Mickey Barnes est un consommable. Un humain répliqué que l’on peut sacrifier pour réaliser des missions dangereuses.
S’il meurt, il suffit de lancer la production d’une nouvelle copie et Mickey pourra partir à nouveau pour réparer le réacteur à antimatière, tester l’atmosphère d’une planète ou combattre les vers des glaces.
Mickey a choisi son métier pour avoir une place dans le premier vaisseau de colonisation en partance. C’était ça où souffrir dans d’atroces douleurs suite à un pari stupide.
Mais voilà, un jour, alors que tout le monde croit Mickey 7 mort lors de sa dernière mission, il revient vivant à la base et dans son lit se trouve Mickey 8, fraîchement sorti de cuve. Et là tout devient nettement plus compliqué.
Ce n’est pas le film Mickey 17 qui a motivé ma lecture – je ne l’ai pas vu au cinéma – mais le résumé au dos du livre. Le thème abordé semblait prometteur.
Toutefois le roman n’a pas été vraiment à la hauteur de mes espérances. La vie des Mickey n’est pas follement originale même si l’auteur traite tout cela avec une bonne dose d’humour.
Par contre Mickey se passionne pour l’histoire et les récits sur la colonisation spatiale, qu’il dévore entre ses missions suicidaires, construisent peu à peu l’univers d’une civilisation qui a choisi l’expansion galactique pour résoudre ses problèmes et assurer sa survie.
Ces chroniques de vaisseaux ruches partant vers l’inconnu sont clairement la partie la plus intéressante du roman et l’auteur aurait pu en faire le cœur de son livre.
La conclusion du roman est hélas prévisible tant elle est facile mais colle assez bien avec le ton léger du livre. Alors si vous voulez lire un roman de science-fiction qui ne prend pas la tête, Mickey 7 pourrait vous convenir.
Avant de partir en montagne pour une nuit d’observation, il est utile de préparer sa sortie.
La première chose à laquelle on songe naturellement c’est à l’équipement, la charge des batteries, les vêtements et la nourriture.
Certes c’est important, même essentiel au bon déroulement d’une nuit d’astronomie, mais cela ne suffit pas. Avant de partir, il faut décider de l’objet que l’on va photographier.
Des objets, il en existe une multitude dans le ciel, la lune, les planètes, les galaxies, les nébuleuses, les amas d’étoiles, les comètes. Tous ne sont pas visibles aux mêmes latitudes et certains ne sont bien placés qu’à certaines périodes de l’année.
Ensuite certaines nébuleuses ou galaxies requièrent un champ large alors que d’autres sont tellement petites qu’une grande focale est préférable. Certains objets sont très lumineux, comme les planètes, d’autres sont invisibles à l’œil nu et même dans un bon télescope.
Avant de partir, se pose donc la délicate question du « que vais-je photographier ce soir ? ». Pour moi la liste est longue puisque je débute. Mais pour certains objets, il faudra que j’attende l’arrivée de l’été. Pour d’autres, j’ai déjà loupé le coche. Il me faudra patienter jusqu’à l’hiver prochain.
Alors j’ouvre l’application Stellarium, consulte le numéro spécial de Ciel et Espace, recherche la note intitulée Observation dans mon smartphone où je stocke les objets que je rêve d’ajouter à mon tableau de chasse, et je regarde s’ils seront visibles dans le ciel du soir.
À quelle heure se lève-t-il , à quelle hauteur culminera-t-il à l’horizon, à quelle heure se couchera-t-il, quelle est sa luminosité et quelle est sa taille. Je ne me pose pas encore la question de quel de filtres utiliser pour le photographier car pour l’instant je n’utilise aucun filtre mais cela rentrera sans doute bientôt dans mes critères.
L’astro photographe a besoin idéalement d’un objet qui reste longtemps visible pour maximiser le temps de capture et qui soit assez haut dans le ciel afin d’avoir moins de perturbations atmosphériques. Ensuite, en fonction de sa taille, il va falloir choisir l’instrument adapté. Ma lunette avec son réducteur de focale et la caméra couvre un champ qui possède une largeur représentant un centième du ciel. Mon télescope lui voit une zone six fois plus petite. Pour vous donner un ordre de grandeur, la Lune fait environ un demi degré d’angle angulaire. Donc dans la lunette je pourrais mettre neuf lunes alors que dans le télescope elle ne tient pas totalement, du moins avec la caméra que je possède.
