Cauchemar en salle de bain

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Début mai 2016, je regardai avec horreur notre salle de bain et décidai de la rafraîchir. Une salle de bain avec une vieille chaudière à gaz fatiguée, l’affreux tuyau PVC d’évacuation des WC de l’étage contre le mur, des carrelages différents et moches aux murs, un meuble bancal et pour couronner le tout un plafond en lambris.

La chaudière nous oblige à une aération de 20 cm de diamètre vers l’extérieur, et en Alsace, ça caille l’hiver. Imaginez prendre une douche le matin, dans une pièce à 10°C, (convecteur à fond). Non n’imaginez pas c’est mieux.

Un jour de colère j’arrachai le papier peint miteux, bien décidé à refaire cette pièce sordide. Quelques jours plus tard, j’étais hospitalisé et arrêté pour cinq mois avec défense de faire le moindre effort. La salle de bain aussi.

Après cette longue parenthèse nous nous lançâmes dans les devis pour poser une chaudière à ventouse dans une autre pièce, un WC suspendu et une douche italienne. La douche impliquait de casser une cloison, poser du carrelage et pour faire propre, il fallait refaire les murs. Coût global du chantier 20 000 €, heu comment dire ? Je m’achète 4 Nikon D5 avec ça…

Il faillait revoir le projet à la baisse. Sortir la chaudière de la pièce impliquait de passer des tuyaux, donc de casser le plafond en lambris, donc de casser la cloison intelligemment fixée sur le lambris, donc casser la douche collée à la cloison donc 20 000 €. Nous tournions en rond.

La chaudière resterait dans la salle de bain. Mais si elle restait, le trou de 20 cm également et les 10°C matinaux aussi. Nous tournions en rond.

Un chauffagiste nous proposa la chaudière à ventouse qui se branche sur la cheminée avec un double tubage, cher mais plus besoin de déplacer la chaudière. Nous avancions. Il sortit dehors regarder la cheminée et nous annonça qu’aucun ouvrier n’accepterait de faire le tubage de la cheminée. Nous revenions au point de départ.

Ma femme commença à devenir folle. Une salle de bain horrible, un époux pas encore en état de se lancer dans de gros travaux, et une salle de bain abominable. Chaque jour elle me harcelait :  « Et cette salle de bain alors ? Tu te décides ? ».

A sa demande, un nouveau chauffagiste vint faire un devis de chaudière à ventouse reliée à la cheminée, cette fois sans réserve sur la hauteur. Mais j’hésitais. Comment passer le câblage de la sonde sans une goulotte ou casser le plafond qui casserait la cloison qui casserait la douche, comment cacher la chaudière, objet moche par excellence, comment poser le WC suspendu et cacher le tuyau PVC gris, comment comment ? Si seulement j’avais pu casser ce maudit plafond, mais vérification après vérification, il était maintenant certain que le machin en lambris portait la cloison.

Mon épouse fit le forcing, rappelant le chauffagiste pour nous aider à trouver des solutions (ou me forcer la main). La sonde, il la passera dans le plafond sans le casser, la chaudière peut être cachée derrière des portes de placard, il sort dehors pour regarder une nouvelle fois la cheminée, « Elle est haute quand même, impossible de venir avec nacelle, ça va être compliqué », j’ai cru que ma femme allait le tuer. Mais non, le mec se dit prêt a faire le chantier avant décembre alors nous signons.

Dans quelques jours, le chauffagiste va installer la nouvelle chaudière. S’il ne se tue pas en tombant la cheminée (20 m de hauteur quand même), si celle-ci ne s’écroule pas sur le toit, s’il n’explose pas le plafond et donc la cloison et donc la douche,  je serai face au mur, obligé de commencer les travaux de la salle de bain. Poser un WC suspendu, l’entourer de placo pour cacher le tuyaux en PVC gris, poser deux portes coulissantes pour masquer la chaudière, poser du placo sur le plafond pour cacher ce lambris si moche, poser un sol plastique genre ardoises pour cacher le carrelage vraiment trop moche.

