Chris, l’ami que j’ai aidé à emménager cet été m’a offert un cadeau empoisonné. Ses LEGO d’enfance. Dedans plein de briques, un petit train, un bateau et le LEGO 367 Moon Landing de 1975 avec sa notice. Je n’ai pas pu refuser, ça lui faisait un carton de moins à trier.
« Les potes, non seulement ils vous font bosser mais en plus ils vous refilent leur bazar », je le cite.
Arrivé à la maison, je n’ai pu résister à l’envie d’essayer d’assembler le Moon Landing en priant pour qu’il ne manque pas trop de pièces. Pas évident de suivre un plan en piochant dans des sacs remplis de briques multicolores appartenant à plusieurs set différents.
Figurez-vous que j’ai eu du mal, non pas parce que beaucoup de pièces manquaient à l’appel mais tout simplement parce que les notices des années soixante-dix étaient nettement plus frustes qu’aujourd’hui.
J’ai mis quand même moins de temps à l’assembler que le set LEGO 10266 Nasa Apollo 11 Lunar Lander comprenant 1087 pièces qui est nettement plus fidèle à l’original.
Il est fabuleux de constater l’évolution de la marque depuis ses débuts. Les pièces sont devenues de plus en plus petites, les reproductions de plus en plus fidèles et le public à qui s’adresse la marque s’est élargi pour toucher les grands gamins comme moi.
Le plus drôle dans tout ça c’est que le lendemain, un autre amis et collègue m’apportait le set non officiel d’une colonne corinthienne conçu par un fou qui a modélisé la Rome antique en petites briques.
Le Concorde s’est écrasé le 25 juillet 2000 à Gonesse, juste après son décollage de l’aéroport Roissy Charles de Gaule. Tout le monde sait cela.
Ce que vous ignorez sans doute, c’est qu’il a terminé sa course sur l’hôtel où ma femme et moi-même avons dormi quelques nuits avant de trouver un logement en région parisienne. C’était huit ans plus tôt. Nous sortions de l’école et nous alliions débuter notre carrière sur l’aéroport en question.
Notre traitement de fonctionnaire ne nous permettait pas de profiter d’un vol Paris New York en quatre heures. Nous n’avons jamais volé dans l’oiseau blanc. Par contre, nous avons eu l’occasion de le visiter alors qu’il était encore en service.
Nous avons quitté Roissy pour Strasbourg en 1995. Nous avons donc échappé à l’enquête aéronautique qui a suivi le drame. Et tant mieux pour nous, car le seul crash que nous ayons ey à gérer à Roissy pendant notre service, un petit bimoteur de la Lufthansa, avait bien compliqué notre quotidien de météorologue pendant plusieurs semaines.
Outre le fait qu’il s’agisse presque du seul avion supersonique civil ayant jamais volé, le Concorde avec sa ligne si particulière, ses ailes delta et son nez inclinable restera toujours un peu spécial pour moi.
Du coup quand Lego a annoncé la sortie d’un modèle à l’échelle 1/60, mon coeur n’a fait qu’un bon. Pourtant le visuel m’a finalement rebuté, particulièrement le nez et j’ai renoncé à la précommande. Je suis ensuite allé régulièrement dans la boutique Lego vérifier s’ils avaient le modèle en stock mais non, rien. Alors j’ai patienté, car je voulais avoir une meilleure idée de la chose avant de me décider.
Chez Lego il y a des modèles rendu très sexy par leurs photographes qui déçoivent une fois monté comme le phare motorisé et d’autres qui à l’inverse possèdent un rendu photo décevant alors que lorsqu’ils sont assemblés, sont tout simplement magnifiques, comme le NASA Apollo 11 lunar lander.
Quelques jours avant mon anniversaire, je suis passé, comme par hasard, à la boutique Lego. Il y avait la nouvelle cabine téléphonique britannique, l’ornitopthère de Dune, un astronaute en combinaison et surtout le concorde. J’ai vu la grosse boite, j’ai vu le prix, j’ai regardé l’image du Concorde et je me suis emparé du carton pour aller droit vers la caisse. C’est la crise mais on a qu’une vie.
Mon épouse a accueilli la dépense avec son éternelle bienveillance, déclarant qu’elle préférait le Concorde aux fusées. Ce qu’elle ne savait pas encore, pas plus que moi au demeurant, c’est que l’objet assemblé mesure plus d’un mètre de long. Ouille !
