Portraits

Image

Lorsque vous passez toutes vos soirées à photographier des accordéonistes, vous faites inévitablement des rencontres. Je vous passe les amis, les connaissances, les potes tenant les stands et les rares photographes couvrant les soirées. Je vais vous parler des autres, ces rencontres auxquelles je ne m’attendais pas.

Présents tous les soirs, quelque soit le temps, l’heure, la musique et le lieu, ils m’ont suivi et collé à la peau. Des nués de moustiques ont sucé mon sang et failli provoquer à plusieurs reprises des catastrophes lorsque d’un geste brusque je les chassais d’une main alors que je tenais le téléobjectif de l’autre.

Plus mignon, ce fut cette petite fille de trois ou quatre ans qui intriguée par l’appareil photo m’a couru après pour regarder les clichés sur l’écran dès que je shootais. Ce qui était amusant lors du premier concert assez statique sous la tente est devenu très compliqué dans la grande salle où les photographes doivent bouger très vite et prendre des positions acrobatiques pour réussir des images rock. Imaginez. Vous vous retrouvez avec un petit bout de chou accroché à vos baskets. En plus de surveiller le groupe qui bouge très vite sur scène il faut veiller à ne pas bousculer l’adorable petite curieuse collée contre vous.

Il y a eu également cette toute jeune accordéoniste à la mine boudeuse noyée dans un orchestre de pianos à bretelles et que je n’ai pas osé photographier. Quand je pontais mon objectif dans sa direction elle me jetait un regard noir en s’agrippant à son accordéon presque aussi grand qu’elle. En règle générale j’évite les photos d’enfants, les parents ne possède aucun humour dans ces cas là, même s’ils inondent Facebook de photos moches de leur progéniture.

Et puis il y a eu ce petit bonhomme observant un des musiciens du groupe Mes Souliers sont Rouges installer son matériel. Un instant leurs regards se sont croisés (oui j’ai manqué la photo de pas grand chose) et une complicité est née entre le guitariste et l’artiste en devenir.

Je suis également tombé sur un italien volubile qui m’a quasiment embrassé en me baraguinant un truc incompréhensible tout en me montrant mon teeshirt. J’ai compris après quelques secondes qu’il s’agissait d’un fan du groupe Messa dont je portais les couleurs ce soir là. Peut-être s’agissait-il d’un des musiciens des groupes présents ce soir là ou d’un technicien, toujours est-il qu’il a disparu après cette accolade enthousiaste et que je ne l’ai plus revu.

Dans le même genre j’ai croisé un ingénieur son arborant les couleurs du groupe Cult of Luna. On s’est tout de suite compris en grimaçant devant certains ensembles. Assurément un excellent ingé son, parce que lorsque que l’on écoute de la bonne musique… enfin bref.

L’avant dernier soir, j’ai été également interpellé par une des charmantes organisatrices du festival, la première personne à vraiment s’inquiéter de voir un photographe couvrir les concerts et à m’informer des modalités des soirées. Cela faisait juste huit jours que j’assistais à chaque concert.

Une dame a aussi lancé dans mon dos un « Si vous êtes là c’est que la musique va être épouvantable ! ». Je me suis retourné, et j’ai découvert ma voisine qui est également ma dentiste.  Elle sait que j’écoute des groupes assez étranges (pour le français moyen) même si elle habite trop loin pour les entendre. Elle m’a tout fait avouer sous la torture avec sa fraise.

Il y avait aussi les habitués que l’on retrouvait chaque soir : un danseur allant nu pieds, une dame déguisée en petite fille, une aveugle qui participait à toutes les danses, un photographe avec chaque jour un nouveau tee shirt de metal, deux jumelles accordéonistes qui jouaient dans plusieurs ensembles, des gamins qui couraient partout, un danseur chauve n’osant jamais aller au centre de la piste, un alsaco étrange qui braillait tout ce qu’il pouvait dans la rue et puis des moustiques, plein des moustiques.

