Sur les réseaux sociaux ont voit fleurir des publications racistes, sexistes, xénophobes voire des incitations à la violence de manière quasi quotidienne, particulièrement sur X, le réseau pornographique.
Manifestement, malgré les engagements des différents réseaux sociaux, la modération de ceux-ci n’est pas optimale. J’ai été d’ailleurs dernièrement victime sur Facebook de ces algorithmes de modération approximatifs. Un billet bien innocent parlant d’un week-end passé sous la couette a été tout simplement supprimé de ma page, probablement à cause de la photo montrant six pieds dépassant d’une couette.
D’accord la photo suggère une partie fine sous une couette impliquant trois personnes à priori consentantes. Il n’y a pas de fesses ni de tétons, juste la peau de la plante des pieds. Sérieusement, si cette image offusque Facebook c’est qu’ils sont devenus mormons !
Vous souvenez-vous des pubs Dunlopillo, des sketches des Nuls, des Inconnus, des films des années 70, des chansons de Serge Gainsbourg ? Le vingt et unième siècle n’a vraiment aucun humour et moi je deviens vieuxcon.
Quand sur YouTube un gars fait la promotion des armes à feu sous prétexte de parler de science j’ai envie de vomir. Quand un conspirationniste empoisonne les esprits fragiles sur X j’ai envie de hurler. Quand Facebook censure une image rigolote j’ai envie de pleurer.
Dehors il faisait gris et froid au point de remettre en route la chaudière. Alors, je me suis confortablement installé dans le canapé du salon et j’ai écouté le dernier album de Ocean of Slumber.
Cela tombait bien car l’agenda des prochaines semaines est bien chargé. Les concerts reprennent comme les accréditations photos, les activités associatives également, l’éclipse lunaire de ce matin augurait une nouvelle nuit blanche, l’exposition photo annuelle est dans les starting blocks et la rentrée musicale bat son plein.
Le samedi soir, après une petite promenade en montagne, j’aurais pu aller à un spectacle en centre-ville ou bien partir dans les Vosges observer les étoiles. Au lieu de cela j’ai pris une douche chaude, j’ai mis ma robe de chambre douillette et me suis installé devant le cinquième épisode des Anneaux de Pouvoir avant de me coucher sous la couette avec la Quête de l’Oiseau du Temps.
Nous sommes descendus dans le sud-est de la France jeudi en voiture pour troisième fois cette année. Ce n’est pas forcément notre destination de vacances favorite, nous préférons l’Italie, la Corse ou la Sardaigne mais dans la vie, difficile d’échapper à certaines obligations.
Avant de partir pour cette longue route, je suis passé dans un garage pour monter deux pneus neufs à l’avant car l’un d’entre eux donnait des signes d’usure inquiétants. Vous vous en foutez probablement pour l’instant de cette affaire de pneus mais c’est important pour la suite de l’histoire, alors notez le dans un coin.
Neuf heures de route passant de la pluie diluvienne au soleil de plomb pour prendre possession d’un gîte pas terrible mais doté d’une piscine afin que le séjour ait des airs de vacances.
La première nuit fut très calme, il faut dire que nous étions aussi les seuls locataires. Et sorti des deux gros chiens bergers du propriétaire qui aboyèrent de concert jusque minuit, pas un bruit. Le matin c’est aux aurores que le coq annonça à son harem qu’il était l’heure de passer à la casserole. Bienvenu à la campagne !
La seconde fut un enfer ! Des vosgiens venus en force pour un mariage ont pris possession de la maison mitoyenne à la nôtre. Après s’être installés, ils ont discuté bien fort dehors puis dedans jusqu’à point d’heure.
C’est là que nous avons découvert que les murs du gîte transmettaient tous les sons, le bruit de l’eau de la douche, le bruits des pas sur les marches d’escalier, les voix etc. Alors les éclats de rire et les chasses d’eaux…
Quelques heures plus tard, le coq se réveillait, encore…
La bonne nouvelle c’est que la troisième nuit nos fêtards n’étaient pas là. Ils se rendaient à un mariage et ne devaient que rentrer très tard.