Pourquoi ai-je signé ? 6000 €… Nous aurions pu rester encore quelques années heureux avec notre salle de bain sans papier peint, son joli tuyaux PVC gris, son carrelage dépareillé, son délicieux plafond en lambris, son trou de 20 cm qui souffle de l’air glacé et l’éclairage LED qui vous aveugle le matin. Ou alors, signer le chèque de 20 000 € et regarder les mecs bosser en critiquant chaque détail.

A la place, je suis dans le hall d’entrée, là où aurait du prendre place la chaudière à ventouse, de l’autre côté de la cloison qu’il aurait fallu détruire, le chantier à 20 000 €. Oui parce que maintenant que cette partie là de la maison ne sera plus impactée par la salle de bain, ma femme trouve que ce serait bien de la rafraîchir cette pièce. Décollage de papier peint, lissage, peinture, je déteste le bricolage, je déteste les vacances, mais j’aime ma femme…

Crise de foie

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Crise foie ou crise de foi ? Après une overdose de Threshold, VUUR et Sons Of Apollo, je n’en peux plus du metal prog. Ecoeurement, dépression post metal, post coïtale, burn out musical, je l’ignore, ce qui est certain c’est que mes oreilles réclament de nouvelles sensations.

Mon unique religion se nomme la musique, mon alimentation, des morceaux de quinze minutes. Dès que je dispose de quelques minutes, j’allume la chaîne, le baladeur, branche le casque et écoute un album de progressif. Entre les promotions, les achats, et les anciens albums, je peux tenir une centaine jours en continu sans écouter deux fois le même morceaux.

Mais de temps en temps, je perds la foi, mon foie, ne supportant plus cette alimentation trop chargée. D’ordinaire la médicamentation était simple, après une forte dose de néo-progressif, une cuillerée de metal, un sachet de rétro prog et je repartais pour trois albums. Cette fois, foie, foi, l’heure est grave. La purge metal n’a pas réussi, la mono-diète catenbury non plus et pas question d’arrêter de m’alimenter de prog, il faut que le webzine tourne.

J’ai connu un gars qui traversait la même crise existentielle. Il polluait les forums consacrés au rock progressif, dénigrant systématiquement le métal prog, le rétro prog, le néo-prog, louant des groupes inconnus ayant sorti un seul EP avant de sombrer dans l’oubli. J’en suis presque là, mais pas encore. Plutôt que de tirer sur l’ambulance comme lui, j’essaye de nouvelles drogues, de nouveaux dieux et mon oreille se complet de plus en plus dans le prog fusion instrumental, m’entraînant vers des contrées dans lesquelles je n’osais guère m’aventurer il y a encore peu.

Si vous voyez fleurir des groupes improbables prochainement dans nos chroniques, ne prenez pas peur, je mange juste du radis noir afin de pouvoir à nouveau m’asseoir au banquet gargantuesque du rock progressif pour les fêtes.

Notation polonaise inversée

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Vous connaissez la notation polonaise inversée ? Sans doute pas, il faut être vieux pour ça. Ce système de calcul existait sur les calculatrice HP et une guerre intellectuelle faisait rage, à l’époque, entre les utilisateurs de Texas Instrument et Hewlet Packard pour savoir qui calculait le plus rapidement. Sur les TI, la somme de deux et trois s’écrivait 2 + 3 Enter, sur les HP, 2 Enter 3 Enter +. Vous en déduisez comme moi que sur une HP, taper un calcul était fastidieux. En réalité pas tant que ça, car avec une HP point de parenthèse, à la place une gymnastique complexe pour calculer et à la clef un gain de temps conséquent.

Mais je ne suis pas ici de vous parler de cette bataille de geek rassurez-vous. Je suis là pour vous expliquer comment je note mes albums à Neoprog. Et à bien y réfléchir, je me demande quel sujet sera le plus simple à aborder, la notation polonaise inversée où le système du webzine.

Lors de la création du monde, le seigneur s’aperçut bien vite que son oeuvre était imparfaite. Il inventa alors la note sur vingt pour évaluer les belles choses des bouses. vingt pour l’excellence, zéro pour les artefacts innommables. Le même système de notation que celui de l’école de l’ancien temps, jugé aujourd’hui stigmatisant par les parents d’élèves et transformé en compétences pour cacher le fait que nos enfants sont des débiles.

