Karmamoi – Strings From The Edge Of Sound

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Karmamoi vient de Rome et joue du rock progressif. Un duo formé d’Alex et Daniele, qui, contrairement à nombre de leurs compatriotes, ne se complait pas dans le rétro progressif mais plutôt dans un prog cinématique alternatif. Ils restent, malgré leur talent et cinq albums magnifiques, assez méconnus dans la sphère progressive, peut-être parce qu’ils n’ont pas conservé la même voix au fil des années.

En 2013, Serena chantait sur Odd Tripp, en 2016 Serena, Sara et Irene chantaient sur Silence Between Sounds, puis de 2017 à 2021 Sara devenait leur chanteuse avec deux albums, The Day Is Done et Room 101. Enfin en 2023, pour Strings From The Edge Of Sound, l’album dont nous allons parler aujourd’hui, c’est un homme qui reprend le pupitre laissé vacant, Valerio Sgargi.

Strings From The Edge Of Sound est-il bien un album d’ailleurs ? Parce que ce dernier disque reprend cinq anciens titres de leur répertoire. Oui, cinq pièces mais totalement réinventées pour l’occasion. Tout d’abord avec la voix de Valerio, des arrangements à cordes, numériques mais réussis et une réécriture de chacun des morceaux qui les réinventent sans les dénaturer.

Je vais vous présenter les quatre petits nouveaux : 

‘Black Hole Era’ long de près de huit minutes se partage entre guitare acoustique, arrangements à cordes, chant et chœurs. Une magnifique manière de découvrir le style de Valerio qui au final est assez raccord avec la technique de Sara même s’ils ne possèdent pas du tout le même timbre. Et même si c’est un homme qui chante cette fois, celui qui connaît bien Karmamoi ne sera pas déstabilisé.

‘Telle Me’ au refrain stellaire, joue beaucoup plus sur les claviers et arrangements orchestraux de Daniele, rejoint pas la guitare floydienne d’Alex vers la cinquième minute.

Dans ‘I Will Come In Your Dreams’, Valerio se fait crooner sur les notes de piano de Daniele. Un bel interlude épuré qui se poursuit en apothéose orchestrale avant de revenir au piano.

Enfin, le court titre ‘Strings From The Edge Of Sound’ termine l’album de manière cinématique orchestrale avec un texte quasiment parlé.

Si l’album est réussi dans son ensemble, il pêche cependant par sa durée. Je décroche régulièrement à partir du long format ‘Zealous Man’. Douze minutes qui manquent de dynamique pour tenir sur la durée et ce malgré les cordes un un final instrumental qui relance pourtant bien la machine.

Malgré ce petit défaut, je vous recommande chaudement Strings From The Edge Of Sound. Si vous ne connaissez pas Karmamoi, c’est une belle entrée en matière dans leur discographie. Si vous avez déjà écouté le groupe, c’est une agréable manière de découvrir leur nouveau chanteur.

Tous leurs albums sont sur Bandcamp, alors n’hésitez pas.

Deathyard – No Longer In Pain

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Le jour de Noël, me remettant à peine d’une belle gueule de bois, j’ai écouté No Longer In Pain du groupe Polonais Deathyard. Et si la pop atmosphérique avait régné en maître en 2023, j’avais envie de terminer l’année de manière plus musclée.

Le quatuor de Varsovie sortait le 6 décembre son second album de death heavy prog metal après un nettement moins subtil Creation Of The Universe en 2019, sans doute une erreur de jeunesse. Le groupe joue de guitares, basse et batterie assez classiques pour le genre mais la voix de Chris Hofler, également chanteur du groupe de trash metal Popior, fait toute la différence.

L’album huit titres, riche d’arrangements, ne dure que trente huit minutes avec des pièces allant de trois à sept minutes. Si la musique du groupe est assez classique dans l’ensemble, quelques titres nous réservent de belles surprises comme l’ouverture à la guitare de ‘Mirror’ ou bien les tonalités andalouses orientales de ‘Redemption’ ou ‘Inner Eye’.

Mais c’est vraiment la voix de Chris qui impose un style ici. Chaude et grave sur ‘Mirror’, hargneuse et douce sur ‘Source of Life’, granuleuse sur ‘Awakening’, elle se fait heavy à la manière de Geoff Tate dans ‘Demons From The Past’. D’ailleurs, sur ce dernier morceau, Deathyard me fait beaucoup penser à Operation Mindcrime, son aspect narratif, les guitares et bien entendu le chant. Mais j’avoue que j’entends un peu partout des emprunts à ce concept album culte qui pour moi est un pilier du genre.