Vous avez déjà été réveillés à trois heures du matin par une bande de jeunes imbibées qui fait un bordel monstre avant de se coucher. Bonne nouvelle vraiment ? Damned !
Le dimanche matin, le coq était toujours vivant.
La tête dans le fondement, nous aurions dû repartir dans l’autre sens pour plus de huit cent kilomètres d’autoroute avant une difficile journée de reprise du travail le lundi.
Mais voilà, la veille au soir vers 20h, voulant céder le passage à une voiture pressée, j’ai embrassé un trottoir avec mon pneu avant tout neuf. Le pneu a explosé propre et net, et c’est la galette qui l’a prestement remplacé grace au bons soins du petit jeune qui conduisait l’autre véhicule.
C’est là que l’on se dit que l’on rentre dans le troisième age. Lorsque un petit jeune a pitié de vous et remplace votre roue crevée… Bref.
Une galette signifie une vitesse maximale limitée à 80 km/h et pas de long trajet. Impossible de reprendre le chemin de l’Alsace le lendemain. Car le dimanche, les garagistes et vendeurs de pneumatiques sont fermés, même dans le sud-est de la France où tout le reste des commerces est ouvert.
Nous avons contacté l’assurance qui ne pouvait nous envoyer qu’une dépanneuse pour monter la roue de secours, ce qui était déjà fait. Nous avons recherché sur le Net des services de pneumatiques ouverts H24 qui se sont avérés fermés le dimanche. Nous avons cherché des garages ouverts, des stations services avec des pneus, mais rien dans un rayon de moins de 50 km.
Alors nous avons patienté jusqu’au lundi matin, passant un dimanche pluvieux chez les parents de mon épouse. Nous n’avions plus de gite, de chiens, de coqs ni de fêtards pour animer notre nuit provençale, juste une galère de pneu à trouver d’urgence pour meubler notre insomnie.
Lundi à 8h30 la voiture était fin prête pour reprendre la route équipée de deux nouveaux pneus 4 saisons 205/50 17 89 V. Oui car à force d’appeler les garages, je connais les dimensions de mes pneus par coeur. Sauf que manifestement l’équilibrage a été bâclé ou alors le train de direction a pris un pet dans casque. Car à partir de 120 km/h le volant de titine souffrait de la maladie de parkinson.
Malgré cette galère, nous avons trouvé le temps de visiter le magnifique prieuré de Ganagobie, les champs de lavande de Valensole, la piscine au combien vivifiante du gîte et surtout nous sommes rentrés entiers à la maison, certes fatigués et avec un jour de retard mais vivants. Ça aurait pu être pire.
Vendredi soir nous partions à trois quart d’heure de la maison avec le camion pour observer les étoiles. Le ciel n’était pas exceptionnel mais ce fut une chouette soirée passée à écouter l’intégrale de Cabrel en apprivoisant un peu plus le télescope de 600 mm. Seul hic, je me suis couché à six heures du matin.
Lundi soir, la nuit s’annonçait prometteuse. Mais afin de rester raisonnable, je ne suis sorti qu’à quinze minutes de Strasbourg pour une nouvelle session photographique. Finalement il y a eu beaucoup de nuages ce qui me m’a pas empêché de shooter deux objets assez difficiles mais pas la cible prévue. Du coup je suis tout même rentré à deux heures pour prendre le travail à sept.
Mercredi, vu que le ciel était prometteur et que mon objectif astro n’était pas atteint, nous nous sommes donnés rendez-vous sur la même prairie que vendredi et si j’étais bien décidé à revenir tôt, je me suis glissé sous la couette vers trois heures. À peine quatre petites heures d’un sommeil léger avant de retrouver le travail. Par contre j’ai empilé deux heures d’images sur les trois galaxies qui étaient dans ma liste de courses.
Samedi et Dimanche nous montions dans les Vosges pour un week-end astronomique avec le camion. Une longue nuit d’observation peuplé d’objets magnifiques ainsi que de planètes qui s’est achevée vers cinq heures du matin. Trois heures plus tard je buvais un café avant de préparer le rangement du télescope.
