IGNEA – dreams of lands unseen

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Aujourd’hui, Chroniques en Images soutient une nouvelle fois l’effort de guerre contre la Russie en vous présentant un groupe venu de Kiev. Bon, pour être honnête, je ne cherche pas à financer les drônes qui s’abattent sur Moscou. J’ai juste envie d’écouter de la bonne musique.

IGNEA est une formation de metal symphonique ukrainienne à deux voix et deux langues. D’un côté un chant clair féminin délicieux en anglais et en ukrainien, de l’autre un growl granuleux, tout ça produit par les mêmes cordes vocales, celles de Helle Bohdwnova.

Le concept album Dreams of Land Unseen raconte la vie et le travail de la photographe et reporter ukrainienne Sofia Yablonska née en 1907. Elle a vécu en France à partir de 1927 et parcourt le monde , le Maroc, la Chine l’Indochine, le Sri Lanka, le Laos, le Cambodge,  les îles de Java, Bali et Tahiti, l’Australie, les États-Unis et le Canada. Une artiste qui a documenté la vie de tribus indigènes de part le monde.

L’album est donc une sorte de voyage metal progressif symphonique avec quelques touches de world music, cinquante pourcent de growl et une très belle voix pas forcément dans les canons du genre. Dépaysement garanti, un road trip allant des dunes du Sahara jusqu’à l’opium chinois.

Le contraste entre growl et chant clair est vraiment saisissant lorsque vous découvrez leur musique, un peu trop peut-être mais après quelques écoutes l’oreille s’adapte. Les claviers de Yevhenii Zhytniuk aux motifs électros symphoniques apportent la touche metal progressive à cet album ainsi que les éléments orientaux et asiatiques qui colorient la musique.

‘Dunes’, ‘To No One I Owe’ ou ‘Nomad’s Luck’ donnent dans l’oriental quand ‘The Golden Shell’ et ‘Opiumist’ font dans les chinoiseries. Il y a même du djent dans ‘Zénith’ et ‘Incurable Disease’ pour ceux qui n’aiment pas l’exotisme.

Autant j’aime beaucoup les influences metal oriental dans cet album, autant les touches venus du pays du soleil levant me tapent un petit peu sur les nerfs. Il faut dire que je ne suis pas vraiment fan des chinoiseries sauf en cuisine. C’est tout particulièrement le cas avec ‘The Golden Sun’ qui donne dans le cliché asiatique pour touriste.

‘Opiumist’ au son d’un erhu numérisé, de claviers électros et peuplé de bruitages et de voix passe nettement mieux, d’autant que sa seconde partie metal avec le chanteur de Before the Dawn décrasse bien les oreilles.

Restent quelques pièces, de facture plus classiques, comme l’excellent death metal électro ‘Camera Obscura’ qui fait figure de tube sur cet album ou encore ‘Incurable Disease’. Elles équilibrent intelligemment l’ensemble.

Dreams of Land Unseen n’est pas un album fondamentalement révolutionnaire mais quelques points le distingue des autres productions du genre : de forts contrastes vocaux, le timbre de la chanteuse, des éléments world music et le concept lui même, car écouter la vie d’une photographe me change clairement des trucs démoniaques et des histoires de science fiction.

Les albums du groupe IGNEA méritent clairement  la découverte, sur Bandcamp par exemple, d’autant que les concepts se suivent sans se ressembler, de la conquête spatiale jusqu’à la photographie.

Illuminated Void – Veriditas

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Lorsque mes yeux se sont posés sur la pochette de Veriditas, la curiosité l’a emporté sur la défiance et je me suis plongé dans ces cinq titres combinant presque toutes les étiquettes du metal et du prog.

Psyché, doom, sludge, stoner, post metal, desert rock, Illuminated Void est inclassable, un peu dans la veine de King Buffalo, le growl en prime. Le groupe né en 2021 dans le Wisconsin, sort ici son troisième album. Leurs influences sont à chercher du côté d’Anathema, de Paradise Lost et même de Pink Floyd, et les thèmes abordés dans les textes s’inspirent de l’ésotérisme.

