L’Odyssée des étoiles

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Un roman d’amour épistolaire écrit par une coréenne, voilà ce que promettait le livre l’Odyssée des étoiles de Kim Bo-Young.

Il s’agissait de mon premier roman coréen et sorti de quelques références géographiques, quelques rituels de mariage, l’histoire aurait pu être racontée par n’importe quel anglo saxon.

L’histoire ? Non, les histoires. Car le roman en deux parties se compose de nouvelles. Les lettres d’un couple séparé par le temps qui cherche à se rejoindre à la vitesse de la lumière et les tribulations d’un voyageur solitaire qui atteindra l’ultime limite fixée par Albert Einstein en son temps. 

Le roman épistolaire possède un certain charme, de par sa forme et sa naïveté. Deux amoureux que le temps et l’espace séparent voyagent à la vitesse lumière pour compenser le temps qui les éloignent afin de se marier sur Terre. 

Ce qui ne devait durer que quelques mois devient des siècles relatif de séparation pendant lesquels la Terre change.

Cent cinquante pages qui finissent tout de même par être longuettes et qui laissent place à quatre histoires autour de Seongha, le voyageur temporel. Des nouvelles qui jouent sur les paradoxes du temps et de l’espace. 

Les deux premières histoires sont sympathiques, les deux dernières relativement anecdotiques. D’ailleurs je ne suis pas allé au bout de la quatrième, il ne me restait pourtant que quelques pages.

La poupée

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J’avais déjà lu un roman de Yrsa Sigurdardottir il y a quelques temps et il ne m’avait pas emballé. Mais comme j’ai la mémoire courte et que je suis accro aux polars islandais, j’ai lu la suite sans le savoir. Et le pire dans tout ça, c’est que je l’ai bien aimé.

Une poupée restée longtemps fond de l’océan est ramassée dans un filet par un pêcheur du dimanche. Un objet hideux et puant recouvert de mollusques qui devient le coeur d’une enquête policière.

Une enquête ? Non plutôt quatre, deux meurtres, des ossements retrouvés et des accusations pour abus sexuels sur mineurs.

Dans cette nouvelle histoire, on retrouve les protagonistes du précédent roman Le Trou, Huldar, Lina et Freyja qui n’ont pas gagné vraiment en épaisseur. Cependant l’autrice nous plonge dans des enquêtes passionnantes, dans l’univers des services sociaux d’Islande et le monde de la drogue.

Très vite on s’attache à Rosa et Tristan, deux ados placés en foyers où un éducateur aurait abusé d’eux. Une nouvelle occasion pour le policier Huldar de se rapprocher de Freyja, la jeune femme des services sociaux.

C’est l’été en Islande, un été pourri. Tous les policiers sont partis en vacances bronzer plus au sud. Avec quatre enquêtes différentes, des sous effectifs en pagaille, Huldar ne va pas chômer. Quel peut-être le lien entre une poupée hideuse, un SDF égorgé, deux ados placés et des squelettes perdus en mer ? 

L’intrigue m’a passionné, alors que d’ordinaire je m’intéresse plus aux personnages et aux ambiances. Dommage que l’avant dernier chapitre, celui qui recolle quelques parties du puzzle, soit un peu bâclé. Ça aurait donné un fabuleux polar.

La mer de la tranquillité

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Comment un roman peut-il mêler autant de thèmes avec élégance ? La mer de la tranquillité raconte le destin de plusieurs personnages à des époques assez éloignées les unes des autres, du passé au futur, des personnages très différents qui ne possèdent qu’un seul point commun, un grand saule au milieu d’une forêt.

Le roman parle d’une pandémie, du voyage dans le temps et de notre existence qui ne serait qu’une vaste simulation informatique. 

Oui tout ça dans un seul livre. Mais la mer de la tranquillité parle avant tout de l’humanité, de ces personnages attachants que le lecteur découvre au fil des chapitres et qui, progressivement, convergent vers la même histoire.

Le livre d’Emily St. John Mandel n’est pas à proprement un roman de science-fiction mais plutôt une réflection sur le sens à donner à sa vie en usant des ficelles de la fiction pour faire passer son message. Et ça marche. 

