, j’ai découvert trop de groupes, d’albums fantastiques et différents pour me fixer sur un seul, même si celui-ci à forgé ma passion musicale.

Ce n’est pas avec Script For A Jester’s Tear que j’ai découvert le quintet anglais, mais avec Fugazy, j’en reparlerai dans un prochain épisode. Mais soyons clair, Script For A Jester’s Tear fut le premier album d’un renouveau musical. Le rock progressif mourut de sa belle mort à la fin des années soixante-dix. Ses titres à rallonge, ses expérimentations de plus en plus hasardeuses, son côté élitiste assumé enterrèrent plus de dix années de création musicale débridée.

Puis un matin, quatre britanniques et un écossais sortirent une galette noire à l’artwork digne des grands albums de Yes et de Genesis : un violoniste arlequin compose dans une chambre lambrissée sous le regard sévère d’un caméléon. Nous sommes en 1983 et le néo-progressif venait officiellement de naître avec six morceaux révolutionnaires, s’appuyant sur les reliques du rock progressif, épicés de metal et d’un chanteur à la voix absolument incroyable, le bien nommé Fish.

Outre l’artwork magnifique signé Mark Wilkinson, la musique riche en claviers vintages et de références à Genesis ainsi que la voix mutante de William Dereck Dick, Script For A Jester’s Tear renouait avec les textes, et quels textes, car le moins que l’on puisse dire c’est que Fish, même s’il fut bûcheron de son état, n’a jamais été un garçon très simple. Des textes torturés, pleins de rage, de souvenirs qui contribueront plus tard au succès planétaire du groupe avec l’album Misplaced Childhood.

Après trente-six années, je trouve que Script For A Jester’s Tear n’a pas pris une ride alors que de nombreux albums de rock néo-progressif sortis après sont devenus très kitsch. ‘Forgotten Songs’ comme ‘Garden Party’ ou ‘Chelsea Monday’ sont aujourd’hui des morceaux cultes que les fans chantent à l’unisson pendant les concerts, laissant Steve Hogarth toujours médusé.

Script n’est pas l’album de Marillion que je préfère mais il figure en bonne position dans mon top et ce fut un grand bonheur que de replonger dedans.

Erreurs de casting

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Je suis tout le temps sur le net, lisant des chroniques, regardant des vidéos, écoutant des avis et souvent, sur un coup de tête, je commande un album, sans vraiment savoir de quoi il retourne. Le plus souvent je fais une belle découverte mais il m’arrive parfois quelques déconvenues.

Parmi ces erreurs de casting voici Darwin, un double concept album que je n’ai toujours pas réussit à écouter jusqu’au bout et qui ne va pas tarder à se retrouver au fin fond de ma discothèque. Un musicien de ma connaissance en avait fait la promotion sur Facebook et l’extrait m’avait mis l’eau à la bouche, au point d’acheter le double album. Comme quoi un bon titre ne fait pas forcément un bon album.

Fidélité oblige, je suis un progueux, j’avais acheté le dernier The Neal Morse Band, The Great Adventure, énorme Gloubi-Boulga religieux indigeste dont j’ai dit beaucoup de mal dans le webzine. Je n’ai toujours pas réussi à remettre le nez dedans alors que je suis revenu déjà plusieurs fois et avec plaisir sur son Exorcist pourtant autrement plus religieux, allez comprendre ?

Voulant découvrir Rush, un groupe qui ne figure pas dans ma discothèque idéale, j’ai récupéré d’occasion le coffret R30 qui prend aujourd’hui la poussière sur une étagère. Je crois que ne n’aime pas vraiment Rush en fait, ça doit être ça…

Il y a également ce groupe québécois, Huis et leur troisième album Abandonned. J’avais bien aimé le précédent Neither in Heaven mais là je dois avouer que je n’ai pas réussi à rentrer dedans malgré plusieurs tentatives. Il faudra que je réessaye plus tard peut-être.