A peine rentré, je me suis mis à l’ouvrage. Deux mille et quelques pièces dans une vingtaine de sachets et une notice avec pas mal de pages m’attendaient au tournant.
C’est un modèle assez simple à assembler et la marque LEGO a eu le bon goût de livrer des pièces spécialement étudiée pour simplifier le montage des briques. En fait presque tout est symétrique et le plus gros travail est l’aile delta et le mécanisme de déploiement du train d’atterrissage qui est escamotable.
Six à huit heures confortablement installé dans le salon à assembler des petites briques tout en écoutant de vieux albums de rock progressif. Il y a plus désagréable pour occuper un week-end.
Par contre, je n’avais vraiment pas anticipé la taille du monstre. Je n’ai aucune étagère assez grande pour l’exposer à la maison. Du coup il est arrivé au bureau pour tenir compagnie au rover Persévérance et à deux boîtiers photo.
Mon amour de Tolkien date de mon adolescence. Avant même de succomber aux charmes féminins, je fus séduit par les mots d’un universitaire britannique mort depuis longtemps. Ma première lecture de son œuvre débuta avec le second volume du Simarillion, autant dire que j’ai tout lu à l’envers. J’ai poursuivi avec Le Seigneur des Anneaux, continué avec The Hobbit pour finir par le premier tome de la mythologie.
Bien évidemment je parle elfique couramment ainsi que quelques mots de langue des nains. Lorsque Peter Jackson a sorti sa trilogie puis The Hobbit, je suis allé au cinéma à plusieurs reprises dont une fois pour la trilogie complète du Seigneur des Anneaux en version longue.
J’ai joué à Middle Earth avec mes amis rôlistes, dans la peau d’un nain, d’un homme de Numénor et d’un hobbit, je connais des chansons de Tom Bombadil reprises par Sally Oldfield (oui la soeur de Mike), j’ai lu les romans inachevés, bref je suis un nerd tolkiennien.
Les lieux qui m’ont fait le plus rêver en Terres du Milieu sont Rivendell et la cité blanche.
Et justement, Lego vient de sortir Fondcombe, la dernière demeure des elfes, un set de plus de six mille pièces de soixante-quinze centimètres de long, le truc impossible à caser dans sa maison à moins d’y dédier une pièce.
Tous les personnages principaux de la communauté de l’anneau sont présents sans parler de l’anneau lui-même qui est le héros de l’histoire, des personnages qui peuvent s’asseoir, une première chez Lego.
Évidemment, je l’ai précommandé. Comme si je n’avais pas assez claqué de fric comme ça ces derniers jours (même ma chérie a râlé un peu), mais après tout on n’a qu’une vie, autant en profiter un peu.
Il s’agit du set Lego le plus complexe dans lequel je me sois lancé à ce jour, le plus grand également. D’ailleurs je ne sais vraiment pas où je vais le mettre. J’espère qu’ils n’auront pas l’idée de concevoir Minas Tirith la prochaine fois parce j’aurais du mal à résister à l’appel de l’anneau.
Le diorama propose plusieurs espaces, issus des scènes du film comme Bilbon écrivant son livre, Aragorn et Boromir devant les tronçons de Narsil, la réunion sur de destin de l’anneau avec Elrond, Gandalf, les hobbits, les nains, les elfes, les hommes et le petit bout de ferraille, Arwen flirtant avec l’héritier d’Isildur et d’autres encore. L’architecture elfique façon art nouveau avec ses motifs floraux est très réussie comme les couleurs automnales des arbres. Inutile de vous dire par contre que vous aller détester poser les tuiles du toit du logis, ces briques de 1×1 de toutes les couleurs qui rendent l’ensemble si beau.
Nous avons, mon petit dernier et moi, consacré trois soirées, de 17h à 22h avec une courte pause pour se sustenter en écoutant en boucle le dernier album de Riverside, à assembler les 6167 briques colorées, nous débattant avec les plans, exhumant des sachets les célèbres personnages de la Communauté de l’Anneau, nous arrachant les cheveux sur quelques assemblages plus complexes que les autres.
Le résultat est magnifique ! Le feuillage des arbres, les arabesques art nouveau, les clochetons, les toits recréent l’atmosphère de Fondcombe à la perfection. Il manque juste des petites LED pour éclairer l’ensemble et ce sera parfait.