Et pour couronner le tout j’avais promis de couvrir le concert du groupe Toï Toï Toï le Dimanche à dix-heures à Bischheim. Alors à peine rentré à la maison, j’ai remplacé le matériel d’astronomie qui remplissait le coffre par deux boîtiers photo et quelques objectifs avant d’aller shooter sous un soleil écrasant le groupe de comédie musicale amateur.
Du coup je prends du retard sur tout, les chroniques, les photos, le ménage, le travail, le jardin et je passe mes journées en micro siestes plus ou moins discrètes.
Le bon côté de la chose c’est que j’accumule un peu plus d’expérience en astro photographie chaque nuit et que je me perfectionne sur Pixinsight en journée. J’ai accumulé plus d’heures de photographie du ciel profond en une semaine que depuis le premier janvier.
Le mauvais côté, c’est qu’il n’y aura probablement pas de chronique lundi car je n’ai pas eu le temps d’écouter de la musique sorti de Francis Cabrel pendant toute une nuit.
Comment faire tenir une batterie, un ordinateur, une lunette, deux caméras, un iPad, une boîte à flat, un masque de batinov, un bandeau réchauffeur, une lunette guide et plein de câbles dans la même valise ?
Lorsque je pars photographier les étoiles, j’emporte une valise, trois sacoches, un transat et un trépied. Un véritable déménagement et ça c’est lorsque je n’emmène pas le télescope en plus de la lunette.
Une fois arrivé sur le terrain je dois tout déballer et assembler ce matériel en priant pour n’avoir rien oublié. C’est assez fastidieux. Le plus délicat dans ce montage reste la fixation du réducteur de focale et de la caméra sur la lunette. Jusqu’à présent la longueur de l’ensemble monté (64 cm) ne rentrait pas dans une de mes mallettes.
Je me suis donc mis à la recherche d’une mallette de 700x400x200 mm minimum pour ranger le train optique complètement assemblé. Une mallette contenant de la mousse modulaire pour créer des compartiments à façon pour chacun des accessoires à emporter.
Jusqu’à 55 cm de longueur on trouve beaucoup de modèles sur internet à des tarifs raisonnables. Passé cette taille, les rangements se font rares et qui dit rare dit cher. Il faut taper dans les étuis pour guitare, les valises pour les archers, les mallettes conçues pour ranger des fusils ou des instruments d’astronomie. Les prix s’envolent tout de suite au delà de 200 euros, le poids augmente considérablement et le plus souvent la mousse n’est pas livrée avec.
Après de longues recherches j’ai finalement trouvé une mallette pour fusil d’assaut sur roulettes (russes) de 1130x410x160 mm avec une mousse à découper pour moins de cent euros. Bon elle pèse pas loin de dix kilos quand même.
Dedans je peux ranger le train optique complet sans avoir à le démonter : lunette, correcteur, allonges et caméra avec encore beaucoup de place pour d’autres accessoires : la batterie, la lunette guide avec sa caméra, des câbles, l’Asiair connecté, l’iPad, un masque de Batinov, un bandeau réchauffant et autres babioles.
Du coup il suffit que j’apporte en plus la mallette de la monture, le trépied en fibre de carbone et un contrepoids pour partir en expédition nocturne. Trop bien, même si elle est lourde.
La mallette a fait sensation chez les astronomes amateurs qui ont le même problème que moi. Enfin jusqu’au moment où je leur ai avoué qu’elle ne rentrait pas dans le coffre de la voiture…
Un de mes amis est venu s’installer à Strasbourg après plusieurs années passées à Rennes. Après quelques demandes de mutation il a obtenu un poste dans la capitale alsacienne.
La quête de l’appartement idéal a commencé et comme il me demandait conseil je lui ai fait peur avec la description de quelques quartiers où il ne faut pas habiter dans notre belle ville comme le Neuhof, Cronembourg ou la Museau.
Je lui en ai conseillé d’autres et il a jeté son dévolu sur un F3 à la Krutenau, à deux pas du centre-ville.
J’aurais mieux fait de me taire.
