Aucune terre n’est promise

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Avez-vous déjà visité la Palestina ? Non ? Normal. C’est un territoire où le peuple juif s’est installé en Afrique Centrale avant la monté en puissance du nazisme.

Uchronie, univers parallèles, Aucune terre n’est promise est un roman étrange, décrivant les tensions géopolitiques induites par l’exode du peuple juif, dans le monde que nous connaissons aujourd’hui, où Hitler a provoqué l’holocauste, comme dans des univers parallèles qui ont connu des destins très différents.

Tout commence par le voyage d’un berlinois dans son pays natal, la Palestina. Un retour au pays pour voir son père, le général Tirosh, qui est mourant. Mais à peine le pied posé sur le tarmac, les choses dérapent et le roman bascule dans un thriller d’espionnage avant de virer au fantastique.

Un vieil ami meurt empoisonné après avoir supplié Tirosh de retrouver sa nièce Déborah qui a mystérieusement disparu. Entre souvenirs de son enfance en Palestina, arrestations, rencontres littéraires, enquêtes et sauts dans des réalités parallèles, le roman nous égare peu à peu dans l’univers de l’auteur.

Il y a du Philip K. Dick dans l’écriture de Lavie Tidhar et ce n’est pas forcément un compliment de ma part. Les histoires qui partent totalement en vrille dans d’autres réalités non explicitement nommées ont tendance à perdre le lecteur et rendre le roman très confus. Pour couronner le tout, l’auteur y mêle probablement ses propres traumas, comme la perte d’un enfant, un divorce, les conflits avec son père, complexifiant une intrigue déjà très chargée.

Cerise sur le gâteau, le roman fait référence à lui même. L’auteur parle d’un obscur écrivain de SF, Lior Tirosh, qui aurait écrit un livre intitulé Aucune terre n’est promise.

Dire que j’ai apprécié le roman serait exagéré. Il a eu au moins le mérite de m’intriguer.

L’Enfant de Poussière

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Voici un pavé de huit cent pages qui est tombé entre mes mains un jour où je n’avais plus rien à lire. Un roman de fantasy écrit par Patrick K. Dewdney qui n’est que le premier du Cycle de Styffe qui en comporte trois.

Styffe est un orphelin de sept ans vivant dans une ferme avec trois autres enfants en bordure de la ville fortifiée de Corne-Brune. Comme ces congénères, il est livré à lui-même toute la journée, errant de la Cuvette à la ville, mangeant une soupe maigre le soir et dormant dans une grange la nuit. Pendant huit cent pages, ce sont ses aventures que vous allez lire, jusqu’à ses treize ans.

Le roman se compose de trois parties principales :

La première se passe à Corne-Brume et c’est celle que j’ai préféré. Elle me rappelle beaucoup le roman Le Sang de la Cité. L’enfant évolue dans une ville avec ses intrigues, découvre le monde et grandit.

J’ai failli abandonner le livre au cours de la seconde partie. Styffe part avec un redoutable guerrier qui l’initie à l’art du combat. Cette partie est longue et relativement ennuyeuse au final, même si elle nécessaire pour aborder la troisième, la guerre.

L’auteur n’est pas avare en descriptions et si ses explications géo politiques me sont clairement passées au dessus de la tête, l’univers décrit est cohérent. Un monde médiéval où pointe de la sorcellerie, mais comme dans Capitale du Sud, celle-ci est juste évoquée à demi mot.

J’ai été au bout de ce premier tome, non sans mal, la question est de savoir si je vais me lancer dans la suite. Ce qui est certain, c’est que ce ne sera pas tout de suite. Une pause s’impose.

A qui la faute ?

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Quatre amis de longue date partent dans les hautes terres d’Islande pour un week-end. Un trek parfaitement planifié par Armann qui guide des touristes en montagne depuis des années. Daniel, l’acteur revenu de Londres pour l’occasion retrouve son copain d’enfance, l’avocat Gunnlaugur et Helena qui a perdu son époux il y a quelques années.

Un week-end entre amis qui va tourner au drame, un huis clos au milieu d’une tempête de neige d’où tout le monde ne reviendra pas.

