Saor – Admidst the Ruins

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Il n’y a que Stéphane Gallay pour recommander des groupes comme Saor et moi pour les écouter. Imaginez donc, du black métal marié à du folk qui accouche d’une galette dans les tourbières écossaises. Voici à quoi peut ressembler Admidst the Ruins, le nouvel album du groupe Saor.

Admidst the Ruins propose cinq titres de huit à quinze minutes pour une durée totale de près d’une heure où vous entendrez des flûtes, des pipes, des sifflets, du violon, de l’alto, du violoncelle et tout l’attirail électrique du métal sans parler de chant clair et de growl.

C’est la participation de la violoncelliste Jo Quail sur le morceau ‘The Sylvan Embrace’ qui a motivé ma première écoute de l’album, même si au bout du compte, elle est assez anecdotique. En plus mon chroniqueur suisse préféré en disait beaucoup de bien. 

L’achat a naturellement suivi. Pourtant j’ai trainé à en parler. C’est qu’il faut tout de même être dans un certain état d’esprit pour écouter ce folk pour le moins caverneux. 

Il n’y aurait pas le growl et quelques poussées de testostérone Admidst the Ruins pourrait presque passer pour un album de The Coors. Instruments à vent, à cordes et percussions jouent des mélodies dansantes dignes des paysages des highlands et la voix claire de Jira souligne encore ce trait.

Mais le druide qui se tient dans un cromlech au milieu des montagnes et l’ouverture fracassante du titre album annonce la couleur. Il y aura du black métal au menu avec le haggis.

‘Echoes of the Ancient Land’ ne lève pas le pied, bien au contraire et s’il offre des accalmies instrumentales salutaires, le chant viril revient vite à la charge, soutenu par une déferlente de double pédale.

‘Glen of Sorrow’ propose une accalmie dans cette tempête métal folk s’il n’y avait les roulements de tambours d’une armée en marche. Difficile de ne pas visualiser les hommes d’un clan avançant dans la vallée au son des cornemuses. 

Mais si vous voulez un morceau vraiment atmosphérique, attendez le court ‘The Sylvan Embrace’ qui ne dure que huit minutes. Là, même Andy cesse de hurler pour murmurer. On est en pleine mystique indo-européenne où le druide sanctifiait le gui et célébrait la fertilité en frottant son popotin contre des menhirs. Des hérésies historiques qui ont connu leur heure de gloire à la fin du dix-neuvième siècle. Parce que, soyons clairs, les mégalithes, c’est trois mille ans avant les celtes… Bon passons.

L’album s’achève avec ‘Rebirth’ dont la seconde moitié est un air traditionnel celtique magnifique et très connu, mais impossible de lui mettre un nom dessus désolé, pourtant j’ai cherché dans les classiques.

Sorti du fatras pseudo celtico mystique, ce dernier album de Saor est fortement recommandable pour qui n’a pas peur des mélanges hydromel single malt.

Dim Gray – Shards

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Après le magnifique Flown il y a cinq ans, un Firmament qui m’avait un peu déçu en 2022, Dim Gray revient cette année avec leur troisième album studio intitulé Shards. 

Le groupe norvégien, tout d’abord trio en 2020 puis devenu depuis quintette, sort un disque neuf titres d’une quarantaine de minutes. Du rock progressif folk symphonique dominé par le chant et une guitare à la signature très particulière.

Comme souvent dans mon cas, il est question de voix, de mélancolie et de piano. Avec cet album, Dim Gray coche toutes ces cases et plus encore. Comble du bonheur, mon épouse aime beaucoup leur musique, même si elle la trouve un peu bizarre, ce qui m’autorise à l’écouter à fond et en boucle dans le salon.

L’arrivée de Shards a encore une fois bousculé ma programmation musicale et deux de mes derniers achats de l’année attendent dans un coin que je daigne revenir vers eux. 

Du chant à deux, voire trois voix, avec Oskar, Hakon, au timbre très particulier, qui est lead sur trois titres et la chanteuse de pop-jazz norvégienne Vaarin sur le second morceau ‘Myopia’. Du rock progressif avec des violons, violoncelles, mandoline, sitar, santour, piano, synthétiseurs, guitares, basse et batterie, bref une musique très riche sans être écrasante.