Veriditas s’ouvre et se clôture sur deux titres fleuves de seize minutes et trente-trois secondes au milieu desquels prennent place trois autres pièces nettement plus raisonnables.

‘The Maze of Sleep’ et ‘Veriditas/Equinox’, en plus de posséder la même durée, ont globalement la même structure. Ils sont écrits en deux parties avec la seconde qui est acoustique. Le chant y est growlé au début et les pièces sont principalement instrumentales.

Mais revenons à la pochette, ce visage buisson nimbé de lumière froide qui s’ouvre comme un chemin et que deux silhouettes empruntent pour atteindre un havre de lumière, peut-être le chemin de l’âme. Si l’édition vinyle de cette merveille existait, je serais bien tenté pour me l’offrir tellement j’aime le visuel.

Veriditas est un album solo signé Matt Schmitz. Les quarante-huit illustrations noir et blanc du livret comme la couverture couleur sont l’oeuvre du même bonhomme, aidé de l’IA Midjourney. Un truc de fou, comme les paroles bien fumées.

‘Virgo Luciferia’ est certainement le titre qui se rapproche le plus de l’univers de King Buffalo. Nous nageons en plein psyché au chant scandé comme une transe même si ici, les textes sont un peu criés quand même. Son écriture est aussi moins linéaire et laisse place à un break suivi d’un solo de guitare de derrière les fagots avant de revenir au trip initial.

‘The Narrow Gate’ est un instrumental où flotte un growl évanescent (oui je sais, dit comme ça, ça fait bizarre) et des chœurs lointains sur quelques notes électroniques.

‘God Is An All Consuming Fire’ est une chanson jouée au coin du feu (pardon, j’ai honte). Un titre acoustique à la Anathema soutenu par des choeurs samplés où, pour la première fois, je sens la marque du projet solo, le côté minimaliste du pauvre qui aurait bien eu besoin de la contribution d’autres musiciens pour vraiment fonctionner.

Partagé par Katha sur twitter, ce troisième album de Illuminated Void est une très belle découverte disponible sur Bandcamp pour tous les amateurs de psyché, stoner, sludge, doom etc, etc. Je vous le recommande, surtout si vous aimez King Buffalo et le metal.

Dymna Lotva – The Land Under the Black Wings : Blood

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Angry Metal Guy l’a découvert, Alias en a fait les éloges et je l’ai acheté. The Land Under the Black Wings : Blood est un album du groupe biélorusse Dymna Lotva et si plein de monde l’a encensé, ce n’est pas sans raison. Du coup, je n’ai pu résister à l’envie de vous le présenter à mon tour.

On parle ici de soixante douze minutes de post black metal torturé et treize morceaux que j’écoute en boucle depuis son achat.

L’album a tout pour faire peur, plus d’une heure de doom post metal avec pas mal de cris et de growl, une thématique glauque à souhait et un artwork morbide. Je l’ai pourtant adopté dès la première écoute comme ma chérie, pourtant assez douillette avec ce genre d’atmosphère lugubre.

Deux voix se rencontrent ici sur un post metal riche en sonorités, disons exotiques pour le genre, comme des cloches, du saxophone, des cordes, beaucoup de piano, des choeurs, des pleurs d’enfant, les paroles d’une femme, des hurlements (plein) et pas mal de guitares mandolines.

Le duo a l’air bien atteint, tout particulièrement la chanteuse aux bras recouverts de scarifications. Mais après ce qu’ils ont traversé dans la vie, on peut comprendre.

Étrangement, tout cela est très mélodique et homogène, à tel point que l’on croirait entendre un unique titre long de soixante douze minutes. L’album aurait pu figurer comme BO de l’Exorciste ou de Dracula avec ses hurlements et son écriture très cinématique. Sauf qu’ici on ne parle pas de fantastique, mais d’horreurs bien réelles. The Land Under the Black Wings : Blood parle en effet de l’occupation de la Biélorussie pendant la seconde guerre mondiale et fait étrangement écho à la répression sanglante dans ce pays et l’actuelle guerre en Ukraine.

