rioghan – KEPT

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Rioghan est une formation finlandaise de métal progressif présentée par Alias dernièrement. Du métal progressif à chanteuse qui sur son dernier album Kept varie beaucoup les genres, du métal symphonique en passant par l’électro et la ballade pop au piano.

Contrairement à Stéphane, j’adore le métal progressif à chanteuse. Cela me change de ces métallos qui torturent leurs cordes vocales pour atteindre les hautes notes de la gamme en studio et se plantent magistralement en live.

Rioghan Darcy possède une belle voix, pas forcément exceptionnelle comme Marcela, Anneke ou Floor, mais suffisamment maîtrisée pour que j’y trouve mon compte. Une voix capable de scream démoniaque comme dans ‘Edge’ et de chaleur à la manière de ‘Grief’.

Kept est un album dix titres d’une cinquantaine de minutes. Ici pas de grand format sorti de ‘Red’ qui reste d’une longueur très raisonnable. Par contre, vous allez entendre une grande variété de styles, histoire de ne pas vous ennuyer une seconde.

Les titres alternent douceur et scream, pop et métal, électro et symphonique, voire folk et ce pendant un peu moins d’une heure, si bien que tout le monde y trouvera son bonheur, à moins d’être vraiment difficile.

Si ‘Hands’, ‘Edge’, ‘Motion’ ou ‘Red’ déboitent bien les cervicales, ‘Skin’, ‘Distance’ et surtout ‘Grief’ jouent plutôt l’apaisement. ‘Motion’ donne dans le symphonique, ‘Skin’ n’est pas loin de l’électro, ‘Hopes’ emprunte beaucoup d’éléments au folk avec accordéon et violon quand ‘Grief’ propose une ballade au piano.

Lorsque Stéphane a sorti sa chronique, je suis allé écouter l’album sur Bandcamp et juste après, j’ai commandé le CD dans la foulée. Kept fera certainement partie des albums sur lesquels j’aurai beaucoup de plaisir à revenir, donc tant qu’à faire, autant l’avoir sous la main dans ma discothèque idéale.

Le seul reproche que je ferais à cet album concerne sa production qui manque de ciselé. Sur des enceintes de PC ou au AirPod cela passe assez bien, mais lorsque le digital passe sur mes enceintes colonnes, la finesse du master révèle ses faiblesses. On verra ce que donnera le CD lorsqu’il arrivera à la maison.

Kept ne sera pas l’album de l’année mais j’y reviendrai certainement de temps en temps parce qu’il est très agréable à écouter sans être trop typé. Je vous invite donc à y jeter une oreille et plus si affinités.

Dream Theater – Parasomnia

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C’est à chaque fois la même histoire. Je me dis que je ne vais pas acheter le nouveau Dream Theater parce qu’il y en a marre de ce métal prog démonstratif et pompier chanté par une chèvre et finalement, je craque.

Le premier extrait de Parasomnia, en l’occurrence ‘Night Terror’, ne m’avait pas convaincu malgré le grand retour de Barbe Bleue à la batterie. Trop technique, trop sec, trop ricain.

‘Midnight Messiah’ ne m’avait pas emballé non plus avec son refrain qui arrive comme un cheveu sur la soupe, mais quand la galette est sortie le 7 février, j’ai quand même cliqué sur le bouton acheter.

J’ai écouté les titres sans réel entrain et j’ai décroché au bout d’une heure, laissant ‘Shadow Man Incident’ pour plus tard. Le titre final de près de vingt minutes m’a alors scotché comme presque à chaque fois que le groupe sort un grand format.

Vous l’aurez compris, Parasomnia est le dernier album de Dream Theater et Mike Portnoy est de retour derrière les fûts. Soixante et onze minutes divisées en huit morceaux qui nous plongent dans une débauche de guitares, basses, batterie et claviers, sans parler de la Chèvre de monsieur Seguin.

Les mecs sont vraiment très forts, mais ne prennent pas beaucoup de risques avec cet album. Il faut dire que la seule fois où ils ont essayé d’innover, ils se sont plantés en beauté.