Dès les premières notes de ‘Defiance’, j’ai su que j’allais tomber amoureux de cet album. La guitare au style americana conjuguée à la voix d’Oskar ainsi qu’aux notes de piano tissent immédiatement une ambiance assez unique, cinématique et mélancolique qui colle aux paysages et émotions décrits de la chanson.

‘Murals’, le troisième titre de l’album, impose tout particulièrement sa patte folk. Il me fait penser aux danses irlandaises endiablées et la voix étrange de Hakon renforce cette impression.

J’aime également beaucoup la ballade au piano de ‘Mooneater’. Mais bon, si je ne craquais pas pour ce genre de morceau, je ne serais plus moi. Le titre est mélancolique et cinématique, quasi religieux, le genre de merveille entre Anathema et Big Big Train que je peux écouter boucle pendant des heures.

Et après son début intimiste, ‘Little One’ emprunte quelques secondes au prog symphonique des seventies de Genesis avec des claviers à la Tony Banks pour revenir à une musique plus calme ensuite.

Il n’y a vraiment que des merveilles dans cet album, mais bizarrement, je n’accroche pas plus que cela avec ‘Attakulla’, le grand format de dix minutes qui clôture l’album. Je n’y trouve pas de vrai point d’ancrage sorti de sa très belle ouverture quasi à capella. Il lui manque peut-être quelques rebondissements dans sa structure.

Malgré ce bémol, Dim Gray revient avec un troisième et très bel album que je vais certainement acheter en vinyle, dès qu’il sera disponible en commande en Europe. Allez l’écouter d’urgence sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.

rioghan – KEPT

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Rioghan est une formation finlandaise de métal progressif présentée par Alias dernièrement. Du métal progressif à chanteuse qui sur son dernier album Kept varie beaucoup les genres, du métal symphonique en passant par l’électro et la ballade pop au piano.

Contrairement à Stéphane, j’adore le métal progressif à chanteuse. Cela me change de ces métallos qui torturent leurs cordes vocales pour atteindre les hautes notes de la gamme en studio et se plantent magistralement en live.

Rioghan Darcy possède une belle voix, pas forcément exceptionnelle comme Marcela, Anneke ou Floor, mais suffisamment maîtrisée pour que j’y trouve mon compte. Une voix capable de scream démoniaque comme dans ‘Edge’ et de chaleur à la manière de ‘Grief’.

Kept est un album dix titres d’une cinquantaine de minutes. Ici pas de grand format sorti de ‘Red’ qui reste d’une longueur très raisonnable. Par contre, vous allez entendre une grande variété de styles, histoire de ne pas vous ennuyer une seconde.

Les titres alternent douceur et scream, pop et métal, électro et symphonique, voire folk et ce pendant un peu moins d’une heure, si bien que tout le monde y trouvera son bonheur, à moins d’être vraiment difficile.

Si ‘Hands’, ‘Edge’, ‘Motion’ ou ‘Red’ déboitent bien les cervicales, ‘Skin’, ‘Distance’ et surtout ‘Grief’ jouent plutôt l’apaisement. ‘Motion’ donne dans le symphonique, ‘Skin’ n’est pas loin de l’électro, ‘Hopes’ emprunte beaucoup d’éléments au folk avec accordéon et violon quand ‘Grief’ propose une ballade au piano.

Lorsque Stéphane a sorti sa chronique, je suis allé écouter l’album sur Bandcamp et juste après, j’ai commandé le CD dans la foulée. Kept fera certainement partie des albums sur lesquels j’aurai beaucoup de plaisir à revenir, donc tant qu’à faire, autant l’avoir sous la main dans ma discothèque idéale.

Le seul reproche que je ferais à cet album concerne sa production qui manque de ciselé. Sur des enceintes de PC ou au AirPod cela passe assez bien, mais lorsque le digital passe sur mes enceintes colonnes, la finesse du master révèle ses faiblesses. On verra ce que donnera le CD lorsqu’il arrivera à la maison.

Kept ne sera pas l’album de l’année mais j’y reviendrai certainement de temps en temps parce qu’il est très agréable à écouter sans être trop typé. Je vous invite donc à y jeter une oreille et plus si affinités.

