PSA à 6.54, creatinine à 130, monocytes en hausse, deux prises de sang, une analyse d’urine et quelques échographies plus tard, l’inquiétant spectre du rein fracturé se réinvite à la maison après six années de trêve des blouses blanches.
Ce qui devait être un contrôle de routine devient une surveillance rapprochée du métabolisme. Quand le médecin vous appelle trente minutes après l’arrivée des résultats du laboratoire, ça sent clairement le sapin.
Le plus désagréable là-dedans c’est l’incertitude. D’abord on parle de la prostate puis on s’oriente vers les reins. Crise passagère, simple manque d’hydratation, rechute, cancer ? Les scénarios se bousculent dans ma tête et de vieilles douleurs ressurgissent dans le corps, comme la réactivation par la mémoire de traumatismes jamais totalement effacés.
Il faut plus de trois semaines pour obtenir un rendez-vous radiologique et pendant ce temps là, je gamberge.
Évidemment les échographies des reins, du foie, de la prostate et de la vessie ne révèlent rien d’anormal ce qui est à la fois rassurant et inquiétant.
Le médecin cette fois est nettement moins réactif et se veut rassurant. On fera de nouvelles analyses dans quelques mois pour voir si cela évolue dans le bon sens ou non et on avisera. Bon soit je suis foutu, soit elle n’est pas inquiète.
J’ai les reins en bouillie et des douleurs lancinantes dans le flan gauche comme après l’accident. Douleurs psychosomatiques ou retour d’une vieille copine, l’hernie discale post traumatique après une séance photo acrobatique, on le saura au prochain épisode à moins que je me remette à pisser du sang.
L’ère du papier est révolue. Les classeurs, les tampons encreurs, les stylos, les secrétaires ont laissé place au PDF, au web 2.0 et aux smartphones.
J’ai pris rendez-vous sur Doctolib pour un examen médical. La plate-forme m’a proposé un premier rendez-vous dans une vingtaine de jours avec toute une liste de spécialistes disponibles. Aucun n’était libre à la date en question. Après plusieurs essais j’ai compris la petite subtilité de l’interface qui consistait à ne pas choisir un praticien mais prendre celui proposé par défaut.
J’ai reçu ensuite un mail de confirmation avec un lien pour compléter un questionnaire. Un long questionnaire dans lequel je devais glisser mon ordonnance papier, ma carte d’identité plastifiée, mon attestation de sécurité sociale PDF et ma carte de mutuelle en carton. Évidemment, l’imprimante scanner HP a choisi ce jour pour ne plus dialoguer avec l’ordinateur.
J’ai du me débrouiller avec mon téléphone et AirDrop pour numériser tout ce qui devait l’être, le réduire à un format acceptable pour la plate-forme web et transmettre toutes ces informations au cabinet dématérialisé.
Après cette laborieuse inscription j’ai reçu un nouveau mail contenant un QR code à présenter le jour de mon rendez-vous. Sérieusement, un QR code !
Je n’ai ‘que’ 58 ans, je suis geek et j’ai travaillé dans l’informatique pendant de longues années. Le web, les QR codes, AirDrop, les scanners, je connais encore un peu. Mais comment peut se débrouiller une personne vraiment âgée qui ne dispose pas d’un smartphone ou ne sait pas s’en servir ? Elle meurt de vieillesse ou de maladie avant d’avoir obtenu un rendez-vous ?
Je suis devenu un abonné des urgences. Il faut dire qu’à la maison, mon entourage ne plaisante plus avec mes petits soucis de santé depuis une certaine fracture du rein.
Samedi, jour de migraine, je suis allé à vélo au Gros Malin, chercher une mallette pour ranger mon matériel d’astronomie, car si vous ne l’aviez pas remarqué, le ciel est enfin clair et je peux à nouveau sortir le télescope. Et vu que je comptais monter au Champ du Feu pour quelques observations, il fallait que j’optimise le rangement des oculaires, de la raquette, de la batterie et des câbles. Une mallette rigide et un peu de mousse remplacerait avantageusement mes deux cartons actuels.
