On ne peut pas dire que les musiques dansantes et festives soient ma tasse de thé. Samba, funk, disco et électro ne figurent pas en bonne place dans mes listes de lecture. Paradoxalement, j’adore lorsque le metal intègre à petite dose quelques-unes de leurs composantes dans les morceaux.
Je ne sais plus qui a partagé l’album Connection sur Twitter. Peut-être Launis, Daz ou Marillion073, qu’importe, je l’en remercie vivement.
Je ne me souviens pas plus d’où je connais le groupe Soulsplitter, et ça, ça m’angoisse beaucoup plus, car j’ai déjà dû les croiser quelque part, peut-être chez eux en Allemagne. J’ai même certainement écouté leur album Salutgenesis sorti en 2019, enfin, je crois, car il ne m’a pas laissé de souvenir impérissable.
Qu’importe. Lorsque je suis tombé sur l’album Connection, le nom du groupe a réveillé quelque chose dans mon crâne et je suis allé l’écouter sur Bandcamp.
On parle ici de sept morceaux de quatre à sept minutes de metal progressif où se dessinent de légères touches latino, classique et électro. Un metal qui explore de multiples dimensions sonores de manière assez subtile.
Avec une basse ronde et dansante signée Felix, une batterie souvent éblouissante tenue par Fenix, la belle voix claire de Sami qui s’égare parfois dans le growl, la guitare mutante de Simon, du piano joué par Lewin et les synthés de Johannes, le chant de Viktorija, les trompettes de Jan et Maximilian et les cordes du Norddeutsch Sinfonietta, il y a beaucoup de monde sur cet album et cela s’entend.
Etrangement, si j’aime beaucoup Connection, je n’ai pas grand chose à en dire. ‘Disconnected’ sonne latino, ‘Glass Bridge’ néo classique, ‘Incineration’ growle comme il faut, ‘Erosion’ mêle aérien, metal et cordes avec brillo, ‘Thrive’ donne dans l’épique fabuleusement maitrisé, ‘Gratitude’ propose un instrumental de haut vol à la frontière de la fusion latino et ‘Reconnected’, le titre le plus long de l’album, après sa splendide ouverture au piano, repart dans un metal prog grandiloquent qui s’achève sur un ensemble à cordes.
Avec Connection, Soulsplitter nous livre une quarantaine de minutes de metal progressif assez classique que je vous recommande pourtant chaudement. Allez l’écouter, il est sur Bandcamp.
Comme beaucoup de monde, je lis et j’écoute les avis de chroniqueurs sur la toile pour découvrir de nouveaux albums.
Grâce à eux, je tombe parfois sur des trésors insoupçonnables dont je ne parle pas forcément ici. Le rythme d’une vidéo par semaine ne me permet plus de tout relayer. Et pourquoi le faire d’ailleurs, puisque d’autres s’en sont chargés ?
Mais tout règlement comporte des exceptions, sinon ça ne serait pas drôle. Et une fois n’est pas coutume, je vais rebondir sur la chronique d’Alias publiée le 22 février dernier, celle d’Epigone du groupe Wilderun.
Je connaissais déjà le groupe grâce, encore une fois, à ses soins mais j’avais manqué la sortie de leur quatrième album chez Mascot Records.
En regardant la superbe pochette de Kim Keever, je pourrais me lancer dans une nephanalyse exhaustive : cirrus, cumulonimbus, pannus, cumulus fractus, altocumulus castelanus, il y en a pour tous les goûts dans ce ciel chaotique. Pourtant il n’est assurément pas question de météorologie dans cet album, Epigone signifie le successeur. Ne m’en demandez pas plus, je n’ai pas encore exploré les textes.
Le disque de soixante-six minutes et quarante secondes contient neuf morceaux ainsi qu’une reprise de Radiohead, celle de ‘Everything in its right place’ tirée de leur album Kid A sorti en l’an 2000.
De l’acoustique qui côtoie le growl, du metal qui joue à l’expérimental, du jazz à la manière progressive et un dosage entre gros poutrage, symphonique et dentelle acoustique qui frise la perfection.
Le second titre de l’album reflète bien cette profusion de styles, tout à la fois symphonique, metal, acoustique, jazzy, lyrique, cinématique et expérimental pendant pas loin d’un quart d’heure. Un savant assemblage qui semble complètement naturel lorsque l’on l’écoute.