ANASAZI – UNIVERSE 25

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Je viens de bousculer ma programmation musicale 2025 pour vous parler du dernier album d’ANASAZI. Oui, j’ai bien écrit ANASAZI en majuscules, car pour la première fois le groupe Grenoblois écrit son nom en capitales.

Et ce n’est pas la seule première.

UNIVERSE 25 est aussi un album sans paroles, quarante-sept minutes cent pour cent instrumentales, du jamais vu jusqu’à ce jour.

Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je ne vous cache pas que j’ai été surpris, voire tout d’abord déçu.

Je connais le groupe depuis près de vingt ans. J’ai suivi leur carrière et écouté tous leurs albums, d’ailleurs certains tournent en boucle régulièrement à la maison comme playing ordinary people, et ce, depuis The Principles Of (Hate). Toutefois, arrivé à la fin du septième morceau de Universe 25, j’avais totalement changé d’avis.

Je venais d’écouter un album instrumental, post-rock, pendant lequel je ne m’étais pas ennuyé une seule seconde, ce qui est suffisamment rare pour être souligné.

Tout d’abord, j’ai retrouvé l’univers sonore d’ANASAZI (décidément je ne m’y ferai pas avec les majuscules), les guitares de Mathieu et la batterie d’Anthony sans parler de l’orgue joué par Tristan. J’ai retrouvé la rage et la douceur des paroles de Mathieu dans ses notes de guitares électriques et acoustiques.

Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de parole qu’une musique ne raconte rien. D’ailleurs chaque pièce possède son histoire : des inspirations de films (Ghost Story, Into The Wild’), une expérience scientifique (Universe 25), des sessions de jam, dls titres sont la continuation logique du morceau ‘once dead’ écrit pour l’album ask the dust sorti en 2018.

Les morceaux sont variés, libérés des multiples influences qui ont fait grandir le groupe. On retrouve bien entendu le jeu de guitares d’anasazi, ces délicates mélodies acoustiques qui rencontrent de lourds riffs sur le jeu des sticks du batteur de Collapse.

Je ne vais pas vous décortiquer tous les morceaux, mais simplement jeter un coup de projecteur très subjectif sur trois d’entre eux, afin de vous donner un aperçu de cet album :

Le titre ‘UNIVERSE 25’, qui donne son nom à l’album, est, un must, d’une part, par sa durée, presque dix minutes, ensuite par l’atmosphère qu’il construit. Il me fait beaucoup songer au travail du groupe suisse Ticket To The Moon dont je vous ai parlé à de nombreuses reprises. Le morceau parle d’une expérience réalisée sur des rats en rapport avec les liens sociaux et la surpopulation. Une expérience qui fait froid dans le dos avec nos huit milliards d’habitants si ses conclusions pouvaient être rapportées à l’homme.

Le morceau le plus lent de l’album s’intitule ‘The Rite’. On n’est pas loin d’une écriture incantatoire que l’on retrouve chez quelques groupes de la mouvance psychédélique. Mais ne vous fiez pas aux cinq premières minutes, la pièce prend un virage métal expérimental tourmenté quand arrive le rite.

Sur le dernier morceau ‘Start Anew’, Mathieu se lâche nettement plus à la guitare. D’ordinaire, il confiait quelques soli à Tristan, cette fois, c’est lui qui s’y attelle avec brio. Une pièce dans laquelle l’orgue joué par Tristan Klein rencontre les guitares de Mathieu sur la batterie posée d’Anthony. Mais soudain, à partir de la troisième minute, tout bascule, la guitare livre une explosion de riffs suivie d’un long solo éblouissant.

Je me rends bien compte que je n’ai jamais dit du mal d’un album d’anasazi depuis leur début. Je ne suis pas du tout objectif lorsque je parle de ce groupe, d’ailleurs, je ne suis jamais vraiment objectif lorsque je parle de musique. N’empêche, encore une fois les grenoblois m’enthousiasme comme rarement, surtout avec un album instrumental, genre que je ne prise pas particulièrement.

Universe 25 mérite un pressage vinyle, au minimum une édition CD, afin qu’il ne disparaisse pas au fil des mois dans ma grande collection digitale.