J’ai trouvé mon bonheur chez la grande enseigne et suis rentré direction la maison, avec dans une main la mallette, dans l’autre le guidon. Oui, je suis con, je l’avoue mais j’avais mal anticipé la chose. Les migraines n’aident pas beaucoup à être lucide.
Évidemment, il y avait un piéton zigzagant sur la piste cyclable, un piéton regardant son téléphone tout en écoutant de la musique au casque.
J’ai voulu me signaler. La sonnette étant à gauche comme la mallette, ma tentative pour l’avertir s’est achevée à plat ventre sur le goudron. Ouille ! Jean déchiré, bobos à la main gauche, mallette cabossée, coude et genoux éraflés et une sourde douleur dans les côtes, je suis arrivé dans un état assez pitoyable à la maison.
Oui, parce que personne ne s’est vraiment préoccupé de me savoir à terre, le piéton ne s’est même pas retourné malgré ma gueulante, les voitures sont passées dans une totale indifférence.
C’est à table que mon fils m’a fait comprendre, qu’avec mes lourds antécédents, je devrais aller aux urgences. Oui c’est comme ça que j’ai failli mourir il y a six ans d’une hémorragie interne au rein. Bref.
Alors, malgré la journée ensoleillée, je suis allé aux urgences, surtout pour le rassurer en fait.
Et si vous ne le saviez pas encore, les services urgentistes sont totalement débordés. Les gens viennent pour un mal de tête, des écorchures au coude et au genoux, un œil en moins, un couteau planté dans la main, une balle de la tête ou un diarrhée après un repas au kebab du coin.
Ce samedi là c’était un festival mais j’ai connu pire. Au bout d’une heure, j’ai été pris en charge par un sympathique infirmier débordé qui s’est soucié de mes égratignures, un peu moins de mes côtes et pas du tout d’une éventuelle fracture du rein. Après quelques prises de constantes il m’a renvoyé en salle d’attente pour voir le médecin.
Une autre heure plus tard, un vénérable vieillard, a invité plusieurs personnes amochées, dont moi même à le suivre. Nous étions redirigé vers SOS médecin, plus vers les urgences.
Une autre heure plus tard, le vieil homme qui n’était que le médecin, sans doute retraité (il aurait pu être mon père), m’a enfin ausculté. Cette fois il a regardé les côtes douloureuses, écouté mes poumons, palpé le rein et vérifié que mes membres étaient encore dans le bon sens. Il m’a gentiment proposé de faire des radios, de poser des bandages et m’a recommandé de revenir si je pissais rouge puis m’a laissé repartir.
Oui, lorsque l’on pisse rouge, c’est très mauvais signe pour le rein. Je le sais, j’ai surveillé ça pendant des mois après mon précédent accident.
J’aurais bien aimé une analyse d’urine comme celle qui m’a probablement sauvé la vie il y a six ans. Car dès l’instant où ils avaient trouvé des traces de sang dans mon précieux liquide doré, j’avais été allongé et immobilisé avec interdiction de bouger avant de passer un scanner puis un IRM et d’être placé en soins intensifs.
Le tout, c’était de passer la nuit sans nouvelle complication. Si vous voyez plus d’articles publiés sur ce blog après celui-ci, c’est que je pisse rouge.
Je suis en train de battre un record personnel. Voilà quarante jours que je n’ai pas eu de migraine. Cela ne vous semble peut-être pas exceptionnel mais lorsque que vous subissez jusque trois crises par semaine, il s’agit d’un miracle.
Durant ces quarante jours, tout n’a pas été parfait mais avec une sieste ou trois gouttes de CBD sous la langue j’ai pu m’épargner des anti antalgiques.
Ce genre de pause dans mes attaques ne s’est pas produit depuis au moins dix années, lorsque je ne prenais pas encore de triptan pour soigner mes migraines.