Le choix de l’objet conditionne donc le matériel à emmener pour l’observation. Il faut également bien étudier cible, savoir si des étoiles brillantes vont perturber la photographie, pour bien doser le temps d’exposition, vérifier si on ne se trouve pas en plein radiant d’étoiles filantes, dans l’axe d’un aéroport, si la Lune ne va pas être trop proche ce soir là. Bref plein de paramètres qui vont déterminer ce que l’on va photographier.
Evidemment, arrivé là haut, il ne faut pas qu’il ait des nuages…
Il n’y a que Stéphane Gallay pour recommander des groupes comme Saor et moi pour les écouter. Imaginez donc, du black métal marié à du folk qui accouche d’une galette dans les tourbières écossaises. Voici à quoi peut ressembler Admidst the Ruins, le nouvel album du groupe Saor.
Admidst the Ruins propose cinq titres de huit à quinze minutes pour une durée totale de près d’une heure où vous entendrez des flûtes, des pipes, des sifflets, du violon, de l’alto, du violoncelle et tout l’attirail électrique du métal sans parler de chant clair et de growl.
C’est la participation de la violoncelliste Jo Quail sur le morceau ‘The Sylvan Embrace’ qui a motivé ma première écoute de l’album, même si au bout du compte, elle est assez anecdotique. En plus mon chroniqueur suisse préféré en disait beaucoup de bien.
L’achat a naturellement suivi. Pourtant j’ai trainé à en parler. C’est qu’il faut tout de même être dans un certain état d’esprit pour écouter ce folk pour le moins caverneux.
Il n’y aurait pas le growl et quelques poussées de testostérone Admidst the Ruins pourrait presque passer pour un album de The Coors. Instruments à vent, à cordes et percussions jouent des mélodies dansantes dignes des paysages des highlands et la voix claire de Jira souligne encore ce trait.
Mais le druide qui se tient dans un cromlech au milieu des montagnes et l’ouverture fracassante du titre album annonce la couleur. Il y aura du black métal au menu avec le haggis.
‘Echoes of the Ancient Land’ ne lève pas le pied, bien au contraire et s’il offre des accalmies instrumentales salutaires, le chant viril revient vite à la charge, soutenu par une déferlente de double pédale.
‘Glen of Sorrow’ propose une accalmie dans cette tempête métal folk s’il n’y avait les roulements de tambours d’une armée en marche. Difficile de ne pas visualiser les hommes d’un clan avançant dans la vallée au son des cornemuses.
Mais si vous voulez un morceau vraiment atmosphérique, attendez le court ‘The Sylvan Embrace’ qui ne dure que huit minutes. Là, même Andy cesse de hurler pour murmurer. On est en pleine mystique indo-européenne où le druide sanctifiait le gui et célébrait la fertilité en frottant son popotin contre des menhirs. Des hérésies historiques qui ont connu leur heure de gloire à la fin du dix-neuvième siècle. Parce que, soyons clairs, les mégalithes, c’est trois mille ans avant les celtes… Bon passons.
L’album s’achève avec ‘Rebirth’ dont la seconde moitié est un air traditionnel celtique magnifique et très connu, mais impossible de lui mettre un nom dessus désolé, pourtant j’ai cherché dans les classiques.
Sorti du fatras pseudo celtico mystique, ce dernier album de Saor est fortement recommandable pour qui n’a pas peur des mélanges hydromel single malt.
Je ne lis presque jamais de roman historique car je ne m’intéresse pas vraiment au sujet. Je ne lis jamais de romans sur la guerre car je déteste la guerre.
Si Les guerriers de l’hiver est arrivé entre mes mains, c’est parce que mon épouse me l’a offert. Et comme chacun des romans qu’elle m’a offert a été une belle surprise, j’ai lu Les guerriers de l’hiver de Norek. Et j’ai bien fait.