Je vous le recommande donc chaudement, et qui sait, avec un peu de chance, si vous êtes nombreux à encourager le groupe, peut-être verrons-nous sortir un jour une édition physique de ce très bel album.

Dream Theater – Parasomnia

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C’est à chaque fois la même histoire. Je me dis que je ne vais pas acheter le nouveau Dream Theater parce qu’il y en a marre de ce métal prog démonstratif et pompier chanté par une chèvre et finalement, je craque.

Le premier extrait de Parasomnia, en l’occurrence ‘Night Terror’, ne m’avait pas convaincu malgré le grand retour de Barbe Bleue à la batterie. Trop technique, trop sec, trop ricain.

‘Midnight Messiah’ ne m’avait pas emballé non plus avec son refrain qui arrive comme un cheveu sur la soupe, mais quand la galette est sortie le 7 février, j’ai quand même cliqué sur le bouton acheter.

J’ai écouté les titres sans réel entrain et j’ai décroché au bout d’une heure, laissant ‘Shadow Man Incident’ pour plus tard. Le titre final de près de vingt minutes m’a alors scotché comme presque à chaque fois que le groupe sort un grand format.

Vous l’aurez compris, Parasomnia est le dernier album de Dream Theater et Mike Portnoy est de retour derrière les fûts. Soixante et onze minutes divisées en huit morceaux qui nous plongent dans une débauche de guitares, basses, batterie et claviers, sans parler de la Chèvre de monsieur Seguin.

Les mecs sont vraiment très forts, mais ne prennent pas beaucoup de risques avec cet album. Il faut dire que la seule fois où ils ont essayé d’innover, ils se sont plantés en beauté.

Quand je dis que Dream Theater ne prend aucun risque, ce n’est pas totalement vrai. Avec ‘Dead Asleep’ ils donnent presque dans le rock, surtout avec le solo de guitare de notre ami Petrucci toujours au top de sa forme.

Le ton de Parasomnia est plus sec que d’ordinaire, en grande partie à cause du jeu ciselé de Portnoy. Cela ne l’empêche pas d’être pompier à souhait, sinon ça ne serait pas drôle. Et au top de cet exercice, on trouve le titre ‘A Broken Man’.

Comme dans quasiment chaque album de Dream Theater se glisse une bluette dans laquelle la voie sirupeuse de James atteint des sommets. C’est l’avant-dernier titre ‘Bend de Clock’ qui hérite de ce rôle ingrat. Et pour une fois, c’est plutôt réussi avec en prime un superbe solo de guitare, alors ne boudons pas notre plaisir.

‘The Shadow Man Incident’, que j’avais gardé pour le dessert, est un grand classique de Dream Theater, une pièce épique qui renoue avec les sonorités de ‘Octavarium’. Un titre prog pompier très instrumental, le genre de truc dont je raffole même si il n’est pas d’une grande inventivité. J’ai toujours trouvé que Dream Theater excellait sur les longs formats et ‘The Shadow Man Incident’ ne déroge pas à la règle.

Parasomnia ne figurera certainement pas dans mon top 2025, encore moins dans mon top Dream Theater, même s’il s’agit de mon premier achat de l’année. L’album s’écoute sans fausse note ni passion. Le genre de galette rapidement oubliée même si le dernier titre mérite tout de même le détour.

WILT – hugging

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WILT est un quintet de Winnipeg née en 2010 qui a composé quatre albums et EP depuis 2012. huginn est leur dernière production. Du black metal atmosphérique au growl caverneux.

Le genre de truc qui va faire fuir les progueux, sauf que, sauf que, le rythme de huginn se rapproche beaucoup du doom et que les morceaux comprennent également des passages de guitares mandoline et électro-acoustiques. En résumé, ça n’est pas vraiment bourrin.

Si la pochette représente un corbeau, ce n’est pas par hasard. huginn est un des oiseaux que possédait Odin, dieu des morts et du savoir dans la mythologie nordique. Un corbeau messager du dieu, souvent associé à son compagnon muninn, qui survolent les mondes et se posent sur l’épaule d’Odin pour lui raconter ce qu’ils ont vu.