Le quatrième morceau, très justement intitulé l’’Enfer’, devrait vous hérisser les cheveux sur la tête. Tout commence par un enfant parlant d’étrange manière pendant qu’un autre pleure sur un doom martial martelé au piano. Puis soudain, la chanteuse se met à hurler d’effrayante manière comme si un soldat russe lui arrachait les tripes. Et le titre poursuit, après un passage de saxophone dans de nouveaux hurlements de terreur. Un assemblage assez effrayant qui pourtant donne un morceau étonnamment mélodique.

Et si l’album comporte quelques passages relativement éthérés, dans l’ensemble le groupe ne relâche pas la pression. Il faut dire que le thème abordé ici est celui de l’oppression. Normal pour un groupe biélorusse qui s’est exilé en Ukraine avant de fuir vers la Pologne sous une pluie de missiles russes.

Ne tournons pas autour du pot. Cet album est une énorme claque dans la gueule de nos camarades popov. The Land Under the Black Wings : Blood rentre de ce pas dans la petite liste des albums de l’année. Je l’ai tellement aimé que je viens de commander l’édition digipack deux CDs.

Toutefois, avant de vous jeter sur le vinyle ou une autre édition, allez l’écouter d’abord sur Bandcamp, surtout si vous n’êtes pas un métalleux. Vous pourriez prendre peur.

The Resonance Project – Ad Astra

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C’est Katha qui a fait la publicité de l’album Ad Astra sur un réseau social classé X. Dans sa longue liste de découvertes 2023, figurait ce duo de métal progressif instrumental américain et leur dernier album huit titres.

Je ne suis pas forcément fan d’albums instrumentaux et ce n’est pas le dernier morceau ‘End of Time’, qui lui est chanté,  qui a fait pencher la balance du bon côté. Je pense que c’est sa richesse de styles et de sons qui m’a séduite. 

The Resonance Project se compose de Yas Nomura à la guitare et à la basse ainsi que de Lang Zhao à la batterie et aux arrangements comme ces chœurs à la Pink Floyd dans le titre album. De nombreux invités accompagnent le duo sur Ad Astra, des artistes que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam mais qui, je l’avoue, apportent d’autres sonorités aux compositions des deux musiciens.

Pour la musique, si vous connaissez Plini, vous êtes en terrain conquis.  Le groupe joue un métal progressif djent à guitares au feeling jazzy. 

Vous savez sans doute combien j’aime les cuivres. Avec ‘Prophecy’ je suis servi. La trompette de Aaron Janik éclaire le metal prog électro de sublime manière. A côté de cela ‘Void’ donne dans le djent expérimental nettement moins mélodique, le genre de truc qui réveille les morts et ‘Macrocosm’ qui suit, tabasse pas mal également. 

Mais dans l’ensemble, Ad Astra se révèle très mélodique et cinématique, secoué ici ou là par de belles doses de poutrage. ‘Gem’ est une pièce très jazzy de l’album dans laquelle Adrien Feraud nous donne une belle leçon de basse claire sur la mélodie de Yas. Une atmosphère à la Brazil pour ceux qui connaissent le film.

J’avoue que ‘End of Time’ avec la voix de Dino Jelusick me laisse dubitatif. Les première secondes chantée ‘Rain seemed like etc’ sonnent vraiment bancales à mes oreilles. Mais dès qu’il part dans un registre crié, limite growl, cela devient vraiment excellent et même lorsqu’il revient au chant clair vers la cinquième minute, c’est encore très bon.

Je recommande chaudement Ad Astra aux amateurs de metal progressif instrumental. Vous pouvez le découvrir comme je l‘ai fait sur Bandcamp et plus si affinités bien sur. Et encore une fois, merci à Katha pour la découverte.

Marek Arnold – ArtRock Project

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Marek Arnold, amateur de mini Cooper, de bonnets sans pompons, de petites lunettes rectangulaires, claviériste, clarinettiste et saxophoniste allemand mais aussi musicien dans de nombreux groupes comme seven steps to the green door, Cyril, Toxic Smile, Flaming Row ou UPF, vient de sortir son premier album solo. Bon solo, c’est beaucoup dire étant donné l’impressionnant nombre d’invités présents comme Craig Blundell, Kalle Wallner, Steve Unruh, Marco Minnemann, Luke Machin ou Derek Sherinian.