Ne vous y trompez pas quand même, Deathyard sait montrer les crocs. Des morceaux comme ‘Source Of Life’ et ‘Unleash Insight’ le prouvent avec la double pédale qui répond à des guitares on ne peut plus agressives. Après tout, le groupe se réclame tout de même de la mouvance death heavy metal même s’il donne également dans le mélodique. Y a qu’à écouter leur premier album pour s’en convaincre.

J’ai tout de même une préférence pour les morceaux qui tabassent un peu moins comme ‘Mirror’, ‘Demons From The Past’, ‘Redemption’, ‘Inner Eye’ ou ‘Awakening’. Mais les accélérations donnent une sacrée dynamique à l’album et je ne boude pas mon plaisir sur ‘Source Of Life’ par exemple.

De tous les morceaux de l’album, j’ai quand même un petit chouchou, le ‘Demons From The Past’ d’un peu moins de six minutes qui me fait furieusement penser aux belles années de Queensrÿche.

Le dernier album de Deathyard mérite la découverte et plus si affinités. Dommage qu’il ne soit édité qu’en boîtier cristal.  Je me contenterai de la version digitale sur Bandcamp, en attendant peut-être une éventuelle édition vinyle.

Kalandra – The Line

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Meilleurs vœux à tous et à toutes et merci encore de votre fidélité. Nous sommes repartis pour une nouvelle année musicale, qui je l’espère, sera riche en découvertes.

C’est en suivant en retour Alice M. sur Bandcamp que je suis tombé sur le groupe Kalandra. Si je me fie à ses achats sur la plateforme de streaming, Alice écoute principalement du métal, parfois du post-rock et occasionnellement des choses plus cool comme la musique de Kalandra.

Pour tout vous dire, c’est la pochette du single ‘Bardaginn’ qui m’a tapé dans l’œil. Et lorsque j’ai écouté le morceau, la voix de la chanteuse m’a subjuguée. Comme je ne suis pas du genre à écouter des singles, j’ai sélectionné leur dernier album The Line, sorti en 2020.

La pochette au ciel rouge où le soleil brille dans une trouée de nuage n’a pas été totalement étrangère à mon choix, me convainquant de prendre la version CD, même si dans le digipack il n’y a pas de livret pour découvrir les textes, pas plus que sur Bandcamp.

Le groupe né à Oslo joue une pop rock folk vaguement progressive. Onze titres au format radio dominés par la voix de la chanteuse femme enfant. Rien de très révolutionnaire en réalité, mais que voulez-vous, moi, lorsqu’il y a une jolie fille qui chante bien, j’ai du mal à résister très longtemps.

The Line propose des atmosphères folk planantes à la manière de ‘Borders’, des choses nettement plus pop comme ‘The Waiting Game’, du trip hop andalou façon ‘Naïve’ ou du rock alternatif plus musclé dans ‘On The Run’. Autant dire que c’est assez varié.

J’y retrouve un peu de Clannad et The Cranberries de part les inspirations, l’écriture et bien entendu la voix de Katrine. La musique va du folk mélancolique aux mélodies éthérées en passant par de la pop cinématique comme dans ‘Wonderland’.

Sorti de quelques morceaux plus rythmés comme ‘Naïve’, ‘Ensom’ ou ‘On The Run’, The Line reste un album très contemplatif que l’on peut écouter en musique d’ambiance en travaillant sur autre chose.

A l’écoute de ‘Bardaginn’, leur nouveau single sorti le 27 octobre 2023, il semblerait que le groupe durcisse un peu de ton avec une world music teinté de metal. Le résultat est des plus réussi et si le groupe prend ce chemin sur leur prochain album, je risque d’adorer.

Pour revenir à The Line, il s’agit d’un album agréable à écouter, mais qui manque toutefois de caractère pour être remarquable. Il n’en reste pas moins une belle découverte, un groupe norvégien à potentiel qui pourrait nous surprendre s’ils poursuivent sur le chemin de leur dernier single.

Je vous recommande donc de les suivre et en attendant vous pouvez toujours écouter leurs morceaux sur Bandcamp.

L’album de l’année 2023

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2023 aura été une nouvelle année riche en découvertes et coups de cœur. Onze albums concourent cette fois pour la première marche du podium.