Après des débuts difficiles avec la notation sur vingt, Neoprog, également y alla de sa réforme, passant d’un système sur vingt points à un autre sur dix. Mais en voulant effectuer cette migration qui consistait à diviser par deux le score, le bon webmaster s’aperçut que quatre-vingt-dix-neuf pour-cent des albums chroniqués dépassaient le dix sur vingt. A part un Yes et un Steve Hogarth, rares étaient les albums qui n’obtenaient pas la moyenne chez nous. Alors arbitrairement, la note fut amputée de sa partie basse, les dix premiers points.

Nouvelle Note = max((Ancienne Note-10),0)

Puis, comme bon nombre de lecteurs (des parents d’élèves en difficultés) trouvaient la note stigmatisante, je décidais d’attribuer des étoiles aux albums. Cette fois ce fut plus simple, une étoile pour deux points, cinq étoiles pour dix sur dix c’est à dire vingt sur vingt, une étoile pour deux sur dix c’est à dire douze sur vingt. Vous me suivez ? Oui je sais, l’équipe de chroniqueurs s’y perd toujours, car en réalité, dans la base de données, la note est encore sur vingt. Certains d’entre nous notent en étoiles, sur dix ou sur vingt, bref l’enfer ! Et quand un rigolo me propose à dix-neuf virgule cinq je suis obligé de lui demander de choisir, dix-neuf ou vingt, je n’ai pas encore programmé le quart d’étoile.

 =   3 étoiles x 2 = 6 points + 10 points = 16/20

C’est simple non ?

Résumons, une étoile vaut deux points (il existe des demies étoiles pour pimenter l’affaire, une demie étoile valant… un point, c’est bien vous suivez). Donc un album deux étoiles vaut quatre points, mais comme la note est sur vingt et non sur dix, il faudrait multiplier celle-ci par deux, alors qu’en réalité il faut lui ajouter dix points ou cinq étoiles invisibles.

Mais comment estimer qu’un album vaut tant ou tant d’étoiles ? Bonne question. La longueur, l’épaisseur du livret, le nombre de musiciens présents, l’âge moyen de ceux-ci, le nombre d’albums qu’ils ont déjà composés ?

Pour ma part, un facteur très important rentre en compte : ai-je affaire à des artistes aguerris avec derrière eux une maison de production puissante, des studios XXL et des équipements de malades, ou bien à un album auto-produit par des amateurs avec de petits moyens. Pour ces deux cas de figure, j’utilise des échelles d’évaluation très différentes. Que Yes sorte un album de bonne facture, cela me semble le minimum syndical avec leurs années d’expérience et les moyens à leur disposition. Qu’un petit groupe français répétant le WE dans un garage produise une galette correcte avec de bonnes idées dedans, et c’est un très bon album.

Outre la notoriété, il y a l’originalité. Un énième cover Pink Floyd risque de se prendre une fessée s’il n’est pas excellent, alors qu’un album novateur aura toute ma sympathie. Comprenez-moi, j’en écoute des tonnes. Je tiens compte de la production bien entendu. Même si tout le monde n’a pas les moyens de s’offrir les studios de Real World et Steven Wilson derrière la console, un son où se détachent tous les instruments est important pour moi. J’ai eu à écouter de très mauvaises productions signées Asia par exemple, c’est impardonnable !

Outre la technique des musiciens, la voix des chanteurs, l’artwork de l’album, rentre en compte le feeling, facteur éminemment subjectif, qui dépend du chroniqueur, de son humeur du moment, de ce qu’il a mangé à midi, de ce qu’il a écouté avant, s’il n’y a pas eu droit la veille, depuis une semaine, un mois, un an. Ce côté subjectif je l’assume pleinement et il m’est arrivé, après coup, de réévaluer une note, avec le recul, passé la colère ou l’enthousiaste initial. C’est d’ailleurs en partie pour cela que je chronique sur du papier.