Lorsque que j’étais ado, j’ai été bercé de Simon and Garfunkel, Bob Dylan et Bruce Springsteen tous mes samedi après-midi dans un club d’astronomie où nous construisions un télescope. J’ai gardé une tendresse toute particulière pour ces artistes et j’ai même quelques disques d’eux à la maison. Après avoir écouté le dernier single du boss, ‘Western Stars’, j’ai eu envie de renouer avec ce rockeur de ‘The River’. Je n’ai trouvé qu’une version deluxe vinyle bleue hors de prix chez mon disquaire, alors il fallait que l’album vaille vraiment la peine. Si le côté country americana m’a tout de suite séduit, loin des gros coups de gueule de Bruce, les arrangements violons ont quelque peu caché mon plaisir, transformant en guimauve de belles compositions.

Autre achat dont que j’aurai pu épargner à mon budget, même si cela ne m’a pas ruiné, c’est le nouvel album de Myrath, Shehili. Si j’avais bien aimé Legacy, je pense que l’effet nouveauté exotisme s’est vite estompé et Shehili, qui reprend globalement le même ficelles n’a pas réussi à capter mon attention.

Numérica

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Avez-vous entendu parler de la propriété intellectuelle ? Je vous demande ça à tout hasard au cas où cette notion vous serait inconnue. Parce que voilà, télécharger des albums sur des sites russes, utiliser du pier to pier, enregistrer du youtube, passer à la médiathèque et ripper tout ce qui rentre dans votre lecteur, cela s’appelle du vol. 

Pour ma part, je me fous de savoir si vous êtes une personne honnête ou non. Je pense simplement aux artistes qui tentent de gagner leur vie en jouant de la musique. 
Vous allez me répondre que la musique c’est cher. Qu’un CD se vend quinze à vingt euros. C’est vrai, c’est cher. Mais une Ferrari est beaucoup plus cher, pourtant vous n’en volez pas, si ? 

Qu’est-ce qui pousse les gens à voler l’immatériel ? Le contenu numérique n’aurait pas de valeur sous prétexte qu’il est impossible de le tenir entre les mains ? Serait-ce la facilité tout simplement ? 

Ne me dites pas « je ne savais pas », même le plus con des cons sait que la musique numérique possède une valeur marchande et que la copier est un délit. 

Fut une époque, j’allais aspirer des albums en pier to pier, des live pirates le plus souvent, des enregistrements officieux de concerts où je m’étais rendu, des enregistrements de mauvaise qualité pour garder un souvenir faute d’un CD ou d’un DVD à regarder. J’ai téléchargé, je le confesse, un ou deux albums pas encore sorti pour pouvoir les écouter en avance de phase. Mais je les ai acheté ensuite. 

Aujourd’hui je reçois beaucoup de musique pour le webzine et les albums que j’aime vraiment, ce que j’écouterai encore, je les commande en CD ou bien en vinyle. Car dans le prog, il y a presque autant de chroniqueurs que de personnes qui écoutent la musique, alors si les chroniqueurs n’achètent pas les albums, qui va le faire ? 

Je connais un gars, un baba cool, grand fan de Yes, ingénieur de son état, bien mieux payé que moi, célibataire de surcroît, qui n’achète jamais de musique. S’il t’emprunte un CD, c’est pour en faire une copie, s’il te parle d’un groupe, c’est qu’il en a téléchargé toute la discographie sur un site pirate. Il ne va même pas aux concerts, « tu comprends, c’est trop cher ». Ces énergumènes, grands consommateurs de musique, ne sont hélas pas si rares et ce sont les premiers à pleurer lorsqu’un jeune talent prometteur laisse tomber faute de moyens. 

Cet été combien de crowdfundings prometteurs ont avorté ? Quelle misère quand on réalise qu’il ne leur fallait que quelques milliers d’euros pour sortir leur album, à peine trois cent souscripteurs à quinze euros pour aller au bout de l’aventure.