A priori, ma vie actuelle n’est pas la cause de cette accalmie. Au travail c’est l’enfer, à la maison c’est toujours un peu compliqué, je ne fais plus de sport qui me permettait d’évacuer le stress depuis six ans et mes voisins me gavent toujours autant.
Par contre, cela fait cinquante jours que je n’ai pas pris de triptan… Y aurait-il un lien de causalité ?
J’avais remarqué que plus je prenais cette molécule, plus mes migraines de rebond augmentaient, d’ailleurs pour éviter la surdose le médecin m’avait prescrit des ampoules de morphine, du Doliprane Codéiné et m’avait conseillé d’essayer le CBD. J’ai remarqué également, car je suis mes crises sur l’application MigraineBuddy, que la prise d’un Doliprane Codéiné espaçait notablement les jours de maladie.
Le Doliprane Codéiné est compliqué à prendre car il laisse la migraine en sourdine et baisse notablement mon niveau d’attention. En gros, si je suis au travail, je fais conneries sur conneries. C’est un peu pareil pour Ce Bon Darmanin mais en moins prononcé. Les triptans possèdent l’avantage de soulager rapidement et quasi complètement la douleur, à en oublier la migraine, si le produit n’avait pas quelques effets secondaires désagréables comme la perte d’équilibre chez moi.
J’en suis presque à me demander si les triptans, la molécule miracle contre la migraine, ne serait pas recommandée aux patients pour entretenir leur état et vendre encore plus de triptans. Car à la clinique de la douleur, c’est la seule option que le médecin a proposé pour soulager mon enfer, en plus des beta bloquants que je prends en traitement de fond depuis quelques temps.
Les femmes connaissent une nette diminution des migraines à la ménopause, alors, si ça se trouve, je rentre dans ma pré-andropause. C’est ma chérie qui va être contente !
En attendant je profite avec bonheur de cette trêve bienvenue dans mon cycle infernal et mon corps apprécie à sa juste valeur cette désintoxication salutaire. Après, je suis quand même un peu shooté au CBD.
Deux semaines de vacances à la maison en septembre. Le bonheur ! La saison idéale pour des promenades dans les Vosges, le jardinage, la photographie et la lecture sur un transat.
Je suis ce que l’on appelle vulgairement un pantouflard, quelqu’un qui aime sa maison, son jardin et les promenades dans la région.
Peu avant de profiter de ces congés mérités, je traînais un peu la patte, une douleur sourde dans le talon, rien de grave, sans doute de la fatigue. Mon hernie discale était également de la fête comme un truc coincé à l’épaule. Rien qu’un bon repos ne saurait réparer.
Le premier lundi des vacances, je pris la route du Parc de Sainte-Croix pour saluer les loups, les ours et les ratons laveurs. Mon traditionnel safari photo de la fin de l’été. Trois heures de route, six heures de marche, six kilos de matériel photo sur le dos, autant dire que je suis revenu cassé en deux, mais heureux. Ceci dit, une petite douleur irradiait du talon jusque mes orteils et mon dos était en compote. Du coup le mardi, j’ai zombifié.
Mercredi, pluie. J’ai acheté quelques albums sur Bandcamp et en ai écouté beaucoup d’autres. Jeudi, pluie, musique. Après un été de sécheresse, il fallait que le ciel me tombe sur la tête pendant les vacances. Du coup, le jardin c’est brutalement transformé en jungle.
Vendredi, débrousaillage, tonte, désherbage, jardinage et passages aux déchets verts. Une écharde d’un bon centimètre s’est plantée dans mon pouce gauche. L’opération pince à épiler a été un pur régal et je crois qu’un petit bout est resté coincé sous la peau, histoire de me rappeler de porter des gants plus épais la prochaine fois.
Lundi, je suis reparti dans les Vosges, à la cascade du Nideck en traînant un peu la patte ce qui ne m’a pas empêché de prolonger la marche. Mardi j’ai fait une nouvelle promenade plus longue encore, du côté de l’étang de Hanau, et mercredi je suis allé voir le médecin, car même la nuit, mon talon me lançait. Verdict, un truc au nom imprononçable de la famille des tendinites, le genre de chose qui met du temps à guérir à condition de rester au repos total.