Berlin 1936

Image

Dimanche ma femme donnait un mini concert de musique de chambre à la maison, j’avais du jardinage en retard et deux concerts clôturant le festival Le Printemps des Bretelles le soir. Du coup j’ai oublié d’aller voter. 

Bon j’avoue, ce n’est pas comme si les européennes me passionnait, comme la politique en général d’ailleurs, mais faire barrage aux fachos et donner la parole aux écologistes m’a toujours semblé important.

C’est lundi matin en voyant mes collègues dans tous leurs états que j’ai compris. Car non je n’ai pas la télévision, je n’écoute la radio qu’en voiture et je n’ai pas été sur Google Actualités depuis plus d’une semaine.

Depuis le temps que le bruit des bottes résonnait derrière nos volets clos, on aurait du s’attendre à ce que cela arrive. L’extrême droite s’impose dans le débat politique en Europe. Pas de quoi être fier, non vraiment pas. Ça donne même la nausée rien que d’y penser.

Des euro députés en chemise noire, anti IVG, travail famille patrie, favorables à la fermeture des frontières, aux énergies fossiles, anti youpins, casseurs de PD et de bounioules, Tout un programme…

Après ce coup d’éclat il n’a plus vraiment de raison pour que nos députés remaniés en catastrophe par notre président ne soient remplacés par cette engeance qui rêve de purifier la France. Encore trois ans et ça pourrait être le tour de mon employeur. Ca tombe bien, les Jeux Olympiques approchent.

Ceinture et bretelles

Image

Autrefois je couvrais des concerts de rock, des festivals de métal et j’interviewais des figures de proue de la scène progressive. Drug, sex and rock’n roll.

L’âge aidant, doublé d’un certain désengagement de la scène médiatique, j’ai du mendier mes accréditations jusqu’au jour où je n’en ai plus eu du tout. Alors j’ai commencé à couvrir des concerts classiques, des harmonies locales pour finir au Printemps des Bretelles.

Le Printemps des Bretelles est le festival d’accordéon de la ville d’Illkirch-Graffenstaden. Dix jours de concerts et bals autour du piano à bretelles dans différents lieux de ma commune. 

Cette année, je me suis porté volontaire pour couvrir l’événement malgré mon manque d’intérêt évident pour cet instrument et une météo calamiteuse. Volontaire mais sans contrainte. J’allais, en fonction de mon humeur, de mon emploi du temps et de ma fatigue, photographier ou non les artistes.

Avec des entrées libres mais aucune accréditation officielle de photographe, l’expérience était proche de l’improvisation totale et il fallait négocier en douceur avec la sécurité certains accès.

Tous les soirs sauf relâche, du vendredi 31 mai au dimanche 9 juin, je suis parti de la maison à pied ou à vélo vers 18h30 pour le concert amateur de 19h sous la tente devant l’Illiade. L’occasion de manger un burger frites avant d’attaquer le spectacle de 20h programmé en extérieurs lorsqu’il ne pleuvait pas, soit dans la grande salle de spectacle ou à la Vill’A un peu plus loin.

Au menu des soirées, Edith Piaf, Jacques Brel, Salsa, chanson française, danses créoles, musique celtique, folk des Balkan, le tout assaisonné d’accordéon, autant dire rien qui n’appartienne à mon répertoire de prédilection.

Ne nous mentons pas, les groupes n’ont pas mis le feu dans la foule. Le groupe Mes Souliers sont Rouges a été certainement le point d’orgue de ce festival avec la nuit brésilienne mais pas assez pour que je reste jusqu’au bout. En fait, le plus souvent j’ai photographié la première demi-heure avant de plier bagages par manque d’intérêt pour la musique. Musiciens statiques, musique moyenne, éclairages minimalistes, public maussade, pluie torrentielle, le festival n’avait pas grand chose de festif au bout du compte.

J’ai quand même ramené quelques clichés sympas de ces soirées. Ils sont temporairement disponibles sur Flickr avant que je ne les efface. Je n’ai pas mitraillé comme un fou non plus, ne voulant pas trier et traiter des centaines d’images chaque soir. L’objectif pour moi était d’illustrer l’accordéon en live, un instrument qui possède un certain cachet et que j’ai rarement photographié.