Évidemment le quartier est plus cher, beaucoup plus cher. Mais il a trouvé une location à un tarif raisonnable. Normal. Sorti de la cuisine et de la salle de bain, les trois autres pièces étaient, comment dire, à rafraîchir. Le propriétaire grand prince, payait la peinture.
Lors de l’état des lieux nous avons pu constater de visu à quoi ressemblait la bonne affaire visitée en virtuel. Murs beiges crasseux gardant la mémoire des meubles et des cadres des anciens locataires, balatum marqué cachant un plancher défoncé par endroits, fenêtres mal posées, radiateurs à la peinture écaillée, chasse d’eau fuyante, détecteur de fumée de hors service, paume de douche arrosant tout sauf le bac et trois portes manquantes cachées dans une cave puant la charogne et infestée de mouches à viande.
Pourquoi ne lui avais-je pas recommandé un appartement neuf en ZUP avec dealer sur le palier et milice facho dans les couloirs ?
Parce que voilà, quelques travaux s’imposaient avant l’arrivée des déménageurs.
Alors pendant le viaduc du quinze août, nous nous sommes armés d’éponges, de rouleaux, de pinceaux, de bâches, d’escabeaux et de pots de peinture pour rafraîchir l’appartement.
C’est toujours chouette d’avoir des amis qui s’installent à Strasbourg je vous jure ! Non content de squatter la maison, il volait mon grand WE du quinze août. Par trente degrés nous avons lessivé les murs et plafonds crasseux puis appliqué des couches de peinture blanche sur la fibre de verre.
L’objectif était de nettoyer au moins une pièce avant l’arrivée des déménageurs le mercredi suivant.
Vendredi matin courses à Leroy-Merlin. L’après-midi lessivage du salon noirci à la Saint-Marc. Samedi matin Ripolin blanche mate au murs et plafond, un peu aussi sur le sol et beaucoup sur la peau. Samedi après-midi lessivage de la première chambre aux murs moisis. Dimanche matin lessivage de la seconde chambre et peinture de la première jusque bien après l’heure du repas. Dimanche après-midi pause dans les hostilités, vautrés dans les canapés à ne rien faire.
Par chance, le lundi je reprenais le travail pour une dure semaine de labeur au bureau tandis que mon ami retournait à Strasbourg peindre la seconde chambre. Il fallait tout de même que je tonde la pelouse et nettoie le jardin laissé à l’abandon pendant plusieurs jours. Mais en comparaison des travaux de rafraîchissement, c’était du bonheur.
Le mardi soir, les trois pièces étaient habitables à quelques finitions près que le prochain locataire se fera un plaisir de réaliser. Ne reste plus qu’un affreux long couloir crasseux à repeindre, des toilettes dignes d’un musée de l’horreur et un petit couloir que vous n’osez imaginer ‘rafraîchir’.
Mais tout ça pour quoi ? Pour le plaisir de retrouver un vieux pote ? Non. Pour décrocher une promotion ? Non plus. Pour une fille ? Même pas. Non, rien de tout cela. Mon ami est venu à Strasbourg pour perfectionner son allemand. Sérieusement…
Depuis la pandémie de COVID-19 ce mot là est dans toutes les bouches. Beaucoup d’employés travaillent depuis leur domicile plusieurs jours par semaine. Enfin travaillent… Beaucoup gardent leurs enfants sans répondre au téléphone, d’autres font les courses ou la sieste, du bricolage ou encore du ménage.
Même pendant les confinements forcés, je disposais d’une dérogation pour venir au boulot. J’ai travaillé très occasionnellement à la maison, sur la table basse du salon, pestant de ne pas avoir mes dossiers sous la main et râlant contre le portable qui sonnait tout le temps, bref dans des conditions peu confortables.
Mias il y a quelques mois, mon épouse s’est aménagé un bureau douillet dans une pièce de la maison en bi-écran avec un fauteuil confortable pour télétravailler deux jours par semaine. Et je l’avoue, j’ai trouvé l’endroit plaisant.