Un des facteurs qui peut faire monter la note malgré moi, c’est quand je suis proche de l’artiste (non je ne couche pas avec la chanteuse, même si j’aimerai, ma femme veille au grain). J’essaye de ne pas chroniquer ceux que je connais trop bien dans la vraie vie.

Bref, si vous êtes célèbre, que votre production est moyenne et que je suis mal luné, vous aurez une petite étoile, c’est à dire deux sur dix ou douze sur vingt. Et si vous êtes amateurs, inventifs et que vous chantez bien, vous aurez cinq étoiles, à condition que je sois de bonne humeur.

Au passage, j’espère que ça vous a agacé mes dix-sept sur vingt au lieu des chiffres, c’était fait exprès…

Le pullover rouge

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« Tu n’es pas mon père. »

Combien de fois ai-je entendu cette sentence définitive sortir de la bouche de mon petit dernier. Il faut avouer qu’à jouer le mongolito en sa compagnie, insulter les automobilistes garés sur le trottoir et porter en permanence des tee shirts de rock progressif comme un teenager, je dois lui faire un peu honte. Mais la dernière attaque en règle est plus inquiétante.

L’hiver approchant, je ressors les pullovers chauds, comme ce trop grand pull à côtes couleur brique si confortable et sans doute très moche.

« Tu portes un pull d’homosexuel, il n’y a que les homos qui portent des trucs pareil. »

Voila autre chose, en plus de ne pas être son père, je suis maintenant homosexuel. Je n’ai pas l’impression de l’être en réalité (mais qui sait si le coming out n’est pas loin) et je ne m’habille pas comme tonton Joël  et tonton Pierre-Yves (un ami proche et mon frère, tous deux homos). La proximité de ces deux hommes différents l’angoisse peut-être sur sa propre sexualité, qui sait ? Que répondre, que j’aime ce pull moche et confortable ?

J’ai opté pour un autre angle d’attaque, fidèle à ma maturité d’ado pas fini.

« Puisque tu abordes le sujet fils, j’ai quelque chose d’important à te dire. Oui je suis homosexuel, comme maman. Dans notre jeunesse, il n’était pas simple de vivre sa différence au grand jour, alors nous avons décidé de sauver les apparences. Je connaissais maman depuis longtemps, une très bonne amie, et comme moi elle souffrait de sa différence. Alors pour nous normaliser, nous avons décidé de nous marier et de vivre ensemble, histoire de rassurer nos familles et de sauver les apparences dans une société alors très homophobe. »

Imaginez la tête de mon ado. Et moi de poursuivre.

« Nous sommes toujours homosexuels bien entendu. Rien n’a changé. Maman n’est pas ta mère, je ne suis pas ton père. Nous n’aurions jamais pu avoir de rapport sexuel ensemble. Toi et ton frère, vous avez étés adoptés quand vous étiez nourrissons. Mais ça ne change rien, nous vous aimons. Et si je porte un pullover rouge, c’est que j’aime ces couleurs, j’évite le rose ostentatoire et je rencontre mes amants dans des clubs, comme ta mère, nous essayons de rester discrets. »

Le couperet tombe, mon ado est horrifié, son univers cosy s’effondre. Papa et maman sont homo. Il a été adopté comme son frère, ses parents ne s’aiment pas d’amour véritable, et lui, peut-être est-il homosexuel ? Je le regarde se décomposer, je me marre comme une baleine et là soudain, il comprend que je me suis foutu de sa poire. Il me jette un regard glacial mais ne devrait plus m’emmerder cette semaine avec le pull rouge, une bonne chose de faite.

Vous pensez sans doute que je suis complètement immature d’infliger ça à un ado en pleine recherche de repères et vous auriez raison, si je l’avais fait. J’y ai pensé figurez-vous et c’est déjà assez grave. Au lieu de quoi, je vais me faire emmerder jusqu’à ce que je change de pullover, ce qui ne saurait tarder, car le tricot confortable commence à sentir le clochard. Mais il est tellement agréable à porter.

