Tin Fingers – Rock Bottom Ballads

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Après une semaine d’abstinence (musicale je précise), j’ai allumé la chaîne et j’ai survolé de nombreux albums. Et tout ou presque m’a semblé excellent, peut-être à cause du manque, du coup j’ai commandé pas mal de choses : du rétro prog, du metal, du prog et même de l’indie, c’est vous dire.

Au milieu de cette orgie sonore, un album m’a particulièrement chatouillé les tympans, Rock Bottom Ballads du groupe Tin Fingers. Si vous ne les connaissez pas, c’est normal. Déjà il sont belges et en plus ils jouent dans la cour folk pop indie.

C’est mon ami Jean-Blaise qui a acheté cette merveille sur Bandcamp et comme je surveille ses courses, j’écoute souvent ce qu’il achète.

Rock Bottom Ballads est le second album du quatuor belge et s’il m’a chatouillé c’est d’abord à cause de la voix de Felix et son l’épure musicale. Rock Bottom ballads propose dix morceaux pour trois quart d’heure de mélancolie souvent à la frontière du trip hop, autant vous dire pas vraiment ce que j’écoute le matin en me brossant les dents.

Mélancolie, voix d’ange, piano, musique épurée, tous les ingrédients étaient réunis pour que je tombe sous le charme de ce disque qui ressemble un peu à un album acoustique avec Einar Solberg, M ou bien à Vagrant Sleepers du groupe Lag I Run. Dix titres hors du temps, loin des canons habituels, qui me font frissonner à chaque écoute.

Des sons électroniques en formes de percussions émaillent de nombreux titres comme ‘Misstep’ ou ‘Little More’. Des morceaux généralement courts à la forme épurée très acoustique où la voix semble l’instrument principal, sorti de ‘Goodnight piano’ qui atteint sept minute et qui est sans surprise mon préféré avec ce sublime duo piano chant. J’aime également beaucoup le ‘Hideout’ à l’atmosphère funky digne des nuits de San-Francisco.

Si la mélancolie domine sur une musique relativement épurée, le quatrième titre de l’album très justement intitulé ‘LSD’ dénote ici. Après une ouverture en douceur, la rythmique s’emballe brutalement sur un refrain endiablé, du moins en comparaison du reste.

L’antenne ‘5G’ fait également un peu désordre dans cet album avec sa rythmique trip hop, mais comme j’aime bien le trip hop et cette basse continue aux claviers où surnage une voix suraiguë, je ne dirais rien.

L’album ne comprend qu’un seul instrumental, le ‘Nightclub’ d’à peine plus d’une minute joué au piano façon improvisation qui n’a qu’un mérite, celui d’offrir un break au chant présent partout ailleurs.

Tin Fingers dénote clairement parmi les groupes que j’écoute d’ordinaire et vous ne vous y retrouverez peut-être pas en l’écoutant. Mais voilà, je rentrais de vacances, j’avais faim de musique et l’album Rock Bottom Ballads est arrivé à point pour me nourrir. Alors je vous recommande de l’écouter sur Bandcamp, ne serait-ce qu’une fois, pour vous faire votre opinion.

MIRAR – Mare

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C’est dans un article de Métal Zone  que j’ai découvert le duo français MIRAR. Le billet parlait d’un premier EP conjuguant metal progressif, musique classique et djent. En plus il était disponible sur Bandcamp, alors je suis allé l’écouter.

Bon, honnêtement j’ai hésité à l’acheter après un premier survol. Déjà parce que 14,40 euros c’est cher pour un EP de trente minutes, ensuite, parce que la musique est pour le moins, comment dire, inconfortable.

Alors qu’est-ce qui m’a décidé ? Sans doute le plaisir de faire chier mes voisins, de sortir de ma zone de confort et de reproduire l’expérience du chat de Schrodinger, à savoir la survie d’un chat enfermé dans la même pièce que moi à écouter le groupe MIRAR.

Mare est un EP six titres qui s’inspirent de Jean-Sébastien Bach, de Rachmaninov et de Jean-Philippe Rameau, de la musique baroque, classique et romantique transformée en djent extrême par Marius et Léo.