Je ne suis qu’à dix minutes à vélo du travail, mon bureau est agréable et surtout, sur place je n’ai pas besoin d’être accroché au téléphone pour résoudre les problèmes.
Cependant, la retraite approchant, j’aimerais bien lever le pied, pouvoir profiter d’une journée supplémentaire à la maison pour gérer les travaux, les livraisons tout en faisant mon travail dans de bonnes conditions et mettre un peu de distance entre le bureau et moi. J’ai commencé par créer un compte épargne temps pour mettre de côté des jours de congés et partir plus tôt et à étudier les modalités d’un 80% progressif.
Comment ça je suis encore à six ans de la retraite ? Oui et alors, six ans c’est seulement 2200 jours, 52500 heures, à peine plus de 3 millions de minutes… Bon ok, je commence à en avoir mare de bosser.
J’ai donc rempli le formulaire de demande de télétravail. Un jour par semaine, le mercredi, lorsque mon épouse n’est pas à la maison afin de profiter de son bureau. Un jour où ma collègue est sur place pour gérer les fournisseurs, les chantiers et les enquiquineurs.
Je vais enfin pouvoir travailler en slip les jours de fortes chaleurs et en robe de chambre les matinées d’hiver tout en écoutant du death metal à 100 décibels.
Peu avant la mi-août, la Terre filant à toute vitesse sur son orbite solaire, traverse des nuages de poussières qui donne naissance aux étoiles filantes des perséides. C’est souvent l’occasion pour de nombreuses associations d’astronomie de faire découvrir le ciel au grand public, à condition bien sûr que la météo soit de la partie.
Cette année nous avions posé notre camp dans le Jardin Botanique à Strasbourg, au pied de la coupole pour la nuit. Le ciel était capricieux mais les prévisions annonçaient une nuit dégagée. Nous avons installé nos instruments dans une clairière herbue infestée de moustiques assoiffés.
J’avais amené le télescope pour montrer le ciel en visuel aux visiteurs et la lunette couplée à une caméra pour essayer de résoudre des problèmes techniques rencontrés au Champ du Feu le lundi précédent. Les nuits claires sont rares, il faut savoir profiter de la moindre occasion.
La ville de Strasbourg avait éteint les lumières du quartier pour l’occasion et les étoiles principales de quelques constellations étaient visibles à l’oeil nu. Par contre la Voie Lactée restait cachée à nos yeux. Strasbourg oblige…
Les portes du Jardin Botanique n’ouvraient qu’à 22h30 pour le grand public mais dès 21h, une queue s’était constituée devant l’entrée. Il faut dire que les visiteurs pourraient admirer la grande lunette de l’observatoire et observer les anneaux de Saturne dans son oculaire.
Je terminais de régler l’autoguidage de ma petite lunette de 72 quand je me suis aperçu que j’étais entouré de nombreuses personnes. Et quand la première image de la nébuleuse planétaire M27 s’esquissa sur la tablette les questions fusèrent : « c’est quoi comme instrument », « par où est-ce que l’on regarde », « c’est quoi le petit point flou sur l’écran », « comment ça marche », « ça coûte cher » ?
Je n’avais pas prévu de présenter cet instrument et me retrouvais coincé entre le télescope où des curieux s’agglutinaient et la lunette déjà bien ceinturée de personnes. Par chance Tim le canadien qui voulait tester le télescope avec son nouvel oculaire zoom 7-21 mm (que j’ai acheté le lendemain) a pris les choses en main. Après lui avoir montré comment fonctionnait l’engin, il a géré comme un grand avec un autre compère, Clovis chauffeur de l’Obsmobile, la longue file de curieux voulant coller un oeil à l’oculaire.
Pendant ce temps, je me retrouvais contre toute attente à expliquer à un public curieux les principes de l’astro photographie avec assurance alors que je débute à peine. J’ai réalisé que les images présentées sur une tablette avait nettement plus d’impact qu’un oeil brièvement collé à un oculaire. Le temps que la caméra cumule deux minutes d’exposition, j’expliquais le matériel aux personnes présentes, leur montrait des photos terminées, leur parlais de l’objet visé, galaxie, amas globulaire, nébuleuse planétaire, étoile double ou nébuleuse diffuse.