En regardant la liste, je me suis rendu compte que mes goûts s’étaient nettement embourgeoisés ces derniers mois.  Au lieu de louer le trash métal déglingos ou le prog expérimental, je me suis tourné vers des compositions nettement plus consensuelles, limites pop. C’est peut-être lié à l’âge en fait, mais j’assume.

J’ai eu tout de même quelques déceptions cette année avec par exemple Shores of Null ou Tesseract mais j’ai également fait de très belles découvertes avec Terra, Dymna Lotva ou Amarock, des albums hors compétition parce que sortis avant 2023 mais à découvrir absolument.

Dans l’ordre chronologique des albums retenus pour 2023 nous avons : 

Sorti de The Dali Thundering Concept qui pique un peu, tous les autres albums sont relativement consensuels, un peu prog, metal, atmosphérique mais un seul est instrumental, celui d’Adarsh Arjun ce qui lui réserve une place toute particulière dans la liste.

J’aurai pu faire un classement par catégorie genre premier espoir, instrumental, variétoche, métal etc mais j’ai finalement décidé de rester sur la formule de l’année précédente, même si décider de ne pas placer certains albums sur le podium m’a crevé le cœur.

Dans ma seconde sélection, appelons ça les quarts de finale, j’ai gardé Adarsh Arjun, Floor Jansen, Enar Solberg, Voyager, Violent Jasper et Soen. Cinq albums qui éclipsent un The Dali Thundering Concept trop rugueux, un RPWL trop classique, un Aisles sympa mais qui manque de caractère, un Steven Wilson qui s’écoute super bien, trop peut-être et un Earthside qui souffre du même problème que le précédent.

En demies finales restent donc Aches and Echoes, Paragon, 16, Fearless in Love, Control et Memorial. Et il ne doit en rester que trois. 

L’album d’Enar Solberg est certainement celui que j’écoute le plus depuis sa sortie en plus de faire l’unanimité à la maison, il fera partie du trio de tête. Paragon est sans doute trop pop pour figurer sur le podium, sinon je vais perdre mes rares abonnés, mais cela me crève le cœur car je l’écoute également en boucle, presque autant que 16. Control de Violent Jasper monte également sur le podium, car pour un premier album, le duo nous a offert un pur bijou qui revient souvent sur la platine. Restait une place pour Soen ou Aches and Echoes et comme je l’ai dit plus haut, ce dernier album méritait un traitement tout particulier donc voici le podium : 

Aches and Echoes, Control et 16.

Sur la première place, vous vous en doutez depuis le début, on retrouve le chanteur de Leprous, Einar Solberg. 

Dès la première écoute de son album, j’ai su qui monterait sur le podium. Reste à départager Volent Jasper et Adarsh Arjun et là c’est Violent Jasper qui gagne quand même car Aches and Echoes ressemble fortement à du Plini.

  1. Première place Enard Solberg avec 16
  2. Seconde place Violent Jasper avec Control
  3. Et enfin, troisième place Adarsh Arjun avec Aches and Echoes.

Je ne vous ennuierai plus cette année, promis juré. On se retrouve en 2024 pour de nouvelles découvertes. D’ici là passez de belles fêtes et écoutez de la musique.

Peter Gabriel – i/o

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Voici vingt et un ans que l’ex leader de Genesis n’avait pas sorti d’album.

A chaque pleine lune, au rythme d’un morceau de viande fraîche par mois, Peter Gabriel, tel un lycanthrope, a dévoilé son nouveau disque i/o décliné à chaque fois en deux mixes, le bright side et le dark side.

Aujourd’hui, alors que les douze titres sont sortis et gravés sur deux CD, la question n’est pas de savoir si j’aime i/o, elle ne se pose même pas, la question est de décider laquelle des deux versions a ma préférence.

Peter Gabriel je le pratique depuis mon adolescence, d’abord avec Genesis puis en solo. C’est même le premier artiste de rock que j’ai écouté en concert.

Avec Manu Katché, Tony Levin, David Rhodes et Brian Eno, on retrouve le Peter Gabriel que l’on connait bien et inévitablement qui ressemble quand même furieusement à ce qu’il a déjà enregistré auparavant. Cela ne me pose pas de problème, bien au contraire, je suis un fan totalement aveuglé par le talent du bonhomme depuis trop longtemps.

i/o ce sont soixante huit minutes de musique (une de plus pour la version dark) qui résument assez bien le travail de Peter depuis So. Un album expurgé des tubes tapageurs qui ont fait sa célébrité, encore que ‘Road To Joy’ n’est pas si éloigné de ces morceaux à succès.