Vous aimez la musique ? Alors soutenez les artistes, financez leurs projets, achetez leurs albums et allez les écouter en live.

Ikeathon

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Les meubles Conforama s’effondrent après montage, se décollent, se cassent. Les meubles Fly c’est pire. Les meubles Ikea eux, ils sont sont sympas, faciles à monter sauf pour les blaireaux du tournevis, résistants dans la durée (j’en ai qui survivent depuis plus trente ans). Ils sont passe partout et pratiques. D’accord ce n’est ni chicos ni design mais je ne suis pas encore assez snobinard et riche pour me meubler exclusivement chez Stark.

Lorsque j’ai besoin d’un meuble je vais chez Ikea. Ce n’est pas trop loin de la maison, il y a du choix et on peut se régaler de boulettes en famille au restaurant. Je l’avoue, ils sont relous avec leurs noms de meubles impossible à mémoriser et parfois c’est le parcours du combatant pour trouver son coli dans les rayonnages.

D’ailleurs, en parlant de trouver son coli…

Mon grand geek gamer (oui les chiens ne font pas des chats), avait besoin de remplacer son bureau acheté il y a quinze ans et sur lequel il peinait à poser PC portable, ses deux écrans, son casque avec micro, son clavier de gamer, sa super souris multi fonctions et ses enceintes pour faire du bruit. D’autant que le bureau en question, pourtant un produit Ikea me semble-t-il, a un de ses pieds qui présente un angle assez étrange avec le sol en pente de la chambre, le genre de truc qui menace de s’effondrer à tout instant.

Après être passé chez Conforama constater l’affligeante qualité des meubles proposés, nous avons poussé jusque chez Ikea et après quelques recherches nous avons rencontré Fredde, un grand noir costaud de 1.85 m, dont mon grand est immédiatement tombé amoureux. Un nouveau copain de gaming.

Après renseignements, Fredde n’était disponible que sur commande et livré à un dépôt assez loin de la maison. Mais Fredde était si beau, si fort avec son armature métallique, ses plateaux noirs, ses rangements ergonomiques qu’il nous le fallait. Donc commande.

Le 5 juillet nous voici avec le précieux bon de commande de Fredde. Livraison prévue pour le 11 juillet. La vendeuse m’annonce que je serai informé des étapes de la commande par SMS. Et en effet, le 9 juillet je reçois le SMS suivant :

« Bonjour ! Votre commande portant la référence XXXXXXXXXX est en route. Suivez l’avancement de commande sur IKEA.fr. »

Sur le site, la commande est présente, sans plus d’information.

Le 15 juillet, la commande est au même point sur leur site et je n’ai pas reçu de nouveau SMS.

Le jeudi 18 juillet même chose, alors ma soeur Anne ne voyant rien venir, j’appelle IKEA. Voulez-vous participer à une enquête à la suite de votre appel, pour non tapez 0. Vous nous appelez pour une livraison, tapez 3. Dites le nom de votre de votre magasin, « Strasbourg connard ! ». Je n’ai pas compris, redites le nom de votre magasin, « Strasbourg ». vous êtes un particulier tapez 2. Vous appelez pour une livraison tapez 3.

Là commence la petite musique irritante. Un truc horrible qui au bout de quelques secondes s’arrête et recommence, un truc à devenir fou. Vingt-cinq minutes plus tard, toujours pas de conseillé au bout du fil à part deux bis angoissants au milieu de la douce mélodie, et soudain la communication coupe. Rage !

Le vendredi 19 juillet nouvelle tentative. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg ! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour 45 minutes d’attente mais après cette douce torture, miracle, j’ai un être humain au bout du fil.