A la première écoute, ‘Rachma’ est inconfortable et ‘Rose Bonbon’ limite insupportable. Après ces deux morceaux, le cerveau commence à mieux supporter la douleur et cela se passe presque bien jusqu’au moment ou ‘Cauchemar’ rentre en scène.

Piano classique, traits de guitares au vitriol, sons torturés, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mare est très original. Techniquement c’est assez bluffant, mélodiquement par contre, c’est l’enfer.

Génial ou insupportable ? Je n’ai pas encore vraiment tranché la question. Le moins que je puisse dire, c’est que c’est très déstabilisant.

‘Rachma’ qui ouvre l’EP s’inspire du concerto n°2 de Rachmaninov (disons que les premières secondes au piano y font penser) puis il déchire les éthers avec ces grincements de guitares, sa batterie bourrine et son djent tablasseur avant quelque secondes cinématiques pour exploser de plus belle.

Mais ce n’est rien en comparaison de ‘Rose Bonbon’ qui n’est que déferlement de batterie, de guitares écartelées, de musique contemporaine et de djent industriel avec quelques secondes de clavecin pour faire bonne figure.

‘Hestehov’ se veut nettement plus cinématique malgré ses accords de guitares dignes des violents FPS auxquels jouent nos enfants. Le morceau propose nettement plus de plages acceptables pour les oreilles humaines.

‘Franka’ s’inspire de deux pièces de Jean-Philippe Rameau, ‘Les Cyclopes’ et ‘Les Sauvage‘. Une base rythmique au clavecin vite submergée par le djent nous maltraite à nouveau avec toutefois un court break au milieu de la pièce. Quant à ‘Oslo’, il ressemble à un train à vapeur lancé à plein vitesse avec des étincelles qui jaillissent de la cheminée de la motrice.

‘Cauchemar’ me semble le titre le plus abouti de l’EP. Il nous parle avec délicatesse de l’insomnie. En plus des guitares effrayantes, des hurlements se glissent dans la composition. Et ce n’est pas parce qu’il y a du piano en seconde partie du morceau que vos rêves seront plus agréables. Une sorte de bande son de l’Exorciste longue de pas loin de neuf minutes, vivement recommandée comme berceuse pour endormir vos petits enfants.

Mais quel est le rapport avec le tableau de Le Caravage, Judith décapitant Holopherne qui fait office de pochette ? Aucune idée sortie de l’horreur de la chose.

Il faut bien reconnaître que cet EP entre ses emprunts au répertoire classique et son artwork que l’on doit à un grand maître du dix-septième siècle, est pour le moins perturbant.

Alors chef d’oeuvre ou mélange blasphématoire des genres ? A vous de voir. Au moins ça sort clairement des sentiers battus.

Airbag – Century of the Self

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Century of the Self livre cinq morceaux pour un peu plus de trois quart d’heure de musique. Donc fatalement il y a des longs formats. ‘Dysphoria’ qui ouvre la galette et ‘Tear it Down’ qui le conclut.

Sans surprise Airbag fait du Airbag, encore que. Un prog gilmourien planant sur la voix plaintive de Asle Tostrup. Ce qui change un peu sur cet album c’est la basse hyper présente qui domine parfois la batterie.

La production du dernier opus de Airbag est une pure merveille ciselée. Certes, la partition n’est pas d’une grande densité instrumentale mais n’empêche, j’adore le son limpide de cette galette qui possède également des basses travaillées. C’est particulièrement flagrant sur le dernier titre qui joue les grands écarts.

Si Airbag a longtemps donné dans le gilmourish, Century of the Self, sans renier son passé, explore d’autres univers et le travail de Bjorn Riis sur les guitares comme les basses est tout simplement fabuleux.

Il faut également écouter comment Henrik Bergan Fossun habite la batterie par moment. Si des fois cela peut paraître minimaliste, écoutez bien le ‘Tear it Down’. Le monsieur nous donne une leçon de prog.

Les couplets de ‘Dysphoria’ possèdent un parfum psychédélique auquel se raccroche un refrain nettement plus à la sauce Airbag et un instrumental où la basse sonne de manière incroyable pour revenir au mood floydien vers la fin.