Neuf soirées, dix-huit concerts, soixante-onze photo publiées dont une oscarisée, finalement j’aurai presque couvert tout le festival, grignotant le soir une tranche de pain de mie et tomate avant partir à pied vers 18h30 photographier le premier groupe pour revenir trois heures plus tard trier les images avant de me coucher.

Je me pose la question du bien fondé de la gratuité du festival. D’après les anciens, lorsque le billet d’entrée était de vingt ou trente euros, les salles étaient combles et les artistes qui se produisaient avaient un certain renom. « C’était mieux avant… ».

J’avais rêvé de tango argentin au soleil, de folk irlandais sous les étoiles, de bal musette entre les arbres, pas de danse créole dépressive en salle ou de Piaf sous bâche plastique noire.

Le trio de Schubert

Image

Mon épouse joue du violoncelle et du piano. Le violoncelle en orchestre (enfin l’an passé et peut-être l’année prochaine) et le piano sous toutes ses formes : en solo, à quatre mains, en duo, en trio et bientôt semble-t-il en quatuor. 

Cette année elle travaille le trio de Schubert Op 100, une pièce pour deux flûtes de Franz Doppler sans parler de Ma Mère L’Oie de Ravel à quatre mains et d’une suite pour violon et piano jazz de Claude Bolling. Oui, ça fait beaucoup !

Une partie des répétitions se déroulent à la maison autour du Schimmel qui n’avait jamais connu autant d’invités. Autant dire que ça défile les soirs de semaine et le week-end. Les vélos s’entassent dans les dépendances, les manteaux pendent aux chaises, les étuis de violoncelle, de violon et de flûte encombrent les canapés du salon, trois chevalets tournent autour du piano et des piles de partitions traînent un peu partout, de la cuisine jusque dans la chambre, et même sur le lit conjugal.

Pauvres voisins ! Ma chérie joue Schubert avec deux trios différents avec pour objectif de se produire à quatre occasions dont une à la maison. Le Doppler a été interprété au conservatoire de Strasbourg le 2 juin en prélude au concert de l’orchestre Delius. Mais Schubert a été également sélectionné pour remplacer un quatuor de Mozart si bien que ma chérie jouait sur scène presque aussi longtemps que l’orchestre lui même.

Sur notre calendrier je vois cochés le vendredi 17, le samedi 18, le lundi 21, le jeudi 23, le vendredi 24, le samedi 25 et le dimanche 26, réservés pour la musique alors que pour ma part j’ai noté le vendredi 17, le mardi 21, le vendredi 24, le samedi 25, tous pris par la photo et l’astronomie. Nous avons un dimanche et un mercredi de libres ensembles pour nous voir. Heureusement que nous travaillons dans la même boite.

J’ai perdu le compte des auditions programmées et des prénoms des musiciens : Clara, Olivia, Shara, Lila, Florent, Rémy, Adrien, Delphine, Audray … « Bonjour, c’est gentil de nous accueillir chez vous, on ne fait pas trop de bruit ? ». La maison est un véritable moulin à musiciens et quand ils ne sont pas là, le piano résonne dans la maison accompagné par un CD ou un vieux vinyle de Schubert enregistré en 1976 pour avoir un son plus organique.

Bien évidemment, en tant que conjoint, je suis également son premier fan. J’assiste à presque toutes les répétitions, de toute façon, même avec un casque à réduction bruit je reste aux premières loges et je vais aux auditions. Je ne suis pas obligé, mais si je n’y vais pas, que va-t-elle penser de moi ? Qui la soutiendra avant, qui lui dira si c’était bien après, qui fera les photos ? (Ok, pour ce dernier point c’est l’excuse). Bon des fois, elle ne veut pas que je vienne, comme pour le 2 juin par exemple, alors je n’y suis pas allé.