Quand je dis que Dream Theater ne prend aucun risque, ce n’est pas totalement vrai. Avec ‘Dead Asleep’ ils donnent presque dans le rock, surtout avec le solo de guitare de notre ami Petrucci toujours au top de sa forme.

Le ton de Parasomnia est plus sec que d’ordinaire, en grande partie à cause du jeu ciselé de Portnoy. Cela ne l’empêche pas d’être pompier à souhait, sinon ça ne serait pas drôle. Et au top de cet exercice, on trouve le titre ‘A Broken Man’.

Comme dans quasiment chaque album de Dream Theater se glisse une bluette dans laquelle la voie sirupeuse de James atteint des sommets. C’est l’avant-dernier titre ‘Bend de Clock’ qui hérite de ce rôle ingrat. Et pour une fois, c’est plutôt réussi avec en prime un superbe solo de guitare, alors ne boudons pas notre plaisir.

‘The Shadow Man Incident’, que j’avais gardé pour le dessert, est un grand classique de Dream Theater, une pièce épique qui renoue avec les sonorités de ‘Octavarium’. Un titre prog pompier très instrumental, le genre de truc dont je raffole même si il n’est pas d’une grande inventivité. J’ai toujours trouvé que Dream Theater excellait sur les longs formats et ‘The Shadow Man Incident’ ne déroge pas à la règle.

Parasomnia ne figurera certainement pas dans mon top 2025, encore moins dans mon top Dream Theater, même s’il s’agit de mon premier achat de l’année. L’album s’écoute sans fausse note ni passion. Le genre de galette rapidement oubliée même si le dernier titre mérite tout de même le détour.

WILT – hugging

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WILT est un quintet de Winnipeg née en 2010 qui a composé quatre albums et EP depuis 2012. huginn est leur dernière production. Du black metal atmosphérique au growl caverneux.

Le genre de truc qui va faire fuir les progueux, sauf que, sauf que, le rythme de huginn se rapproche beaucoup du doom et que les morceaux comprennent également des passages de guitares mandoline et électro-acoustiques. En résumé, ça n’est pas vraiment bourrin.

Si la pochette représente un corbeau, ce n’est pas par hasard. huginn est un des oiseaux que possédait Odin, dieu des morts et du savoir dans la mythologie nordique. Un corbeau messager du dieu, souvent associé à son compagnon muninn, qui survolent les mondes et se posent sur l’épaule d’Odin pour lui raconter ce qu’ils ont vu.

Les deux morceaux encadrant ‘1831’ et qui durent huit minutes, possèdent globalement la même structure. Une longue ouverture instrumentale aux guitares, électro-acoustiques et électriques, l’apparition de la rythmique avec des sonorités saturées, des vagues de growl écartelé alternant avec un thème construit à la guitare enrichit de quelques variations et s’achève sur un instrumental plus apaisé.

‘1831’ fait exception. Le titre est un peu plus court, plus agité, sans ouverture, rentrant dans le vif du sujet immédiatement sous un déferlement de batterie, et nettement plus torturé, surtout pour le chant limite démoniaque.

J’ai cherché ce qui s’est passé en 1831 au Canada, et sorti du grand recensement, je n’ai pas trouvé grand-chose. Par contre, cette année-là, l’artiste JL Lund a peint ‘Scène sacrificielle nordique de la période d’Odin’, une œuvre liée à la religion nordique ancienne et aux Vikings. Peut-être que la clé de cet EP se cache dans ce tableau même si je n’y vois aucun corbeau.

Toujours est-il que j’aime beaucoup huginn. Le contraste entre sa musique principalement atmosphérique et le growl caverneux est du plus bel effet et construit une ambiance assez unique tout au long de l’EP. Certes cela n’a rien de franchement révolutionnaire, mais ça m’a plu, suffisamment pour que j’aille écouter leurs autres albums comme Ruin.

Vola – Friend of a Phantom

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J’ai toujours connu des hauts et des bas avec Vola. Je n’ai pas accroché avec Immazes, j’adore toujours autant Applause Of A Distant Crowds, j’ai boudé Witness, j’ai adoré leur Live From The Pool (sauf les images) et maintenant il me faut vous parler de Friend of a Phantom sorti l’an passé. Il le faut car je n’ai rien d’autre sous la dent.