La personne vérifie la commande, je l’informe que je n’ai pas reçu le SMS promis, que sur le site il n’y a toujours pas d’information sur la livraison etc. Elle m’annonce que la commande était prévue pour le 15 juillet, « ben non, le 11, c’est marqué sur le bon de commande » ose-je répondre effrontément, elle insiste la bougresse et moi je laisse tomber car cela fait trois quart d’heure que je poirote, je ne suis plus à quatre jours près. Elle me met en attente pendant 10 minutes pour contacter l’entrepôt Seegmuller pour vérifier si ma commande est arrivée, 10 minutes supplémentaires d’attente avec l’horrible musique puis m’annonce que le coli n’est pas arrivé et qu’elle va lancer une recherche. Je recevrai un SMS avec le numéro de recherche et je pourrai contacter Ikea dimanche pour en savoir plus, car chez Ikea ils bossent eux, même le dimanche, oui monsieur.

Ok, zen. Je suis reparti pour la petite musique.

Vendredi, samedi, dimanche, pas de SMS de la dite recherche, alors je recontact Ikea.

Le dimanche 21 juillet, cinquante ans après que l’homme se soit posé sur la Lune, je pars en quête de deux colis chez mon fabriquant de meubles préféré. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg !! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour seulement 35 minutes d’attente. Mais la déconvenue est de taille.

La personne n’a aucune trace de mon dossier, sa collègue a du oublier de faire quelque chose et manifestement elle n’est pas la seule. On recommence donc à zéro et la conseillère m’annonce qu’elle me recontactera lundi pour donner les résultats de la recherche, et si par malheur, elle ne me recontactait pas, il faudrait que j’appelle Ikea.

J’en profite pour faire une réclamation par mail à la firme Suédoise, car je commence à être un peu énervé. Non mais.

Lundi 22 juillet passé midi, pas de nouvelle d’Ikea, mais j’en ai mare, alors je ne téléphone pas, ils font chier, voila.

Oui mais bon, Fredde nous a coûté quand même 229 € alors mercredi 24, je me fais violence. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg !!! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour seulement 25 minutes d’attente. Mais là, c’est la Bérészina. Je sais, il fait chaud, la canicule est là mais quand même.

La conseillère consulte mon dossier quelques instants et m’annonce que ce genre de commande ne peut-être traitée au téléphone et qu’il faut que je me rende dans mon magasin Ikea pour bouffer des boulettes. Sérieusement ? Et les deux autres personnes que j’ai eu au bout du fil, elles étaient connes ? Ou c’est la toute dernière qui est conne ? Je raccroche, il fait trop chaud.

Mercredi 24 juillet au matin, il fait 34°C dehors, je pars avec la Logan pour Ikea. J’arrive à 9h35, sous un soleil de plomb et pas de chance le magasin n’ouvre qu’à 10h00. Je cuis dans la voiture et me précipite dès l’ouverture au service après vente où la foule se masse déjà. Et en plus il faut prendre un ticket. Un ticket pour une livraison à domicile, oui, on va dire ça, de toute façon dans la rubrique livraisons il n’y que deux choix et aucun ne correspond à mon cas. I8001 dit l’imprimante. Y a plus qu’à attendre.

B1001 guichet 1, A2001 guichet 5, I8001 guichet 5, c’est mon tour.

10h30, sans musique cette fois, je rencontre enfin une interlocutrice. J’explique mon cas à madame Malussène qui appelle illico l’entrepôt. Quelques nouvelles minutes de patience plus tard et toujours sans musique débile, elle revient avec un sourire pour m’annoncer que ma commande est au dépôt depuis le 15 juillet… « Et comment se fait-ce (fesse) que je n’en ai pas été informé par SMS, mail, téléphone, télégraphe, tamtam, signaux de fumée, et que vos collègues au téléphone n’ont pas pu me le dire ? », Hi hi, je ne sais pas…

Par chance j’ai dans le coffre des sangles et mes barres de toit, car les deux colis sont grands et lourds, 25 kilos chaque, et je suis seul, tout seul, et il fait chaud, très chaud. Je prends la direction de Lampertheim et arrive au dépôt Seegmuller. Au moins il existe lui. Le gars consulte mon bon de commande ISOM et trouve les deux colis de 25 kilos. Je signe, installe en plein cagnard la galerie de la Logan, transpirant à grosses grosses gouttes, soulève les deux cartons de 25 kilos à bout de bras avec mon hernie discale, sangle le bazar et repars bravement, avec cinquante kilos sur le toit, vers ma petite maison chérie.