Peut-être qu’en lisant ces lignes, vous allez vous imaginer que ma vie est un enfer. Ma vie est effectivement un enfer, mon enfer personnel. Mais la musique c’est ma vie, que ce soit la musique classique ou le rock. Il y a presque toujours de la musique qui résonne dans la maison, jouée ou enregistrée. Et une des qualités qui m’a séduit chez mon épouse, outre son charme irrésistible, c’est qu’elle est musicienne et joue du piano. Alors si la maison est envahie d’instruments avec les personnes qui vont bien, je ne vais pas me plaindre. J’ai droit à plein de récitals privés dans le salon et je suis très fier de ma musicienne adorée.

Chemtrails

Image

Faut croire que je les attire. Ou alors ce sont les sujets comme la photographie, l’astronomie ou la météorologie qui les stimulent. Quoiqu’il en soit, ils collent à mes baskettes.

Lors du vernissage d’une exposition photo je me suis retrouvé piégé dans une discussion sur la météo. Il fait dire que depuis des jours il pleut à verse sur notre belle région détrempée. J’expliquais le fonctionnement de notre chaîne de prévision à quelques personnes, car oui la météorologie garde encore aujourd’hui un côté mystérieux, quand une personne à posé une question sur l’ensemencement des nuages. 

Il s’agit d’une technique assez empirique qui n’a pas vraiment fait ses preuves consistant à disperser des particules dans les nuages pour provoquer les précipitations. Les vignerons le font avec des fusées pour se protéger des chutes de grêlons (ça ne marche pas vraiment) et à Dubai ils ont joué avec cette méthode pour avoir de la pluie mais il semblerait qu’ils aient récolté de la grêle à la place. Quand je dis que c’est empirique…

Toujours est-il que d’une question, somme toute anodine, la personne a commencé à dériver sur les traînées des avions dans le ciel, ce que nous appelons en météorologie des cotras et qu’elle nommait des chemtrails, c’est à dire la condensation de la vapeur d’eau au passage d’un avion à réaction en haute altitude qui provoque ces traînées blanches dans le ciel bleu.

Mais rapidement elle dérape. « Les cotras sont de plus en plus denses et s’étalent dans le ciel . Ils ne sont pas formés de vapeur d’eau mais de produits chimiques rejetés pour provoquer des précipitations ou assécher des régions ». C’est un complot contre l’humanité.

Je n’ai même pas cherché à contredire la personne ni même à discuter plus en avant du sujet. D’expérience, pour en avoir côtoyé quelques-uns, je sais qu’on ne peut pas argumenter rationnellement avec ces gens. Je me suis discrètement éclipsé pour échapper au torrent d’imbécilités qui se déversait.

La terre n’est pas plate, les vaccins anti Covid ne glissent pas des nano particules dans notre organisme pour nous controller, personne n’a été kidnappé par un extraterrestre, le gouvernement ne contrôle pas le climat avec des avions de ligne et Poutine n’est pas à la solde de Trump.

Si les pluies sont de plus en plus violentes et la température moyenne de terre de plus en plus élevée, c’est à cause du réchauffement climatique et de nos activités humaines, pas parce que on ensemence les nuages avec des produits chimiques.

Je ne vais certainement pas convaincre les conspirationnistes avec ce billet, car pour eux l’explication la plus logique est forcément la mauvaise, il leur faut de l’extraordinaire et du paranormal dans leur vie. J’écris juste cela pour témoigner ici de la connerie humaine qui ne semble plus connaître aucune limite.

La Panne

Image

Peut-être est-ce parce que je suis sous l’eau, au sens propre comme au figuré, toujours est-il que depuis quelques temps j’ai vraiment du mal à trouver des albums qui m’enthousiasment. 

J’ai acheté dernièrement pas mal de disques d’artistes que je suis depuis longtemps et qui n’auront pas de chronique ici car je ne leur trouve rien de vraiment particulier. Le Jo Beth Young m’a laissé indifférent, le Kyros m’a agacé, le Alase n’a pas su me séduire et j’ai été partagé par Madder Mortem. 

Bref je suis en panne.

J’attends pas mal de sorties comme IZZ, Marjana Semkina, Rendezvous Point, Airbag ou Evergrey mais je me demande si l’une d’entre elle saura me secouer suffisamment pour que j’en parle dans les chroniques.