Mercredi soir, c’était soirée Star Wars, trois épisodes de la nouvelle série Andor à déguster au calme. Enfin en théorie, car à table, après avoir avalé un anti inflammatoire pour le talon, avec pour effet secondaire d’affaiblir la coagulation du sang, je me suis planté un couteau très pointu dans la paume de la main gauche. Planté oui, et profondément vous voyez. Alors ça s’est mis à pisser rouge.
Un dénoyautage d’avocat bien mûr qui s’achève aux urgences. Trois points de suture plus tard me voilà avec un énorme pansement à garder pendant trois semaines, le genre de truc qui vous empêche de conduire, de tenir un appareil photo, de taper au clavier, sauf d’une main, de découper un avocat en deux et d’en extraire le noyau. Ceci dit, pour cette dernière activité, ça n’est peut-être pas plus mal…
Le jeudi, ce furent des visites au pharmacien qui m’avait vu la veille, à l’infirmière pour programmer ses prochains passages à la maison pour changer le pansement, au radiologue hilare de photographier mon pied alors que ma main est bandée, à l’autre radiologue pour l’échographie, amusé de retrouver ma bosse sur le gros orteil et pour finir au médecin étonnée de me revoir si vite. Un tout nouveau programme de vacances qui vont se prolonger, en survêtement et sandales, parce que les ceintures, les boutons et les lacets, c’est devenu trop compliqué pour l’instant. Quelqu’un peut me couper la viande ? S’il vous plait…
Alors que le gouvernement autorise la fin du port du voile à peu près partout, j’ai officiellement battu mon record de cas contact.
Quatre en quinze jours !
Certes, je me déplace beaucoup ces derniers mois, je rencontre de nombreuses personnes et je mange souvent au restaurant, ceci explique sans doute cela.
En déplacement à Paris un mardi matin, avant une formation, j’ai reçu le SMS d’un collègue qui venait d’être testé positif au COVID-19.
Un écouvillon dans la narine gauche.
En rentrant de Reims, mon smartphone m’informe que je suis cas contact d’un inconnu et que je dois m’isoler pendant quatre jours, comme si mon parcours vaccinal n’était pas complet.
Deux cotons tiges dans les naseaux.
Deux jours plus tard, un ami avec qui j’avais mangé dans un restaurant coréen m’annonce qu’il est touché par le virus et malade comme un chien.
Premier auto test sur la table de la cuisine.
Enfin, en fin de semaine, un collègue m’annonce au petit matin qu’il se sent fébrile et qu’il rentre chez lui. Fébrile et positif, d’ailleurs il est maintenant à hospitalisé pour une embolie pulmonaire. J’avais mangé la veille en face de lui au restaurant d’entreprise.
Second auto test sur la table de la cuisine, non remboursé cette fois, faute de déclaration officielle de cas contact.
Je n’en suis à huit tests en deux années de pandémie, des PCR, des auto tests, et un sérologique. Mais rien à faire. Malgré plein de symptômes psycho somatiques, états grippaux, rhumes, angines, je n’ai manifestement pas attrapé ce fameux virus dont tout le monde parle tant.
A croire qu’il n’a jamais existé et que tout cela n’est qu’un complot visant à… Désolé, je regarde trop Facebook.
Bon il semblerait que je sois encore passé au travers des mailles du filet. Je pense que mon alimentation saine basée sur des produits bios en circuit court et faiblement transformés (rillettes d’oie, bières locales, bonbons Haribo) sont à l’origine de mes excellentes défenses immunitaires à moins que ce ne soit dû à la musique méditative que j’écoute en rentrant du travail (black metal, metal progressif, heavy metal, doom).