Un peu Haken, un peu Porcupine Tree, un peu Dream Theater, Wilderun possède toutefois une patte unique dans la mouvance metal progressif. Une qualité rare pour un genre musical assez sclérosé depuis des années.
Mais rassurez-vous, Wilderun sait également allez droit au but comme dans ‘passenger’, un titre metal progressif à chant clair et growl avec des chœurs et quelques envolées symphoniques. Oui, je sais. Dit comme ça, ça peut sembler un titre complexe, surtout avec ses dix minutes. Mais bon.
Il est vrai aussi, qu’avec des pistes instrumentales comme ‘ambition’ ou ‘distraction nulla’, à la frontière du cinématique et de l’expérimental, certains pourraient prendre peur. Pour ma part, je trouve ces interludes terrifiants et géniaux à la fois, tout particulièrement le dernier.
Tout ça pour dire que Wilderun est un groupe incroyable et que epigone va rejoindre la liste des albums qui seront probablement sur mon podium 2022, à côté de metanioa de Persefone.
Mine de rien, enregistrer une vidéo de trois minutes une fois par semaine, cela demande une certaine organisation.
Tout d’abord il faut écouter de la musique, au moins un album par semaine. Pour être honnête ce n’est pas la partie la plus désagréable du travail maintenant que je ne dirige plus un webzine de rock. En effet, je ne cherche plus à me torturer avec des disques improbables mais plutôt à me faire plaisir. J’écoute brièvement des albums, je jette mon dévolu sur celui qui me fait envie, je l’achète (j’adore acheter un album, même en numérique), puis je l’écoute avec délectation des jours durant sur ma platine, sublimé par mon ampli et des enceintes colones.
Après il faut quand même commencer à travailler, prendre des notes, retranscrire mes impressions, me documenter parfois, mettre tout ça en ordre et préparer le script. Un travail que je fais toujours avec un bloc note et un crayon. Je viens d’ailleurs de terminer un bloc A4 80 feuilles commencé à l’époque de Neoprog avec la chronique d’Osyron et noirci depuis en recto-verso.
Ensuite je retranscris ma prose sur l’ordinateur à l’aide d’un outil de publication partagé, une habitude conservée de l’époque du webzine. Je recherche également des images pour illustrer la vidéo et parfois je vais jusqu’à enregistrer une musique débile sur le clavier MIDI pour amuser la galerie, enfin, ça n’amuse vraiment que moi mais passons…
Vient ensuite la préparation à l’enregistrement. Je transfère la chronique d’internet vers une application sur la tablette de mon épouse. Cette application est un logiciel de prompteur qui me permet de faire défiler le texte devant moi en contrôlant la vitesse avec une télécommande. C’est de cette façon que je teste le texte, le débit et que je corrige le tir avant l’enregistrement.
L’opération Studio Line peut alors commencer: brossage des dents , rasage de près avec, épilation des oreilles, des narines et des sourcils, nettoyage des lunettes et le coup de brosse de la semaine sur mes quinze millimètres de cheveux.
Le plus fastidieux débute enfin. Il faut installer l’armature de l’écran vert et bien tendre le tissu. Deux trépieds, deux montants, un bout de chiffon, trois pinces et une grande barre en aluminium pour tendre la toile au sol. Il faut monter puis mettre en place les deux projecteurs LED. Deux trépieds à déployer, deux soufflets à ouvrir à l’aide de huit piquets peu maniables qui se fixent sur les deux LED. Il faut ensuite orienter correctement les projecteurs, brancher l’alimentation, régler leur puissance et souvent revenir vers l’écran vert dont l’éclairage puissant souligne les défauts.
Ensuite j’installe le tabouret où je vais poser mon séant, bien centré, ni trop loin, ni trop près de l’écran pour profiter du flou de l’ouverture à f 2.8, pour limiter également les ombres portées et surtout les déplacements d’air faisant bouger la toile.