Angoisse glaciale

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Ma passion pour les polars nordiques finira par avoir ma peau.

J’ai acheté le roman de Mads Peder Norbo avant de partir en vacances en septembre et le je termine la nuit d’Halloween. Un mois et demi pour quatre cents pages, presque un record de lenteur.

Il faut dire que je n’ai rien compris à cette histoire groenlandaise dans laquelle plusieurs affaires se croisent avec une multitude de personnages aux noms impossibles à prononcer. Qui est qui, ? Fils, demi-sœur soeur, père ? L’auteur entretient la confusion, mélange les époques et comme de mon côté, j’ai lu le roman en pointillé, je me suis perdu en chemin.

J’ai bien compris que Norbo racontait une expérience menée des soldats américains sur la résistance au froid, qu’il était question de la souveraineté du Groenland, qu’il y avait plusieurs affaires à différentes époques, mais pendant tout le roman, presque jusqu’à la fin, j’ai été complètement largué. Par chance il y a quelques personnages auxquels on peut se raccrocher comme Matthew et Tupparnaq. Par contre, pour ceux qui gravitent autour, ce fut nettement plus compliqué.

A la fin du roman j’ai réussi à raccrocher les wagons et avoir une vue d’ensemble sur le roman. Mais pour bien faire, il faudrait que je relise le livre. Et sincèrement, je n’en ai pas la force.

Ravage

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Un ravage, ce sont ces traces que laisse un troupeau de cervidés dans la neige lorsqu’ils se regroupent en horde. C’est également un endroit parfait pour dissimuler son passage lorsque l’on est poursuivi par des hommes.

Ravage est le roman d’une traque, celle d’un trappeur dans le grand nord canadien entre le 23 décembre 1931 et le 17 février 1932. Une traque démesurée à chiens de traineaux par moins quarante degrés dans le blizzard pour retrouver un seul homme, un certain Jones, d’abord accusé de trapper sans autorisation. C’est également une histoire vraie.

Une trentaine d’hommes, une quinzaine de traîneaux, un avion, dix kilos de dynamite, des blessés, des morts et vingt-six jours dans le froid glacial du Canada à la poursuite d’un inconnu qui déjoue tous les moyens mis en oeuvre pour le retrouver.

J’avais entendu parler de Ian Manook pour son roman A l’Islande que je n’ai toujours pas lu, Ravage était l’occasion de découvrir l’auteur.

Moi qui aime les paysages glacés, la neige, la solitude, le silence, j’ai été servi pendant 342 pages. Mais Ravage est d’abord un roman sur les hommes qui s’affrontent, Walker le gendarme, Wright le pilote, Jones le trappeur. Des rapports humains complexes et brutaux dans cette nature hostile.

Ravage possède de magnifiques temps fort et quelques passages où on aimerait bien que cette chasse à l’homme s’abrège. Les personnages en sortiront tous changés par cette traque impitoyable.

A lire si vous aimez les grands espaces, la neige et les hommes.

La Légion des Souvenirs

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Vous avez peut-être regardé la série The Expanse ou bien lu les romans. Pour ma part j’ai fait les deux. Je n’ai pas encore tout regardé, je crois que j’en suis à la saison trois et j’ai du lire quatre des neuf romans.

Aujourd’hui la série est arrivée à sa fin comme le cycle de livres. 

The Expanse est une saga de science-fiction politique dans laquelle l’homme a commencé à coloniser le système solaire et s’apprête à le quitter grace à une expérience biologique dont la déontologie reste très discutable.

La Légion Des Souvenirs est un recueil de huit longues nouvelles issues de l’univers de The Expanse qui éclaire, détaille, documente cette saga de très belle manière.

J’ai eu quelques frayeurs en lisant la première, ‘Sous la poussée ‘. Car je la connaissais déjà. Je me suis dit alors que j’avais déjà lu ce livre, ça m’arrive parfois, mais non. La nouvelle en question avait sans doute déjà été publiée dans un de leurs romans.

Comme dans tout recueil de nouvelles, il y en a que j’ai dévoré et d’autres avec lesquelles j’ai eu plus de mal.

