Fierce Deity – A Terrible Fate

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Après Power Wisdom Courage en 2021, Fierce Deity revient cette année avec un nouvel album intitulé A Terrible Fate. Pour rappel Fierce Deity donne dans le power metal symphonique grandiloquent à la manière de Ayreon. Un projet solo de Jonathon Barwick sur lequel plusieurs de ses amis font des apparitions : Jeiel Roper, Brett Collidge, Tom Howard, Thor et Joe Haley.

A Terrible Fate propose six morceaux de quatre à neuf minutes le tout pour une durée totale de trois quart d’heure pendant lesquels Jonathon nous raconte l’histoire d’un dieu hantant un désert glacé.

Les morceaux de A Terrible Fate vont du power metal au symphonique électro en passant par un peu de folk comme dans ‘Paralysis’. On y trouve également du métal oriental façon Stargate (le film que j’ai revu il n’y a pas si longtemps) dans ‘LEViARACH’, mais aussi profusion de chœurs et des voix enregistrées.

Il y a des titres vraiment pêchus comme ‘A Life of Hate’ ou ‘A Terrible Fate’  et d’autres nettement plus contemplatifs dans le genre de ‘Nekot’s Shrine’, le seul instrumental de l’album ou ‘Paralysis (Into the Wind)’. Autant dire que c’est pour le moins varié.

Mon titre préféré reste de loin le ‘Deadworld’ caché au milieu de l’album. Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai pas vraiment d’explication, peut-être est-ce dû  au chant, toujours est-il que c’est le morceau sur lequel mes oreilles s’attardent en détail à chaque fois.

La pochette n’est pas une image d’IA ni une photo tirée d’une banque d’images mais une peinture. Celle d’un voyageur armé d’un arc long qui chemine dans un paysage désolé sous un ciel chaotique vers le temple qui se dresse à l’horizon, telle une tour noire. De multiples lunes et quelques étoiles brillent dans le ciel mais c’est un vortex blanc d’où tombent des pattes aracnoides qui illumine la nuit, juste audessus du temple. Une illustration digne d’une campagne de jeu de rôle à laquelle j’aurai bien voulu participer.

A Terrible Fate possède un côté geek pompier grandiloquent, mais à côté du travail d’Arjen Lucassen, Jonathon reste quand même petit joueur. D’ailleurs, je l’ai déjà dit, il y  beaucoup de points communs entre cet album et un Into The Electric Castle de Ayreon par exemple comme le début instrumental de ‘A Terrible Fate’.

Fatalement, l’album n’est pas follement original, par contre il est vraiment excellent, surtout si l’on considère qu’il s’agit d’un projet solo. Alors allez le découvrir, il est sur Bandcamp.

Slift – Ilion

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Slift

Vous carburez à quoi ? Personnellement au CBD, à la bière, aux bétas bloquants et surtout à la musique. J’ignore quels psychotropes s’injectent les membres de Slift, mais ce qu’il y a de certain c’est qu’ils chargent la barque.

Ilion

Ilion est un album que m’a recommandé Stéphane, qui lui, fume de l’emmental aromatisé à la bière. Un album de soixante-dix-neuf minutes et seulement huit morceaux qui donne dans le metal psychédélique, un mélange pour le moins détonnant.

Slift est une formation toulousaine née en 2016. Deux frangins et un pote de lycée qui ont gravé trois galettes en comptant Ilion.

La forme psychédélique domine les morceaux, mais du heavy psyché le plus souvent gueulé qui traumatiserait un baba cool fumeur de paillasson. Pour faire court, ça dépote pas mal.

Si on compare leur musique à celle de King Buffalo par exemple, celle de Slift est nettement plus musclée et moins répétitive, partant dans des délires sous acides bien dosés même si de temps à autres, ils se posent sur du cinématique comme dans le titre album.

Bon quand je dis qu’il n’y a pas de répétition, c’est peut-être un peu exagéré quand même comme en témoigne l’interminable trip de ‘Confluence’ ou bien ‘The Story That Has Never Been Told’ à ne pas confondre avec ‘The Never Ending Story’.

Pour le chant, il n’y a pas non plus que des gueulantes. Il y a par exemple du chant féminin sur ‘Ninh’ avec des chœurs évanescents et des voix quasi liturgiques dans ‘The Story That Has Never Been Told’.