J’ai commencé par écouter Bright Side et j’ai été surpris par quelques titres. Car Peter publiait chaque mois un nouveau morceau décliné dans l’une des deux versions avant de sortir l’autre mix. C’est dans ce désordre que j’ai découvert l’album, une fois Dark, une fois Bright, selon l’humeur de l’artiste. Du coup, écouter les douze pièces dans le même mix m’a semblé un peu étrange tout d’abord. Et puis je me suis plongé dans la Dark Side of the Moon en ressentant le même malaise.

Il y a des titres que je connais par coeur comme le génial ‘Panopticon’ qui ouvre i/o et d’autres que je n’ai pas eu vraiment le temps d’apprivoiser comme le tout dernier sorti le 1er décembre, ‘Live and Let Live’.

Dans les merveilles il y a encore le ‘Playing for Time’ très solennel, ‘For Kinds of Horses’ ou le lent ‘So Much’.

Sur i/o, Peter emprunte encore des motifs à la world music tout particulièrement dans ‘Road to Joy’,’ Olive Tree’, ‘This is Home’ et ‘Live and Let Live’ même si ce dernier commence à la manière des Beatles.

Je m’aperçois que je n’ai toujours pas répondu à la seule question que pose vraiment cet album : Bright ou Dark ? Je suis un grand défenseur du côté obscur de la force car j’ai toujours préféré les méchants. Mais selon l’humeur du jour, à la faveur d’un rayon de soleil sur la neige, j’adopterai la version Bright.

Etait-il nécessaire de presser ces deux versions ? Sans doute pas mais puisque vous avez le choix, choisissez !

i/o ne figurera pas dans mon top 2023 malgré le culte que je voue à l’artiste. Il ressemble trop à tout ce que Gabriel a déjà composé pour en faire l’album de l’année même s’il reste un évènement. Allez l’écouter sur Bandcamp

Il s’agit probablement du dernier album studio que sortira le maître avant de tirer sa révérence.

Le dernier concert de l’année ?

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C’est au Rock Shop Café, à quelques pas de la maison, que le groupe Out5ide donnait son dernier concert de l’année. Une belle occasion pour Seb et moi même de boire quelques bières en écoutant de la musique. Après tout, c’était vendredi soir comme le dira Laurent, le chanteur du groupe.

Le groupe avait ouvert les festivités musicales le 13 janvier dernier dans la même salle et n’avaient depuis, pas eu beaucoup d’opportunités de se produire en 2023. Le Rock Shop Café est un lieu convivial même s’il n’est pas vraiment armé pour le live. La scène est petite, les éclairages assez mal agencés et le public se tient au milieu d’un magasin d’instruments de musique.

J’ai hésité à venir photographier le groupe mais j’avais ce soir là surtout envie d’écouter de la musique et passer un bon moment avec une bière à la main. En plus, étant donné la configuration de la salle, je ne voyais pas ce que je pourrais faire de plus que la dernière fois avec mon appareil photo.

Sur place je retrouve le tenancier du Garage 67 à Barr, un collègue en charge des RPS et les membres de Out5ide que je commence à bien connaître depuis le temps. Sont présent des amis, de la famille, des fans et quelques curieux. Pas vraiment une foule dense mais suffisamment de monde pour qu’il y ait de l’ambiance.

Out5ide débute leur set sur un morceau que je ne connaissais pas (pourtant j’avais révisé avant de venir), un titre aux consonances progressives qui figurera sur leur prochain album. Ils poursuivent en jouant principalement Tumbleweeds sorti en 2020, un nouvel extrait de leur prochain disque et également des titres plus anciens comme ‘The Box’ tiré de l’album Naked. Philippe, qui joue également dans Plus 33, va nous régaler des magnifiques soli de guitares floydiens ou bien très rock dont il a secret.

Mathieu, le bassiste du groupe, qui revenait d’une sortie escalade avec des amis, avaient les muscles tétanisés. Il m’a avoué que dès le premier titre ça été très difficile pour lui. Ca ne l’a pas empêché d’assurer. Laurent de son côté a eu la bonne idée de casser sa bouteille d’eau. A l’ère des emballages recyclables, les bouteilles d’eau sont en verre, et sur scène, ça n’est vraiment pas une bonne idée surtout lorsque l’on s’agite partout avec sa guitare.