‘Tyrants and Kings’ possède la ligne vocale classique de Airbag et une écriture très linéaire sortie de l’envolée de guitares qui conduit au break final.

‘Awakening’ est le plus acoustique des cinq morceaux. Écrit à la manière d’une ballade bluesy, il aère agréablement l’album alors que ’Erase’ épouse une forme rythmée à la manière de Porcupine Tree. Une sorte d’électrochoc au fabuleux solo de guitare.

Et pour terminer, Airbag propose un quart d’heure de ‘Tear it Down’. Un morceau tout en progression où seul le riff du refrain me semble un peu facile en comparaison du reste.

Century of the Self est assez différent de A Day at the Beach, nettement plus épuré et moins floydien également, même si on y retrouve les ingrédients propres à Airbag.

Le virage pris par le groupe me plaît énormément et l’album rentre de ce pas dans mon top de l’année. Ca méritait bien une chronique plus longue et une édition vinyle, surtout avec une telle production. Mais vous pouvez quand même l’écouter sur Bandcamp.

Marjana Semkina – SIRIN

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Sirin est une créature slave maléfique, mi oiseau, mi femme. Telle une sirène, son chant envoûte les hommes jusqu’à leur faire perdre la mémoire. C’est également le second album solo de Marjana Semkina, la seconde moitié du duo iamthemoring.

L’artwork art nouveau dans le style pictural de Klimt représente Marjana en sirine rousse aux ailes repliées sur le corps.

L’album, lui, propose trois quart d’heure de musique vouée à la délicieuse voix de la chanteuse. Dix morceaux où apparaissent également Jim Gray de Caligula’s Horse et Mick Moss d’Antimatter. Y jouent  également de nombreux musiciens invités venus de Agent Fresco, iamthemorning ou Knifeworld par exemple ainsi qu’un quatuor à cordes présent sur tous les titres.

J’ai eu le bonheur d’assister à la listening party de Sirin sur Bandcamp et de dialoguer un peu avec Marjana pendant près d’une heure. Une avant-première qui m’a convaincu de m’offrir l’album et sans doute le vinyle lorsqu’il sortira plus tard dans l’année.

Si vous ne connaissez pas Marjana, foncez écouter iamthemorning. Le duo formé d’un grand pianiste et d’une voix d’ange est tout simplement magnifique.

Ensuite, vous pourrez attaquer la carrière solo de la chanteuse russe. Les albums de Marjana ne possèdent pas forcément la même puissance évocatrice que ceux de iamthemorning mais certains titres sont de purs joyaux. Et c’est la cas encore une fois pour Sirin.

L’album se déguste avec bonheur et quelques morceaux sont tout simplement sublimes. D’autres fonctionnent un peu moins bien hélas, comme le duo avec Mick Moss, un chanteur que j’adore pourtant, tout le contraire du titre ‘Anything but Sleep’ avec Jim Gray. En fait, je trouve que les timbres de Mick et Marjana ne se marient pas très bien. Toutefois ‘Death and the Maiden’ se rattrape vers la fin avec une très belle section instrumentale.

‘We are the Ocean’ ne me semble pas un choix judicieux pour ouvrir Sirin même si le titre est magnifique. Mais si vous écoutez le sombre ‘Pygmalion’ ou bien ‘Swan Song’ et ‘This Silence, This Dreaming’, vous comprendrez que le travail de Marjana touche parfois au génie.

Ce n’est pas forcément un album qui s’impose à vous dès la première écoute. Certains titres vous touchent tout de suite, d’autres devront faire leur chemin.

Evidemment la voix magique de Marjana et la présence du quatuor à cordes contribuent beaucoup à mon plaisir mais attention, ils ont tendance à m’entraîner dans de délicieux songes avant la fin de l’album. Je vous recommande donc d’écouter Sirin bien fort pour profiter de toute sa dynamique.

Si Sirin ne figurera probablement pas sur le podium 2024, il n’en reste pas moins un disque indispensable.

Aisles – Obras de los Jaivas

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Alors que je traversais une grave crise musicale, le dernier EP des chiliens du groupe Aisles m’a sauvé. J’avoue que depuis la sortie de leur précédent album Beyond Drama et Bahamut, l’EP électro cinématique qui a suivi, je ne sais plus vraiment où en était le groupe avec son chanteur.