Ou tout simplement à de multiples précautions comme le port du masque même après la levée des restrictions, des lavages de mains fréquents, une distanciation sociale quasi permanente sauf au restaurant, une limitation des réunions avec les amis et surtout un bol monstrueux.
Mais quand je vois le gouvernement lever les restrictions sanitaires alors que le nombre de contaminations repart à la hausse, je me demande quand même s’il n’y aurait pas un petit effet élections dans l’air, une sorte d’aérosol exterminateur de virus lâché dans l’atmosphère par le président candidat, le rois guérisseur.
Parce que, je ne vous cache pas, j’en ai marre de me fourrer des cotons tiges dans mes narines, surtout si c’est pour aller voter pour un programme politique auquel je n’adhère pas du tout.
Je ne sais pour quelle raison l’état français a autant de mal à légaliser l’usage des drogues douces. N’ont-ils pas encore compris qu’en les taxant, comme les cigarettes, l’alcool et l’essence, ils pourraient se faire des couilles en or et occuper les forces de police à des choses plus utiles que traquer la fille du fumeur de joints.
Mon propos n’est cependant pas celui de la légalisation du cannabis, j’ai arrêté d’en consommer quand j’ai cessé de fumer, et consommer est un bien grand mot si on considère les dix pétards que j’ai partagé dans ma vie.
Cependant, un jour, mon médecin, à court de solution miracle pour mes migraines, m’a conseillé d’essayer du CBD pour soulager mes crises. Le CBD est un cannabinoïde présent dans le cannabis. Rien à voir avec le THC qui provoque l’addiction et possède un effet psycho actif sur le cerveau. Le CBD est un produit légal vendu en pharmacies quoi qu’en pense Gérald Darmanin. Il se présente sous plusieurs formes, huiles parfumées, feuilles et cristaux.
Pour ma part j’ai opté pour l’huile, parfum citron car chocolat ou poire-vanille sont à gerber. Et quand une migraine pointe son nez, ce n’est pas le moment d’avoir dans la bouche un truc au goût vomitif.
Le CBD soulage certaines douleurs, détend, réduirait les crises d’épilepsie et serait une des pistes contre le cancer du sein d’après Wikipedia. Bref un produit miracle.
Bon, pour tout dire, des migraines, je n’en fais plus beaucoup, la dernière date d’il y a trente et un jours, un véritable record après des années à deux ou trois crises par semaine. Ça, c’est le miracle de mon traitement au Metoprolol, un bêta bloquant qui me réussit vraiment bien. Mais lorsque les premiers symptômes d’une tempête s’annoncent, plutôt que de partir tête baissée avec l’artillerie lourde des triptans, en l’occurence l’Almogran, j’essaye depuis peu le CBD.
C’est mon fils aîné qui m’a initié à la chose. Il en consomme en traitement de fond pour vivre plus facilement en société. Lui, a opté pour poire-vanille, je vous le déconseille encore une fois.
La première tentative ayant été plus que concluante, sorti du goût persistant synthétique dans la bouche, je vérifie maintenant s’il ne s’agit pas d’un effet placebo. Deux gouttes à 10% sous la langue pendant une minute et le CBD se répand dans mon corps lentement. Une sensation de léger engourdissement survient alors, sans pour autant enlever la lucidité. C’est moyennement confortable mais comparé aux effets secondaires des triptans que j’utilise (perte d’équilibre, rigidité cadavérique, assoupissements), le CBD c’est clairement de la rigolade.
Chez moi, la prise de CBD permet de calmer l’angoisse induite par la crise – quand vous aurez vomi pendant vingt-quatre heures avec la tête martelant comme les tambours du Bronx, allongé avec une compresse froide sur la tête, plongé dans noir, incapable de boire ou de manger, dans un état de panique inimaginable et qu’il faut appeler un médecin à deux heures du mat, vous comprendrez -. Le CBD permet aussi de prendre de la distance avec la douleur, qui devient alors une menace sourde dans un coin de la tête. Ça n’est pas parfait, mais c’est toujours mieux que la chimie habituelle.