Maintenant reste à savoir où installer ce somptueux décor de 75 par 50 cm dans la maison…
Bon, je vous laisse, Lego annonce le Super Destroyer Stellaire de classe Executor pour le 1er mai. Il faut que je trouve vite de la place.
Vous le savez peut-être, je n’aime pas voyager. Que ce soit en voiture, en train ou en avion, tout trajet de plus d’une heure est une véritable source d’angoisse. Je dois emporter une pharmacie dans mes bagages en cas de catastrophe. CBD, triptan, Dafalgan codéiné et beta bloquant en cas d’absence supérieure à quelques heures.
Toutefois je suis prêt à ce sacrifice de temps en temps. Pour faire plaisir à mon épouse, pour un concert de rock ou pour partir dans l’espace.
Ce que vous ne savez peut-être pas par contre, c’est que la NASA a envoyé une capsule tourner autour de la Lune il y a peu.
Oui je sais il y avait en même temps le mondial de foot au Qatar et Poutine qui menaçait de faire exploser la planète, alors il se peut que vous ayez manqué l’événement. Cela ne s’était plus produit depuis Apollo 17, il y a cinquante ans.
La mission Artemis I a envoyé la capsule Orion dans l’espace pour un voyage de 25 jours autour de la Lune. Un voyage sans passager pour tester le matériel. Enfin ça c’est ce que l’on a voulu vous faire croire. En réalité, il y avait un homme à bord, moi en l’occurrence.
Je ne vais pas vous mentir, le décollage le 16 novembre 2022, a été éprouvant, bien plus que tous les reports de cette mission. Être assis au sommet du plus puissant pétard jamais construit par l’humanité avec une mèche courte, ça secoue les tripes. Je crois même que j’ai perdu une lentille de contact, un plombage et ma prothèse du genou droit au décollage.
Après, une fois dans l’espace, ce fut nettement plus calme, terriblement calme en réalité, limite barbant jusqu’à ce que l’on approche de la lune. Six jours pendant lesquels il n’y avait rien à faire dans la capsule à part regarder la terre diminuer de taille et la lune grossir en me nourrissant de cuisine américaine en tube et en discutant régulièrement avec Thomas Pesquet qui était vraiment dégoûté de ne pas être du voyage.
Vous avez sans déjà entendu parler de l’impesanteur que l’on confond souvent avec l’apesanteur. Les astronautes ne s’étalent guère sur les aspects les moins reluisants de l’impesanteur à savoir flotter en se cognant toutes les cinq secondes au plafond/mur/sol de la capsule. Pour tout vous dire, c’est également assez gerbant. En fait vraiment gerbant. C’est là que j’ai commencé à tapisser les parois de la capsule car la NASA avait oublié les petits pochons.
On ne voit pas grand chose par les hublots à cause des nombreux moteurs d’altitude qui brouillent le panorama et le vomi sur les vitres. Bref on s’ennuie beaucoup, surtout que le vol était totalement automatisé et que de toute façon je n’avais pas été formé ni fait suffisamment d’études pour piloter le machin. A part faire la chasse aux grumeaux dans l’habitacle et relire la BD Dans la peau de Thomas Pesquet, il n’y avait pas grand chose à faire.
Par chance, les panneaux solaires du module de service européen ont mieux fonctionné que prévu et j’ai pu recharger mon iPhone et écouter Life On Mars de David Bowie en boucle. C’est le seul morceau que l’on m’avait autorisé à emporter à cause du poids au décollage.
Arrivé en orbite lunaire, j’ai pu contempler notre satellite sans être pris pour un gros pervers par mes voisins. J’étais tellement en extase que mes gros doigts boudinés par trop de graisses saturées ont dérapé sur un interrupteur, coupant les communications pendant trois quart d’heure avec la NASA, la faute à la mal bouffe. Oui c’est moi, je l’avoue maintenant.
Je suis l’homme qui a voyagé le plus loin de la Terre, battant à plat de couture les astronautes d’Apollo 13 qui eux se seraient bien passés de ce record. Trop fier de moi ! En fait, à ce moment là je suppliais le mission control de me faire revenir fissa à la maison. Qu’elle trouille ! Y a même pas de réseau 5G là bas !
J’avoue, la Lune c’est sympa, mais bon c’est gris avec des trous plus sombres et de la poussière partout. Ça devient vite lassant. Alors après quelques tours pour tester le matos, la NASA a remis les gaz direction la Terre.