Avec Obras de Los Jaivas, le quatuor propose vingt-cinq minutes en quatre morceaux interprétés par autant d’artistes. Et cette fois c’est en espagnol que cela se passe.

Leur travail n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Esquirla, la fabuleuse rencontre improbable de Nino de Elche avec le groupe de post-rock Toundra.

Sur Obras de Los Jaivas on retrouve bien la musique de Aisles mais pour ce qui est du chant, on est plus proche du flamenco que du rock progressif. Et cela va certainement dérouter plus d’un fan du groupe.

C’est particulièrement vrai sur le magnifique morceau chanté par Kuervos del Sur, ‘La Poderosa Muerte’. Plus de onze minutes progressives d’une incroyable puissance qui allient instrumental et chant rugueux en espagnol.

Mais je m’emballe, parlons déjà du premier titre. ‘La Conquistada’ chanté par un fan chilien de Queen, à savoir Nico Borie qui fait plein de reprises sur sa chaîne Youtube. Sa manière de chanter fait beaucoup songer au groupe italien Nosound que j’adore, jusqu’à ce que la musique s’emballe et là je retrouve le Aisles que je connais bien.

‘La Mira Ninita’ est nettement plus consensuel que ‘La Poderosa Muerte’. Une jolie ballade à la manière de ‘Hijo de la Luna’ de Mecano où chante la délicieuse Dulce y Agraz.

Enfin ‘Sube a Nacer Conmigo’ qui termine l’EP reprend les sonorités électro prog de Aisles sur le chant traditionnel de Nano Stern. Le contraste entre les deux univers est saisissant mais il fonctionne. A condition d’avoir apprivoisé le morceau, ce qui n’est pas forcément évident.

Evidemment, cet EP est pour le moins étrange. Du rock progressif électro chanté pour une fois en espagnol avec de fortes consonances folk, ça ne court pas vraiment les rues. En plus, lorsque deux des chanteurs viennent de la musique traditionnelle chilienne, il y a de quoi en déstabiliser plus d’un.

Pour ma part je trouve ça audacieux de la part de Aisles de se remettre une nouvelle fois en question. Et j’aime ça chez les artistes.

La bonne nouvelle c’est que Obras de Los Jaivas m’a sorti de ma morosité musicale et rien que pour cela, je vous invite à écouter cet OVNI qui est disponible sur Bandcamp.

Marco Gluhmann – A Fragile Present

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Après One 2 Zero et Control, Marco Gluhmann sort son premier album solo A Fragile Present. Le chanteur de Sylvan à la voix inimitable se lance en solitaire ou presque.

Il est accompagné tout de même de Steve Rothery, Billy Sherwood, Kalle Wallner, Johny Beck, Yogi Lang, Markus Grützner et Tommy Eberhardt pour douze morceaux pop rock avec quelques touches progressives.

J’avoue que dès l’annonce de l’album, j’ai précommandé la galette, me doutant bien que le label Gentle Art Of Music me l’enverrait quand même. Parce que oui, je suis un peu fan de Marco et de sa voix.

Marco, habitué des concepts albums avec Sylvan, nous livre ici une heure de musique sans histoire, des titres très différents les uns des autres, servis par d’excellents musiciens. L’album a toutefois un thème souligné dans le titre : la fragilité de notre existence, ce cadeau qu’est la vie.

J’aime tout particulièrement ‘Hear Our Voice’ où deux voix que j’adore se rencontrent, celle de Marco et de Billy Sherwood même si ce dernier ne fait que les chœurs. ‘Look At Me’ figure également parmi mes morceaux préférés, déjà parce qu’il dépasse les cinq minutes et que son écriture en deux temps se rapproche beaucoup de cette forme progressive que j’affectionne tant. ‘Black The Shade Out’ fonctionne également assez bien. Un parfait single pour ce premier album solo du chanteur de Sylvan où la voix vocodée, les claviers et les guitares miaulantes donnent une belle hargne à la musique.