Un flacon de 10 ml concentré à 10% coûte la bagatelle de vingt-cinq euros. Plus la concentration est forte, plus c’est cher et ce n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale bien évidemment. Vous pouvez l’acheter en pharmacie mais également dans les coffee shops français, les boutiques à CBD.
Si vous souffrez comme moi de migraine, je crois que cela vaut la peine d’essayer. Sait-on jamais.
Je suis assis dans le vaccinodrome avec une nouvelle dose dans le bras gauche. Je pensais qu’avec 90% de piqués en France on finirait par avoir la peau de cette saloperie, mais non. C’est sans compter tous les pays à 3% d’immunisés et ceux qui ne respectent pas les gestes barrières. C’est beau la mondialisation et la connerie !
J’avais repris les concerts, plein d’espoir, et voilà que je m’enferme à nouveau dans le salon avec de la musique, des livres et des Lego.
Oui j’en ai marre, mais qui blâmer si ce n’est notre libre circulation planétaire, la surpopulation et l’irresponsabilité de certains ?
Les personnels soignants sont à bout, pourtant ils gardent le sourire et continuent à lutter pour sauver des vies. Pendant ce temps Boris organise des pique-niques et les jeunes des raves en Bretagne.
Alfa, Beta, Gamma, Omicron, aurons-nous assez de lettres dans l’alphabet grec pour tous ces variants. Masques, pass sanitaire, pass vaccinal, couvre feu, confinement, nos libertés ont fortement régressé ces derniers mois. Mais faut-il blâmer nos gouvernants pour autant ? Je ne pense pas. Je pense que les anti tout, adeptes des théories du complot, ceux qui refusent de se faire vacciner, ceux qui font semblant de porter un masque sous le nez, ceux qui se font tester tous les trois jours afin d’aller encore au cinéma et au restaurant, portent une lourde part de responsabilité dans cette catastrophe.
Les cas contacts se multiplient autour de nous. L’étau se resserre. Pour l’instant malgré trois concerts, quelques pauses cafés imprudentes et trajets dans les transports en commun, je suis passé sous les radars. Tant mieux car je ne donnerai pas cher de ma peau avec mon rein défectueux en cas d’infection.
A la maison, l’écran, la station d’accueil, le clavier et la souris attendent l’ordre de télétravail obligatoire longtemps reporté. L’ordinateur portable et le smartphone restent dans mon sac à dos, rentrant à la maison tous les soirs en cas d’alerte rouge. Un masque neuf m’attend chaque matin sur ma chaise, la réserve de savon est remplie, le gel hydro patiente dans son flacon, le pass frétille dans le téléphone, nous sommes parés pour affronter 2022.
On pourrait penser qu’avec un masque, du gel plein les mains et la distanciation on allait échapper à la crève automnale.
C’était sans compter sans notre grand qui bosse dans un lycée, haut lieu d’incubation pour toutes les saloperies qui traînent dans l’air et sur les muqueuses. Notre barbu chevelu de deux mètres qui joue les Tanguy depuis deux ans à rapporté le virus du crevard à la maison. Rhume, toux sèche et fébrile.
Il n’a pas fallu très longtemps pour que les mêmes symptômes nous attaquent, nous les deux petits vieux fragiles. D’abord un mal de gorge, puis une toux de chien crevé, quelques dixièmes de degrés au-dessus de la température optimale de fonctionnement du métabolisme humain puis la fontaine de morve ininterrompue.
D’ordinaire, choper la crève c’est juste pénible et fatigant. En pleine pandémie de COVID-19 c’est un peu plus compliqué. Déjà, les gens vous regardent de travers lorsque vous toussez dans votre masque dans les transports en commun. Et puis y a un doute qui plane fatalement, rhume ou COVID ? Un seul moyen de le savoir, se fourrer le coton tige dans le nez.