ArtRock Project se présente sous forme d’un double vinyle bleu d’une heure et quart contenant sept morceaux.

Oui cela donne une moyenne de plus de dix minutes par titre. Il faut dire que l’album débute par une pièce de plus de seize minutes et s’achève par six pistes qui forment le morceau ‘Berlin 2049’, long de près d’une demie heure tout de même.

Avec les vinyles, sont arrivés plein de goodies, un chocolat au lait que j’ai mangé, des dessous de verre rangés dans le bar avec ceux de Wakeman vs Wilson, John Reed, Suidakra et Burning Shed, un stylo bic classos qui a servi à écrire cette chronique, une carte de téléchargement pour la version digitale et une autre avec un petit mot manuscrit en allemand signé par Marek que je range avec mes autres dédicaces. C’était une édition limitée assez coûteuse mais je suis fan de l’artiste depuis que j’ai découvert le groupe seven steps to the green door il y a une vingtaine d’années grâce à mon amie Suze Merlin.

Bon, c’est sympa tout ça, mais, il est comment cet album au fait ? La réponse ne va pas être simple. ArtRock Project est un patchwork musical pour de nombreuses raisons.

Il y a tout d’abord la multitude des voix et musiciens qui se rencontrent ici. Au passage on y retrouve Melanie Mau et Martin Schnella mais également Ulf Reinhart ou Anne Trautmann, des artistes que je connais depuis assez longtemps.

Ensuite l’album oscille entre art rock, prog et metal progressif sans trouver une réelle direction musicale. Du coup on passe du coq à l’âne un peu comme chez UPF ou seven steps to the green door. Cela exige un bel effort de concentration sur la durée, croyez-moi.

Les six pistes de ‘Berlin 2049’ sont plus cohérentes. Ceci dit, c’est normal puisqu’il s’agit d’un mini concept de vingt-six minutes. C’est aussi mon morceau favori avec le premier en trois parties, ‘A Story Of Separation and Lost’. Ce dernier, fort de plus seize minutes d’écoute, de claviers metal progressif, de violon, de guitares déchaînées et de piano jazzy, est un feu d’artifice instrumental avec la voix de Larry sur quelques couplets et refrains. De la grandiloquence certes, mais suffisamment bien dosée pour que l’on ne soit pas submergé avec en prime deux instrumentaux cinématiques pour emballer le tout.

Avec ‘Stay’, je retrouve mes deux amis Melanie et Martin en compagnie de nombreux autres artistes comme le guitariste de RPWL.  Même s’il y a quelques belles envolées et malgré le violon de Steve et le saxo de Marek, je trouve le titre relativement convenu après le premier triptyque.

‘A Time of Mystery’ est un délicat interlude acoustique où Manuel Schmid pose sa voix sur les instruments à vent de Marek. J’adore le morceau mais j’avoue qu’il arrive un peu comme un cheveux sur la soupe au milieu de cet album.

Le ‘Papillion’ de dix minutes est dans la veine d’une seven steps to the green door, débutant au piano et saxophone avec la voix du chanteur de Subsignal pour s’électrifier vers la moitié.

‘Come Away with Me’ chanté par Zeynah est une agréable guimauve qui ne marquera pas les esprits et si ‘Cold Run’ semble prendre le même chemin, le titre épouse rapidement une forme orchestrale tumultueuse qui nous extirpe d’un début de torpeur.

Reste ‘Berlin 2049’. Le titre aurait pu constituer un mini album à lui seul. En fait Artrock Project mérite la découverte rien que pour ce morceau. Marek y raconte une histoire futuriste et le visuel du vinyle est très probablement celui du titre. Un vaisseau qui vole près des gratte-ciel avec Marek Arnold aux commandes devant sa table de mixage. Pour couronner le tout, il y a un solo de trompette sur ‘Rain will fall 1’. Et j’adore la trompette.