Le résultat est assez bluffant mais certainement un peu longuet tout de même. C’est le genre d’album qui n’est pas franchement facile à écouter en faisant la sieste. D’ailleurs à la troisième écoute, mon épouse pourtant assez tolérante en matière de musique, m’a gentillement mais fermement invité à mettre le son en sourdine ou à porter un casque. C’est un signe.

Je vous le recommande pourtant. Ilion est une magnifique galette made in France qui devrait séduire les filles du coupeur de joint.

Tiger Moth Tales – The Turning Of The World

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Pete Jones

Si je ne suis pas forcément un fan de Tiger Moth Tales, j’adore l’album The Whispering Of The World de Pete Jones.

The Turning Of The World est son disque compagnon, des titres principalement acoustiques dans la même veine qui mélangent mélancolie et joie de vivre sur douze titres musicalement très variés.

Autant vous prévenir tout de suite, ici, il ne s’agit pas de rock progressif, encore moins de métal, mais plus de variété et de chansons à texte. Mais voilà, je n’ai pas pu m’en empêcher, il fallait que je vous parle de The Turning Of The World.

L’album commence sur un étonnant morceau de moins d’une minute intitulé ‘The Gataway’. Le titre me fait penser à une annonce de la fin du monde. Des téléphones portables sonnent tous ensemble au milieu de la foule, des détonations couvrent des hurlements avant qu’un avion à réaction ne frôle les têtes d’une foule terrifiée. Il s’agit peut-être d’une énorme fête avec ces cris de joie, et ces pétards bien que plusieurs éléments comme le battement de cœur et des sons d’acouphènes me font plutôt pencher pour la première version. A la fin de cette poignée de secondes énigmatiques, des petits oiseaux gazouillent, tout semble à nouveau apaisé.

The Turning Of The World

The Turning Of The World correspond sans doute assez bien à mes états d’âme actuels, une des raisons pour lesquelles il a trouvé un écho tout particulier à mes oreilles.

Car la musique n’est vraiment pas celle que j’écoute d’ordinaire. Je pense particulièrement à des morceaux dansants comme ‘Pass It On’ ou encore ‘The Beautiful People Of Munchwald’ qui racontent de beaux moments passés entre amis.

En fait, ces titres “légers” contrebalancent d’autres nettement plus graves comme le magnifique ‘The Snail, The Horse And The River’ ou bien ‘You Reached For My Hand’ qui parle du père de Pete.

Il y a également des pièces aux intonations plus folk comme ‘So Wonderful To Be Alive’ avec ses percussions, ‘We’ll Remember’ où résonne une flûte sur une mélodie toute simple à la guitare ou ‘The Lock Keeper’ également joué à la guitare sans artifice.

De nombreux instruments apparaissent dans cet album, saxophone, flûte traversière, percussions, accordéon sorti des classiques claviers, basse, batterie, guitares sans que je puisse créditer ici les musiciens s’il y en a d’autre que Pete Jones. Donc je ne m’aventurerai pas à affirmer ici qu’il s’agit d’un album solo.

Mon morceau préféré est le long ‘The Snail, The Horse And The River’ qui frise les neuf minutes et qui me chamboule à chaque écoute. Une pièce lente et mélancolique, à l’instrumentation très sobre, qui me rappelle beaucoup son précédent album The Whispering Of The World.

Mais pour tout vous avouer, chaque morceau de The Turning Of The World parle à mon cœur d’une manière ou d’une autre et j’aime l’album dans son intégralité.

Cela pourra sembler surprenant à certains que je me complaise dans ce genre d’atmosphères après avoir écouté du métal dur, du rock progressif alambiqué et du cinématique atmosphérique, mais voilà, je suis comme ça et j’aime beaucoup cet album.

Je ne peux donc que vous le recommander chaudement comme The Whispering Of The World si vous ne l’avez pas encore écouté.

Rétrospective

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Depuis peu, j’ai remis en place l’archive du webzine Neoprog fermé en mai 2020. Et tant qu’a disposer de cet outil, je me suis dit, pourquoi pas l’alimenter avec les chroniques rédigées depuis ?

On parle ici de près de trois années d’écoute à raison d’un disque par semaine à rentrer dans la base de données. Un travail fastidieux que j’entreprends lorsque je m’ennuie. Si si, ça m’arrive même à moi.

Je retombe sur des albums que je n’ai parfois pas écouté depuis très longtemps. Et j’avoue que c’est assez troublant de les redécouvrir.