Vient le tour du premier pied photo qui va supporter l’appareil et le prompteur. A part le centrage et son réglage en hauteur, rien de compliqué. Là ou cela se corse, c’est avec un prompteur à miroir sur lequel se fixe le boitier photo et son objectif 24-70 mm à 2.8. Il faut visser le boitier au rail du prompteur et glisser l’objectif dans le soufflet puis aligner parfaitement tout le monde et régler enfin le zoom sur à peu près 50 mm. Il faut installer la tablette sur le rail du prompteur et réaligner si besoin tout le système. Maintenant il faut brancher le micro cravate au boitier et installer un second pied et son porte smartphone pour supporter le smartphone qui me servira de retour vidéo et de contrôleur à distance de la caméra. Car oui, je n’ai pas de caméraman avec moi.
Les dernières étapes consistent à jumeler en le smartphone avec le boitier photo et la télécommande avec la tablette, allumer le micro, tester la prise de son, d’image, le défilement du prompteur et lancer enfin l’enregistrement qui dure une dizaine de minutes le plus souvent.
Une fois fini, je retire la carte SD de l’appareil photo et descend travailler au montage sur l’ordinateur avec le logiciel de montage. Une étape fastidieuse d’une heure environ maintenant qui s’achève par un fichier .mov de trois à quatre minutes qu’il va falloir importer sur YouTube.
Deux « j’aime » et vingt vues plus tard, la vie de cette vidéo va s’achever dans l’oubli après sept jours de travail. De temps en temps un nouvel abonné rejoint la chaine – quatre depuis le début – et accidentellement, une vidéo dépasse les soixante-dix vues.
Beaucoup de temps passé, beaucoup d’équipements utilisés pour un piètre résultat au final.
Ce billet aurait pu être sponsorisé par Rega, Bluetooth, Sensodyne, Akai, Nikon, Manfrotto, Menhen, Cullmann, Apple, Scan Disk, Neewer, Gilette, Marrantz, Starblitz, Google, Triangle, Grados, Neeweer, Boya, Ikea, Combar, Rhodia, Osyron, Garnier, Cambrige, Cullmann et le Crédit Mutuel.
Mais avec vingt vues quotidiennes, ça n’intéresse personne. Ceci dit, pour une fois, la vidéo de Marillion – An Hour Before It’s Dark casse la baraque avec pas loin de 250 vues depuis sa sortie lundi. L’exception qui confirme la règle en fait.
J’ai découvert Marillion à la sortie de Fugazi et ce fut un coup de foudre. Il faut dire qu’à l’époque mon univers musical se limitait à Genesis, Peter Gabriel, Steve Hackett, Harmonium et Kate Bush.
Je devins un adulateur du grand Fish avec Misplaced Childhood et désespéré après son départ du groupe. Le remplacement fut difficile à vivre jusqu’à un certain concept album intitulé Brave suivi de magnifiques disques comme Anoraknophobia ou Marbles.
Mais depuis ce dernier, je trouve que la bande à Hogarth tourne en rond. Si les textes ont gagné en puissance comme dans le magnifique ‘Gaza’, la musique, elle, s’est endormie sur ses lauriers, oubliant de nous surprendre.
Je n’attendais donc pas grand chose de An Hour Before It’s Dark. Du coup, je n’ai pas été trop déçu.
Le dernier Marillion s’écoute agréablement. Plusieurs titres fleuves, de beaux textes, quelques trouvailles qu’ils auraient pu développer et ses tonalités confortables que l’on retrouve sur tous leurs albums depuis quelques années.
Du rock progressif pantouflard, plaisant à entendre, sans risque de déplaire, mais qui n’en fera certainement pas l’album de l’année et encore moins le sommet de leur carrière. Bref un truc pour les vieux fans qui ne veulent pas être dérangés dans leurs habitudes.
Sauf que moi, je veux être bousculé par la musique, je veux qu’on me surprenne, que l’on m’émeuve, je veux découvrir de nouveaux horizons, je veux de l’inconfort, je veux des sensations fortes. Et An Hour Before It’s Dark n’y arrive pas vraiment.
Les chœurs new age de ‘Be Hard On Yourself’ m’ont fait rêver quelques secondes comme la première partie de ‘Care’, qui est au passage le quart d’heure le plus original de l’album. Il y a bien un instrumental, un exercice trop rare chez Marillion, mais bon, ce ne sont que quelques petites secondes d’entropie dans le disque.