Hélas, il reste de nombreux titres qui passent sans même chatouiller mes oreilles. Des petites choses insipides, pas développées, qui ne laissent aucune saveur après leur écoute et qui cassent le rythme de l’album.

Vous voulez une liste exhaustive ? ‘Reach Out’, ‘Faceless’, ‘At Home’, ‘For A While’ ou ‘Running Out of Time’. Cinq sur douze. Oui ça fait beaucoup !

A Fragile Present ne m’a pas touché comme One 2 Zero de Sylvan ou bien Control de Violent Jasper. Déjà parce que Marco exploite nettement moins la particularité de son timbre assez unique, sauf peut-être sur ‘My Eyes Are Wide Open’ qui est au passage et pour des raisons évidentes, mon morceau préféré. Ensuite parce que la musique manque d’unité avec tous ces guitaristes et bassistes présents. Enfin parce que la sortie de ce disque après celui de Violent Jasper pourrait sonner le glas d’un groupe que je vénère depuis des années, à savoir Sylvan.

Donc voila, A Fragile Present m’a déçu, sans doute aussi parce que j’en espérai trop.

Constellatia – Magisterial Romance

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C’est en surfant parmi les suggestions de Bandcamp que je suis tombé un peu par hasard sur le groupe Constellatia. Une formation d’Afrique du Sud qui donne dans le post black metal progressif. 

Le quatuor n’a sorti que deux albums depuis leur formation en 2018, The Language Of Limbs en 2020 et Magisterial Romance qui a été distribué en 2022 chez Season of Mist.

Magisterial Romance ce sont quatre titres d’environ dix minutes puissants et dévastateurs, submergés par les émotions malgré un chant quelque peu rugueux. La musique du groupe est dans la veine du post-metal sur un chant caverneux où les guitares empruntent souvent une forme progressive et parfois du cinématique comme sur ‘Adorn’. Et si la voix est plus proche des hurlements que du lyrique, elle véhicule cependant une incroyable émotion tout au long de l’album.

Pour les progueux comme mon ami Launis, je tiens à être bien clair, Magisterial Romance c’est trente neuf minutes de growl avec juste un peu de chant féminin sur ‘Adorn’, autant dire que ça gratte les tympans. Ma femme possède un avis bien tranché sur la question : “il est abominable cet album !”. Et oui, nous ne sommes pas toujours d’accord en ce qui concerne la musique dans notre ménage. Mais ce growl, aussi caverneux soit-il, véhicule des émotions vraiment puissantes,c’est d’ailleurs la première chose qui m’a séduite sur cet album.

Il faut bien l’avouer cependant, la batterie n’est pas forcément l’élément le plus élaboré dans les compositions et sorti de quelques moments de bravoure ça tape fort sur l’enclume sans grand discernement. A contrario, la guitare électrique sort souvent du mood post-metal pour se livrer à des soli que l’on a pas forcément l’habitude d’entendre dans ce genre de musique.

Pour situer le groupe dans le peu que je connais, il trouverait une place entre un Cult Of Luna et un Shores Of Null avec un côté vaguement floydien comme sur ‘Paean Emerging’ par exemple.

J’aime beaucoup la forme longue des morceaux qui permet de s’imprégner complètement de la musique, le growl dévastateur de Keenan Oakes qui me ferait presque pleurer et la guitare de Gideon Lamprecht qui sort des sentiers battus.

J’aime tellement cet album que je me suis plongé juste après dans l’écoute de Language Of Limbs, leur précédent disque qui est dans la même veine avec lui aussi un titre chanté par une femme.

Je sais que tout le monde n’est pas anglophone, surtout en France, cependant je vous invite vivement à lire le livret de Magisterial Romance. Les textes sont des poèmes étranges, poignants et forts comme le chant de Keenan Oakes.

Alors oui, le chant vomito va en rebuter plus d’un mais pour moi Magisterial Romance un est pur chef d’œuvre, un incontournable à découvrir d’urgence si vous ne le connaissez pas encore. Hélas, mille fois hélas, il semblerait que le groupe soit dissous depuis et il se pourrait bien que nous ne l’entendions plus. Bonne nouvelle, le groupe vient de m’avertir qu’ils travaillent sur nouvel album.