Je n’avais jamais entendu parler de cet épisode de la seconde guerre mondiale, ceci dit, je ne connais pas grand-chose à la seconde guerre mondiale. J’ignorais que l’URSS avait envahi la Finlande et le roman m’a permis de situer ce petit pays nordique sur la mappemonde. Oui, je ne l’intéresse pas non plus à la géographie.
Avant que Hitler n’envahisse la France, Staline est entré en Finlande. L’armée Rouge toute puissante allait écraser en quelques jours la jeune nation finlandaise, enfin ça c’était le plan, un peu comme en Ukraine. Sauf que les finlandais ont résisté. Ils ont perdu mais ont vaillamment résisté plus de cent jours face à un adversaire dix fois plus nombreux.
C’est l’histoire de cette résistance que raconte Olivier Norek, empruntant le héros de guerre Simo pour en faire son personnage principal. Un fils de fermier habile au fusil devenu rapidement la frayeur de l’armée russe. Un sniper avec un tableau de chasse impressionnant.
Par moins trente voire moins cinquante degrés, armés de skis et de capes blanches, les fermiers finlandais, devenus brutalement des soldats, vêtus de demis uniformes, vont tenir la frontière contre les tanks russes, les bombardiers, les canons et dix fois plus d’hommes venus de toute la grande URSS mais peu motivés à combattre.
Simo, se fondant dans la nature, le soleil dans le dos, de la neige dans la bouche, ses chargeurs contre son corps, immobile pendant des heures, allongé dans la neige, va guetter sa cible, un officier russe, un sniper, une patrouille avancée, luttant contre le froid, avant d’appuyer sur la gâchette et faire mouche à chaque tir.
Outre Simo le sniper d’élite, Les guerriers de l’hivers c’est aussi l’histoire de ses villageois réunis en compagnie, de ses amis liés par la vie et la mort, de cet officier alcoolique trompe la mort surnommé l’Horreur du Maroc, de ses femmes soignant les blessés, transportant les corps, reprisant les vêtements des morts, ces héros anonymes qui se battirent pour sauver leur patrie pourtant condamnée à être écrasée par le rouleau compresseur russe.
Un magnifique roman historique qui ne souffre que d’une erreur, sa petite digression sur la France qui n’apporte absolument rien au récit.
Je n’ai jamais volé aussi loin de ma vie. Quatre heures et vingt minutes depuis Strasbourg. Tout ça pour aller se perdre sur une petite île au milieu de l’océan Atlantique. Un caillou volcanique aride balayé par les vents et brûlé par le soleil.
Pourquoi Lanzarote ? Parce qu’il y a un vol direct Strasbourg Arrecife une fois par semaine desservi par une compagnie low cost et que les autres destinations, à savoir la Corse, la Sardaigne, l’Italie, le Portugal ou l’Espagne, on a déjà donné. Bon d’accord, techniquement les Canaries font partie de l’Espagne, mais c’est quand même pas pareil.
Maisons blanches, cactus, palmiers, volcans, mer de lave, océan, îles et soleil avec 22 à 24 degrés au programme, le tout dans une maison de 95 m2 avec piscine, jacuzzi et vue sur mer, au sud de Lanzarote. Il y a pire comme destination de vacances, surtout quand il fait 8 degrés avec de la pluie en Alsace.
Pour la voiture, j’aurai dû choisir la même catégorie que le logement. La Fiat 500 cabossée qui peine à dépasser les 60 km/h dans les montées, gère également difficilement les chemins en terre défoncés qui conduisent à de nombreux paysages grandioses. Impossible de se garer en bord de route par exemple, l’accotement se trouve souvent 20 cm en dessous du bitume. Trouver un endroit pour se garer et prendre une photographie relève de l’impossible, surtout dans le parc des volcans.
J’ai toujours adoré les déserts et je suis fasciné par les volcans. À Lanzarote, je suis servi. Plus de trois cents volcans et la moitié sud de l’île recouverte de lave où ne pousse que de rares lichens. Un paysage de désolation. J’adore !