Les deux morceaux encadrant ‘1831’ et qui durent huit minutes, possèdent globalement la même structure. Une longue ouverture instrumentale aux guitares, électro-acoustiques et électriques, l’apparition de la rythmique avec des sonorités saturées, des vagues de growl écartelé alternant avec un thème construit à la guitare enrichit de quelques variations et s’achève sur un instrumental plus apaisé.

‘1831’ fait exception. Le titre est un peu plus court, plus agité, sans ouverture, rentrant dans le vif du sujet immédiatement sous un déferlement de batterie, et nettement plus torturé, surtout pour le chant limite démoniaque.

J’ai cherché ce qui s’est passé en 1831 au Canada, et sorti du grand recensement, je n’ai pas trouvé grand-chose. Par contre, cette année-là, l’artiste JL Lund a peint ‘Scène sacrificielle nordique de la période d’Odin’, une œuvre liée à la religion nordique ancienne et aux Vikings. Peut-être que la clé de cet EP se cache dans ce tableau même si je n’y vois aucun corbeau.

Toujours est-il que j’aime beaucoup huginn. Le contraste entre sa musique principalement atmosphérique et le growl caverneux est du plus bel effet et construit une ambiance assez unique tout au long de l’EP. Certes cela n’a rien de franchement révolutionnaire, mais ça m’a plu, suffisamment pour que j’aille écouter leurs autres albums comme Ruin.

Vola – Friend of a Phantom

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J’ai toujours connu des hauts et des bas avec Vola. Je n’ai pas accroché avec Immazes, j’adore toujours autant Applause Of A Distant Crowds, j’ai boudé Witness, j’ai adoré leur Live From The Pool (sauf les images) et maintenant il me faut vous parler de Friend of a Phantom sorti l’an passé. Il le faut car je n’ai rien d’autre sous la dent.

Le court album de neuf titres ne va pas bouleverser le paysage musical du groupe de Copenhague. Vola joue de métal prog électro cinématique et invite comme à son habitude un chanteur pour varier les plaisirs. Cette fois il s’agit de Anders Friden qui chante dans In Flames et Passengers. Comme souvent, le titre où apparaît le chanteur invité se détache nettement des autres morceaux de l’album. Ici, il s’agit de la première pièce ‘Cannibal’ où le growl de Anders fait clairement la différence.

Le reste m’a tout d’abord semblé un peu fade. Friend of a Phantom manquait à mon avis de caractère pour vraiment décoller même si le  titre très lent et cinématique ‘Glass Mannequin’ me fait frissonner à chaque écoute. Mais malgré ce constat, je retournais souvent écouter Friend of Phantom. Se pouvait-il que l’album ne soit pas si mal ?

En réalité il est bien, même très bien, et quelques morceaux comme ‘Bleed Out’ ou ‘Paper Wolf’ relancent bien la machine. Mais force est de constater qu’il ne réinvente pas la poudre. J’irai jusqu’à dire que Vola fait dans la facilité. L’avantage, c’est qu’il est particulièrement confortable à écouter si on connaît déjà un peu le groupe. Voilà sans doute pourquoi je le passe régulièrement sur ma chaîne pour souffler dans le canapé ou bien dans la voiture lorsque je fais de longs trajets.

En plus il contient des trucs assez géniaux où l’électro prend le pas sur tout, je veux parler de ‘Break My Lying Tongue’ avec son explosion de claviers synthwave qui en fait un titre hyper commercial et metal à la fois quand soudain rugit le growl final.

Après avoir été tout d’abord un peu déçu par Friend of a Phantom comme mon ami Alias, j’ai commencé à écouter l’album en musique de fond et maintenant j’en arrive à la considérer comme un disque suffisamment intéressant pour que j’envisage sérieusement de l’acheter en vinyle.

Comme quoi la musique est une question d’humeur et de moment et qu’il ne faut surtout pas s’arrêter à l’opinion d’un chroniqueur pour décider quoi écouter. Donc écoutez-le si ce n’est pas encore fait et donnez-lui sa chance comme je l’ai fait.

Jason Bieler – Postcards From The Asylum

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En butinant sur Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur une pochette sur laquelle trône un gars bizarre en scaphandre spatial. Le genre de truc qui me donne toujours envie d’écouter de la musique. 