Le groupe a joué plus de deux heures, heureux de retrouver la scène et son public. Lors des rappels, le groupe à repris leur fameux ‘London Calling’, ‘Hero’ ainsi que l’incontournable ‘High Way To Hell’ et nous a gratifié d’une troisième extrait de leur prochain album à venir. Je suis reparti avec leur tout dernier teeshirt fraichement imprimé, que promis juré, je porterais lors de ma prochaine vidéo.

Après une bière de Noël à la maison, une seconde façon Kriek cerise au Rock Shop Café puis une blonde pour faire passer les épices, j’étais mûr pour aller faire dodo, heureusement que je ne conduisais pas.

Une belle soirée près de la maison pour une fois. Merci à Out5ide, au Rock Shop Café et à Seb mon chauffeur du soir, même si j’aurais pu venir à pied et revenir en zigzagant jusqu’à mon lit.

Earthside – Let The Truth Speak

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Il y a huit ans, le magazine Neoprog recevait en promotion un petit bijou signé par une formation toute jeune : le premier album de Earthside, A Dream In State.

Il aura fallu patienter cette année pour que le groupe sorte son second opus Let The Truth Speak. Une longue attente amplement récompensée.

Une des particularités de Earthside est de ne pas avoir de chanteur. Toutefois, leurs albums ne sont pas composés que de titres instrumentaux. Pour la voix, ils font appel à des pointures comme Daniel Tompkins.

Leur musique navigue entre post-rock, cinématique, metal et tout ce qui leur fait envie en fait comme le prouve par exemple ‘The Lesser Evil’. Cela donne un album de plus d’une heure et quart qui s’écoute en musique de fond comme en immersion au casque. Parfois on se laisse porter, parfois on s’accroche au bastingage pour ne pas chavirer.

Une heure et dix-huit minutes c’est la durée de deux 33 tours rouges bien remplis, et pourtant qui passent trop vite. Il faut dire que le paysage musical est varié comme les voix qui se succèdent. Et ce qui aurait pu devenir un patchwork sonore se révèle finalement d’une grande unité narrative grâce au génie de Earthside.

Sur les dix morceaux de l’album, quatre tournent autour des dix minutes et le plus court, ‘Vespers’, ne dépasse pas les trois minutes. Parfois la musique déborde de cordes comme dans ‘Let The Truth Speak’ mais le groupe s’essaye également aux cuivres, ce qui est plus inhabituel, dans ‘The Lesser Evil’.

Le style symphonique post-rock cinématique djent est presque la norme sur cet album avec des sections de batterie souvent époustouflantes et des guitares mandolines comme dans le dernier titre.

Durant ces soixante-dix-huit minutes, plusieurs morceaux m’ont tout particulièrement interpellés.  Le premier est ‘We Who Lament‘ avec Keturah au chant qui apparaît sur second titre. Sans être franchement démonstratif, il dégage une grande puissance intérieure sur une forme quasi post-rock cinématique. Ensuite il y a le magnifique instrumental post-rock ‘Watching The Earth Sink’ de près de douze minutes qui après un début intimiste explose un peu avant la moitié pour retomber rapidement. Impossible de passer sous silence également le très cuivré ‘The Lesser Evil’ qui nous prend presque à chaque fois par surprise, d’autant qu’il dure pas loin de onze minutes. J’ajoute à la liste ‘Denial’s Aria’, le seul titre avec du chant féminin accompagné au violon et pour finir je termine avec ‘All We And Ever Loved’ post-rock cinématique à souhait avec un délicieux passage de guitare mandoline et des grandes orgues.

J’attendais tellement le nouveau Earthisde qu’il risquait d’être propulsé directement au sommet du podium avant même d’être écouté. Sa découverte n’a pas refroidi mon enthousiasme donc dépêchez-vous d’aller sur Bandcamp écouter la merveille, vous m’en direz des nouvelles.

Melanie Mau & Martin Schnella – The Rainbow Tree

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Peter Gabriel, Massive Attack et Iron Maiden possèdent au moins un point commun. Vous allez tous les retrouver sur The Rainbow Tree, le nouvel album de reprises de Melanie et Martin.

Je ne suis pas vraiment du genre à écouter des morceaux de seconde main. Je préfère les versions originales, même au cinéma. Mais j’ai une tendresse toute particulière pour ces deux allemands rencontrés lors de nombreux concerts et présents dans beaucoup de groupes que j’adore comme Frequency Drift ou Seven Steps To The Green Door.