Pour la culture, sorti de l’artiste local qui a ‘embelli’ certains sites, c’est la misère. Pas de vestiges de civilisation antique, car s’il y en a eu, ils ont été ensevelis sous la lave. Restent des sites spectaculaires fait de pierre et d’océan, des paysages grandioses balayés par les vents.
Du nord au Sud à peine une heure de route, d’Est en Ouest la moitié. Des maisons blanches à un étage, des piscines bleues pour les touristes, des hôtels gigantesques sans cesse alimentés par des cars, des rosbifs et des teutons écarlates, des italiens bruyants, des retraités venus chercher de la vitamine D en rayon et quelques français égarés.
Pas de champ, sinon de lave, quelques touches de vert sous forme d’un cactus, d’un palmiers, du lichen ou d’une vigne rachitique protégée dans des demies lunes de pierre volcanique. Ici tout est minéral, même le vin blanc sec. L’eau vient de l’océan, déssallée, imbuvable. Spaghetti à l’eau minérale, expresso sorti d’une bouteille plastique, alors tant qu’à boire en emballage, autant se déshydrater au vin et à la bière.
Il n’y a pas tant de choses à visiter sur l’île sorti des œuvres de César Manrique, l’artiste de Lanzarote. Bon d’accord, il y a le parc des volcans dans lequel je pourrais consacrer une année de photographie, mais voilà, on ne le visite qu’en bus fermé pour préserver le site. Il existe heureusement d’autres volcans que l’on peut explorer librement, d’ailleurs juste au-dessus de notre maison il y a la Montagne Rouge et son immense cratère que j’ai escaladé à plusieurs reprises le matin.
Étrangement les guides que nous avons consulté, passent sous silence de magnifiques endroits qui sont du coup assez peu fréquentés par les touristes comme Punta de mujeres, un village au bord de la mer avec plusieurs piscines naturelles fabriquées par les coulées de lave. Ces lieux ne sont pas vraiment aménagés pour les touristes, pas de panneaux, pas de parking, pas de commerces, mais le bouche à oreilles et les blogs conduisent quelques curiueux égarés dans ces paysages encore préservés.
Sur Lanzarote il y a des cratères, des tunnels de lave, des mers de roche volcanique déchiquetée, des plages de sable noir, des lagons verts, de rares moulins, quelques cactus, beaucoup de lichen, des murs de pierres ponce, des champs de gravillons noirs, des volcans noirs, gris et rouges et ces maisons blanches aux portes vertes surmontées de panneaux solaires et d’un ballon d’eau. Une terre de contrastes visuels saisissants qui font le bonheur d’un objectif photo.
Parti avec le Nikon Z6 et un objectif 24-200 mm pour voyager léger, j’ai très vite regretté de ne pas avoir emmené un ultra grand angle car Lanzarote vaut pour ses paysages grandioses à 180 degrés. J’avais tout de même amené un mini trépied pour photographier l’éclipse de lune du 14 mars, mais je ne me suis pas réveillé, épuisé par les longue marches au soleil, face au vent soufflant à 50 km/h.
Ce furent de très belles vacances, mais je ne crois pas que nous retournerons pas à Lanzarote même si c’est une île étonnante. Le bilan carbone du voyage, l’usine à touristes qu’est la côte sud et le fait qu’au bout de trois jours nous avions exploré les spots principaux, ne donnent pas forcément envie d’y faire un second voyage. Les volcans furent par contre une rencontre spectaculaire que j’aimerais bien renouveler en Islande par exemple. Reste à convaincre mon épouse…
Après le magnifique Flown il y a cinq ans, un Firmament qui m’avait un peu déçu en 2022, Dim Gray revient cette année avec leur troisième album studio intitulé Shards.
Le groupe norvégien, tout d’abord trio en 2020 puis devenu depuis quintette, sort un disque neuf titres d’une quarantaine de minutes. Du rock progressif folk symphonique dominé par le chant et une guitare à la signature très particulière.
Comme souvent dans mon cas, il est question de voix, de mélancolie et de piano. Avec cet album, Dim Gray coche toutes ces cases et plus encore. Comble du bonheur, mon épouse aime beaucoup leur musique, même si elle la trouve un peu bizarre, ce qui m’autorise à l’écouter à fond et en boucle dans le salon.