Le roman s’écrit à la première personne, de très courts chapitres pour chacun des quatre personnages principaux de l’histoire, une forme d’écriture qui ne m’a pas franchement convaincue. Elle ne laisse pas au lecteur le temps de prendre le rythme du récit. 

Le cinquième personnage, et non des moindres, se nomme la tempête de neige qui piège nos protagonistes dans un refuge avec un inconnu. Une tempête de neige qui ruine le week-end et les plans de tout le monde.

Au fil des chapitres les personnages se révèlent derrière leur façade. Des secrets, des mensonges, des rancunes qui conduiront l’histoire à son issue fatale.

Je n’ai pas été convaincu par ce nouveau roman de Jonasson. Le mode narratif, les quelques incohérences du récit et sa conclusion me font songer à un livre écrit très vite. Et si c’est mini chapitres de trois pages avaient été condensé, l’ouvrage n’aurait probablement compté qu’une petite centaine de feuillets. Il nous avait habitué à beaucoup mieux.

La trajectoire des confettis

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Voici un roman improbable qui est devenu ma lecture de chevet pendant plus de deux mois.

Improbable, parce que je ne connais pas l’auteure et que ce n’est pas mon genre de lectures. 

Je l’ai pris sans doute à cause de l’accroche de l’éditeur et parce que c’était le seul bouquin qui me tentait dans la pile de mon épouse. Un premier roman d’une québécoise qui parle de sexe (beaucoup) et d’amour (une peu). Un voyage désordonné dans le temps et les couples avec comme personnage central Xavier, du moins c’est à lui que je me suis raccroché comme à une bouée au milieu de tous ces portraits. 

Il y a le couple libre de Zack et Charlie, Matthew, Jacques, Alice, le pasteur William, une tante et son neveu, Louis et ses amours de six mois et ses six filles nées d’une mère différente, des adolescents en pleine expérimentations, des coups d’un soir, des ex, des cocktails improbables et Xavier, éternel célibataire, abstinent depuis seize ans qui tombe amoureux.

Au début tout est vraiment confus et quelques chapitres sont nécessaires pour comprendre qui est qui, qui a couché avec qui, qui est le père de qui, mais petit à petit, à force de retours en arrière et de répétitions, le lecteur trouve ses repères.

Un roman sur le sexe voire l’amour, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, pourtant Marie-Eve Thuot a réussi à me captiver avec les tribulations de cette famille québécoise pas forcément représentative de la moyenne et à m’attacher à certains de ses personnages comme Raphaëlle et Xavier.  Mais ne croyez pas que le roman se résume à cela. Il y a de nombreuses réflexions sur l’amour, le couple, les enfants, la surpopulation, la morale, la société, la religion…

Un excellent premier roman qu’il est cependant délicat de recommander, à part à vos amis échangistes.

Dernière chance

Vous avez vu le film Seul sur Mars avec Matt Damon ? Oui l’histoire du gars qui fait pousser des pommes de terres avec les excréments de ses copains dans le régolithe rouge. Bon j’avoue, je l’ai regardé plusieurs fois même si ce n’est pas un chef-d’œuvre, sans doute parce que ça se passe sur Mars.

Du coup, lorsque je suis tombé sur le roman Projet Dernière Chance écrit par l’auteur du livre Seul dur Mars, à savoir Andy Weir, je me suis dit allez pourquoi pas.

De minuscules organismes absorbent l’énergie du soleil, menaçant la Terre d’un brutal refroidissement global en plein réchauffement climatique. D’autres étoiles subissent le même sort mais Tau Ceti, pourtant elle aussi infectée, résiste mystérieusement. Une mission de la dernière chance emporte trois astronautes dans un voyage interstellaire sans retour pour comprendre comment sauver le monde. Voilà pour l’intrigue.

Comme Seul sur Mars, Projet Dernière Chance est un roman de hard science où l’auteur s’efforce de tout expliquer. Ce n’est assurément pas de la grande littérature mais plutôt une distrayante vulgarisation scientifique pleine d’humour où un homme, après un très long voyage, va se lier d’amitié avec un extraterrestre.

Le livre m’a fait souvent penser à du Jules Vernes, auteur que j’ai dévoré dans mon enfance, avec ses descriptions interminables, ces explications scientifiques à la limite de la fiction, ses théories fumeuses et ses personnages à la psychologie binaire.