Le court album de neuf titres ne va pas bouleverser le paysage musical du groupe de Copenhague. Vola joue de métal prog électro cinématique et invite comme à son habitude un chanteur pour varier les plaisirs. Cette fois il s’agit de Anders Friden qui chante dans In Flames et Passengers. Comme souvent, le titre où apparaît le chanteur invité se détache nettement des autres morceaux de l’album. Ici, il s’agit de la première pièce ‘Cannibal’ où le growl de Anders fait clairement la différence.

Le reste m’a tout d’abord semblé un peu fade. Friend of a Phantom manquait à mon avis de caractère pour vraiment décoller même si le  titre très lent et cinématique ‘Glass Mannequin’ me fait frissonner à chaque écoute. Mais malgré ce constat, je retournais souvent écouter Friend of Phantom. Se pouvait-il que l’album ne soit pas si mal ?

En réalité il est bien, même très bien, et quelques morceaux comme ‘Bleed Out’ ou ‘Paper Wolf’ relancent bien la machine. Mais force est de constater qu’il ne réinvente pas la poudre. J’irai jusqu’à dire que Vola fait dans la facilité. L’avantage, c’est qu’il est particulièrement confortable à écouter si on connaît déjà un peu le groupe. Voilà sans doute pourquoi je le passe régulièrement sur ma chaîne pour souffler dans le canapé ou bien dans la voiture lorsque je fais de longs trajets.

En plus il contient des trucs assez géniaux où l’électro prend le pas sur tout, je veux parler de ‘Break My Lying Tongue’ avec son explosion de claviers synthwave qui en fait un titre hyper commercial et metal à la fois quand soudain rugit le growl final.

Après avoir été tout d’abord un peu déçu par Friend of a Phantom comme mon ami Alias, j’ai commencé à écouter l’album en musique de fond et maintenant j’en arrive à la considérer comme un disque suffisamment intéressant pour que j’envisage sérieusement de l’acheter en vinyle.

Comme quoi la musique est une question d’humeur et de moment et qu’il ne faut surtout pas s’arrêter à l’opinion d’un chroniqueur pour décider quoi écouter. Donc écoutez-le si ce n’est pas encore fait et donnez-lui sa chance comme je l’ai fait.

Jason Bieler – Postcards From The Asylum

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En butinant sur Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur une pochette sur laquelle trône un gars bizarre en scaphandre spatial. Le genre de truc qui me donne toujours envie d’écouter de la musique. 

Le morceau en question s’appelle ‘Savior’. Il s’agit du premier single du prochain album de Jason Bieler, The Escapologist, qui sortira le 21 février. 

Comme le truc m’a semblé suffisamment barré pour me titiller, je suis allé écouter sa précédente création, Postcards From The Asylum, sorti en avril 2003. 

Alors voilà, c’est parti pour une heure et quart de musique très barrée déclinée en quinze morceaux.

Jason Bieler est un ricain qui se définit comme un troubadour post-apocalyptique avec un fort penchant pour les sonorités étranges. Personnellement, je trouve qu’il n’est pas très loin de l’univers totalement barré de Devin Townsend.

Musicalement, il y a un peu de tout dans Poscards From The Asylum, du metal, du hard rock, de la pop, de l’americana, du rock et plein d’idées zarbies.

Une première écoute complète de l’album peut dérouter par son côté un peu foutraque, mais pas pire qu’un Ziltoid de Devin Townsend. Pour l’avoir écouté en boucle pendant plusieurs jours, je le trouve assez génial.

L’album regorge de titres aux sonorités complètement barrées comme ‘Flying Monkeys’, ‘Sic Riff’ ou ‘Feel Just Like Love’. À côté de cela, il y a du folk americana comme dans ‘Human Dead’, ‘The Depths’ ou ‘Mexico’ qui au passage possède un petit air de Bob Dylan, The Beatles et David Bowie. Il y a aussi du bon vieux hard rock dans ‘Heathens’ et puis bien entendu du métal progressif dès l’ouverture de l’album avec ‘Bombay’.