The Rainbow Tree propose quatorze reprises acoustiques tirées aussi bien du répertoire folk que du metal.

Il s’agit du quatrième disque du genre pour le duo sans parler de leurs lives et albums solos.Au fil des années, Melanie et Martin se sont entourés de plus en plus d’artistes et amis.Cette fois, ils jouent à cinq et avec autant d’invités dont le célèbre Dave Meros de Spock’s Beard.

Flûte, pipes, bouzouk, violoncelle, whistle, bodhran accompagnent le quintet sur quelques titres, parant de couleurs inattendues certaines des reprises, notamment celle de Iron Maiden.

Comme dans tous les albums du genre, certains titres me parlent plus que d’autres. Ici, se sont ‘Something Happened On The Way To Heaven’ de Phil Collins, ‘Teardrop’ de Massive Attack, ‘Secret World’ de Peter Gabriel et ‘Blackest Eyes/The Sound Of Muzak’ de Porcupine Tree. Mais tous ne se prêtent pas aussi bien à une transcription acoustique, notamment ‘Alleviate’ de Leprous que je n’aurai probablement pas reconnu à la première écoute.

Les bonus, au nombre de douze, téléchargeable au format wave, sont peut-être les plus intéressants au final, des versions a capella et instrumentales comme le medley vocal absolument génial de Porcupine Tree ou le Neal Morse instrumental façon musique irlandaise.

Avec The Rainbow Tree, le groupe dépasse le simple album de reprises acoustiques pour réinventer des titres célèbres avec une grande richesse instrumentale et des idées souvent brillantes. Au-delà des adaptation de tubes, il y a un réel travail de composition réalisé par nos amis allemands.

Lorsque j’ai ouvert le digipack pour poser le CD sur la platine, j’ai eu l’agréable surprise de découvrir une de mes photographies noir et blanc réalisée pendant un de leurs concerts. Il y avait même mon nom dans les crédits. C’est vrai que je leur avais envoyé les clichés pour qu’ils puissent les utiliser. Une raison supplémentaire pour que vous-vous offriez cet album. Vous pourrez écouter quatorze très belles reprises en admirant ma superbe photographie.

Mais au choix, contemplez plutôt la magnifique couverture réalisée par Anish Jewel Mau, cet arbre multicolore, The Rainbow Tree.

Allez les découvrir sur Bandcamp et si vous habitez à proximité de l’Allemagne, allez les écouter en live à l’occasion, on passe toujours une belle soirée en leur compagnie.

Terra – Terra

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Entre deux planches de bois peintes, un compact disk. Pas de titre, de groupe, de morceau, pas de livret, rien. Rien que du bois, quatre aimants et un CD.

J’ai entre les mains un des deux albums du groupe Terra que j’ai vu lors du concert de Soen à la Laiterie. Un album éponyme également disponible dans sa déclinaison acoustique, possédant le même habillage menuisier et dont je possède le tout dernier exemplaire.

Terra est un groupe italien né en 2018 venant de Rome que l’on pourrait classer dans le tribal post metal si le genre existait. Peut-être qu’il existe en fait, je n’en sais rien.

Le quatuor m’avait subjugué en live avec leur courte prestation au point de leur prendre deux disques et un tee shirt au stand de merch à la fin du concert. Mais l’enthousiasme du live laisse parfois place à la désillusion une fois rentré à la maison et le CD posé sur la platine.

Leur côté tribal théâtral, lorsqu’ils s’étaient avancé à trois devant la scène pour jouer ‘The End’ aux percussions m’avait hypnotisé mais quand Davide, le chanteur batteur avait pris le micro, j’étais tombé en pâmoison. Il faut dire qu’il possède quelque chose du charisme de Daniel Gildenlöw de Pain of Salvation. Et pour moi, c’est presque la référence ultime, surtout en live.

Du bois, des dreads, un logo géométrique ésotérique et le nom Terra, tout m’évoquait la mouvance new age écolo planétaire mais avec des instruments électriques et un peu de growl pour pimenter l’herbe fumée.

Pour découvrir les noms des membres du groupe, leur histoire, les titres de morceaux et les paroles, il faudra se rendre sur le site Welcome To Terra car ils n’ont pas encore inventé le livret en écorce de chêne.