‘Rain will fall 2’ est sans doute ma partie favorite avec Anne au chant. J’aime également beaucoup ‘Berlin’ et ‘Riding the line’ où une voix off décrit le monde en 2049. Je suis un peu moins fan toutefois de la troisième partie funk électro rock ‘Leave well enough alone’.

Ne nous mentons pas. Il faut quelques écoutes pour apprivoiser l’album. Les morceaux faibles prennent peu à peu leur place entre les deux géants. ArtRock Project finit par devenir un tout, certes un peu hétérogène, mais très plaisant à écouter avec de grands temps forts. Dommage qu’on ne puisse pas l’écouter sur Bandcamp.

Amarok – Hero

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Vous connaissez bien évidemment le groupe polonais Amarok. Ben pas moi en fait. Il aura fallu l’annonce de leur concert le samedi 18 novembre Chez Paulette par l’association ArpegiA pour que je me penche sur leur musique. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, si ?

J’ai choisi le dernier album studio du groupe, Hero, sorti en 2021, pour me forger une opinion sur cette formation aux influences floydienne et wilsoniennes venue de l’Est. Un album sept titres de moins de trois quart d’heure qui donne dans le rock progressif ambiant avec beaucoup de claviers et de guitares gilmouriennes joués par le frontman et chanteur Michal Wojtas.

Si depuis 2001, les album de Amarok sont principalement instrumentaux avec quelques invités venus de groupes connus comme Camel et Riverside, Hero, lui, est un concept à textes avec un seul titre sans paroles, ‘The Dark Parade’. J’ai survolé la discographie du groupe depuis 2001 et même les albums solo de Michal et il faut bien reconnaître que l’artiste explore de nombreux genres, de Pink Floyd à la world music en passant par la danse. Je n’ai pas tout adopté, loin s’en faut, mais Hero, que certains considèrent comme sa plus belle production, a su parler à mon cœur.

Hero parle de notre planète qui se meurt. Et malgré un thème assez lugubre, l’album laisse planer une touche d’espoir dans les textes.

‘Is not the end’ qui ouvre l’album, me fait beaucoup songer à du Riverside quand ‘Hero’ donne dans le Pink Floyd, notamment si vous écoutez la basse. ‘What you sow’ m’évoque Satellite, ‘Hail ! Hail ! Al’ et tout particulièrement ‘The Dark Parade’ me ramènent à Porcupine Tree. Alors du coup on se pose quand même quelques questions sur l’identité de la musique composée par Michal car elle emprunte beaucoup à des monstres sacrés. D’un autre côté l’album est varié et très agréable à écouter. Alors bon.

Un de mes morceaux préférés s’intitule ‘It’s not the end’. Une pièce d’un peu plus de cinq minutes qui emprunte un peu à Mariusz Duda et Steven Wilson. Son ouverture presque folk est d’une grande pureté et le final, quasi instrumental vous rappellera certainement les riffs rageurs de Porcupine Tree. Autre point d’orgue de l’album, le titre très floydien ‘Hero’ au refrain magnifique.

Mais je ne vous cache pas que j’adore tous les morceaux de cet album. S’il n’est pas fondamentalement original, il est très beau, riche en émotions et possède des références très confortables.

Du coup mon 18 novembre est réservé pour aller écouter Amarok chez Paulette. Je vous invite vivement à faire de même, écoutez le sur Bandcamp. Vous m’en direz des nouvelles.

Big Big Train – Ingenious Devices

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En attendant de retrouver une certaine stabilité après la brutale disparition de David, Big Big Train recycle du matériel.

Ingenious Devices met au goût du jour trois grands formats de leur discographie, des morceaux ré enregistrés chez Peter Gabriel avec des cordes. Il nous offre également un titre live et y ajoute un inédit d’une minute et vingt secondes.

Je connais tous ces titres sortis de court ‘The Book of Ingenious Devices’ ce qui ne m’a pas empêché de m’offrir l’album. En fait pour tout vous dire, je n’avais même pas réalisé qu’il s’agissait de morceaux déjà enregistrés sur de précédents albums.