‘Be Hard On Yourself’ commence donc plutôt bien avec son joli refrain mais s’égare en chemin. ‘Reprogram The Gene’ n’a franchement pas grand intérêt musicalement parlant avec une première moitié très compacte et une seconde sans grand contenu.
Le trop court instrumental ‘Only A Kiss’ me laisse sur ma faim, laissant place au single ‘Murder Machines’ d’un classicisme marillionesque exemplaire.
Par chance, ‘Crow Nightingale’, sans être révolutionnaire, propose enfin quelque chose d’un peu plus plus aéré et différent. Mais c’est avec ‘Sierra Leone’ que je commence enfin à me faire plaisir, dix minutes de Marillion tout en subtilité, émotions et revirements savamment dosés.
‘Care’ conclue l’album de belle manière, tout particulièrement avec sa première partie qui sort clairement du lot. Il s’agit de mon titre préféré avec le précédent.
Marillion n’aurait pas écrit FEAR, Sounds That Can’t Be Made, Happiness is the Road et Marbles avant An Hour Before It’s Dark, j’aurai certainement crié au génie.
C’est en Andorre que vivent les membres du groupe Persefone, du metal prog à chant clair et growl que j’ai découvert à l’époque de Neoprog grâce à leur manager que j’avais croisé lors d’un festival.
Il m’avait à l’époque, proposé une interview du groupe et de couvrir leur live en Allemagne. Une rencontre fort sympathique, un concert éblouissant et un premier vinyle dédicacé par le groupe, l’album Aathma, que je vous recommande fortement au passage.
Je les avais perdus de vue après un EP trop musclé à mon goût, vous savez quand ça tabasse et que ça gueule en même temps. Mais à l’annonce de la sortie de leur nouveau LP, j’avais envie de renouer avec la formation.
Le quatre février au matin, je pré-commandais Metanoia sur Bandcamp. Le soir même, après une écoute, je commandais le vinyle chez EMP, oui c’est là maintenant que je fais mes courses, les frais dissuasifs de port m’ayant éloigné des boutiques étrangères, merci le Brexit.
La couverture représente un gigantesque monolithe de lumière faisant face à une minuscule silhouette humaine dans le décor minéral d’une grotte ou d’une carrière à la roche grise.
Metanoia, ou la transformation mystique d’un être, le changement total de la pensée auquel nous convie Persefone avec près d’une heure de metal progressif avec de longues sections instrumentales et assez peu de growl au final.
Avec un titre fleuve de onze minutes, la troisième partie de ‘Consciousness’, un autre en trois parties de plus d’un quart d’heure, des atmosphères entre métal, cinématique, progressif et symphonique, Persefone poursuit l’histoire de leur quatrième album Migration et entame une nouvelle aventure musicale.
Entre le chant clair de Einar Solberg et de Miguel Espinosa se glissent les rares explosions de growl de Marc Martins comme dans ‘Architecture of the I’, ‘Merkabah’ ou ‘Anabasis Pt. 2’. Un contraste saisissant comme la musique qui passe du Djent tabasseur au cinématique planant avec une rare fluidité.
‘Metanoia’ et ‘Anabasis Pt 1 et 3’ jouent de motifs cinématiques quand ‘Katabasis’ ou ‘Anabasis Pt 2’ donnent de grosses baffes de metal et que ‘Consciousness Pt. 3’ explore des mondes clairement plus électroniques, l’ensemble offrant un album riche, varié et cependant très cohérent.
Alors je sais bien que nous ne sommes qu’au mois de mars. N’empêche, Metanoia pourrait bien être l’album de l’année, si ce n’est pas le cas, 2022 sera une superbe année musicale. Allez le découvrir sur Bandcamp et plus si affinité.
Une femme voilée aux yeux de biche orne la pochette de l’album Realm du groupe Almach. Du black metal oriental cinématique venu de Kaboul, une ville qui a clairement connu des jours meilleurs.
Certaines mauvaises langues affirment que le groupe ne serait pas afghan. Étant donné qu’ils ne possèdent pas de site web, que l’on ne connaît pas ses membres, j’aurai du mal à vous éclairer sur le sujet. Toujours est-il que depuis 2020, ils ont sorti trois albums, un EP et un single sur Bandcamp.