Un des CDs qui tourne en boucle en ce moment à la maison vient du label Deutch Grammophon pas vraiment spécialisé dans le rock progressif. Il s’agit d’un quatre mains au piano de Prokofiev et Ravel joué par Martha Argerich et Mikhail Pletnev. Une merveille ! Vous voyez à quel point la crise est profonde.

Imaginez votre trombine si je me mettais à parler de musique classique dans les Chroniques en Images. Déjà qu’avec du Gleb Kolyadin je n’en étais pas si loin, mais si je donne dans le Wagner et le Rachmaninov je vais me retrouver très seul sur Youtube.

Rassurez-vous j’écoute toujours de la musique. Je surfe sur Bandcamp à la recherche de la perle rare et comme je ne trouve pas grand-chose, je me replonge dans la collection de vinyles et de CD qui recèle quelques valeurs sures.

Je me suis retourné vers le mur de CD et j’ai pioché un peu au hasard des disques que je n’avais pas écouté depuis très longtemps : IQ, Ravel, Klone, Dream Theater, Schubert, Tiles, Transatlantic, Prokofiev, Marillion… quand j’arriverai à Selling England By The Pound j’aurai fait le tour de la collection, mais j’ai pas mal de temps encore devant moi.

En attendant que je le ressaisisse, vous pouvez toujours me proposer vos découvertes, qui sait, je trouverais peut-être mon bonheur si vous évitez le post-rock instrumental, la pop, l’électro, le prog seventies, les cover Pink Floyd et Porcupine Tree, le metal trop trash, les pseudo Mike Oldfield, le Punk, le Grunge, le Classic Rock, les trucs datant d’un siècle, le symphonico choucroute et tout le reste. 

C’est grave docteur ?

Indice Kp

Image

Le samedi 11 mai 2024 vers 1h locale, l’indice Kp atteignait sa valeur maximale théorique à savoir 9.0. Le soir même, grace au médias, les routes des Vosges, les parkings situés en altitude connurent une affluence record pour un jour sans neige.

Coïncidence du calendrier, c’est ce même soir qu’avait choisi la SAFGA pour monter au Champ du Feu pour sa rencontre astronomique annuelle. Pour la première fois, la nouvelle équipe de chauffeurs sortait le télescope de 600 mm de son garage pour une nuit d’observation.

Au volant du 25 m3 de 3.5 tonnes je n’en menait pas large sur les routes tortueuses et étroites conduisant aux sommets vosgiens. Les ruelles des villages, les ralentisseurs, les chicanes, les tracteurs et quelques mauvais choix d’itinéraire transformèrent une heure de route en une épopée épique.

A notre arrivée, de nombreux instruments astronomiques se dressaient sur le parking, déjà pointés vers un soleil radieux particulièrement en forme. De nombreux bados s’étaient également confortablement installées près des astronomes amateurs avec leur picnic, assis sur des chaises pliantes pointées vers le Nord.

Une fois la camionnette stationnée sur le parking déjà bien rempli et le six cent sorti et assemblé, les choses sérieuses purent débuter : l’apéritif organisé par l’association…

Le temps de boire une bière agrémentée de quelques cacahuètes (il est dit que les arachides sont des protéines incomplètes parfaitement équilibrée par la présence du houblon), la nuit tombait et commençait alors un étrange spectacle.

Des centaines de voitures, tout feux allumés, musique à fond, arrivaient par grappes, tentant de trouver une place de stationnement sur un parking bondé. Cela donnait une impression de fête foraine ou de bord de plage en plein été avec tous ces gens absolument pas équipés pour une nuit d’observation débarquant dans notre havre astronomique.

La route se transforma vite en parking improvisé et le parking en voie de délestage. Les curieux commencèrent, telle une marée humaine à nous envahir et poser des questions : vous avez vu une aurore, dans quelle direction faut-il regarder, ça commence à quelle heure, c’est quoi une aurore exactement, vous faites quoi avec vos appareils ? Bref un chaos bon enfant mais guère propice à l’observation du ciel.