 

Les archives secrètes d’un webzine

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Si vous désirez connaître les secrets du webzine Neoprog, fouillez les poubelles. Les archives secrètes, les chroniques pas encore publiées, celles qui ne le seront jamais, les fiches promotionnelles froissées, les enveloppes qui contenaient des CDs, tout cela passe par ma poubelle jaune.

Depuis quelques années, je rédige mes chroniques sur un bloc papier A4 à petits carreaux, avec de préférence un crayon à plume fine noir. Chacun à ses petits problèmes me direz-vous. Si j’écris sur du papier, à l’ancienne, alors que nous sommes tous connectés, c’est avec l’objectif de rester totalement concentré sur la musique que j’écoute. En effet à l’heure du mail, des réseaux sociaux, du web, il ne se passe pas une minute sans qu’une notification arrive sur mon ordinateur, tablette ou téléphone. Alors pour chroniquer, je me déconnecte.

J’ai opté pour la pâte à bois – plus souvent mélasse de chiffons et de papiers recyclés de nos jours – et pour le stylo. Bien entendu cela oblige à un double travail, le premier jet sur papier puis la recopie informatique, sans parler des relectures indispensables. La méthode n’est guère écologique, je consomme beaucoup de papier et encore plus de stylos. Mais aujourd’hui je ne reviendrai certainement pas en arrière. J’ai pris goût au bruit de la bille frottant le papier, à mon écriture fébrile pleine de fautes d’orthographe et de grammaire qui seront corrigées plus tard. Et cela m’offre une seconde chance, lorsque que je recopie mes notes, d’envisager l’album, lors d’une dernière écoute, sous un nouvel angle, avec plus ou moins d’indulgence.

Si vous en avez assez de lire ma prose sur Internet, je vous invite à passer lundi matin, sur le trottoir, devant chez moi. Avant six heures, vous verrez la poubelle jaune devant la maison bleu alsacien. Dans la poubelle, au milieu des paquets de céréales vides, des bouteilles de lait, des emballages, des bouteilles d’eau écrasées et des tablettes de chocolat vides, vous trouverez peut-être une enveloppe déchirée venue de Hongrie, du Canada, une fiche de promotion du label Karisma ou Inside Out et des feuilles de papiers A4 à petits carreaux froissées, noircies de gribouillis improbables, pleins de renvois, de ratures, de biffures, avec un peu de chance la chronique d’un album de rock progressif qui ne sortira que dans deux mois et qui sera publié chez nous dans quelques semaines.

Je suis contre !

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Il y a quelques temps, je commandais un coffret Beatles in Stereo à la société américaine Kinghtshops. Une bonne affaire à ne pas y regarder de trop près, une très mauvaise à l’arrivée.

Deux CDs étant endommagés, Let It Be et Yellow Submarine, je suis allé dans mon magasin d’occasion, voire si je ne pourrais pas les remplacer. J’ai trouvé Yellow Submarine et ai pu comparer les deux exemplaires. Manifestement, j’ai bien à faire à un produit contrefait fabriqué en Chine.

Verrez-vous la différence, saurez-vous lequel est contrefait ? Vous avez cinq secondes. Même si la photo de mon iPhone n’est pas flatteuse, il n’y a guère de doute, l’exemplaire du haut est une pâle contrefaçon de l’original. Regardez les couleurs, surtout celle de la jaquette du CD. Le digipack n’est pas de la même qualité non plus, papier, pliages, et que dire du livret.

Les contrefaçons grouillent sur Internet. Je vous invite à être plus prudent que moi si une offre alléchante de ce genre se présente. Les coffrets bradés à vil prix ne sont que de viles contrefaçons.

Silence ça pousse

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Vous connaissez beaucoup de geeks jardiniers ? Qui imaginerait un seul instant qu’un féru de consoles, d’informatique, de jeux de rôle, de rock progressif, de photographie, d’astronomie travaillant chez les faiseurs de temps puissent également se prendre pour Nicolas le jardinier. Cette activité n’est pourtant pas si éloignée de celle qui use nos yeux devant des écrans, juste qu’elle se passe en plein air.