Je me suis dit, chouette, un nouveau Big Big Train. Et bien non. Suis-je déçu pour autant ? Ben non, pas vraiment en fait. Car si j’ai presque toute la discographie de Big Big Train, je ne l’écoute pas très souvent. A la sortie de l’album le disque tourne en boucle à la maison et une fois rangé, je n’y revient plus beaucoup. Il y a tellement de musique à écouter.

L’album est une sorte de compilation musicale et technologique avec une trilogie des rails jusqu’à l’espace.

Le premier morceau ‘East Coast Racer’ est tiré de English Electric Part Two. Le titre gagne trois secondes et beaucoup de cordes au passage ainsi que plein de cuivres, des arrangements que le groupe ne pouvait s’offrir à l’époque.

‘The Book of Ingenious Devices’ jette un pont entre ‘East Coast racer’ et ‘Brooklands. Le huitième titre de Folklore perd quelques secondes mais gagne une nouvelle section rythmique au passage. Il s’agit, d’après moi, du plus réussi des trois morceaux de cet album. Je trouve que l’apport des cordes est particulièrement brillant ici.

La sonde ‘Voyager’ en sept parties est né dans Grand Tour en 2019. Le titre était déjà enregistré à l’époque avec un bel ensemble à cordes.

Enfin la version live de ‘Atlantic Cable’, un titre de Common Ground, n’a hélas pas trouvé grâce à mes oreilles et la raison de ce désamour n’est pas bien compliquée à comprendre. Ce n’est pas David qui chante mais Alberto Bravin. Et vous savez comme je suis douillet avec les voix. Déjà que la version studio de 2021 ne m’avait pas vraiment fait grimper au rideau, je trouve celle-ci relativement bordélique.

Ingenious Devices n’est clairement pas indispensable. Les fans de Big Big Train agrémenteront leur collection avec, pour ma part je vais me contenter de la version digitale.

Tout plein de musique

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Depuis une grosse quinzaine je ne sais pas ce qui m’arrive, mais j’écoute tout plein de musique. 

D’ordinaire je survole deux à trois albums par semaine, là c’est plutôt le nombre de disques que je commande, quand à ceux dont j’écoute des extraits, j’en ai perdu le compte.

J’ai presque l’impression d’être revenu à la période de forçat du magazine Neoprog, sauf que là je le fais principalement par curiosité et plaisir.

Il y a bien entendu la rentrée de septembre  qui se profile avec toutes ses nouveautés mais je me penche également beaucoup sur des sorties plus anciennes, proposées par des blogueurs et mes contacts sur Twitter, pardon, X.com.

Le contenu de ces musiques est relativement éclectique : rock progressif, metal, metal progressif, djent, art-rock, synthwave, post-rock… Bref un peu tout le temps la même chose au final.

Il faut dire qu’avec Bandcamp c’est facile de découvrir de la musique, encore plus de la commander ensuite. Du coup j’ai acheté des albums de Amarok, de The Resonance Project, de Marek Arnold, de Ne Obliviscaris, de Pendragon, de Quadrivium, de Voyager, de Illuminated Void, de Atomic Symphony, de Aisles, de Karmamoi, de AVKRVST ou encore de Nine Skies sans parler de Peter Gabriel avec son dernier titre ‘Olive Tree’.

Je commande en édition physique les trucs introuvables sur Bandcamp comme AVKRUST, le label Inside Out n’ayant toujours pas créé un compte sur cette plateforme, et également quelques albums qui sont tellement bons qu’il me faut un support car sinon le digital va s’user (vous savez ces petits 0 et 1 émoussés à force de les passer dans un microprocesseur) comme pour Voyager ou Einar Solberg. Du coup mon disque dur se remplit plus vite que mes étagères ce qui n’est pas plus mal pour la planète.

Je ne vais pas tout chroniquer bien évidemment, avec deux à trois achats par semaine et une chronique le lundi, il n’y a pas de place pour tout le monde. Je rédige beaucoup plus de brouillons de critiques que je n’enregistre de vidéos. Du coup, le vendredi, jour de l’enregistrement le plus souvent, je pioche parmi les textes déjà finalisés pour réaliser la Chronique en Images.