Mes deux préférées se suivent : ‘Les Abysses de la Vie’ qui raconte la genèse de la Protomolécule et les chercheurs associés à ce projet, un récit glaçant, et ‘Les Chiens de Laconia’, où une petite fille, qui vit sur une exoplanète avec ses parents, porte un regard complètement différent des adultes sur le monde qui l’entoure.

La Légion Des Souvenirs est un complément indispensable à la série The Expanse. Des récits dans l’univers inventé par les deux auteurs Daniel Abraham et Ty Franck qui ouvrent d’autres portes, posent un regard différent, reprennent plusieurs personnages importants de l’histoire comme dans ‘Le Boucher de la Station Aderson’ et en présentent d’autres, acteurs secondaires, voire figurants, mais qui dans ces nouvelles, méritent la rencontre.

Silo

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J’ai beaucoup aimé le premier roman de la saga Silo de Hugh Howey. Un récit claustrophobique, des humains enfermés dans un silo hermétique sous terre pour se protéger d’un mystérieux mal qui sévit à la surface de la planète. Un roman commencé comme une nouvelle et que l’auteur a transformé ensuite avec brillo en livre.

Apple TV en a fait l’adaptation en série de dix épisodes. Et quelle série ! Si j’avais voulu mettre des images sur les mots du romancier, je n’aurais pas fait mieux. Les décors du silo, les escaliers, la cafétéria, les logements comme les champs et les machines collent à ce que mon cerveau avait pu imaginer.

Les personnages sont également très réussis et si l’histoire ne suit pas forcément le premier roman (encore qu’il faudrait que je me replonge dedans pour vérifier), elle colle à l’univers.

Dans le Silo, le nettoyage des lentilles de la caméra qui regarde à l’extérieur constitue la peine capitale comme un événement exceptionnel. Celui ou celle qui sort du silo, vêtu d’une combinaison étanche, n’en reviens jamais. Pourtant, à chaque fois, il s’efforce de nettoyer au mieux la lentille avant de mourrir quelques mètres plus loin.

Et l’histoire débute justement par un nettoyage, celui du shérif, qui commet le crime suprême, celui de demander à sortir du silo. Du sommet avec son écran panoramique jusqu’au entrailles où gronde la génératrice, tous les habitants du silo assistent à la mort de leur shérif.

La série emprunte un peu à 1984 avec le Judiciaire, la grande révolte et les objets interdits. Le mystère reste entier sur les origines de la catastrophe qui a conduit les hommes à s’enterrer dans le silo et ce qui pousse les nettoyeurs à laver la lentille.

L’histoire s’achève par un nouveau nettoyage. Un autre shérif se retrouve dehors, en combinaison blanche. Et pour vous donner envie de regarder la saison suivante, un panoramique dévoile le paysage. 

Nippon ni mauvais

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Après m’être délecté de Keigo Higashimo, une sorte de pâtisserie japonaise policière à la pâte de haricots rouges, j’ai eu envie de poursuivre mon exploration littéraire japonaise. Cela tombait bien, sur la pile de livres à lire de mon épouse trônait un premier roman d’un écrivaine nippone, Michiko Aoyama, La Bibliothèque Des Rêves Secrets.

Des chapitres comme des nouvelles, racontant l’histoire d’un personnage différent aux prises avec la vie et son travail, qui en suivant les conseils de lecture d’une bibliothécaire, vont changer le cours de leur existence.

Coïncidence ou forme littéraire nippone ? Le Nouveau de Higashimo utilse à peu de choses près la même forme narrative, des chapitres présentant à chaque fois de nouveaux personnages, une nouvelle intrigue dans le récit principal. Étrange.

Mais ici, j’avoue que j’ai failli renoncer après la lecture du premier chapitre et l’histoire de Tomoka, jeune vendeuse dans une boutique de vêtements. J’ai quand même donné une chance au livre et le récit de Ryo m’a passionné un peu plus.

Le roman parle beaucoup du monde du travail, un univers qui ne m’intéresse guère, mais qui dans les légendes urbaines, est l’obsession des japonais. La vie personnelle des protagonistes est éclipsée par leur métier et c’est au boulot qu’ils trouveront leur épanouissement. Bon soit…

Pour ma part je fais mon travail avec sérieux (enfin je crois) mais ma vie est également riche de loisirs et lorsque la retraite sonnera enfin, un jour qui sait, je ne serai probablement pas comme Masao, ce jeune retraité désœuvré. Je pourrais consacrer tout mon temps à mes passions.