Le morceau en question s’appelle ‘Savior’. Il s’agit du premier single du prochain album de Jason Bieler, The Escapologist, qui sortira le 21 février. 

Comme le truc m’a semblé suffisamment barré pour me titiller, je suis allé écouter sa précédente création, Postcards From The Asylum, sorti en avril 2003. 

Alors voilà, c’est parti pour une heure et quart de musique très barrée déclinée en quinze morceaux.

Jason Bieler est un ricain qui se définit comme un troubadour post-apocalyptique avec un fort penchant pour les sonorités étranges. Personnellement, je trouve qu’il n’est pas très loin de l’univers totalement barré de Devin Townsend.

Musicalement, il y a un peu de tout dans Poscards From The Asylum, du metal, du hard rock, de la pop, de l’americana, du rock et plein d’idées zarbies.

Une première écoute complète de l’album peut dérouter par son côté un peu foutraque, mais pas pire qu’un Ziltoid de Devin Townsend. Pour l’avoir écouté en boucle pendant plusieurs jours, je le trouve assez génial.

L’album regorge de titres aux sonorités complètement barrées comme ‘Flying Monkeys’, ‘Sic Riff’ ou ‘Feel Just Like Love’. À côté de cela, il y a du folk americana comme dans ‘Human Dead’, ‘The Depths’ ou ‘Mexico’ qui au passage possède un petit air de Bob Dylan, The Beatles et David Bowie. Il y a aussi du bon vieux hard rock dans ‘Heathens’ et puis bien entendu du métal progressif dès l’ouverture de l’album avec ‘Bombay’.

Si le chant est très présent avec des tonnes de refrains furieusement accrocheurs, la musique n’est pas en reste et les guitares sont tout particulièrement à l’honneur. Pas des choses très démonstratives, mais efficaces, agrémentées de plein de sonorités bizarres et de rythmiques totalement barrées.

Postcards From The Asylum est une très belle découverte et je ne vous cache pas que je suis impatient de découvrir le prochain album de Jason. En attendant sa sortie, vous pouvez découvrir ses autres productions sur Bandcamp.

Sleep Token – One

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En 2016, alors que Leprous marchait à peine et que Plini tétait encore le sein de sa mère, sortait One du groupe Sleep Token. Un EP six titres contenant trois instrumentaux au piano.

Si je vous parle de leprous c’est que la voix du chanteur se rapproche de celle d’Einar Solberg. La musique elle, n’est pas loin de celle de Plini et de Leprous.

Autant vous dire que lorsque je suis tombé complètement par hasard sur le titre ‘Thread The Needle’ tiré de leur premier EP One, j’ai failli avoir une attaque cardiaque.

J’ai aussitôt acheté One et Two respectivement composés en 2016 et 2017 et dans la foulée, même si on ne le trouve pas sur Bandcamp, leur dernier album Take Me Back To Eden sorti en 2023.

Sleep Token est un duo anonyme et quatre musiciens en live comme les groupes Ghost ou Slipknot. Ils n’ont que deux EPs et trois albums à leur actif en comptant Take Me Back To Eden. Ils jouent une pop djent à chant clair et growl avec beaucoup de piano, bref tout ce qui me plait.  Du coup, je ne comprends vraiment pas pour quelle raison je ne suis passé à côté de leur musique si longtemps.

Ne nous mentons pas, Sleep Token s’est éloigné de ses premiers amours pour quelque chose de nettement plus commercial aujourd’hui, pas désagréable loin de là, mais infiniment plus mainstream que One. Alors, plutôt que de parler de leur dernier album, je vais me contenter de vous présenter leurs deux premiers EPs, One et Two.

Le premier titre de One, ‘Thread The Needle’, nous entraîne dans un univers de contrastes saisissants. Une épure vocale accompagnée au piano débordée par un djent tabasseur et des guitares mandolines.

‘Fields Of Elation’ est de forme plus classique, un refrain paisible suivi d’un couplet plus chargé et d’un court instrumental qui relance le refrain.