Malgré un indice Kp de 8.4, nous n’avons vu que de timides draperies presque incolores dans le ciel. De guerre lasse, les touristes auroristes désabusés sont redescendus vers minuit rêver d’ours polaires en extinction et de banquise fondue.

Nous, nous avons pu débuter les observations plus sereinement : la lune, la galaxie du tourbillon, le sombrero, la comète Tsushichan-ATLAS, l’aiguille et plein d’autres objets magnifiques dans l’oculaire d’un télescope exceptionnel.

Nous n’étions plus qu’une poignée vers quatre heure du matin quand sagement nous avons décidé de remballer le matériel. Le soleil se levait juste lorsque nous sommes rentrés à Strasbourg après avoir rangé l’obsmobile dans son hangar. Après je ne sais plus. J’ai dû m’endormir heureux. L’indice Kp n’était plus que de 1.67 lorsque je me suis réveillé.

La bonne odeur des sapins

Image

PSA à 6.54, creatinine à 130, monocytes en hausse, deux prises de sang, une analyse d’urine et quelques échographies plus tard, l’inquiétant spectre du rein fracturé se réinvite à la maison après six années de trêve des blouses blanches. 

Ce qui devait être un contrôle de routine devient une surveillance rapprochée du métabolisme. Quand le médecin vous appelle trente minutes après l’arrivée des résultats du laboratoire, ça sent clairement le sapin.

Le plus désagréable là-dedans c’est l’incertitude. D’abord on parle de la prostate puis on s’oriente vers les reins. Crise passagère, simple manque d’hydratation, rechute, cancer ? Les scénarios se bousculent dans ma tête et de vieilles douleurs ressurgissent dans le corps, comme la réactivation par la mémoire de traumatismes jamais totalement effacés.

Il faut plus de trois semaines pour obtenir un rendez-vous radiologique et pendant ce temps là, je gamberge.

Évidemment les échographies des reins, du foie, de la prostate et de la vessie ne révèlent rien d’anormal ce qui est à la fois rassurant et inquiétant.

Le médecin cette fois est nettement moins réactif et se veut rassurant. On fera de nouvelles analyses dans quelques mois pour voir si cela évolue dans le bon sens ou non et on avisera. Bon soit je suis foutu, soit elle n’est pas inquiète.

J’ai les reins en bouillie et des douleurs lancinantes dans le flan gauche comme après l’accident. Douleurs psychosomatiques ou retour d’une vieille copine, l’hernie discale post traumatique après une séance photo acrobatique, on le saura au prochain épisode à moins que je me remette à pisser du sang.

La cargaison

Image

Comme vous ne le savez pas, nous sommes partis en vacances pendant une semaine dans le sud-est de la France. Une semaine au soleil dans un gite pas très loin de ma belle famille.

Qu’est-ce que vous emportez lorsque vous partez en vacances ? Un maillot de bain, un bouquin, des lunettes de soleil, ce genre de truc. Ben pas nous. Enfin si mais pas que ça.

Pour ma part, je prends toujours un appareil photo, parce que les vacances c’est l’occasion de capturer de nouveaux paysages. Mais depuis quelques temps, j’ai renoué avec l’astronomie qui est une vielle passion et étant donné que le ciel n’est pas vraiment clément depuis le mois d’octobre, j’espère qu’en allant vers le sud, ce sera un peu mieux. 

Donc j’emmène également une monture équatoriale, une lunette, des oculaires, un télescope et des batteries sans parler des accessoires indispensables comme les contrepoids, les câbles et les adaptateurs. Largement de quoi remplir un coffre.

Ma femme, elle est musicienne et doit se produire cinq fois en public d’ici la fin de l’année avec plusieurs oeuvres à travailler. Elle emporte donc un piano numérique mais comme son second instrument est un violoncelle, les places arrières vont être prise par son étuis. 

Avec tout cela, la voiture est remplie. Mais comme Gaston avec sa valise à piles, il fallait trouver une petite place pour la brosse à dent et le dentifrice, sans parler des vêtements et des livres.