Le jardinage possède une composante expérimentale évidente. Un potager est un laboratoire à ciel ouvert où la partie peut recommencer après le Game Over, il suffit d’attendre le retour du printemps pour insérer une nouvelle graine dans le sol. Le potager de grand père est résolu : culture hydroponique, en serre, en butte, en rang d’oignon, sur pied, en micro-jardin, tout est possible pour peu que vous y mettiez du vôtre.

Lorsque que nous nous sommes installés dans notre maison il y a une dizaine d’années, il y avait un petit bout de potager au fond du jardin avec des fraisiers mal en point. Pour faire bonne figure, je semais quelques radis la première année. La seconde, je plantais des courgettes et des tomates. La troisième, je bêchais quelques mètres carrés de pelouse et agrandissait la zone cultivable. Salades, tomates, concombres, haricots. Vint le tour des arbres fruitiers, pommier, poirier, figuier et des arbustes, groseilles, cassis, groseilles à macros, framboises. Une serre poussa le temps d’un été, et je commençais la culture en tunnel. Vint le temps des semis et de la récolte des graines. Je récupérais des semences chez un ami breton, panais, pommes de terres rouges, betteraves et enrichissais encore la diversité des cultures.

Je suis passé au 100% bio, ni engrais, ni désherbant, ni traitement. Je ne bêche même plus le sol. De juin à septembre, j’arrache les mauvaises herbes tous les jours en allant remplir le compost. Après deux jours de pluie suivi de soleil le jardin ressemble à une forêt vierge et tout est alors à recommencer. Un jour sans fin.

Il y a trois ans, une gentille pelleteuse fit tomber une grange de vingt mètres de haut dans le potager. Quelques tonnes de gravats et de poussière, un an de démolition et plus de jardin, un immeuble se construisait près de chez nous. Deux années seront nécessaires pour que le potager reprenne forme humaine, que la terre soit nettoyée de la brique, du verre et du métal et que des nouvelles plantations puissent pousser à nouveau.

L’an passé, faute à une stupide chute à vélo, le jardin resta en friche car mes enfants sont des geeks mais pas des jardiniers et que mon épouse avait bien autre chose à faire.

Cette année, j’ai pu reprendre le potager. Je me suis essayé à une culture très dense et aléatoire, mélangeant, maïs, poireaux, courgettes, potimarrons, carottes, salades, melons, haricots et tomates sauvages sur un très petit espace. Certaines associations n’étaient probablement pas judicieuses mais le couvert végétal a permis moins d’arrosage malgré la sécheresse estivale.

Le maïs n’a pas poussé, les courgettes ont bien donné, les haricots assez peu, les potimarrons furent précoces et petits – la faute à une terre trop pauvre (ceux qui ont poussé dans le compost sont énormes mais sont arrivés chez nos voisins) – les tomates foisonnent un peu partout, les poireaux sont rachitiques et les carottes ne mesurent que trois centimètres. Ne parlons pas des minuscules melons qui n’ont aucun goût.

Par chance nous avons des poires, des figues en abondance, des kilos de tomate depuis juillet. Il n’y a plus de courgette, et tant mieux, nous en avons consommé tout l’été en gratin, poêlées, ratatouille, farcies, gâteaux, rien que l’odeur me donne maintenant un haut le cœur.

Le geek jardinier, est celui qui installe sa récolte sur une table, prépare la mise en scène, installe le pied photo et l’appareil, attend la bonne lumière et capture les couleurs de l’été. Sept mois de labeur pour une seule photo représentant quelques fruits qu’il aurait pu acheter à Grand Frais (notez le double sens…) au lieu de s’éreinter à faire pousser des plantes dans une terre ingrate.

Sans moi

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Les méchants terriens se sont finalement tapés sur la figure avec l’arme nucléaire. Seuls quelques uns d’entre eux, alors présent dans des stations orbitales autour de la planète bleue, ont survécu. Il ne reste qu’une seule grande station aujourd’hui, regroupant les deniers humains. Sur cet assemblage hétéroclite orbitant au dessus des continents radioactifs, les rescapés doivent obéir à des lois très strictes sous peine de sévères condamnations. Les adultes sont jetés dans le vide, les ados emprisonnés.