L’arrivée de Shards a encore une fois bousculé ma programmation musicale et deux de mes derniers achats de l’année attendent dans un coin que je daigne revenir vers eux.
Du chant à deux, voire trois voix, avec Oskar, Hakon, au timbre très particulier, qui est lead sur trois titres et la chanteuse de pop-jazz norvégienne Vaarin sur le second morceau ‘Myopia’. Du rock progressif avec des violons, violoncelles, mandoline, sitar, santour, piano, synthétiseurs, guitares, basse et batterie, bref une musique très riche sans être écrasante.
Dès les premières notes de ‘Defiance’, j’ai su que j’allais tomber amoureux de cet album. La guitare au style americana conjuguée à la voix d’Oskar ainsi qu’aux notes de piano tissent immédiatement une ambiance assez unique, cinématique et mélancolique qui colle aux paysages et émotions décrits de la chanson.
‘Murals’, le troisième titre de l’album, impose tout particulièrement sa patte folk. Il me fait penser aux danses irlandaises endiablées et la voix étrange de Hakon renforce cette impression.
J’aime également beaucoup la ballade au piano de ‘Mooneater’. Mais bon, si je ne craquais pas pour ce genre de morceau, je ne serais plus moi. Le titre est mélancolique et cinématique, quasi religieux, le genre de merveille entre Anathema et Big Big Train que je peux écouter boucle pendant des heures.
Et après son début intimiste, ‘Little One’ emprunte quelques secondes au prog symphonique des seventies de Genesis avec des claviers à la Tony Banks pour revenir à une musique plus calme ensuite.
Il n’y a vraiment que des merveilles dans cet album, mais bizarrement, je n’accroche pas plus que cela avec ‘Attakulla’, le grand format de dix minutes qui clôture l’album. Je n’y trouve pas de vrai point d’ancrage sorti de sa très belle ouverture quasi à capella. Il lui manque peut-être quelques rebondissements dans sa structure.
Malgré ce bémol, Dim Gray revient avec un troisième et très bel album que je vais certainement acheter en vinyle, dès qu’il sera disponible en commande en Europe. Allez l’écouter d’urgence sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.
Sur l’autoroute reliant Lyon à Strasbourg, la nuit est tombée. Les essuies glaces fonctionnent à plein régime. Mes yeux sont éblouis par les voitures me qui me croisent sur la voie de gauche. La radio radote les mêmes actualités depuis ce matin, lorsque je faisais le trajet dans l’autre sens. Les panneaux bleus égrènent impitoyablement les kilomètres me restant encore à parcourir. Le GPS annonce l’heure tardive d’arrivée et la distance restant à engloutir s’il je ne m’arrête pas et qu’aucun ralentissement ne vienne modifier le réglage du régulateur de vitesse bloqué à 130 km/h.
Strasbourg 295 km annonce le panneau de signalisation. Le GPS m’indique quant à lui qu’il me reste encore 302 kilomètres à conduire. Étrange. Je ne vais pourtant pas jusqu’à Strasbourg, je m’arrête 7 km avant, dans la banlieue sud. Il ne devrait rester que 288 km de route. Aurais-je mal programmé l’itinéraire ?
Les lignes blanches défilent, les aires de repos éclairent brièvement l’obscurité, les camions se traînent sur la voie de droite et, alors que les roues avalent les kilomètres, l’écart entre le GPS et les panneaux indicateurs s’amenuise pour finalement disparaître à proximité de la ville de Besançon.
Je ne suis pas le premier à avoir observé cette troublante distorsion spatio temporelle. La fatigue de la route n’explique pas tout car mes passagers ont également noté cette anomalie. Il suffit de savoir lire et compter.
Certains avancent l’hypothèse d’une erreur de signalétique corrigée petit à petit et en douce par les services autoroutiers pour masquer une grosse bévue. D’autres inventent un bug dans le logiciel du GPS qui se retrouvait également sur Waze et Google Maps. Pas crédible !
Moi je pense que quelque part entre Tournus et Besançon des entités extraterrestres volent quelques minutes de notre existence alors que nous sommes concentrés au volant. Mais pour quelle raison me direz-vous ? Pour procéder à des expériences sur notre cerveau et préparer l’invasion de la Terre évidemment.