La Panne

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Peut-être est-ce parce que je suis sous l’eau, au sens propre comme au figuré, toujours est-il que depuis quelques temps j’ai vraiment du mal à trouver des albums qui m’enthousiasment. 

J’ai acheté dernièrement pas mal de disques d’artistes que je suis depuis longtemps et qui n’auront pas de chronique ici car je ne leur trouve rien de vraiment particulier. Le Jo Beth Young m’a laissé indifférent, le Kyros m’a agacé, le Alase n’a pas su me séduire et j’ai été partagé par Madder Mortem. 

Bref je suis en panne.

J’attends pas mal de sorties comme IZZ, Marjana Semkina, Rendezvous Point, Airbag ou Evergrey mais je me demande si l’une d’entre elle saura me secouer suffisamment pour que j’en parle dans les chroniques.

Un des CDs qui tourne en boucle en ce moment à la maison vient du label Deutch Grammophon pas vraiment spécialisé dans le rock progressif. Il s’agit d’un quatre mains au piano de Prokofiev et Ravel joué par Martha Argerich et Mikhail Pletnev. Une merveille ! Vous voyez à quel point la crise est profonde.

Imaginez votre trombine si je me mettais à parler de musique classique dans les Chroniques en Images. Déjà qu’avec du Gleb Kolyadin je n’en étais pas si loin, mais si je donne dans le Wagner et le Rachmaninov je vais me retrouver très seul sur Youtube.

Rassurez-vous j’écoute toujours de la musique. Je surfe sur Bandcamp à la recherche de la perle rare et comme je ne trouve pas grand-chose, je me replonge dans la collection de vinyles et de CD qui recèle quelques valeurs sures.

Je me suis retourné vers le mur de CD et j’ai pioché un peu au hasard des disques que je n’avais pas écouté depuis très longtemps : IQ, Ravel, Klone, Dream Theater, Schubert, Tiles, Transatlantic, Prokofiev, Marillion… quand j’arriverai à Selling England By The Pound j’aurai fait le tour de la collection, mais j’ai pas mal de temps encore devant moi.

En attendant que je le ressaisisse, vous pouvez toujours me proposer vos découvertes, qui sait, je trouverais peut-être mon bonheur si vous évitez le post-rock instrumental, la pop, l’électro, le prog seventies, les cover Pink Floyd et Porcupine Tree, le metal trop trash, les pseudo Mike Oldfield, le Punk, le Grunge, le Classic Rock, les trucs datant d’un siècle, le symphonico choucroute et tout le reste. 

C’est grave docteur ?

Amarok – Hope

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L’an passé j’ai découvert le groupe polonais Amarok grace au trio de l’association ArpegiA. C’est avec l’album Hero que j’ai fait mes premiers pas dans leur prog électro floydien. Cerise sur le gâteau, j’ai eu la chance de les écouter peu après en live chez Paulette, une salle de concert que l’on aimerait bien voir rouvrir ses portes un jour.

Hope est leur nouvel album d’une heure et dix morceaux dont ils avaient justement joué un extrait ce soir là. Des titres de trois à sept minutes poursuivant le chemin tracé avec Hero en 2021.

Evidemment passer d’une première rencontre coup de coeur avec Hero à un Hope dans la même veine, cela n’engendre pas le même plaisir et si je le chronique aujourd’hui, c’est aussi pour respecter mon quota d’une vidéo par semaine car en ce moment en musique c’est plutôt vaches maigres.

Attention, il y a plein de belles choses dans Hope mais pas assez de surprise et trop de Floyd cover pour que je tombe amoureux cette fois. En plus, le claviériste violoniste mineur de fond du groupe pousse la chansonnette sur un titre.  Cela me fait un peu le même effet lorsque Pete Trewavas ou Mike Portnoy chantent dans Transatlantic. Ça fait tâche.

Je vais du coup commencer par des morceaux qui m’emballent moyennement. Il y en a trois et ils se suivent, autant dire que cette partie de l’album m’ennuie un peu : le premier est ‘Welcome’ au chant imbuvable, suivi de peu par ‘Queen’ à la rengaine énervante et l’électro dub instrumental ‘Perfect Run’ digne des pires errements de Mariusz Duda.