En parlant d’ados justement… Cent d’entre eux, des condamnés, sont balancés sur Terre pour vérifier si l’air est respirable et mesurer le taux de radiations résiduel.

Des ados ? Je déteste les ados et 50% de la série est centrée sur eux. Les acteurs, de jeunes adultes, jouent très mal les rôles de ces ados rebelles abandonnés à leur sort sur la Terre.

Avec un budget sans doute misérable, les quelques effets spéciaux, comme la station spatiale orbitant autour de la terre ou le vaisseau qui emporte les cents boutonneux sur le plancher des vaches, sont pitoyables. Avec des personnages aux profils stéréotypés à l’extrême, Prof, Simplet, Blanche-Neige, Grognon… et un pilote absolument navrant, je n’ai pas été plus loin que le premier épisode de la série. Autant s’arrêter avant que tout cela ne s’enlise, ce sera 100 moi.

 

Le saigneur des poireaux

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C’était un petit jardin
Qui sentait bon le Métropolitain
Qui sentait bon le bassin parisien
C’était un petit jardin
Avec une table et une chaise de jardin
Avec deux arbres, un pommier et un sapin
Au fond d’une cour à la Chaussée-d’Antin

Je vais vous raconter l’histoire d’un petit jardin caché entre des maisons, dans une petite ville alsacienne. Un petit jardin avec au bout une maison à colombages où il faisait bon vivre. Au fond du petit jardin, poussait un modeste potager avec ses tomates, courgettes, potimarrons. Un petit coin de paradis réservé à la sieste et à la croissance des légumes. Le petit jardin, chauffait au soleil printanier, abrité du vent par les murs bienveillants d’une ferme centenaire où vivait un paisible retraité. La campagne au milieu de la ville.

« Le mois de juin s’annonçait agréable et paisible lorsque des nazgûls survolèrent ma comté miniature. Appâtés par cette abondance de quiétude ils harcelèrent le vieil homme à barbe blanche afin qu’il abandonne son paisible abri. Des orcs gueules béantes, crachant le la fumée noire, défoncèrent la barrière d’entrée et piétinèrent les fleurs, abatirent les arbres et arrachèrent la clôture en bois.

Une armé des gobelins escalada les murs de briques de la grange et commença à piller tuiles et bois pour leur maître. Mais la ferme avait connu bien des tempêtes. Les crocs et les griffes des monstres n’eurent pas raison des murs et des vénérables poutres. Le nécromant  furieux appela à lui un troll hideux. Crachant, hurlant, la créature de pierre fonça dans les murs tête baissée, encore et encore, jusqu’à ce que les poutres cèdent sous les coups de boutoir et que les murs tombent dans un gigantesque amas de poussière.

C’était un petit jardin avec au bout une maison à colombages où il faisait bon vivre… Des tonnes de gravats, de la poussière, du verre, du bois, des clous, des vis s’abattirent sur le potager pendant que le troll et les gobelins dansaient la gigue sur les ruines de la ferme.

Tout l’été durant, les créatures festoyèrent, éructèrent, urinèrent, déféquèrent, creusant des galeries, charriant de la roche, de la terre, obscurcissant le ciel avec la fumée de leurs feux de camp.

Sous la poussière, les rares plantes survivantes étouffèrent, pendant que trolls et gobelins riaient. La terre autrefois grasse n’était plus que cendre grise. Les arbres étaient morts et plus aucun gentil hobbit ne se rendait dans le petit jardin.

Les hommes, les elfes et les nains rassemblèrent une immense armée et marchèrent vers le petit jardin. Une année durant, de terribles combats se déroulèrent sur ces terres désolées. Le sol trembla des jours entiers, des machines de guerre infernales déversèrent des coulées grises dans les tranchées et des fortifications s’érigèrent tout autour du petit jardin. La guerre prit fin un matin, dans une odeur de goudron. Le gobelins repartirent dans leurs tunnels, les trolls sous la terre. La grande armée des hommes, des elfes et des nains rendit un terre dévastée aux petits hobbits éplorés.