Si le chant est très présent avec des tonnes de refrains furieusement accrocheurs, la musique n’est pas en reste et les guitares sont tout particulièrement à l’honneur. Pas des choses très démonstratives, mais efficaces, agrémentées de plein de sonorités bizarres et de rythmiques totalement barrées.

Postcards From The Asylum est une très belle découverte et je ne vous cache pas que je suis impatient de découvrir le prochain album de Jason. En attendant sa sortie, vous pouvez découvrir ses autres productions sur Bandcamp.

ILHO – UNION

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Union, un album sorti en 2019, vient de s’offrir une cure de jouvence cette année avec une édition remaster comprenant également deux titres live.

Derrière le disque se cache un trio britannique qui était encore totalement inconnu à mes oreilles jusqu’à la découverte de Union. Ilho, ainsi se nomme le groupe, semble préférer jouer en live que de s’enfermer en studio pour composer  au vu de leur discographie minimaliste. Ils proposent une musique pop metal progressive électro un peu à la manière des australiens de Voyager.

Union est leur premier et unique album à ce jour, sept titres dont une piste d’un quart d’heure.

Dans l’incroyable diversité des albums étiquetés metal progressif sur Bandcamp, c’est la pochette aux couleurs aquarelles qui a attiré mon regard et l’écoute du premier morceau ‘Union’ m’a convaincu d’aller plus loin. Il faut dire que la voix du chanteur et claviériste Andy Robinson m’a tout de suite séduite, passant sans effort de la douceur au quasi scream.

Ilho n’invente pas la roue ni le fil à couper le beurre avec Union mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit de leur premier album. Une basse aux motifs parfois djent répond à des guitares lumineuses, des claviers électros, un chant clair agréable et une batterie nerveuse manifestement programmée.

Le groupe est avare en sections instrumentales sorti de quelques intros et finals. Le titre ‘Coalescence’ du haut de ses quinze minutes et quinze secondes fait exception avec deux longues digressions instrumentales aux claviers à la Blade Runner et à la rythmique très prenante. Certainement le sommet de cet album même si les autres morceaux sont loin d’être anecdotiques.

Les deux captations live enregistrées au ProgPower en février 2024 prouvent, si besoin était, que le groupe tient parfaitement la route en public. Deux morceaux de Union revisités en version longue pour l’occasion.

Union est un album d’une rare fraîcheur, une caractéristique des jeune pousses pas encore usées par le système et qui donnent souvent de fabuleuse prestation live. En attendant que Ilho reviennent avec un nouvel album, je vous recommande chaudement cette réédition.

Un groupe à suivre.

Oceans Of Slumber – Where Gods Fear To Speak

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Le même jour, je recevais les albums de Blind Ego, Kalandra et Oceans of Slumber. Une promo, une précommande et la sortie officielle de Where Gods Fear To Speak. Autant dire une belle journée.

Mais je ne vais pas vous mentir, j’ai un petit faible pour le groupe américain Oceans of Slumber, alors c’est eux dont nous allons parler aujourd’hui.

Les voici de retour avec Where Gods Fear To Speak, un nouvel album de dix titres dont une reprise de Chris Isaak et cinquante six minutes trop vites écoutées. Et si leur précédent opus Starlight And Ash manquait de contraste, celui-ci corrige le tir car ici growl et chant clair s’affrontent ouvertement sur des compositions blockbusters.

Entre le piano de Dobber et la voix de Cammie il y a déjà matière à se mettre sous l’oreille mais comme le prouve le précédent album, cela ne suffit pas forcément et le retour en force de la basse de Semir, les guitares des deux Chri, la batterie de Dobber et le growl de Cammie redonnent toute sa puissance au metal prog des américains.

Progressif car chaque morceau est une histoire à tiroirs. Des forts contrastes allant du piano à la guitare acoustique jusqu’au chant acapella qui s’illustrent tout particulièrement sur le titre ‘Don’t Come Back From Hell Empty-Handed’ long de plus de huit minutes.

Métal car ça poutre quand même sauvagement par moment comme dans le titre qui donne son nom à l’album ‘Where Gods Fear to Speak’.