Et le dernier titre chanté ‘When The Bough Breaks’ est un morceau qui va crescendo. Il débute comme une épure a capela, devient progressivement solaire pour s’achever sur des riffs épais de métal.

Quant aux trois instrumentaux, ils revisitent au piano et de très belle manière les trois pièces précédentes, une belle idée pour compléter cet EP assez court et en sortir progressivement.

Two ne dure que dix-huit minutes. Un EP trois titres qui s’éloigne déjà des inspirations du premier en donnant plus de place aux instruments. Il ressemble nettement plus au metal progressif que l’on entend un peu partout, même si le chant reste toujours ensorcelant.

On y décèle également avec ‘Jericho’, les premiers pas du groupe vers ce qui va devenir leur marque de fabrique, à savoir une pop R&B metal qui domine leur dernier album Take Me To Eden.

Si vous ne connaissez pas Sleep Token, allez écouter d’urgence leurs deux premiers EPs sur Bandcamp. Peut-être aurez-vous envie après ça d’aller plus loin avec eux.

Weather Systems – ocean without a shore

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J’ai longtemps hésité à acheter ocean without a shore. Parce que Weather Systems c’est un peu le Operation Mindcrime de Daniel Cavanagh. On l’écoute parce que ce fut certainement le meilleur album du groupe Anathema et que le nouveau projet, lui, ne réinvente pas la roue un peu comme sur son album solo Monochrome de 2017.

Toutefois, plusieurs éléments m’ont finalement décidé : Weather Systems reste justement le meilleur album d’Anathema à ce jour. J’apprécie également beaucoup le travail de Danny, mais pas tout quand même. Ensuite le groupe sera Chez Paulette le 23 mai 2025  alors autant écouter l’album avant le concert. Enfin parce que Pat et Chris de l’association ArpegiA l’ont placé dans leur top 2024.

Weather Systems est donc le nouveau projet de Daniel Cavanagh. Il fait donc du Anathema sans les magnifiques voix de son frère Vincent et Lee Douglas.

ocean without a shore ce sont neuf titres pour presque une heure de musique prog alternative mélancolique. On y retrouve Daniel Cardoso à la batterie et les continuations de ‘Untouchable’ et de ‘Are You There’. Bref, si vous aimez Anathema, vous ne serez pas dépaysé.

Et c’est certainement le plus gros défaut de cet album, même si j’aime Anathema. Un seul des neuf morceaux sort du mood anathémien. Il s’agit du dernier titre ‘The Space Between Us’ long de six minutes qui se rapproche beaucoup du travail de Peter Gabriel en solo. En effet, il emprunte plus à la world music qu’au rock alternatif progressif qui a fait le succès de Anathema sur ces derniers albums.

À l’autre extrémité de l’album, il y a ‘Synaesthesia’ qui ouvre ocean without a shore avec plus de neuf minutes à la forme très progressive. Le titre débute sur du Anathema posé à deux voix avant de s’engager dans long solo de guitare metal nerveux, se poser quelques secondes et changer de forme à la sixième minute et repartir sur des notes électriques déchirantes soutenues par des chœurs pour conclure le morceau.

Le reste oscille principalement entre déjà vu et continuations. Le fan ne sera pas déstabilisé et s’il n’est pas trop exigeant, il y trouvera son compte. Personnellement, je trouve que cet album a un goût de trop peu même s’il s’écoute agréablement. Il ne peut se mesurer à Weather Systems sorti douze ans auparavant qui reste pour moi le chef-d’œuvre absolu d’Anathema. Mais cela fait tout de même plaisir de retrouver Danny sur un album.

J’aime beaucoup l’avant-dernier morceau ‘Ocean Without A Shore’ même s’il n’est pas forcément du plus original. Un titre qui commence sur des claviers et du chant vocodé et qui bascule sur de l’électro, le genre de pièce qui devrait très bien fonctionner le live.

J’aime également ‘Ghost in the Machine’ pour son duo vocal même si lui non plus ne brille pas par son originalité.

Au final ocean without a shore m’a fait plaisir parce que je suis un fan d’Anathema mais il m’a laissé sur ma faim de musique, parce qu’il n’est ni original ni transcendant. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que j’irai écouter Weather Systems chez Paulette, parce que bon voilà quoi.