D’un groupe à l’autre, pointant chaque fois un nouvel objet, répondant aux multiples questions, montrant le matériel, repassant sur le télescope quelques secondes pour un réglage ou pour pointer Jupiter qui se levait, je fus surpris par l’appel de l’organisateur qui annonçait la fin de la soirée d’observation. Il était déjà une heure du matin et la coupole grouillait encore de visiteurs.
J’aurai pu être au Champ du Feu à photographier les Piliers de la Terre ou à observer une comète mais ce genre d’évènement est l’occasion de montrer le ciel aux curieux et qui sait de créer de nouvelles vocations. Ce soir là j’ai rencontré deux personnes bien décidées à franchir le cap après avoir admiré les objets que nous leur présentions. Et puis en cette période d’obscurantisme scientifique, il est essentiel d’expliquer que la Terre tourne autour du soleil, que l’homme a marché sur la lune et que notre planète n’est pas plate.
Le lendemain, malgré la fatigue, nous sommes quand même montés avec quelques membres de l’association sur les collines près de Cosswiller pour une nouvelle soirée d’observation plus paisible. L’obsmobile est restée au garage à cause d’une batterie à plat et pour ma part je n’étais monté qu’avec un transat pour regarder les étoiles avec mon épouse. Ce fut magique.
Ceux qui vivent en Alsace le savent bien, les prévisions météorologiques allemandes sont bien plus fiables que les françaises. Météo Suisse est beaucoup plus précise pour la montagne et les Dernières Nouvelles d’Alsace détestent Météo-France.
Je côtoie quelques astronomes amateurs alsaciens, du coup j’en entends des vertes et des pas mûres au sujet des prévisions météorologiques.
Car en astronomie, la couverture nuageuse, la vitesse du vent, l’humidité de l’air ou la hauteur de la couche d’inversion, la turbulence sont des facteurs déterminants pour la qualité d’une observation.
Certains utilisent Météoblue, d’autres Ventusky, Infoclimat et d’autres. Moi je me sers à la source, chez Météo-France où tournent les modèles. Et bizarrement, je ne suis pas souvent d’accord avec les analyses météorologiques des autres astronomes amateurs avec qui j’échange.
Précisons tout de suite que j’ai été un bien piètre prévisionniste à Roissy au début de ma carrière. Une science qui ne m’a jamais vraiment passionné pour être tout à fait honnête.
Alors j’utilise l’application Météo-France et ses pictogrammes assez basiques pour savoir le temps qu’il va faire comme tout un chacun. Hélas un picto de ciel clair ne signifie pas un ciel adapté à l’astronomie. Il peut y avoir un léger voile de nuages élevés qui va pourrir les photographies.
Comme je bosse dans cette petite administration tant décriée par tout le monde, j’ai un accès privilégié à la maison aux modèles ainsi qu’à l’imagerie radar et satellite depuis un navigateur web. Je peux consulter les prévisions à mailles fines à 48 heures des différentes couches nuageuses, les champs de vents au sol et en altitude et les températures pour savoir si je vais cailler.
Très souvent je vois circuler des informations farfelues sur le temps qu’il va faire sur le Whatsapp de l’association. Alors je rectifie en émettant les réserves d’usage car on parle ici de prévision, même à courte échéance, et sans me vanter, je gagne presque toujours à ce jeu, parce que, j’ai devant les yeux les observations satellites et les modèles, qui corroborent le plus souvent les pictogrammes colorés de Météo-France.
La concurrence utilise les mêmes observations et modèles que nous (nos observations et modèles en fait). Certains de leurs produits possèdent des looks plus sexy que les nôtres. Ce sont les mêmes données qui les alimentent mais probablement pas à la même fréquence.
Plusieurs dizaines de prévisionnistes travaillent 24 heures sur 24 pour choisir le modèle, élaborer la vigilance, rédiger des bulletins et surveiller l’évolution de la situation météorologique. Certes, ce sont ces fainéants de fonctionnaires qui ont prévu 4 cm de neige sur la région parisienne au lieu des 6 qui sont tombés provoquant la colère d’un ministre anti fonction publique.