Les ouvertures des morceaux sont particulièrement inventives, du chant acapella de ‘Wish’ au piano de ‘I Will Break The Pride Of Your Will’ en passant par les sons électros de ‘The Given Dream’ où les claviers de ‘The Impermanence Of Fate’.

La colère des dieux semble s’exprimer par le growl caverneux de Cammie. Des dieux qui soumettent les fidèles et qui promettent du vent. Un album où la chanteuse règle ses comptes avec la religion dans laquelle elle a baigné toute son enfance. Sa mère était Témoins de Jéhovah.

Inutile de dire que j’adore cet album. Mes coups de cœur vont au plus long morceau ‘Don’t Come Back From hell Empty-Handed’ à la construction des plus progressives ainsi qu’au plus court, ‘The Given Dream’ à l’émotion à fleur de peau. Mais je salue également au passage ‘Wicked Game’, la magnifique reprise de Chris Isaak.

De là à en faire un des candidats à l’album de l’année, il n’y a qu’un pas, que je ne franchirai pas, car cela fait des mois que mon choix est fait, et il faudrait vraiment un tsunami pour que je change d’avis.

Leprous – Melodies Of Atonement

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Pour moi, Leprous c’est toujours bien, sauf peut-être en live. Je suis particulièrement fan de la voix de son chanteur Einar Solberg, sauf en concert où hélas il tient rarement ses promesses.

La pochette comme les photographies qui illustrent le livret sont de magnifiques images d’organismes unicellulaires prises au microscope électronique. La couverture montre une Rhabdonella spiralis, un organisme large de 50 microns qui est herbivore et brouteur de phytoplancton d’après ce qu’écrit le CNRS à son sujet. Cela ne m’éclaire pas vraiment sur le titre de l’album que l’on pourrait traduire par les mélodies de l’expiation mais bon, c’est très esthétique.

Chaque nouvel album de Leprous apporte quelque chose à leur discographie aujourd’hui bien étoffée. Melodies Of Atonement n’échappe pas à la règle.

Après avoir exploré le métal progressif façon Tesseract, tempéré les mélodies avec une orchestration symphonique, ils reviennent pendant cinquante deux minutes et dix morceaux à un métal prog électro soft où pointent d’autres influences.

Et non, il n’y a plus de cordes ni d’orchestration. Toutefois plusieurs titres risquent de vous interpeller au début avant de rentrer dans la normalité après plusieurs écoutes de l’album.

Quelques épures qui viennent semer le trouble dans Melodies Of Atonement. Des épures où la basse s’impose comme au début de l’improbable ‘Like a Sunken Ship’. Ou bien ce ‘Faceless’ pour le moins jazzy au piano et à la contrebasse où s’invite un solo de guitare bien loin des standards de Leprous sans parler des chœurs quasi gospel de la fin.

Mais rassurez-vous, fidèles à leurs habitudes, ils finissent toujours par pousser les potentiomètres et partir vers le métal. On reconnaît tout même très bien la patte de Leprous avec ses coups de boutoirs, ses claviers électroniques et la voix de Castra en colère.

Par exemple, ‘My Limbo’ à l’écriture nettement plus musclée renoue avec un metal progressif des plus classiques. Après est-ce dû à l’abus d’écoutes ou bien à la fatigue accumulée ces derniers jours, toujours est-il que plus j’avance dans la découverte de Melodies Of Atonement, moins j’entends ses nuances. Tout le contraire du premier album solo de Einar Solberg que je ne regrette vraiment pas d’avoir élu album de l’année 2023.

Il y a quand même des titres géniaux qui m’interpellent à chaque fois. ‘My Specter’ est de ceux-là. Ses subtiles touches électroniques sur la voix plaintive d’Einar contrastent avec le refrain déclamé évoquent parfaitement cette atmosphère nocturne et secrète que l’on retrouve dans les paroles.

‘Self-Satisfied Lullaby’ ne manque pas de m’étonner également à chaque écoute. La musique est pour les moins expérimentale dans les détails tout en restant relativement mélodique et les paroles ressemblent à s’y méprendre à de l’écriture automatique.