Ce retour fut encore plus mortel que l’aller. J’ai dû manger tous les menus que j’avais boudé au début du voyage. Beurk ! En plus l’odeur de clochard à l’intérieur de la capsule Orion devenait tout simplement insupportable.
Le 11 décembre, arrivé près de la Terre, Orion s’est séparé du module de service européen, celui qui justifiait ma présence comme passager clandestin sur la mission Artemis I. Quatre-cent-cinquante millions d’euros balancés à la poubelle quand même. La poubelle s’appelle en l’occurrence ici l’orbite basse, une décharge déjà très encombrée.
Après tout a été très vite. Il a fait brutalement très chaud, très très chaud, je ne pouvais plus discuter avec Thomas et la porte des toilettes était condamné alors que j’aurais bien eu besoin de soulager ma vessie.
Et puis soudain j’ai vu les parachutes se déployer et quelques secondes plus tard, dans un gros plouf, Orion est tombé dans l’océan Pacifique. Comme je n’étais pas censé être à bord, je suis resté enfermé dans la capsule, bercé par la houle, pendant des heures, vomissant au passage mes spaghettis bolognaise en tube.
Lorsque je suis enfin sorti de la capsule, à bord de l’USS Portland, le personnel scientifique a eu l’air surpris de me voir. En fait ils avaient complètement oublié qu’ils avaient placé un cobaye vivant là dedans avec les mannequins bardés de capteurs.
Pas certain qu’ils me reprennent à bord dans deux ans pour la mission Artemis II vu comment j’ai dégueulassé l’habitacle avec mon vomi, l’urine et le reste. Pas grave, ce fut un voyage comme je les aime avec un triptan et un béta bloquant par jour. Et bravo à la NASA ! Nous y retournons enfin, un billet à un milliard de dollars, mais quelle aventure !
Pour la mission Mars vous pourrez compter sur moi comme cobaye, même à bord du gros pétard d’Elon Musk, j’imagine qu’il ne peut pas faire pire qu’avec Twitter.
Au moment où l’on se prépare à retourner sur la Lune avec la mission Artemis I et le SLS, certaines voix s’élèvent pour affirmer une fois encore que nous n’y sommes jamais allé en 1969. Même Thomas Pesquet s’en ai ému sur les réseaux sociaux. Un garçon si calme et modéré d’ordinaire.
Mais pourquoi nier aujourd’hui l’existence de ces missions spatiales ? Quel est l’intérêt des personnes qui répandent ces rumeurs ?
Bon il y a les crétins conspirationnistes, ceux qui étaient persuadés que la COVID-19 n’était qu’une vaste manipulation du pouvoir mondial jusqu’au jour où il sont tombés malades. Des crétins donc.
Il y a les fanatiques religieux qui croient encore que la Terre est plate. Ceux-là n’ont qu’à faire le tour du monde à pied en ligne droite pour comprendre, surtout s’ils ne savent pas nager.
Il y a également des personnes, souvent celles qui alimentent ces polémiques ridicules, suffisamment intelligentes pour distiller des contres vérités dans l’information et semer les germes du doute, et qui dépensent beaucoup d’argent et d’énergie à noyer les imbéciles dans leurs mensonges.
Ceux qui tombent dans le piège possèdent souvent le même profil contestataire, critiquant en vrac le pouvoir, la science, prônant des médecines parallèles hasardeuses, voyant des soucoupes volantes dans le ciel, mais ne vivant pas forcément dans des yourtes pour autant en élevant des chèvres. Des personnes électro sensibles surfant sur Internet avec leur téléphone portable.
« Parce que les gouvernements mentent trop, tout le temps. Les gens sont bien obligés de trouver des réponses par eux même et parfois ils se gourrent, ou pas. Les pôles n’ont pas fondu, le covid n’est pas la peste, ya toujours de l’ozone, et on a les pieds au sec. Faut plus mentir »
Quel intérêt ont ces gens à décrédibiliser la science ? Provoquer une révolution planétaire contre le capitalisme et les tyrans ?
Je ne cautionne pas forcément la course à l’espace même si elle nourrit mes rêves, et je désapprouve le tourisme spatial faute de pouvoir m’offrir un billet.
Je constate jusque que sans le spatial nous n’aurions pas de satellites et sans satellite nous serions aveugles, sourds et muets. Sans l’exploration spatiale, nous penserions encore être le centre du monde et nous redouterions peut-être l’attaque des petits hommes verts.