Le roman souffre de quelques longueurs atténuées par les flashs back sur Terre avant le lancement de la mission de sauvetage. La rencontre du troisième type est ubuesque et tendre à la fois. C’est naïf, drôle et on se laisse rattraper par le suspense qui dure pas loin de six-cent pages. Bref, Projet Dernière Chance se révèle très plaisant à lire.

La dernière tempête

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Je ne relis jamais un livre tout simplement parce qu’il y a trop de romans à découvrir et que je lis assez lentement.

Pourtant j’ai relu La dernière Tempête de Ragnar Jonasson. Ne l’ayant pas référencé dans Babelio, je l’ai acheté une seconde fois et dévoré en quelques jours.

Dès les premières pages, j’ai réalisé que je l’avais déjà lu, ce qui ne m’a pas empêché de continuer sa lecture.

Si vous n’aimez pas les fêtes de Noël, la neige et l’isolement, réfléchissez sérieusement à deux fois avant de commencer ce roman.

La dernière Tempête se déroule en Islande, principalement autour de Noël. Trois drames familiaux, celui d’un vieux couple isolé dans leur ferme, celui d’une inspectrice de police pour le réveillon et cette jeune fille partie vagabonder en Islande pendant une année de césure.  Trois récits qui se rencontrent autour d’une seule enquête pour meurtres au milieu d’une tempête de neige.

L’auteur traduit à la perfection la sensation d’isolement des islandais coupés du monde pendant l’interminable hiver où il fait nuit presque toute la journée. Il décrit également la pesanteur familiale, ces drames qui se nouent en secret et qui s’achèvent par des catastrophes.

Lorsque vous commencez le roman, vous n’arrivez plus à vous arrêter, quitte à ne pas dormir. Chaque fin de chapitre appelle la suite et après quelques heures, vous arrivez à la dernière page, abasourdi.

La dernière tempête est un fabuleux roman qui se dévore, vous plongeant dans un monde à part, angoissant, en noir et blanc, assurément pas le meilleur guide touristique pour visiter l’Islande même si vous y découvrirez quelques traditions de Noël.

Le Mage du Kremlin

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Qu’attendais-je au juste de ce roman ? Est-ce que j’espérais lever le voile sur Poutine, mieux comprendre la guerre en Ukraine ? Je ne sais pas exactement, mais je n’ai rien trouvé de tout cela dans le livre de Giulliano Da Empoli.

C’est sur France-Inter que j’ai entendu parler du roman et son titre a déclenché de nombreux fantasmes jusqu’au moment où je l’ai tenu entre les mains.

Le Mage Du Kremlin est son premier roman mais pas son premier livre. Et cela se sent. Il ressemble plus à un essai transformé en roman : le récit de Vadim Baranov, conseiller imaginaire de Vladimir Poutine, de son ascension du KGB au poste de premier ministre jusque la guerre en Ukraine.

L’auteur esquisse un Poutine avec quelques anecdotes historiques mais ne rentre pas dans l’intimité, même imaginaire du président russe. Il s’attarde un peu sur les russes blancs, sur la grande URSS bafouée et évoque quelques personnages qui ont tenté d’infléchir la politique de l’homme du Kremlin.

Il raconte surtout l’histoire de ce conseiller désireux de toujours gagner, qui parfois avait l’oreille de Poutine avant que l’homme ne devienne autocrate.

Le récit s’achève sur une étonnante diatribe sur les machines et le pouvoir avant que Vadim, redevenu humain, ne clot le chapitre sur sa fille.

Le roman Le Mage Du Kremlin survole quelques épisodes de l’histoire de la Russie sous Poutine, évoque les jeux de pouvoir du Kremlin mais n’éclaire pas le lecteur et ne réussit pas à écrire un bon roman, pas même un essai.

Trois Lucioles

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Je vous avais parlé du premier tome de Capitale du Sud de Guillaume Chamanadjian il y a peu, un roman de fantasy français assez original. Dans la foulée, j’ai dévoré le second tome, Trois lucioles, la suite des aventures du coursier Nox.

Dévoré est le terme, car pour quelqu’un qui lit assez lentement, j’ai avalé les quatre cent pages du livre en neuf jours malgré un agenda assez chargé.