Le récit de Hiroya, le trentenaire chômeur, m’a particulièrement touché pour une raison que je n’explique pas. J’ai l’impression d’ailleurs, qu’au fil des histoires, l’auteure a pris de l’assurance avec sa plume. De là à vous recommander ce livre, c’est une autre histoire.

La tragédie de l’orque

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Le livre de Pierre Raufast n’est pas un remake de Sauvez Willy mais le premier tome de la Trilogie baryonique. Un récit de science-fiction mettant en scène des mineurs de matière noire qui créent des trous noir pour traverser les replis de l’espace-temps.

Et évidemment, comme l’indique le titre, la mission, après quarante années de routine sans un seul pépin, vire au cauchemar, sinon il n’y aurait pas de roman.

Les orques, ces petits vaisseaux sphériques conçus pour résister au pressions et rayonnements lors du passage dans la singularité.

Leur mission explorer l’univers, le cartographier, chercher la vie et trouver de l’antimatière afin de miniaturiser les ordinateurs quantiques qu’abritent les IA qui assistent les humains dans leur quotidien.

Les orques abritent un équipage composé de deux mineurs, qui pendant des mois, vont cohabiter, totalement isolés de la Terre, une fois de l’autre côté du trou de ver. 

C’est cette cohabitation et l’isolement qui occupent le meilleur du roman. Di l’idée des mineurs d’antimatière est bien trouvée, le huis clos des explorateurs, le manque d’information entre la Terre et le vaisseau ainsi que les tensions dans les équipages, constituent la partie la plus interrogée du roman.

Le livre aborde également le débat de la dépendance des humains aux intelligences artificielles, la manière dont les proches vivent les longues absences des mineurs d’antimatière et les tractations politiques entre les différentes agences qui gère l’exploration et l’exploitation des orques.

Le roman de Pierre Raufast se lit bien, proposant quelques idées assez originales et un rythme agréable, entre réflexion et suspense. Toutefois je ne suis pas certain d’aller plus loin dans cette trilogie pour autant. Le livre manque sans doute un peu de profondeur pour me captiver totalement.

Le Nouveau

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Un polar écrit par un auteur japonais représentait pour moi une expérience littéraire très exotique. C’est ce qui m’a principalement décidé à me plonger dans Le Nouveau de Keigo Higashino outre le fait qu’il soit édité dans la collection Babel noir que j’apprécie beaucoup.

Une dame seule, est assassinée à son domicile et le policier Kaga Kyõichirõ, nouvellement muté dans le vieux Tokyo est chargé d’aider la préfecture sur cette enquête.

Une enquête qui commence comme une succession de nouvelles, des chapitres où le lecteur pénètre dans des commerces du quartier de Ningyõchõ, découvre les vendeurs (souvent de jeunes apprentis) et dénoue le fil des événements à la manière d’un roman d’Agatha Christie.

Une manière pour le moins originale de raconter l’histoire, de présenter le policier, la victime et sa famille, une immersion dans la vie d’un quartier du vieux Tokyo avec ses traditions, ses commerces, ses rues, son artisanat et ses spécialités culinaires. Un pur dépaysement où l’enquête devient secondaire, cédant la place à de multiples petites intrigues du quotidien de ce quartier nippon.

Comme dans les vieux polars, chaque personnage est soupçonné avant d’être innocenté par la révélation d’un secret ou d’un détail. Un enfant que chacun des parents voient en secret, une belle mère et sa bru qui s’apprécient sans oser se l’avouer, un père qui a une fille cachée, un apprenti qui fait des courses en secret pour son patron…

Vers le milieu du roman, l’auteur rentre dans le vif de l’enquête, commençant à dérouler la chronologie des événements et les soupçons se resserrent peu à peu autour d’un des personnages de l’histoire.

Qui a tué Mineko, pour quelle raison, où trouve-t-on des gaufres à la pâte de haricots rouge, quel est ce mystérieux chiot, vous le saurez uniquement en lisant cet excellent policier atypique pleins n d’humanité.