Je ne suis pas de ceux qui érigent la science en religion, d’ailleurs je me méfie de toutes les dogmes et religions. Je pense par contre que la compréhension de ce qui nous entoure éloigne de nous l’obscurantisme.
Est-il nécessaire d’aller sur la Lune ou sur Mars ? Je n’en sais rien. Christophe Colomb avait-il raison de partir vers le couchant ? Je n’ai pas la réponse non plus. Ce qui est certain, c’est qu’il est bien arrivé aux Bahamas, et ça personne ne le conteste aujourd’hui. Alors pourquoi s’acharne-ton à nier le succès des missions Apollo ?
C’est vrai que le lancement de la mission Artemis I a nettement baissé mon habituelle productivité. Lundi après-midi, je suis resté scotché à la chaîne de la NASA de 13h à 16h au lieu de travailler et samedi, tout en concevant un SLS en Lego sur le mac avec le logiciel Studio, je suivais un nouveau report du lancement en direct.
Si la NASA n’est pas foutue de lancer un SLS avec une capsule Orion vide en 2022, comment aurait-elle pu envoyer deux astronautes sur le sol lunaire en 1969. Sérieusement ?
Je vous laisse, j’ai des Lego à commander. Rendez-vous le fin septembre pour une nouvelle tentative.
C’est en regardant l’épisode Tombée du Ciel de Hugo Lisoir sur YouTube que j’ai entendu parler de Spacefox.
Hugo Lisoir est une excellente chaîne YouTube qui parle d’espace. Technologies, couverture de lancements, astronomie, astrophysique et questions réponses se partagent ces vidéos geeks de vulgarisation plusieurs fois par semaine.
Depuis qu’un collègue m’en a parlé un jour au travail, je ne manque aucun épisode.
Donc dans l’épisode Tombées du Ciel, Hugo parlait des météorites et à la fin faisait la publicité d’un site commercialisant des bracelets avec des bouts de ces roches qui ont traversé l’espace. Bien évidemment, je suis allé sur leur site, ça va de soit, mais les tarifs m’ont dissuadés de commettre une nouvelle geekerie irresponsable. Car voila, je suis geek, mais assez raisonnable finalement, la preuve, je n’ai pas encore commandé le dernier Nikon Z9, c’est tout dire.
Oui, mais voilà, à la maison, il y a nettement plus geek irresponsable que moi j’en ai bien peur… Il y a mon fils aîné, celui qui a pourri mon avenir en m’offrant une Saturn V en Lego l’an passé. Un acte cruel qui m’oblige depuis à rester à quatre pattes sur le tapis à chercher des yeux de minuscules briques multicolores.
Noël est arrivé avec ses traditionnels cadeaux, que j’avais décrétés raisonnables et éco responsables cette année. Il semblerait que le mouvement n’ai pas été suivi par la majorité des protagonistes de la fête…
Bref, j’ai reçu en cadeau, un cube noir de 7 cm d’arrête, avec inscrites en lettres d’or Spacefox Collisions sur une face. Sur le côté opposé, un code barre surmonté d’un Mars donnait quelques indications supplémentaires.
A l’intérieur de la boite, un bracelet plastique soutien un plaque de métal orangée dans laquelle est incrustée un minuscule fragment gris.
Une roche venue du manteau martien, éjectée un jour par un volcan, ayant erré des millions d’années dans l’espace avant d’être attiré un jour par la gravitation terrestre et de tomber en 2020 en Afrique du Sud.
Oui, j’ai autour du poignet, un fragment de roche martienne. Complètement dingue pour un geek spatial de mon genre.
J’ai reçu également un parfum qui m’accompagne depuis près de vingt ans et la saison 2 de Kamelot que je n’avais toujours pas visionnée.
Mais mon plus beau cadeau de Noël, je l’ai reçu le 25 décembre peu avant 14h, lorsque le télescope spatial James Webb s’est séparé du lanceur Ariane 5 pour voler de ses propres ailes. Depuis j’essaye de modéliser le télescope en Lego avec Studio mais je crois que j’ai été doublé encore une fois par Lego Rocket Collection.
Je sais maintenant pourquoi personne ne prend de congés en Novembre. Les journées sont brèves et il fait un temps de chiotte. A moins de partir pour une destination exotique dans l’hémisphère sud en explosant son bilan carbone déjà guère glorieux, passer une semaine de vacances par 48 degrés de latitude nord en Novembre est une véritable sinistrose.