Je me souviens le plus souvent des morceaux, de l’atmosphère du disque mais il arrive aussi que je tombe sur une pochette et un nom de groupe qui ne m’évoque plus rien du tout. Je l’exhume alors de ma collection et me plonge dans sa musique, comme si c’était la première fois. Et des fois, je me dis, « j’ai vraiment aimé cette horreur ? » ou bien, « mais pourquoi suis-je passé à coté de cette merveille ? ».

La musique est question de moment, d’état d’âme. Son appréciation est éminemment subjective et les chroniqueurs qui se disent objectifs dans leurs avis me font bien rire. 

Il y a des critères solides comme la qualité de la production et le mixage. Ceux-là ne se discutent pas vraiment, encore que, un enregistrement live analogique n’aura pas la même perfection que des prises en numérique piste par piste. Même si la restitution du premier sera plus organique.

Après il y ne reste que des notions subjectives, le timbre du chanteur, le style du guitariste, le genre musical, l’émotion provoquée par les paroles, les couleurs du mixage, l’enchaînement des morceaux, leur durée…

Une chronique c’est avant tout un feeling entre un être humain dans un certain état d’esprit à un instant t et un album écrit et mixé par plusieurs personnes sur plusieurs mois. La probabilité que ces temporalités et personnalités entrent en phase est assez faible au final.

Bref, tout ça est très subjectif et sujet à changements.

Night Verses – Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

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Night Verses

Vous savez sans doute combien les albums instrumentaux peinent à atteindre la zone du plaisir de mon cerveau. C’est principalement dû à mon appétence toute particulière pour les voix. Mais de temps en temps, un disque vient bouleverser l’ordre établi et je tombe amoureux d’une galette de post-rock.

Alors merci à Alice de Bandcamp qui m’a fait découvrir, sans le savoir, le groupe Night Verses et leur dernier album Every Sound Has A Color In The Valley Of Night. Une heure cinq quasi instrumentale en quatorze morceaux.

Le trio californien joue du rock progressif instrumental entre djent, post-rock et cinématique où de rares invités poussent la chansonnette.

Si le post-rock ne trouve pas souvent grâce à mes oreilles, c’est que souvent il tourne en rond et qu’au bout de trois titres je m’assoupis.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

Ici, Night Verses ne se répète pas une seule fois pendant plus d’une heure. Chaque morceau est une nouvelle expérience sensorielle qui ne laisse aucun répit aux neurones.

On retrouve dans leur musique des influences comme Toundra, Plini, Tesseract, Earthside mais également des passages stoner, space rock et même folk.

Outre les voix enregistrées qui hantent certains morceaux, deux titres sont chantés : ‘Glitching Prims’ avec Brandon Boyd du groupe Incubus et ‘Slow Dose’ au chant féminin non crédité. J’avoue que la performance de Brandon m’enthousiasme assez peu, par contre j’aime beaucoup la voix sur ‘Slow Dose’ qui lui donne une touche folk.

D’autres invités jouent sur Every Sound Has A Color In The Valley Of Night comme le bassiste de Tool, Justin Chancellor, Author & Punisher ou bien Anthony Green.

On ne va pas se mentir, parfois Night Verses met la patate comme dans ‘Arrival’, ‘Karma Wheel’, ‘Plaque Dancer’ ou ‘Phoenix V: Invocation’. On rencontre également des écritures plus subtiles à la manière de Plini dans ‘Aska’ ou ‘Cristal X’ par exemple.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night m’a pris par surprise. Je ne m’attendais pas à accrocher autant sur un album instrumental. Pourtant c’est bien ce qui m’arrive et il va de ce pas rentrer dans la liste des sérieux candidats à l’album de l’année.

Ne passez surtout pas à côté de cette merveille.

Who Gods Destroy – Insanium

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Who Gods Destroy

Sons of Apollo n’est plus. Mike est retourné chez Dream Theater et Derek s’est retrouvé presque tout seul devant ses claviers. Alors il a cherché de nouveaux virtuoses avec Ron Thal, l’autre survivant de la débâcle, et ils ont monté le projet Whom Gods Destroy.

Insanium, leur premier effort, affiche près d’une heure de metal progressif survitaminé et dix morceaux de trois à sept minutes.

Je me suis pris en pleine figure les deux premiers titres ‘In The Name Of War’ et ‘Over Again’ au milieu des hurlements de Dino et j’ai crié “Le roi est mort, vive le roi !”. Parce que franchement, ils déchirent ces deux-là.

Mon enthousiasme a été quelque peu douché avec ‘The Decision’ qui fait ici figure de tafiole en comparaison des deux premiers, un titre un peu à la manière d’un James Labrie en phase amoureuse.