Alors je ne parlerai peut-être pas du très bel EP de Pendragon, des morceaux de I/O avant la sortie de l’album de Peter Gabriel, de Ne Obliviscaris ou de Bahamut de Aisles pour vous faire découvrir à la place Quadrivium, Amarok ou The Resonance Project. L’idée c’est de vous présenter de nouvelles choses même si ce sont les groupes mainstream qui sont plébiscités sur mes vidéos : Lazuli et Marillion en tête.

Voyager – Fearless in Love

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Nous partons aujourd’hui au pays des kangourous. 13 à 18 heures d’avion avec escales, le cauchemar absolu pour une personne comme moi qui déteste les voyages.

Par chance, à l’ère du numérique, il est possible de découvrir l’album d’un groupe australien le jour de sa sortie, sans décalage horaire.

Voyager est une formation avec laquelle je ne suis pas toujours en phase, même si je reconnais le talent évident de ses membres. Ceci dit, lorsque j’ai écouté les premiers extraits de Fearless in Love, j’ai aussitôt commandé l’album.

Il est arrivé le 14 juillet et du fait des restrictions imposées par la sécheresse qui sévit dans notre région, c’est lui qui a été mon feu d’artifice.

Les cinq titres proposés lors de la pré commande m’avaient tout simplement bluffés et si dans les six autres, certains se révèlent moins percutants, Fearless in Love monte sur le podium 2023. Onze pièces pour trois quart d’heure de musique, le nouveau Voyager concilie pop progressive, metal et électro avec brio. Une sorte d’incroyable mélange de Muse, Devin Townsend, The Pineapple Thief et Leprous.

Dans l’album il y a des titres synthwave eighties matinée de metal façon fête foraine comme dans le fabuleux ‘Dreamer’ ou encore ‘Promise’ et ‘Daydream’. La musique de Voyager possède un côté metal festif, un évident côté Eurovision commercial qui aurait dû m’énerver au plus haut point et que aujourd’hui je surkiffe. Comme quoi on peut changer, vous me direz si c’est en bien ou en mal.

La pochette bleue, deux mains entrelacées façon Yin et Yang se décline au dos du vinyle  – oui car après avoir acheté le digital j’ai craqué pour la galette 33 tours – , bref se décline au dos à la manière de Léonard de Vinci dans La Création d’Adam, une main ouverte masculine dans le bleu océan et un doigt tendu féminin, dans l’azur. A l’intérieur, sur deux panneaux, les deux mains sur fond rouge s’agrippent. Un artwork qui évoque le couple, l’amour comme le titre Fearless in Love. Par contre les textes, pleins de répétitions ne m’ont pas beaucoup éclairés sur leur sens, alors je me suis concentré sur la musique.

J’ai parlé au début de cette chronique de titres un peu plus faibles. En réalité, il n’y en a qu’un, ‘The Lamenting’, une pièce nettement moins bling bling que ‘Ultraviolet’ par exemple et qui me fait penser à du The Pineapple Thief. Le titre m’a dérangé à la première écoute de l’album, maintenant il a trouvé sa place dans Fearless in Love et je n’ai plus rien à lui reprocher.

Le nouveau Voyager est sur le podium, juste à côté de 16 de Einar Solberg. Seul le temps et les écoutes pourront peut-être les départager. Deux albums majeurs de l’année à découvrir d’urgence.

Jazz à la Petite France

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Ma culture en matière de Jazz est proche de moins l’infini. Celle de mon épouse également, centrée qu’elle est depuis des années sur la musique classique. 

Mais cette année, comme depuis deux ans, dans le quartier de la Petite France à Strasbourg, prend place un festival de jazz en plein air, alors pourquoi ne pas aller y jeter une oreille après tout  ? D’autant qu’il s’agit d’une musique particulièrement bien taillée pour le live.