Mais quoiqu’en pensent les alsacos plongés dans la passionnante lecture des DNA, nos prévisions sont bonnes, même très bonnes. Et dans le petit groupe WhatsApp des astronomes, on me contacte de plus en plus souvent pour avoir la situation météorologique de la nuit à venir alors que je suis qu’une brêle en prévisions. Le défaut c’est que je suis devenu l’oiseau de mauvaise augure du groupe WhatsApp. C’est moi qui annonce les mauvaises nouvelles, les évènements qui devront être annulés, les nuits nuageuses, mais je suis aussi celui qui promet parfois une petite fenêtre inespérée entre deux perturbations.
Le mercure frôlait les trente degrés. Je n’avais pas beaucoup dormi la nuit précédente et un mal de dos me clouait dans le canapé après une dure journée de travail. J’étais fatigué et j’avais soif. C’est comme cela que j’ai commis l’irréparable.
Jamais ce genre de produit n’aurait franchi le seuil de ma porte de mon plein gré. Je respecte encore quelques valeurs dans ma vie dissolue.
Les canettes sont arrivées dans les bras d’une jeune fille innocente qui ne savait pas. Une musicienne, ce qui excuse bien des choses. Ce soir là une seule des bouteilles apportées a été à peine entamée sur le pack de six et certainement pas par moi. A la place j’ai dégusté un excellent vin d’Alsace.
Le reste du breuvage a terminé sa vie dans l’évier, aidant à déboucher les canalisations.
Restaient toutefois cinq petites bouteilles encombrantes de 27.5 cl que j’ai caché honteusement au fond de la réserve en attendant de m’en débarrasser.
Mais l’autre soir, tout plein de monde a débarqué presque à l’improviste pour jouer dans le salon. J’avais bien préparé des salades et ma femme des desserts, mais pour les rafraîchissements il ne me restait que du Riesling, une bière blanche, une bouteille de cidre et du jus de pomme. Alors j’ai glissé quelques unes de ces bouteilles interdites au réfrigérateur, imaginant à tord qu’il s’agissait d’une boisson de musicien et que certains en boiraient peut-être.
Hélas, j’ai complètement oublié de les sortir du frigidaire. On appelle ça un acte manqué en psychologie. Du coup j’avais toujours 5 bouteilles en stock. Le lendemain, en rentrant du travail, mourant de soif, j’ai attrapé le premier truc frais qui me tombait sous la main. La fameuse bouteille.
De l’eau, du sucre, du citron, presque une citronnade s’il n’y avait du malt d’orge, du CO2 pour faire roter et plein de cochonneries comme de la gomme d’acacia, des extraits de houblon et des arômes naturels inconnus ainsi que du concentré. J’étais en train de boire un ersatz de panaché sans bière ni limonade, une pseudo blonde sans alcool mélangée à une pseudo limonade anorexique. Déjà que je suis pas fan du panaché et que je n’ai jamais compris l’intérêt de boire une bière sans ressentir la douce ivresse qui l’accompagne, là j’ai été servi.
A la première gorgée, le cerveau conditionné espère rapidement voir l’alcool agir sur les neurotransmetteurs mais après avoir descendu la bouteille, la déception arrive. L’oeil tombe sur le 0.0 % d’alcool écrit en trop petit pour être honnête. L’amertume tant attendue disparaît dans le sucre et l’acidité promise est tuée par le concentré. Les bulles trop petites restent coincées dans l’œsophage gonflant un nuage qui se refuse à sortir bruyamment. Et en fin de bouche il ne reste qu’un arrière goût bilieux désagréable et aucune envie d’en décapsuler une seconde.
Après cette expérience traumatisante j’espère n’avoir jamais à m’inscrire aux alcooliques anonymes. Car ne pas boire d’alcool ne m’empêche pas de vivre. Par contre avaler cette hérésie, cela frise la torture. Vivement que des musiciens repassent à la maison pour que je me débarrasse du stock.