Le problème c’est qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé et ‘Find My Way Back’ est encore moins énervé, faisant songer cette fois à une balade de Ayreon. J’aime beaucoup le morceau, d’autant qu’il joue de belles sonorités vintages, cependant je peine à lui trouver une place dans Insanium.

Sorti de ces deux bleuettes et du bonus track un petit peu too much (mais que j’aime bien), le premier opus de Whom Gods Destroy dépote furieusement, rugueux à souhait, grandiloquent comme j’aime, puissant, technique, limite grandiose.

Le seul instrumental de trois minutes et vingt-quatre secondes (soyons précis), vient donner la parole exclusivement aux musiciens (ben oui c’est ce que l’on appelle un instrumental quoi). ‘Hypernova’, tel est son nom,  fait inévitablement songer à un certain titre de Dream Theater, trop connu pour être cité ici (je dis ça parce que je ne me souviens plus de son nom), preuve que le nouveau projet n’a pas inventé la poudre, mais on s’en fou, ça dépote.

Who Gods Destroy - Insanium

La pochette est à l’image de la démesure de l’album, un dieu assis sur son trône, versant des larmes de sang en contemplant sa misérable création qui s’entretue à ses pieds.

Le problème de Insanium c’est que les deux premiers morceaux sont tellement puissants qu’ils éclipsent le reste de l’album.

Mon titre préféré est le second, ‘Over Again’, au refrain scandé absolument grandiose servi par une musique à la fois vintage et moderne où la basse de Yas Nomura joue des trucs surpuissants sur la guitare folle de Ron et la batterie de Bruno qui n’a rien à envier à Mike.

Insanium est une grosse baffe metal progressive à écouter très fort pour emmerder les voisins. J’en arriverai presque à trouver l’album meilleur que le dernier Sons Of Apollo, MMXX, qui reste pour moi un sommet du genre.

Du coup, vous savez ce qu’il vous reste à faire et ça tombe bien puisque l’album est sur Bandcamp.

Echoes and Signals – Lunar

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Il est temps de nous réconcilier avec la Russie avant que nous sombrions tous dans l’apocalypse nucléaire.

Sur YouTube je suis tombé sur la vidéo de ‘Serpentine’ du groupe Echoes and Signals que je suivais du temps de Neoprog. Et j’ai été envoûté.

Alors j’ai cherché l’album d’où il est tiré le morceau via les liens présents dans la description du clip. Mais en vain et c’est presque par hasard que je suis tombé sur l’album Lunar de Echoes and Signals sur Bandcamp.

Lunar est un album sorti en 2023 et disponible, à l’heure où je publie cette chronique, gratuitement sur la plateforme de streaming comme tous leurs autres albums, sans même une possibilité de verser une contrepartie aux musiciens.

J’ai écouté Lunar et ma première impression née de ‘Serpentine’ s’est confirmée. Lunar est un magnifique concept album neuf titres de cinquante minutes. Du rock progressif écrit un peu à la manière de Mariusz Duda.

Echoes and Signals est un projet quasi solo mené par Fedor accompagné de Alexy et de Alexander respectivement à la basse et la batterie. Le projet date de 2013 et compte de nombreux albums à découvrir sur Bandcamp par exemple. Le groupe passe sur Lunar d’atmosphères éthérées à des motifs nettement plus musclés comme dans ‘The Witching Hour’ ou ‘Roots’ et s’entiche également d’électronique par moment.

Il y a du Lunatic Soul, du Riverside ou bien du Opeth dans leurs compositions à moins que ce ne soit une tendance générale aux pays de l’est, mais ça j’en doute. Mais Lunar c’est surtout la voix de Fedor qui tisse sa toile autour de vous qui finit par vous ensorceler, particulièrement sur les titres lents comme ‘Lunar’, ‘Serpentine’ ou ‘Cassandra’.

Sur les neuf morceaux, ‘Mana’ est le plus long, dépassant les dix minutes. Une pièce électro synthwave cinématico progressive de très belle facture qui partage l’album en deux parties distinctes.

Car après ce titre, je trouve que Lunar change de direction, optant pour des mélodies plus rythmées comme ‘Cinders’ ou bien ‘Roots’. J’accroche également un peu moins sur le second long format ‘Gravity’ qui débute de manière musclée sans convaincre vraiment et qui heureusement fonctionne nettement mieux dans sa seconde moitié.

‘Cassandra’, le dernier titre de Lunar, revient à ce qui m’avait séduit dans ‘Serpentine’, à savoir les émotions, les claviers et peu de rythmique.