Terra joue du post-metal comme dans ‘XII’ mais également du folk avec ‘Siren’s Call’ ou du metal à growl comme dans ‘Father’ sans parler du chamanique ‘Mantra’. Une palette musicale des plus variée à forte personnalité qui fait mouche dès la première écoute. Terra joue dans un registre émotionnel qui fonctionne toujours aussi bien avec moi et une musique suffisamment contrastée pour que je ne m’ennuie pas un seul instant.

Pendant une heure, douze morceaux de deux à cinq minutes plus un mantra de vingt minutes, le groupe nous emporte dans son concept album mélodique et torturé où seuls deux courts instrumentaux offrent une pause dans la narration.

Il s’agit d’un premier album sorti en 2022 qui aurait vraiment mérité de monter sur le podium mais à l’époque j’ignorais encore tout de ce groupe talentueux que je vous recommande d’écouter d’urgence et de suivre de très près.

Plus 33 – I Want

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Je connais Plus 33 depuis que Philippe Rau, le guitariste de Out5ide, m’a annoncé qu’il participerait au second album du groupe. J’ai écouté Open Window, leur premier opus et rencontré plus tard, lors d’un concert, Didier Grillot, l’homme derrière le projet. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à faire un shooting avec son groupe pour la sortie de l’album I Want. Voilà pourquoi, vous trouverez mon nom dans les crédits et remerciements de l’album. Cela explique également la raison pour laquelle j’ai reçu un exemplaire du CD il y a quelque temps déjà.

Plus 33 est une formation instrumentale alsacienne dans la mouvance prog atmosphérique fusion où les claviers de Didier occupent un bel espace.

I Want délivre cinq morceaux dont trois dépassent les treize minutes. Oui, pas de doute, c’est du prog.

Claviers, guitares, basse, batterie, flûte, saxophone, trombone, piano et orgues participent à la musique de ce second opus avec quatre musiciens et plusieurs invités. Vous entendrez également des chœurs en la personne de Coralie Vuillemin et Yann Grillot comme narrateur sans parler de Lucas Grillot à la guitare acoustique. Une histoire de famille.

L’album est made in Alsace puisqu’il a été enregistré dans le même studio que le dernier Out5ide, à Boersch, pas très loin de chez moi. 

Dans I Want on retrouve le style pianistique de compositeurs français classiques du début du vingtième siècle, tout particulièrement dans le titre fleuve ‘To Have’ qui est un savant assemblage de près de vingt minutes de musique. A contrario, ‘To Know’ joué à la guitare par Lucas, est une pièce toute simple et pourtant délicieuse.

Je suis relativement mal à l’aise avec la flûte dans ce titre et le texte déclamé de ‘Ouvrir la Fenêtre’. Pour la flûte, je n’irai pas par quatre chemins, j’ai entendu de bien meilleurs interprétation mais j’ai cru comprendre que la flûtiste avait dû improviser, technique avec laquelle elle n’est pas à l’aise. Pour le texte parlé, c’est un exercice passé de mode que l’on retrouvait chez les grands anciens des seventies et dont je n’ai jamais été friand. Le choeurs de Coralie qui ouvrent ‘To Be’ font également datés et soyons clair, ce ne sont pas les sœurs McBroom qui chantent ici. Je leur préfère le thème genesissien qui suit où la guitare de Philippe et les claviers de Didier font des étincelles.

Parlons maintenant de ‘The Fleetings Moments Of Eternal Harmony’, ce morceau très cuivré de plus de treize minutes qui ouvre I Want. La première chose qui saute aux oreilles est ce mixage très clair, limite brillant de Mike et Stéphane qui nous accompagne sur les cinq morceaux. Sur ce premier titre, il est particulièrement marqué pour la batterie et les cuivres. Un son que nous n’avons plus l’habitude d’écouter dans notre univers saturé de basses. Le titre d’ailleurs fait songer à du Phil Collins sans le chant. Cela ne l’empêche pas de s’aventurer également sur des terrains plus orientalisants. Une grande pièce pour claviers très rythmée où chaque instrument possède son moment de gloire.

Sur I Want je me délecte de quelques mouvements, mais rarement d’un morceau entier.  Seul le bref ‘To Know’ me convainc de bout en bout. L’album n’est pas parfait mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un projet amateur.

Les amoureux des seventies devraient y trouver leur bonheur. Alors n’hésitez pas à l’écouter, d’autant qu’il est sur Bandcamp.