Mercredi 24 juillet 11h30, après onze jours d’attente, j’arrive glorieusement à la maison avec Fredde sur le toit, enfin j’espère que c’est bien lui. Le bonheur était trop grand, il fallait qu’une conne se gare sur ma place de parking privé histoire de pimenter la matinée.

Mercredi 24 juillet 17h30. Il fait 36.5°C dehors à l’ombre, 27.7°C dans le salon. Fredde est bien monté et mon garçon est content, il va pouvoir jouer avec…

Jeudi 31 juillet 18h14. Je reçois un SMS : « Bonjour JEAN CHRISTOPHE, Votre commande XXXXXXXXXX est prete pour le ramassage à PUP – Strasbourg Dépôt Seegmuller 15 rue du chemin de fer, 67450. ». Non non, ce n’est pas une blague…

à ma zone

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Mon libraire craint de mettre la clef sous la porte, les disquaires ont presque tous disparus des grandes villes et certaines boutiques de jeux vidéos sont en passe de fermer. A la place poussent des enseignes de vapotage et des opticiens.

Avant le règne de Virgin, La Fnac, Cultura, Amazon, Ali Express fleurissaient des magasins spécialisées tenus par des passionnés. Aujourd’hui, dans ces supermarchés physiques ou virtuels de la culture, on trouve de tout ou presque, jeux, BDs, livres, CDs, vinyles, mini chaînes, téléphones, appareils photos, mixeurs, vibromasseurs. Les vendeurs, dans les rayons, même avec la meilleure volonté du monde, sont incapables de vous conseiller utilement, passant d’une grand-mère cherchant un grille pain à un métalleux en quête d’un obscur groupe de doom écossais.

J’ai encore la chance aujourd’hui d’avoir un libraire qui connaît mes goûts et me conseille, me faisant découvrir des merveilles, ma boutique de disques d’occasion avec son vendeur fan de groupes de métal atmosphérique à chanteuses et un magasin qui ne vend que des vinyles juste à côté et qui soutient la scène locale.

Je commande les livres chez mon libraire, après tout, un livre peu bien attendre une semaine. Pour la musique j’essaye d’abord chez mes disquaires mais il faut avouer que souvent je commande directement aux groupes; ce que j’écoute n’est pas franchement mainstream. J’ai aussi mon photographe, mon magasin audio et de bandes dessinées. Ils sont un peu plus chers parfois, mais de bon conseil, alors je ne fais pas comme beaucoup, posant mes questions dans la boutique et achetant ensuite en ligne. Un jour sinon le conseil fermera ses portes faute de clients.

Je n’achète pas sur Amazon, je fais mes courses au petit supermarché du coin, j‘achète mon pain chez le boulanger, je vais à la boucherie, au marché. J’essaye de faire travailler les magasins de proximité, pas les grands groupes esclavagistes. Attitude de riche ? Pas vraiment. L’achat en ligne coûte cher, rien qu’en considérant les frais de ports. Et si de grandes enseignes cassent les prix à la sortie d’un disque, elles se rattrapent largement quelques mois plus tard, car le stock c’est la mort de leur business.

Se balader dans les rues, faire du lèche vitrine, entrer dans une boutique attiré par un nouveau livre et ressortir avec trois autres, après avoir discuté avec un libraire passionné, c’est autrement plus plaisant que d’attendre que le facteur passe devant sa boite aux lettres vous ne trouvez-pas ?