Chanteuse à la voix délicieuse, growl de goret, inspirations orientales, atmosphériques, cinématiques, folks et médiévales sur une base de black metal, Realm s’écoute sans avoir besoin d’être un adepte de Sheitan.
Les thèmes abordés par le groupe tournent autour de l’histoire de l’Afghanistan, un domaine dans lequel je suis passé maître au cours de mes études de math-physique, enfin… Voilà quoi.
L’album démarre avec ‘One chance’, un morceau furieusement accrocheur dominé par la voix de la chanteuse, des claviers à la Tim Burton, du growl démoniaque et des arrangements symphoniques.
Il ne faut cependant pas perdre de vue que le groupe serait afghan. Sa musique s’inspire fortement de la culture orientale comme dans ‘Hindukush’ qui mélange traditionnel et metal pour nous décrire la chaîne de montagnes qui culminent à près de huit mille mètres dans ce beau pays ravagé par la guerre ou bien dans ‘Flame Of The East’, un titre dans lequel viennent se greffer, sur la voix féminine, des chants traditionnels et de la double pédale bien lourde.
Le titre album, propose lui, un délicieux black metal aérien peuplé de voix afghanes, de growl et de musique médiévale. Puis après une ouverture world music, ‘Tears Of My Land’, le morceau le plus long de l’album, avec pas loin de neuf minutes, sacrifie un porc sur l’autel du black metal symphonique synthétique.
J’ai été moins emballé par ‘Shade of War’ qui mêle metal, growl, oriental, symphonique et folk de manière relativement chaotique, passant d’un instrument à l’autre sans vraiment prévenir avec un résultat assurément perfectible, un peu comme comme ‘Afghanistan’, un titre très world music expérimental.
L’album Realm propose un voyage sans risque sur Bandcamp pour un dépaysement garanti en restant confortablement assis dans son salon.
C’est en écoutant Visions de Soup sur Bandcamp que j’ai découvert Giant Sky.
En bas de la page de cette plateforme de streaming, sous les tags, vous pouvez trouver des albums recommandés par le groupe que vous écoutez ainsi que des artistes similaires. Une belle manière d’élargir ses horizons musicaux.
Giant Sky est le nouveau projet du frontman de Soup, Erlen Aastad Vigen, un projet dans lequel on retrouve également Espen Berge, de quoi avoir quelques craintes pour l’avenir de Soup.
Pour cette découverte, j’ai opté pour la version dématérialisée, ne sachant pas vraiment où je mettais mes pieds. Car Giant Sky est plus shoegaze, folk, cinématique et expérimental que progressif pour tout vous dire. Il y a des passages carrément fumés comme dans la septième partie de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’.
L’album éponyme dure quarante neuf minutes pour sept morceaux allant de une à douze minutes sur lesquels se croisent les voix de quatre femmes, d’un homme, du violon, de la flûte, de l’orgue d’église et plein d’autres instruments joués par Erlen.
Le résultat peut sembler déroutant au début avec ce mélange d’électro dans ‘Broken Stone’, de musique de chambre dans ‘Interlude’, d’expérimental, de shoegaze ou de rock alternatif acoustique dans ‘Out Of Swords’.
Les six premières parties en douze minutes de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’ ressemblent à du Vangelis où Danny Cavanagh jouerait des guitares sur des inspirations folk façon Mike Oldfield.
Dans ‘Broken Stone’, vous retrouverez cette guitare assez fabuleuse qui résonne dans Soup. Un titre de plus de neuf minutes à la seconde partie très synthwave qui laisse place à un interlude flûte et piano qui me fait songer à Harmonium.
‘No Cancelling This’ pourrait vous rappeler des derniers albums d’Archive, tout particulièrement le magnifique Axiom, alors que le mélancolique ‘Out Of Swords’ ressemble à un single de Petter Carlsen.
L’instrumental cinématique expérimental ‘The Further We Go The Deeper It Gets Pt. 7’ est assez raccord avec la fin du titre précédent et sert de pont d’envol pour propulser ‘Breathing Patterns’ aux belles envolées de flûtes.