Au final, il a fallu faire quelques sacrifices. Piano et violoncelle ne tenaient pas ensemble à l’arrière de la voiture. Mon épouse n’a conservé que le clavier numérique. Et une fois la valise rangée dans le coffre, il n’y avait plus de place pour le Celestron et la valise à oculaires, j’ai dû me contenter de la lunette avec la petite monture ZWO.

Même avec nos deux enfants, on n’avait jamais été aussi chargé pour partir en vacances. Il va bientôt nous falloir un camping car avec une coupole sur le toit ainsi qu’une salle de concert à l’arrière.

Image empruntée à Franquin.

Simplification adminsitrative

Image

M. Le Président. Comme nombre de vos prédécesseurs, vous prônez l’allègement des normes et la simplification des règles administratives. 

Bien des technocrates se sont attelés au problème depuis le début de la cinquième république et ils n’ont réussi qu’à rajouter de nouvelles règles à l’édifice. 

Par exemple, au travail, pour commander un Bic, il faut demander un devis, un extrait de Kbis, un RIB, produire un bon de commande, faire signer le devis, établir un certificat administratif attestant que le RIB est bien celui du commerçant, trouver la famille homogène du crayon, ventiler la dépense dans une enveloppe budgétaire, dégager des AE, produire un engagement juridique, noter sur le bon de commande cet engagement ainsi que le code service et le SIRET, envoyer le bon de commande au fournisseur, lui rappeler qu’il devra déposer la facture sous Chorus Pro avec ces informations, effectuer l’attestation de service fait lorsque le Bic arrive sur votre bureau après avoir vérifié qu’il écrit bien, mettre en paiement la commande puis décaisser les CP, à condition bien entendu que la facture soit conforme aux règles en vigueur des marchés publics. 

Ça encore j’ai l’habitude, je m’y suis résigné. 

Par contre, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il est si compliqué de fixer un boîtier photo sur un instrument d’astronomie. Parce que là pour le coup, nous avons affaire à des scientifiques, pas des ronds de cuir !

Un Nikon Z6 possède une monture Z pour accrocher les objectifs. Il faut donc lui fixer un adaptateur T propriétaire qui se visse sur une bague T2 au filetage femelle M42. 

Vous suivez jusque là ? Mais voilà, le correcteur optique de ma nouvelle lunette – je vous en reparlerai – lui possède un filetage mâle M48 en sortie. Pour relier les deux vous aurez donc besoin d’une bague M48 vers M42. 

Ça va toujours ? Parce que le correcteur de champ possède en entrée un pas de vis M56 femelle et que la lunette elle a un pas de vis M54 femelle. Il est donc nécessaire d’intercaler une nouvelle bague M56 mâle vers M54 mâle.

Mais ça n’est pas tout. Entre le capteur du Nikon et la dernière lentille du correcteur de champ, il faut respecter une distance précise, ce que certains appellent le back focus, en l’occurrence ici 55 mm. Donc vous êtes obligé d’ajouter aux bagues et adaptateurs en place des tubes d’allonge de longueur précise au mm près en M48 ou M42 selon l’endroit où vous les installez.

Le back focus du Nikon Z6 est de 16 mm, reste donc 38 mm à trouver. J’ai donc commandé un jeu de huit tubes d’allonge M48 de 3 à 30 mm pour jouer au mécano. Normalement avec un 3 plus un 5 et un 30 mm je devrais atteindre la longueur requise pour respecter le back focus.

Et comble de malheur, selon les pièces mises bout à bout, le boîtier photo peut se trouver dans des orientations peu pratiques. Pour retrouver l’angle souhaité en fonction de l’objet à photographier, il est nécessaire de placer une bague rotative, en l’occurrence ici une M56 vers M54 qui va remplacer la précédente bague d’adaptation.

Du coup, entre le tube de la lunette et le boîtier photo, je vais aligner pas loin de cinq éléments les un derrière les autres. Merci aux différentes normes, marques, focales et optiques de nous simplifier la vie tous les jours. 

Finalement c’est presque plus simple de commander un Bic dans l’administration…