Donc après trois jours de coma dans la maison et deux migraines qui viennent avec la fièvre, je me suis sacrifié pour nous trois en allant me faire curer le nez au laboratoire près de chez moi. Ma femme refuse d’en passer par cette expérience traumatisante et mon fils s’en tape, la fin du monde approche. Oui mais moi j’ai un boulot et je côtoie pas mal de monde quand même.
Vous me direz, qu’elle est la probabilité de choper la COVID-19 avec deux doses d’astra dans le sang, un masque sur le visage et des mains tellement désinfectées qu’elles ressemblent à la peau d’un vieux crocodile ? Ben non nulle, la preuve un de mes collègues vient de choper la saloperie. Donc ceinture et bretelles. Isolement et test.
Mon Week-end prolongé de trois jours s’allonge encore histoire de s’assurer que tout va bien. De toute manière je ne tiens pas sur mes quilles. Du coup j’ai du temps. Pas pour enregistrer de chronique, car avec la crève ça n’est pas franchement sexy, mais pour écouter Mandoky Soulmates et jouer au Lego.
Après avoir finalisé Voyager I, je suis allé acheter une superbe Fender et son ampli. Et puis, n’ayant pas d’autre projet pour le Week-end, je me suis lancé dans la conception de la sonde martienne Viking.
Saviez-vous qu’une des grandes problématiques de la recherche de la vie sur la planète rouge est la non contamination des échantillons par des bactéries venues de la Terre avec la sonde ? Ben c’est pareil pour moi au travail. Faut que je garde mes crasses à la maison pour ne pas pourrir le travail de mes collègues.
Trop de passions, trop d’émotions, mon coeur bat trop vite. La musique, les paysages, le stress, le travail, l’amour, les enfants, mon système cardio-vasculaire s’emballe. Alors pour calmer la tempête, je prends des bêta-bloquants.
En réalité mon coeur va très bien, mes artères également, mais après les anti-épileptiques, les anti-dépresseur, les anti-pass, les anti-vaccins, les vasoconstricteur, les anti-migraineux, j’essaye les bêta-bloquants.
Enfin je réessaye, la première tentative s’étant soldée par des nuits d’insomnie. Voilà maintenant deux mois que je prends mes 50mg de Metropol tous les soirs, soit la dose minimale, et sorti de quelques troubles du sommeil, je supporte assez bien la nouvelle molécule. Le matin j’ai un peu la gueule de bois mais rien de grave.
Et surtout, depuis, je n’ai pas pris un seul anti-douleur ou triptan pour gérer mes crises. D’ailleurs celles-ci se font de plus en plus rares et de moins en moins violentes. Effet placebo ? Possible, ce ne serait pas la première fois. J’ai quand même l’impression de revivre d’autant que pour le stress c’est assez gratiné au travail ces temps-ci.
Bon, ceci dit ce soir, après quinze jours sans une seule crise, contre quatre à six d’ordinaire en deux semaines, j’ai craqué car cela devenait très inconfortable : nausée, tempe gauche battante, hypersensibilité à la lumière et aux odeurs (détecteur de clope activé à 100 mètres). Je retrouve la joie des effets secondaires de l’Almogran, rien en comparaison du Zomigoro mais quand même. Je zombifie sur le canapé en écoutant le dernier Neal Morse Band. Résultat j’ai un peu gâché ma première écoute.
Mon médecin du travail a sérieusement envisagé de me mettre en invalidité à 50 %. Ça fait tout drôle… J’ai dû lui expliquer que j’étais aussi souvent malade en vacances qu’au travail pour qu’il change d’avis.
Malgré cette dernière crise, un triptan en deux mois, cela reste une grande victoire pour moi. Un répit à ma noyade chimique quotidienne. Normalement trois mois sont nécessaires pour juger de l’efficacité d’un traitement, donc je vais attendre un peu pour effectuer un bilan sur l’efficacité de ce bêta bloquant mais pour l’instant cela semble plus efficace que de mâcher du bubble gum. L’autre étape ça va être l’acupuncture qui m’a été recommandée par deux médecins. J’ai hate de jouer à la poupée vaudou avec mon corps.