J’ai acheté Giant Sky par curiosité et j’avoue avoir eu du mal à rentrer dedans au début. Mais leur univers musical s’est peu à peu imposé à moi et quelques morceaux comme ‘The Further We Go The Deeper It Gets’, ‘Interlude’ et ‘Out Swords’ m’ont réellement séduits.
Giant Sky est un groupe à placer en surveillance rapprochée.
Vous l’avez certainement appris, le frontman de Big Big Train, David Longdon nous a quitté le 20 novembre 2021, laissant le groupe orphelin. Il nous lègue en héritage, leur dernier album Welcome To The Planet, un concept en deux parties qui renoue avec le meilleur de leurs compositions.
Je ne dis pas ça pour saluer la mémoire d’un défunt, ce n’est pas mon genre, la preuve, leur précédent disque Common Ground est déjà oublié.
Je dis ça parce que Welcome To The Planet, c’est plus de trois quart d’heure en deux parties et neuf morceaux du meilleur de Big Big Train dont le délicieux ‘Propper Jack Froster’ sorti en clip animé quelques jours avant l’album.
Pour mémoire, la formation a su s’entourer au fil des années d’artistes d’exception comme Nick D’Virgilio anciennement batteur puis chanteur de Spock’s Beard, de Rikard Sjöblom, le frontman Beardfish, ou encore de Carly Bryant arrivée récemment.
Ils signent avec Dave Foster, David Longdon et Gregory Spawton les titres de ce magnifique album qui renoue avec la fraîcheur toute britannique de Grimspound.
Sorti du second instrumental ‘Bats In The Belfry’, qui avec ses sons huit bits accompagnant la batterie, ne m’ont pas franchement convaincus, j’ai trouvé cet album quasi parfait.
L’association des voix de David et de Carly sur ‘Proper Jack Froster’ et ‘Welcome To The Planet’ est un pur régal. J’ai également apprécié l’entrée en matière de ‘Made From Sunshine’, serait-ce un clin d’œil à Get Back ?
Et puis il y a cette profusion d’instruments les cuivres, la flûte, le violon, l’accordéon, l’orgue, les claviers vintages qui offrent une riche palette sonore au rock progressif aux accents parfois canterbury de Big Big Train.
Parmi mes titres préférés du moment vous entendrez ‘The Connection Plan’ au violon endiablé, le mélancolique ‘Capitoline Venus’ acoustique, ‘Proper Jack Froster’ délicieusement nostalgique et bien entendu ‘Welcome To The Planet’ qui s’achève quasi gospel.
Rest in peace David. Tu t’en vas en nous laissant un chef d’œuvre inachevé puisque tu ne le joueras pas en live avec tes amis.
Je suis certain que tous les amateurs de Big Big Train connaissent déjà l’album par cœur. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce groupe et qui aiment le canterbury et le rétro progressif, je ne peux que vous recommander chaudement Welcome To The Planet. Vous pouvez le découvrir dans son intégralité sur Bandcamp avant de vous décider, alors allez-y.
‘A Few Words From The Dead’ tiré de l’album Radiation de Marillion, figure parmi les morceaux qui m’ont le plus fortement marqué durablement. Un titre à l’écriture psychédélique, au chant incantatoire et qui explose après une longue section répétitive.
King Buffalo me fait cet effet là avec son nouveau disque Acheron, mais pendant quarante minutes.
J’avais découvert le groupe avec l’album The Burden of Restlessness, une belle trouvaille même si ce n’était pas un vrai coup de foudre. Cette fois, avec Acheron, King Buffalo touche au but.
Quatre morceaux, chacun d’une dizaine de minutes, remplissent la galette à l’artwork psychédélique. Je dis galette, mais cette fois encore, j’ai choisi la version dématérialisée pour des raisons d’économie comme d’écologie. Une démarche qui me frustre un peu mais que je vais sans doute poursuivre, COP 26 oblige.
Une tête émerge des eaux de l’Achéron, cette rivière qui se jette dans le Styx, le fleuve des enfers. Une peinture aux couleurs psychédéliques, des tentacules de courant violets, mauves et bleus convergeant vers un gigantesque maelstrom qui barre l’horizon.
Pour ne pas vous mentir, je préfère nettement plus l’illustration du précédent album même si elle est nettement moins ragoutante.