Melodies Of Atonement ne figurera pas dans les albums de l’année. Sixteen d’Einar Solberg qui trotte toujours dans ma tête le surpasse de loin. Ça n’en reste pas moins un excellent album que je vous recommande d’autant qu’en l’achetant sur Bandcamp vous obtenez la musique, la pochette et le livret en prime pour vous plonger dans les tourments de son auteur.

MIRAR – Mare

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C’est dans un article de Métal Zone  que j’ai découvert le duo français MIRAR. Le billet parlait d’un premier EP conjuguant metal progressif, musique classique et djent. En plus il était disponible sur Bandcamp, alors je suis allé l’écouter.

Bon, honnêtement j’ai hésité à l’acheter après un premier survol. Déjà parce que 14,40 euros c’est cher pour un EP de trente minutes, ensuite, parce que la musique est pour le moins, comment dire, inconfortable.

Alors qu’est-ce qui m’a décidé ? Sans doute le plaisir de faire chier mes voisins, de sortir de ma zone de confort et de reproduire l’expérience du chat de Schrodinger, à savoir la survie d’un chat enfermé dans la même pièce que moi à écouter le groupe MIRAR.

Mare est un EP six titres qui s’inspirent de Jean-Sébastien Bach, de Rachmaninov et de Jean-Philippe Rameau, de la musique baroque, classique et romantique transformée en djent extrême par Marius et Léo.

A la première écoute, ‘Rachma’ est inconfortable et ‘Rose Bonbon’ limite insupportable. Après ces deux morceaux, le cerveau commence à mieux supporter la douleur et cela se passe presque bien jusqu’au moment ou ‘Cauchemar’ rentre en scène.

Piano classique, traits de guitares au vitriol, sons torturés, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mare est très original. Techniquement c’est assez bluffant, mélodiquement par contre, c’est l’enfer.

Génial ou insupportable ? Je n’ai pas encore vraiment tranché la question. Le moins que je puisse dire, c’est que c’est très déstabilisant.

‘Rachma’ qui ouvre l’EP s’inspire du concerto n°2 de Rachmaninov (disons que les premières secondes au piano y font penser) puis il déchire les éthers avec ces grincements de guitares, sa batterie bourrine et son djent tablasseur avant quelque secondes cinématiques pour exploser de plus belle.

Mais ce n’est rien en comparaison de ‘Rose Bonbon’ qui n’est que déferlement de batterie, de guitares écartelées, de musique contemporaine et de djent industriel avec quelques secondes de clavecin pour faire bonne figure.

‘Hestehov’ se veut nettement plus cinématique malgré ses accords de guitares dignes des violents FPS auxquels jouent nos enfants. Le morceau propose nettement plus de plages acceptables pour les oreilles humaines.

‘Franka’ s’inspire de deux pièces de Jean-Philippe Rameau, ‘Les Cyclopes’ et ‘Les Sauvage‘. Une base rythmique au clavecin vite submergée par le djent nous maltraite à nouveau avec toutefois un court break au milieu de la pièce. Quant à ‘Oslo’, il ressemble à un train à vapeur lancé à plein vitesse avec des étincelles qui jaillissent de la cheminée de la motrice.

‘Cauchemar’ me semble le titre le plus abouti de l’EP. Il nous parle avec délicatesse de l’insomnie. En plus des guitares effrayantes, des hurlements se glissent dans la composition. Et ce n’est pas parce qu’il y a du piano en seconde partie du morceau que vos rêves seront plus agréables. Une sorte de bande son de l’Exorciste longue de pas loin de neuf minutes, vivement recommandée comme berceuse pour endormir vos petits enfants.

Mais quel est le rapport avec le tableau de Le Caravage, Judith décapitant Holopherne qui fait office de pochette ? Aucune idée sortie de l’horreur de la chose.

Il faut bien reconnaître que cet EP entre ses emprunts au répertoire classique et son artwork que l’on doit à un grand maître du dix-septième siècle, est pour le moins perturbant.

Alors chef d’oeuvre ou mélange blasphématoire des genres ? A vous de voir. Au moins ça sort clairement des sentiers battus.