Mais voilà, il me restait plein de jours de congés à prendre en 2021 et la belle saison avait été bien trop chargée en travail pour que je puisse quitter le navire en perdition. Et non, je n’en suis pourtant pas le capitaine, mais les femmes et les enfants d’abord, n’est-ce pas ?
Bref me voilà à la maison, seul avec le chat, fin Novembre, à regarder la pluie et la neige tomber par les fenêtres. Ne goûtant guère les sports de glisse, la randonnée dans la poudreuse, la course sur chaussée glissante, je suis resté au chaud, à me disputer les meilleures places avec le chat.
Bien sûr j’aurais pu faire des choses, le bricolage sans cesse reporté (j’ai quand même recollé deux bouts de papier peint), des achats pour les fêtes (deux pantalons car mon vieux jean s’est déchiré en deux), trier le bazar, nettoyer la maison de fond en combles, au lieu de quoi, je n’ai rien fait, enfin rien…
La nature a horreur du vide, surtout moi en fait, alors j’ai écouté de la musique, beaucoup et fort, de vieux disques trop longtemps oubliés, j’ai bouquiné, regardé des films et des séries, enregistrés quelques épisodes de Chroniques en Images. Bref je me suis occupé.
En réalité j’attendais des LEGO, la Soyouz WO et les pièces pour le North American X 15. Du coup, chaque jour, je guettais le passage du facteur plein d’espoirs. Le X 15 arrivait en trois livraisons, deux germaniques et une thaïlandaise. La fusée Soyouz en un seul envoi, mais via Mondial Relay, ce qui peut prendre une bonne semaine parfois.
La Soyouz est arrivée mercredi midi, ce qui a fait le bonheur de mon après-midi. Le soir, la fusée russe était parée pour son lancement. Une magnifique réalisation que l’on doit à LegoRocketCollection.
Le jeudi, il pleuvait encore comme vache qui pisse. J’ai sorti d’anciens albums de IQ et me suis lancé dans la construction d’un appareil photo. J’avais déjà réalisé le Nikon D810 à l’échelle 1:1 et le boîtier LEGO réservé aux VIP me faisait envie. Mais faute des deux mille points nécessaires, je ne pouvais le commander. Alors je me suis lancé dans le Panasonic Lumix GX9 que j’ai à la maison en recyclant les briques à ma disposition dans les jouets des enfants.
La chose a bien occupé mon temps libre, car plusieurs parties sont mobiles sur le boîtier, comme l’écran arrière, le flash et le viseur orientable. Pour les arrondis, j’avais perfectionné la technique avec le Nikon donc c’était plus simple, mais ce qui a été redoutable, c’est de le travailler qu’avec le stock de pièces disponibles, certes important, mais limité tout de même, surtout en slope et tiles. (Je parle comme un pro du pot là). Bref voilà le GX9, assez ressemblant mais perfectible à condition de passer commande de nouvelles briques.
Le samedi j’ai reçu le propulseur arrière du X 15. Le lundi une partie du fuselage. C’est le vendredi suivant que le reste de l’avion fusée, après avoir payé huit euros de frais de douane, est arrivé à bon port. En tout plus de six-cent briquettes noires à assembler avec le plan de montage assez foireux livré par le logiciel Studio. J’aurai pu enfin me lancer dans son montage mais j’ai attendu le soir. En effet, pour la première fois en sept jours, le temps était enfin sec et je suis allé marché dans la neige, en montagne, histoire de ne pas trop sentir le renfermé.
Assembler ailes, ailerons, nez et cockpit n’a pas posé de grosse difficulté. Les problèmes ont commencé avec la dérive qui devait être orientable sur la modélisation Studio et qui, confrontée aux théories de Newton, s’est révélée fragile.
Ensuite, la carlingue, que studio n’avait pas réussi à décrire correctement sur le plan d’assemblage, m’a donné du fil à retordre. Elle est constituée de deux demis cylindres de cinquante centimètres de long pas facile à assembler et quasiment impossible à relier l’un à l’autre, d’autant qu’il fallait en même temps fixer le propulseur à l’arrière. Ce qui, en théorie semblait réalisable avec le logiciel, s’est avéré très complexe à mettre en oeuvre sous 1 G.