D’ailleurs je suis persuadé que les ETs viennent de s’en rendre compte. Alors que j’approche de Belfort, la neige se met soudain à tomber et bientôt plusieurs centimètres couvrent la chaussée. Et tout le monde sait bien que le passage dans notre atmosphère de vaisseaux extraterrestres s’accompagne de distorsions temporelles et d’un brutal refroidissement de la température. Une preuve de plus.
Lorsque j’arrive enfin à destination je suis anormalement fatigué. Parce que sérieusement ce ne sont pas douze heures passées assises dans un siège confortable qui vont épuiser un homme dans la force de l’âge. Il s’agit nécessairement des expériences que l’ont fait subir les extraterrestres pendant ses six minutes volées. Mais que m’ont-ils donc fait ? Certainement des expériences sexuelles. Pourvu que je porte pas en moi un alien en gestation.
Bon, on verra cela demain matin au petit déjeuner. En attendant je vais me coucher. Je suis trop fatigué.
Tous les trois ans, je suis amené, comme mes autres collègues, à inventorier les biens que possède l’administration.
Les bureaux, les armoires, les fauteuils, les tables, les chaises, les lampes, les voitures, les stores, les ordinateurs, les écrans, les bornes électriques, les tableaux, sont dotés d’une petite étiquette blanche portant un code barre et un numéro à huit chiffres identifiant de manière unique chaque achat.
Un logiciel et sa base de données recense tout ce que nous devrions posséder dans chaque centre. Des dizaines de milliers de références dont une partie n’existe plus depuis longtemps.
Muni d’un ordinateur portable et un lecteur de code barre également appelé douchette à cause de sa forme, je recherche la petite étiquette blanche sur l’objet et la scanne avec le machin laser.
Evidemment, les étiquettes sont collées au petit bonheur la chance sur les meubles. Dessous, dessus, sur le côté, à l’intérieur, derrière, à droite, à gauche, sur un pied, une porte, sur le fond et même pour certaines dans un cahier.
L’exercice consiste à rentrer dans une pièce, ouvrir son inventaire dans le logiciel et partir à la chasse aux œufs avec la douchette. Certains objets ont perdu leur code barre, d’autres n’en ont pas, certains encore sont illisibles. Si dans le listing vous voyez Chaise rouge 00032850 et que vous êtes dans une grande salle de réunion de quarante places, la quête du Graal peut se révéler éprouvante, d’autant que la chaise en question a peut être été déplacée dans la cuisine. Alors vous scannez frénétiquement toutes les étiquettes jusqu’à avoir épuisé tout ce que vous trouvez. Reste alors des meubles, des lampes, des écrans, des tailles crayons orphelins qu’il va falloir retrouver dans d’autres bureaux ou bien déclarer définitivement perdu.
L’opération recommence avec la pièce suivante, vous soulevez les chaises, déplacez les meubles, vous vous accroupissez sous les bureaux, vous ouvrez les placards et vous scannez tout ce qui est blanc.
Ce qu’il y a de drôle, c’est qu’il existe des codes barres non référencés, des biens qui ont été sortis de la base de données mais qui traînent encore dans les bureaux. Pour ceux-là une alerte spécifique s’affiche sur l’écran et il faut revenir au PC pour tout remettre dans l’ordre. Du coup on travaille le plus souvent à deux, un devant l’ordinateur, l’autre armé de la douchette.
Un bâtiment de 400 m2 nécessite environ une journée de travail pour être complètement inventorié sans compter le temps nécessaire pour s’y rendre. J’ai cinq sites de cette taille situés à plus de 2h de route. Faites le compte vous même.
Rioghan est une formation finlandaise de métal progressif présentée par Alias dernièrement. Du métal progressif à chanteuse qui sur son dernier album Kept varie beaucoup les genres, du métal symphonique en passant par l’électro et la ballade pop au piano.
Contrairement à Stéphane, j’adore le métal progressif à chanteuse. Cela me change de ces métallos qui torturent leurs cordes vocales pour atteindre les hautes notes de la gamme en studio et se plantent magistralement en live.