Restent quand même sept titres plutôt sympathiques. Certes, certains sont furieusement floydiens donc pas vraiment originaux mais pourquoi bouder son plaisir ?

‘Hope Is’ est le parfait exemple de cette musique électro progressive qui fait le charme de Amarok. Solo de guitare gilmourien, rythmique dansante, chœurs et textes déclamés avec en prime un compte à rebours, le titre promet un grand moment de musique qui hélas n’est pas au complètement au rendez-vous.

‘Stay Human’ qui suit juste après ne va pas le contredire. Cette fois le groupe joue plus de l’alternatif au refrain accrocheur, le genre de morceau qui pourrait cartonner en live.

‘Insomnia’ frise le cover Pink Floyd période The Division Bell, du moins dans les souvenirs qu’il me reste de cet album. Malgré cela, ou à cause de cela, je l’aime beaucoup.

Je ne vais pas parler de tous les morceaux, on y serait encore demain, mais je vais m’attarder encore sur deux pièces que j’aime beaucoup : le lent ‘Don’t Surrender’ à la musique cinématique chargée d’émotion que je peux écouter en boucle et le court folk ‘Dolina’ chanté en polonais.

Vous l’aurez compris, Hope ne m’a pas autant emballé que Hero. Ça n’en reste pas moins un album sympathique que vous pouvez écouter sur Bandcamp.

Wheel – Charismatic Leaders

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J’ai découvert le groupe Wheel en 2021 encore une fois grâce à Stéphane avec l’album Resident Human qui n’a pas eu droit à une chronique dans ces colonnes. Un trio autrefois quatuor venu d’Helsinki qui sort avec Charismatic Leaders son troisième album en plus de trois EPs depuis 2017.

Il n’y a pas très longtemps je m’étais offert justement Rumination, un EP trois titres sorti en 2022 d’un peu moins d’un quart d’heure qui me semblait trop bref pour en faire une chronique malgré de très bons morceaux comme le fabuleux ‘Blood Drinker’.

Je me suis réservé pour leur album en devenir Charismatic Leaders qui vient justement de sortir chez Inside Out. Il s’agit d’un disque d’un peu plus de trois quart d’heure pour sept morceaux dont trois frisent ou dépassent les dix minutes.

Wheel a été clairement marqué par l’influence de Tool (écoutez ‘Submission’), une sorte de metal progressif alternatif pas forcément très typé mais qui s’écoute admirablement bien. Ils possèdent également un je ne sais quoi de Soen dans leur manière d’aborder le metal progressif même si un titre comme ‘Porcelain’ nous ramène clairement plus vers le grunge.

La section rythmique est au cœur des compositions de Charismatic Leaders, souvent à la frontière du djent, avec un basse très présente (même s’ils n’ont plus de bassiste) et un chant relativement neutre mais nettement plus agressif, à la limite du growl parfois.

Il faut dire que dans Charismatic Leaders, le groupe s’attaque aux politiciens avides de pouvoir qui gouvernent notre planète, un vaste sujet qui peut fâcher.

Au milieu des ses sept pistes, ‘Disciple’ fait bande à part. Il s’ouvre sur quelques notes de violoncelle, s’appuie sur un duo basse guitare très rythmique et débride un chant resté jusqu’à présent très contrôlé.

Il est suivi par l’unique et très court instrumental andalou ‘Caught in the Afterglow’ qui lance le titre final de plus de dix minutes, le magnifique ‘The Freeze’. Un morceau à deux vitesses, d’abord lent et récitatif qui dans sa seconde moitié libère toute l’énergie retenue dans les cinq premières minutes. Nous y retrouvons une des trop rares sections instrumentales de cet album très chanté où guitare, basse et batterie s’affrontent une poignée de secondes.

Même si Charismatic Leaders n’est pas le genre d’album écrit sous la forme d’une sinusoïde mais plutôt de manière assez linéaire, il n’en reste pas moins addictif et le plus souvent, malgré sa durée, il n’est pas rare que je le repasse une seconde puis une troisième fois au casque.

Je ne peux donc que vous le recommander chaudement.