Après quelques galères et erreurs, j’ai pu fixer les ailes, la verrière, le nez, les ailerons, les dérives et le réacteur au fuselage. Yes ! Restaient trois détails importants à terminer. Les marquages sur la carlingue, les skis arrières que je n’avais pas modélisé et l’équipement de l’habitacle que j’avais totalement zappé.
Pour les marquages, j’ai fait avec des autocollants de Discovery histoire de mettre quelque chose. On trouve des sites qui impriment ça sur Internet, dingue !
Pour les skis, j’ai bidouillé un truc sans savoir réellement comment ils étaient fixés sur l’avion fusée. Et pour l’habitacle, j’ai fais avec une photo et les moyens du bord.
Samedi, n’ayant plus rien à brique olé !, j’ai rangé les caisses de LEGO, installé les projecteurs et le vrai Nikon D810 pour photographier mes bêtises.
Je n’ai jamais caché ici ma passion pour la conquête spatiale et vous découvrez depuis peu ma nouvelle névrose pour les Lego. Après avoir épuisé les éditions officielles Lego NASA, j’ai commandé des fusées sur LegoRocket puis j’ai commencé à construire mes propres véhicules spatiaux, capsules, rovers et même un astronaute d’Apollo 11 en combinaison spatiale.
Je viens d’achever une miniature du X15, l’avion fusée de l’US Air Force qui était une sorte de prototype de la navette spatiale. Un avion qui pouvait atteindre cinq fois la vitesse du son et frôler la frontière de l’espace.
Cette première tentative de 20 cm, qui a demandé tout de même trois prototypes, ne m’a pas totalement convaincu, tout particulièrement le nez et le cockpit. Alors je me suis lancé dans une version 2.0 bien plus grande afin d’espérer résoudre les problèmes de la version 1.0.
Mais cette fois, avant de me lancer dans une commande d’un millier de briques noires, j’ai voulu, comme pour mon boitier Nikon D 810, m’assurer de la faisabilité de certaines étapes de la conception. Et pour ce faire, j’ai utilisé le logiciel Studio.
L’outil gratuit est simple de prise en main et permet de modéliser en 3D l’objet que l’on désire réaliser. Il possède un catalogue des briques Lego et offre même la possibilité de bouger les pièces articulées. Son principal défaut est de ne pas autoriser les petites bidouilles qui permettent d’outre passer les limitations des Lego.
Studio permet de créer des groupes de pièces assemblées à réutiliser plus tard, il donne le décompte des pièces nécessaires à la construction et permet d’éditer un plan de montage très détaillé pour en faire profiter d’autres personnes. En plus ses fichiers .io semblent être un des standards pour la conception en Lego semble-t-il. Et une fois le plan terminé, il suffit d’un glisser déposer sur le site de BrickLink.com pour commander automatiquement les pièces, à condition quelles soient disponibles. Je trouve ça assez génial.
Pour l’instant j’en suis à 600 briques nécessaires pour construire mon X15 et je ne suis pas du tout satisfait du nez de l’appareil qui possède une forme zarbi. Une fois que j’aurai solutionné mes différents problèmes, ce que je fais sur l’outil mais également avec des briques dans le salon, il faudra commander les pièces, ce qui ne sera sans doute pas simple étant donné la rareté de certaines comme le cône 2 x 2 noir.
Exemple de prototype du nez avec l’assemblage au fuselage avec des crochetsEt une fois assembléEt enfin modélisé
En attendant j’ai commandé la fusée Soyouz WO sur LegoRocket pour commencer ma collection de lanceurs russes. Mon exposition au travail commence à être quelque saturée et je ne sais pas où je pourrai exposer un jour mon X15 de 50 cm de long si j’arrive un jour à le terminer. Mais chaque chose en son temps.
On pourrait penser qu’avec un masque, du gel plein les mains et la distanciation on allait échapper à la crève automnale.
C’était sans compter sans notre grand qui bosse dans un lycée, haut lieu d’incubation pour toutes les saloperies qui traînent dans l’air et sur les muqueuses. Notre barbu chevelu de deux mètres qui joue les Tanguy depuis deux ans à rapporté le virus du crevard à la maison. Rhume, toux sèche et fébrile.
Il n’a pas fallu très longtemps pour que les mêmes symptômes nous attaquent, nous les deux petits vieux fragiles. D’abord un mal de gorge, puis une toux de chien crevé, quelques dixièmes de degrés au-dessus de la température optimale de fonctionnement du métabolisme humain puis la fontaine de morve ininterrompue.