Même si Lunar n’est pas complètement homogène, il installe une atmosphère inquiétante et belle dans notre salon, où la lune, toujours mystérieuse, vient nous visiter le temps d’un album. Difficile de ne pas vous recommander l’album, d’autant que vous pouvez l’écouter sans dépenser un seul copec, pardon, un rouble.

Big Big Train – The Likes Of Us

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Sachant que cette chronique allait être publiée un premier avril, je me suis demandé ce que je pourrais faire pour l’occasion. Il fallait marquer le coup, ça n’arrive pas tous les jours. Alors pour une fois, amis lecteurs, je vous invite à regarder la version Youtube qui se trouve à la fin de cet article. Ce n’est pas grand chose, mais sur le moment ça m’a fait rire (pardon)…

Big Big Train devait négocier un virage très délicat après la disparition de David. Remplacer un chanteur dans un groupe est toujours une affaire complexe, surtout lorsque celui-ci possèdait une telle personnalité.

The Likes Of Us est le premier vrai album du groupe sans David, trois années après le fabuleux Welcome To The Planet.

N’étant pas aussi fan de la voix d’Alberto Bravin, je redoutais l’arrivée de ce nouvel opus et j’ai finalement été agréablement surpris.

The Likes Of Us ce sont neuf morceaux dont un version single edit pour près d’une heure et quart de musique. Alors fatalement il y a quelques longs formats. Deux en fait : ‘Beneath The Masts’ et ses dix sept minutes au compteur ainsi que le plus modeste ‘Miramare’.

Pour cet album Big Big Train à mis le paquet sur la musique, peut-être pour compenser le manque d’émotions dans le chant. Et cette musique renoue avec le prog symphonique des seventies, du moins nettement plus que sur les précédents albums du groupe.

Toutefois, je trouve The Likes Of Us un petit peu longuet et j’aurai pu me contenter du quatuor formé de ‘Light Left In The Day’, ‘Beneath The Masts’, ‘Miramare’ et ‘Love Is The Light’. Et justement, puisque l’on parle de ‘Love Is The Light’, je trouve que c’est le titre de l’album sur lequel Alberto insuffle le plus d’émotion. Bon il faut bien reconnaître que le thème s’y prête beaucoup, mais cela fait du bien de vibrer à l’unisson pour une fois avec le chanteur.

Parce que sur le reste de The Likes Of Us, je fonctionne au diapason de la partition plus que du texte.

Les influences à la Genesis ou bien The Tangent s’entendent principalement sur les deux longs formats mais également sur le troisième titre en durée, ‘Last Eleven’, grâce à la guitare et au Mellotron qui ouvrent le morceau et reviennent à plusieurs reprises comme dans ‘Bookmarks’.  Le violon de Clare Lindley, très présent sur cet album, y sème toutefois le trouble à plusieurs reprises.

Je m’aperçois finalement que je n’ai pas grand chose de plus à vous raconter sur The Likes Of Us. J’ai été séduit par son évidente facture rétro progressive et les pièces à rallonge.

The Likes Of Us reste trop long à mon goût, raison pour laquelle il n’entrera pas dans ma collection de vinyles, mais c’est un très bel album.

Je vais certainement regretter encore longtemps la disparition de David. Toutefois, je trouve que Big Big Train a su poursuivre son chemin malgré le décès de leur chanteur.

Universe Effects – The Distance

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J’ignore qui m’a tuyauté sur le groupe québécois Universe Effects. Mais, qui qu’il soit, je l’en remercie.

Je suivais sans le savoir le quintet de cousins depuis quelques temps déjà sur Bandcamp quand leur nouvel album The Distance est sorti sans prévenir. J’y ai jeté une oreille intriguée et si je vous en parle aujourd’hui, c’est que leur musique m’a clairement tapé dans l’oreille.

Universe Effects existe depuis 2015 mais n’a composé que trois albums en comptant le dernier.

The Distance, ce sont quatre morceaux pour moins d’une demie heure de metal progressif. Une musique qui emprunte au cinématique symphonique, au djent comme au jazz.

Le timbre de Gabriel Antoine Vallée, le chanteur du groupe, est reconnaissable entre tous. Il surprend tout d’abord, d’autant que le chant est très présent sur l’album et finit par prendre aux tripes. Les claviers de Francis Grégoire sont omniprésents et souvent virtuoses comme dans le premier titre ‘Layers’. Mais les guitares aux solis lumineux de Gabriel Cyr ne sont pas en reste loin de là. Quant à la section rythmique tenue par Alexandre Hudon et Dominic Tapin-Brousseau, elle est la colonne vertébrale de ces compositions protéiformes, s’offrant régulièrement quelques mesures de bravoure.