Mais revenons à nos moutons. Je trouve que la forme longue convient mieux à la musique psychédélique en général. Cela laisse plus d’espace aux motifs sonores pour nous hypnotiser avant de brutalement nous ramener à la réalité avec de puissants riffs de guitares.
Dans Acheron, nous retrouvons la patte de Pink Floyd, particulièrement dans les deux derniers morceaux, ‘Shadows’ et ‘Cerberus’.
Infatigables gimmicks, riffs dévastateurs et chant chamanique se partagent ces quatre pistes fleuves, glissant ça et là de nouveaux motifs pour casser le rythme halluciné.
Comparé à un album de prog, Acheron offre relativement peu turbulences. Dans le titre album qui débute le disque, deux thèmes se répètent, un lent incantatoire, une autre plus nerveux mais tout aussi répétitif avec quelques variations aux claviers ou à la basse.
Les instruments jouent de sonorités délicieusement seventies sans pour autant nous ramener un demi siècle en arrière et si le chant occupe une belle place au début des morceaux, il s’efface ensuite pour de longues digressions instrumentales.
Si vous avez apprécié The Burden of Restlessness, vous devriez adorer Acheron, et si vous ne connaissez pas le groupe, plongez-vous dans cette musique psychédélique, vous ne le regretterez pas, d’autant que vous pouvez l’écouter sans risque sur Bandcamp avant de franchir le pas.
Je précise tout de suite que je ne suis pas tombé dans la marmite doom quand j’étais petit. Mais en trainant sur Twitter, un dimanche pluvieux, j’ai lu un tweet de Doomedparade qui parlait d’un album de 2017 sorti par un groupe qui m’était totalement inconnu. Un groupe de heavy doom mélodique suédois né à Stockholm en 1988 au nom quasi caricatural.
J’ai cherché l’album The Crowning of the Fire King sur Bandcamp et, miracle, il existait. Alors je l’ai écouté, téléchargé, réécouté, encore, encore et encore et le lendemain je le commandais en vinyle cette fois. Je crois que l’on appelle ça un coup de foudre.
Le roi aux yeux de feu, enchaîné à son trône en plein air, tel le souverain du Trône de Fer, cache deux vinyles turquoises translucides et un poster. Le double panneau s’ouvre sur les paroles des titres de l’album ainsi que sur la ligne up et les remerciements. Un très bel objet, acheté sur un coup de tête et que je ne regrette absolument pas. Je ne suis ni très doom ni très heavy pourtant. Mais là, respect.
The Crowning of the Fire King de Sorcerer ne révolutionne pas le genre mais est super bien foutu avec quatre morceaux de plus de huit minutes, un délicat instrumental acoustique, une histoire et pas loin d’une heure heavy à souhait sans parler des deux morceaux bonus à la fin.
Bon oui, la voix de Anders Engberg m’a scotché comme les guitares heavy de Kristian Niemann et Peter Hallgren, mais c’est ce mélange heavy et doom improbable qui a certainement été le déclencheur compulsif. Car associer la pesanteur du doom aux hurlements du heavy, ça n’a rien d’évident. Des bruitages, des voix, des chœurs et des soli achèvent de rendre cet album totalement épique, entre Star One, Queenrÿche et Evergrey.
L’album démarre sur un ‘Sirens’ bien rentre dedans et se poursuit par le long ‘Ship of Doom’ qui s’offre une lente mise en place et une écriture plus doom, émaillée par le bruit de la mature, de la houle et des galériens enthousiastes. A partir de ‘Abandoned by the Gods’, Sorcerer donne dans une délicieuse routine metaleuse avant le court entracte de ‘Nattvaka’, qui, en sudéois, signifie “pendant la nuit”. Puis on repart bien lourd avec ‘Crimson Cross’ avant un solo heavy de derrière les fagots. L’histoire s’achève sur ‘Unbearable Sorrow’ qui propose pas loin de dix minutes qui pour le coup sonnent vraiment très Queensrÿche. Reste à profiter encore de deux titres bonus sur la face D avant de repasser la première galette une nouvelle fois.
L’album n’a rien de révolutionnaire mais il fonctionne à merveille. Reste à savoir si sur la durée, il continuera à m’emballer autant, pour l’instant, ça déchire toujours autant.