Rioghan Darcy possède une belle voix, pas forcément exceptionnelle comme Marcela, Anneke ou Floor, mais suffisamment maîtrisée pour que j’y trouve mon compte. Une voix capable de scream démoniaque comme dans ‘Edge’ et de chaleur à la manière de ‘Grief’.
Kept est un album dix titres d’une cinquantaine de minutes. Ici pas de grand format sorti de ‘Red’ qui reste d’une longueur très raisonnable. Par contre, vous allez entendre une grande variété de styles, histoire de ne pas vous ennuyer une seconde.
Les titres alternent douceur et scream, pop et métal, électro et symphonique, voire folk et ce pendant un peu moins d’une heure, si bien que tout le monde y trouvera son bonheur, à moins d’être vraiment difficile.
Si ‘Hands’, ‘Edge’, ‘Motion’ ou ‘Red’ déboitent bien les cervicales, ‘Skin’, ‘Distance’ et surtout ‘Grief’ jouent plutôt l’apaisement. ‘Motion’ donne dans le symphonique, ‘Skin’ n’est pas loin de l’électro, ‘Hopes’ emprunte beaucoup d’éléments au folk avec accordéon et violon quand ‘Grief’ propose une ballade au piano.
Lorsque Stéphane a sorti sa chronique, je suis allé écouter l’album sur Bandcamp et juste après, j’ai commandé le CD dans la foulée. Kept fera certainement partie des albums sur lesquels j’aurai beaucoup de plaisir à revenir, donc tant qu’à faire, autant l’avoir sous la main dans ma discothèque idéale.
Le seul reproche que je ferais à cet album concerne sa production qui manque de ciselé. Sur des enceintes de PC ou au AirPod cela passe assez bien, mais lorsque le digital passe sur mes enceintes colonnes, la finesse du master révèle ses faiblesses. On verra ce que donnera le CD lorsqu’il arrivera à la maison.
Kept ne sera pas l’album de l’année mais j’y reviendrai certainement de temps en temps parce qu’il est très agréable à écouter sans être trop typé. Je vous invite donc à y jeter une oreille et plus si affinités.
Lors d’un énième amarrage d’une capsule Soyouz avec l’ISS, la manoeuvre, pourtant parfaitement rodée, tourne au désastre et le vaisseau percute la station spatiale.
Sur terre, sur la base spatiale russe désaffectée de Baïkonour, perdue au milieu Kazakhstan, un policier enquête sur des corps décapités recouverts de cire fondue et exposé sur des toits du cosmodrome en ruine.
Une spationaute française, remplacée à la dernière minute pour le vol vers l’ISS, entend sur son lit d’hôpital, sa doublure et amant lui parler alors qu’il devrait être mort lors du drame de la station spatiale internationale.
Infiniti est une mini série Canal Plus de 2022 en six épisodes, un thriller de science-fiction qui explore les univers parallèles.
La base de Baïkonour vit ses dernières heures, la Chine, la France les USA et la Russie s’écharpent pour le contrôle de l’accès à l’espace quand survient l’accident de l’ISS. La police du Kazakhstan contrôlée par les forces de sécurité de Baïkonour tente, tant bien que mal de résoudre l’énigme des ces cadavres qui pourraient bien être les cosmonautes de la funeste mission Soyouz.
La série au rythme lent et pourtant haletant, possède les moyens de ses ambitions, visuellement comme pour le casting, hélas le personnage central de la spationaute française joué par Céline Salette gâche un peu la fête. Si elle possède le physique névrotique requis, sa diction sonne faux tout au long de la série. Dommage.
Pendant cinq épisodes, Infinity alterne enquête policière dans un Baïkonour en ruine, tractations politiques dans la base encore en service, mission spatiale, événements quasi surnaturels, avant le sixième, qui va certainement vous plonger dans la plus profonde confusion absolue, ne vous conduise jusqu’au bout de l’histoire.
Je ne pense pas avoir tout compris, il faudrait que je revoie ces six épisodes de près d’une heure pour comprendre, mais malgré un scénario fabuleux, le jeu de Céline m’en a découragé.