Le style de l’auteur s’est affiné et la lecture du roman est nettement plus fluide. L’univers est maintenant posé, la cité de Gemina décrite, les principaux protagonistes connus, l’intrigue peut se concentrer sur notre héros, son évolution et les choix qu’il va être amené à faire.

La ville réclame la tête du duc bâtisseur de canal, son duc, qu’il a quitté pour redevenir simple coursier.

La magie est toujours présente en filigrane dans ce livre. Elle se manifeste avec le talent des bâtisseurs de la Recluse et sous la forme du Nihilo, ce monde parallèle que Nox apprend de mieux en mieux à parcourir.

Au fil des pages le lecteur sortira de la cité pour découvrir l’entre deux murs situé entre les deux remparts de Gemina, il descendra dans les tréfonds de la cité et rencontrera une ancienne famille que l’on croyait disparue, comprendra enfin les schémas du livre de danse de Nox et assistera impuissant aux émeutes qui mettront à feu et à sang la cité.

Trois lucioles est un roman d’aventures plein de rebondissements, qui aborde des sujets plus matures que dans le premier tome, à l’image de notre héros qui gagne en sagesse. Difficile d’en dire plus sans dévoiler l’intrigue, mais si vous avez aimé le premier livre, n’hésitez pas, le second est encore meilleur.

Le Sang de la Cité

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N’ayant plus rien à lire, j’ai emprunté le roman de Guillaume Chamanadjian à mon épouse. Elle voulait lire Capitale du Nord et avait acheté Capitale du Sud.

Je l’ai surtout emprunté à la vue de tous les prix qu’avait reçu ce premier tome. Et puis sa couverture donnait envie d’ouvrir le livre pour découvrir la cité enfermé dans les pages.

Nous suivons les aventures de Nox, coursier de la ville qui parcourt inlassablement les rues pour livrer des vins et confiseries aux clients fortunés.

Une vaste cité fortifiée cernée par deux rangées de remparts, bâtie au bord de la mer, protégée par ses ducs et soldats, parsemées d’échoppes, d’auberges et ruelles où les intrigues politiques vont bon train.

J’hésite à désigner le héros de notre histoire. De qui s’agit-il ? De ce coursier au destin hors du commun ou de cette immense cité et ses habitants.

Le roman de fantasy de Guillaume Chamanadjian se teinte de fantastique à peu près au milieu de l’histoire, de subtils coups de pinceaux, très loin des grosses ficelles des sagas médiévales fantastiques dont on nous abreuve régulièrement. D’ailleurs le livre évite presque tous les clichés, le héros n’en est pas vraiment un, n’embrasse pas la princesse, se bat comme tout un chacun et a une épouvantable soeur.

Poésie, légendes, parfums de Provence, œnologie et architecture à la Violet Le Duc parfument les aventures de Nox, qui d’enfant trouvé dans les sous-sols de la ville va devenir coursier puis protéger du Duc et détenteur d’un grand secret.

J’ai à peine terminé ce premier tome que je me lance dans le suivant. Un roman plaisant, agréable à lire qui change de l’habituel fantasy anglo-saxonne qui remplit nos librairies.

Superluminal

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Il y avait bien longtemps que je n’avais lu un Vonda McIntyre. Cette réédition chez Mnémos m’a fait de l’œil chez le libraire et je ne regrette pas ce magnifique voyage à des vitesses supérieures à la lumière.

Superluminal parle principalement de trois personnages, Laena, une terrienne qui vient d’être opérée pour devenir pilote, Radu, un jeune homme venant d’une planète terraformée et Orka, une humaine transformée génétiquement en plongeuse. 

Le roman parle d’amour impossible, de voyage supraluminique, des dimensions de l’univers, de la frontière invisible entre les rampants et les pilotes, de l’exploration, d’un univers utopique à la Ursula le Guin, des sacrifices pour atteindre ses rêves.

Un livre profondément humain, beau, inquiétant parfois, qui esquisse une théorie du voyage spatial sans l’expliquer vraiment, qui décrit une société très différente de la notre ou l’homme a presque aboli les frontières des espèces, de l’espace et du temps. 

Un livre paru en 1983 et qui n’a pas pris une seul ride et qui propose en bonus une interview de l’auteure réalisée en 2019.