La pochette de The Distance s’apparente à de l’art graphique. Une photographie hyper contrastée de drone prise à la verticale du bord de mer où le blanc de l’écune tranche avec le roux des rochers, séparé par une bande de sable noir. Une thématique déjà exploitée pour leur single ‘Layers’ sorti au mois de février.

Ce titre, qui débute l’album, donne dans le djent  électro cinématique à la manière d’un Tesseract.  Il fait également songer à un Dream Theater avec ses claviers virtuoses.

‘Waves’ débute de manière nettement plus apaisée entre piano et guitare jazzy et explose après trois minutes pour retomber dans la fusion cent-vingt secondes plus tard un peu dans le style de Sanguine Hum.

‘Flow’ est dans la pure veine d’un metal progressif technique et virtuose qui trouve tout de même le temps de se poser sur les couplets plus calmes. Il s’offre également une courte section instrumentale construite sur plusieurs soli de guitare, clavier et de basse.

‘Release’, le long format de neuf minutes qui conclut trop vite cet album, joue avec la forme symphonique. On est pas loin encore une fois d’un Dream Theater avec son emphase mais dans un traitement nettement plus subtil.

Universe Effects est ma première découverte de l’année. Plus je l’écoute, plus je lui découvre de nouvelles qualités. Je vous le recommande donc et de mon côté, je vais explorer leur deux autres albums de ce pas.

anasazi – shine a light

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Vous ai-je déjà dit que playing ordinary people était mon album préféré du groupe anasazi ? Oui sans nul doute. Il est sorti le 11 avril 2011 et, d’après moi, il possède je ne sais quoi de The Incident de Porcupine Tree, qui lui aussi, est mon album favori de la bande à Wilson.

Pour les vingt ans du groupe, Mathieu, l’homme derrière ce projet, a sorti une version symphonique d’un des plus beaux morceaux de cet album, ‘shine a light’, un titre qui me prend à chaque fois aux tripes lorsque je l’écoute.

Je possède l’album playing ordinary people dans deux éditions, le digipack offert par Matthieu lorsqu’il a signé avec un label la réédition du disque ainsi que le boîtier cristal que j’avais commandé avant sa sortie.

Évidemment, lorsque j’ai entendu la version 2024 de ‘shine a light’, je n’ai pu résister à l’envie de vous en parler. Le morceau, initialement long de neuf minutes, gagne ici soixante quinze secondes, une orchestration symphonique, un solo de guitare signé Tristan Klein. Hélas il a perdu son contrepoint final avec la voix de Delphine Polet.

Ce qui était à l’origine un titre relativement épuré où la voix granuleuse de Mathieu prenait presque tout l’espace, se transforme en une pièce orchestrale cinématique. Un arrangement orchestral que l’on doit à Matthieu Vermorel. Un morceau qui prend le temps de respirer sur un solo de guitare et s’ouvre comme un générique de grande production hollywoodienne. 

Tout commence donc par une ouverture symphonique de plus d’une minute entre grandiloquence et douceur, riche de cuivres, de vents comme de cordes. Cette orchestration se poursuit sur le chant de Mathieu.

Les instruments électriques ne s’invitent sur la partition qu’au bout de quatre minutes, lançant le long solo de guitare de plus de cent trente secondes. Le chant reprend de plus belle sur le refrain en une apothéose symphonique et de chœur.

J’aime beaucoup cette version symphonique de ‘shine a light’ même si la toute première reste ma préférée pour des raisons sentimentales.

Je salue anasazi pour s’être lancé dans cette audacieuse aventure, car passer d’une partition de rock alternatif à celle d’un orchestre philharmonique, même avec des banques de sons, c’est un sacré challenge.

Ça pourrait peut-être donner des idées à Mathieu pour les compositions de son prochain EP, qui sait.

Les deux versions sont sur Bandcamp, qui non, ne sponsorise pas Chroniques en Images contrairement à ce que l’on pourrait imaginer.

Je ne peux que vous encourager à écouter ces merveilles, et si vous ne connaissez pas encore anasazi, ben vous savez ce qu’il vous reste à faire d’autant que Mathieu à mis en ligne les premiers effort du groupe dont the principles of hate avec lequel j’ai découvert leur travail en 2006.