Aujourd’hui, le petit jardin, protégé par un haut mur, survit à côté des cavernes des suderons. Chaque soir rôtissent des imprudents qui se sont aventurés trop près de leur terres. Les hommes du Gondor surveillent la frontière et les rares tentatives d’invasion sont fermement repoussées. La comté a retrouvé sa vitalité d’antan mais le petit jardin ne sera plus jamais le même… ».

Les démolisseurs arrivèrent en juin 2014. Pendant près de trois mois, ils firent tomber des murs dans notre jardin, menaçant même l’intégrité de nos dépendances mitoyennes au chantier. Pendant plus d’une année, nous n’eûmes plus de jardin, à la place un vaste chantier avec des machines et des ouvriers sauf le week-end. En juin 2015, nous pouvions enfin nettoyer notre parcelle, replanter quelques arbres, semer de la pelouse et commencer un nouveau potager. Nous serons obligés d’attaquer la société Stradim, responsable du projet, pour être indemnisé – à peine de quoi payer les dégâts occasionnés – puis les harceler pour qu’il finissent par crépir le mur mitoyen resté brut de parpaings.

G 23-30

Je suis parti en ville, missionné par mon épouse, pour acheter des sacs poubelles après un SMS d’alerte enlèvement de notre fils aîné : « y a plus de sac poub ! ».

Vous me direz, des sacs poub, cela se trouve partout en supermarché. Oui mais non, chez les bobos, on s’équipe en poubelles Brabantia, un cylindre chromé le premier jour avant d’être recouvert de déchets divers assez rapidement. Le truc qui fait bling bling la première semaine, crado la seconde. Poubelle design signifie également sacs à la con que l’on ne trouve que dans trois boutiques chicos à Strasbourg.

Alors une fois par an, madame fait un stock, histoire de ne pas recevoir d’alerte SMS trop souvent. Mais madame bossait et à la maison la crise sanitaire approchait. Alors suivant les indications approximatives de mon épouse, « tu verras c’est au BHV au bout de la Langstross », j’arrive au bout de la Grande Rue et trouve une tout autre enseigne à l’endroit indiqué. Mais je connais mon épouse, ça doit être là. Dans le labyrinthe des pots de peinture, des éponges, des robinets et des couverts, je trouve le rayon poubelle, où bien entendu, point de sacs G Brabantia. Oui notre poubelle, elle aussi à son point G, c’est le compartiment de gauche, le plus grand… Point de sac. Une aimable vendeuse de porte de prison me conseille le rayon salle de bain à l’étage.

Logique non ? Les poubelles de cuisines avec compartiment compost se rangent dans les salles de bain. Bonjour l’odeur !

Je monte donc à l’étage et cherche en vain jusqu’à tomber sur un vendeur mal luné qui me conseille de descendre au rayons poubelles d’où je viens. Lui c’est un gars logique au moins. Il daigne néanmoins appeler un autre collègue, avenant en comparaison, qui lui confirme que les poubelles de cuisines Babrantia se trouvent comme les sacs, au rayon… salle de bain. D’un pas décidé, il nous conduit devant un rayon que j’ai arpenté dix fois sans succès. Mais miracle, juste au-dessus de mon nez (il est vrai que je suis gaulé comme Sarkozy, nabot mais bien équipé pour le compartiment gauche de la poubelle), se trouvent une collection de sacs 23-30 litres que je m’empresse de voler avant que quelqu’un d’autre ne s’en empare. Il n’est jamais facile de trouver un point G la première fois. Trop content, je passe en caisse avec mes six rouleaux blancs et m’enfuie en ville.

Vous avez déjà vu un mec dans un transport en commun avec six cylindres blancs qu’il tient sur son ventre pour qu’ils ne tombent pas ? Je vous jure que je n’ai pas abusé de la situation, cachant l’étiquette des rouleaux : « G 23-30 » comme gaz neurotoxique au rayon d’action  mortel de 23 à 30 mètres. Le GIGN n’a pas eu le temps d’intervenir, quinze minutes plus tard, je descendais pour rejoindre à pied ma petite maison de banlieue avec sa cave remplie de bonbonnes de gaz, il faut bien se chauffer l’hiver…