D’ordinaire, choper la crève c’est juste pénible et fatigant. En pleine pandémie de COVID-19 c’est un peu plus compliqué. Déjà, les gens vous regardent de travers lorsque vous toussez dans votre masque dans les transports en commun. Et puis y a un doute qui plane fatalement, rhume ou COVID ? Un seul moyen de le savoir, se fourrer le coton tige dans le nez.
Donc après trois jours de coma dans la maison et deux migraines qui viennent avec la fièvre, je me suis sacrifié pour nous trois en allant me faire curer le nez au laboratoire près de chez moi. Ma femme refuse d’en passer par cette expérience traumatisante et mon fils s’en tape, la fin du monde approche. Oui mais moi j’ai un boulot et je côtoie pas mal de monde quand même.
Vous me direz, qu’elle est la probabilité de choper la COVID-19 avec deux doses d’astra dans le sang, un masque sur le visage et des mains tellement désinfectées qu’elles ressemblent à la peau d’un vieux crocodile ? Ben non nulle, la preuve un de mes collègues vient de choper la saloperie. Donc ceinture et bretelles. Isolement et test.
Mon Week-end prolongé de trois jours s’allonge encore histoire de s’assurer que tout va bien. De toute manière je ne tiens pas sur mes quilles. Du coup j’ai du temps. Pas pour enregistrer de chronique, car avec la crève ça n’est pas franchement sexy, mais pour écouter Mandoky Soulmates et jouer au Lego.
Après avoir finalisé Voyager I, je suis allé acheter une superbe Fender et son ampli. Et puis, n’ayant pas d’autre projet pour le Week-end, je me suis lancé dans la conception de la sonde martienne Viking.
Saviez-vous qu’une des grandes problématiques de la recherche de la vie sur la planète rouge est la non contamination des échantillons par des bactéries venues de la Terre avec la sonde ? Ben c’est pareil pour moi au travail. Faut que je garde mes crasses à la maison pour ne pas pourrir le travail de mes collègues.
Plus grande, plus fidèle, plus robuste. J’ai commandé des pièces chez le fabricant puis j’en ai recherché d’autres sur Internet. Ce qui n’était qu’un challenge amusant au début est devenu mon activité principale le week-end et le soir en rentrant du travail.
Je consulte des photographies de la NASA, recherche des informations techniques sur Wikipedia, m’inspire de MOCs, assemble, démonte, expérimente, casse, emboite, déboite et recommence encore et encore.
L’objet de ma nouvelle folie s’appelle le vaisseau Apollo composé du module de commande, ce cône dans lequel prenaient place trois astronautes et le module de service, un cylindre de cinq mètres par quatre qui abritait les réservoirs et les moteurs. Si vous ne voyez pas de quoi je parle regardez l’Etoffe des Héros, Le Premier Homme, Apollo 13, For All Mankind, lisez Mary Robinette Kowal, Charles Frankel, Tom Wolfe ou ce blog.
Réaliser un cylindre de 13 cm de diamètre n’est pas une chose facile mais concevoir un cône de 11 cm de haut est un enfer. Il faut ruser tout le temps.
Version 3
Le vaisseau Apollo fait finalement 32 cm de haut et pèse 1 kg sans le carburant et les astronautes contre 11 mètres et 30 tonnes pour la version qui a été autour de la Lune. Un modèle réduit au 1/30 réalisé en Lego.
Comme ne nombreuses activités de ma vie, d’autres on fait la même chose en mieux avant moi. Il s’agit donc d’une nouvelle occupation gratuite et inutile qui sera certainement remplacée bientôt par une autre encore plus futile.
Mes enfants m’aident, proposant leurs idées, des assemblages audacieux et recherchent des pièces dans les 20 kg de briques répartis dans dix boites, ma femme regarde son vieux bébé avec tendresse jouer sur le tapis et moi je me détends des longues journées éprouvantes en patouillant des briques multicolores avec les mains. Car les constructions en Lego me vident la tête.
La quatrième version a d’abord consisté à remettre à l’échelle le module de service, redistribuer les briques, revoir le propulseur principal ainsi que les antennes. Puis je me suis attaqué au module de commande en revoyant toute sa conception, il ressemble maintenant un peu plus à l’original. Reste à aménager l’intérieur d cela capsule maintenant…