La scène était dressée place Saint Thomas, à l’ombre des arbres, non loin de l’école de musique de mon épouse. Derrière les sièges pouvant accueillir de nombreux mélomanes, des tables prenaient place pour se restaurer de tartes flambées dont l’odeur alléchante parvenait jusqu’au premier rang.

Un festival gratuit en partie financé par des sponsors comme la ville de Strasbourg et par une incitation aux dons, sur internet avec un QR code apposé sur chaque siège et des personnes faisant la quête comme à l’église après le premier concert.

Nous n’avons assisté qu’aux concerts du samedi et du dimanche, et encore pas à tous. Le festival ouvrait ses portes vers 17h30 pour quatre live à chaque fois, une programmation très éclectique allant de la world music à l’électro en passant quand même par le jazz.


Las Bakkavas ouvrait les hostilités samedi à 17h15. Un groupe amateur local proposant une musique du monde à cinq chanteuses, violon, basse, batterie, accordéon, saxo et claviers. Ce n’était pas transcendant mais nous avons passé un bon moment. 


Venait ensuite l’Abraham Reunion, un quatuor acoustique, piano, contrebasse, batterie et chant mêlant jazz et musiques créoles. Un frère et deux sœurs accompagnés d’un excellent batteur. Ce fut certainement le meilleur concert des deux soirs. La pianiste était percussive et mélodique à la fois, la contrebasse distillaient de belles notes graves en contrepoint, la batterie très présente savaient rester en retrait pour n’écraser personne et la chanteuse, même si je n’étais pas fan de son timbre, possédait une impressionnante tessiture lui permettant de tout faire.


Après une pause burger mérité, nous avons une bonne adresse pas loin de la place, nous sommes revenus pour Los Negros Soundsystem un duo jeune saxophoniste et dj chenu. Un titre nous a convaincu de rentrer à la maison digérer notre frites d’autant que des averses menaçaient de tout arroser, malgré les stupidités que proféraient un spectateur derrière nous sur les prévisions de Météo-France. D’ailleurs, à peine arrivés à la maison, toute la ville était sous la pluie.


Le lendemain à 17h30 la flutiste Naïssam Jalal ouvrait les hostilités avec ses rituels, entre méditation, chamanisme et yoga tantrique. Le quatuor batterie, contrebasse, violoncelle et flûte n’a pas convaincu le matérialiste que je suis, pas plus que mon épouse qui a failli devenir folle. Son estomac criait famine, les longs morceaux l’ennuyaient, et pour passer le temps et sa faim, elle mordait mon épaule. Chacun sa came. Par contre mentions spéciales pour le violoncelliste très habité , Clément Petit, qui nous a livré de belles choses et pour le batteur virtuose souriant, Zaza Desiderio.

Notre ami Laurent était là. Il avait assisté à tous les concerts de la journée du vendredi et remettait le couvert pour le dernier soir. Il a évidemment bien aimé la première prestation mais les trucs bidules mysticos méditatifs, c’est son truc.


A 19h00, l’estomac sur les talons – madame avait décidé que nous mangerions à la maison – nous avons découvert le Subconcious trio, trois femmes (elles représentent 17,4% des musiciens en Europe semble-t-il), une pianiste, une contrebassiste et une batteuse qui allait nous livrer un beau set de jazz. La pianiste Monique Chao jouait de manière lounge quand la batteuse Francesa Remigi cherchait à en découdre avec le public. Entre elles, Victoria Kirilova cherchait un maintenir l’équilibre. A les réécouter sur Bandcamp, je trouve leur travail studio nettement plus harmonieux qu’en live. Ce n’était pas aussi magique que Abraham Réunion mais il y avait de belles choses.

Nous sommes rentrés affamés vers 21h00, rêvant même de Domino’s Pizza et de Mac Donald dans le tram pour finir avec un oeuf au plat dans notre assiette. Le frigo était vide…


Le premier soir je suis venu avec un objectif passe partout pour prendre quelques photos, on ne se refait pas, et le dimanche, j’ai finalement sorti la grosse bertha, histoire d’obtenir des images avec un meilleur piqué. Rien d’extraordinaire au final mais quelques images souvenir de ces deux belles soirées musicales.